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MEMOIRE DE FIN D'ETUDES Présenté pour
l'obtention du diplôme de Master AGROBIOSCIENCES
Spécialisation : The Agro Food Chain Option :
Productions Territories and Sustainable Development
Elevage Pastoral en Ariège :
Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions
des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures
d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de
l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées
françaises 2006-2009.
Par :
Eric Duplex ZOUKEKANG
Année de soutenance : 2008
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MEMOIRE DE FIN D'ETUDES Présenté pour
l'obtention du diplôme de Master AGROBIOSCIENCES
Spécialisation : The Agro Food Chain Option :
Productions Territories and Sustainable Development
Elevage Pastoral en Ariège :
Vulnérabilité des animaux au pâturage,
évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux
mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation
de l'ours brun (Ursus artos) dans les
Pyrénées françaises 2006-2009.
Par :
Eric Duplex ZOUKEKANG
Mémoire préparé sous la direction de
: TERRIEUX Agnès
Présenté le : 27/06/2008
devant le Jury : Maîtres de Stage :
CHERVIN Christian HEMPTINNE Jean-Louis
ALLAIRE Gilles BESCHE-COMMENGE Bruno
Abstract
New social requirements for environmental concerns lead human
to put into reserve of biodiversity lands of low economic interest.
Historically, national governments are often hostile to pastoralists. In
Ariège, History and social structure bring a certain resistance to
sudden political changes. Here, livestock usually and it has become naturally
leave the farm area to summer pastures in early to mid June and returns from
mid September to early October. Individual holdings are of low flock seize,
weak perspectives and alternatives, economic precariousness. Summer farming is
the spearhead of the system not only as a tradition but due to its economic,
sanitation, feedstuff constitution importance. Workforce, working conditions
and economy are the most important factors explaining the resistance to change
in this production system. The system practiced brings about a certain capacity
of adaptation, but the devotion to allegation of a certain professional "pride"
is a stumbling block for the implementation of bear subsidies. Farmers can
practice husbandry in another way but, this way should come from them. Make the
best possible use of grass on rangeland to feed its flock and produce beautiful
lambs, minimizing trough feeding is the farmer's criterion of technical
excellence. With bear project, breeders want to know what future, rural
projects, and societal choices decisionmakers recommend for Pyrenees. They are
pessimistic on their future because life and human dynamics in Ariège
are now strongly dependent to pastoralism and they do not know if these
constitutive criteria of sustainable development have been taken into
consideration in the «wilding» approach.
In the economic context of pastoralism today, additional
charges are hardly appreciable. Since accompaniment measures provide only 50%
subsidy for the shepherd's charge when all the measures are not used and 80%
when they are all implemented, near to 99% of farmers for the pastoral
cohabitation investigated are just opportunists. They were using Patou dogs and
«tightguarding» practices before the beginning of Bear project. They
have joined parks to their functioning mode to have 80% compensation when
taking shepherd. For all farmers, accompaniment measures are applicable neither
everywhere nor at full-time, nor in all weathers; the pair Shepherd - Patou dog
reduces predation but it should not be presented as panacea. In order to make a
progress in the cohabitation process, authorities should come back, remove
frustration and conflicts of interest and put the price. We have to divide by
200 the number of sheep that summer to know the number of shepherds, cabins,
parks and Patou dogs necessary for effective herd protection.
Keywords : Pastoralism, stocking system,
Mountain Summer Pasture, Bear, Biodiversity, Preservation, Environment,
Sustainable Development.
i
Résumé
Les nouvelles exigences de la société en
matière de sécurité environnementale ont conduit l'homme
à mettre sous forme de réserves de biodiversité les
espaces à faibles intérêts économiques.
