§3 : Synthèse et recommandations de politique
économique
A/ Quelques recommandations aux IMF
Les procédures d'accès au crédit doivent
être simplifiées, mais les règles de fonctionnements
rigoureux. Concernant les remboursements, ils doivent toujours être
exigés, jamais abandonnés en en raison de la perte de
crédibilité que supporterait l'institution. De plus,
l'accès au crédit doit être réservé aux seuls
membres actifs. Cette condition est indispensable pour maintenir la confiance
entre les membres de l'institution. En effet, les institutions doivent
axées leur stratégie sur la clientèle et être
performants en matière de gestion des coûts et des risques.
L'adoption d'une stratégie orientée vers le client doit se
traduit par de nouveaux services et produits financiers pour répondre
à l'ensemble des besoins de la clientèle. Ces nouveaux services
doivent se forcer de combiner d'un coté des incitations et des occasions
pour les clients d'améliorer leur situation. Cette démarche
axée sur la clientèle et fondée sur le service, exige de
la part des IMF d'être en mesure d'identifier des groupes cibles de
clients potentiels. Pour parvenir à cet objectif, une intense action de
formation doit animer les organismes pour disposer de cadres compétents
et pour encourager la prise de responsabilité des membres élus
pour diriger les institutions. La participation des intéressés
doit être la plus large possible et porter sur toute l'organisation du
système: orientation et suivi des décisions, gestion
financière, établissement des protocoles de crédit et
d'épargne. Plus que les mécanismes financiers eux même, le
fonctionnement institutionnel doit relever dès acteurs locaux qui
doivent pouvoir l'adapter au sein d'institutions nouvelles qui répondent
à leur mode d'organisation sociale propre. Toutefois, la
viabilité doit être privilégiée en raison de la
nécessité d'avoir des institutions stables, disposant de projets
viable au-delà du court terme. Cette viabilité implique
l'obligation pour les institutions de couvrir leurs dépenses plus un
excédent au moins égal au coût d'opportunité du
capital. Nonobstant les subventions, on pourra considérer cette
viabilité atteinte lorsque le revenu de l'actif net, hors subventions,
est égal ou supérieur au coût d'opportunité des
fonds [cf. Yaron, 1994].
De notre point vue, les conditions pour diminuer la
dépendance à l'égard des subventions et atteindre
l'autonomie financière sont tout simplement la couverture des
coûts y compris les coûts d'inflation à l'aide
des taux débiteurs et des commissions, de manière à ce que
le capital soit maintenu en termes réels, recouvrant les somme dues par
les emprunteurs. Il s'agira entre autre, de proposer des taux
attrayants de rémunération des dépôts
afin de disposer d'une réserve de fonds prêtables suffisante,
ainsi que le contrôle des coûts indispensable à
l'efficacité des IMF.
Par ailleurs, l'IMF devra identifier et gérer les
risques dans tous les types d'opérations qu'elle effectue
(prêt, financement et gestion).Toutefois, comme nous l'avons
déjà mentionner précédemment, la viabilité
peut être posé comme un problème de gouvernance, par
conséquent, elle nécessite des stratégies et des
structures organisationnelles de long terme. Cependant, nous devons souligner
qu'il s'agit d'un investissement important pour s'inscrire dans le long terme.
Néanmoins, ce changement structurel lorsqu'il est mis en place de
façon volontaire et grâce à l'innovation, est
à la fois une source de profit, tant pour l'institution que pour les
clients. Toutes tentatives de forcés les IMF à effectuer des
opérations qu'ils n'auraient pas faites en tant normal se traduisent
généralement par des échecs.
Un dernier point que nous souhaitons abordés en termes
de recommandations aux IMF est la nécessité d'une
commercialisation de la microfinance. Toutefois, bien que certaine ONG soient
frileuse à une approche commerciale de la microfinance, le fait de
pousser à cela répond à l'idée suivante: par
commerce on peut comprendre compétitivité, allocation optimale
des ressources, réduction des coûts, l'efficacité et les
bénéfices. Bien que aucun consensus n'ait encore pu
émergé sur cette notion, l'approche commerciale de la
microfinance, le plus souvent prônée par les pouvoirs publics ou
la coopération internationale peut répondre à des
intentions intéressantes à savoir:
-de permettre la croissance du secteur (en desservant le plus de
personnes exclues du système financier classique
perçu comme un outil de lutte contre la pauvreté).
-corollairement, cela assurera une démocratisation de
l'accès au financement.
-l'accent est aussi mis sur le fait une micro finance commerciale
entraînera à terme une diminution de la dépendance à
la coopération internationale.
-elle est aussi vue comme porteuse d'innovation
(développement de nouveaux produits et services)
-et enfin permet que la question de la propriété
des institutions soit clairement définie, avec une amélioration
des mécanismes de gouvernance et de contrôle.
En somme, voici quelques pistes de réflexions qui
méritent d'être approfondir par les IMF pour atteindre leur
autonomie financière dans une dynamique de
développement institutionnel.
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