SECTION II: En quoi l'utilisation d'un modèle
interne est-elle plus pertinente en assurance vie qu'en assurance non-vie
?
PARAGRAPHE 1 : Comment doit se comporter la
réglementation selon chaque type d'assurance ?
Par définition ou principe même de Solvency II
qui se veut un meilleur cadre de gestion des risques et de protection des
assurés, le but ne devrait pas être de fixer une formule
basée sur le risque qui s'appliquerait à toutes les
sociétés d'assurances quels que soient leur taille et leur type
d'activité en cas de spécialisation. En ce sens, la notion de
risque pour le preneur d'assurance est fonction du secteur d'activité
(vie, non-vie ou réassurance). Dans le secteur vie, le preneur
d'assurance cherche à se protéger de ses risques financiers en
cas de vieillesse. Au moment de la retraite, sa fortune individuelle (pour lui
et ses héritiers) est ainsi protégée. L'importance que
revêt cet aspect demande à ce que la garantie de l'engagement
d'assurance correspondant soit sans reproche car ces engagements sont à
développement très long et impliquent d'importantes ressources
financières. Le plus grand capital pour un retraité est
constitué par sa prestation de prévoyance ou son
épargne-retraite. Afin de protéger ce patrimoine pour le preneur
d'assurance, les exigences de solvabilité correspondante se doivent de
tenir compte aussi bien du risque mais aussi et surtout de l'adéquation
actif/passif.
Pour le secteur de l'assurance non-vie, le but est tout autre
: les prestations sont forfaitaires et donc la réglementation devra en
être moins restrictive. On sait qu'il n'existe quasiment aucune
corrélation directe entre actif et passif. La moto accidentée,
les marchandises défectueuses ou périmées pour retard
d'expédition, ou même l'appartement qui prend feu, sont quelques
exemples classiques dans ce secteur d'assurance où le principal risque
pour le preneur d'assurance réside dans la capacité de l'assureur
à l'indemniser. L'importance du risque est moindre pour lui
comparée à la couverture vie et les engagements sont très
court.
Enfin pour la réassurance, la protection explicite des
particuliers n'est pas nécessaire. Une garantie de transparence suffit
pour une meilleure connaissance de la stabilité financière de la
contrepartie. On voit clairement que le risque de contrepartie constitue la
principale catégorie de risque et la réglementation devrait
être plus accommodante.
PARAGRAPHE 2 : Les modèles internes ne sont-ils pas
plus appropriés en vie qu'en non vie ?
Une fois discuté le comportement que devrait adopter la
directive de Solvency II, il convient à
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
présent d'aborder la question de la pertinence de
l'utilisation d'un modèle dans la détermination des besoins en
capital en assurance vie comparativement en assurance non-vie.
Commençons d'abord par noter que les principes mis en place par le Swiss
Solvency Test (SST) sont très proches des réflexions de Solvency
II rappelant les principaux risques auxquels sont exposés les assureurs
à savoir : les risques ALM, le risque de crédit ou de
défaut de contrepartie, le risque de responsabilité induits par
les contrats d'assurances. Ainsi donc, on peut se baser à titre
illustratif, sur l'allocation (tableau n°4.2.1) des risques classiques
d'une entreprise d'assurance selon la méthodologie SST. Selon cette
allocation, le risque ALM est le plus important pour un assureur vie et il faut
le modéliser avec une plus grande précision. Au contraire, le
risque d'assurance (souscription) est très élevé pour un
assureur non-vie type, même si le risque ALM n'est pas moins
négligeable. Et justement, une des faiblesses de la formule standard
réside dans la problématique des branches longues, notamment
l'inadéquation ALM ; c'est-à-dire que les exigences en capital
sur les actifs ne tiennent pas compte de leur adéquation au passif,
alors même qu'elles couvrent les risques longs. En ce sens, en assurance
non vie, on sait qu'il n'y a quasiment aucune corrélation entre actif et
passif, donc le problème ne se pose pas vraiment. Au contraire, en
assurance vie la formule standard pour ce type de risque semble ne pas
être recommandée. Dans le même temps, il existe des
modèles internes prêts à l'emploi pour les risques ALM ce
qui résout la question concernant la principale source de risque chez
les assureurs vie.
Tableau n°3.2.1 : Allocation des risques
selon le système SST
Risques
|
Assureurs vie (%)
|
Assureurs non-vie (%)
|
Risque d'assurance
|
35
|
75
|
Risque ALM
|
80
|
60
|
Risque de crédit
|
10
|
15
|
Diversification
|
-25
|
-50
|
Source : Koller (2006)
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
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