Historiquement, les gouvernements ont souvent été hostiles aux
pastoralistes. En Ariège, l'histoire et la structure sociale offrent une
certaine capacité de résistance à de brusques changements
politiques. Ici, le cheptel a pris l'habitude (ce qui est devenu naturel) de
quitter la ferme pour les pâturages d'été du début
à la mi-Juin pour redescendre de la mi-Septembre à début
Octobre. Les exploitations individuelles ont des effectifs réduits, les
perspectives et alternatives économiques sont faibles et
l'économie reste précaire. L'estivage est le fer de lance de ces
exploitations, non seulement comme une tradition, mais en raison de son fort
intérêt économique, sanitaire, stratégique et
technique. La main-d'oeuvre, les conditions de travail et l'économie
sont les principaux facteurs expliquant la résistance au changement dans
ce système de production. Le système pratiqué procure une
certaine capacité d'adaptation, mais l'attachement à une certaine
fierté professionnelle est une pierre d'achoppement pour la mise en
application des mesures d'accompagnements préconisées par le plan
ours. Les éleveurs peuvent élever autrement, mais cette nouvelle
façon doit absolument venir d'eux. Faire le meilleur usage possible de
l'herbe des pâturages pour nourrir son troupeau et, produire de beaux
agneaux en réduisant l'alimentation en bergerie est un critère
d'excellence technique ici. Avec le plan ours, les éleveurs veulent
savoir quel avenir, quels projets ruraux et choix de société les
décideurs veulent pour les Pyrénées. Ils sont pessimistes
sur leur avenir parce que la vie et la dynamique humaine dans l'Ariège
sont maintenant fortement dépendantes de l'élevage et qu'ils ne
savent pas si ces critères constitutifs du développement durable
ont été pris en compte dans le projet d'ensauvagement.
Dans le contexte économique du pastoralisme
aujourd'hui, les charges supplémentaires sont difficilement
appréciables. Puisque les mesures d'accompagnement ne garantissent que
50% de subvention pour la prise en charge du berger lorsqu'elles ne sont pas
toutes appliquées et 80% si toutes, près de 99% d'éleveurs
favorables à la cohabitation enquêtés ne sont que des
opportunistes ; ils pratiquaient déjà garde serrée avec un
chien Patou avant le lancement du plan ours. Ils ont joint les parcs à
leur mode de fonctionnement pour bénéficier de la subvention
maximale. Pour tous les agriculteurs, les mesures d'accompagnement ne sont
applicables ni partout, ni à plein temps, ni par tous les temps. La
paire Berger - Chien Patou réduit la prédation mais ne devrait
pas être présentée comme une panacée. Afin de faire
un progrès dans le processus de cohabitation, les autorités
devraient repartir de loin, ôter la frustration et les conflits
d'intérêts et mettre le prix. Il faut diviser le nombre de moutons
estivant par 200 pour avoir le nombre d'unités pastorales
nécessaire pour une protection efficace du troupeau.
Mots-clés : Pastoralisme, système d'élevage,
Estive, Ours, Biodiversité, Préservation, Environnement,
Développement Durable.
ii
Table des matières
Abstract i
Résumé ii
Table des matières Erreur ! Signet non
défini.
Liste des tableaux et figures Erreur ! Signet non
défini.
Liste de abréviations et des acronymes Erreur !
Signet non défini.
Remerciements Erreur ! Signet non
défini.
Introduction Erreur ! Signet non
défini.
Chapitre 1 : Présentation générale de
l'étude Erreur ! Signet non défini.
1.1 Contexte Erreur ! Signet non
défini.
1.1.1 Le milieu naturel des Pyrénées
Erreur ! Signet non défini.
1.1.2 Le milieu naturel de l'Ariège Erreur !
Signet non défini.
1.1.3 Le milieu culturel et humain de l'Ariège
Erreur ! Signet non défini.
1.1.4 Le milieu Agricole de l'Ariège Erreur !
Signet non défini.
1.1.4.1 Une gestion collective des ressources Erreur !
Signet non défini.
1.1.4.2 Un intérêt patrimonial reconnu
Erreur ! Signet non défini.
1.1.5 Rôle et objectifs du système d'élevage
Erreur ! Signet non défini.
1.1.5.1 Quelques définitions Erreur ! Signet non
défini.
1.1.5.2 Elevage pastoral : Historique et évolutions
Erreur ! Signet non défini.
1.1.5.3 Rôle et objectifs du pastoralisme Erreur !
Signet non défini.
1.1.6 L'élevage des herbivores valorise les parcours :
enjeux et difficultés autour des parcours Erreur ! Signet non
défini.
1.1.6.1 Menaces biophysiques sur les terres de pâture
Erreur ! Signet non défini.
1.1.6.2 Elevage, biodiversité, qualité des produits
et services des écosystèmesErreur ! Signet non
défini.
1.1.6.3 Intensité du pâturage, fertilité des
sols et réactions des plantesErreur ! Signet non
défini.
