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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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Chapitre 1: REVUE DE LITTERATURE SUR LA MICROFINANCE ET LE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Ce premier chapitre sera divisé en quatre sections. D'abord, nous présenterons les arguments théoriques et pratiques favorables à l'impact positif du développement de la micro intermédiation sur le développement économique et leurs analyses critiques, ensuite nous passerons en revue des études empirique d'impact.... Mais avant, nous allons présenter la définition de quelques concepts indispensables à la compréhension de ce mémoire.

Définition et concept

Le Microcrédit et la Microfinance

Dans la littérature contemporaine, il n'y pas de consensus parmi les professionnels pour définir ce qu'est le microcrédit et de manière plus général la microfinance. En effet, les un sont influencés par les dirigeants du sommet mondial de Washington estiment que tout crédit de plus de 100 dollars n'est plus du microcrédit. Dans cette catégorie se trouvent l'expérience de crédit de la Grameen Bank et les organismes prêtant aux femmes pour le petit commerce ou des microprojets. L'autre catégorie beaucoup plus nombreuse, prêtent des sommes allant de 100 à 5000 voire 10 000 dollars et considèrent leur prêt comme du microcrédit. Cependant, même si chaque acteur tente de définir à sa façon le microcrédit, on peut admettre qu'il s'agit d'un petit crédit, d'un montant peu élevé, sensiblement inférieure au crédit qu'une entreprise ou un ménage peut solliciter auprès d'une banque classique dans un pays donné1. Il peut être demandé pour toutes sortes de raisons, mais il l'est principalement pour développer une activité génératrice de revenus. Le microcrédit est orienté souvent vers le financement d'activités existantes que la création de nouvelles activités. Ce crédit est sollicité par des personnes dont le revenu est relativement bas, c'est pourquoi le microcrédit est considéré comme un crédit pour les pauvres et qu'on le présente comme un moyen de lutte contre la pauvreté. Bien que la distinction dans la littérature n'est pas évidente entre microcrédit et microfinance, la microfinance peut se définir comme étant la mise en pratique de service financiers ou non financiers2, tels que l'épargne, le crédit et autres services financiers de base, à petite échelle, destinés à des personnes à faible revenu et aux plus pauvres notamment pour les PED.

1 Ce montant peut varier dans le portefeuille d'une même institution de microcrédit, à l'intérieur d'un même pays et encore plus entre pays. Dans le cas du Burundi, par exemple, les plus petits montants avoisinent les 10 dollars US et les montants les plus élevés tournent autour de 3000 dollars US.

2 Les services non financiers qui peuvent être proposés par les IMF sont par exemple: la formation aux entrepreneurs, les cours d'éducation à la santé et à l'hygiène.

Les institutions de microfinance représentent un éventail d'organisations (les organismes non gouvernementaux, les coopératives d'épargne et de crédit, les banques privées commerciales, les institutions financières non bancaires, et certaines banques d'État) dont l'objectif est d'offrir ces services aux plus grand nombre de personnes pauvres.

La microfinance, en tant qu'approche du développement économique est partie d'un constat: une majorité de la population est exclue de l'accès au crédit bancaire. On estime, en effet, que près de 500 millions de personnes pauvres et économiquement actives ne peuvent accéder à des services financiers, ce qui représente un frein au développement de leurs activités. On parle de creux bancaire pour désigner cette exclusion du système financier classique. En effet, les petites sommes demandées par les emprunteurs, l'absence de garanties à offrir et la nature souvent risquée du projet rebutent les banques commerciales traditionnelles. De fait, on peut dire que la microfinance est étroitement liée à l'activité des travailleurs du secteur informel, et au processus de libéralisation financière entrepris dans les PED depuis les années 80.

En somme, on peut affirmer que l'émergence et le développement de la micro intermédiation n'est qu'une émanation de la libéralisation financière3 entreprise dans les PED et parfois même une réponse endogène critique à la politique de répression financière et des programmes d'aide qui privilégient une approche subventionnée du crédit par l'État et qui ce sont avéré un échec. La plupart de ces programmes n'ont pas atteint les résultats escomptés et se sont révélés peu durables. C'est pourquoi la microfinance n'est véritablement née que dans les années 80, comme une réponse critique. De nouveaux intermédiaires spécialisées ont émergé dans un contexte de libéralisation financière pour offrir des services financiers de base, aux montants réduits. Ainsi, bien que ce mémoire traite spécialement des effets du développement de la microfinance sur le développement économique, nous ferons souvent référence à la libéralisation financière, chaque fois que le besoin se fera sentir afin d'expliciter certains faits dans les plus ample détails. Ceci pour mieux comprendre pourquoi, où à quelle condition la microfinance, conçue initialement comme une facilité de paiement, les organismes d'aide internationale, mais aussi les banques privées l'utilisent pour en faire un moyen de financement du développement. C'est à dire aujourd'hui comprendre le fait que la microfinance fait partie intégrante des politiques de développement des pays et s'est aussi imposée comme un vecteur efficace de réduction de la pauvreté.

Le développement économique

Pour définir le développement économique, on peut dire que le développement, c'est d'abord un mouvement, et que c'est un mouvement qui ne peut que s'apprécier sur une longue

3 Pour la revue de littérature, cf. B. Venet, 1994.

période en témoigne l'exemple de l'Europe. Cependant, le développement, comme le disait F. Perroux [1969] est : « l'ensemble des changements sociaux et mentaux d'une population qui la rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit réel global». De plus ces changements modifient les objectifs, contraintes et règles du système économique. Dans la littérature économique, le développement est souvent associé à la croissance (PIB en volume).Toutefois, il faut souligner que le développement n'est pas la croissance, bien que celle-ci soit indispensable à son aboutissement. Mais dans la littérature économique beaucoup d'auteurs confondent les deux compte tenu de la liaison entre les deux. Or, il est important de préciser que la croissance porte sur une augmentation quantitative des ressources disponibles d'une économie sur une période donnée, tandis que le développement, comme nous l'avons déjà évoqué recouvre l'ensemble des mutations qui affectent tous les domaines de la vie d'une société de manière positive. Donc, la mesure du développement est multidimensionnelle, et à la croissance du PIB, il convient d'ajouter d'autres indicateurs, notamment les indicateurs composites (IDH4) qui permettent d'aller au delà de la seule donne macroéconomique. Ces indicateurs prennent en compte le développement humain. En effet, on retient essentiellement trois variables : l'espérance de vie, l'éducation et le revenu. A cela s'ajoute d'autres dimensions pas forcément mesurable (exemple, la religion, la culture) et leur impact sur le développement.

En résumé, « le développement est un processus de transformation quantitatif et qualitatif. Il allie progrès économique et transformations sociales. Il ne saurait se réduire à la seule croissance du produit, ni à la seule couverture des besoins biologiques de l'homme. Il implique des changements structurels et l'atteinte d'objectifs clairement exprimés. »5.

Enfin, nous dresserons un bilan empirique des théories économiques qui sous-tendent l'économie du développement en prenant compte le contexte intellectuel et son évolution.

4

IDH correspond au sigle de l'indicateur du développement humain proposé par le PNUD en 1990 qui utilise une moyenne pondéré de l'espérance de vie à la naissance,du niveau d'éducation et du PNB par habitant comme mesure du bien être d'une population

5

L. Abdelmalki, P. Mundler, Economie du développement-Les théories, les expériences, les perspectives, Hachette,

Paris, 1995, p32.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille