UNIVERSITÉ JEAN MOULIN - LYON 3 Institut
d'Administration des Entreprises
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DU SYSTÈME D'ORGANISATION
D'UN CENTRE SOCIAL ASSOCIATIF
À LA CITOYENNETÉ DE
PROXIMITÉ,
EN TANT QU'ENJEU DÉMOCRATIQUE.
L'ASSOCIATION DE GESTION
DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTA BERLET
À DÉCINES.
- 1998.2000 -
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Mémoire présenté pour l'obtention
de
la Maîtrise d'Administration Économique et
Sociale : . Mention Administration et Gestion des Entreprises,
. Option Pratiques Managériales.
Tuteur : DOC. 3 Présenté par
PIVOT Catherine 2000 KONATÉ Yves
SOMMAIRE
INTRODUCTION :
L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU SOCIAL.
P. 7
PARTIE I : LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL
A LA CITOYENNETE DE PROXIMITE,
DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT. P. 14
|
Une reconnaissance de proximité. P. 14
Chapitre 1 - Le centre social, entre partenaires et
opérateurs de
politiques publiques. P. 15 Chapitre
2 - Le centre social, un enjeu de légitimité des
poltiques
d'action sociale locales. P.
21 Chapitre 3 - Les centres sociaux en équilibre
entre la demande
sociale et la commande publique. P.28
Une proximité de reconnaissance. P. 36
PARTIE II : UNE ADMINISTRATION DE PROJETS QUI SOUS-TEND
UNE RECONNAISSANCE DE
LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE L'ASSOCIATION DE GESTION
DES
CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE. P.37
|
Une vision du champ de l'action sociale
déterminée par
la position des acteurs. P.37
Chapitre 1 - Une conjecture : des acteurs dont la
position
s'inscrit dans une démarche institutionnelle.
P.38
Chapitre 2 - Une méthode : une analyse induite par
des
entretiens. P. 50
Chapitre 3 - Un résultat : une
légitimité réciproquement
reconnue et controversée. P. 56
Une valeur commune énoncée,
déterminée par la traduction
pratique à la partager. P.63
PARTIE III : LA CONTRIBUTION DE L'ASSOCIATION DE
GESTION DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTABERLET A LA PRODUCTION DE LA
DEMOCRATIE LOCALE, UNE ORGANISATION QUI S'AJUSTE AU PROJET D'INTERMEDIATION. P.
64
|
L'incertitude de l`entre-deux : la source du pouvoir
associatif. P. 64
Chapitre 1 - Ni privé, ni public, l'entre-deux
socio-économique associatif. P. 66 Chapitre 2 - Ni
indépendant, ni assujetti, l'entre-deux de
l'acteur associatif. P. 79
Chapitre 3 - Ni amateur, ni spécialiste,
l'entre-deux des
compétences des ressources humaines associatives.
P. 84
La ressource de l'entre-deux : l'espace
d'intermédiation. P. 91
CONCLUSION :
VIVRE ENSEMBLE AU CENTRE DU SOCIAL. P. 94
BIBLIOGRAPHIE P. 96
SIGLES P.105
DOCUMENTS P. 107
TABLE DES MATIERES P. 109
ANNEXES P.112
- INTRODUCTION - L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU
SOCIAL.
L'association de gestion du centre social de Décines a
été créée en 1978 pour gérer le centre
social Dolto, le plus important équipement social de la ville de
Décines, " point de transition entre la déclinaison de la
croissance et l'enracinement de ce qui n'est perçu , par le commun de la
population, que comme un déséquilibre
économique1. "
En effet, la transmutation de ce bourg en banlieue rurbaine
ouvrière cosmopolite, ponctuée par les aléas de
l'histoire, a trouvé son seuil d'équilibre à l'aube de
cette courbe de croissance dite des « 30 glorieuses ».
Ainsi, « l'Association du centre social de Décines
», constituée, à l'origine, à l'initiative de la
municipalité, sera destinée à la population
composée de nouvelles couches moyennes qui sont amenées à
investir massivement les nouveaux équipementrs
collectifs2.
De fait, ce centre social, élaboré comme espace
structurant la ville, est alors dépositaire d'une triple mission : "
être un lieu de socialisation collectif, contribuer à
l'émergence d'un centre-ville, être un « outil » au
service de l'action sociale municipale3. "
L'identité de ces équipements s'est
structurée et construite à travers l'histoire, d'abord en
Angleterre et aux Etats-Unis, où les « Maisons de voisinage »
accueillaient dans les banlieues des grandes villes des populations venues
d'ailleurs.
En France, des « Maisons sociales »
s'établissent à la fin du siècle dernier pour devenir
des
« Centres sociaux » à partir des
années 1910. De nombreuses structures se créent au lendemain de
la Grande Guerre, pour impulser la renaissance de la vie sociale dans les
regions dévastées. En 1922, une vingtaine d'établissements
se regroupent pour créer la Fédaration des centres sociaux et
socio-culturels de France (FNCS).
Dans un rapport présenté en 1952 au Conseil
économique et social des Nations Unies, le Gouvernement français
définissait la conception française du centre social, de la
façon suivante : « On entend par centre social, une organisation
qui, avec la collaboration des usagers, s'efforce de résoudre les
problèmes propres à la population d'un quartier ou d'un secteur
géographique, en mettant à sa libre disposition, dans un local
approprié, un ensemble de services et de réalisations collectives
de caractère éducatif, social ou sanitaire, animé par une
assistante sociale responsable de la marche générale du Centre,
qui doit y assurer des permanences régulières et si possible y
résider. »
JALON 1 : Bref historique des centres
sociaux.
1 KONATE Yves, 19991 - Décines,
banlieue rurbaine. Les centres sociaux Dolto et Montaberlet : une association
d'intérêt public. un espace social, traducteur de logiques
d'actions - Université Jean Moulin, Lyon 3, Institut
d'Administration des Entreprises, p. 27.
Cette monographie met en perspective la transformation, en un
siècle, d'une bourgade d'un millier de villageois en une cité
urbaine de 25000 habitants, produit des flux migratoires et de
l'industrialisation naissante. Cet ancien village de l'Isère,
rattaché à l'agglomération lyonnaise en 1967, tend en
cette fin des années soixante-dix à structurer sa vie sociale
à travers une osssature associative fédérative. Ibid.,
tableau 3 - Période de création des
principales associations, des principaux équipements
et dispositifs sociaux, éducatifs et culturels à
Décines - p 23.
2 COLOMBANI Henri, in DURAND Robert, 1996 -
Histoire des centres sociaux : du voisinage à la citoyenneté
- Paris, Syros, pp. 239-241.
3 Yves KONATE, 19991, doc. cit., p . 25.
La définition, qui en était donnée alors,
contient les notions présentes encore aujourd'hui, de voisinage, de
collaboration des usagers, de regroupement d'un certain nombre de services et
de réalisations (sociales, éducatives et médico-sociales),
d'animation par un personnel qualifié.
Le développement des centres sociaux accompagne alors
le bouleversement des modes de vie, l'urbanisation, les mutations du monde
rural, puis, dans les années soixante, la multiplication des grands
ensemble. Marquée par une forte dominante socio-culturelle,
l'activité des centres sociaux s'est, depuis le milieu des années
quatre-vingt-dix, orientée davantage vers les domaines du
développement social.
DURAND Robert, 1996
- Histoire des Centres sociaux : du voisinage à la
citoyenneté - Paris, Syros, 264 p.
Vingt ans plus tard, la crise est à son apogée,
le chômage et son cortège de misère n'ont cessé de
croître, les familles se sont décomposées, les flux
d'immigration qui ont formé la ville se sont déplacés de
l'Est au Sud, Sud-est, la banlieue se dénomme « quartiers sensibles
». L'association qui, à travers des activités de «
droit commun » (activités de loisirs, permanences, services de
garde d'enfant, ...) rayonne sur la ville, développe sur des quartiers
ciblés des actions de socialisation (cours de Français,
animations de rue, ...).
C'est ainsi que , en octobre 1998, s'ouvre le centre social
Montaberlet, fruit d'un travail de plusieurs années de professionnels de
diverses institutions et de demandes des habitants. L'intitulé
associatif s'actualise en « Association de gestion des centres sociaux
Dolto et Montaberlet1», l'un de ville et l'autre de
quartier.
SCHEMA 1 : L'association de gestion des centres
sociaux Dolto et Montaberlet.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Voir, en complément de ce schéma, l'annexe
16 - L'organigramme institutionnel, hiérarchique et
pédagogique -
1 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion des
centres sociaux Dolto et Montaberlet -
JALON 2 : Les missions principales du directeur de
l'association de gestion.
Directeura de cette association depuis 1993, nous
déployons notre mission en trois axes principauxb :
- Tout d'abord, nous assurons la direction de l'association,
en tant que responsable de la conformité du projet « Centre social
» dans ses applications les plus concrètes, à partir de la
mise en oeuvre des orientations décidées par les instances
associatives. A l'instar, nous prenons soin de créer des conditions de
consolidation du bénévolat, essence-même de
l'association.
- En second lieu, en tant que chef d'entreprise associative, par
délégation, nous en assurons la gestion et
l'organisationC.
- Enfin, et ce n'est pas la moindre de nos tâches, nous
veillons à la cohérence du projet, en tant que coordonateur
pédagogique. Chargé principalement des relations publiques
internes et externes, nous traitons et retraitons l'information à
travers un dispositif de communication, afin de rendre cohérente et
lisible l'action des deux centres sociaux.
a L'employeur du directeur est la
fédération Leo Lagrange, qui est financée par la
municipalité de Décines pour le mettre à disposition de
l'association.
b Yves KONATE, 19991, doc. cit.,
ppÀ4-70.
c En 1999, 99 salariés (38 équivalents
temps plein), un budget de 9 millions de francs, plus de 2200m2 de
bâtiments, répartis sur deux sites. Voir partie III-1.
Né d'une volonté originelle municipale, à
travers le renouvellement de son bénévolat1 et de ses
administrateurs, cette association a su s'éveiller à un mode
d'autonomie laissant place, dans le cadre de ses missions, à une
coopération contractualisée avec ses financeurs.
C'est ainsi qu'elle a répondu à des attentes
diversifiées et a été en mesure d'adapter sa
réponse à la spécificité institutionnelle de ses
partenaires financiers déterminants2 que sont l'Etat, la
Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), sa caisse locale (la CAF de
Lyon) et la commune de Décines.
- Elle a donc intégré les thèmes majeurs de
l'Etat3 :
. l'intervention sur des territoires prioritaires,
. la mise en oeuvre d'un projet pédagogique
partenarial,
. la mise en oeuvre de projets éducatifs partenariaux,
. l'implication et la participation des habitants.
- Elle a sounmis, à la demande de la CNAF4, un
projet pédagogique à la discussion et à l'assentiment de
ses partenaires publics, en particulier la commune.
- Elle a reconnu la commune5 comme représentant
légitime de l'action sociale et éducative locale.
1 Tableau 9 - La répartition des
contributions bénévoles au sein del'association de gestion -
1998.
2 Tableau 1 - L'origine et la répartition
des ressources financières de l'association de gestion - 1998.
3 Courrier adressé au maire de Décines
en novembre 1998, par le sous-préfet du département du
Rhône, chargé de mission pour la politique de la ville.
4 Annexe 2 - Circulaire CNAF n°56 du 31
octobre 1995 - Les relations entre les caisses d'allocations familiales, les
centres sociaux et leurs partenaires. Approfondiir la concertation partenariale
et la contractualisation sur des objectifs de qualité.
Lettre-circulaire CNAF n°268 du 31 octobre 1995 - Les
relations entre les caisses d'allocations familiales, les centres sociaux et
leurs partenaires. Outils d'analyses et d'aides à la décision, 16
pages.
5 Les maires veulent renouer le lien social et
s'investissent de plus en plus dans l'action sociale selon l'observatoire
national de l'action sociale décentralisée - 1998,
Actualités Sociales Hebdomadaires, novembre, n°2094, pp.
7-8.
Ces prescriptions, sans être contradictoires, se
révèlent néanmoins inscrites dans des logiques politiques
et administratives propres à chaque collectivité et seraient
susceptibles de conduire l'association à avoir une gestion
pédagogique écartelée. D'autant que la
démultiplication des contraintes rationnelles produites par ces
mécanismes (instruction des dossiers, montage des projets,
présentation financière, sensibilité aux
réalités de terrain, ...) risqueraient de déstabiliser
l'organisation associative.
Sans compter que les bénévoles d'aujourd'hui ne
sont pas issus des courants des années soixante-dix1 et, de
fait, ne sont pas rompus aux arcanes des jeux politico-administratifs ; que les
salariés, sous pression sociale et statutaire, sont plus en recherche de
positionnement professionnel qu'attentifs aux enjeux du devenir de l'action
associative2 ; que le directeur, au coeur de ces logiques, est
lui-même dépendant de ses propres contraintes
statutaires3.
Non seulement, nous constatons que cette organisation
associative n'implose pas mais, au contraire, paraît
générer une forme de cohésion sociale4 par la
cohabitation de milieux, de cultures et de générations diverses,
assortie à des demandes sociales et éducatives variées (
activités de loisirs, animations sociales, services collectifs et
individuels, ...).
Etayée par son ancrage fédératif,
celle-ci est conduite à developper une philosophie de l'action qui
promeut une démarche de participation des habitants à la
finalité citoyenne5, basée sur la primauté de
la démarche associative. En corrélation, le débat
politique tourne, aujourd'hui,,autour de l'élaboration de la
décision au plus près des préoccupations des citoyens et
se traduit par la déclinaison de projets municipaux de démocratie
locale se concrétisant par des dispositifs suscitant la participation
des habitants6.
C'est pourquoi s'impose à nous cette question initiale
:
Quels sont les critères du système
d'organisation d'un centre social associatif qui peuvent contribuer à la
citoyenneté de proximité, en tant qu'enjeu démocratique
local ?
En effet, le monde du social ayant une dimension intangible,
il nous apparaît opportun de délimiter des
critères7, en tant que normes de référence,
permettant ainsi de mesurer la pertinence du système d'organisation
associatif centre social.
1 HALBA Bénédicte et LENET Michel, 1997
- Bénévolat et volontariat dans la vie économique,
sociale et politique - Paris, Editions La documentation française,
p. 34.
FOUREST Alain, juin 1998 - L'avenir des centres sociaux
- Caisse des dépôts et consignations, pp. 13-14.
2 PAILLET Paule, 1996 - Le travail social dans la
tourmente - Actualités Sociales Hebdomadaires, janvier,
n°1956, pp. 17-18.
MIGNON Jean-Marie, 1999 - Ne pas brader la fonction
d'animateur - Action Jeunes, novembre, n°197, pp. 1-3.
HIVERT Agostina, 1998 - La grande nébuleuse du travail
social - Le progrès de Lyon.
VACHON Jérôme, 1993 - Jusqu'où
réformer la formation ? - Actualités Sociales Hebdomadaires,
janvier, n°2100, pp. 25-26.
3 Le type de mise à disposition du poste de
directeur par la ville de Décines, par l'intermédiaire de la
fédération Leo Lagrange, révèle une
dépendance du directeur. Par exemple, les augmentations non statutaires
sont accordées par l'employeur à condition que la commune accepte
de les financer.
4 Près de 10% des habitants de la commune sont
des usagers réguliers d'activités. En outre, on peut estimer
qu'un habitant sur deux est utilisateur ponctuel. Voir partie III-1 .1.
5 Annexe 3 - Projet de charte
fédérale, assemblée générale de la
Fédération des centres sociaux et sociosocio-culturels de
France- juin 2000.
6 KONATE Yves, 19992 - La place du
cabinet du maire dans l'organisation municipale de la ville de
Villeurbanne - Université Jean Moulin, Lyon 3, I.A.E, p. 19.
7 GRAWITZ Madeleine, 1991, article «
Critère »- Lexique des sciences sociales - Paris, Editions
Dalloz, Dalloz, p. 96.
De la sorte, dans cette première définition,
nous caractériserons le système d'organisation1 comme
une idée directrice permettant de formaliser un ensemble
d'éléments interdépendants en tant que réseaux
complexes de sous-systèmes entretenant entre eux des liaisons. Cette
composition corrélative ne peut maintenir ses objectifs qu'en se donnant
les moyens d'une adaptation à des conditions externes et internes
changeantes.
En l'occurrence, ce qui nous intéresse ici, c'est la
capacité de ce système à discriminer des critères
qui vont contribuer à la citoyenneté de proximité en tant
qu'enjeu démocratique local. Nous affirmons également, qu'en
préalable à notre propos, notre réflexion s'inscrit dans
le cadre d'une Constitution démocratique, en tant qu'organisation
politique dans laquelle la souveraineté appartient à l'ensemble
des citoyens. Celle-ci reposant sur la séparation des pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire2, nous
considèrerons qu'un citoyen3 est un membre de la
communauté politique (Etat, cité), ce qui lui donne le droit de
participer à la « gouvernance4 ». Nous
soulignerons, avec Jean-Pierre WORMS5, que la citoyenneté
n'est plus un attribut descendant de la bienveillance des autorités
publiques mais le produit d'un investissement personnel qui nécessite un
apprentissage, qui passe par l'expérience dans la participation aux
affaires locales6 et qui renvoie à des relations de type
contractuel où la réciprocité des droits a pour corrolaire
des devoirs7.
Par conséquent, l'affirmation de la proximité a,
ici, non seulement le sens donné à la politique de
décentralisation dans le fait de rapprocher le pouvoir du
citoyen8 mais, en outre, manifeste une volonté active de
rendre tangible cette participation.
De la sorte, la démocratie, telle que nous l'avons
définie plus haut, met l'accent sur une tradition qui se traduit par une
affirmation individualiste et une méfiance à l'égard des
gouvernants9.
A l'instar, la FNCS. l'exprime à sa manière, en
reconnaissant que la commande publique institutionnelle, fondée en droit
public, relève de la mission confiée dans l'ordre de la
démocratie élective. Celle-ci constitue ainsi la réponse
légitime à la demande sociale, sans épuiser pour autant
les réponses émanant de l'initiative de la société
civile, dans l'ordre de la démocratie participative de proximité
et du quotidien., " celle au nom de laquelle interviennent les habitants
s'organisant pour prendre en charge un travail sur leurs conditions de vie et,
plus particulièrement, dans le cadre des équipements
collectifs10. "
A partir de là, nous formulerons notre
problématique11 et nous la déploierons au long de
notre exposé en la resituant dans le système d'organisation
particulier instauré entre la commune de Décines et l'association
des deux centres sociaux Dolto et Montaberlet.
1 BOUDON Raymond et BOURRICAUD François, 1999,
article « Système » - Dictionnaire critique de la
sociologie - Paris, Editions Presses universitaires de France, pp.
602-609.
2 Article «Démocratie », Le Petit
robert, 1972, pp. 431-433.
Article « Montesquieu », Larousse sélection,
1962, p. 1411.
3 M . GRAWITZ, 1991, article «Citoyen », op.
cit ., p. 59.
4 La gouvernance est la capacité des
sociétés humaines à se doter de systèmes de
représentations, d'institutions, de processus, de corps sociaux, pour se
gérer elles-mêmes dans un mouvement volontaire.
Pierre CALAME et André TALMANT in Les cahiers du
millémaire, 1998 - La gouvernance - Mission prospective et
stratégie d'agglomération - Grand Lyon, n°9, juin, p. 4.
5 WORMS Jean-Pierre, 1998 - Se former pour une
démocratie participative et une citoyenneté active - Paris,
Ouvertures, revue éditée par la Fédération des
centres sociaux et socio-culturels de France, n°4, septembre, p. 6.
6 BARBER Benjamin, 2000 - La démocratie
à l'heure de la mondialisation - Sciences Humaines, n°102,
n°102, février, p. 40.
7 VIDAL-NAQUET Pierre, 1993 - Une grille de
lecture des missions et des légitimités des centres sociaux
- Paris, Ouvertures, n°10, octobre, p. 6.
8 ION Jacques, 2000 - Le travail social à
l'épreuve du territoire - Paris, Editions Dunod, p. 136.
9 R. BOUDON et F. BOURRICAUD, 1994, article «
Démocratie », op. cit., pp. 155-160.
10 COLOMBANI Henry, 1995 - Le local contre
l'exclusion - Ouvertures, n°95-4, septembre, p. 2. 11Nous
nous inspirons des travaux de QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUDT Luc, 1995 -
Manuel de recherche en sciences sociales - Paris, Editions Dunod.
C'est ainsi que l'approche théorique que nous choisirons
pour traiter cette question s'articule à deux perspectives : la
sociologie de l'organisation et la sociologie de l'association.
Pour la sociologie des organisations, nous nous inspirerons de
plusieurs courants.
Tout d'abord, celui qui est relatif à la structure
d'une organisation et, particulièrement, la conception qu'en propose
Henri MINTZBERG1, qui la définit comme « la somme totale
de moyens utilisés pour diviser le travail entre tâches distinctes
et pour assurer la coordination nécessaire entre ces tâches.
» En effet, il nous importe de pouvoir caractériser les
modèles d'organisation auxquelles nous avons à faire, de
manière à en comprendre les caractéristiques
intrinsèques.
Le deuxième courant, sur lequel nous appuierons notre
processus réflexif, analyse l'organisation " comme un lieu où
se prennent des décisions, où s'exercent des contrôles,
où existent des rapports d'autorité2 ". Ce sont
les travaux de Michel CROZIER et Erhard FRIEBERG qui, en développant
l'analyse stratégique3, rendent compte de l'organisation
comme d'un système politique résultant du jeu des acteurs. Le
pouvoir, à l'intérieur de l'organisation, est lié à
la répartition de celui-ci et dépend de son mode de
discrimination à l'extérieur4. De la sorte, nous
examinerons précisément les liens d'influence de l'association de
gestion dans ses rapports avec la municipalité et ce, aussi bien dans la
dimension collective des acteurs que dans celle individuelle.
Cette vision de l'organisation aboutit à mettre en
évidence la marge de liberté dont disposent les individus et les
groupes humains qui la composent. " Il y a un « jeu » possible ;
il y a des zones d'incertitude autour desquelles f...] les acteurs (individus
et groupes) vont adopter des comportements allant dans le sens de la
préservation de leurs intérêts (économiques,
sociaux, symboliques, culturels, ...).5"
La sagacité de cette théorie nous permettra de
saisir l'interaction permanente entre « l'acteur et le système
», facilitant ainsi la compréhension du fonctionnement réel
du système d'organisation du centre social associatif6.
Enfin, les deux derniers courants, en tant que nouvelles
approches de la sociologie de l'organisation, viendront enrichir nos
possibilités d'agir, par leur qualité d'explication productrice
de changement.
Le premier est le modèle de Laurent THEVENOT et Luc
BOLTANSKI : « Les économies de la grandeur ». Celui-ci
décrit l'organsation comme un lieu composé de plusieurs mondes
qui vont devoir, s'il y a controverse, se distinguer les uns des autres, «
s'arranger », en se mettant d'accord par une transaction, afin d'aboutir
à un « compromis », comme forme d'accord durable qui vise
à un « bien commun »7.
Le second modèle, de Michel CALLON et Bernard LATOUR,
« la sociologie de la traduction », renvoie à une
opération qui consiste à transformer un message, un fait, une
information intelligible en un autre message, un autre fait, une autre
information intelligible qui rend possible la compréhension d'un
tiers.
L'opération de traduction nécessite, selon ces
auteurs, une méthodologie précise constituée
de plusieurs étapes. L'idée essentielle est que le
système d'organisation, dans tous ses aspects et
Pour ces auteurs, la problématique est l'approche ou la
perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ. Elle est une
manière d'interroger les phénomènes étudiés,
p102.
1 MINTZBERG Henri, 1990 - Le management : voyage
au centre des organisations - Paris, Editions d'organisation, 516
pages.
2 LIVIAN Yves-Frédéric, 1998 -
Organisation, théories et pratiques - Paris, Editions Dunod, p.
39.
3 CROZIER Michel et FRIEDBERG Erhard, 1977 -
L'acteur et le système - Paris, Editions du Seuil, 568
pages.
4 Y.F. LIVIAN, 1998, op. cit., p. 39.
5 Ibid. , p. 39.
6 Ibid., p. 40.
7 AMBLARD Henri, BERNOUX Philippe, HERREROS Gilles,
LIVIAN Yves-Frédéric, 1996 - Les nouvelles approches
sociologiques des organisations - Paris, Editions du Seuil, pp.73-128.
détails, constitue un réseau qui est le produit
d'une négociation permanente entre contenu et contexte et suppose, par
conséquent, qu'elle soit conduite par des porteurs de
projet1.
La seconde perspective théorique que nous avons retenue
est la socologie de l'association et, plus précisément, son
entrée socio-économique2. Cette approche fonde le
cheminement de notre pensée, en partant de la thèse que
l'association est, et doit être au coeur du rapport social, qu'en cela
" elle n'est rien d'autre que la démocratie en acte. Et
réciproquement.3 " Sans idéaliser ce mode de
coopération citoyen , il convient de faire émerger son impact sur
le plan, " à la fois économique, éthique et
politique4 ", en somme son influence sur la
société et, précisément, sur le lien social.
Ainsi, cette architecture théorique nous conduit
à élaborer l'hypothèse suivante : Le
système d'organisation d'un centre social associatif peut contribuer
à la citoyenneté de proximité, en tant
qu'enjeu démocratique local, si l'ensemble des acteurs internes et
externes
à ce système se reconnaissent
mutuellement dans leurs dimensions collectives et individuelles, à
partir de leur mission, de leur fonction, de leur statut, comme étant
partie prenante du projet pédagogique de l'association.
Avant de conclure sur la méthode de
présentation, nous rappellerons au lecteur que ce document est un
complément théorique et un approfondissement pratique aux
premiers travaux abordant ce sujet5et qu'ainsi, moult informations,
exposées alors, ont été ici traitées implicitement,
que cela soit sur la transformation historique et sociologique de la ville de
Décines, ou bien sur la description détaillée de
l'organisation centre social dans ses aspects internes et externes, ou encore
sur le management de l'association dans tous ses compartiments. Ce faisant,
dans le document présent, nous avons organisé notre
réflexion à partir d'un plan en trois parties.
Dans la première partie, nous brosserons
l'environnement institutionnel dans lequel s'inscrit l'association de gestion
des centres sociaux Dolto et Montaberlet, de manière à faire
apparaître les enjeux dans lesquels les acteurs déterminent leur
logique de positionnement et d'action.
La deuxième partie nous amènera à
identifier plus particulièrement le système d'organisation dans
lequel sont enchâssées l'association de gestion et la commune de
Décines. Ceci nous conduira, à travers des points de vue
recueillis et à partir d'une méthodologie explicitée,
à les mettre en perspective les uns par rapport aux autres et, ce,
à partir des entretiens retraités.
La dernière partie aboutit, à partir du
déploiement de notre problématique, à éclairer
significativement la contribution associative centre social à la
citoyenneté de proximité et, par là, à la
démocratie locale, tout en produisant des orientations pour l'action,
accordant ainsi, pensons-nous , quelques justifications à notre
hypothèse de départ.
1 Ibid. , pp. 129-186.
2 La revue du MAUSS, 1998 - Une seule solution,
l'association ? Socio-économie du fait associatif - 1er semestre,
n°11, Paris, La découverte, 368 pages.
LAVILLE Jean-Louis et SAINSAULIEU Renaud (dir), 1997 -
Sociologie de l'Association : des organisations à l'épreuve
du changement social - Paris, Editions Desclée et Brouwer, 416
pages.
3 La revue du MAUSS, 1998, op.cit., Alain CAILLE et
Jean-Louis LAVILLE, p.5.
4 Ibid.
5 Yves KONATE, 19991, op. cit.
- PARTIE I - LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL A
LA CITOYENNETE DE PROXIMITE, DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT.
Une reconnaissance de proximité.
Les centres sociaux, par leurs caractéristiques de
généralistes de l'action sociale, ont toujours été
impliqués dans la territorialisation des politiques publiques.
Leur statut associatif, relevant du droit privé, laisse
apparaître une spécificité qui engendre des sources de
financement publiques par l'Etat, la Caisse nationale d'allocations familiales
(CNAF), les caisses locales (CAF) et les collectivités locales. De fait,
les centres sociaux sont identifiés par leurs partenaires locaux
(collectivités publiques et Institutions) comme
partenaires-opérateurs de l'action sociale locale. C'est ainsi qu'ils
sont associés logiquement aux nombreux dispositifs territoriaux
découlant de la politique de la ville.