1.1.6.4 L'impact social sur le comportement des herbivores au
pâturageErreur ! Signet non défini.
1.1.6.5 Utilisation de la zone de pâture en fonction du
savoir-faire du berger, de la physiologie, du comportement de l'animal, de la
topographie et de la physiologie des plantesErreur ! Signet non
défini.
1.1.6.6 Les menaces sociales et économiques sur les terres
de parcoursErreur ! Signet non défini.
1.1.7 Moyens de production, mode de conduite, produits,
considérations sociales, techniques et
spatiales Erreur ! Signet non défini.
1.1.7.1 Etude des systèmes d'élevage :
exploitations, hommes et troupeaux en montagne Erreur ! Signet non
défini.
1.1.7.2 Etude du système de pâturage Erreur
! Signet non défini.
1.1.8 Le contexte de la prédation par L'ours brun
Erreur ! Signet non défini.
1.1.8.1 Considérations générales
Erreur ! Signet non défini.
1.1.8.2 Ecologie de l'ours brun Erreur ! Signet non
défini.
1.1.8.3 Structure sociale de l'ours Erreur ! Signet non
défini.
1.1.8.4 Cycle de vie de l'ours Erreur ! Signet non
défini.
1.1.8.5 Reproduction de l'ours Erreur ! Signet non
défini.
1.1.8.6 Ration alimentaire de l'ours Erreur ! Signet non
défini.
1.1.8.7 Conflit Homme - Ours ou Homme - Prédateur
Erreur ! Signet non défini.
1.1.8.8 Dynamique de l'expansion de l'ours dans les zones
d'élevageErreur ! Signet non défini.
1.1.8.9 Etendue des dommages liés à l'ours
Erreur ! Signet non défini.
1.2 Problématique Erreur ! Signet non
défini.
1.2.1 Question de recherche Erreur ! Signet non
défini.
1.2.2 Hypothèses de recherche Erreur ! Signet non
défini.
1.2.3 Objectifs d'étude Erreur ! Signet non
défini.
Chapitre 2 : Terrain d'étude et collecte de données
Erreur ! Signet non défini.
2.1 Terrain d'étude Erreur ! Signet non
défini.
2.1.1 Ariège-Pyrénées Erreur !
Signet non défini.
2.1.2 ASPAP Erreur ! Signet non
défini.
2.2 Collecte des données Erreur ! Signet non
défini.
2.2.1 Une approche bibliographique pour définir
l'état des travaux sur le sujetErreur ! Signet non
défini.
2.2.2 Enquêtes de terrain Erreur ! Signet non
défini.
2.2.3 Analyse des structures et des systèmes
d'élevage Erreur ! Signet non défini.
Chapitre 3 : Résultats et discussion Erreur !
Signet non défini.
3.1 Résultats Erreur ! Signet non
défini.
3.1.1 Caractéristiques générales de
l'élevage pastoral en Ariège. . . Erreur ! Signet non
défini.
3.1.2 Typologies du système d'élevage
Erreur ! Signet non défini. 3.1.2.1 Systèmes
de production en fonction de la mobilité du troupeauErreur !
Signet non défini.
3.1.2.2 Systèmes de production en fonction de la
localisation géographique de l'exploitation Erreur ! Signet non
défini.
3.1.2.3 Systèmes de production en fonction de la
diversification.Erreur ! Signet non défini. 3.1.3
Qu'est ce que l'estive en Ariège ? Erreur ! Signet non
défini.
3.1.4 Comment l'ours intervient-il dans ce milieu rural et
professionnel ?Erreur ! Signet non défini.
3.1.5 Quels sont les dommages de l'ours sur le pastoralisme ?
Erreur ! Signet non défini.
3.1.6 Comment l'écologie est-elle perçue dans
cette polémique ours ?Erreur ! Signet
non défini.
3.1.7 Dans ce contexte, l'ours est-il une espèce
parapluie ou une espèce emblématique ?
Erreur ! Signet non défini.
3.1.8 Quel est le coût de la réintroduction de
l'ours brun ? Erreur ! Signet non défini.
Conclusion Erreur ! Signet non défini.
Références Bibliographiques Erreur ! Signet
non défini.
