Chapitre 1 : Présentation générale
de l'étude
1.1 Contexte
Le processus de spécialisation que connaît le
monde aujourd'hui a entraîné une diminution du cheptel ovin
français depuis 25 ans. Cette diminution qui se poursuit affectant
toutefois, davantage le cheptel ovin allaitant que laitier n'est pas sans
conséquences sur la société, l'économie et
l'environnement. Ainsi, en 2005, le solde du commerce extérieur
français s'exprimait en valeur par un déficit de 455 millions
d'euros pour la seule filière ovine. La comparaison des données
économiques entre les exploitations ovines européennes
spécialisées avec un cheptel ovin allaitant, confirme, en valeur
moyenne, l'image que donne l'exploitation française : une exploitation
familiale avec des frais généraux et des amortissements
élevés, ce qui conduit à un revenu plus faible que celui
de ses principaux partenaires européens malgré des prix de vente
élevés et des charges spécifiques mesurées.
L'analyse des données françaises indique que le repli du cheptel
ovin sur les prairies naturelles, notamment les moins productives et les plus
défavorisées, s'inscrit dans un mouvement plus large (SIMON,
2007). L'élevage ovin allaitant compte des faiblesses ou des handicaps
:
- une image dévalorisée au sein de la profession
elle-même
- de très fortes exigences en travail
- une concurrence pour les surfaces disponibles et une forte
vulnérabilité aux grands prédateurs
- une très grande dépendance aux aides
- une inadéquation croissante entre les besoins
d'abattages et les zones de production - une absence de valorisation
élaborée des carcasses et un marché non segmenté
- une organisation insuffisante de la filière.
Mais cette production ne manque pas d'atouts :
- une plus faible mobilisation des capitaux que d'autres
productions
- une consommation de viande ovine qui reste soutenue
- une réelle capacité à s'adapter à
des situations très variées
- une grande richesse de son patrimoine
génétique
- une production économiquement viable lorsque les
conditions de production sont rationnelles
- une bonne image auprès du public.
Afin de rendre plus compréhensifs les résultats
de cette étude, je présenterai dans les paragraphes qui
suivent, le milieu naturel de l'Ariège, le système
d'élevage, son rôle et ses objectifs, ses moyens
de production, les considérations sociales, techniques et
spatiales, enfin, le contexte de la prédation par l'ours brun.
1.1.1 Le milieu naturel des Pyrénées
Dans le sud-ouest de l'Europe, les Pyrénées sont
un massif frontalier entre la France et l'Espagne. Le centre de cette
chaîne correspond à la partie montagneuse des trois
départements français (Hautes-Pyrénées,
Haute-Garonne et Ariège). Située à mi-chemin entre
l'Atlantique et la Méditerranée, la région
Midi-Pyrénées connaît des tendances climatiques
contrastées dont l'influence sur la flore et la faune n'est pas
négligeable. La végétation de type atlantico-montagnard
sur une grande partie, prend des caractéristiques plus
méditerranéennes sur la frange orientale de l'Ariège.
Prairies, forêts de hêtres et sapins en versant nord, de pins en
versant sud, landes, pelouses alpines, se succèdent en fonction de
l'altitude. Les riches sols de fond de vallées et les flancs de montagne
bien exposés ont donné lieu à l'agriculture intensive
tandis que les énormes prairies d'estives ont toujours été
exploitées par un pastoralisme divagant. Comme la majorité des
massifs, celui des Pyrénées se caractérise par un
héritage diversifié de conditions naturelles, économiques,
socio-culturelles, et démographiques (Buffière et Gibon,
1996).
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