La décentralisation qui a accompagné
l'émergence de ce nouveau partenariat amène les centres sociaux
à devenir un enjeu de légitimité dans le positionnement
partenarial des CAF. Celles-ci, par leur pouvoir de « labélisation
» incitent à formaliser des processus de concertation
contractualisée : principalement entre elles, les centres sociaux et la
commune.
Les difficultés économiques globales et la
fragmentation sociale actuelle nécessitent que le réseau des
centres sociaux interroge ses valeurs fondamentales afin d'adapter sa pratique
d'intervenant social à une démarche de démocratie locale
participative réactualisée.
- CHAPITRE 1 - LE CENTRE SOCIAL ENTRE PARTENAIRES
ET OPERATEURS DE POLITIQUES PUBLIQUES.
Depuis quelques années un développement
important de la "territorialisation" des politiques sociales peut être
observé 1. Le processus prend racine dans les lois de
décentralisation (1982-1984) qui sont la mise en acte d'une
volonté de "rapprocher la prise de décision du lieu où
elle s 'exerce2."
L'Etat est amené, en raison de la complexité des
problèmes, à coopérer avec les acteurs locaux. C'est ainsi
que les centres sociaux, à travers leur histoire3,
participent à leur façon à ce mouvement et successivement
s'identifient aux politiques territorialisées (Etat
central qui localise des politiques nationales), s'inscrivent dans les
politiques territoriales (actions conjuguées et
volontaristes du pouvoir central et des autorités locales qui deviennent
alors partenaires et contractent ensemble), et sont associés aux
politiques locales (actions à l'initiative des
structures institutionnelles locales)4.
En quelques années, une architecture de dispositifs
s'élabore, en traversant toutes les strates politico-administratives,
générant une coopération inter-institutionnelle et
partenariale locale abondante.
1 - Le centre social : un équipement de voisinage
dédié au travail social et familial.
C'est une circulaire signée par la ministre des
affaires sociales et de la solidarité nationale, Georgina DUFOIX, en
date du 12 mars 1986, qui définit , pour la première fois pour
l'Etat, le rôle prioritaire des centres sociaux5. Cette
circulaire, adressée aux services déconcentrés du
ministère, est consacrée à la présentation
minutieuse des missions du centre social et précise le cadre
institutionnel dans lequel s'inscrivent celles-ci.
Quatre missions caractérisent un centre social :
- "C'est un équipement de quartier à
vocation sociale globale."
Le centre social doit cependant privilégier les
activités et services à caractère social qui prennent en
compte les difficultés économiques des usagers.
- "C'est un équipement à
vocation familiale et pluri-générationnelle."
1 J. ION, 2000, op. cit., pp. 17-53.
2 Rapport de Jean-Pierre Worms sur le projet de la loi
"DEFERRE" remis à l'Assemblée Nationale, août 1981, in
ibid., p. 136.
3 R. DURAND , 1996, op. cit.
4 LABADIE Francine (Rapporteur de la commission
"Jeunes et politiques publiques", Commissariat général au Plan),
1999 - Politiques locales, politiques territorialisées, politiques
territoriales : de quoi parle-t-on ? - Grain de Cel édité
par le Ministère de la jeunesse et des sports, novembre, n°2, pp.
3-4.
5 Annexe 4 - Circulaire du Ministère des
affaires sociales et de la solidarité nationale. Direction de l'action
sociale, 12 mars 1986 - Rôle des centres sociaux -
Le centre social facilite la vie quotidienne des familles en
"leur permettant de mieux maîtriser leur vie économique et
sociale."
Il développe des "actions en direction des jeunes,
sous des formes adaptées et s'efforce "d'intégrer
d'avantage les jeunes retraités et personnes agées [...] aux
actions de solidarité de voisinage.
- C'est un lieu d'animation de la vie
sociale."
C'est un lieu qui favorise et suscite "la participation
des usagers et des habitants. Le bénévolat y trouve pleinement sa
place". Cette participation peut "prendre des formes diverses, mais
elle doit être effective. »
- « C'est un support d'interventions sociales
concertées et novatrices.
Compte tenu de sa polyvalence, de son ouverture à
l'ensemble des problèmes de vie quotidienne des populations de tous
âges, de sa vocation sociale, de son secteur géographique
d'influence, le centre social associe les collectivités locales, les
institutions, les associations, les travailleurs sociaux à des actions
concertées.
L'importance de la concertation pour la mise en place de
l'action sociale locale, dans le cadre de la décentralisation, est
essentielle."
A travers cette circulaire, l'Etat affirme que les
"centres sociaux constituent une priorité de la politique
gouvernementale" en tant qu' "équipement de voisinage où
s'effectue en priorité un travail social et familial [...], en
conformité avec les orientations des pouvoirs publics, des
collectivités locales et des organismes de Sécurité
Sociale."
En quelques lignes, l'architecture institutionnelle dans
laquelle s'inscrivent les centres sociaux est brossée. La circulaire
précise que le "centre social doit être un support pour les
actions sectorielles et prioritaires de l'Etat.
Les centres sociaux sont particulièrement
qualifiés pour contribuer à la mise en place des politiques
sociales concertées engagées dans de nombreux domaines par l'Etat
et les collectivités locales, à partir de l'évaluation des
besoins dans un cadre territorialisé. Ses quatre missions [sont]
définies avec la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF)
[...], approuvées par le ministère. Le centre social est
agréé par la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) sur la base
d'un contrat de projet social, selon une procédure
décentralisée.1"
2 - Les centres sociaux : un réseau-relais local
des politiques d'action sociale de l'Etat.
Une note-circulaire, en date du 6 mai 1994, ayant pour origine
le Ministère du travail et des affaires sociales et le Ministère
de l'aménagement du territoire de la ville et de l'intégration,
vient compléter l'attente de l'Etat envers les centres
sociaux2.
1 Ibid. - Circulaire du Ministère des
affaires sociales et de la solidarité nationale - 12 mars 1986,
cit.
2 Il est intéressant, pour l'intelligence de
l'exposé, de souligner les directions ministérielles qui sont
associées à cette note-circulaire du 6 mai 1994.
- Pour le Ministère du travail et des affaires sociales
:
· La direction de l'action sociale.
· La sous-direction du développement social de la
famille et de l'enfance.
- Pour le Ministère de l'aménagement du
territoire, de la ville et de l'intégration :
· La Direction de la population et des migrations.
· La délégation interministérielle
à la ville et au développement social urbain. Cette note a pour
objet de faire référence à la circulaire CNAF n°56 du
31 octobre 1995, cit.
"Les centres sociaux constituent en effet l'un des relais
essentiels pour la connaissance des réalités sociales du terrain.
Leurs équipes sont à même d'apporter des
éléments d'anticipation et des données capitales sur les
situations vécues. A ce titre, ils font partie des acteurs locaux que
vous devez veiller à intégrer dans le réseau de
partenaires permettant d'assurer la pertinence
du pôle d'action sociale".
La note rappelle que la "Fédération des
centres sociaux et socio-culturels de France" est un réseau de
fédérations locales au plan régional et
départemental et qu'il s'agit donc là d'un maillage sur lequel
les services déconcentrés ont "toute légitimité
à prendre appui, en matière de relais des politiques d'action
sociale de l'Etat et d'animation de l'action locale."
3 - Le centre social : un partenaire-opérateur de
terrain, inscrit dans les dispositifs d'insertion politicoadministratifs.
Cette présentation rapide du point de vue de l'Etat,
serait erronée si la place des centres sociaux n'était pas mise
en perspective dans l'ensemble de dispositifs d'insertion sociale qu'il a mis
en place depuis 19811.
Jaques ION situe l'émergence de ces dispositifs
à la conjonction de l'événement politique de
l'arrivée de la gauche au pouvoir, en mai 1981, et de
l'événement social qu'a été l'incendie des voitures
aux Minguettes2, ce même été 1981.
En une décennie, "sous l'impulsion de l'Etat, ils
sont mis en oeuvre par les collectivités locales ; tout un chacun,,
professionnel ou bénévole, est invité localement à
y participer."
Cet auteur pense aussi que l'administration paraît mettre
l'accent sur les moyens plus que sur les objectifs.
Les dispositifs ont comme point commun d'être
inter-institutionnels et décentralisés au niveau du partenariat
local. "Bien que suscitées et financées (au moins pour une
grande partie) par l'Etat, les opérations relevant des nouveaux
dispositifs sont placées sous la responsabilité directe des
collectivités locales et plus particulièrement des
municipalités."
Ceux qui intéressent les centres sociaux et qui ont
une vocation d'intervention collective sont pilotés nationalement par
une seule instance la « Délégation interministérielle
à la ville et au développement social urbain », la DIV.
1 J. ION , 2000, op. cit., pp. 17-35.
2 Les Minguettes sont un quartier d'habitat social
à forte population d'origine étrangère à
Vénissieux, dans l'agglomération lyonnaise.
JALON 3 : Une politique globale d'intervention
urbaine.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
En 1988, un décret définit les instances en charge
de "la politique de la ville et du développement social
urbain", à savoir :
- le Conseil national des villes et du
développement social urbain (CNV), organisme de concertation
partenariale associant aux représentants de l'Etat (pas moins de
dix-sept départements ministériels), des maires et des personnes
qualifiées.
- Le Comité interministériel des villes et
du développement social urbain (CIV), réunissant les
responsables des différents ministères concernés.
- La délégation interministérielle
à la ville et au développement social urbain (DIV),
faisant fonction d'exécutif.
Cette dernière instance reprend, pour l'essentiel, les
objectifs et les activités des dispositifs qui sont à son
origine, la mission de Dévelopement social des quartiers (DSQ) et la
Commission nationale de prévention de la délinquance (CNDP) ; de
plus, elle met en place des incitations financières privilégiant
les formules contractuelles, mettant la priorité sur les actions
globales et impliquant une maîtrise des enjeux urbains à
l'échelle des agglomérations.
Sources : J. ION , 2000, op. cit..
C'est ainsi qu'en 1995, les contrats de ville font leur
apparition et scellent, au niveau local, l'articulation d'une politique sociale
urbaine où l'Etat animateur s'appuie sur les acteurs locaux et
particulièrement les communes, pour mettre concrètement en oeuvre
cette politique. Dans un courrier daté du 3 novembre 1998,
adressé au maire de la commune de Décines, le sous-préfet,
chargé de mission pour la politique de la ville dans le
département du Rhône, stipule qu'à l'occasion du dernier
exercice de programmation de l'actuel contrat de ville, il serait utile
d'introduire des propositions par un rapport évaluatif sur les
résultats de l'action menée dans la commune au titre de la
politique de la ville. Le sous-préfet poursuit en indiquant des
thèmes qui peuvent guider cette réflexion :
"- la question des territoires prioritaires
d'intervention, la réalité du projet partenarial, [...] le mode
de pilotage et de partenariat, [...], l'application et la participation des
habitants."
La correspondance se conclut sur cette attente : "la mise
en commun de ces réflexions [ doit permettre de] rendre plus efficace la
politique de la ville que nous menons ensemble au profit des territoires et des
publics qui éprouvent des difficultés
particulières."
SCHEMA 2 : Les dispositifs locaux dont est partie
prenante l'association de gestion.
Les dispositifs qui relèvent du champ de la
politique de la ville
Ville de Décines
Etat
DIV Préfecture
PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
|
Services déconcentrés de l'Etat
|
Organismes sociaux
|
Collectivités locales
|
- Action sanitaire et sociale - Jeunesse et sport
- Education nationale
- Travail, emploi et forma- tion professionnelle
- Justice
- Police
|
- Caisse d'allocations familiales.
- Fonds d'action sociale.
|
- Département - Région
|
|
DOMAINES D'ACTIONS THEMATIQUES
|
Aménagement
urbain et dévelop- pement social
|
Insertion
par
l'économique
|
Education
|
Prévention et
sécurité
|
|
INSTANCES DE COORDINATION
|
- Groupes de quartier
|
- Plan local d'insertion par l'économique
|
- Contrat éducatif local
|
- Conseil communal de prévention de la
délinquance
- Ville, vie, vacances
- Contrat local de sécurité
- Fonds d'aide aux jeunes
|
|
Les autres dispositifs
spécifiques
Le Contrat enfance piloté par : - la
Caisse d'allocations
familiales
- la Ville de Décines
|
Le Réseau d'éducation prioritaire
piloté par :
- l'Etat (Education nationale)
|
Le Groupe technique
regroupant des professionnels de terrain animé par un
professionnel des centres sociaux Dolto et Montaberlet
|
Le Collectif de gérontologie
piloté par :
- la commune
- une structure intercommunale
|
La Coordination petite enfance pilotée
par :
- la commune
|
|
|
Sources : Ville de Décines et centres sociaux Dolto et
Montaberlet (février 1999).
Pour compléter la compréhension de l'insertion
partenariale de l'association de gestion des centres sociaux Dolto et
Montaberlet, Annexe 5 : Le partenariat du dispositif d'animation de
proximité.
19
En quelques années, l'Etat central prescripteur
s'adapte et s'installe dans une fonction de régulateur de l'action
sociale, d'animateur de politiques sociales et de coordonnateur, en suscitant
des structures inter-institutionnelles aptes à superviser l'intervention
des opérateurs de terrain, entre autres les centres sociaux. L'Etat se
réserve alors, à travers ses services, une mission d'observation
sociale afin de garantir une égalité réelle1 de
traitement des citoyens2.
De la sorte, les collectivités locales, en particulier la
commune et la Caisse d'allocations familiales locale, sont
légitimées par l'Etat comme les partenaires
référents des centres sociaux.
1 Dans le cadre des dispositifs d'insertion,
l'idée d'égalité est sous-tendue par une action effective
d'ingération positive pour tenter de renverser le cours des choses.
L'inégalité de traitement social est dansce cas proposée
comme moyen de mieux parvenir à l'égalité réelle
quand l'égalité formelle s'avère insuffisante in J. ION,
2000, op. cit., p. 147.
2 Note-circulaire ministérielle du 6 mai 1996,
cit.
- CHAPITRE 2 - LE CENTRE SOCIAL, UN ENJEU DE
LEGITIMITE DES POLITIQUES D'ACTION SOCIALE LOCALES.
Dans le processus de « territorialisation » de la
politique publique d'action sociale, la commune apparaît comme le pivot
institutionnel légitimé par son appréhension quotidienne
de la vie sociale locale.
Le centre social, parce que reconnu par l'Etat comme
partenaire de cette vie sociale, devient pour la CNAF, en tant «
qu'instituteur », un moyen stratégique et légitime pour
s'inscrire dans le partenariat inter-institutionnel territorial.
C'est ainsi que la CNAF est d'autant plus amenée
à promouvoir la dimension associative du centre social, qu'elle lui
permet d'asseoir son mode de concertation avec la commune, à travers une
démarche contractualisée à partir de l'enjeu du contrat
d'agrément relatif au projet du centre social.
1 - La commune : la légitimité du territoire
de la vie quotidienne.
Au plus près des réalités locales, les
élus municipaux sont les premiers à être sollicités
par leurs concitoyens et donc, doivent faire face à une demande sociale
composite.
Les lois de décentralisation et la politique
territoriale de l'Etat ayant érigé la commune comme institution
pivot de la politique sociale locale, les élus municipaux sont de plus
en plus impliqués dans le domaine de l'action sociale.
Leurs préoccupations touchent à tous les domaines
de cette action et ils revendiquent leur légitimité à
intervenir sur l'ensemble du spectre de ce champ1.
Cette exigence, justifiée par le processus de mise en
oeuvre institutionnelle de dispositifs locaux, s'accompagne par le passage d'un
discours en termes d'aide ou d'assistance à un discours plus global, de
"maintien du lien social, de développement de la solidarité
et d'exercice de la citoyenneté2" ; dans le même
temps, la coordination administrative des différents services
concernés par le social se développe.
Etudiant le jeu social du local, l'Observatoire national de
l'action sociale décentralisée (ODAS)3 avance que
"le Conseil général semble exercer ses compétences
sans se soucier des politiques engagées par les communes et
réciproquement". En effet, les collectivités territoriales
préfèrent privilégier les initiatives dont elles peuvent
se réclamer4.
1 Les maires veulent renouer le lien social et
s'investissent de plus en plus dans l'action sociale, selon l'ODAS - 1998,
Actualités Sociales Hebdomadaires, novembre, n° 2094, p.p.
7-8.
2 Communication lors du congrès de
l'Association des maires de France (AMF) novembre 1998, in ibid.
3 Ibid.
4 -Centres sociaux et municipalités. Des
idées force pour un projet fédéral - , novembre 1999,
document en cours d'élaboration, FNCS, p. 81.
TABLEAU 1 : L'origine et la répartition des
ressources financières de l'association de gestion
(1998).
Série1
2 151 902
790 647
107 536
16 441
92 000
616 059
31 666
2 827 976
1 505 878
3 000 000
500 000
0
|
Caisse
|
|
|
|
|
Fonds
|
|
|
Commune
|
d'allocations
|
Participation
|
Prodits
|
Etat
|
Conseil
|
d'Action
|
Conseil
|
Fonds Social
|
|
familiales
|
usagers
|
divers
|
|
Général
|
Sociale
|
Régional
|
Européen
|
|
2 500 000
2 000 000
1 500 000
1 000 000
Dès lors, les acteurs municipaux sont conduits, d'une
part, à solliciter les services déconcentrés de l'Etat et
les institutions du secteur social (FAS, CAF) pour financer et collaborer aux
dispositifs locaux. D'autre part, ils intégrent dans ces dispositifs,
les associations comme opérateurs municipaux pour mettre en oeuvre les
actions. Dans cette articulation, le centre social a une place
spécifique car, reconnu et financé par la ville,
agréé et financé par la CAF, il génère des
sources de financements complémentaires.
2 - La Caisse d'allocations familiales : la
légitimité du tiers-médiateur.
Avec la mise en oeuvre de la décentralisation, c'est
tout le "système d'acteur et de pouvoirs" de l'action sociale
qui est entré dans une phase de recomposition. Or, dans ce paysage
remodelé, "le partenariat devient, en effet, nécessaire, et
exigeant. Le débat [...] tendrait à se circonscrire aux acteurs
qui sont en position d'initiative, donc aux politiques, et à ceux qui
exercent les fonctions d'opérateurs », énoncent en
1995, deux sociologues François Aballéa et François
Ménard, animateurs du programme de recherche et auteurs du rapport de
synthèse : "Décentralisation et travail social",
réalisé par la Fondation pour la recherche en sciences sociales
(FORS), pour le compte de la CNAF1.
Cette mise en question de la CNAF s'accompagne de la
montée en puissance de dispositifs inter- institutionnels territoriaux
initiés par l'Etat et nécessite que celle-ci et les Caisses
locales mettent en valeur leurs atouts.
De fait, de par leur constitution d'organisme social
cogéré par les partenaires sociaux, les CAF sont dans une
position particulière dans le jeu des acteurs de l'action sociale et
possèdent, en effet, une véritable liberté de manoeuvre,
d'autant qu'elles disposent des moyens techniques et financiers de leur
politique.
Les CAF sont liées à la CNAF qui assure la
fonction de direction et de contrôle au sein de la Branche Famille :
cette dernière anime le réseau des CAF et leur laisse une
autonomie locale pour la politique d'accueil du public et de l'Action
sociale.
* Les CAF sont des organismes de droit privé,
chargés d'une mission de service public :
· soumis au droit privé pour tout ce qui concerne
leur organisation et fonctionnement interne, en particulier la gestion du
personnel ;
* Les premières Caisses «de compensation» ont
été fondées par le patronat chrétien, d'où
l'origine privée de l'Institution des Allocations Familiales.
Avec l'ordonnance du 4 octobre 1945, qui instaure le nouveau
régime de Sécurité Sociale, la forme patronale des Caisses
disparaît. Le régime des Allocations Familiales s'inscrit dans le
cadre de la Sécurité Sociale.
JALON 4 : L'institution des Allocations Familiales,
une branche de la Sécutité Sociale.
L'UCANSS (Union des Caisses Nationales de la
Sécurité Sociale) est l'organisme «patron statutaire»
de tous les organismes de la Sécurité Sociale, dont les CAF.
· «chargées d'une mission de service
public», c'est-à-dire d'une activité qui vise à
satisfaire un besoin d'intérêt général et qui
justifie l'intervention de l'Etat, dans le cadre d'une tutelle.
1 VACHON Jérôme, 1995 - Les CAF sur
l'échiquier de l'action sociale - Actualités Sociales
Hebdomadaires, Mars, n°1918, pp. 11-12.
En complément voir Annexe 17 - La branche famille dans
l'organisation du régime général de Sécurité
Sociale -
* Les CAF, en tant qu'institution de protection sociale,
gèrent les prestations sociales (pour la branche famille) à
partir des prélévements spécifiques que sont les
cotisations sociales.
Dès le début, en 1945, les Caisses
développent deux types d'interventions. Ce sont les deux pans de la
«Branche Famille» de la Sécurité Sociale.
SOURCES : CAF de Lyon - Une Caisse d'allocations familiales. Pour
mieux la connaître en cinq points - Novembre 1999, pp. 2-9.
CAPUL Jean-Yves et GARNIER Olivier, 1996 - Dictionnaire
d'économie et de sciences sociales - Paris, Editions Hatier, pp.
384-3 89.
Les conditions de versement sont réglementées.
Elle constituent la «législation» des prestations familiales.
C'est un système de décision uniforme et national qui
réglemente l'application des textes pour les CAF.
Le ministère des Affaires Sociales et
les DRASS en liaison avec la Caisse Nationale des Allocations
Familiales, constituent un ensemble tutélaire
fort.
Versement de Prestations légales
Développement d'une Action sociale -
Selon des orientations générales (circulaire
nationale quinquennale)
- Selon des orientations locales, (le Conseil
d'Administration de chaque CAF émet des choix politiques).
Les administrateurs sont les représentants des forces
syndicales et sociales.
· patronales
· salariées
· professions libérales
· autres (associations familiales) successivement
élus, désignés selon les modifications
décidées par l'Etat.
La CNAF a actualisé les règles de l'agrément
fixées depuis 1971 et a mis en place une procédure de contrat de
projet qui donne à la seule CAF locale la décision
d'agréer.
Il s'agit de "conforter le rôle de la CAF comme
partenaire de l'Action Sociale locale".
Par circulaire du 31 octobre 1995
La CNAF confirme que la procédure contractuelle
d'agrément relève de la seule responsabilité du conseil
d'administration de chaque CAF qui se prononce sur l'attribution, le maintien,
la durée ou le retrait de ce financement. Pour prendre sa
décision, le conseil d'administration de la Caisse s'appuie sur le
projet de l'équipement.
Dans le cadre de la démarche contractuelle
d'agrément, elle recommande :
- d'approfondir la contractualisation sur des objectifs de
qualité,
- de rechercher le partenariat, y compris pour les centres
gérés par les communes et les caisses d'allocations familiales et
d'encourager les formes de gestion ou de cogestion associative,
- d'impulser la concertation,
- d'optimiser les financements.
La durée de l'agrément peut varier jusqu'à 5
ans maximum. En outre, la légitimité qu'offre le « label
», permet au centres sociaux de bénéficier d'une garantie de
financement pluriannuelle.
Source : CAF de Lyon - Les centres sociaux - Décembre
1997, p.2.
JALON 5 : Historique de
L'Agrément.
De plus, dans un système territorialisé
décentralisé et politisé, les CAF
bénéficient d'une image de neutralité doublée d'une
indéniable compétence d'expertise et d'évaluation par leur
maîtrise de nombreuses informations statistiques sur les conditions de
vie locales, les populations en difficultés et la mise en oeuvre des
dispositifs d'insertion1.
De même, comme le soulignent les auteurs du rapport de
synthèse, par leur implication dans le réseau des centres
sociaux, elles disposent d'un "véritable pouvoir [...]
d'influence". En effet, depuis 1984, décentralisation
oblige, ce sont les CAF locales et non plus la CNAF qui valident la
procédure d'agrément qui donne droit à la subvention
intitulée : « prestation de service fonction animation globale et
coordination2 ».
1 J. VACHON - Les CAF sur l'échiquier de
l'action sociale - art. cit..
2 Arrêté ministériel du 22
novembre 1971, portant création de la prestation de service au
bénéfice des centres sociaux.
L'agrément se fonde sur les qualités de
l'intervention sociale et la mise en oeuvre interpartenariale du projet centre
social ; en particulier, sur les modes de concertation appropriée avec
la commune d'implantation. Ce projet doit s'inscrire naturellement dans le
cadre, les objectifs et les missions définis dans la circulaire
ministérielle du 12 mars 1986.
C'est ainsi que le centre social apparaît
identifié par l'Etat et la commune comme opérateur proche des
habitants et en capacité d'appréhender la dynamique des
problèmes sociaux. Légitimant ainsi la fonction de «
labelisation centre social » par les CAF1, cette ressource
permet à celles-ci de se positionner stratégiquement dans le
partenariat institutionnel d'action sociale locale.
1 Circulaire CNAF n°56 du 31 octobre 1995,
cit.
"A travers l'ensemble des documents publiés le 31
octobre 1995, l'institution des Allocations familiales apparaît comme la
seule institution maintenant fermement une politique nationale, à la
fois centrale et locale, en matière de centres sociaux."
DURAND Robert, 1996, op. cit., pp. 194-197.
Annexe 2 - Circulaire CNAF n°56 du 31 octobre 1995
-
3 - La Caisse d'allocations familiales et la commune : la
légitimité d'une concertation contractualisée.
"Elle correspond, en général, à un
mode de travail habituel des Caisses d'allocations familiales et revêt
des formes différentes, variables, révisables. Elle se construit
[...]. La concertation a donc [...] une vocation politique."
C'est ainsi que la CNAF introduit un texte d'aide à la
mise en oeuvre de la concertation dans la lettre circulaire N°
2681, en complément de la circulaire N° 56 du 31 octobre
1995.
Le processus de concertation procède, pour la CNAF,
d'une démarche volontaire de mise en synergie des compétences et
des potentiels singuliers qui permettent "la confrontation entre les
objectifs des acteurs concernés et le développement d'une
expertise collective et globale2." Cette volonté se
traduit concrètement par une contractualisation déclinant des
orientations et ciblant des objectifs relevant de sa politique d'action
sociale.
La démarche d'agrément du centre social,
discuté avec le gestionnaire de l'équipement (dans le cadre d'une
association : son conseil administration composé de
bénévoles et d'une majorité d'habitants), permet à
la CNAF d'imposer la dimension partenariale comme critère essentiel de
reconnaissance et dans le même mouvement d'obliger les acteurs locaux et
en particulier la commune à identifier le centre social comme partenaire
de l'action sociale locale.
En effet, pour la CNAF, la fonction stratégique des
centres sociaux est essentiellement dans la politique partenariale de
"territorialisation" des politiques publiques : "Il revient aux CAF qui
s'engageraient dans ces dispositifs [contrats de ville] en s'appuyant sur les
centres sociaux", d'éventuellement "co-signer des
conventions" avec les communes3.
Le socle de concertation sur lequel la CNAF inscrit sa
démarche de contractualisation est profondément
déterminé par ses valeurs fondatrices valorisant les principes de
solidarité et de négociation entre les acteurs
sociaux4 ; c'est pourquoi, la participation et l'échange
social sont des principes essentiels de la démocratie au quotidien et
sont institués pour le centre social comme éléments
déterminants de son agrément. "Le thème sur la
participation des usagers et des habitants s'inscrit dans le contexte plus
général de la participation des citoyens aux choix de
société. La participation des acteurs sociaux reste une condition
incontournable et sine qua non de toute démarche de «Centre
social»5."
A l'instar, la lettre-circulaire LC N° 257-97, dont
l'objet est les centres sociaux et la procédure de
Délégation de service publique (DSP)6, "appelle un
positionnement d'ordre politique de l'institution. Elle pose le double
problème de l'agrément, et du devenir du paysage associatif des
centres sociaux [...]7." Elle illustre la préoccupation
de la CNAF qui est de valoriser la place du centre social associatif dans le
cadre de sa politique d'action sociale, tout en établissant un mode de
contractualisation avec la commune. En effet, pour celle-ci, la
délégation
1 Circulaire CNAF n°268, du 31 octobre 1995 -
Les relations entre les Caisses d'allocations familiales, les centres sociaux
et leurs partenaires. Outils d'analyse et d'aide à la
décision - pp. 10-11.
2 Lettre-circulaireCNAF n°268, cit., pp.
10-11.
3 Ibid..
4 CLERC Denis, 1997 - Dictionnaire des Questions
Economiques et Sociales, Paris, les Editions de l'Atelier / Editions
Ouvrières, pp. 269-270.