Liste des tableaux et figures
Liste des figures Pages
Figure 1 : Cadre Macro-théorique du Pastoralisme a
Figure 2 : Valeurs qui délimitent l'espace des bonnes
pratiques a
Figure 3 : Dispersion géographique des éleveurs
enquêtés b
Figure 4 : Gestion du troupeau au cours d'une campagne de
production c
Figure 5 : Scénarios des relations entre Eleveurs,
Eleveurs-Bergers, Bergers et GPs 41
Liste des tableaux Pages
Tableau 1 : Argumentaire entre Pro Ours et opposants d
Liste de abréviations et des acronymes
AFP : Association Foncière Pastorale
ASPAP : Association pour la Sauvegarde du Patrimoine
d'Ariège-Pyrénées
CBD : Convention pour la Diversité Biologique
CNPN : Comité National pour la Protection de la Nature
DDAF : Direction Départementale de l'Agriculture et de la
Forêt
DIREN : Direction Régionale de l'Environnement
FAO (Food and Agricultural Organisation) : Organisation des
Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
GP : Groupement Pastorale
GPL : Groupe Professionnel Local
MAE : Mesures Agro Environnementales ONF : Office National des
Forêts
PAC : Politique Agricole Commune
PHAE : Primes Herbagères Agri Environnementales
SAU : Surface Agricole Utile
SIG : Système d'Information Géographique SSF :
Surface Spécifique des Feuilles
STA : Surface Toujours en Herbe
TMSF : Taux en Matière Sèche des Feuilles UGB :
Unité Gros Bétail
UICN : Union Mondiale pour la Nature ou Union Internationale pour
la Conservation de la Nature
UP : Unité Pastorale
UTA : Unité du Travail Annuel
WWF (World Wide Fund for Nature): Fond Mondial pour la
Conservation de la Nature
ZI : Zone Intermédiaire
ZICO : Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux
ZNIEFF : Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique pour la
Flore et la Faune
Remerciements
Ce travail est le fruit des emprunts aux différents
travaux effectués sur ce sujet, de l'accueil
bénéficié de l'ASPAP, de la volonté
d'éleveurs, de bergers et de gestionnaires de groupements pastoraux
à répondre à mes nombreuses questions malgré le
manque de temps, des conseils et discussions avec des scientifiques de renom
dans ce domaine et enfin de l'encadrement académique reçue.
Respectant le dicton : « A tout Seigneur tout honneur », je trouve
l'occasion ici de dire de vive voix merci à tout ceux/celles dont
l'action à contribuer à finaliser ceci. Qu'ils trouvent ici, le
fruit de leurs efforts. Je veux ainsi dire un grand merci à :
Madame TERRIEUX Agnès pour tous les efforts consentis
à l'encadrement de ce travail et à la lecture et correction
d'innombrables essais.
Messieurs LACUBE Philippe, CARRIERE Claude, RALU Olivier,
BESCHE-COMMENGE Bruno et Madame BONIFACE Magali, pour leur chaleureux accueil
et orientations pour ce travail.
Messieurs ACAP Charles, DUBUC Gérard, MIROUZE
Jean-Pierre, FERRE Jean-Claude, BONCOURT Fabien, CHEVILLON Francis, GUILLET
Gilbert et toutes les autres personnes qui ont bien pu sacrifier de leur temps
de travail pour les entretiens.
Messieurs GARDE Laurent, LASSEUR Jacques, BOURBOUZE Alain,
HUGUENIN Johann, et Madame GIBON Annick pour les orientations bibliographiques
et leurs conseils pour la construction de ce travail.
Mes collègues avec qui on s'est régalé au
courant de l'année.
Les estives, les brebis, l'ours, le ministère de
l'écologie et du développement durable, qui ont su m'inspirer
pour la construction de ce sujet.
Ma famille entière sans qui je ne suis rien et avec je
suis tout.
La source de mon espérance et de la vie.
