e- Questions en suspens
1- Pourquoi les foraminifères planctoniques
carénés sont-ils aussi rares ?
Un taux d'à peine 1 % est effectivement très bas.
Deux explications peuvent être fournies pour expliquer cette valeur :
- soit le milieu n'est pas assez profond pour permettre un
développement optimal des formes carénées, qui sont par
essence des formes complexes ayant besoin d'une grande tranche d'eau,
soit les conditions régnant dans les eaux de fond ont
empêché le développement de ces formes (tendance à
l'anoxie).
Il y a probablement eu une combinaison de ces deux facteurs.
En effet, si la tendance à l'anoxie semble bien réelle, et ce,
tout au long de la coupe, la profondeur paraît également
relativement faible, puisque, au vu de nos résultats, un milieu de type
plate-forme semble à privilégier (donc avec une profondeur
moyenne de l'ordre de 200 m).
2- Y a-t-il concordance des résultats avec
l'étude de Benkherouf (1988) au Dj. Dyr ?
Globalement, les résultats sont concordants, puisque
les deux études montrent : une dominance des formes globuleuses parmi
les foraminifères planctoniques, une dominance des formes
agglutinées parmi les foraminifères benthiques,
une tendance à l'anoxie fréquente,
au final, un milieu de type plate-forme externe, d'une profondeur
moyenne de 200m.
Il existe cependant quelques divergences, notamment sur le
taux de foraminifères planctoniques carénés, estimé
à environ 20 % au Dj. Dyr, contre seulement 1 % pour notre
étude.
L'explication pourrait provenir de la différence de
maille des tamis utilisés pour le lavage, 160 gm dans le premier cas, et
seulement 63 gm dans le second. En effet, les foraminifères
planctoniques globuleux, généralement d'une taille beaucoup plus
petite, auraient été éliminés
préférentiellement lors d'un lavage au travers d'une maille plus
grossière, ce qui aurait donc logiquement entraîné une
surconcentration 'artificielle' de formes carénées.
Il est possible également de supposer que la
différence observée puisse être imputée à
l'éloignement géographique. En effet, les deux territoires, bien
que mitoyens, sont malgré tout actuellement séparés d'une
distance d'environ 20 km, ce qui représentait bien entendu au
Crétacé une distance plus importante, eu égard au taux de
raccourcissement estimé pour ces terrains.
3- La présence fréquente de gypse
a-t-elle une signification particulière ?
Le gypse est en effet présent dans environ 60 % des
échantillons, sous forme disséminée au sein des marnes, en
proportions variables (aucune 'couche' ni 'filon' de gypse n'a
été décrit).
Cet élément pourrait tirer son origine de
lagunes côtières (Busson, 1972), d'où il aurait
été lessivé. Sa présence indiquerait donc
l'existence d'un climat chaud, à tendance aride, et implique
également une sursalure des eaux.
La seconde hypothèse, probablement à
privilégier du fait du type de gisement rencontré (gypse
disséminé et non pas en couches), est que ce gypse se soit
formé secondairement, par altération de pyrite, minéral
par ailleurs très présent (en présence d'eau, la pyrite
peut en effet s'oxyder et réagir avec des carbonates pour former du
gypse) [Cormier, 2000].
4- Y a-t-il des traces de remaniement
avéré ?
Un remaniement implique la mise en mouvement de
sédiments, qui se redéposent dans une zone plus ou moins
éloignée. D'un point de vue paléontologique, il se
manifestera donc par un mélange de faune et de flore d'âge et/ou
d'origines différents, ce qui rend nécessairement toute
interprétation complexe (biostratigraphique comme
paléoenvironnementale), voire impossible. Il faut donc toujours prendre
avec beaucoup de précautions toute donnée paléontologique
avant d'en tirer des interprétations.
En ce qui nous concerne, aucun indice de remaniement
n'a été découvert, mais il faut savoir rester
prudent. La consultation de documents supplémentaires pourrait en effet
révéler des incompatibilités de données...
Conclusion
et
perspectives
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