5 Lettre-circulaire CNAF n°268, cit., pp. 1-2.
6 "La délégation de service public
résulte de l'application de l'article 38 de la loi du 29 janvier 1993,
relative à la prévention de la corruption et à la
transparence de la vie économique et des procédures
publiques."
Annexe 6 - Lettre circulaire CNAF LC 257-9 7, 30 septembre
1997 -
7 Lettre-circulaire LC 257-97, cit..
de service public pourrait amener, à terme, la
généralisation de la gestion des centres sociaux par
"quelques grands groupes fédératifs, et non plus par des
associations de voisinage, autonomes et initiés par des habitants,
regroupés en réseau comme c'est le cas actuellement pour la
grande majorité d'entre eux." La lettre-circulaire souligne que de
telles évolutions, non souhaitables, seraient "en contradiction avec
la politique impulsée par notre institution dès l'origine, en
concertation avec la Fédération nationale des centres sociaux, et
avec le Ministère de la Solidarité1."
C'est ainsi que la CNAF incite les Caisses locales à
associer la commune à la signature du contrat de projet relatif à
l'agrément du centre social, tout en étant garantes de la
qualité associative de ce projet.
Le rôle de la CNAF et des CAF s'avère
institutionnellement majeur, conditionné par la place donnée aux
centres sociaux dans l'action sociale mise en oeuvre par chaque CAF. En effet,
la position d'équilibre occupée par les CAF dans le
système partenarial local, n'est pas toujours aisée face au poids
des légitimités électives revendiquées des
collectivités territoriales2.
1 Ibid., lettre-circulaire CNAF LC 257-97, cit.
2 Centres sociaux et municipalité / FNCS, doc.
cit., p.10.
- CHAPITRE 3 -
LES CENTRES SOCIAUX EN EQUILIBRE ENTRE LA DEMANDE SOCIALE ET LA COMMANDE
PUBLIQUE.
|
Les centres sociaux naissent à la fin du XIXe
siècle de la « question sociale » en ne se contentant pas de
l'assistance sociale. Un rassemblement d'initiatives de différents
courants philosophiques, humanistes et progressistes donne naissance à
ces espaces de participations1. Institutionnellement, la CNAF,
désignée par l'Etat, s'avère comme le
référent privilégié, aussi bien sur le plan de la
reconnaissance que dans le domaine des ressources financières.
En outre, les lois de décentralisation
révèlent un second partenaire essentiel dans l'action sociale
locale, la commune.
C'est ainsi que les mutations sociales, économiques,
culturelles et politiques conduisent les centres sociaux et leur réseau
à mettre en question leur savoir-faire de terrain et à se doter
d'un « texte de référence » leur permettant de se
situer dans la tension générée par la demande sociale face
à la commande publique.
1 - Le projet associatif comme agrément partenarial
de
la Caisse d'allocations familiales et de la commune.
Comme nous l'avons vu, la décision d'agrément
d'un équipement social relève de la responsabilité du
conseil d'administration de la CAF locale. L'obtention de l'agrément
conditionne le versement de la prestation de service au titre de la fonction
d'animation globale et coordination2. Comme l'indique la circulaire
CNAF N° 56, elle "confie aux CAF un rôle essentiel vis à
vis des centres sociaux et des partenaires, notamment les
communes3."
1 R. DURAND , 1996, op. cit..
2 En 1998, la CNAF, dans la lettre-circulaire
n°195, du 27 juillet, a reprécisé les modalités de
calcul de la prestation de service, afin de clarifier les
éléments de gestion pris en compte dans la fonction animation
globale et coordination.
De plus, dans la circulaire n°198 du même jour, elle a
instauré une nouvelle prestation de service complémentaire
à la précédente : Animation collective familles.
Ainsi, par cette panoplie de prestations, la CNAF affirme sa
politique d'action sociale vis à vis des centres sociaux et de ses
partenaires.
3 Annexe 2 - Circulaire CNAF n°56 -
cit., pp. 3-4.
"Dans tous les cas de figure, l'action de la CAF de Lyon
passe par un partenariat contractualisé avec la commune et les
associations concernées.
Les activités retenues doivent non seulement
garantir la mise en oeuvre d'une saine gestion mais s'appuyer sur une
réelle implication des habitants et leurs associations. " C'est
ainsi que la CAF de Lyon, en 1997, a précisé son implication dans
chaque commune et dans chaque centre en se repositionnant autour de trois
critères essentiels :
- La priorité aux centres sociaux implantés dans
les secteurs les plus sensibles.
- Le degré d'implication des municipalités, en
soulignant que celles-ci ont "compétence en matière d'action
sociale et d'équipements de proximité."
- Le projet du centre social et son évaluation. "Le
projet doit pouvoir s'apprécier au regard des priorités
annoncées et à l'analyse des besoins sociaux du secteur
d'intervention."-
Source : CAF de Lyon - Les centres sociaux -
Décembre 1997, p.14.
JALON 6 : La CAF de Lyon et les centres
sociaux.
29
Source : CAF de Lyon, Direction de l'Action sociale,
département des centres sociaux, statistiques 1998.
En 1998, le total des dépenses de l'action sociale de la
CAF de Lyon représentait 391 279 KF, la part destinée aux Centres
sociaux correspondait à 78 644 KF, soit 20%.
La répartition des produits des 65 centres sociaux
s'établissait ainsi :
TABLEAU 2 : Le financement des centres sociaux
dépendent de la CAF de Lyon .
Financeurs
|
KF
|
%
|
- CAF :
|
78 644
|
39,38
|
- Mairie :
|
63 087
|
31,59
|
- Usagers :
|
25 902
|
12,97
|
- Divers :
|
13 141
|
6,98
|
- Etat :
|
9 945
|
4,98
|
- Conseil général :
|
6 331
|
3,17
|
- Fonds d'action sociale (FAS) :
|
2 656
|
1,33
|
Soit un total de
|
199 706
|
100
|
La CNAF précise que ce sont les instances
décisionnelles du centre social qui valident le projet soumis à
agrément, mais celui-ci doit être préalablement
négocié avec les différents partenaires. Elle souligne
aussi qu'elle peut jouer "un rôle important par [...] le soutien
éventuel à l'équipement vis à vis des autres
acteurs locaux.."
Ainsi, la CNAF invite les CAF à engager les communes
sur des objectifs d'animation globale prenant en compte l'approche
généraliste et la capacité d'action sociale globale du
centre social. Elle situe le centre social comme initiateur d'une "action
sociale négociée en concertation avec le mouvement associatif,
les collectivités locales, les administrations, les autres
équipements et services de proximité et d'action sociale."
Il peut être relais des actions impulsées par les Pouvoirs
publics, soulignant que celles-ci doivent s'articuler avec le projet de
l'équipement et s'inscrire dans des politiques sociales
locales1.
La commune reste le partenaire obligé de la CAF qui veille
à ce qu'elle ne devienne pas le partenaire exclusif du centre social.
Le centre social ne doit pas devenir "l'instance locale
habilitée à coordonner l'action sociale" mais peut
être - non exclusivement - "le relais local de politiques publiques
[...]2."
Car la CNAF tient à ce que les centres sociaux restent
des lieux dédiés à l'animation à la vie sociale
locale3, ayant une approche généraliste. L'implication
des habitants et son corollaire, l'exercice de la citoyenneté, est
"un critère majeur d'appréciation sans doute le plus
important4." La CNAF souligne que "cette dimension
s'inscrit dans la perspective d'une ré appropriation par les
«citoyens» de certaines interventions, de la gestion, voire de la
fonction de contrôle, parfois «comfisquée» par les
institutions ou les collectivités5. Cependant, elle
tempère sa position officielle en spécifiant que
l'identité du centre social se construit autour de son projet
d'animation globale dont les principaux partenaires sont les CAF et la
commune6.
2 - Les valeurs partagées comme réponses aux
environnements socio-économiques et institutionnels complexes.
Nous sommes obligés d'aller chercher les
"références qui nous définissent dans les textes
proposés par nos partenaires, par exemple la CNAF." C'est ainsi
qu'un administrateur de la fédération nationale des centres
sociaux introduisait un atelier intitulé "Comment parler des centres
sociaux ? 7."
1 Annexe 2 - Circulaire CNAF, n° 56 -
cit., p. 10.
2 Ibid., p. 11.
3 Rapport d'activité 1998, CNAF : "La
circulaire d'orientation de l'action sociale familiale des CAF 1997- 2000 a
retenu le concept politique d'animation de la vie sociale et a
réaffirmé l'objectif essentiel que constitue pour l'Institution
le renforcement des liens familiaux et sociaux, en favorisant les
solidarités de voisinage, les relations entre les
générations et les échanges sociaux", pp. 48-49.
4 Circulaire CNAF, n° 56, cit., p. 13.
5 Ibid., p. 13.
6 Ibid., p. 13.
7 Comment parler des centres sociaux ?
Assemblée générale de la FNCS, Dijon, juin 1999, p.
1.
Ils sont plus de 1770 centres sociaux à
bénéficier d'un agrément CAF, dont un peu plus de la
moitié sont membres de la Fédération nationale des centres
sociaux. Mais leur identification n'est pas aisée car leur appellation
varie selon l'histoire locale... Ici Centre Social, là Centre
Médico Social, là encore Centre Socio-Culturel, quand ce n'est
pas tout simplement Maison de quartier ou un nom du cru.
L'accroissement régulier de leur nombre n'a cependant
pas correspondu à la construction de nouveaux équipements, mais
à l'agrément de structures déjà en activité
qui ont cherché à en bénéficier (en 1972 on en
comptait environ 500 ; 900 en 1978).
Les centres sociaux sont implantés surtout dans
les grandes villes et leur banlieue et il en existe plus de
150 en secteur rural. Ils ont alors le plus souvent une
vocation cantonale.
Le département du Rhône compte 71 centres sociaux
dont 65 dans l'arrondissement de la CAF de Lyon (1999). Ils sont tous
associatifs.
Sources : FNCS - CNAF - FCSR.
Sources : FNCS - CNAF.
JALON 7 : Les centres sociaux, un réseau
à multiples appellations.
TABLEAU 3 : L'état du réseau des
centres sociaux en France (1997).
Mode de gestion
|
Nombre
|
%
|
Gestion associative
|
1274
|
72%
|
Gestion municipale
|
248
|
14%
|
Gestion CAF
ou Cogestion CAF-commune
|
248
|
14%
|
Malgré leur longue histoire, les centres sociaux n'ont
aucun texte fondateur qui fasse référence, qui exprime leurs
valeurs. Celles-ci se sont progressivement élaborées à
partir des pratiques "d'oeuvres sociales ayant émergé au
début de ce siècle et qui se sont reconnues dans un projet commun
malgré leur diversité d'origine
f...]1."
1 R. DURAND, 1996, op. cit..
Le projet de charte1 énonce les
valeurs2 fondamentales de «démocratie»,
«citoyenneté» et «laïcité ouverte» ; le
texte indique : "Il va de soi que ces affirmations de principe ne sont des
engagements vivants et concrets que dans la mesure où elles s'expriment
en actes [...]3."
C'est probablement la notion de valeurs
partagées4 qui légitime un réseau
fédéral dont le projet politique est le fruit d'une construction
négociée5. On comprend ainsi que le pluralisme demeure
la caractéristique des centres sociaux et que ses valeurs de
référence soient celles de l'humanisme6.
C'est cette posture fondamentale qui amène la
fédération des centres sociaux à revendiquer le statut
associatif comme forme la plus adaptée à porter ses
idéaux7.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Les associations représentent, en France, 1 million de
salariés, soit 4,2% de l'emploi total, pour 217 milliards de
dépenses : soit 3,3% du PIB, outre 75 milliards dus au
bénévolat(a).
Ce succès résulte de la nature contractuelle de
l'association, confirmé en cela par la loi et la jurisprudence.
La nature juridique de l'association ressort en premier lieu
de l'article 1e de la loi du 1e juillet 1901 qui dispose
que "l'association est la convention par laquelle deux ou
plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs
connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices. Elle est régie, quant à sa
validité, par les principes généraux du droit applicables
aux contrats et obligations". L'association est donc un contrat. Une
décision de principe du Conseil constitutionnel rappelle
également que la liberté d'association est au nombre des
principes fondamentaux de la république et qu'en vertu de ce principe,
les associations se constituent librement (b).
De manière commune, les centres sociaux associatifs
sont sous la responsabilité de gestion d'un conseil d'administration
composé majoritairement d'habitants bénévoles de la zone
d'implantation de l'équipement et par des représentants locaux de
collectivités publiques, d'institutions et d'associations(c)
.
(a) Etude de l'université HOPKINS USA "The Emerging
Sector."
(b) Conseil constitutionnel, 16 juillet 1971.
(c) Voir Annexe 1 - La structuration institutionnelle
hiérarchique et pédagogique de l'Association de gestion des
centres sociaux Dolto et Montaberlet -
Source : BUSTRAEN Laurent, 1999 - La jurisprudence confirme la
nature contractuelle de l'association - Juris Associations, juin, n° 200,
pp. 17-23.
JALON 8 : La nature contractuelle de
l'association.
1 Projet de charte fédérale -
Assemblée générale FNCS, Dijon, juin 1999, p. 1. -
Projet de charte fédérale
de la FNCS -
2 Avant-projet de charte fédérale :
«13 propositions...» - Conseil d'administration élargi aux
présidents, Paris, janvier 2000, p. 3.
3 Ibid., p. 3.
4 Comment parler des centres sociaux ? FNCS,
doc. cit., p. 3.
5 L'exemple de l'élaboration de la charte en
est l'illustration. Prévue pour être votée lors de
l'assemblée générale de Dijon en juin1999, à partir
d'une proposition envoyée dans le réseau, les centres sociaux
ont "demandé du temps pour qu'une véritable
étude soit entreprise à la base afin de réfléchir
ensemble jusqu'à l'Assemblée générale 2000 et
contribuer ainsi collectivement à l'écriture de ce texte de
référence." Comment parler des centres
sociaux, FNCS, doc. cit., p. 1.
6 Projet de charte fédérale, 1999, FNCS,
doc. cit., p. 1.
7 Ibid., p. 3.
Dans un environnement socio-économique et institutionnel
composite, il apparaît que les centres sociaux sont à un tournant,
par :
- d'un côté, un besoin social d'insertion de public
en difficultés socio-économiques qui renvoie à des
situations de ruptures sociales1.
- de l'autre, une complexification des systèmes de
partenariat démultipliant les contraintes administratives et
procédurales.
C'est ainsi que le projet de charte rappelle que la
caractéristique commune des centres sociaux est de "répondre
en premier aux demandes sociales et de négocier les commandes
politiques." Le projet politique associatif est "la véritable
boussole des actions et des missions, leur mise en cohérence."
Cependant, comme la CNAF l'a déjà
évoqué dans sa circulaire N° 56, la FNCS constate, elle
aussi, que cette thèse est souvent mise à mal par "des
pratiques instrumentalisantes de certains partenaires publics ou
institutionnels2 qui s'adressent aux centres sociaux ou à
leurs fédérations pour qu'ils participent, sans accorder l'espace
nécessaire à la négociation, à la mise en oeuvre de
leurs politiques.3"
C'est pourquoi, la FNCS et son réseau affirment la
primauté du temps de "la réflexion et de l'appropriation
collective, véritable socle d'une citoyenneté concrète se
pratiquant au quotidien4."
3 - La commande publique comme subordonnée à
la demande sociale.
"Une société démocratique pourrait
légitimement être une société inégalitaire,
à condition que les moins nantis ne soient pas des dépendants
pris dans un rapport de tutelle mais de «semblables» solidairement
associés dans une oeuvre commune5." C'est ainsi que
Robert Durand présente, dans son ouvrage, cette réflexion
fondatrice comme contribuant à l'émergence du centre social, ce
qui en explique les caractères essentiels.
C'est bien sur ce principe que sont énoncés, dans
le projet de charte, quatre orientations fondamentales :
- Promouvoir la prise de responsabilité individuelle et
collective des habitants, et par là l'exercice de la
citoyenneté.
- Elaborer des règles partagées permettant de
favoriser ou de rendre possible une vie commune.
- Inscrire dans une démarche d'éducation
populaire (dans une double dimension, d'éducation permanente et de
formation civique) le passage de l'habitant-usager d'espaces et de territoires
aménagés par d'autres, à l'acteur pleinement responsable
du développement de son environnement géographique.
1 TOUMI Samir, 1998 - Qualifier les acteurs,
qualifier les projets - Ouvertures, la revue des centres sociaux, FNCS,
juin, n° 2, p. 5.
2 Le terme sous-entendrait que des CAF peuvent avoir
ce type de pratiques.
3 Projet de charte fédérale, 1999, FNCS,
doc. cit., pp. 1-2.
4 Ibid.
5 BOURGEOIS Léon (1851-1925), l'un des
promoteurs de la Société des Nations. Prix Nobel de la paix en
1920, cité par CASTEL Robert, 1975 - Les Métamorphoses de la
question sociale, Editions Fayard, p.p. 279-280 in R. DURAND , 1996, op.
cit., pp. 40-43.
- Positionner le centre social comme générateur
d'une forme de démocratie locale et participative qui a la vocation
permanente à exercer une fonction de médiation pour un
«mieux vivre ensemble»1.
Ce cheminement réflexif sur les fondamentaux, dont les
deux termes sont la demande sociale et la commande publique, conduit à
poser le cadre de la représentation politique du réseau des
centres sociaux.
En effet, le projet centre social se construit dans la mise en
oeuvre de méthodes qui font de ce "lieu un espace de
médiation entre la population et les pouvoirs publics et les
institutions, mais aussi entre les institutions
elles-mêmes2."
Cette primauté donnée à la
démocratie participative établit de la sorte "une
hiérarchie entre le projet politique, qui est placé au premier
plan, et les missions ou les fonctions confiées ou
négociées avec les partenaires
institutionnels3."
Comme l'indique l'avant-projet de charte fédérale,
"cette position privilégie la question du projet et du sens : que
fait-on, avec qui, comment, pourquoi, dans quelle
direction4 ?"
Ainsi, nous situerons notre démarche sur le plan local et
particulièrement dans le rapport partenarial dans lequel s'inscrit le
centre social et sa ville d'implantation.
En effet, les lois de décentralisation ont mis en
première ligne les collectivités territoriales comme pilotes de
l'action sociale locale.
Le secteur social est un des domaines d'action des pouvoirs
publics où la décentralisation a été la plus
poussée.
La loi du 23 mars 1982, sur «les droits et les
libertés des communes, des départements et des
régions», pose le fondement de la nouvelle organisation politique
administrative. La loi du 22 juillet 1983 prévoit le transfert, au
1e janvier 1984, de la quasi-totalité des compétences
en matière sanitaire et sociale. Le département devient la
pièce maîtresse du nouveau dispositif. La loi du 26 janvier 1984
crée une fonction publique territoriale : les collectivités
locales ont la maîtrise de leurs services.
Le 6 janvier 1986, la loi n° 86-17, dite «loi
particulière», réalise l'adaptation de la législation
sanitaire et sociale aux transferts de compétence résultant des
lois de décentralisation.
Mais cette loi ne prend pas en compte les centres sociaux.
Ceux-ci continuent d'appartenir au champ du «recommandé» par
voie de circulaire(a) et relèvent donc du facultatif.
Parallèlement, la CNAF, dans une circulaire du 31
décembre 1984, décentralise les règles de
l'agrément des centres sociaux qui ouvrent droit à la prestation
de service. Celle-ci reste un financement national mais la décision
d'agrément relève de la seule caisse locale. En ce sens, c'est
une adaptation à la situation créée par la politique de
décentralisation conduite par l'Etat depuis 1982(b).
__________________________________________________________________
(a) Circulaire ministérielle du 12 mars 1986, cit..
(b) Les centres sociaux et l'action sociale des CAF, constats et
perspectives - CNAF, juillet 1984, p. 6.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Source : R. DURAND, 1996, op. cit., pp. 185-2 18.
JALON 9 : Les centres sociaux et les lois de
décentralisation.
1 Projet de charte fédérale, 1999, FNCS,
doc. cit., p. 2.
2 Avant-Projet de charte fédérale :
«13 propositions...», FNCS, doc. cit., p. 4.
3 Ibid.
4 Ibid.
Ces mesures confirment que les décisions, en
matière d'action sociale, dépendent de l'état des rapports
entre les partenaires locaux. L'inscription de la pratique des centres sociaux
dans la vie sociale quotidienne et la dimension facultative de leur action
sociale conduisent à privilégier naturellement les relations
partenariales avec la commune1.
1 Un groupe de travail est mandaté depuis
novembre 1997, par la FNCS, pour instruire une réflexion
préalable à une démarche institutionnelle sur le
thème des relations entre centres sociaux et municipalité. Cette
étude, qui concerne l'ensemble du réseau, devrait voir le jour en
2000 - Lettre fédérale - 1999, FNCS, octobre, n°
69, p. 3 - Centres sociaux et municipalités - doc. cit..
Une proximité de reconnaissance.
Le projet « Centre social », conçu pour
prendre en compte la « question sociale », s'est, en près d'un
siècle, transformé en un « dispositif d'action, d'animation
et d'intervention dans la vie locale »1. Organisé
nationalement au sein d'une fédération (FNCS),
l'équipement de voisinage, familial à l'origine, en a
gardé cette dimension quotidienne tout en promouvant les pratiques de
participation des habitants et la notion de citoyenneté active.
L'Etat a intégré le projet « Centre social
» à sa politique familiale, à travers le pouvoir de
labellisation de la CNAF. De fait, ce sont les lois de décentralisation,
en déplaçant le lien politique au niveau de la CAF et de la
commune, qui ont obligé le projet « Centre social » à
se poser la question de son positionnement local.
En effet, la décentralisation a été
pensée par le législateur pour rapprocher le lieu de
décision des citoyens et permettre aux élus locaux à
disposer d'un plus grand pouvoir2. Au fil des années, se sont
multipliés des dispositifs et des procédures d'insertion
impulsés par l'Etat et marqués par la conjoncture politique et
l'urgence sociale. Cet "empilement" de programmes successifs a contribué
à complexifier les modalités de partenariat3. Ainsi,
au coeur des dispositifs d'insertion sociale la commune s'est retrouvée
le pivot des politiques locales4.
De la sorte, le centre social a été
identifié par l'Etat comme "relais essentiel pour la connaissance
des réalités sociales de terrain"5 et
légitimé par la CNAF comme généraliste de l'action
sociale de proximité, porteur d'une démarche de participation
citoyenne. Ce faisant, il a dû, à partir de son réseau
fédéral, s'adapter, s'interroger, se positionner dans ce champ
rénové du social local.
Sa démarche affirmée de démocratie
participative se mesure ainsi à la légitimité
élective de la municipalité et l'oblige à interroger ce
qui caractérise son appréhension de la vie sociale d'un
territoire confronté à la connaissance du tissu local, des
élus et des services municipaux. C'est pourquoi, en partant de
l'étude particulière de l'association de gestion des centres
sociaux Dolto et Montaberlet, nous allons examiner cette situation, en
postulant que les valeurs d'un centre social s'énoncent par son
savoir-faire et que son champ de compétences est le produit de son
système d'organisation.
Dans cette deuxième partie, nous comparerons comment
est prise en compte l'action sociale dans l'organisation municipale de la ville
de Décines et dans l'organisation de l'association de gestion des
centres sociaux Dolto et Montaberlet. Pour ce faire, nous mettrons à
jour les logiques d'acteurs, dans leurs dimensions collectives et
individuelles.
Nous croiserons la lecture d'élus municipaux,
d'administrateurs de l'association de gestion et de cadres communaux sur
l'état de la coopération dans le champ de l'action sociale
locale. Nous nous attacherons à pointer la spécificité de
leur point de vue sur la place respective des acteurs associatifs, centre
social et commune, dans le développement social local.
Nous indiquerons la méthodologie et le cadre
théorique qui conduiront notre analyse.
1 R. DURAND, 1996, op. cit.
2 D. CLERC, 1997, , op. cit., p. 99.
3 - Centres sociaux et municipalité -
doc. cit., p.80.
4 J. ION, 2000, op. cit., pp. 124-129.
5 Circulaire ministérielle du 14 mai 1996, cit.
p. 2.
- PARTIE II - UNE ADMINISTRATION DE PROJETS
QUI SOUS-TEND UNE RECONNAISSANCE DE LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE
L'ASSOCIATION DE GESTION DES CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE.
Une vision du champ de l'action sociale
déterminée par la position des acteurs.
L'environnement du centre social, que nous avons décrit
dans la première partie, s'avère être le socle
institutionnel sur lequel s'érige le concept opérationnel
«Centre social».
Nous étant expliqué sur le choix de centrer
notre travail sur la nature des liens unissant la commune de Décines
à l'association de gestion, il nous faut maintenant expliciter le
positionnement des acteurs.
Tout d'abord, il s'agit de les discerner à partir de
leurs dimensions individuelles et collectives ; ensuite, il importe de les
resituer dans leur champ institutionnel respectif tout en faisant
apparaître leur mode complexe d'organisation intrinsèque.
En développant notre méthodologie d'analyse du
traitement des données recueillies, nous nous servirons de
l'agrégation de ces matériaux pour éclairer notre
thématique en nous étayant d'approches théoriques. Ainsi,
c'est la matière première de nos entretiens qui pourra nous
permettre de justifier la place centrale des acteurs dans la construction de la
représentation organisationnelle.
- CHAPITRE 1 - UNE CONJECTURE : DES ACTEURS DONT
LA POSITION S'INSCRIT DANS UNE DEMARCHE INSTITUTIONNELLE.
Parce que les modalités des relations institutionnelles
paraissent entremêlées, il s'avère nécessaire de
distinguer les différents types d'acteurs tissant le réseau de
liens enchevêtrés. Ainsi, entre l'association de gestion des deux
centres sociaux et la municipalité de Décines, il apparaît
que les acteurs présentés dans leur individualité
inscrivent toutefois leur action au travers de dimensions collectives.
Celles-ci, par leurs caractéristiques juridique, sociale et
financière montrent :
- d'une part, que le cadre d'intervention sociale de la commune
est réglementé par un statut administratif de collectivité
territoriale,
- d'autre part, que l'association manifeste une souplesse de
fonctionnement justifiant son action de proximité, sa mission se
révélant néanmoins largement encadrée par un
maillage institutionnel conséquent, laissant à penser que son
action s'en trouve sensiblement orientée.
1 - Un système institutionnel intriqué.
En nous proposant de décrire la relation
organisationnelle existant entre l'association de gestion des centres sociaux
Dolto et Montaberlet et la municipalité de Décines, il
apparaît que la double dimension individuelle et collective de chacun des
acteurs est la plus adaptée à décrypter l'entrecroisement
des rôles des uns et des autres.
* En ce qui concerne la dimension individuelle
de l'association, elle se détermine à partir de trois
catégories d'acteurs :
· les usagers1;
· les bénévoles2;
· les professionnels3.
Les usagers, en tant que participants et utilisateurs
d'activités et de services, sont issus de tous les quartiers de
Décines et représentent sociologiquement la
population4.
Les bénévoles, quant à eux, agissent
aussi bien comme animateurs d'une activité (le tricot- crochet), comme
membres d'une équipe organisant une manifestation à dimension
communale (le bric à brac) que comme gestionnaires-administrateurs d'une
des plus importantes associations de gestion de centres sociaux du
département du Rhône.
1 Annexe 7 - Les ressources humaines -
2 Annexe 8 - Des habitants prennent
l'initiative -
3 Tableau 4 - Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative - (les ressources humaines, salariales et
professionnelles)
4 Partie III, chapitre 1.
TABLEAU 4 : Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative.
LA VIE ASSOCIATIVE (1999)
Usagers 2439
Bénévoles 64
Administrateurs (a) 35
Professionnels 99
(a) Les administrateurs sont intégrés dans le
contingent des bénévoles.
LES RESSOURCES HUMAINES SALARIALES (1999)
|
STATUT
|
Equivalent temps plein
|
Contrat à durée indéterminée Contrat
à durée déterminée Contrat d'aide à l'emploi
(b) Mise à disposition
|
16,05 4,32 14,55 2,76
|
TOTAL
|
37,68
|
(c) CEC, objecteur de conscience, emplois jeunes, contrat de
qualification, emploi ville, CES.
LES RESSOURCES HUMAINES PROFESSIONNELLES (MARS 2000) (c)
|
FONCTION
|
Nombre
|
Encadrement Sanitaire et sociale
Animation Logistique Administrative
|
3 9 12 7 2
|
TOTAL
|
33
|
(e) Uniquement les permanents, c'est à dire les
salariés ayant au moins une année d'ancienneté et
travaillant au moins un mi-temps.