Introduction
Au cours des années 70 à 90, le nombre
d'exploitations agricoles, celui des animaux par troupeau, une intensification
fourragère, a augmenté de manière significative ainsi que
le développement des cultures de contre saison. L'évolution des
conditions du marché de la viande a également joué un
rôle important dans les options prises. Les années 80 rouvrent le
marché français de la viande aux importations à bas prix
qui affectent fortement l'élevage. Suite à la réforme de
la Politique Agricole Commune (PAC) en 1992, la spécialisation
géographique et l'augmentation croissante d'animaux par troupeau a
été intensifiée. Entre 1988 et 2000, la filière
d'élevage a entamé un processus de réduction du nombre
d'exploitations agricoles (perte de 62% des éleveurs de moutons et 1/3
brebis nourrices) et d'augmentation de plus en plus important du nombre
d'animaux par troupeau (Lasseur et Garde, 2007). Dans la zone centrale des
Pyrénées, les modifications de la gestion du troupeau ont
été organisées conformément à de nombreuses
tendances : amélioration des performances de reproduction, abandon de la
mixité dans les exploitations, diminution de la main d'oeuvre,
introduction de races à viande, spécialisation des produits et
restriction des périodes de vente1 (Gibon, 1996).
Tradition oblige ou en raison de la considération
actuelle : zone à "handicap naturel" (altitude, pente,
géomorphologie, couche de neige, type de sol, humidité, etc.), le
système d'élevage transhumant reste la principale utilisation des
terres et le moyen de subsistance en zone de montagne ariégeoise. C'est
probablement la manière la plus efficace économiquement
d'exploiter ces pâturages saisonniers. L'estive a été et
est encore un élément de l'agriculture en Ariège, ceci est
avant tout en rapport à la production de viande. L'estive a
été réglementée par les lois depuis des temps
immémoriaux. Selon l'ancienne loi pastorale, lorsqu'un agriculteur ne
tenait pas son troupeau en estive, il était accusé pour
pâturage illégal "vol d'herbe" et payait une taxe. C'est dans les
estives que la multitude des traditions de la petite transformation
laitière a survécu. L'Estive a aussi une longue tradition dans le
secteur du tourisme en Ariège ainsi que de nombreuses
opportunités de
1 Ces phénomènes, et plus récemment
l'essor de la vente d'agneaux légers sur l'Espagne ont poussé
à rechercher des mises bas d'automne précoces et très
groupées. Le marché des bovins s'est lui aussi
spécialisé. Les possibilités de vente de veaux de
boucherie ou de gros bovins auprès des bouchers locaux se sont petit
à petit érodées. En dehors de la vente de broutards, seule
est restée la possibilité de valoriser quelques jeunes veaux
très bien conformés (culards en particulier) auprès des
maquignons et des groupements. Une caractéristique commune aux diverses
évolutions évoquées est d'aboutir à une perte de
souplesse des systèmes d'élevage. En outre, parmi les
éleveurs qui se sont engagés le plus loin dans le processus
d'intensification, certains n'ont pas pu ou n'ont pas su maîtriser les
innovations adoptées, ce qui s'est traduit par une perte de
cohérence interne de leurs systèmes d'élevage (Gibon,
1996).
loisirs pour les milliers de visiteurs qui passent d'innombrables
heures chaque année dans le calme des milieux ouverts des prairies (B.
Besche-Commenge, 2008).
Le territoire de l'estive est très diversifié.
Dans ces domaines, le bétail paît sur une mosaïque de
végétation de qualité très variable. Il est donc
essentiel de déterminer le bon moment pour le déplacer à
des sites spécifiques et adaptés durant tout l'été.
En raison de la menace pour l'environnement des activités à forte
consommation d'énergie, les relations entre agriculture et environnement
sont généralement abordées sous l'angle de la limitation
des effets négatifs des pratiques agricoles, notamment concernant la
diffusion de polluants (Gibon, 1997). Ceci ne devrait concerner que les
exploitations en intensif/industriel à forte connotation
mécanique, phytosanitaire et autres ingrédients de la
rentabilité à outrance. Dans la région
méditerranéenne française, ce sont surtout les aspects
positifs des activités agricoles qui sont mis en relief, comme le
maintien de la biodiversité des parcours à travers le
pâturage. Les questions environnementales dans ces domaines et les
stratégies agricoles sont maintenant axées sur la
préservation de la biodiversité2 (Clergue et
al., 2005; Gibon, 1997).
La perte de la biodiversité est une question de
dimension sociale, économique, culturelle et écologique complexe.
