III -- Résultats et interprétations
1. Généralités
a- Historique des travaux existants
Les travaux récents concernant la
paléontologie, et surtout la micropaléontologie de l'est
algérien sont rares. Nous citerons cependant les travaux de
Glintzboeckel et Magne (1960) ou encore de Sigal (1952a) : ces études,
déjà anciennes, sont malheureusement difficiles à trouver
et n'ont pas pu être consultées directement. Plus
récemment, Vivière (1985) et Benkherouf (1988) se sont
intéressés à la région : ces derniers travaux en
particulier nous ont été d'un grand secours. D'autres
études, autant paléontologiques que stratigraphiques, ont
également été entreprises plus récemment, dont
celles de ChikhiAouimeur (1998), Herkat (1999), Boumaza (2000) ou
Redjimi-Bourouiba (2002).
Si les travaux concernant l'est algérien restent peu
répandus, ceux concernant les contrées voisines de Tunisie sont
en revanche nombreux. Nous n'évoquerons que les plus récents et
ceux sur lesquels nous nous sommes véritablement appuyés : Caron
et al. (1999, 2006), Robaszynski et al. (1993, 2007).
b- Aperçu général sur le monde au
Crétacé moyen
La Terre au Crétacé, et en particulier au
Crétacé moyen, offre un visage bien différent de celui que
nous connaissons actuellement, et ce sur différents points :
- les températures semblent
avoir été uniformément chaudes, à tel point que
certains auteurs estiment que les températures de surface des
océans tropicaux étaient 4 à 7 °C plus chaudes que
les températures maximales actuelles, soit comprises entre 32 et
34°C (Norris, 2002), et que les pôles étaient très
probablement libres de toute glace.
- la 'transgression cénomanienne'
(pas vraiment synchrone en réalité, cet
étage correspondant selon les lieux à une période de
montée du niveau marin ou au début de la régression qui
suit) avait porté les océans à leur plus haut niveau des
600 derniers millions d'années, cette transgression étant bien
caractérisée même par des auteurs anciens (Gignoux et
Moret, 1935). Des mers épicontinentales recouvrent alors une grande
partie des continents.
- la configuration du monde enfin
n'est guère semblable à celle qui prévaut à l'heure
actuelle : la Pangée, qui a commencé à se disloquer bien
avant le début du Crétacé, continue à se fracturer.
A la fin du Jurassique, l'Afrique et l'Amérique du sud sont encore
solidaires, tandis que l'océan Atlantique a commencé à
s'ouvrir dans sa partir nord. Au début du Crétacé, cette
ouverture se poursuit dans la partie médiane, puis dans la partie sud.
Au Crétacé moyen, l'Afrique est donc totalement
séparée de l'Amérique, et séparée de
l'Europe par un océan, la Téthys, ancêtre de l'actuelle
Méditerranée (fig. 7). Les dépôts formés
à l'époque dans l'actuelle Afrique du nord appartiennent donc au
domaine dit `téthysien'. La région de Tébessa se situe
approximativement à 15° de latitude Nord.
OCEAN
AR pij
OCEAN PACIFIQUE
AT LA N TI NORD
Chine
Arabie
ATLANTIQUE
SUD ntarctig
* surfaces grisées = aires émergées
trait blanc = contour des continents
0 2000 km
Dterres émergées \?. contours actuels
sédimentation carbonatée
(en pointillés : zones à sédimentation
détritique)
Tt] position approximative de Tébessa
Figure 7 : Carte du monde au Cénomanien, il y a
94 Ma. (carte du haut modifiée d'après Scotese, 2002 et
carte du bas modifiée d'après Andreu, 1991).
c- Le log stratigraphique
Entre le Vraconnien à la base et le Turonien
inférieur au sommet, s'étale une succession de couches marneuses
et de plus rares niveaux calcaires, dont nous allons détailler
ci-dessous la succession (fig.8):
· Vraconnien (environ 30m) : calcaire noir
en plaquettes, alternant avec des marnes sombres.
· Cénomanien (environ 700 m):
inférieur : épaisse série marneuse, de
couleur sombre (teintes variées de gris ou de marron),
fréquemment riche en gypse et peu fossilifère. On y retrouve
cependant des bivalves, des ammonites et de rares bélemnites. Les
intercalations calcaires sont rares, et ont livré des traces d'ammonites
(indéterminées).
moyen : les intercalations calcaires sont plus abondantes et
plus épaisses. Plusieurs bancs lumachelliques ont livré une riche
faune, notamment de gastéropodes, d'oursins et de bivalves, dont des
ostréidés en grand nombre, ce qui justifie le qualificatif de
« marnes à huîtres » parfois donné à ces
formations. Notons également la présence de plaques de calcite
fibreuse, livrant parfois des empreintes d'oursins, et déjà
décrites par Dubourdieu (1956) pour qui ceux-ci ne sont pas
déterminables.
supérieur : vers le sommet, les couches marneuses
cèdent peu à peu la place à des niveaux calcaires qui
assurent la transition avec le Turonien. Les fossiles récoltés y
sont beaucoup moins nombreux que dans le Cénomanien moyen. Les bancs
calcaires (ou calcaro-marneux) présentent une texture micritique et une
teinte grisâtre générale.
· Turonien inférieur (environ
45m) : la transition avec le Cénomanien est progressive et
délicate à situer précisément. Nous
considérerons cependant que la présence de niveaux de calcaires
noirs à débit 'en plaquettes' marque cette limite (fig.8). Ces
niveaux, caractéristiques de la survenue de l'évènement
anoxique de la limite Cénomanien/Turonien, l'OAE2 (` Oceanic
Anoxie Event 2' ou ' Evènement d'Anoxie
Océnanique', - le second du genre au
Crétacé-, tel qu'il a été défini par
Schlanger et Jenkyns en 1976), sont typiques de cette période et
amplement décrits dans la littérature, et notamment en Tunisie
voisine (voir à ce sujet Caron et al., 1999 ; 2006). Ces
niveaux de transition sont ensuite suivis par des niveaux de calcaires gris en
petits bancs (à texture toujours micritique), surmontés par de
gros bancs plurimétriques de calcaire ocre, formant dans le paysage une
corniche marquée.
C
È
e
oe:b
MMIMM-g
cy
rt,
106 à 122
105
61eabeieed
· -----
· --
wisszeezz,..-7,m 1111. rfflel.
rle=Lefliga
· MiM IMM»MMIMIMIM
Mw · · ·
15
1 · ·
1,4, 18
Calcaire ai noir à débit en
plaquettesLimite Cénornanieri/Turonien
0
' 4: · --
Premier vrai banc calcaire (éch.
N°37),7\47.
.;74e2.,-,,t)
Cornac; Vraconmen/ Canomanien
Marnes - Cencnnamen
W;',1Ê
37
Chap. III : Résultats et interprétations
/ère e1 2ème corniches calcaires -
Turomen
-g3
it Gypse
aD
Figure 8 : Log stratigraphique de la coupe du Dj. Chemla.
|