39
SYNTHESE BUDGETAIRE
|
I RATIO BILAN
|
1999
|
1998
|
1997
|
Fonds de roulement
|
263 675
|
346 194
|
397 732
|
Besoins en Fonds de roulement
|
- 389 949
|
- 506 579
|
- 596 015
|
Trésorerie
|
653 624
|
852 773
|
993 747
|
Autonomie en mois de fonctionnement
|
0,35
|
0,51
|
0,64
|
II RATIO COMPTE DE RESULTAT
|
|
1999
|
|
1998
|
|
1997
|
Charges d'exploitation
|
9
|
107 966
|
8
|
184 268
|
7
|
477 850
|
% Salaires et charges assimilées
|
|
65,03
|
|
61,59
|
|
61,64
|
% Fonctionnement et charges externes
|
|
23,15
|
|
25,94
|
|
27,04
|
% Dotations amortissement
|
|
1,51
|
|
1,11
|
|
1,13
|
% Charges valorisées (Contrepartie apport nature)
|
|
10,20
|
|
11,37
|
|
10,21
|
Produits d'exploitation
|
9
|
027 541
|
8
|
113 435
|
7
|
637 240
|
% Participations usagers et prestations de services
|
|
34,51
|
|
35,12
|
|
34,04
|
% Subventions
|
|
35,24
|
|
38,34
|
|
37,64
|
% Autres prestations et produits
|
|
13,83
|
|
14,78
|
|
14,47
|
% Produits valorisés (Apports en nature)
|
|
10,28
|
|
11 ,46
|
|
9,95
|
Résultat d'exploitation
|
|
- 80 425
|
|
- 70 833
|
|
159 390
|
Résultat financier
|
|
2 999
|
|
9 899
|
|
18 594
|
Résultat exceptionnel
|
|
- 6 719
|
|
8 678
|
|
16 365
|
RESULTAT
|
|
-84 145
|
|
- 52 257
|
|
194 349
|
Les professionnels le sont à plusieurs titres. En
premier lieu par leur savoir-faire mais aussi pour certains par leur rôle
d'accompagnateurs-formateurs auprès de
bénévoles1. Nonobstant, ils sont aussi salariés
de l'association et ont comme employeur les administrateurs avec lesquels ils
coopèrent.
Le directeur a, lui, un statut particulier. Il est mis, par la
mairie, à disposition de l'association de gestion par
l'intermédiaire de la fédération nationale Léo
Lagrange. Celle-ci a été créée en 1950 par des
membres des jeunesses socialistes2. Localement, le parti socialiste
conduit, depuis des années, la politique municipale décinoise.
* Pour ce qui concerne la dimension individuelle de la commune,
elle est déterminée par deux statuts, celui d'élu et celui
de technicien.
1 Annexe 8 - Des habitants prennent
l'initiative -
2 Fédération Léo Lagrange
1950-1990 - Mémoires d'avenir - p. 15.
La fonction d'élu intègre la
responsabilité et la conduite de l'action politique de la commune alors
que le technicien applique, d'une part, la réglementation, d'autre part,
met en oeuvre la politique de la majorité municipale1.
La charge de la relation politico-technique avec l'association
est circonscrite, mis à part le maire, à quelques
acteurs2 dont le champ de compétences relève soit de
l'action sociale traditionnelle, soit des domaines de la politique de la
ville3.
* Pour ce qui a trait à la dimension collective, elle
passe par des instances qui sont, soit à vocation interne4
à l'association, soit à vocation inter- partenariale5.
Cependant, d'entre elles se détachent par leur composition et leur objet
et sont interfaces entre l'intérieur et l'extérieur et
réciproquement. Ce sont le conseil d'administration (CA) d'une part,
et le comité de pilotage mairie-association d'autre
part.
Ainsi, les bénévoles constituent la
majorité du conseil d'administration6 à travers les
collèges délibératifs et consultatifs. Le personnel,
partie intégrante de cette instance, a deux formes de
représentation consultative : l'une, professionnelle, par le directeur
et les deux directeurs- adjoints et l'autre, salariale, par un
délégué du personnel. Ce sont les deux collèges
suivants qui dénotent cette spécificité d'ouverture sur
l'extérieur de l'organe délibératif majeur qu'est le
conseil d'administration dans une association7 :
- le collège des membres associés représente
des associations décinoises relevant du champ de l'action sociale ;
- le collège des membres de droit est composé de
quatre élus représentant la ville (dont un qui est membre du
bureau8) et d'un représentant du centre communal d'action
sociale (CCAS)9.
En outre, la CAF et le conseil général ont un poste
chacun mais n'ont pas de représentant présent.
Le comité de pilotage, quant à lui, fait office
d'interface inter-institutionnel entre la municipalité et l'association
de gestion.
1 BONNARD Maryvonne (dir) 1996 - Les
collectivités locales en France - Paris, La documentation
française/ENFTP, collection les notices, 135 pages.
2 Ce sont les acteurs retenus décrits dans le
chapitre suivant. Tableau 5- La présentation synoptique des acteurs
sélectionnés -
3 L'association de gestion est concernée,
à double titre, par la politique de la ville. D'un côté,
par des actions qui s'adressent à un public spécifique relevant
de cette politique, de l'autre par l'implantation du centre social Montaberlet
sur un quartier amené à être classé en
catégorie I, cumulant les handicaps sociaux et urbains. Voir Annexe 10
- Le dispositif d'animation de proximité orientations
éducatives et territoriales -
4 Annexe1- La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique - En particulier, les
définitions de ces instances, pp. 3-4.
5 Schéma 2 - Les dispositifs locaux dont
est partie prenante l'association de gestion -
6 Annexe 1, cit. p. 7.
7 BRICHET Robert, 1971 - Association et
syndicats - Paris, Librairies Techniques, p. 84. Voir aussi l'annexe 9
- Les statuts de l'association de gestion des centres sociaux Dolto et
Montaberlet -
8 Obligation statutaire, voir Annexe 9 cit., p. 7.
9 Le maire est légalement le président
du CCAS, la vice- présidence est assurée par le maire-adjoint
chargé des affaires sociales et de la solidarité, lui-même
étant un des quatres élus municipaux administrateurs membres de
droit de l'association de gestion. L'élu de la mairie au bureau du CA,
est également représentant municipal au CCAS.
Cette instance se réunit périodiquement deux
à trois fois par an. Elle existe depuis 1997 et s'inscrit dans la
démarche d'agrément du centre social par la CAF, qui recommande
de créer des instances de concertation locale qui permettant de suivre
la mise en oeuvre du projet d'action sociale de l'association validée
par la commune et agréée par la CAF(a).
Elle est composée, d'une part d'élus et
techniciens municipaux qui ont un lien direct avec les centres sociaux ;
d'autre part, des membres du bureau et du conseil de direction (directeurs et
directeurs adjoints) de l'association.
C'est le maire qui préside les rencontres.
L'ordre du jour est élaboré conjointement par
l'intermédiaire du directeur de l'association et du secrétaire
général adjoint référent des centres sociaux.
(a) Textes de référence CNAF du 31
octobre 1995.
JALON 10 : Le Comité de pilotage
mairie-association de gestion.
Enfin, pour bien cerner cette dimension collective, en sachant
que ce n'est pas notre objet central, il nous apparaît pourtant
nécessaire de situer deux institutions essentielles qui, par leur
positionnement, ont un effet régulateur sur la relation association de
gestion-mairie : la fédération des centres sociaux et la CNAF.
La fédération nationale a peu d'influence
directe dans la relation avec la commune ; toutefois, elle détient une
autorité reconnue par l'Etat et la CNAF1. De plus,
localement, la fédération du Rhône, une .des plus
importantes nationalement en nombre de centres sociaux, est invitée
à participer aux principaux regroupements institutionnels
départementaux.
La fédération est une émanation des
centres sociaux. Elle inscrit son action dans la formation des
bénévoles et des professionnels et dans la coordination de
thématiques concernant l'action des équipes de terrain.
Deux administrateurs de l'association de gestion sont membres du
CA fédéral.
La question de la relation avec les communes est centrale et
exacerbée depuis la décentralisation. Elle fait l'objet, dans le
réseau des centres sociaux, d'une réflexion continue et
approfondie2.,
La CNAF, par l'intermédiaire de la CAF locale, a, quant
à elle, une influence sur la relation association-mairie beaucoup plus
prégnante, et ce à plusieurs titres. En tout premier lieu, son
droit à « labelliser Centre social », mais aussi sa puissance
financière polyvalente lui permettant d'être partenaire des
différents dispositifs d'actions sociales nationaux et locaux, et enfin,
sa capacité logistique statistique qui fait d'elle un expert
irremplaçable.
De fait, la CAF est un partenaire reconnu dans les principaux
regroupements institutionnels. Celle-ci est présente, aussi bien dans le
champ relationnel dépendant de la fédération des centres
sociaux, que dans celui des municipalités. Et ce, aussi bien sur le plan
opérationnel que sur le plan stratégique.
C'est bien à un entrelacs organisationnel que nous
avons à faire, dont le décryptage demande à être
éclairé par la présentation des modes d'intervention
sociale caractéristiques, de la commune d'un côté et de
l'association de gestion de l'autre.
1 Circulaire du Ministère des affaires sociales
et de la solidarité nationale du 12 mars 1986, cit.
2 Centres sociaux et municipalités -
1999, FNCS, doc. cit.
2 Une intervention sociale spécifique.
L'action sociale s'inscrit assurément dans
l'organisation administrative et politique qu'est l'échelon communal.
"Outre leur action en tant que circonscriptions administratives de l'Etat,
les communes, échelons de base ou «de proximité» des
collectivités territoriales ont des compétences variées
qui découlent de la notion d'intérêt
public.1"
C'est le maire qui, à partir de sa désignation
politique2, et agissant en tant qu'agent de la commune et agent de
l'Etat, constitue, à ce dernier titre, l'ultime échelon de
l'administration de l'Etat déconcentrée3. Le domaine
social, dans son action traditionnelle, se développe en
complémentarité à celle du conseil
général4. En effet, le CCAS5, sous la
responsabilité exécutive de son directeur6, met en
oeuvre des actions spécifiques et est fournisseur de prestations en
espèces ou en nature7. Celui-ci agit sous l'autorité
du maire et par délégation, sous la responsabilité de
l'adjoint au maire chargé des affaires sociales et de la
solidarité8.
L'action du CCAS de Décines s'étend autour de trois
axes principaux :
- les services aux personnes âgées ;
- les prestations en espèces et en nature ; - la gestion
de services petite enfance.
La dimension traditionnelle de son activité est
centrée essentiellement sur l'aide à la personne. Ses services
centraux étant installés dans l'enceinte de l'Hôtel de
ville, cela renforce la figure de l'usagé habitant qui adresse sa
demande à "la mairie" en tant qu'électeur potentiel.
Toutefois, "ce que l'on a appelé le
«socialisme municipal», c'est-à-dire cette aptitude
qu'à la commune à prendre en charge une activité, quelle
qu'elle soit, au seul motif qu'elle correspond aux intérêts
communs des habitants membres de la collectivité9",
permet, à partir de la décentralisation et à travers
l'évolution et la complexification du champ social, de prendre en compte
de nouveaux domaines d'intervention insérés dans le cadre de la
politique de la ville10.
1 BECET Jean-Marie in M. BONNARD, 1996, op cit., p.
45.
2 Le maire est élu en tant que "chef de file"
d'une liste politique majoritaire au sein du conseil municipal. BAZOCHE Michel,
1998 - Le secrétaire de mairie - Paris, Editions Litec, pp.
130-132.
3 Ibid, note 1.
4 Le conseil général est responsable
(article 37 de la loi du 22 juillet 1983) du service départemental
d'action sociale, de l'aide sociale à l'enfance, de la
protection maternelle et infantile, etc.,
M. BONNARD, 1986, op. cit. p. 47.
5 Créé par la loi du 6 janvier 1986, il
fait suite aux bureaux d'aide sociale (BAS).
Infra, schéma 3 - L'organigramme administratif des
services d'action sociale de la mairie de Décines -
6 Infra, Tableau 5 - La présentation
synoptique des acteurs sélectionnés -
7 M. BONNARD, 1996, op. cit., p. 47.
8 Infra, Tableau 5 - La présentation
synoptique des acteurs sélectionnés -
9 M. BONNARD, 1996, op. cit., p. 47.
10 Jalon 3 - Une politique globale d'intervention
urbaine -
Cette approche renouvelée de l'action sociale conduit
la municipalité de Décines à occuper ce terrain
prioritairement dans trois domaines, conformément aux objectifs de la
politique de la ville :
- l'urbanisme ;
- la prévention ;
- l'insertion par l'économique.
Ceux-ci sont coordonnés par le service du
développement social urbain (DSU)1, sous la houlette houlette
du chef de projet2. L'adjoint au maire chargé de l'emploi, de
la formation professionnelle et de la jeunesse3 est
positionné officieusement comme l'élu de référence
de ce secteur.
Ainsi, il se révèle que deux types d'actions
sociales se juxtaposent et se complètent. Le développement social
du DSU se distingue de l'aide sociale du CCAS, par l'extension et la nature des
champs d'intervention sociaux mais aussi par la position statutaire de leurs
techniciens respectifs. En effet, le personnel du CCAS, hors le
directeur4, a, dans sa quasi- totalité, un statut de
fonctionnaire. Par contre, les principaux intervenants municipaux, dans le
champ du DSU, sont contractuels5. Cette distinction est
renforcée également par des origines professionnelles, elles
aussi, tranchées : les métiers dits «traditionnels»
d'assistants sociaux (dont le directeur) et de conseillère en
économie sociale et familiale se retrouvent du côté du CCAS
; les formations universitaires touchant à l'économie, à
la communication, à la sociologie, à l'urbanisme etc.,
symbolisent les nouvelles fonctions d'action sociale du DSU6.
Toutefois, ces différentiations sont
régulées par la bureaucratie7 municipale, dont la
corrélation trouve sa source dans le cadre de l'intervention publique
réglementée par la législation8 et dont les
effets s'exercent, entre autres, à travers les flux de financements
institutionnels de l'intervention sociale de la ville de Décines.
1 Infra, schéma 3 - L'organigramme
administratif des services d'action sociale de la mairie de Décines
-
2 Infra, Tableau 5 - La présentation
synoptique des acteurs sélectionnés -
3 Ibid.
4 Il est mis à disposition par la
fédération Léo Lagrange. Le statut salarial du directeur
du CCAS est identique à celui du directeur de l'association de gestion
des deux centres sociaux.
5 Les deux statuts peuvent s'imager comme étant
: d'un côté, pour les fonctionnaires, un contrat à
durée indéterminée renforcé (quasiment un emploi
à vie) ; de l'autre, pour les contractuels, un contrat à
durée déterminée (un emploi dit précaire).
6 Ces « nouveaux métiers » ont pour
intitulé : chef de projet, agent de prévention, agent de
développement, agent d'insertion, agent de médiation...
7 Max WEBER (1864-1920) définit la bureaucratie
comme un modèle d'organisation rationnelle stricte- ment
hiérarchisée et fondée sur l'efficacité. D'autre
part, Frédérick W. TAYLOR (1856-1915) met l'accent sur la
division verticale du travail ; de l'autre, un ingénieur
français, Henri FAYOL (1841- 1925), dans une volonté similaire de
rationnalisation, théorise l'administration des entreprises, selon une
formule simple : planifier, organiser, commander, coordonner et
contrôler.
Dans cette forme d'organisation, le règles sont
impersonnelles, transparentes et applicables à tous. Elles permettent
précision, rapidité et efficacité - DORTIER
Jean-François et RUANO-BORBALAN Jean- Claude - Les théories
de l'organisation : un contenant éclaté ? - in CABIN
Philippe (coord.), 1999 - Les organisations. Etat des savoirs -
Sciences Humaines Editions, p. 28.
De plus, selon un schéma classique, le conseil municipal
avec, à sa tête, le maire oriente et décide.
L'administration communale applique et exécute. CADIEU Pascal et LUCAS
Alain, 1996 - Le métier de directeur de cabinet - Editions de
la lettre du cadre territorial, p. 38.
8 M. BONNARD, 1996, op. cit..
De fait, ceux-ci sont issus essentiellement de l'Etat par des
dotations compensatrices et des subventions (en particulier, pour les actions
relevant de la politique de la ville) et, indirectement, par l'administration
publique qu'est la caisse d'allocations familiales, et ce, plus
spécifiquement, entre autres, à travers les centres sociaux et le
contrat enfance1.
Ce dispositif d'ensemble est placé sous l'autorité
du maire, par l'intermédiaire d'un secrétaire
général adjoint2.
Au reste, celui-ci, dans le champ de ses attributions, est
également positionné comme technicien municipal
référent des centres sociaux de Décines.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
SOURCE : mairie de Décines (mars 2000).
SCHEMA 3 : L'organigramme administratif des services
d'action sociale de la mairie de Décines.
Gérontologie
Assistante sociale municipale
Affaires sociales
CCAS Petite enfance Résidence personnes
âgées
SECRETAIRE GENERAL ADJOINT
SECRETAIRE GENERAL
MAIRE
Développement social urbain
Prévention de la délinquance
Par contraste, il apparaît que les origines du
réseau3, dont l'association de gestion est partie prenante
,s'inscrit dans un autre référentiel : le monde4 de la
solidarité de voisinage5.
1 Schéma 2 - Les dispositifs locaux dont
est partie prenante l'association de gestion -
2 Infra, tableau 5 - La présentation
synoptique des acteurs sélectionnés -
3 R. Durand, 1996, op. cit.
4 En référence au modèle
théorique des «économies de la grandeur» de L.
BOLTANSKI et L. THEVENOT .
5 Quels centres sociaux demain ? - 2000,
Ministère de l'emploi et de la solidarité, Secrétariat
d'état à la
Ainsi, le terreau dans lequel s'enracine l'action des deux
centres sociaux Dolto et Montaberlet, s'appuie sur l'affirmation de la
cohésion sociale et du lien solidaire1. C'est le concept
d'animation global2 qui fonde l'originalité de leur
intervention sociale. C'est à cette approche généraliste
que "se reconnaît l'aptitude à faire cohabiter des populations
et des activités différentes et à prendre en compte
l'usager comme participant de façon potentielle." Elle se
reconnaît aussi à cette capacité à intégrer
dans le projet les exigences de politiques différentes3."
Cette appréhension de terrain se nourrit de la relation
quotidienne aux habitants au travers :
- des différentes situations d'accueil et de
permanences4 ;
- de l'offre de services "quasi-publics" que sont les modes de
garde d'enfants5 ; - des différentes possibilités
d'activités de loisirs ;
- du déploiement des dispositifs d'animation de
proximité, dont toutes les actions s'inscrivent dans le champ de la
politique de la ville6 et ce, dans une pratique fortement
partenariale7.
Des personnels de qualification diverse8,
encadrés par des professionnels certifiés, organisés en
équipes autonomes9, sont chargés de mettre en oeuvre
et de faire vivre au quotidien cet appareillage d'animation sociale, sous
l'autorité exécutive du directeur de l'association10.
L'exigence de qualification professionnelle fait l'objet d'un approfondissement
détaillé de la part de la CNAF, dans la circulaire d'application
présentant les outils d'analyse définissant les critères
de légitimité d'un centre social11. Ce document
insiste sur la nécessaire qualification du personnel et sur les
compétences requises et attendues des personnels de direction en
restituant cette fonction dans le contexte associatif.
Ainsi, "le président du conseil d'administration du
centre social a la responsabilité juridique, politique et
financière de l'équipement ; il partage avec le directeur les
responsabilités liées au projet et au fonctionnement de
l'équipement12." En effet, l'employeur, en tant que
responsable de l'entreprise associative, est le conseil d'administration
composé d'administrateurs bénévoles ; c'est sur eux que
repose la charge de la gestion financière, humaine et technique. Ce sont
eux aussi, qui doivent veiller à la mission de développement
social des deux centres sociaux. Ce sont eux toujours, qui sont garants de la
communication de l'association, des relations internes et externes et de la
qualité des liens partenariaux.
santé et à l'action sociale. P. 4.
1 « Ce que nous avons en commun ? Nos différences !
Partageons-les ensemble, tissons du lien. » formule d'identification de
l'association des centres sociaux Dolto et Montaberlet, entre autre sur sa
brochure d'activités.
Sur le plan théorique, en référence à
Jean-Louis LAVILLE - La modernité du phénomène
associatif - in LAVILLE Jean-Louis et SAINSAULIEU Renaud (dir.), 1997, op.
cit., Paris, Editions Desclée de Brower, pp. 40-53.
2 Critère essentiel de l'agrément
CAF.
3 Annexe 2 - La circulaire CNAF n°56, 31
octobre 1995, p. 13 -
4 Cet aspect a été
développé dans Y. KONATE , 19991, op. cit., en
particulier dans la partie II-2-1 intitulée "Des habitants diversement
utilisateurs.", pp. 34-36.
5 Jean-Louis LAVILLE - Associations et
activités économiques des services de proximité. La force
de la régulation tutélaire : des services publics ou
«quasi-publics», Paris, Edition la découverte, Revue du MAUSS
semestrielle, n°11, 1998,pp. 180-184.
6 Annexe 10 - Le dispositif d'animation de
proximité : orientations éducatives et territoriales -
7 Annexe 5 - Le partenariat du dispositif
d'animation de proximité -
8 Tableau 4 - Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative -
9 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique - pp. 9-18. 10Jalon 2
- Les missions principales du directeur de l'association de gestion
-
11 L'exercice de la fonction animation globale et
coordination par un personnel qualifié : quelques repères
indicatifs - Lettre circulaire CNAF n°268, cit. pp. 7-9.
12 Ibid, p. 7.
Comme nous l'avons développé dans un travail
précédent1, "dans la pratique, le directeur joue
simultanément un rôle de médiation [que nous avons
défini à travers une fonction de
«traduction2»] entre :
- le conseil d'administration et les différents
intervenants de la structure ; - le projet et les habitants ;
- le projet et le partenariat avec les institutions
techniques, politiques et financières . 3"
Ainsi, cette combinaison, qui allie
salariés-professionnels et habitants-bénévoles, souligne
la faculté associative des centres sociaux à mobiliser des
usagers, à travers des instances collectives et démocratiques, y
compris dans le domaine de la gestion de fonds publics. Celle-ci est à
rapprocher de cette autre capacité entreprenariale associative, qui est
de diversifier ses sources de financements et, par effet de levier, de
générer des recettes propres non
négligeables4.
Toutefois, cette autonomie de gestion, d'organisation et de
fonctionnement s'avère largement encadrée par les
collectivités publiques, particulièrement par la CAF et par la
commune, et ce, à travers : la procédure d'agrément,
l'allocation financière conséquente et, encore plus
spécifiquement, pour la commune, la légitimité politique
à inscrire l'action associative des deux centres sociaux dans les
dispositifs de politiques publics.
3 - Une relation institutionnelle hybride.
Dans le cadre de sa démarche contractuelle
d'agrément, la CNAF recommande d'approfondir la concertation
partenariale et la contractualisation sur des objectifs de
qualité5.
En effet, depuis 1995, date de cette circulaire, c'est le
processus d'agrément qui fonde la relation institutionnelle avec son
environnement. Pour ce qui concerne la CAF de Lyon, cette relation est
centrée plus particulièrement sur la commune6.
Afin d'en comprendre le cheminement, nous allons décrire
synthétiquement la conception du projet du centre social Dolto,
élaboré pour la période 1997-2002.
Cadré par les circulaires CNAF7 et par des
regroupements préparatoires initiés par la CAF et par la
fédération des centres sociaux du Rhône, le travail
d'écriture, effectué par les professionnels, s'est
déroulé dans la première partie de l'année 1996.
Par la suite, précédées par
1 Y. KONATE, 19991, doc. cit.,
troisième partie - Directeur de centre social : une fonction de
gestion régulatrice de logiques d'action", pp. 44-70.
2 En référence à la sociologie de
la traduction de M. CALLON et B. LATOUR .
3 Lettre circulaire CNAF n°268, cit., p. 7.
4 Tableau 1 - L'origine et la répartition des
ressources de l'association de gestion.
5 Annexe 2 - La circulaire CNAF n°56, cit..
6 Jalon 6 - La CAF de Lyon et les centres sociaux.
Centres sociaux de l'arrondissement de Lyon. Pour une nouvelle
dynamique partenariale : présentation des nouvelles orientations de la
CAFAL, septembre 1994, CAF de Lyon, pp. 2-3.
7 La circulaire CNAF n°56 et la lettre circulaire
CNAF n°268, cit..
l'envoi de plus de cent documents, quatre procédures de
validation ont concouru au processus d'agrément.
* La toute première a été d'ordre
professionnel et s'est déroulée en deux étapes :
- Le projet a été soumis à la lecture
critique des coordonnateurs de secteur et a fait l'objet d'une analyse en
conseil de coordination1.
- Le document a été exposé ensuite en
lecture publique à l'ensemble des
professionnels et s'est conclu par un jeu de
questions-réponses.
* La deuxième étape a amorcé le processus
institutionnel et s'est déroulé sous le contrôle du bureau
de l'association. Elle a consisté en une présentation
détaillée du projet au conseil d'administration.
Par la constitution-même de celui-ci2, la
démarche de communication institutionnelle externe s'enclenchait.
* Ainsi, le troisième mode de validation a réuni
les techniciens municipaux référents dans les secteurs
d'intervention de l'association3.
Cette phase s'avérait cruciale par la lecture qu'allaient
avoir ces professionnels et, surtout, par le retour qu'ils allaient en faire
à leurs élus de référence.
* La validation finale, la politique, a été
précédée par une série de contacts avec la
fédération départementale des centres sociaux , avec le
département des centres sociaux de la CAF de Lyon et avec la mairie de
Décines, pour réunir tous les interlocuteurs concernés.
Celle-ci s'est officialisée, sous la présidence
du bureau du CA, en présence du maire de Décines, de l'adjointe
aux affaires sociales et de la solidarité, du
délégué d'Etat représentant le sous-préfet
à la politique de la ville, des responsables de l'unité
territoriale cantonale représentant le conseil général, du
président et de la déléguée générale
de la fédération des centres sociaux du Rhône et
bien-sûr du délégué de la CAF de Lyon
représentant le président.
Au-delà du contenu du projet d'action sociale de
l'association, c'est le processus partenarial technico-politique qui a
justifié, pour le conseil d'administration de la CAF, l'homologation
renouvelée de l'agrément «Centre social» pour cinq
ans4.
Ce faisant, c'est l'aboutissement effectif de ce processus qui
permet à l'association, à partir de ce projet, d'avoir un
financement assuré tenant compte de sa fonction d'animation globale. La
CNAF apporte sa contribution à travers ses prestations de service ; la
CAF, quant à elle, verse une subvention au regard de ce que la commune
acquitte5. La somme totale de ces recettes représente, en
1998, 63% du total des subventions et prestations (hors aide à
l'emploi)6. A partir de là, la co-démultiplication des
financements institutionnels s'avère plus aisée, d'autant que
chaque financeur - l'Etat et ses services déconcentrés, le
conseil régional, l'Union européenne - soumettent leur
financement à des actions interpartenariales
plurifinancées7.
1 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique - la définition du
conseil de coordination, p. 4 et p. 9.
2 Voir Annexe 1, p. 7.
3 Les trois acteurs techniciens municipaux retenus
pour nos entretiens étaient, à travers leurs fonctions,
présents (la fonction du secrétaire général adjoint
n'est plus détenue par le même titulaire de l'époque).
4 Projet d'agrément 1997-2002 - Ensemble...
Tissons du lien. Un projet au centre du social - 134 pages.
5 Jalon 6 - La CAF de Lyon et les centres
sociaux -
6 Pour rappel, sur un total de produits
de 8 138 105,00F. Tableau 4 - Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative - Tableau 1 - L'origine et la
répartition des ressources de
l'association de gestion -
7 Tableau 1 - L'origine et la
représentation des ressources de l'association de gestion (1998)
-
La position du conseil général du Rhône
est plus spécifique. Tout d'abord, l'Etat lui a
délégué, à partir des lois de
décentralisation, le contrôle réglementaire de la
protection maternelle infantile (PMI) et donc, la délivrance
d'autorisation de fonctionnement de tous les équipements recevant des
enfants de moins de six ans. Pour l'association, cela concerne 25% de son
effectif d'usagers. Ensuite, tout en étant partie prenante des instances
de coordination d'action sociale départementale et locale, le conseil
général revendique fortement une identification autonome de sa
participation financière. Pour l'association, cela se traduit par des
contrats d'objectifs par action, distinctement contractualisés avec
cette collectivité.
