Chapitre 4 : PERSPECTIVES: L'ÉTAT ET LES
INSTITUTIONS DE MICROFINANCE
Nous avons montré que les institutions de microfinance
dans les PED peuvent contribuer à la réduction de la
pauvreté et aux développements des économies de celle-ci.
Cependant, elles n'ont pas encore pu rompre complètement le vide
institutionnel en matière de financement de la microentreprise et des
populations pauvres. A cet effet, on a remarqué que pour viabiliser et
pérenniser leur soutien à la microentreprise,
l'institutionnalisation du crédit solidaire s'imposait ainsi qu'une
politique de promotion au niveau étatique de la micro
intermédiation.
L'objectif ultime est d'aboutir à la
généralisation du crédit solidaire à grande
échelle ce qui passe nécessaire par l'implication de la
société civile et surtout des pouvoirs public. Dans un souci de
promotion de l'auto emploi en oeuvrant à la mise en place de structures
coopératives aussi bien financière ou sociales. Les pouvoirs
publics auront pour mission d'assurer la reconnaissance des institutions. Cette
reconnaissance s'avère indispensable dans la mesure où elle
permettra de mettre en liaison les dites structures avec des partenaires
extérieurs (banques, bailleurs de fonds et tout organismes d'appui)
indispensables à leur développement et
pérennité.
Ces considérations nous conduisent à faire un
rappel des fondements de l'intervention de l'État dans l'économie
notamment dans la sphère financière (section1). Ce qui nous
permettra d'analyser et d'approfondir l'action des pouvoirs publics
dans le domaine de la microfinance dans les PED (section2). Enfin, scrutera les
perspectives d'évolution aussi de la microfinance d'un point de vue
globale dans une stratégie de développement des PED.
Section 1. Les bases analytiques de l'intervention de
l'État
De manière générale les fondements
analytiques dans cette section font référence aussi bien aux
analyses de la nouvelle économie institutionnelle (NEI) et à la
théorie des choix publics. De quoi s'agit-il exactement :
Le courant institutionnaliste peut être
considéré comme le souligne B. Chavance [2007] : «
comme une famille de théories, qui partagent la thèse que les
institutions comptent dans l'étude de l'économie, voire
qu'elles
constituent un objet essentiel de la réflexion
»49. Celle de la théorie des choix public relève
de l'école du public choice.
Intéressons nous au rôle de l'État dans
ces deux courants pour justifier son intervention dans un souci
d'approfondissement microfinancier par le canal des institutions de
microfinance indispensable aux processus de développement des PED.
§1 La nouvelle économie institutionnelle et le
rôle le l'État dans le processus de développement
Sur le rôle de l'État les économistes
sont divisés en deux blocs. D'un coté les libéraux et de
l'autre les interventionnistes. Bien que le débat sur le rôle de
l'État ne soit pas encore épuisé le constat est que
l'État intervient très souvent dans la vie économique et
sociale ceci avec pour objectif d'assurer l'efficacité et la
stabilité.
En matière de développement économique,
la théorie économique, comme nous avons pu le constaté sur
les décennies 1950-1970 a été dominée par les
partisans de l'interventionnisme ceci en raison de leur appréciation
pessimiste sur la capacité du marché à impulser les
mutations structurelles de l'économie. Avec une approche dominée
par le concept d'État développeur. En ce sens où
l'État joue un rôle important voir même principale dans la
production des biens et services. L'État a une influence
considérable sur l'orientation de l'activité industrielle avec
les industries d'État. Au niveau de la formation et de
l'éducation des populations l'État joue un rôle
prépondérant aussi bien dans les domaines de la santé, de
la protection sociale etc. Nous nous situons dans un système de
planification indicative ou dirigiste qui constitue des moyens pour les
gouvernements occidentaux de pallier aux insuffisances du marché et
d'orienter l'économie vers des objectifs précis.
Cependant dans les PED, les théoriciens vont encore
plus loin en stipulant que l'État est le seul acteur susceptible d'agir
pour l'intérêt général tandis que le secteur
privé n'avait que pour unique objectif la maximisation du profit. Par
conséquent, elles ne peuvent agir dans l'intérêt
général d'où sa marginalisation dans le processus de
développement. De fait l'État devient l'unique entrepreneur
susceptible de parvenir au développement des PED. Avec pour mission aux
entreprises publiques d'être les instruments et canaux de
développement.50
49 cf. Bernard Chavance, 2007.
