CHAPITRE 4
MÉTHODES RÉGLEMENTAIRES
DE CONTRÔLE
DE LA FISSURATION
4.1. PRINCIPES GÉNÉRAUX
Il n'est généralement pas exigé de
calculer explicitement les ouvertures de fissures afin de s'assurer qu'elles
n'excèdent pas des valeurs limites spécifiées. Un tel
contrôle dont la fiabilité est d'ailleurs problématique,
étant donnée l'importante dispersion des résultats due au
grand nombre de facteurs d'influence, dont certains sont difficilement
maîtrisables n'est exigé qu'exceptionnellement. A cet
égard, rappelons que l'objectif primordial du contrôle de la
fissuration est d'éviter l'apparition de fissures isolées,
d'ouverture importante et non contrôlée, telles des fentes ou
lézardes. La fissuration est généralement non
préjudiciable, par conséquent acceptable, si elle est
répartie, c'est-à-dire s'il apparaît des fissures plus
nombreuses, d'ouvertures contrôlées et n'excédant pas
quelques dixièmes de millimètre.
Pour atteindre cet objectif, les normes contiennent une
série de mesures permettant d'assurer un contrôle indirect ou
implicite de la fissuration des structures en béton. Ces mesures
comprennent généralement :
- Des mesures d'ordre constructif et
technologique destinées à réduire, voire
supprimer, le risque de fissuration quelle qu'en soit la cause. Comme exemples
de telles mesures citons la composition et une cure appropriées du
béton, la réalisation de joints afin de supprimer l'entrave aux
déformations imposées telles le retrait, la mise en oeuvre d'une
précontrainte adéquate, etc.
- La mise en place d'une quantité d'armatures
minimale dans toutes les parties de structures en béton
ârmé ou précontraint susceptibles de se fissurer et dans
lesquelles on cherche à éviter l'apparition de fissures
isolées et largement ouvertes, en général
préjudiciables au bon comportement de l'ouvrage en service et à
sa durabilité à long terme.
- La limitation des contraintes dans l'acier
d'armature, calculées en stade fissuré sous le
cumul des sollicitations déterminantes, ainsi qu'une répartition
appropriée des barres d'armatures (limitation de leur espacement et/ou
de leur diamètre).
4.2. CONTRÔLE SELON LA NORME SUISSE SIA 162
4.2.1. PRINCIPE DE L'ARMATURE MINIMALE
En cas des éléments de structures situés
à l'extérieur, exposés aux intempéries et aux
effets du gel ou en contact avec le sol. Comme exemples, citons les
façades de bâtiments, les murs de soutènement, les parois
de tunnels, les tabliers et piles de ponts, les fondations, la norme SIA 162
requiert la mise en place d'une quantité d'armature minimale dans toute
partie de structure en béton armé ou précontraint dans
laquelle les contraintes de traction (en service, sous le cumul des
sollicitations dues aux charges et aux déformations imposées, ou
durant les différentes phases de construction) peuvent être
proches ou supérieures à la résistance à la
traction du béton. Cette armature minimale doit être
dimensionnée de manière à pouvoir reprendre sans
écouler les sollicitations internes correspondant à la
fissuration du béton et de manière à limiter l'ouverture
des fissures.
Dans le cas des dalles et murs pleins dans celui
d'éléments à section en T ou en caisson, l'aire de la
section d'armature minimale est définie comme suit :
(4.1)
relation dans laquelle
fct est la valeur conventionnelle ou de
calcul de la résistance à la traction du béton,
définie comme suit dans la norme SIA 162 :
* fct = 2 N/mm2 pour un
béton de résistance inférieure à celle
correspondant au type
B 35/25.
* fct = 2,5 N/mm2 pour un
béton de type B 35/25 (= classe C 20) ou de résistance
supérieure.
fy est la valeur conventionnelle ou de
calcul de la limite élastique limitée à 460
N/mm2 au maximum.
Act est l'aire déterminante de la
partie tendue de la section de béton en stade homogène,
définie à la figure 4.1.
est un facteur de majoration tenant compte de l'influence de
l'espacement des barres d'armature s sur la fissuration
s [mm]
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100
|
150
|
200
|
250
|
300
|
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1,0
|
1,1
|
1,2
|
1,3
|
1,4
|
est un facteur de réduction tenant compte des effets
de la répartition des contraintes selon le type de sollicitations et de
la présence d'états de contraintes auto-équilibrées
sur la force interne de traction correspondant à la fissuration ; ce
facteur est défini à la figure 4.1.
Fig. 4.1 : Définitions de l'aire
déterminante Act et du facteur selon la norme SIA
162.
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