Ce croisement institutionnel se retrouve aussi dans le
dispositif de création d'«emplois jeunes1». En
effet, la procédure de validation, par la préfecture, a
nécessité de l'association qu'elle instruise un dossier soumis
aux techniciens municipaux dépendant du DSU. Ensuite, la demande fut
présentée par le directeur de l'association à une
commission municipale présidée par l'adjoint à l'emploi,
à la formation professionnelle et à la jeunesse. Celle-ci
était composée, des professionnels municipaux
référents, du délégué d'Etat à la
politique de la ville, du directeur de l'ANPE locale et des
représentants des différentes structures communales d'insertion
par l'économique.
Ainsi, il apparaît que l'organisation fonctionnelle et
stratégique de l'association s'inscrit dans un maillage multiforme, dont
la commune, dans sa quotidienneté, est le partenaire primordial. Cette
hybridation institutionnelle, de genre et de style, pourrait être
perçue comme limitant l'efficience d'intervention de l'association.
Pourtant, il se révélerait que c'est cet entrelacement qui
féconde l'intérêt de l'action de proximité de
l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet.
C'est ce que nous avons perçu, à travers la
méthode qui a engendré notre questionnement.
1 En juillet 1998, l'association a obtenu une aide
financière pour la création de onze «emplois
jeunes».
- CHAPITRE 2 - UNE METHODE : UNE ANALYSE INDUITE
PAR DES ENTRETIENS.
L'association de gestion des centres sociaux Dolto et
Montaberlet apparaît comme ayant un ancrage socio-économique non
négligeable dans le champ de l'action sociale de la ville de
Décines, et participe, par là, à la mise en oeuvre de
politiques publiques. Cette position est d'autant plus concrète que sa
mission est reconnue, de manière générale, en tant que
«Centre social» et, de manière particulière, à
partir de délégations et de financements des pouvoirs publics.
Cependant, sa dépendance financière et, plus
encore, politique paraît la rendre hautement dépendante de la
ville. De fait, on pourrait penser que la commune, suffisamment outillée
sur les plans réglementaires et logistique, puisse se passer de cette
«charge» associative.
Malgré la différence patente de forme
structurelle, les liens existent et se pérennisent. Ceux-ci passent par
des acteurs qui, à travers des instances, structurent le mode de
relation institutionnelle et le justifient. C'est en analysant la
méthode d'élaboration de notre interrogation centrale que nous
ferons apparaître la place des acteurs dans la construction
organisationnelle qui unit la commune de Décines à l'association
de gestion.
1 - Une méthode qui infère la
problématique.
Nous avons longuement développé, dans notre
introduction générale, l'architecture conceptuelle qui nous a
permis de construire la question centrale sur laquelle nous bâtissons
notre exposé, à savoir : «Quels sont les critères du
système d'organisation d'un centre social associatif qui peuvent
contribuer à la citoyenneté de proximité, en tant qu'enjeu
démocratique local?»
Ce faisant, nous avons précisé l'école sur
laquelle nous nous sommes appuyé pour étayer la mise en
perspective de notre questionnement1.
De la sorte, notre question est orientée dans l'intention
de comprendre les phénomènes étudiés et fonde
l'étude du changement sur celle du fonctionnement2.
Ainsi, celle-ci a suscité un repérage
circonstancié de l'environnement dans lequel s'inscrit l'association de
gestion et nous a amené à pointer quatre points de vues :
- l'Etat ;
- la commune ;
- la caisse nationale d'allocations familiales ; - la
fédération nationale des centres sociaux.
à partir desquels nous avons bâti des
hypothèses relatives à chaque point de vue alimentant notre
question centrale. C'est à partir de ces matériaux que nous avons
resitué le centre social
1 R. QUIVY et L. VAN CAMPENHOUDT, 1995, op. cit..
2 Ibid., p. 35.
dans un environnement contingent à dimensions politique,
sociale et économique dont deux acteurs majeurs ont
émergé, la caisse d'allocations familiales et la commune.
En inscrivant notre réflexion dans le cadre de la
sociologie de l'association1, celle-ci nous permet de faire
apparaître le caractère socio-économique spécifique
de cette organisation qui articule le «don
bénévole2» à l'engagement des
salariés «acquis au projet3».
Au reste, resserrant nos points de vue, nous centrons notre
travail sur la comparaison organisationnelle commune-association de gestion en
intégrant à notre réflexion théorique des
«configurations», concept de base de l'analyse
structurelle4.
La forme de l'organisation se révèle comme un
élément déterminant dans la production des Hommes au
travail. C'est à partir de l'approche de Henri MINTZBERG5 que
nous développons ce volet de notre problématique.
Nous relevons que l'organisation municipale et l'organisation
associative « Centre social » développent deux configurations
distinctes : l'une, à dimension mécaniste6, l'autre,
à dimension professionnelle7, toutes deux ayant une
coloration bureaucratique.
La forme d'organisation structure les modes relationnels
internes , mais aussi externes. Il se révèle que la bureaucratie
mécaniste, représentée par l'organisation municipale, a
une hiérarchie très élaborée, une technostructure
qui recherche la standardisation des procédés de travail et une
structure logistique concentrée sur le contrôle.
D'un autre côté, il apparaît que
l'organisation associative des deux centres sociaux s'apparente à la
bureaucratie professionnelle, de telle sorte que "la collaboration est
assurée par la normalisation des compétences et non des
procédés8." Elle a recours à des
intervenants, dont la ressource est la qualification et la potentialité
à se perfectionner. Elle leur laisse une marge d'autonomie,
régulée par un mode de démocratie interne.
Ce faisant, il faut remarquer que la politique, à travers
le jeu du pouvoir, a une place prépondérante dans ces deux
organismes.
Ce concept de pouvoir, qui est une fonction centrale pour
l'analyse stratégique9, se résume à la
capacité d'un acteur à faire triompher sa propre volonté
dans une relation sociale. C'est pourquoi, celui-ci n'est donc pas lié
automatiquement à une position d'autorité hiérarchique,
mais plutôt aux ressources que sont : la compétence, la
maîtrise des relations à l'environnement, la maîtrise des
informations, les connaissances des règles de
fonctionnement10.
Ce que nous soulignons notamment, c'est que toutes ces femmes
et tous ces hommes, qui font partie de ces deux configurations, soit pour
prendre des décisions, soit pour mettre en oeuvre des actions
(bénévoles ou salariés) peuvent être
envisagés comme des détenteurs d'influences.
C'est pourquoi, autour de cette théorie dominante, dans
l'élaboration de notre pensée, nous avons bâti des guides
d'entretien adaptés aux types d'acteurs retenus et ce, au regard de
notre question centrale.
1 J. L. LAVILLE et R. SAINSAULIEU, 1997, op. cit..
2 La revue MAUSS, 1e semestre 1998, op.
cit..
3 Annexe 3 - Le projet de Charte
fédérale de la FNCS -
4 H. MINTZBERG, 1990, op. cit.
5 M. MINTZBERG, 1990, op. cit., pp. 153-284.
P. CABIN, 1999, op. cit., pp. 98-99.
6 Annexe 11 - L'organisation mécaniste
-
7 Annexe 12 - L'organisation professionnelle
-
8 P. CABIN, 1999, op. cit., p99.
9 M. CROZIER et E. FRIEDBERG, 1997, op. cit.
10 Voir, à ce propos : KONATE Yves,
19991, op. cit. La trame de ce document permet de percevoir les
différentes logiques à l'oeuvre, au sein d'une mairie.
Enfin, toujours autour de cette question et de
l'hypothèse sous-jacente, basée sur «la reconnaissance
réciproque des parties», c'est la sociologie de la
traduction1 qui nous amène à éclairer le
rôle, la fonction et la capacité «de traduction» et, par
conséquent, d'action de la direction bénévole et
professionnelle de l'association, au travers du système de son
organisation.
De la sorte, comme nous le percevons, tout part d'une
préoccupation professionnelle, qui, à travers le filtre de la
pensée, se transforme en une question qui, pour être comprise,
nécessite qu'elle soit située dans des perspectives
théoriques. Celles-ci ont pour objet d'étayer et de faciliter
l'explicitation des variables repérées.
Toujours est-il, et comme nous le soulignions plus haut, ce
sont les acteurs qui, par leur positionnement, participent à la
construction du champ organisationnel liant la commune à l'association
de gestion. Il importe donc d'expliciter nos choix et nos méthodes,
quant à nos modes de sélection et de recueil des
données.
2 - Des acteurs qui incluent l'auteur.
"Si tu ne travaillais pas sur la commune, je
répondrais sur un mode militant à tes questions. Là, je me
centrerai sur ma charge élective."
D'entrée de «jeu», l'auteur de ces lignes est
interpellé comme l'un des acteurs du champ d'action sociale de la ville
de Décines.
Ainsi, en entamant le recueil des données primaires,
nous avons déjà pleinement conscience de notre place en tant
qu'acteur-auteur des entretiens et des futurs écrits. Cette dimension
incontournable nécessite d'intégrer cette donnée à
tous les niveaux d'élaboration de cette recherche. La position
d'interviewer apparaît comme la plus apparente. Cependant, il se
révèle que c'est dans le travail de conceptualisation, que
l'acteur donne du «grain à moudre» à l'auteur, c'est
dans cette mise à distance que l'auteur puise dans sa propre
expérience d'acteur. C'est ainsi que nous choisissons de nous entretenir
avec des acteurs, dont nous discernons, à travers notre pratique, les
caractères de leur fonction permettant d'expliciter les liens
institutionnels unissant la commune de Décines à l'association de
gestion.
Toutefois, avant de présenter ceux-ci et de motiver les
modalités de recueil de nos matériaux, il nous faut
définir les éléments de notre observation. Nous avons
guidé celle-ci à partir des éléments
d'études exposés dans les chapitres précédents et
sous-tendue par l'hypothèse de «reconnaissance
réciproque», issue de notre question centrale. Trois angles
d'examen nous sont apparus :
· Tout d'abord, notre interrogation a porté sur
la perception et la compréhension qu'ont les acteurs sur l'articulation
complexe des territoires de compétences des intervenants, dans le champ
d'action sociale de la commune de Décines ;
· l'observation suivante a consisté à
cerner à partir de quelle logique se déterminait la
légitimité respective de chaque organisation (mairie et
association) ;
· en dernier lieu, nous souhaitions cerner le degré
et la qualité de spécificité émis par chaque
acteur, dans sa représentation de l'entité «Centre
social».
1 M. CALLON et B. LATOUR in H. AMBLARD, P. BERNOUX,
G. HERREROS , Y-F. LIVIAN, 1996, 1996, op.cit.
Ayant distingué sur quoi portait notre observation,
nous avons ciblé l'échantillon des acteurs qui allaient
être producteurs de notre matière première. Ainsi, nous
avons choisi d'interroger neuf personnes réparties également en
trois catégories :
- Trois élus municipaux.
- Trois élus associatifs.
- Trois techniciens communaux.
Pour chaque catégorie, nous avons défini des
critères de sélection :
· Mis à part le maire, les élus municipaux
ont des rapports directs et divers avec les centres sociaux de la ville. En
outre, ils sont membres du comité de pilotage de l'association de
gestion1 ;
· N'interrogeant pas le maire afin d'éviter le
biais du discours officiel, dans une démarche identique, nous
souhaitions que les élus associatifs soient suffisamment
représentatifs du fonctionnement institutionnel, tout en n'ayant pas en
charge directement la direction bénévole de l'association. Ceci
nous a amené à renoncer à interroger le président
et la vice-présidente ;
· Par leur attribution professionnelle en lien avec
l'association, les techniciens communaux retenus se sont imposés
d'emblée dans l'échantillonnage.
De fait, nous avons construit cette sélection dans un
souci de distinguer des acteurs qui, par leur catégorie et par leur
fonction, sont une composante effective du jeu institutionnel.
Acteur 1 : Agée de 31 ans, elle est conseillère
municipale depuis 1995. Elue de référence
pour l'association des centres sociaux, elle est membre du
bureau. Son engagement civique principal est le parti socialiste.
Acteur 2 : Agée de 58 ans, elle est adjointe au maire
chargée des affaires sociales et de la
solidarité, depuis 1989, et conseillère
municipale depuis 1983. Elle est vice- présidente du CCAS et
représente le maire. Elle a été élue de
référence de l'association de gestion des centres sociaux
jusqu'en 1995, dont plusieurs années comme membre du bureau. Son
engagement civique principal est le parti socialiste.
Acteur 3 : Agé de 34 ans, il est adjoint au maire
chargé de l'emploi, de la formation
professionnelle et de la jeunesse depuis 1995, et conseiller
municipal depuis 1989. Il est élu de référence du centre
social de la Berthaudière, la seconde association centre social de
Décines. Sans être désigné institutionnellement, il
se positionne comme l'élu de référence de la politique de
la ville. Son engagement civique principal est le parti socialiste.
TABLEAU 5 : La présentation synoptique des
acteurs sélectionnés.
Les élus municipaux
1 Jalon 10 - Le comité de pilotage
mairie-association de gestion -
Acteur 4 : Agé de 64 ans, retraité, il est
Décinois depuis 1990, membre de l'association
depuis 1995, administrateur depuis 1996 et membre du bureau
depuis 1999. Il exerce aussi une action bénévole de terrain en
animant des séances de soutien scolaire d'une part et une
activité bridge, qu'il a créée, d'autre part. Il a un
autre engagement civique d'importance puisqu'il a participé à la
récente création de l'office décinois des retraités
et personnes âgées ; il en est membre du bureau.
Acteur 5 : Agé de 43 ans, il exerce le métier de
cariste ; il est Décinois depuis 1992 et est
devenu administrateur en 1998, en participant à la
création du centre social Montaberlet dont il est membre (en tant
qu'habitant) du comité d'animation. Il a un autre engagement civique
initial ; il est militant de l'association de défense et de promotion du
quartier «Vivre à Montaberlet»1.
Acteur 6 : Agée de 63 ans, retraitée, elle est
décinoise, depuis 1957, administratrice depuis
1995 et membre du bureau depuis 1997. Son action de
bénévole s'exerce dans sa fonction de trésorière de
l'association. Elle représente Dolto et Montaberlet au conseil
d'administration du centre social de la Berthaudière ; elle est
administratrice de la Fédération des centres sociaux du
Rhône.
Ses autres engagements civiques sont les veuves civiles mais
celui qui prime c'est son engagement à la paroisse catholique.
Acteur 7 : Agé de 38 ans, secrétaire
général adjoint de la ville depuis octobre 1999,
référent des centres sociaux. Il a
débuté sa carrière comme fonctionnaire territorial
à Décines, de 1986 à 1991, dont les trois dernières
années comme membre du cabinet du maire de l'époque. Il a
été chef de service au Conseil général, avant de
revenir à Décines.
Acteur 8 : Agé de 34 ans, il est chef de projet du DSU.
Rattaché au Grand Lyon, son poste
est cofinancé par l'Etat et la ville. Il est en situation
depuis 1994. Il a une formation dans les domaines de l'économie et de
l'urbanisme.
Acteur 9 : Agé de 50 ans, il est directeur du CCAS depuis
1993. Il a été directeur des deux
associations de centres sociaux. Il travaille sur Décines
depuis 1985. Sa formation d'origine est assistant social.
Les Techniciens communaux
Les élus associatifs
1 Cette association est membre associé du
Comité d'animation du centre social Montaberlet.
Annexe 1 - Structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion - p.
8.
Les entretiens ont lieu au centre social Dolto, pour les six
élus, et à la mairie pour les trois techniciens.
Ceux-ci prennent une forme semi-directive et ont pour
objectif d'analyser le sens que les acteurs donnent à l'environnement
auquel ils sont confrontés : leur système de valeurs, leur
repère normatif, leur interprétation des situations, des
systèmes de relation, etc.1. A partir du guide2
élaboré à la lumière des éléments
exposés ci-avant, nous avons des entretiens de quarante-cinq à
quatre-vingt-dix minutes, qui nous amènent à recueillir plus de
soixante pages de notes manuscrites.
3 - Des données formelles empreintes
d'expérience.
La matière première obtenue des entretiens fait
l'objet d'une analyse de contenu qui tente de mettre en évidence les
représentations des thèmes sous-tendus par le guide. Plus
précisément, nous sérions les fréquences,
croisées entre les interlocuteurs, de certaines catégories
significatives3.
Le travail de déconstruction-reconstruction des
comptes-rendus permet de cerner les trois objets de discussion.
* La démarcation de l'intervention sociale des deux
organisations fait apparaître la question de la légitimité
d'intervention comme un élément central à la
compréhension. En l'occurrence, si celle de la commune n'est pas
contestée, elle demande à être précisée ; en
revanche, celle de l'association ne va pas de soi alors qu'elle semble
concrètement plus circonscrite.
* Le thème du partenariat met à jour des
appréciations différentes selon les logiques institutionnelles
dans lesquelles s'enracinent les pratiques des intervenants et
révèle la tension sous-jacente à l'alliance entre les deux
structures.
* Assez curieusement, le troisième objet qui traite de
la spécificité du concept «Centre social» associatif,
est défini par des critères assez semblables. Cependant, le
discours des acteurs décèle une vigilance teintée de
circonspection.
A partir de cette reconstruction, nous élaborons un
discours permettant de mettre à jour les discordances et les aspects
communs.
En sus, nous combinons à cette matière,
l'analyse de contenu des matériaux secondaires, mais surtout, nous
tenons compte de l'expérience de l'auteur-acteur, aussi bien dans sa
fonction actuelle de manager d'une entreprise associative que dans sa
connaissance praticienne de l'architecture institutionnelle et
opérationnelle du dispositif global d'action sociale en France.
Nous avons donc à considérer, sans
relâche, que nous faisons partie intégrante de la situation
donnée et, inlassablement, notre réflexion porte sur l'impact de
notre rôle dans le déroulement de notre étude, sans pour
autant négliger la question centrale et son
hypothèse4.
C'est ainsi qu'il nous semble nécessaire de souligner
que les acteurs municipaux (élus et techniciens), sans forcément
se concerter, ont conversé les uns avec les autres autour des entretiens
prévus avec nous. Ce faisant, et plus ou moins directement, chacun a
profité de l'opportunité de rencontrer l'auteur, pour faire
passer des «messages» à l'acteur.
C'est, donc, sous cet éclairage qu'il faut entendre ce
qui se dit dans la reconstitution des propos prêtés à nos
interlocuteurs.
1 R. QUIVY et L. VAN CAMPENHOUT, 1995, op. cit. p.
196.
2 Annexe 13 - Le guide d'entretien -
3 R. QUIVY et L. VAN CAMPENHOUT, op cit., pp.
225-232.
4 Ibid., pp. 238-240.
- CHAPITRE 3 -
UN RESULTAT :
UNE LEGITIMITE RECIPROQUEMENT RECONNUE ET
CONTROVERSEE.
Les acteurs s'estiment et reconnaissent le bien-fondé de
leur légitimité respective. Cette dimension n'est pas mise en
doute mais est discutée dans son processus relationnel.
La délimitation des compétences s'inscrit dans
l'évolution des modalités d'intervention sociale qui distingue
action sociale et aide sociale.
Le partenariat laisse apparaître que les constantes
structurelles influent sur les acteurs et, en particulier, sur les cadres.
La vision de la configuration associative centre social est
examinée à la lumière nuancée de l'origine
statutaire des acteurs.
Toujours est-il, que l'on perçoit, constamment
sous-jacente, une crainte réciproque de débordement.
1 - Une délimitation des compétences en
débat.
"Je commence peu à peu à prendre conscience
de l'étendue et de la complexité du champ d'action sociale de la
ville. Ma connaissance est actuellement restreinte, elle se limite
essentiellement aux activités des centres sociaux Dolto et Montaberlet
et à celles du centre communal d'action sociale (CCAS)." L'acteur 1
(conseillère municipale), exprime sa vision des choses, en faisant la
comparaison entre les ministères thématiques et les structures
interministérielles : "Aujourd'hui, il est nécessaire
d'apprendre à travailler ensemble." Elle précise que la
répartition du champ d'action sociale, non seulement, n'est pas
figée mais doit être pensée par tous les partenaires.
Pourtant, en tant qu'élue, elle rajoute qu'elle a du mal à juger
de la pertinence des divers dispositifs : "cela apparaît opaque,
compréhensible uniquement par les professionnels." Elle
considère le contrat enfance performant, dans son effectivité,
mais extrêmement compliqué quand on n'est pas sur le terrain.
"Ce sont des outils de technocrates mais c'est un mal
nécessaire."
Pour cette élue, la politique de la ville
apparaît comme emblématique de ce «mal
nécessaire»,"outil d'intégration, au service des
décideurs institutionnels, pour coordonner les actions de toutes les
forces en présence." D'autant que celle-ci, en recouvrant d'autres
domaines tel que l'urbanisme, le logement ou l'emploi "transgresse l'action
sociale."
Cette dernière réflexion semble partagée
par l'acteur 3 (adjoint au maire à l'emploi, à la formation
professionnelle et à la jeunesse). Ainsi, celui-ci s'interroge :
"Comment fait-on coexister une logique de guichet et une logique de
socialisation et de développement social ?" Cet élu
énonce une analyse de l'évolution des besoins et des demandes
sociales, au regard d'une profonde modification du paysage social et
économique.
C'est pourquoi, sans parler de clivage, "il y a deux
approches complémentaires du champ de l'action sociale qui sont
représentées, d'un côté, par le CCAS et, de l'autre,
par l'insertion économique et sociale."
L'acteur 7 (secrétaire général adjoint)
renforce l'idée que c'est "la politique de la ville qui peut
permettre de développer une politique de coordination et de concertation
globale au niveau de la commune."
Pour autant, cette hypothèse n'évacue pas, pour
l'acteur 8 (chef de projet du DSU), l'aspect délicat de cette question.
"Dans l'urbanisme, les processus sont cadrés. Dans le social, C'est
plus compliqué, c'est plus difficile à appréhender."
En effet, celui-ci cite les différents niveaux de traitement politique
territoriaux qui s'articulent aux divers statuts d'intervenants :
collectivités locales, établissements publics, associations de
gestion, syndicats, etc. Néanmoins, dans cette complexité,
"le centre social apparaît comme un peu à part" en tant
qu'équipement, lieu d'animation et producteur de socialisation.
Par ailleurs, cet acteur estime qu'il y a "trop de
partenaires, trop centrés sur eux-mêmes, il y a un manque de
lisibilité dans la cohérence des différents statuts -
centres sociaux associatifs, délégation de service public,
association locale de gestion d'une halte garderie -." Il n'empêche,
la commune lui paraît bien équipée en structures sociales,
"la mairie a laissé faire une certaine délégation de
son service public."
L'acteur 9 (directeur du CCAS) explique que la segmentation
du champ de l'action sociale s'enracine dans l'histoire de la politique sociale
de la ville." A l'époque la municipalité manquait
d'expérience dans le champ du social, d'autant que le personnel
spécialisé était réduit. A l'époque, aussi,
la présence forte et active de la confédération syndicale
des familles (CSF) a soutenu la création
d'associations1."
Pour cet acteur, l'architecture des dispositifs sociaux de la
ville s'est construite, d'une part, au regard des compétences
légales de l'Etat (et suite aux lois de décentralisation, du
Conseil général) et, d'autre part, par la prégnance
engagée et militante de la CSF ; mais aussi par le contrôle
politique de conformité de la municipalité. La double
expérience de cet acteur, hier associative en tant que directeur,
respectivement des centres sociaux Dolto et Berthaudière et aujourd'hui,
en tant que personnel mairie, l'amène à exprimer que "la
municipalité se doit de distribuer une prestation performante car elle
s'adresse à un public qui a, sous-jacente, une exigence
électorale."
Par le rappel de ce postulat élémentaire
justifiant la démocratie politique, le directeur du CCAS affirme que
c'est bien la municipalité qui est responsable de la gestion
communale.
Assurément, les acteurs s'accordent sur ce principe de
responsabilité communale. Cette délimitation essentielle ne fait
aucun doute. Les élus associatifs l'expriment très directement :
"La commune définit la politique de la ville", [acteur 4] ;
"La municipalité est là pour répondre à toute
la population", [acteur 5] ; "Elle a la responsabilité de ce
qui se passe sur la commune", [acteur 6].
Seul un élu municipal [acteur 1], définit les
contours de cette légitimité : "La majorité municipale
est élue par les Décinois et sur un programme, elle a la
légitimité des urnes et est responsable de l'ensemble de la
commune."
En fixant le champ d'action sociale des centres sociaux dans le
cadre d'une "mise en oeuvre de délégation de service public
de la politique locale régulée conjointement dans des
1 On retrouve la CSF comme membre fondatrice des deux
associations centres sociaux, en 1978 in Y. KONATE, 19991, op. cit.,
tableau 3 - Période de création des principales associations,
des principaux équipements et dispositifs sociaux, éducatifs et
culturels de Décines - p. 23.
instances appropriées, tel que le comité de
pilotage1", le secrétaire général adjoint
[acteur 7] en précise la démarcation.
Il s'avère que cette délimitation, pour
l'acteur 8 n'a pas l'air d'aller de soi, car celle-ci "renvoie à des
questions de compétences partagées." Le responsable du DSU
pointe, là, la difficulté sur les possibilités
d'approfondir ce débat : "Peu de gens peuvent
réfléchir à cela, que cela soit des élus, des
techniciens ou des habitants ; cette question est complexe car administrative,
politique, économique, historique, etc."
Le directeur du CCAS [acteur 9] précise, même,
qu'il y a déséquilibre : "La compétence de
l'association de gestion est supérieure à celle de la
municipalité", aux dépens de la commune.
Le responsable du DSU et le directeur du CCAS reprochent
conjointement à l'association, d'être «une grosse
boîte, une PME». "L'association de gestion est immense, elle
devient monstrueuse et complexe" [acteur 9], "Dolto-Montaberlet, c'est
une PME" [acteur 8]. Cette approche est corroborée par l'acteur 1 :
"C'est une usine, une grosse machine, c'est une PME qui atteint une taille
critique, qui atteint son développement maximum, dont la croissance ne
peut aller au-delà."
Toutefois, les deux autres élus municipaux
préfèrent préciser le cadre d'intervention du centre
social, tel qu'ils l'entendent. Pour l'adjointe aux affaires sociales et
à la solidarité [acteur 2] : "Il y en a un qui pousse (le
centre social) et qui entraîne l'autre (la mairie), la progression se
fait ensemble. L'un est plus près du terrain et l'autre a une vision
politique globale." Cet acteur donne l'exemple d'un projet de
halte-garderie, inscrit dans le contrat enfance, signé entre la CAF et
la commune et qui est une commande municipale auprès de l'association.
"L'association étudie le projet de mise en oeuvre de halte-garderie
sous forme parentale, c'est une façon de voir avec laquelle je
n'adhère pas mais je fais confiance."
L'adjoint à l'emploi, à la formation
professionnelle et à la jeunesse [acteur 3] le dit autrement : "La
délimitation du champ d'action sociale est une compétence
partagée avec des zones d'intervention intrinsèque." Pour
cet acteur, les actions de prévention en sont l'exemple même :
"Le centre social a un rôle de relais de l'action publique."
L'acteur 7 le justifie en expliquant que "les
compétences en matière d'action sociale de la commune sont moins
définies par la loi que celles du département", ce qui
permet à celle-ci d'avoir "une marge de manoeuvre plus importante,
d'où l'intérêt d'avoir une action partagée - par
délégation - avec les associations gestionnaires des centres
sociaux."
Les administrateurs n'ignorent pas ce débat,
même s'ils n'en possèdent pas toutes les arcanes ; en femmes et
hommes de terrain, ils sont soucieux, voire sourcilleux, sur la reconnaissance
de leur responsabilité. L'acteur 4 "voit mal un élu directif
qui imposerait impérativement ses désirs à l'association.
Des souhaits, d'accord, mais pas des ordres." D'ailleurs, la
trésorière [acteur 6] revendique la responsabilité
juridique de la fonction d'administrateur : "C'est nous qui devons veiller
au bon fonctionnement de l'association." L'acteur 4 renchérit en
insistant sur le fonctionnement régulier de l'association qui
légitime la représentation bénévole de celle-ci.
L'élu, acteur 1, semble en convenir : "Une commune n'est rien sans
le relais associatif des centres sociaux. Le pluralisme m'apparaît
nécessaire ; de la discussion naît la lumière."
