Le premier indicateur est : le constat de développement
dans différents pays.
La microfinance touche surtout les PED dont le niveau de
bancarisation est souvent faible et estimé entre 10 à 15% de la
population mais aussi des pays émergent à revenus
intermédiaires disposant pourtant d'un système
bancaire relativement développé (Afrique du sud, Asie, Europe de
l'est, Amérique centrale du sud) ainsi que plus marginalement certains
pays développés où le niveaux de chômage
est devenu préoccupant socialement.
Le deuxième indicateur que nous pouvons identifier
est: la croissance soutenue du nombre d'institutions et de leur
activité. A cet effet, il est fréquent de constater des taux de
croissance de l'ordre de 30% par an sur une période de dix ans. Cette
croissance soutenue dénote une indéniable réussite
commerciale et un fort développement des initiatives et des acteurs qui
les soutiennent. Dans de nombreux pays, surtout après une
quinzaine d'années de développement, les taux de
pénétration dans la population peuvent être
déjà élevés (20 à 30%). Les marges de
progression sont certes encore importantes mais cette situation
appelle à une nouvelle étape de développement qui se doit
d'être plus tourné vers une diversification.
Le troisième indicateur est la réussite dans
les contextes économiques, démographiques et sociaux divers. La
microfinance se développe plus facilement dans un contexte
économique et démographique favorable. Pour autant, après
de nombreux tâtonnements, les stratégies développées
par certaines institutions permettent d'envisager de servir des
géographies peu denses et des zones économiquement moins
favorisées dès lors que leur rentabilité ne repose pas
entièrement sur cette activité. Quant au contexte social, la
microfinance a également démontré qu'elle pouvait
s'accommoder d'un large éventail de situations et qu'il n'existait pas
véritablement de contextes prédisposés et d'autres qui ne
l'étaient pas. Mieux encore, la microfinance a prouvé qu'elle
pouvait constituer un outil stable et robuste même en période de
crise profonde par exemple les cas du Congo, de la Centrafrique ou même
de Madagascar et aujourd'hui de la Côte d'ivoire sont là pour
l'illustrer, alors même que le système financier «
classique » vacillait ou s'effondrait.
Le quatrième indicateur est la large gamme de
bénéficiaires en termes de conditions économiques et
sociales.
Ceci dit, en diversifiant ses produits c'est-à-dire
épargne, allongement de la durée des crédits, et en
adoptant des stratégies prudentes de développement, les IMF ont
prouvé qu'elles pouvaient atteindre un grand nombre d'exclus du
système bancaire. Bien entendu en considérant que ces
exclus, pauvres ou moins pauvres, familles ou petites entreprises, groupes
sociaux minoritaires ou non, utilisent et valorisent diversement les services
proposés. Malgré l'espoir suscité par la microfinance, il
est évident pour tout le monde que la microfinance ne peut desservir
toutes les populations en grande précarité et souvent même
quand c'est le cas répondre à toute leur attente. En revanche, la
microfinance peut atténuer par l'épargne l'impact des chocs
notamment externes.
Enfin, le cinquième et dernier indicateur est la
possibilité de bâtir des institutions pérennes et viables
et gérées de manière professionnelle.
Il faut souligner que c'est probablement l'indicateur le
moins évident au démarrage mais certainement le plus
déterminant pour la dynamique d'ensemble du secteur. Cette
dimension a mis du temps à être admise par les différentes
parties. Elle est désormais l'objectif principal des «bonnes
pratiques »mises en avant internationalement. A ce sujet, la micro finance
connaît une réussite réelle mais qu'on peut qualifier tout
de même de timide dans ce domaine qui reste un enjeu prioritaire du
secteur. Ce sont cependant des réussites variées
(méthodes, activités, contexte
économique et social...) qui offrent l'espoir de
concilier cette indispensable dimension avec le vaste objectif d'impact que
s'est fixé la microfinance.