Y faire face exige des solutions également complexes. Bien que ce soit
une politique globale de développement, les choix pour la gestion de
cette crise, requièrent une bonne compréhension du pourquoi et
comment la biodiversité est en train de changer, et une
intégration des connaissances de différentes disciplines. C'est
une tâche difficile, et pour le moment, les exemples d'une recherche
réussie ayant intégré pleinement plusieurs disciplines
sont rares. La perte de la biodiversité peut affecter les fonctions et
services des écosystèmes. Les fonctions d'un
écosystème montrent en général une relation
positive asymptotique avec l'augmentation de la biodiversité, ce qui
suggère que certaines espèces sont redondantes. Cependant, les
écosystèmes sont gérés et conservés pour des
fonctions multiples, qui nécessiteraient une plus grande
biodiversité (Hector et Bagchi, 2007).
L'agriculture ariégeoise est essentiellement le
pastoralisme mobile dont la technique, la pratique, le fonctionnement, le
rendement... s'excluent de la « norme » scientifique
documentée. Ce n'est pas pour autant une pratique « occulte »
mais un ensemble de pratiques dont la formulation arrêtée d'une
« norme technique » ne décrirait pas la campagne. On est loin
de la sagesse scientifique selon
2 Beaucoup de travail reste à faire dans la
caractérisation des habitats des différentes espèces
présentes et leur rôle dans le fonctionnement de
l'écosystème pour justifier la préservation
d'espèces en compétition ou conflit avec l'activité
humaine notamment le pastoralisme.
laquelle : « ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément
» ; peut-être valable quand le troupeau est au siège de
l'exploitation, mais totalement invraisemblable quand il estive. On se retrouve
donc souvent tenté de se conformer à la science et de vouloir
résumer la technique d'élevage pastoral en Ariège à
sa conduite sur l'exploitation. Mais comment décrirait-on le
fonctionnement du tube digestif si la température interne n'était
pas 37°C ? Il faut bien tenir compte de l'estive qui représente
chaque année 3 mois de la vie d'une brebis et parfois jusqu'à 5
chez la vache. Comment détacher leurs interactions sur la suite du
processus ? Peut-être on peut, en modélisant, arriver à
normaliser l'élevage pastoral en Ariège. Mais il faudra que les
bêtes réagissent tout le temps comme dans le modèle, que
randonneurs et autres facteurs nouveaux (sangliers, vautours, marmottes...) ne
s'y invitent pas de temps à autre et que le berger puisse... non
seulement pouvoir intégrer la norme, mais se rendre compte que ça
marche ! Sinon la réaction du chien de Pavlov devient inattendue.
Cette étude s'inscrit dans une formation
orientée gestion du territoire pour une production durable. Ici, le
pastoralisme fonctionne depuis des lustres sans qu'officiellement, on est eu
vent de ses externalités négatives sur l'environnement puisque,
contrairement à ce qui se pratique ailleurs, peu de mécanisation
voire pas à certains endroits, peu de chimio-pratiques...
Néanmoins connaissant la phrase « magique » de la chaîne
trophique : « mange celui qui précède et est mangé
par celui qui suit » ; tout le monde trouvant de quoi manger signifiant :
milieu équilibré et fonctionnant normalement, on peut se dire
qu'introduire un prédateur dans un tel milieu nous indiquerait la
stabilité de son écosystème. Au nom du
développement durable quel pré-requis faudrait-il pour que le
social, l'économique ou l'environnemental ne se sente pas
déshérité ? Quelle démarche mettre en place pour
trouver la coopération des acteurs locaux indispensable au
développement durable ?
Le but de ce travail n'est pas de répondre à des
questions sur la durabilité de la réintroduction de l'ours dans
les Pyrénées ou de prendre position à propos de la
polémique ours. Mais il s'agit ici de souligner ce qui s'est
pratiqué jusqu'à présent comme technique pastorale en
Ariège et ce qui pourrait techniquement être une pierre
d'achoppement pour la mise en oeuvre des mesures d'accompagnement du plan ours
et donc de compromettre la cohabitation pastorale. Pour traiter ce sujet j'ai
choisi de garder à l'esprit les questions suivantes : Jusqu'à
présent, le pastoralisme étant sur des équilibres et
économies instables et fragiles; comment les nouvelles données
(mesures d'accompagnement du plan ours) pourront-elles améliorer ce
statut ? Quels dommages le pastoralisme traditionnel a créé ou
crée à l'environnement au sujet de la biodiversité ?
Quelle est la valeur de la biodiversité apportée par le
pastoralisme "moderne" proposé ? Quelles sont les fonctions
supplémentaires des écosystèmes montagnards avec les
nouvelles données et procédures ?
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