Il ressort, pour cet acteur, que le comité de pilotage
est l'instance permettant de valider conjointement les orientations
partagées : "Celui-ci est un espace de délimitation." De
la même manière, pour l'acteur 6, "si il y a désaccord,
c'est le comité de pilotage qui doit arbitrer."
1 JALON 10 - Le comité de pilotage
mairie-association de gestion -
2 - Un partenariat nécessairement sous tension.
Les élus associatifs soulignent que "les élus
sont parties prenantes de l'action sociale" [acteur 4] et que "la
relation avec la municipalité est intéressante" [acteur
5].
Les élus municipaux reconnaissent que "le
partenariat existe réellement" [acteur 1]. Celle-ci précise
qu'un "élu est toujours présent dans toutes les instances,
c'est le signe d'une forte volonté de part et d'autre." Elle
rajoute que "le comité de pilotage pour le traitement des gros
dossiers" vient renforcer la qualité de ce partenariat. L'acteur 3
partage ce point de vue positif et pratique ; en sus, il considère que
le comité de pilotage est un bon dispositif biparti pour
"formaliser, dans la transparence, les arbitrages nécessaires
à la cohérence de l'action publique." L'acteur 2 dit
simplement que les relations sont bonnes, mais elles ne sont jamais acquises.
Pour l'acteur 6, "chacun est libre de s'exprimer" ; elle souligne que
le comité de pilotage scelle la marque qualitative du partenariat.
L'acteur 5 prudent énonce ce qu'il ressent : "Je
ne vois pas la municipalité comme un donneur d'ordre." Pour cet
acteur, la notion de partenariat induit la notion d'égalité. Il
l'explique par le fait que "l'association est qualifiée pour son
savoir-faire." L'acteur 4 affirme cette prudence : "Cela fonctionne
bien mais il faut toujours être sur sa réserve, être
vigilant. Il ne faut pas que l'association soit directement sous la
tutelle du Conseil municipal." Il précise : "Quelle que soit sa
couleur politique."
Le secrétaire général adjoint, l'acteur
7 paraît rendre compte de ces appréciations complémentaires
: "Cela fonctionne bien, c'est un partenariat de proximité avec la
commune. Bien évidemment il y a des moments, des choses qui
nécessitent d'être clarifiés. Cette période est
peut-être plus difficile parce que les centres sociaux (le réseau
dans son ensemble) réfléchissent à leur place dans la
politique locale."
La forme de cette difficulté est traduite de
manière différente par l'acteur 8 : "La force d'un directeur
d'association, c'est qu'il porte le projet ; à la mairie, il y a des
chefs de services." Pour l'acteur 2, on ne peut pas faire l'impasse sur
les qualités humaines et professionnelles de manager des directeurs
d'association ; dans un style abrupt, elle précise : "Vous menez les
gens comme vous voulez ; à la limite, ce n'est pas de la
démocratie locale." Toutefois, elle rajoute : "Dans une
association, le directeur est essentiel pour favoriser le débat, donc
l'intérêt associatif."
L'acteur 1 développe une analyse explicite sur cette
question : "le partenariat entre les cadres suscite quelques petites
tensions car ils ne s'inscrivent pas dans les mêmes logiques [...]. Les
cadres de l'association ont plus de souplesse dans leur gestion du temps, le
temps politicoadministratif et associatif n'est pas le même [...]. La
rigidité de la structure communale renvoie à la marge d'autonomie
induite par la forme associative [...]. D'ailleurs, on peut s'interroger pour
savoir si les cadres de l'association perçoivent les difficultés
des cadres de la commune [...]. D'autant qu'on perçoit bien le plaisir
que prennent les cadres associatifs à assumer les responsabilités
qui sont les leurs [...].
De plus, les techniciens municipaux dépendent des
élus. A l'inverse, les élus des centres sociaux estiment la
parole des professionnels [...]. De fait, il s'agirait presque de
redéfinir les liens entre les élus et les cadres communaux [...].
La situation du cadre municipal s'avère extrêmement
complexe."
Les acteurs associatifs énoncent, quant à eux,
ce qu'ils attendent précisément du directeur: qu'il
protège l'autonomie de l'association et qu'il renforce la participation
des habitants. "La mairie pourrait nous imposer des idées mais on
sait défendre les nôtres, le directeur y est pour beaucoup dans ce
fonctionnement pour, entre autre, tenir informés et mobiliser les
administrateurs" [acteur 6]. L'acteur 7 ajoute que la
capacité de décision de
l'association pourrait être mise en cause : "Il
suffirait que le président ne soit pas suffisamment indépendant
et le directeur pas assez professionnel."
Comme le dit l'élu municipal, acteur 3, "l'action
sociale est structurée par de multiples niveaux de réflexion et
de décisions dont font partie diversement les élus et les
professionnels. D'évidence, cette architecture génère des
lourdeurs."
Pour l'acteur 2, "il y a une hiérarchie au niveau
de l'action publique, les associations doivent être proches du terrain et
sont là pour aiguillonner, mais le pouvoir de financement est le pouvoir
politique." Elle précise cette dualité en soulignant que la
démocratie de proximité est non seulement
"légitime" mais "indispensable", elle est
"complémentaire à la démocratie élective."
Cependant, il s'avère que la "maturité citoyenne"
nécessite de bien comprendre le système de l'action publique. Il
semble que, pour cette élue, il y ait un ordre dans l'action sociale car
"si on veut influencer il faut aller en politique" pour se mesurer aux
contraintes et prendre en compte les questions sous un angle global.
L'acteur 1 s'interroge sur la capacité des
administrateurs de l'association de gestion à appréhender, sur le
plan global, les enjeux sous-tendus par la mission d'action sociale de
l'association : "Je ne suis pas sûr qu'ils en apprécient
toutes les dimensions." Pour cet acteur, il est plus facile d'être
membre du comité d'animation du centre social Montaberlet1,
car "les problèmes traités sont plus ancrés dans le
quotidien, au niveau du quartier." La fonction d'administrateur demande,
pour cet élu municipal, "plus d'effort d'abstraction ; d'autant que
les élus associatifs sont amenés à prendre des
décisions liées à des enjeux politiques." Celle-ci
souligne que, de fait, les aptitudes et les compétences des uns et des
autres influencent la qualité de la relation partenariale.
Cette dernière notation peut être
éclairée, sous un autre aspect, par une remarque du
secrétaire général adjoint : "Le partenariat est
formalisé par la présence, au sein du conseil d'administration,
d'élus municipaux, dont un au sein du bureau. Cette double casquette
d'administrateur et d'élu municipal est quelquefois compliquée
à porter."
Le responsable du DSU précise : "Pour un élu
municipal, être membre d'un conseil d'administration, ce n'est pas simple
; quand il revient en mairie, il doit composer avec d'autres
élus."
Le souci de l'élu associatif s'avère être
tout autre ; il peut être résumé par cette antienne :
"Ma motivation, c'est d'être utile et, non pas, de servir une
politique, de servir les gens et, non pas, qu'on se serve de moi" [acteur
4].
A ce stade, les logiques et positionnement paraissent se
compléter, se croisent mais ne semblent pas se rencontrer.
3 - Une configuration associative en camaïeu.
C'est en devenant administratrice que l'acteur 6 a
découvert que le centre social, "ce n'était pas la mairie.
Fréquentant les trois centres sociaux de la commune, je me rends compte
de la diversité des publics et des actions." D'ailleurs, l'acteur 4
explique le nombre de centres sociaux sur la commune [trois] par "le fait
que la ville soit constituée de différents quartiers qui
justifient leur raison d'être."
1 Annexe 1 - Structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion -
Ainsi, le secrétaire général adjoint
confirme que "la commune n'a pas vocation à tout faire. Les centres
sociaux, par leur particularité territoriale, mettent en oeuvre des
politiques publiques d'action sociale contextuées, s'appuyant sur des
citoyens habitant les différents quartiers de Décines et ayant
des origines sociales et professionnelles diverses."
L'acteur 2 émet l'idée que le centre social est
"une utopie démocratique, constituée de différentes
opinions, qui permet à des bénévoles d'avoir du pouvoir et
de se sentir indispensables." L'acteur 6, en tant que
bénévole ,dit que le centre social est "pour les habitants,
par les habitants. C'est un lieu de rencontre convivial où il y a de la
vie de voisinage. La notion d'accueil est importante dans un centre
social." L'élu (acteur 3), pragmatique, assure que les premiers
éléments de légitimité de l'association, ce sont
"des adhérents, son offre et service, son rayonnement et son
ancrage."
L'acteur 1 développe ce point de vue municipal en
spécifiant ses critères concernant la légitimité de
l'association:
· le "fonctionnement des instances,
· le travail reconnu par la population,
· le nombre de personnes touchées,
· l'étendue du champ des
activités,
· le partage des principes et des grands idéaux
démocratiques,
· le travail commun dans la même
direction,
· le degré de confiance."
Cette élue souligne que l'association de gestion, dans sa
configuration actuelle, est "un primo- partenaire de la
municipalité."
Cependant, tout en affirmant l'importance de "la
mixité sociale des habitants et la place laissée à ceux-ci
dans le processus de décision", le chef de projet du DSU met
l'accent sur les limites de la représentativité des habitants. Il
rajoute : "Ce sont des bénévoles et on leur en demande
beaucoup." L'élu municipal (acteur 3) reprend étonnamment ce
thème : "Comment les instances de l'association sont parties
prenantes ?" Il avance que "l'action sociale ne peut pas seulement
être assurée par des bénévoles à cause de la
complexité de l'action sociale."
L'acteur 5, élu associatif, ne conteste pas cette
opinion, mais y porte un autre regard : "Ce qui fait la force de
Dolto-Montaberlet, c'est l'implication des bénévoles ; les gens
ne sont pas dilettantes." Il ajoute que la synergie
professionnels-bénévoles est essentielle ; de plus, "le
conseil d'administration de l'association est représentatif de la ville
de Décines, il est hétérogène." L'acteur 1
poursuit par cette formule : "C'est un melting-pot, il y a débat et
échange constant et c'est indispensable à la
démocratie." L'acteur 6 enchaîne : "Il y a brassage de la
population tout azimut, l'accueil est le même pour tous, il y a des
rencontres qui se font." L'acteur 4 ne dément pas : "Par sa
qualité d'accueil et d'ouverture à tous les publics et son souci
du respect des uns et des autres, le centre social développe le sens
civique."
Tout en ne s'opposant pas, les approches se nuancent car, en
énonçant que le centre social à un "rôle de
palpeur du quotidien et qu'il est catalyseur de l'initiative," le
directeur du CCAS rappelle que "ce sont des outils municipaux, des caisses
de résonance des politiques locales." L'élu municipal
(acteur 2) explique que c'est un "lieu d'apprentissage du réel de la
gestion d'une collectivité, c'est une école de citoyenneté
; cela permet d'aller au-delà et d'accéder au pouvoir
politique." Le chef de projet du DSU reconnaît, au centre social,
cette appréhension du terrain , "en raison de sa polyvalence et de
ses compétences de généraliste
pluridisciplinaire." Pour lui, "c'est une
délégation de gestion de service public sans que cela soit
dit."
Le secrétaire général adjoint
résume le point de vue municipal explicitement en indiquant que le
centre social est une structure particulière parce qu'associative ;
celle-ci "met en oeuvre une politique publique d'action sociale
partagée avec la commune." Il précise que "la
légitimité élective et la légitimité
participative sont deux formes de démocratie qui se complètent,
l'équilibre étant constamment à rechercher."
Néanmoins, il souligne que "le financement municipal n'est pas sans
influence."
L'acteur 4 se fait porte-parole de l'association en
spécifiant que l'intérêt du centre social est
"l'autonomie de sa politique d'action sociale, quelle que soit la couleur
politique de la municipalité", garantie par "l'ouverture du
conseil d'administration à toutes les opinions", sous couvert
"d'un pluri-financement qui limite les subordinations."
Une valeur commune énoncée,
déterminée par la traduction pratique à la
partager.
La démarcation d'intervention, entre la mairie et
l'association, s'inscrit dans la transformation du champ de l'action sociale
qui s'ouvre au développement social et aux domaines de l'insertion par
la formation, l'emploi, le logement, l'environnement, etc., mettant ainsi en
place des dispositifs partenariaux où se retrouvent des acteurs
collectifs et individuels des mondes politiques, administratifs, techniques et
associatifs.
Ces mondes ont une valeur commune, «le bien
public», dont les éléments de reconnaissance sont, d'un
côté, le sens civique ou, dit autrement, le sens de la
collectivité et, de l'autre, la participation solidaire des
habitants.
Pourtant, il se révèle que les rapports
partenariaux entre la municipalité et l'association de gestion
s'inscrivent dans des logiques institutionnelles distinctes par leurs
configurations d'origine. L'une, politique et administrative, est soumise
à des logiques de pouvoir et de règles ; l'autre, associative et
professionnelle, est astreinte à s'adapter aux compromis partenariaux et
à l'évolution du champ social.
Cette différenciation structurelle sous-tend,
d'évidence, le mode de relation entre les acteurs municipaux et
associatifs. C'est ainsi que, malgré les valeurs communes
affichées de reconnaissance de la démocratie participative comme
complément consubstantiel à la démocratie élective,
cette altérité organisationnelle laisse à penser que
c'est, dans cet écart, que le doute sur la loyauté du partenaire
subsiste.
Pourtant, ce qui peut s'avérer comme une limite
à la capacité d'intervention associative, semble se manifester,
au contraire, comme la spécificité du «Centre social»
à s'élaborer au sein de cette complexité.
C'est pourquoi, dans la dernière partie qui va suivre,
nous tenterons, à partir des approches dégagées par notre
problématique, d'ouvrir, à partir de notre hypothèse, des
axes de développement. Ceux-ci seront centrés sur des modes de
management, prenant en compte l'originalité dominante et
élémentaire de la pratique bénévole associative,
articulés à l'engagement salarial plus «classique» des
professionnels.
Ce faisant, nous aurons soin de mettre à jour la
dimension opérationnelle primordiale de la « traduction »,
clef de voûte stratégique de la condition partenariale de
l'association de gestion.
- PARTIE III -
LA CONTRIBUTION DE L'ASSOCIATION
DE GESTION DES CENTRES SOCIAUX
DOLTO ET MONTA BERLET
A LA PRODUCTION DE LA DEMOCRATIE
LOCALE, UNE ORGANISATION QUI
S'AJUSTE AU PROJET D'INTERMEDIATION.
L'incertitude de l'entre-deux : la source du pouvoir
associatif.
Le système d'organisation de l'association de gestion
se révèle être un réseau d'interactions entre des
acteurs. Une forme collective et individuelle le structure. Cette combinaison
entre les champs publics et privés engendre cette particularité
qu'il a, de ne pas appartenir à la sphère étatique.
Néanmoins, il satisfait des besoins individuels qui s'avèrent
être des besoins communs relevant de la socialisation1.
De la même manière, ce système appartient
au monde de l'économie, non celui qui est marchand et «
mondialisé », non pas celui qui est public et «
administré », non celui qui, tout en étant domestique,
s'appelle aussi social, solidaire et pluriel2. Ainsi, tel «
Monsieur Jourdain », l'association de gestion participe pleinement
à la vie économique.
Ce paradoxe de la délimitation se retrouve dans un
autre registre : le métier de l'association. Il s'exprime par l'exigence
d'intervention et d'innovation des pouvoirs publics sans que celle-ci soit
particulièrement déchiffrable3. Il s'agit donc, pour
l'association de gestion, « d'entendre » la commande publique, tout
en évitant l'écueil de la « courroie de transmission
administrative » qui la transformerait, de facto, en une configuration
mécaniste, orientée vers la standardisation des
procédés, plutôt que vers la capacité autonome
d'expérimentation.
Ce faisant, il se fait jour que ce sont les acteurs, dans
leur humanité fonctionnelle, qui vont être à même
d'être « réalisateurs » de la transmission et de la
retransmission de cette « entente » réciproque. Aussi, la
nécessité impose-t-elle qu'ils s'approprient le projet «
Centre social », à travers des initiations, des parcours de
formation, d'auto-formation et d'apprentissage
1 A. CAILLE et J.L LAVILLE, 1998, La revue MAUSS
semestrielle, n°11, p. 7.
2 Ibid., pp. 84-236
-Réconcilier l'économique et le social -
L'économie plurielle - 1996, Paris, OCDE poche, n°12, pp. 9-3
0.
3 - Le Conseil économique et social
réhabilite les professionnels - Actualités Sociales
Hebdomadaires, mai 2000, n°2168, pp. 6-7.
individuel et collectif, pensés comme
intrinsèques au « Projet » et conçus comme
méthode de traduction, inhérente au système d'organisation
de l'association de gestion.
C'est pourquoi, nous élaborerons des orientations pour
l'action, des chantiers déjà amorcés à
développer, et des chantiers à mettre en oeuvre,
compléments et ouvertures des précédents. Dans un esprit
pratique, nous les inscrirons dans la préfiguration et dans la
réalisation du prochain projet soumis à
agrément1, correspondant à la période
2002-2007.
1 Janon 5 - Historique de l'agrément
-
- CHAPITRE 1 - NI PRIVE, NI PUBLIC,
L'ENTRE-DEUX SOCIO-ECONOMIQUE ASSOCIATIF.
Le sens commun perçoit bien que l'économie
n'est pas seulement constituée du compte- rendu boursier horaire de
France-Info ou du relevé mensuel de l'excédent de la balance
commerciale française. Les seuls faits «d'aider»
financièrement un membre de sa famille, d'acheter son pain chez le
boulanger ou «de donner de son temps» à une cause, participent
aussi à l'économie. Le troisième exemple cité est
pratiqué, en France, par plus de 9 millions de personnes en
19931. La portée de ce chiffre révèle ainsi la
place de «l'économie sociale»2.
"L'économie d'utilité sociale [...] est une
nouvelle économie mixte, qui associe non seulement des ressources
marchandes et des financements publics, mais aussi des ressources non
monétaires, en provenance de la société civile."
(Cette ressource, non monétaire, peut constituer la définition
générique du bénévolat.) L'économie sociale
"est donc, l'articulation entre ces trois modes de fonctionnement
économique - Etat, marché, économie du don - qui va
permettre de solvabiliser des activités qui ne seraient pas viables dans
chacune de ces trois logiques prises isolément [...]. En effet, le souci
de répondre aux besoins exprimés collectivement par les habitants
et leur implication-même dans les projets et dans leur mise en oeuvre
assurent à la fois la crédibilité des projets et leur
«bouclage» financier3 ."
Des experts4 intègrent l'économie
sociale dans la notion d'économie plurielle comme un tout
systémique. Cette réflexion s'appuie sur deux apports
théoriques5.
- D'abord celui de Fernand Braudel, qui distingue trois
étages dans la "maison" de l'économie :
· l'économie de subsistance comprenant
l'économie domestique au rez-de-chaussée ;
· l'économie de marché local, au premier
étage ;
· l'«économie monde» qui occulte la
réalité des deux précédentes et qui pourtant la
sanctionne6.
- Le second modèle est celui de l'économie
«ternaire», dite aussi tiers secteur. Cette approche
représente l'économie comme un triangle dont les trois sommets
sont l'économie de marché, l'économie publique et
l'économie de réciprocité (le don, le contre-don,
l'échange non monétaire, le bénévolat...) et
étudie les conditions «d'hybridation» entre ces trois
économies7.
A partir de ces apports, le concept d'économie plurielle
reconnaît deux nécessités :
1 B. HALBA et M. LE NET, 1997, op. cit., p. 34.
2 Début 2000, le gouvernement de Lionel JOSPIN
a créé un secrétariat d'Etat à l'économie
solidaire.
3 P. SAUVAGE , op. cit., p. 17.
4 Près d'une quarantaine d'experts ont
contribué à l'ouvrage cité dans la note
précédente, pp. 235- 237.
5 Ibid. , p. 209.
6 VERSCHAVE François-Xavier, 1996 -
Perspectives braudéliennes : reconsidérer l'architecture
sociale, pour permettre d'y accéder et de s'y mouvoir in ibid., pp.
73-80.
7 J.L. LAVILLE , 1996- Economie et
solidarité : linéaments d'une problématique in ibid.,
pp. 45.56.
- celle de valoriser une activité économique, en
amont de l'économie marchande mondialisée sans lesquels, il est
vain, selon François-Xavier VERSCHAVE, d'envisager un
développement «équitable» ;
- celle qui consiste à favoriser les
«mixages» entre ces différentes économies,
répondant ainsi, en les valorisant, aux besoins sociaux non satisfaits
des habitants-citoyens1.
Par ses origines, par la définition de ses missions,
par ses modes d'organisation, par la qualification de son savoir-faire
l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet est partie
intégrante de cette économie « hybride ». C'est ce que
nous allons exposer dans le chapitre qui suit.
1 - L'effet de levier social des ressources publiques et
associatives.
L'analyse de la répartition de financement de
l'association pointe trois ressources principales :
- la commune 35 % ; - la CNAF/CAF 25% ; - les usagers 19%.
L'origine des 20% restants reflète l'étendue de
la mission fondée sur la capacité de la structure centre social
à mobiliser une multiplicité de ressources
financières2 autour d'actions de socialisations.
Ces financements se distribuent autour de trois grands domaines
d'intervention. Les deux premiers sont spécialisés :
- L'un offre une gamme de modes de garde (crèche,
halte-garderie, Centre de loisirs) et des activités éducatives
pour l'enfance ainsi que des activités de loisirs pour les adultes ;
- L'autre promeut le développement social, à
travers un dispositif d'animation et de proximité3.
Le troisième fait lien et donne sens à la mission
des deux centres sociaux :
- Il s'agit de l'animation globale regroupant la logistique
transversale, véritable force de frappe permettant d'intégrer les
actions sectorisées dans une dynamique prenant en compte les individus
sur un territoire de vie.
En outre, l'association se distingue par le développement
de son activité puisque son volume de produits a plus que doublé
en dix ans.
1 P. SAUVAGE, 1996- Economie et lien social dans
les quartiers in ibid., p. 210.
2 Tableau 1 - L'origine et la répartition
des ressources de l'association de gestion (1998) -
3 Annexe 10 - Le dispositif d'animation de
proximité : orientations éducatives et territoriales -
TABLEAU 6 : La répartition des produits et des
recettes usagers de l'association de gestion.
Année
|
1989
|
|
1994
|
|
1999
|
Produits
|
4 041
|
000
|
5
|
906
|
000
|
9
|
036
|
000
|
Dont recettes usagers
|
626
|
000
|
1
|
116
|
000
|
1
|
433
|
000
|
(a) Les prestations de service (PS) ont, pour seule origine, la
CNAF.
(b) Subvention contrat enfance (dispositif national),
destinée exclusivement à équilibrer financièrement
les modes de garde petite enfance, dont 66% d'origine CNAF et 34% d'origine
municipale.
(c) Prestations à l'unité,
réglementées nationalement par la CNAF, à partir d'un
barème distinguant les modes de garde.
(d) La part municipale représente 89% de cette
subvention, les 11% autres sont d'origine CAF.
(e) Voir Jalon 5 - L'historique de l'agrément
-
1998
|
Produits divers
|
Recettes usagers
|
Subventions
|
Prestations de services(a)
|
Services et activités
|
//////////////////
|
1 126 000
|
578 000F(b)
|
683 000F(c)
|
éducatives
|
//////////////////
|
47%
|
24%
|
29%
|
et de loisirs
|
//////////////////
|
|
|
|
Animation
|
//////////////////
|
108 400
|
419 000F
|
300 000F
|
de
|
//////////////////
|
13%
|
51%
|
36%
|
proximité
|
//////////////////
|
|
|
|
Animation
|
110 800F
|
/////////////////
|
3 614 000F(d)
|
330 000F(e)
|
globale
|
3%
|
/////////////////
|
89%
|
8%
|
|
|
/////////////////
|
|
|
TABLEAU 7 : La distribution des principales sources
de financement , par domaine d'intervention, de l'association de
gestion.
Cette croissance continue de l'activité s'accompagne
par un essor parallèle des recettes usagers. Cependant, la participation
pécunière, non négligeable, du public demande à
être affinée et croisée avec l'affectation des subventions
et des prestations de services financières et ce, au regard des domaines
d'intervention.
Ainsi nous constatons que les recettes usagers, les
subventions réglementées et les prestations de services à
l'unité1 financent prioritairement le domaine des services et
des activités éducatives petite enfance et enfance. En revanche,
les actions du dispositif d'animation de proximité qui relèvent
du développement social ont essentiellement des sources de financement
public2. L'animation globale complète, quant à elle,
sa dotation publique par une activité de produits divers3 qui
participent à l'équilibre financier de l'association.
En 1999, 2 439 personnes ont fréquenté
régulièrement les deux centres sociaux4, soit 10% de
la population totale de Décines5.
En outre, plus de 24 000 personnes cumulées ont
participé à une manifestation occasionnelle ou ont
été utilisateurs des services.
Si l'on s'en tient à l'observation des statistiques de
la fréquentation régulière, là encore, l'analyse
révèle une répartition distinguant deux publics : l'un,
relevant d'activités de droit commun ; l'autre, de l'insertion
sociale.
TABLEAU 8 : La distribution des usagers
fréquentant régulièrement l'association de
gestion.
1998
|
Activités de droit commun
|
Toutes les activités confondues
|
Activités d'insertion
|
Petite enfance (- 6 ans)
|
25%
|
16%
|
10%
|
27%
|
Enfance (7-11 ans)
|
13%
|
8%
|
8%
|
22%
|
Adolescence (12-20 ans)
|
|
|
7%
|
15%
|
Adultes
|
62%
|
38%
|
13%
|
36%
|
Usagers
|
1 476
100%
|
62%
|
38%
|
848
100%
|
2 324 100%
|
Cette distinction recouvre respectivement les deux domaines
d'interventions spécialisées cités auparavant dans le
tableau 7.
1 Par exemple : une journée complète de
garde équivaut à trois unités.
2Annexe 14 - Le dispositif d'animation de
proximité. Tableau de répartition des subventions
affectées en 1998 -
3 Mise à disposition onéreuse des
salles, du mini-bus, de matériels et de services annexes.
4 Annexe 7 - Les ressources humaines -
5 L'association de gestion des centres sociaux est la
plus importante du Rhône en nombre d'usagers réguliers, Source :
CAF de Lyon, 1998.
Ce faisant, l'examen du tableau différencie deux publics
d'usagers.
- L'un est en attente de services éducatifs à la
famille (caractérisés par l'offre de modes de garde) et
d'activités relevant de la sphère des
- loisirs. Le financement est dit de «droit commun»,
parce qu'institué dans des cadres contractuels, normatifs et nationaux,
complété largement par la participation financière des
usagers.
- L'autre subit une situation de vie (précarité
sociale) qui nécessite la mise en place d'action de socialisation, dans
le cadre des dispositifs relevant de la politique de la ville. Le financement
est organisé et évalué localement et diversifié,
par ses sources et par ses formes1. Il est quasi-exclusivement
public.
En somme, la dualité des ressources associatives et
publiques et son corollaire, l'effet d'hybridation, opère comme un
levier social. Il révèle ainsi que l'association est en
adéquation avec la mission première d'un centre social :
être ouvert à l'ensemble de la population tout en étant
particulièrement attentif à celle qui est le plus en
difficulté.
Aussi, c'est bien cette valeur riche de lien social qui sous-tend
la nécessité d'identifier l'action des bénévoles
comme une ressource inséparable de cette mission.
2 - La contribution des bénévoles à
l'économie sociale.
Ce qui caractérise cette aptitude à "l'empathie
sociale" sur laquelle se centre le projet des centres sociaux Dolto et
Montaberlet, c'est la proximité quotidienne qui se décline autant
sur le plan socio-économique que dans sa dimension territoriale.
D'ailleurs, la structure de l'association capable de
gérer deux centres sociaux, l'un de ville - DOLTO -, l'autre de quartier
- MONTABERLET -, montre la capacité de celle-ci à s'adapter
à la demande sociale dans deux attitudes spécifiques qui
méritent d'être relevées :
- L'une est la proposition d'une palette de prestations de
services éducatives et de loisirs ;
- L'autre est une démarche de développement
local qui consiste à vivifier le tissu social en s'appuyant sur les
initiatives locales d'habitants, sous leurs formes individuelles et
collectives.
