Le nouveau système comptable financier est
réalisé dans un cadre de réponse à une
stratégie de convergence du langage comptable au plan mondial. Cette
section montre les incidences d'application de ce référentiel sur
le marché et les entreprises algériennes.
1. Les incidences de l'application du système
comptable financier
Nonobstant les problèmes et les contraintes
réels mais non insurmontables liés à la mise en place de
la reforme, le passage du plan comptable national aux normes comptables
internationales aura des répercussions positives profondes dans de
multiples domaines :
- Le nouveau système comptable financier propose des
solutions techniques à l'enregistrement comptable d'opérations ou
de transactions non traitées par le PCN ;
- Il apportera plus de transparence et de fiabilité dans
les comptes et dans l'information financière qu'il véhicule, ce
qui renforcera la crédibilité des entreprises ;
- Il constituera une meilleure comparabilité dans le
temps et dans l'espace des situations financières ;
- Il constituera une occasion pour les entreprises
d'améliorer leur organisation interne et la qualité de leur
communication avec les parties prenantes à l'information
financière ;
- Il encouragera l'investissement du fait d'une meilleure
lisibilité des comptes par les analystes financiers et les investisseurs
;
- Il favorisera l'émergence d'un marché financier
tout en assurant la fluidité des capitaux ;
- Il améliorera le portefeuille des banques du fait de la
production par les entreprises de situations plus transparentes ;
- Il facilitera le contrôle des comptes qui s'appuiera
désormais sur des concepts et des règles clairement
définis ;
- L'application par les entreprises des normes comptables
internationalement reconnues, obligeant à une meilleure transparence des
comptes, est une mesure de sécurité financière qui
participe à l'instauration (ou la restauration) de la confiance.
2. Les enjeux et les impacts entendus sur les
entreprises algériennes
Les enjeux et Impacts du basculement aux normes IAS-IFRS sont
dictés pour répondre aux objectifs ci-après :
- Assurer et faciliter la comparabilité des comptes pour
un meilleur fonctionnement des marchés ;
- Protéger les investisseurs et préserver la
confiance envers les marchés financiers ;
- Renforcer la compétitivité des marchés
de capitaux et développer les opérations transfrontalières
et les cotations sur d'autres bourses que la place locale ;
- Assurer une meilleure homogénéisation pour
permettre une plus grande efficacité de la surveillance prudentielle et
du contrôle de l'application des obligations des sociétés
en matière d'information financière ;
- Focaliser davantage l'attention sur l'analyse des performances
(Cash-flows) et des aspects stratég iques.
2.1. Les enjeux d'application du SCF :
Les enjeux majeurs concernent essentiellement deux grands axes
:
- Système d'information ;
- Communication financière.
Le système d'information de l'entreprise
algérienne doit radicalement changer et ou s'adapter à la
nouvelle donnée et pour être performant, il est indispensable de
:
- Revoir l'organisation de la production de données
financières, en rapprochant les éléments de gestion et de
reporting interne des états financiers traditionnels ;
- Revaloriser la fonction comptable ;
- Changement de logiciels comptables.
La communication de l'information financière doit
être repensée en fonction des nouvelles exigences introduites par
les normes IAS-IFRS à savoir :
- Etats financiers de synthèse ;
- Information de type sectoriel ;
- Annexes détaillées et qua litatives ;
- Améliorer les délais d'élaboration et de
fréquence de la communication financière ;
- Adapter les systèmes de gestion et d'organisation de
l'entreprise ;
- Pour les grands groupes et grandes entreprises, il y a lieu
de s'assurer du coût lié à la conception et la mise en
place de logiciels performants et adaptés à leurs besoins. Il
s'agit de retenir les expériences passées, afin d'aboutir
à un bon rapport qualité-prix et aujourd'hui et dans la
foulée de ces normes beaucoup de cabinets conseils proposent
déjà des solutions informatiques qu'il y a lieu de bien
évaluer avant de s'engager.
2.2. Les impacts
2.2.1. Les impacts opérationnels sur les entreprises :
Sont nombreux. Il s'agit dans ce contexte :
- D'évaluer le coût du basculement aux normes
IAS-IFRS car ce dernier ne se fera pas sans un minimum de coût ;
- De créer un vaste chantier de formation des
professionnels du métier de la comptabilité tant au niveau des
cabinets que des entreprises, ce qui va constituer une oeuvre de longue haleine
(voir expérience de mise en place du PCN de 1975) ;
- Certaines normes et concepts contenus dans ces normes seront
difficilement applicables en l'absence d'un véritable marché
(juste valeur, valeur d'utilité, durée d'utilité, etc.)
