Chapitre 1: REVUE DE LITTERATURE SUR LA MICROFINANCE ET
LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Ce premier chapitre sera divisé en quatre sections.
D'abord, nous présenterons les arguments théoriques et pratiques
favorables à l'impact positif du développement de la micro
intermédiation sur le développement économique et leurs
analyses critiques, ensuite nous passerons en revue des
études empirique d'impact.... Mais avant, nous allons présenter
la définition de quelques concepts indispensables à la
compréhension de ce mémoire.
Définition et concept
Le Microcrédit et la Microfinance
Dans la littérature contemporaine, il n'y
pas de consensus parmi les professionnels pour définir ce qu'est le
microcrédit et de manière plus général la
microfinance. En effet, les un sont influencés par les dirigeants du
sommet mondial de Washington estiment que tout crédit de plus de 100
dollars n'est plus du microcrédit. Dans cette catégorie se
trouvent l'expérience de crédit de la Grameen Bank et les
organismes prêtant aux femmes pour le petit commerce ou des microprojets.
L'autre catégorie beaucoup plus nombreuse, prêtent des sommes
allant de 100 à 5000 voire 10 000 dollars et considèrent leur
prêt comme du microcrédit. Cependant, même si chaque acteur
tente de définir à sa façon le
microcrédit, on peut admettre qu'il s'agit d'un petit crédit,
d'un montant peu élevé, sensiblement inférieure au
crédit qu'une entreprise ou un ménage peut solliciter
auprès d'une banque classique dans un pays
donné1. Il peut être demandé pour toutes sortes
de raisons, mais il l'est principalement pour développer une
activité génératrice de revenus. Le microcrédit est
orienté souvent vers le financement d'activités existantes que la
création de nouvelles activités. Ce crédit est
sollicité par des personnes dont le revenu est relativement bas, c'est
pourquoi le microcrédit est considéré comme un
crédit pour les pauvres et qu'on le présente comme un
moyen de lutte contre la pauvreté. Bien que la distinction
dans la littérature n'est pas évidente entre microcrédit
et microfinance, la microfinance peut se définir comme étant la
mise en pratique de service financiers ou non financiers2, tels que
l'épargne, le crédit et autres services financiers de base,
à petite échelle, destinés à des personnes à
faible revenu et aux plus pauvres notamment pour les PED.
1 Ce montant peut varier dans le portefeuille d'une
même institution de microcrédit, à l'intérieur d'un
même pays et encore plus entre pays. Dans le cas du
Burundi, par exemple, les plus petits montants avoisinent les 10 dollars US et
les montants les plus élevés tournent autour de 3000 dollars
US.
2 Les services non financiers qui peuvent
être proposés par les IMF sont par exemple: la formation aux
entrepreneurs, les cours d'éducation à la santé et
à l'hygiène.
Les institutions de microfinance représentent un
éventail d'organisations (les organismes non gouvernementaux, les
coopératives d'épargne et de crédit, les banques
privées commerciales, les institutions financières non bancaires,
et certaines banques d'État) dont l'objectif est d'offrir ces services
aux plus grand nombre de personnes pauvres.
La microfinance, en tant qu'approche du développement
économique est partie d'un constat: une majorité de la population
est exclue de l'accès au crédit bancaire. On estime, en effet,
que près de 500 millions de personnes pauvres et économiquement
actives ne peuvent accéder à des services financiers, ce qui
représente un frein au développement de leurs activités.
On parle de creux bancaire pour désigner cette exclusion du
système financier classique. En effet, les petites sommes
demandées par les emprunteurs, l'absence de garanties à offrir et
la nature souvent risquée du projet rebutent les banques commerciales
traditionnelles. De fait, on peut dire que la microfinance est
étroitement liée à l'activité des travailleurs du
secteur informel, et au processus de libéralisation financière
entrepris dans les PED depuis les années 80.