C'est la complémentarité des deux notions -
d'organisateur et de fédérateur - étayées par les
demandes sociales de plus en plus diversifiées des populations
accueillies, qui conduit l'association à gérer une
négociation permanente entre les différentes demandes à
concilier en autant de tensions à réguler. "Mais n'est-ce pas
précisément là, dans cette tension, que peut être
travaillée, avec les acteurs sociaux eux-mêmes, la recherche de
cet équilibre sans cesse remis en question entre la proximité et
la distance. De telle sorte que la proximité ne devienne pas
l'appropriation de l'espace collectif par un groupe [...], quelle que soit la
légitimité de sa demande sociale2" et que la
distinction sociale d'un groupe d'influence n'exerce pas un effet
hégémonique d'exclusion.
1 Annexe 14 - Le dispositif d'animation de
proximité. Tableau de répartition des subventions
affectées 1998 -
2 COLOMBANI Henri, délégué
national à la FCSF - Les centres sociaux... Aujourd'hui et demain ?
- postface de R. DURAND, 1996 - Histoire des centres sociaux... -
op. cit., pp. 242-248.
Tout ceci se vérifie dans la gestion concrète et
courante des centres Dolto et Montaberlet, par la régulation d'ouverture
et d'occupation des locaux aux divers publics, par la répartition
d'exercice des fonctions professionnelles et/ou bénévoles, par la
planification des programmes d'activité pertinents pour les centres et
leur environnement.
Ces « balisages de territoires » posent la question de
la co-reconnaissance et de la
coconsidération des différents groupes sociaux
usagers des centres sociaux.
La fragmentation sociale et l'éclatement familial
brouillent les repères et obligent l'organisation associative à
imaginer des modes de régulation, dès l'accueil des
habitants1, afin d'opérer une distinction permettant de
prendre en compte les différentes typologies d'usagers2.
Ces modes sont aussi utilisés pour accueillir les
bénévoles et sélectionner les administrateurs et les
membres du comité d'animation3.
En effet, l'engagement collectif associatif n'a cessé
de se développer dans la société. Toutefois, toutes les
analyses convergent pour indiquer que les associations d'importance nationale
les plus militantes ont, dans les vingt dernières années,
enregistré une baisse significative de leur taux
d'adhésion4.
Il s'avère, pour les centres sociaux, tel que
l'énonce un rapport sur leur devenir5, que les
bénévoles "s'engagent sur un projet précis et bien
circonscrit dans lequel ils choisissent de s'investir en fonction de leurs
capacités ; ils y recherchent une efficacité
directe6." Cette dimension de choix raisonné se retrouve
dans la procédure d'accueil du bénévole de
DoltoMontaberlet.7
D'ailleurs, ce processus d'accompagnement du nouveau
bénévole intègre la notion de plaisir afin de
préserver la part de liberté et de choix
délibéré ; comme le cite l'étude : "Ils
prennent garde à ne pas être «militants à temps
plein»8."
1 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative ! -
Rapport d'activité, extrait du document
d'Assemblée générale 1998, présentant
les modalités d'accueil des habitants et des nouveaux
bénévoles, et les procédures de sélection et
d'implication des administrateurs usagers, pp. 10-11.
2 Etude - production sur l'accueil au centre social
Françoise Dolto à Décines, Septembre 1996, ADRETS, 30
pages. Le diagnostic distingue : l'habitué - le passager - le
nouveau.
3 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative.
- pp.12-24.
4 B. HALBA et M. LE NET , 1997 - op. cit., pp.
50-53.
5 A. FOUREST, juin 1998, doc. cit., 57 pages.
6 Ibid, pp. 13-14.
7 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative
- pp. 12-14.
8 A. FOUREST , 1998- L'avenir des centres
sociaux - doc. cit., p 19.
Voir aussi l'analyse que nous avons développée sur
les différents types de bénévolats instaurés dans
les centres sociaux Dolto et Montaberlet, in Y. KONATE, 19991, doc.
cit., pp. 36-59.
TABLEAU 9 : La répartition des contributions
bénévoles de l'association de gestion (1998).
- peinture sur soie
- tricot crochet - usagers
Les activités de loisirs : - chiffres et lettres
- scrabble
- bridge
|
5
|
- bourse aux vêtements
Les activités d'échanges : - bric à brac
- troc loisirs
|
26
|
- entraide et scolarité
Les activités d'entraides: - écrivain public
- paroles et histoires
- accueil de personnes très âgées, le
«bouton d'or»
|
19
|
- conseil d'animation
Les activités de gestion :
- comité d'animation
|
53
|
BENEVOLES
|
DISTINCTS : 75 - CUMULES : 103
|
De fait, les 75 bénévoles recensés, en 1998,
multiplient leur contribution par 1,4 à travers les 14 actions
proposées et ceci, au gré de leurs intérêts et de
leurs choix.
Contrairement aux périodes de fort militantisme, et
à leurs prédécesseurs à l'engagement plus partisan,
qui utilisaient le mode d'organisation institutionnel de l'association comme un
dispositif de pouvoir, le rapport note que le "fonctionnement traditionnel
du mouvement associatif (président, conseil d'administration,
débats et délibérations, gestion
associative...)1" est utilisé comme une boite à
outils, dans le but de disposer de moyens pour être efficaces.
Il peut se révéler que ces
bénévoles dans leur quête de sens, et à la recherche
d'une pratique conforme à leur éthique, développent, en
fait, avec leur engagement, un projet personnel qu'ils inscrivent plus ou moins
dans le projet de l'association qui les accueille2.
En cela, la légitimité du fonctionnement
démocratique de l'association de gestion n'est pas suffisante. Il
semble, comme le soulignent les acteurs municipaux, que la reconnaissance des
bénévoles comme partenaires dans le champ des politiques d'action
sociale passe par une compétence éprouvée dans la gestion
de l'équipement et l'animation quotidienne de voisinage3.
Somme toute, le cadre formel associatif apparaît comme
suffisamment souple et malléable pour s'adapter mais est insuffisant en
lui-même - n'étant qu'un outil - s'il n'est pas appuyé sur
une démarche de formation permanente au tissage du lien social.
Inversement, le processus d'apprentissage prend sens à partir du mode
d'organisation institutionnel associatif4.
1 A. FOUREST, 1998, ibid., p. 16.
2 P. LYET - L'organisation du
bénévolat, un défi pour les acteurs du champ social
in La revue MAUSS, n°11, 1998, art. cit., p. 292.
3 COULON Pascal, 1997 - Le politique, le citoyen,
le militant et le professionnel - Informations sociales, sociales,
n°61, CNAF, pp. 76-8 1.
4 J.L. LAVILLE, 1997 - "L'association : une
liberté proposée à la démocratie" in Sociologie
de
Il est à remarquer, "qu'en deçà d'un
certain niveau de revenus, il n'y a plus de
bénévolat1". Sans un revenu minimum, il est
difficile d'avoir une vision collective. Si bien que l'accès à la
vie associative peut s'avérer socialement discriminante.
Il importe, donc, de diversifier le modèle de
participation associative en acceptant le nomadisme et l'engagement à
géométrie variable, en bâtissant du collectif à
partir de la diversité des apports individuels2. Aussi, les
contributions bénévoles ponctuelles d'habitants «non
programmés socioculturellement3» pour faire du
bénévolat permanent, se révèlent essentielles
à la qualité de coopération de l'association ; il s'agit
de fabriquer un concensus sur un projet de vie en commun. Les
bénévoles réguliers sont issus majoritairement des
«classes moyennes inférieures» (30% de cadres, 40% de
professions intermédiaires, 25% d'employés, 5% d'ouvriers ;
l'origine professionnelle des retraités étant comprise).
Toutefois par leur lieu d'habitation, ils couvrent la totalité du
territoire de Décines ; les quartiers classés en contrat de ville
ayant une représentation de l'ordre de 20%. De plus, si l'on prend le
critère d'origine ethnique, les permanents comprennent 6% de
bénévoles d'origine étrangère (d'ailleurs partie
prenante des instances institutionnelles), et si l'on rajoute les occasionnels,
le taux de 14% de population étrangère recensée sur la
ville en 1990, est alors largement dépassé. Manifestement,
l'association est en adéquation avec la représentation
sociologique de la ville de Décines.
Une des richesses de la vie associative est d'arriver à
des prises de décision qui ne soient pas fondées sur
l'automatisme du fait majoritaire, donc sur la soumission d'une minorité
sur une majorité, mais sur un processus, parfois
sophistiqué4, de recherche, de valeur et de projet commun,
qui requiert l'accord de tous. Ce travail de pédagogie, lent et
quelquefois laborieux, peut être considéré comme un
critère de fonctionnement associatif démocratique produisant de
la citoyenneté en continue5.
De la sorte, on peut considérer que les observations de
nos interlocuteurs municipaux qui, chacun à leur manière, mettent
l'accent sur la nature «impénétrable» de l'engagement
institutionnel de l'association des deux centres sociaux, sont non seulement
réelles mais se justifient par l'essence associative «Centre
social» qui tend à promouvoir la participation des habitants sous
toutes ses formes.
Il s'ensuit que celle-ci est, en outre, favorisée par le
concours des professionnels, comme complément indispensable à la
qualification de la mission du centre social.
l'association, op. cit., pp. 72-73.
1 WORMS Jean-Pierre, 1996 - Se former, pour une
démocratie participative et une citoyenneté active -
OUVERTURES, la revue des centres sociaux, septembre n°4, p. 15.
2 Ibid, p. 11.
3 Chaque projet fortuit donne l'opportunité
d'intégrer des habitants-bénévoles occasionnels à
la conception et à la réhabilitation de l'environnement
social.
4 Voir à ce propos le montage institutionnel de
l'association de gestion des centres sociaux Dolto- Montaberlet, Annexe 1 -
Structuration institutionnelle, hiérarchique et pédagogique
-
5 J.P. WORMS, 1996 - Se former, pour une
démocratie participative et une citoyenneté active - art.
cit., p. 12.
J.L. LAVILLE, 1997 - "L'association : une liberté
proposée à la démocratie" in Sociologie de l'association,
op. cit., p. 57.
3 - L'apport des salariés à la
cohésion sociale.
L'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet
peut être considérée comme une petite PME associative, au
regard de l'effectif annuel salarié en 19991.
Cependant, l'écart entre ce nombre de salariés
annuels - 99 - et le volume d'équivalents temps plein - 38 - , indique
une répartition salariale composée en partie de temps
partiels.
Nombre de salariés (mai 2000)
|
Temps plein : 152 h
|
Ð 76 h à 152 h Ó
|
76 h Ó
|
59
|
28
|
12
|
19
|
|
48%
|
20%
|
32%
|
TABLEAU 10 : La proportion du temps de travail
mensuel dans l'association de gestion.
De plus, les salariés se répartissent en deux
catégories :
- d'une part, ceux qui sont assimilés à des
permanents, par la durée de leur temps de travail d'au moins un mi-temps
et par la nature de leur contrat de travail qui leur assure une
stabilité minimale d'au moins une année.
- d'autre part, ceux que l'on appelle «vacataires» et
qui interviennent de manière extrêmement partielle dans le cadre
d'activités saisonnières.
C'est pourquoi, la durée et les temps de contrats de
travail sont aussi divers.
(a) Contrat à durée indéterminée.
(b) Contrat à durée déterminée.
(c) Contrat emploi solidarité, contrat emploi
consolidé, contrat emploi jeunes.
CONTRATS DE TRAVAIL
|
CDI(a)
|
CDD(b) de 5 ans
|
CDD de 1 an
|
CDD moins de 1 an
|
TOTAL
|
|
34
|
12
|
4
|
9
|
59
|
de droit commun
|
31
|
0
|
1
|
9
|
41
|
d'insertion(c)
|
3
|
12
|
3
|
0
|
18
|
TABLEAU 11 : La durée des différents
types de contrats de travail de l'association (mai 2000).
L'ensemble de ces éléments nous amène
à faire le constat d'une structure salariale diversifiée
qui s'explique par la nature de la «production», à savoir :
fabriquer du lien social sur des plages
1 Nous avions fait apparaître que les deux
centres sociaux étaient le premier employeur associatif de la ville de
Décines in Y. KONATE, 19991, doc. cit., p. 46.
horaires de large amplitude qui commencent tôt le matin,
qui finissent tard le soir, et ceci toute l'année1. Cette
souplesse s'est concrètement révélée lors de
l'élaboration sur l'accord sur l'aménagement de la
réduction du temps de travail (ARTT)2. Elle s'est traduite
par la spécification de trois bases d'organisation du temps de travail
:
- celui, classique, du planning hebdomadaire ou bi-mensuel, pour
les
fonctions administratives et logistiques ;
- des horaires modulés avec des semaines hautes et des
semaines basses, pour les salariés ayant des modifications d'amplitudes
horaires en fonction des périodes (en particulier de vacances) ;
- un planning horaire supérieur à 35h, pour
l'encadrement mais avec des jours de repos (JRTT) compensatoires dans
l'année.
De plus, cet accord a été complété
par un accord interne d'entreprise, pour prendre en compte les
particularités d'organisation propres à chaque secteur.
Une lecture simplificatrice pourrait laisser à penser que
l'association de gestion est la parfaite illustration
«libérale» de la précarité de l'atomisation et
de la flexibilité.
D'autant que la moitié de l'effectif a moins de trois
ans d'ancienneté (la quasi-totalité en contrat d'insertion).
Pourtant, en poussant l'analyse, l'ancienneté moyenne indique
près de sept années3. De la sorte, à l'instar
de cet indicateur, l'association se manifeste en tant que créateur
d'emplois sans que cette fonction soit une fin en soi. "Elle est
englobée dans une démarche plus générale
grâce à laquelle l'activité économique est ré
encastrée dans des structures porteuses de sens où le sujet
s'inscrit dans des collectifs concrets4." Cette fonction est
assurée en structurant des activités dans un cadre commun qui,
seul, peut garantir la qualité des prestations et des
emplois5, comme la pérennité de l'implication
auprès des bénévoles et des usagers.
De cette manière, la contribution apportée par
l'association dans les dispositifs de politiques actives de
l'emploi6 participe aussi bien au traitement social du chômage
qu'à la finalité d'utilité sociale de la mission de
l'association7.
Ainsi, se fait jour, pour l'association de gestion, une
capacité à traduire les mutations sociales et les contraintes
économiques, l'amenant à faire évoluer son «appareil
de production». Ce faisant, elle prend en compte la diversification des
ressources financières et humaines en l'intégrant dans la gestion
de son projet associatif.
En externe, ce cheminement a conduit à la production
d'une étude prospective en matière d'emploi et de formation -
"pour faire face aux mutations" - élaborée par la
délégation à la formation professionnelle et la branche
professionnelle des centres sociaux8. De plus, un projet de
reclassification des emplois par cette même branche, le syndicat
d'employeurs des centres sociaux (SNAECSO)9 a été mise
en oeuvre. Celui-ci doit prendre en compte l'adaptation au
1 Les premières activités
régulières commencent à 7h du matin, les dernières
se terminent à 21h. L'association développe, en permanence, des
actions six jours sur sept et cinquante deux semaines par an. Ceci, sans
compter les nombreux séjours extérieurs et les manifestations de
weekend.
2 L'accord ARTT à pris effet au 1er
mai 2000.
3 Annexe 15 - L'ancienneté des
salariés -
4 J.L. LAVILLE - Associations et activités
économiques : l'exemple des services de proximité in La
revue du MAUSS, n° 11, 1998, art. cit. p. 196.
5 Ibid.
6 En 1999, le montant des aides à l'emploi a
été de 1 095 367F, pour une masse salariale
décaissée de 5 565 444F
7 J.L. LAVILLE, la revue MAUSS, n°11, 1998, art.
cit., p. 201.
8 Synthèse perspective formation emploi, 1995 -
Centres sociaux. Foyers de jeunes travailleurs -
Délégation à la formation professionnelle, 34
pages.
9 Une nouvelle classification pour les centres sociaux
et les associations de développement social
poste de travail, l'acquisition et le développement des
compétences et la gestion des carrières, en incluant des
critères spécifiques aux emplois du secteur relatif à la
finalité de l'association et à la dimension relationnelle.
En interne, l'association transcrit cette démarche en
intervenant dans la formation permanente par un volume financier
important1, allant largement au-delà de son obligation
légale et conventionnelle. Elle l'affirme par sa capacité et sa
volonté à trouver des sources de financement
complémentaires.
l'obligation légale
62 000F
TABLEAU 12 : Le financement de la formation
professionnelle continue de l'association de gestion en 1999.
l'obligation conventionnelle
90 000F
le montant réalisé
153 000F
dont financements complémentaires
56 000F
La capacité et la souplesse de l'appareillage associatif
centre social à imbriquer des ressources de différentes natures
montre ainsi sa spécificité.
Néanmoins, cet entre-deux socio-économique
associatif, dans sa recherche permanente d'équilibre, exige de la
direction associative une circonspection constante sur ce que contient de
dépendance et de contrainte l'alliage de ressources de genres et de
natures diverses.
4 - Des chantiers à développer et à
mettre en oeuvre.
A - Un chantier à mettre en oeuvre : des moyens de
gestion adaptés.
L'association de gestion s'est développée de
manière constante et son budget a crû de manière continue,
en corrélation à l'évolution des besoins sociaux
illustrés par la montée des phénomènes de
déséquilibres urbains.
Cette croissance se traduit par des sources financières
émergeantes à la politique de la ville qui demande à
être ajustées, comme ressources variables, à la structure
budgétaire de l'association. En effet, complétant les prestations
de service pluriannuelles d'«animations globales» et
d'«animation collective famille» assurées par la CNAF, "la
diversité, la complexité et le caractère aléatoire
des autres sources de financement rendent particulièrement ardue, une
gestion prévisionnelle à moyen terme correspondant au rythme du
«projet social»2."
Sans aller jusqu'à constituer un comité
départemental de financeurs, regroupant les partenaires
institutionnels3, qui enfermerait la dynamique de proximité
dans une logique technocraticopolitique, il s'agit plutôt de rechercher
une méthode adaptée à la réalité du
fonctionnement de terrain et au projet associatif centre social.
local - juin 1998, SNAECSO, 16 pages.
1 Nous traiterons la dimension professionnelle de la
formation dans le troisième chapitre de cette partie.
2 Quels centres sociaux demain ? 2000, doc.
cit., pp. 30-31.
3 Comme le conseille Alain FOUREST in L'avenir des
centres sociaux, juin 1998, doc. cit., p. 51.
"Cela passe, à n 'en pas douter, par une
clarification du rôle de chacun des partenaires1" qui
pourrait être explicité dans le prochain projet de l'association
soumis à l'agrément pluriannuel de la CAF de Lyon2. De
la sorte, tous les financeurs institutionnels seraient associés, en
amont, à l'élaboration de celui-ci et pourraient intervenir et se
positionner politiquement et financièrement, quant à ses
conclusions.
Cette méthode pourrait conduire à la
systématisation de relations contractuelles, calquées sur la
durée du projet et permettrait de réduire le caractère
incertain des financements3. Incontestablement, le groupe de suivi
qui doit être mis en place lors du prochain projet, devra
opérationnaliser et planifier cette question
«existentielle».
B - Un chantier à développer : des
démarches de groupe-projet.
Pour reprendre le thème précédent, ce
n'est pas seulement être assuré d'avoir un financement
régulier et conséquent qui compte ; mais c'est aussi la forme que
prennent la discussion et la négociation de ce financement. Et plus
encore, la manière dont l'association et ses représentants - les
administrateurs - sont partie prenante de cette architecture.
De la même façon, ce n'est pas la mise en place
d'une halte-garderie qui est le plus révélateur du savoir-faire
d'un centre social ; c'est sa capacité à analyser la
véracité des besoins et à les transformer en mobilisation
humaine autour d'un projet (par exemple,une halte-garderie, dont la plus-value
sociale est sa dimension parentale)4.
De toute évidence, la justification du projet
associatif conduit à dépasser la simple (bonne) gestion de
service et d'activité et doit tendre à favoriser, à tous
propos, les formes d'autoorganisation5, sachant que la structure
associative « Centre social » garantit, quant à elle,
l'inscription de la démarche dans un processus collectif
démocratique6.
C - Un chantier à mettre en oeuvre : un dispositif
d'accueil et d'accompagnement des nouveaux salariés.
Le cheminement d'insertion professionnelle ne peut pas se faire
sous le simple sceau de la solidarité et de la bonne volonté.
Qu'il s'agisse de jeunes salariés sans
expérience professionnelle, ou bien de demandeurs d'emploi longue
durée fragilisés par la rupture du lien salarial7,
(re)-découvrant le monde du travail et ses contraintes, se confrontant
aux règles de l'entreprise (même) associative, l'arrivée en
situation de travail ne se fait pas sans difficulté. Un guide d'accueil
du professionnel8 apparaît apparaît assurément
l'outil élémentaire de base sur lequel appuyer la démarche
d'accueil. Toutefois, il semble qu'un accompagnement humain, sous forme de
tutorat, pourrait répondre
1 Quels centres sociaux demains ? 2000, doc.
cit., p. 31.
2 L'agrément actuel des deux centres sociaux
est valide du 1e juillet 1997 au 30 juin 2002.
3 "Par ailleurs, compte-tenu des conditions
habituelles de versement de ces subventions, la question de la
trésorerie demeure un problème récurrent", cette
procédure pourrait répondre à cette difficulté in
Quels centres sociaux demain ? 2000, doc. cit., p. 31.
4 Annexe 16 - Le projet de halte garderie
parentale du centre social Montaberlet - qui décrit la mobilisation
d'habitants autour du diagnostic et de l'élaboration du projet.
5 Sans revenir sur l'architecture institutionnelle -
Annexe 1 - Treize groupes-projets existent en mai 2000 : (halte garderie
parentale, groupe de femmes, bric à brac, bourse aux vêtements,
bourse aux jouets, soutien scolaire, écrivain public, collecte d'objets,
sensibilisation à la lecture et quatre groupes d'activités de
loisirs). Des attentes se font jour du côté du soutien à la
fonction parentale et de rencontres récréatives de personnes
âgées.
6 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique -
7 LEVET Jean-Louis, 1999 - Sept leçons
d'économie à l'usage du citoyen - Paris, Editions du Seuil,
pp. 64-71.
8 Un projet est bien avancé, un plan
détaillé a été élaboré à
partir de la contribution des ex-nouveaux professionnels. Il reste à le
rédiger et à le tester. Il sera réactualisé
annuellement.
efficacement à la confusion, parfois constatée,
de nouveaux collègues. D'autant que ce lien, analysé
collectivement avec respect, pourrait être source de communications
réciproques et permettrait d'affiner la méthodologie
d'accueil.
En somme, cette organisation associative qui a la
capacité de mixer, en les valorisant, des ressources diversifiées
dans leur genre ( humaines et matérielles) et dans leur nature
(privées ou publiques) manifeste, en cela, sa particularité.
Cependant, elle n'en est pas moins soumise aux contraintes politiques,
administratives et pédagogiques dont dépend son existence, comme
le souligne Philippe LYET : "Dans une dynamique sociale qui se complexifie
et où les interdépendances sont le lot quotidien,
l'«efficacité» des actions qui ne s'inscrit pas dans une
logique d'articulation avec les différents acteurs en place est
d'emblée réduite1."
C'est cette question que nous allons aborder dans la suite.
1 P. LYET - L'organisation du
bénévolat, un défi pour les acteurs du champ social
in la revue de MAUSS, n°11, 1998, art. cit., p. 292.
- CHAPITRE 2 - NI INDEPENDANT, NI
ASSUJETTI, L'ENTRE-DEUX DE L'ACTEUR ASSOCIATIF.
Productrice de liens sociaux, l'association de gestion
développe sa propre perception de la demande sociale. Néanmoins,
son action prend corps conjointement à la commande publique. Ce faisant,
elle se confronte à la faible lisibilité de celle-ci. "La
complexification des problèmes sociaux, les changements de nature de la
demande exprimée par les bénéficiaires et le nouvel
impératif de coopération des acteurs n'ont pas reçu
d'écho au niveau de la définition de la commande
publique1." En effet, ce qui émerge de la critique du
Conseil économique et social (CES), c'est la sédimentation et la
complexité des dispositifs. Notamment, la commande publique
exprimée n'est pas déterminée par des "objectifs qui
s'appuient encore suffisamment sur des outils de diagnostic et sur des
démarches globales de long terme2."
Il importe alors, que la mission d'utilité sociale,
apparentée à une «mission de service public», ne se
transforme pas dans le contexte de la décentralisation, en une simple
subdivision de l'échelon de pouvoir politico-administratif. Pour cela,
il convient de mettre l'accent sur l'importance à accorder à un
espace de concertation neutre ; «neutre» en ce sens que les
partenaires s'y rencontrent à égalité. Ainsi, tout en
maintenant le partenaire municipal dans son rôle de décideur de la
politique locale, cet espace d'intermédiation que pourrait symboliser le
comité de pilotage3 représente la possibilité -
jamais assurée de sa pérennité - de contractualiser une
concertation symétriquement contraignante4.
1 - Un diagnostic à débattre en commun.
En tant que jugement porté sur un
phénomène et ses causes, le diagnostic fixe un choix
thérapeutique5 déterminant, qui nécessite, dans
l'action sociale, qu'il soit partagé pour être pertinent. Cette
démarche volontaire de coopération conduit à une
clarification des objectifs et des missions, de manière à
préciser les responsabilités de chacun.
La charte des centres sociaux6 et le projet du
centre social soumis à l'agrément7 de la CAF
apparaissent alors pour l'association de gestion comme des fondamentaux
permettant d'encadrer les conditions d'élaboration partenariale du
projet. Ce faisant, au-delà de l'assurance des moyens financiers, qui
fait l'objet du chapitre précédent, il importe de tenir compte de
la
1 Avis du Conseil économique et social (CES)
adopté le 24 mai 2000 et intitulé - Mutation de la
société et travail social in ASH du 26 mai 2000, N°
2168, p. 6.
2 Ibid.
3 Jalon 10 - Le comité de pilotage
mairie-association de gestion -
4 VINCENT Gilbert - Les associations du travail
social, acteurs politiques - in la revue MAUSS, n° 11, 1998, op.
cit., pp. 305-306.
5 M. GRAWITZ, 1991, article « Diagnostic »,
op. cit., p. 117.
6 Annexe3 - Le projet de charte
fédérale de la fédération nationale des centres
sociaux -
7 Jalon 5 - Historique de l'agrément
-
spécificité du contexte local et du point de vue
des acteurs, afin que les partenaires et financeurs participant à la
définition du projet, fassent valoir leurs propres priorités
pour, ainsi, s'ajuster à la réalité
territoriale1. Cette contractualisation "idéale", qui conduit
à modifier son interprétation de la situation, en amenant les
acteurs à agencer leurs logiques d'analyse, pour se doter d'une
compétence d'intervention partagée et appropriée aux
besoins mis en évidence2, n'est opératoire que si la
notion de «participation des habitants» s'inscrit dans les textes,
non comme une clause de style énoncée, mais comme un
rééquilibrage des pouvoirs entre les différents acteurs,
au profit des habitants. Sans que cela s'entende comme une méfiance
envers les institutions et, en particulier les élus, il s'agit de
trouver, par la construction collective, un juste terme entre des
intérêts et des enjeux qui ne sont ni de même nature, ni de
même ampleur3.
Ainsi, cette démarche commune de diagnostic ne prend
sens que dans la compréhension et la reconnaissance de
rationalités distinctes et légitimes, fondées sur la
conviction que les personnes, y compris les plus en difficulté, peuvent
être acteurs de transformations sociales. Evidemment, ce partenariat
n'exclut pas les tensions, suscite d'inévitables résistances et
oblige ainsi l'association « Centre social » à se
légitimer en tant que porteur de projet traduisant, à travers
celui-ci, les préoccupations de différents acteurs, de
manière à (dé)montrer à chacun
l'intérêt qu'il peut trouver à s'inscrire dans la
démarche.
En somme, ce processus, fondé sur la
compréhension des logiques d'intérêts respectifs,
s'appuyant sur la négociation et le dialogue, demande un investissement
lourd en temps, en élaboration d'outils, en méthodes et en
moyens, qui semble pourtant nécessaire à l'appropriation du
pouvoir partagé. On peut penser que les nouveaux dispositifs de gestion
(de co-production d'action publique) initiés par la politique de la
ville4 participent à cette régulation. Dans le
même même processus, la mise sur pied par la municipalité
dune administration de mission (DSU), parallèlement aux administrations
de gestion classique (CCAS) facilitent cette négociation. En effet,
cette nouvelle approche opératoire dissout, pour une large part, les
structurations institutionnelles, selon les logiques hiérarchiques et
statutaires ; elle privilégie, par conséquent, l'appartenance des
acteurs à des réseaux et à leur capacité à
jouer la médiation entre ces derniers5. Toutefois, cette
dynamique positive trouve ses limites par la place prépondérante
prise prise par les professionnels des divers organismes, faisant
apparaître en cela, le rôle institutionnel des techniciens. Ceux-ci
ont, en effet, une fonction de relais6 et d'agents, porteurs
d'intérêts propres à leur pôle de
référence institutionnel. Ces intérêts se
révélent aussi quelquefois dissemblables, parce que soumis
à des logiques de politique interne à leur structure de
rattachement, quand elles ne sont pas sous-tendues par des modes
différents d'intervention sociale.