50 Cf. Dirat J-R, 1985 Exemple du Congo
Du coup, l'État se trouve être le principal
entrepreneur dans les PED. Il fallu attendre les années 80 pour avoir le
retour des arguments et théories prônant un État minimum.
Ainsi donc l'État devrait se retirer de la production industrielle et
laisse l'entière place au secteur privé et se recentrer sur les
activités régaliennes qui lui son dévolu. Il s'agit en
autres des activités de réglementation principalement. Cette
tendance découle de ce que les économistes ont qualifié de
néoclassique, donc l'analyse préconise la
liberté d'entreprendre qui est source d'efficacité
économique et l'échange par le marché est garant d'une
allocation optimale des ressources. Le marché est présenté
comme le lieu de la rencontre de l'offre et de la demande. Et que le
mécanisme de marché conduit à une situation optimale au
sens de Pareto.
Toutefois, en dépit de cette argumentation force est
de reconnaître qu'il existe des défaillances de marché qui
entraînent une divergence entre les allocations optimale et celles de
l'équilibre. Ces écart justifie de remanié
l'analyse néoclassique avec la théorie de
l'économie du bien être. Car dans la théorie du bien
être s'il y a échec du marché, l'intervention
étatique est justifié. Avec pour mission pour l'État de
rapprocher l'équilibre et l'optimum. L'échec des marchés
résulte de l'existence d'invisibilité des biens à la
consommation, d'externalité (positive ou négative) ou d'un
monopole naturel. En soulignant que «ces défaillances » sont
bien sur des exceptions à la norme qui demeure être le
marché. Cette conception de l'intervention de l'État se veut
restrictive dans la mesure aucune place n'est laissé à
l'intérêt général. De plus L'État est un
agent non doté d'une spécificité particulière par
rapport aux autres agents économiques dont il est le reflet. Les
théories et partisans de la NEI s'appuient sur les critères
énoncés par l'économie du bien être de
l'intervention de l'État en y ajoutant l'absence d'un certain
nombre de marché et surtout l'incomplétude informationnelle pour
justifier l'intervention étatique pour parer aux défaillances de
marchés.
· L'État en tant que organisation
Stiglitz (1989) nous montrent les caractéristiques de
l'État en tant que organisation. A ce propos, il explique que
l'État est caractérisé par le pouvoir de contrainte et de
participation universelle de tous à cette organisation. Par
conséquent en référence à ces
caractéristiques elle présente deux avantages certains par
rapport aux autres organisations dans la mesure où le gouvernement est
une organisation pré établie tandis que le pouvoir de contrainte
fait de lui un instrument d'orientation de la politiques et de surveillance des
activités de manière plus efficace qu'une organisation
privée.
Le fait que le gouvernement soit pré établir
fait qu'il peut intervenir en subissant des coûts de transaction
inférieurs à ceux d'autres des nouvelles organisations. Il est
aussi bien placé pour réduire les coûts de transaction dans
les cas où il y a absence de certains marchés et
information incomplète. Donc, il est bien placé pour aider les
institutions de microfinance car leurs activités sont fortement
liées à l'existence de coût de transaction et de manque
d'information que constitue le marché du
microcrédit.51
Compte tenu de l'échec des entreprises publiques (de
collecte, distributions et d'affectations de ressources), les pouvoirs publics
misent sur les PME et la microfinance pour assurer aussi bien la croissance que
l'emploi dans les PED. Ceci grâce aux proximités
sociologiques52 que celle-ci a avec le secteur informel qui occupe
une place considérable dans leur économie. Les IMF constituent le
maillon indispensable de soutien à la microentreprise. Leurs
activités se doivent d'être protégées par un cadre
réglementaire adapté à leur
spécificité53. En raison du caractère
récent de leur émergence, les IMF méritent, un soutien en
formation, et des aides au démarrage de l'activité de la part de
l'Etat et de ses partenaires extérieurs en l'occurrence les organismes
aide au développement.54
D'autre part, du fait des incertitudes qui prévaut sur
ce type de marché, pour protéger les transactions, il
est indispensable que l'état intervienne pour fixer les règles de
bonne conduite. Toutefois cette analyse mérite d'être
compléter du fait qu'elle est trop normative et néglige les
intérêts particuliers par rapport à l'intérêt
général. En effet, la théorie des choix publics nous
fournir des éléments complémentaires sur le comportement
de l'état et des arguments en faveur de son soutien aux IMF.
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