En somme, on peut affirmer que l'émergence et le
développement de la micro intermédiation n'est qu'une
émanation de la libéralisation financière3
entreprise dans les PED et parfois même une réponse
endogène critique à la politique de répression
financière et des programmes d'aide qui privilégient une approche
subventionnée du crédit par l'État et qui ce sont
avéré un échec. La plupart de ces programmes n'ont pas
atteint les résultats escomptés et se sont
révélés peu durables. C'est pourquoi la microfinance n'est
véritablement née que dans les années 80, comme une
réponse critique. De nouveaux intermédiaires
spécialisées ont émergé dans un contexte de
libéralisation financière pour offrir des services financiers de
base, aux montants réduits. Ainsi, bien que ce mémoire traite
spécialement des effets du développement de la microfinance sur
le développement économique, nous ferons souvent
référence à la libéralisation financière,
chaque fois que le besoin se fera sentir afin d'expliciter certains faits dans
les plus ample détails. Ceci pour mieux comprendre pourquoi, où
à quelle condition la microfinance, conçue initialement comme une
facilité de paiement, les organismes d'aide internationale, mais aussi
les banques privées l'utilisent pour en faire un moyen de
financement du développement. C'est à dire aujourd'hui comprendre
le fait que la microfinance fait partie intégrante des politiques de
développement des pays et s'est aussi imposée comme un
vecteur efficace de réduction de la pauvreté.
Le développement économique
Pour définir le développement économique,
on peut dire que le développement, c'est d'abord un mouvement, et que
c'est un mouvement qui ne peut que s'apprécier sur une longue
3 Pour la revue de littérature, cf. B. Venet,
1994.
période en témoigne l'exemple de l'Europe.
Cependant, le développement, comme le disait F. Perroux [1969] est :
« l'ensemble des changements sociaux et mentaux d'une population qui la
rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit
réel global». De plus ces changements modifient les objectifs,
contraintes et règles du système économique. Dans la
littérature économique, le développement est souvent
associé à la croissance (PIB en volume).Toutefois, il faut
souligner que le développement n'est pas la croissance, bien que
celle-ci soit indispensable à son aboutissement. Mais dans la
littérature économique beaucoup d'auteurs confondent les deux
compte tenu de la liaison entre les deux. Or, il est important de
préciser que la croissance porte sur une augmentation quantitative des
ressources disponibles d'une économie sur une période
donnée, tandis que le développement, comme nous l'avons
déjà évoqué recouvre l'ensemble des mutations qui
affectent tous les domaines de la vie d'une société de
manière positive. Donc, la mesure du développement est
multidimensionnelle, et à la croissance du PIB, il convient d'ajouter
d'autres indicateurs, notamment les indicateurs composites (IDH4)
qui permettent d'aller au delà de la seule donne macroéconomique.
Ces indicateurs prennent en compte le développement humain. En effet, on
retient essentiellement trois variables : l'espérance de vie,
l'éducation et le revenu. A cela s'ajoute d'autres dimensions pas
forcément mesurable (exemple, la religion, la culture) et leur impact
sur le développement.
En résumé, « le développement est
un processus de transformation quantitatif et qualitatif. Il allie
progrès économique et transformations sociales. Il ne saurait se
réduire à la seule croissance du produit, ni à la seule
couverture des besoins biologiques de l'homme. Il implique des changements
structurels et l'atteinte d'objectifs clairement exprimés.
»5.
Enfin, nous dresserons un bilan empirique des théories
économiques qui sous-tendent l'économie du développement
en prenant compte le contexte intellectuel et son évolution.
4
IDH correspond au sigle de l'indicateur du
développement humain proposé par le PNUD en 1990 qui utilise une
moyenne pondéré de l'espérance de vie à la
naissance,du niveau d'éducation et du PNB par habitant comme mesure du
bien être d'une population
5
L. Abdelmalki, P. Mundler, Economie du développement-Les
théories, les expériences, les perspectives, Hachette,
Paris, 1995, p32.
|