;
- Nécessité de faire des arbitrages comptables,
car les normes sont en général fondées sur des principes
et privilégient la réalité économique d'une
opération, ce qui ne répond pas toujours aux
considérations commerciales ou fiscales par exemple ;
- Les risques de confusion entre l'application et
l'interprétation des normes est nettement perceptible, car il s'agit de
distinguer la frontière suivante : « Où commence
l'application ? Où commence l'interprétation ?
2.2.2. Les groupes des sociétés :
Le nouveau système comptable financier traite les cas
de consolidation et les comptes combinés, Les comptes consolidés
visent à présenter le patrimoine, la situation financière
et le résultat d'un groupe d'entités comme s'il s'agissait d'une
entité unique. Ainsi, toute entité, qui a son siège social
ou son activité principale sur le territoire algérien et qui
contrôle une ou plusieurs autres entités, établit et publie
chaque année les états financiers consolidés de l'ensemble
constitué par toutes ces entités.
Mais, la définition du SCF et la définition
fiscale d'un groupe ne correspond pas à celle du code de commerce ni
à certaines des règles spécifiques qu'il énonce
à propos du groupe de société1. Or il existe
déjà quelques groupes de sociétés en Algérie
: groupe SONATRACH qui rassemble pas moins de 46 filiales dont 9 à
l'étranger, groupe SONELGAZ, groupe SAIDAL pour le secteur public,
groupe CEVITAL, BLANKY, MEHRI, pour le secteur privé2.
2.2.3. Le diagnostic financier :
Le diagnostic de la solvabilité de l'entreprise,
c'est-à-dire de sa structure financière pose moins de
problèmes, parce que le nouveau bilan distingue à l'actif, les
actifs non courants et les actifs courants incluant eux mêmes la
trésorerie plus les équivalents de trésorerie, et au
passif les capitaux propres, les passifs non courants et les passifs courants.
L'équation classique permettant de calculer le fonds de roulement net
global (FRNG)3 :
Ressources stables - Emplois stables = FRNG
Se transformera en :
Capitaux propres + Passifs non courants - Actifs non courants =
FRNG
Et l'exigence de transparence des états financiers
réduira les retraitements à leur plus simple expressions et on
conservera la relation de base FRNG - BFRE - BFRHE = TN1. On pourra
d'ailleurs la simplifier en FRNG - BFR = TN puisque les états financiers
actuels, comme nous l'avons vu plus haut ne doivent pas faire apparaître
les termes "ordinaires" par opposition à "extraordinaires", ou
"courants" par opposition à "non courants". La nouvelle
trésorerie peut aussi donner l'opportunité de faire des
diagnostics plus approfondis en se focalisant sur les unités
génératrices de trésorerie.
Ainsi, le nouvel environnement comptable est avant tout
destiné aux investisseurs. Même si le schéma conceptuel
énonce clairement que les utilisateurs des états financiers sont
non seulement les investisseurs mais encore les salariés, les
prêteurs, les fournisseurs et les créanciers, les clients, les
gouvernements et les administrations et enfin le public les premiers ont un
rôle central. Pour toutes ces parties prenantes, les nouveaux
états financiers, à condition d'avoir été
préparés par des professionnels compétents respectant les
normes internationales, sont d'un accès plus facile, et le diagnostic
qui s'en dégage est, dans un premier temps, plus simple à
élaborer que l'ancien.
Les analystes peu expérimentés n'auront pas de
peine à analyser la rentabilité à la lumière du
compte de résultat, la structure financière à la
lumière du bilan et la croissance de la valeur à la
lumière du tableau des flux de trésorerie. S'ils souhaitent faire
des recoupements plus approfondis, obtenir des précisions sur le calcul
des justes valeurs, articuler les contingences opérationnelles et
financières, faire une analyse véritablement exhaustive de la
situation d'une entreprise ou d'un groupe, ce sera plus difficile que par le
passé, en particulier si l'analyse n'est pas seulement ponctuelle, mais
si elle a l'ambition de se placer dans une large perspective
temporelle2.
Souvent, les stratèges ont une vue à long terme
et les investisseurs une vue à plus court terme. Le diagnostic financier
nouvelle manière privilégie la vue courte des investisseurs et
les stratèges devront se forger de nouveaux instruments de vue à
long terme.