Ce qui nous intéresse ici, c'est de mettre à
jour la difficulté qu'ont les professionnels à ne pas s'octroyer
les processus de contractualisation aux dépens des élus
municipaux et associatifs, et donc des habitants.
C'est pourquoi, pour se protéger de cette
déviance, le projet associatif, en référence à la
charte des centres sociaux, "s'oppose à la dérive d'un
équipement qui répondrait automatiquement à toutes les
sollicitations sans renvoi à un plan établi7."
Encore faut-il que la
1 A. FOUREST, 1998, doc. cit., pp. 49-50.
2 BOULTE Patrick, 1993 - Du dignostic aux
remèdes - Sciences Humaines, Juillet, n° 30, pp. 28-3 0.
3 A. FOUREST, 1998, doc. cit., pp. 50-5 1.
4 Schéma 2 - Les dispositifs locaux dont
est partie prenante l'association de gestion -
5 VALARIE Pierre, 1997 - Décentralisation
et contractualisation - Informations sociales, caisse
nationale des allocations familiales, n° 61, p. 19.
6 Cette fonction médiatrice de relais
partagé par les professionnels de l'association fera l'objet de la
discussion de notre dernier chapitre.
7 LADOUS Denis, avril 2000 - Le projet, question
de sens - Vitalités : lettre d'information trimestrielle
mise en oeuvre de ce plan d'action concerté soit :
"contrôlé, mesuré dans son exécution,
évalué dans ce qu'il produit, à travers des
procédures et des procédés discutés, et ce, afin de
garantir le sérieux et la pertinence de l'action1."
2 - Des procédures et des processus à
discuter.
Au-delà des règles et formalités qui
doivent être accomplies pour parvenir à un aboutissement, les
procédures s'intègrent à des processus qui s'apparentent
à "une évolution complexe, impliquant une coordination de
causes et d'effets [...J2."
En ce sens, l'ensemble de l'association de gestion est
formalisé par des instances repérables3, qui
fonctionnent (les registres des comptes-rendus permettent d'en retracer
l'histoire) et qui s'inscrivent dans le projet de l'association4.
Comme nous l'indiquons plus haut, le processus de renouvellement du prochain
projet des centres peut être l'occasion de consolider une démarche
coopérative entre les bénévoles et les professionnels, en
associant les partenaires institutionnels et financiers, et, en premier lieu,
la commune, à co-élaborer le projet «centre social».
En effet, tout l'intérêt de cette construction
partagée est de concevoir une forme inversée du cahier des
charges qui, contrairement à celui-ci, n'est pas une prescription
institutionnelle mais plutôt une co-production pédagogique et
financière qui oblige à se mettre d'accord sur un scénario
projectif , qui justifie l'utilisation adéquate des fonds publics
requis.
Encore faut-il mettre à jour les phases de la
démarche pour en pointer les exigences communes mais aussi les
limites.
- La définition et l'organisation d'un projet
nécessitent, comme nous le soulignions dans le chapitre
précédent, de clarifier les rôles et les
responsabilités de chacun, au risque de le rendre inopérant. En
formulant, par écrit, les objectifs, les moyens et les méthodes,
cette dérive peut-être contenue.
- De même, la capitalisation d'expérience est,
non seulement, l'existant mis en perspective mais est aussi la
thésaurisation d'une pratique, qu'il s'agit d'évaluer sous toutes
ses dimensions (économique, organisationnelle, humaine...) ,afin de
mettre en valeur l'intérêt d'un savoir-faire accumulé.
Cependant, ce qui va déterminer les conditions de mise
en oeuvre du projet, c'est la méthode du suivi, jalonnée par des
indicateurs et des informations suffisantes et pertinentes. De fait, veiller
sur un déroulement approprié suppose que le projet,
bénéficiant de la caution de la puissance publique et de son
soutien, soit examiné avec le maximum de transparence5.
C'est pourquoi, le comité de pilotage6
s'avère être l'instance de concertation où est réuni
l'ensemble des acteurs-décideurs professionnels, communaux et
associatifs, où il peut se manifester, sous l'autorité du
suffrage universel, un ajustement démocratique propice à
"l'affirmation d'une co-citoyenneté active et
diffusive7."
de la fédération des centres sociaux du
Rhône, p. 1.
1 Ibid.
2 M. GRAWITZ, 1991, article «Processus»,op.
cit., p. 314.
3 Annexe 1 - Structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique -
4 Projet d'agrément 1997-2002,
novembre 1996, doc. cit.
5 VINCENT G., la revue MAUSS, n° 11, 1998, art.
cit., p. 304.
6 Jalon 10 - Le comité de pilotage
mairie-association de gestion -
7 VINCENT G., la revue MAUSS, n° 11, 1998, art.
cit., p. 305.
Le responsable du DSU et le directeur du CCAS ne semblent pas
adhérer à ce mode de concertation ; l'un met en avant la
complexité de l'action sociale, qui ne permet pas à de simples
élus, et encore moins associatifs, d'être en capacité de
prendre la pleine mesure de la diversité des enjeux ; l'autre
complète, en mettant l'accent sur les manipulations auxquelles peuvent
être soumis, dans cette «réalisation directe», les
élus municipaux et, en particulier, le maire. Ces remarques ont toutes
leur valeur si on les resitue dans le positionnement de la hiérarchie
technique municipale qui peut se sentir «court-circuitée» dans
ses attributions. Ce en quoi, cette conception contredit le cheminement de la
vie associative et de la citoyenneté et conduit à transformer les
associations en de simples opérateurs de politiques publiques.
Ce faisant, l'action sociale est consommatrice de temps, le
temps de «nouer du lien social» pour l'habitant, l'usager,
l'administrateur, bref le citoyen, qui en a besoin pour comprendre, participer,
s'impliquer. Ainsi, un engagement partenarial pluriannuel est plus que
nécessaire pour sécuriser la mission associative,
crédibiliser l'action de "service public" et, ainsi, justifier le centre
social comme centre d'investissement citoyen.
Cette durée s'exprime méthodologiquement dans la
manière d'élaborer, de mettre en oeuvre et d'évaluer le
projet. De la sorte, le mode de pilotage légitime le conseil
d'administration et ses bénévoles, dans sa capacité
à analyser et à définir la politique de l'association.
3 - Des chantiers à développer et à
mettre en oeuvre.
Trois chantiers à mettre en oeuvre :
A - Un centre documentaire et d'analyse.
L'association est destinataire d'une importante documentation
sociale, juridique, économique, etc. Celle-ci n'est pas mise en valeur
suffisamment pour en faire profiter pleinement les divers utilisateurs de
l'association. Il conviendrait, par l'intermédiaire d'un stagiaire
documentaliste, de mettre en forme un dispositif de mise à disposition
simple et accessible.
De la même manière, l'association est productrice
de nombreux rapports, de comptes- rendus, de dossiers, à destination
interne et externe, qui mériteraient d'être traités et
conservés pour retracer l'élaboration de la pensée
collective de l'association.
Ce travail d'archivage pourrait être, à terme,
l'opportunité d'envisager l'embauche d'un documentaliste par un
groupement d'employeurs centres sociaux.
B - La codification d'instruments
d'évaluation.
L'évaluation, dans le travail social, doit pouvoir
mesurer la quantité mais, aussi, la qualité ; encore faut-il
clarifier cette notion qui est "trop souvent perçue comme un
instrument partiel et partial, à seule visée de réduction
des coûts1."
Les instruments d'évaluation ont à satisfaire des
qualités de fiabilité, de pertinence, de
clarté et de précision mais, aussi,
d'adaptabilité à la mutation des enjeux sociaux.
Ceux qui existent au sein de l'association, sont
sectorisés et ne permettent pas d'avoir une vue globale alors que, pour
le Conseil économique et social (CES), "l'évaluation est un
tout qui doit porter sur l'ensemble de l'action sociale : les objectifs
poursuivis, les politiques définies, les moyens de leur mise en oeuvre,
les procédures institutionnelles,
1 Avis du Conseil économique et social in I.
SARAZIN, mai 2000, Actualités Sociales Hebdomadaires , n°2168, art.
cit., p.6.
les résultats, l'action de l'équipe de
travailleurs sociaux dans son environnement
stratégique1."
Le traitement des données doit donc continuer à
se faire par secteur mais, en plus, l'agrégation de celles-ci doit
permettre d'en dégager une analyse transversale territoriale. En outre,
l'acquisition d'un logiciel d'adhésion adapté aux centres sociaux
contribuera à affiner le profil socio-économique des usagers des
deux centres sociaux.
Cette pratique d'évaluation est à intégrer
comme outil d'action professionnelle et comme paramètre de
stratégie partenariale.
Ce faisant, c'est bien l'exploitation de cette information qui
participe à construire une approche commune, aussi bien en interne
à destination des équipes, qu'en externe, comme ressource
partenariale.
C- La clarification des modes de
coordination.
Définir un cadre d'intervention commune passe
également par une meilleure coordination.
L'avis du CES fait apparaître que c'est d'abord la
coordination des décideurs institutionnels qu'il faut renforcer, en
développant la contractualisation par objectif entre les communes et les
départements et en favorisant celle qui existe entre les
collectivités locales, organismes de protection sociale et associations,
ce en stabilisant davantage les outils de programmation
pluriannuels2.
Quant à la coordination d'action de terrain3
elle passe par le développement de la polyvalence, non celle de
professionnels « faisant tout », "devenu impossible, en raison de
la complexité des problèmes sociaux4." ; mais
celles qui inclinent à des démarches de polyvalences
d'équipes issues de différents organismes5.
Ces regroupements de « spécialistes », en
concourrant à une analyse partagée et à un traitement
combiné des questions rencontrées, participent également
à traduire, dans un langage commun, des logiques institutionnelles aux
rationalités distinctes.
Nous allons voir, dans ce dernier chapitre, que les
professionnels des centres sociaux ont, sur ce plan, une posture
spécifique.
1 Ibid., I. SARAZIN, mai 2000, Actualités
Sociales Hebdomadaires, n°2168.
2 Ibid.
3 Annexe 5 qui distingue les différents types
de partenariat - Le partenariat du dispositif d'animation de
proximité -
4 I. SARAZIN, mai 2000, Actualités Sociales
Hebdomadaires, n°2168, art. cit.
5 L'association de gestion coordonne, depuis trois
ans, un «groupe technique» composé de professionnels issus de
divers institutions : mairie (DSU-CCAS), éducation nationale
(enseignants - assistante sociale - rééducateurs), conseil
général (assistantes sociales - puéricultrices -
éducateurs), mission locale, travailleuses familiales; avec ceux de
l'association, près d'une vingtaine de professionnels se
réunissent mensuellement pour traiter des deux quartiers en contrat
ville où interviennent les deux centres sociaux.
- CHAPITRE 3 - NI AMATEUR, NI
SPECIALISTE, L'ENTRE-DEUX DES COMPETENCES DES RESSOURCES HUMAINES
ASSOCIATIVES.
Le développement de l'association « Centre social
» dépend de la mise en intelligence collective de l'ensemble des
membres qui la construisent, autour d'une vision partagée.
C'est pourquoi, le facteur humain interne peut être un
élément limitatif si, d'une part, il n'a pas la capacité
à prendre en charge l'organisation et le mode de fonctionnement
spécifique du centre social associatif et si, d'autre part, il n'est pas
en adéquation avec les stratégies de cohésion sociale de
l'association de gestion. A l'inverse, le facteur humain peut être le
moteur de la stratégie1.
Il s'agit donc de renforcer et de se doter de
compétences humaines, au sein de l'association, afin de pouvoir faire
face aux mutations, à la complexité des problèmes sociaux,
à l'évolution de la demande, à la sophistication des
dispositifs institutionnels, à la nécessité de tenir
compte des coûts de l'action sociale, tout en s'appropriant les valeurs
propres au projet associatif afin d'être en mesure de les mettre en
commun.
1 - Un axe d'adaptation à maintenir, la formation
permanente.
Les exigences du travail social ont changé : "Il y
a 15 ans encore, des politiques sectorielles s'attaquaient à des
handicaps identifiables que l'on pouvait essayer de traiter2."
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de prendre en compte le résiduel ou, au
contraire, de favoriser la promotion sociale des «classes
moyennes»3 ; désormais, la société se
trouve, d'une part, confrontée à une distension du tissu social,
d'autre part soumise à une individualisation de l'intervention sociale.
Les travailleurs sociaux sont constamment rattrapés par la
réalité. Ils doivent s'adapter et, sans cesse, se remettre en
question.
Pour le travailleur social, la reconnaissance de
compétences certifiées doit garantir l'adéquation entre
les objectifs et les moyens mis en oeuvre pour les atteindre, et ce, de
façon d'autant plus impérative que les mutations de la
société le talonnent, l'obligeant à faire preuve de
souplesse, d'inventivité, d'aptitude à opérer des
transferts d'une situation à une autre, bref d'une adaptabilité
constante. De fait, "plus question de corporatisme étroit ni de
défense crispée de son pré carré. Le travail en
réseau implique la capacité à admettre la
compétence de l'autre si l'on ne veut pas voir la sienne propre mal
reconnue4."
1 GIFFARD-BOUVIER Daniel, PLAGNES Philippe, 2000 -
La nouvelle place du facteur humain dans la stratégie - Les
Echos, l'Art de la stratégie, mai, n°9, pp. 8-9.
2 PAILLET Paule, 1996 - Le travail social dans la
tourmente - Actualités Sociales Hebdomadaires, n° 1956, p.
18.
3 Y. KONATE, 19991, doc. cit., pp.24-25.
4 P. PAILLET, Janvier 1996, Actualités Sociales
Hebdomadaires n° 1956, art. cit., p. 12.
Par ailleurs, il est impossible, pour les cadres et les
responsables d'équipements, d'ignorer les contraintes
économiques. Ils doivent être capables de monter des projets
financiers, avec des budgets souvent précaires et tendus, des
cofinancements complexes, d'évaluer des coûts par rapport aux
résultats (sans soumettre le qualitatif à la dictature du
quantitatif !), de s'initier à des logiques d'entreprise de type
managérial, de recruter des collaborateurs qualifiés, sans pour
autant établir une ségrégation entre ceux qui
gèrent et ceux qui «font». A l'interface d'un pouvoir
partagé qui oblige à des anticipations, sans perdre de vue cette
fonction de veille attentive à la souffrance d'autrui, le directeur
agent de relation publique institutionnel, doit en quelque sorte, sans cesse,
réinventer son métier.
L'organisation du champ social, sur la base des diplômes
et certifications initiales, ne fonctionne plus autant
qu'auparavant1. Il est nécessaire de trouver de nouveaux
descripteurs, tenant compte du contenu de l'activité et de l'orientation
de la fonction. Ainsi, on observe la montée de logiques de gestion des
ressources humaines, basées sur des logiques de compétence,
proches de celles du secteur privé à but lucratif.
Ce souci d'adaptation des formations est aussi porté
par le Conseil économique et social qui propose de décloisonner
les filières par l'instauration d'un tronc commun d'apprentissage de
savoirs partagés, de valoriser le travail social avec les groupes, de
rénover les fonctions d'encadrement, de promouvoir les acquis
professionnels et d'ouvrir l'enseignement à l'éthique et à
la déontologie2.
En corrélation, avec la nécessité de la
transversalité, se pose le problème de la qualification et de la
requalification. La première concerne, bien entendu, les fonctions les
plus classiques. "Mais il suffit de lire les offres d'emploi du secteur
pour se convaincre qu'elle doit, le plus souvent, être associée
à des formations complémentaires touchant au droit, à la
gestion, à l'économie, à la politique des quartiers,
etc.3."
L'accompagnement social se diversifie, touche à des
milieux qui requièrent un élargissement des compétences
ordinaires. Le délégué à la formation du
ministère de la Jeunesse et des Sports assure qu'"il s'agit de
restructurer toutes les formations en un ensemble d'unités
capitalisables constantes, à partir de référentiels de
compétences, mais aussi de faire largement appel à
l'alternance4."
Les centres sociaux associatifs promeuvent la
spécificité d'un travail collégial entre professionnels et
bénévoles. C'est ainsi que le SNAECSO ( syndicat d'employeurs de
centres sociaux) privilégie une dynamique de réflexion sur la
formation qui prenne en compte la réalité des deux
acteurs5 :
- d'une part, en initiant, pour les administrateurs, des
formations à la fonction employeur ;
- d'autre part, en diversifiant les parcours de qualification,
pour les professionnels, à travers la formation continue et
l'alternance.
La fédération nationale des centres sociaux dispose
principalement de cinq outils, pour la formation des bénévoles et
des salariés :
- FOSFORA, qui est le fonds mutualisé de formation
dédié aux bénévoles,
1 Programme de recherche pluri-institutionnel qui
comprend sept équipes de recherche ; il est piloté par la MIRE
(mission interministérielle de recherche expérimentale) et
financé par celle-ci, la CNAF, la Caisse des dépôts et
consignation, le Commissariat au plan, la Délégation à
l'insertion des jeunes, la Délégation interministérielle
à la ville, le SESI (service de Statistique du ministère des
affaires sociales) et la Direction de l'action sociale. P. VALARIE, 1997,
Informations sociales n° 61, art. cit., p. 18.
2 I.SARAZIN, mai 2000, Actualités Sociales
Hebdomadaires n° 2168, art. cit., p. 6.
3 P. PAILLET, Janvier 1996, Actualités Sociales
Hebdomadaires n° 1956, art. cit., p. 8.
4 J. VACHON, Janvier 1999, Actualités Sociales
Hebdomadaires n° 2100, art. cit., p. 26.
5 Lettre programme de la convention nationale SNAECSO,
Juin 2000.
- le taux de participation conventionnelle, largement
supérieur au minima légal1, - le compte de groupe
mutualisé,
- l'engagement de développement de la formation (EDDF),
financé par des régions et l'Europe,
- la création, avec le SNAECSO, de l'organisme de
formation AQUA (Association pour la qualification des acteurs du
développement social local).
L'association de gestion des deux centres s'inscrit
complètement dans cette démarche et élabore, annuellement,
dans une perspective pluriannuelle, un plan de formation pour les
bénévoles et les professionnels2.
Cette attention constante à la formation continue des
bénévoles et des professionnels ne doit pas faire oublier que
cette action d'apprentissage, qui implique un engagement personnel, n'est pas
uniquement référencée par des techniques quantitatives et
de sciences sociales mais s'inscrit, aussi, dans des processus de
compréhension et d'initiation
2 - Des synergies apprenantes à cultiver, les
ressources du changement.
L'environnement complexe et instable de l'association est
régulé par des instances de pouvoir, aussi bien internes (Conseil
d'administration, Conseil de direction...) qu'externes (Comité de
pilotage, Cellule locale ville, vie, vacances, etc.), plus ou moins
hétérogènes dans leurs compositions (élus
municipaux, élus associatifs, techniciens municipaux, professionnels des
centres sociaux, professionnels d'autres structures, représentants
d'administrations, etc.) ; tout ceci démultiplie les centres de
décision.
Il s'avère, donc, que l'organisation associative doit
être conçue pour potentialiser la mise en commun de ces flux
d'informations et de savoirs, leur servir de réceptacle et organiser
leur retraitement. "L'approche de l'organisation, par les savoirs, repose
sur la croyance selon laquelle les entreprises les plus performantes, dans un
environnement largement imprévisible seront celles qui
développent davantage et qui exploitent mieux que les autres les savoirs
tacites et les compétences collectives [...]. C'est l'accumulation de
savoirs individuels et collectifs, et l'apprentissage obtenu dans la mise en
action, qui génèrent les aptitudes, les capacités et les
compétences3."
En effet, ce qui est l'essence-même du centre social est
son objectif à construire de la société au quotidien, par
l'agrégation de forces individuelles et collectives qui agissent en ne
distinguant pas toujours les sphères (sociales, professionnelles,
personnelles) qui les activent.
1 Tableau 12 -La participation à la
formation professionnelle continue de l'association de gestion (1999)-
2 Pour ce qui concerne les bénévoles,
tous les ans, des administrateurs participent à des formations et des
temps d'information, organisés par la fédération nationale
et départementale des centres sociaux, l'espace associatif du Conseil
général du Rhône, la CAF de Lyon, le SNAECSO. Les
thèmes abordés ont été : l'adaptation à la
fonction, la gestion associative, la réduction du temps de travail, la
nouvelle classification de la fiscalité associative, etc.. De plus, 20
bénévoles, en 1999, ont participé à une formation
initiée par l'association et intitulée «prise de parole en
public».
Tous les ans, plus de 30 professionnels bénéficient
de formations variant de quelques jours à plusieurs mois, voire à
plusieurs années.
La courbe prévisionnelle pour les années à
venir a la même intensité.
3 TARONDEAU Jean-Claude, 2000 - Les
stratégies fondées sur les savoirs - Les Echos, l'Art de la
stratégie, Avril, n° 5, pp. 3-4.
De la sorte, les compétences relationnelles et
l'intelligence affective deviennent une véritable qualification.
L'affectif, qui est constitutif de la nature humaine, influe immanquablement
sur la sphère des activités sociales. "L'intelligence
affective peut être définie comme un sous-ensemble de
l'intelligence sociale qui implique la capacité à suivre ses
propres émotions et celles des autres, de les différencier et
d'utiliser cette information pour orienter sa réflexion et ses
actions1." Parce que le mouvement, l'instabilité, le
changement suscitent un sentiment d'insécurité et une dissonance
affective, "les agents du changement sont plus efficaces s'ils arrivent
à se mettre à la place de ceux qu'ils essaient de faire
changer2."
Les conséquences concrètes du rôle pivot,
alors imparti à l'intelligence collective, sont multiples. La principale
concerne la place des acteurs. C'est pourquoi un management doit s'imposer pour
mobiliser les savoirs, là où ils se trouvent, c'est-à-dire
chez tous les acteurs, quels que soient leurs dimensions ou leur degré
d'intégration à l'association.
La direction de l'association (représentée par
le couple président-directeur et plus largement par le binôme
bureau-conseil de direction) se retrouve dans la position délicate de
celle qui a le pouvoir en n'ayant qu'une partie du savoir. De fait, les
dirigeants deviennent "des entraîneurs qui doivent créer des
conditions favorables pour que le jeu collectif conduise au résultat
souhaité pour l'ensemble de la collectivité. Dans ce jeu, ils ne
sont qu'un acteur parmi d'autres. Ils construisent, proposent et s'efforcent de
faire partager une vision commune3."
En facilitant les apprentissages collectifs, en créant
des liens et des processus d'apprentissage, le management met en oeuvre des
moyens et des outils qui ne portent pas leur fin en eux-mêmes, "mais
ne valent que par la dynamique d'apprentissage collectif qu'ils
déclenchent et alimentent. Ils ne sont que «prétexte
à être intelligent ensemble»4."
Cependant, l'application de cette démarche se heurte
pour l'association à la réalité de
phénomènes5 qui relativise l'efficacité de
cette dynamique et indique par-là les maillons faibles à
surveiller.
- La formation, l'apprentissage et la coopération
nécessitent un développement des interactions qui est
coûteux (nombre et durée des régulations, coûts des
remplacements ou des suppléances pour compenser les absences dues aux
formations, à la formalisation des procédures...).
- La pression de «l'urgence» est forte, d'autant
qu'elle est soumise à des contraintes de rythmes institutionnelles.
- Les formes précaires d'emploi s'opposent à une
forme d'engagement réciproque, base constitutive d'une organisation
qualifiante et apprenante.
- La dépendance financière de collectivités
extérieures ne favorise pas, a priori, l'appropriation d' objectifs
partagés.
Pourtant, il apparaît comme une évidence que la
dynamique de l'association repose sur sa capacité à utiliser ses
ressources humaines et, en particulier, celles qui ont la mission de traduire
interinstitutionnellement la mise en oeuvre du projet de l'association.
1 NGUYEN HUY Guy, 2000 - Le capital affectif et le
changement - les Echos, l'Art de la stratégie, Juin, n° 12, p.
2.
2 Ibid. ., p. 3.
3 J. C. TARONDEAU, 2000, Les Echos, art. cit., p.
11.
4 LORINO Philippe, 2000, - Cohérence : la
quête du Graal - les Echos, l'Art de la stratégie, Avril,
n° 3, p. 10.
5 A partir d'une approche développée par
LIVIAN Yves-Frédéric, 1998 - Organisation, théories et
pratiques - Paris, Editions Dunod, pp. 209-210.
3 - Des traducteurs de logiques partenariales à
apprêter, les porteurs institutionnels du projet.
L'éclaircissement des finalités et des raisons
d'être de « l'Entreprise associative » est d'une importance
capitale. Aussi, l'enjeu est-il clair : tout centre social associatif doit
chercher en permanence à affiner son utilité sociale, par la
pertinence de son projet. De plus, il lui faut sécuriser son financement
et répondre à l'exigence naturelle de transparence.
Cette dimension stratégique du management associatif
est essentielle ; dans la complexité et l'incertitude actuelles, il
n'est plus possible de piloter, sans pouvoir se référer à
des finalités clairement explicitées, à des objectifs
cohérents avec celles-ci et à des missions inscrites dans une
stratégie globale.
D'autant que l'obligation de composer directement avec les
élus des collectivités territoriales, mais aussi avec de nombreux
partenaires extérieurs, contribue à entretenir cette tendance
à la sophistication.
De fait, le monde du social change, par une ouverture
croissante à l'environnement, entre autres, la prise en compte des
dimensions d'insertion à l'économique et d'aménagement du
tissu urbain rend encore plus criante l'adpatation à la demande
sociale.
Le Conseil économique et social énonce qu'une
volonté politique claire, soutenue par une implication solidaire de
toute la collectivité nationale, doit aboutir à remettre la
personne au coeur de la vie sociale. Il précise qu'inviter les
professionnels à remettre les personnes au centre de leurs pratiques,
n'a de sens que si ce discours est relayé institutionnellement par "
la détermination d'une démarche globale1 ",
en termes d'objectifs, visant des populations territorialement situées
et combinant diverses politiques évaluables en termes de dynamiques
territoriales.
Ainsi, l'efficacité et la performance de l'action
associative se confrontent à un double défi managérial
:
- le premier défi est interne et se dédouble en
:
. d'un côté, l'exigence nécessaire d'un
fonctionnement associatif collectif et démocratique,
. de l'autre, une organisation professionnelle qui allie
l'adaptabilité sociale à la qualité de service ;
- le second défi est externe et implique la mise en
oeuvre d'une méthodologie de communication avec les partenaires
aboutissant à une lecture partagée de questions sociales.
En conséquence, cet enchaînement conduit à
consacrer une part, non négligeable, du travail managérial
associatif à expliciter les ajustements stratégiques pour donner
du sens aux engagements des dirigeants bénévoles (le conseil
d'administration - CA) et à l'encadrement des professionnels (le conseil
de coordination - CDC)2.
Aussi, s'agit-il de dessiner le profil type de ces agents
stratégiques (forcément membres du CA et du CDC), qui doivent
conjuguer les critères nécessaires à assurer la fonction
d'intermédiation interne et externe.
Nous nous référons aux travaux de Mintzberg, en
proposant quatre postures qui nous paraissent identifier au mieux l'orientation
managériale des dirigeants d'association :
1 I. SARAZIN, mai 2000, Actualités Sociales
Hebdomadaires n°2162, art. cit., p.5.
2 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion -
- par leur envergure symbolique, ils sont en capacité de
représenter
l'association ;
- leur qualité d'agent de liaison leur permet d'entretenir
un réseau relationnel interne et externe ;
- l'observation de l'environnement les amène à
produire des réflexions sur les changements à effectuer ;
- en tant que porte-parole, ils analysent et diffusent
l'information à l'interne et à l'externe.
Ce faisant, ces « intermédiateurs » sont
mandatés pour mettre en oeuvre des modes de relation interpersonnels
institutionnels. Leur connaissance des procédures s'allie, dans ce
système d'action, à leur capacité à connaître
et à s'adapter à la culture des partenaires ainsi qu'à
celle de négocier les termes de la contractualisation1.
Au surplus, par leur aptitude à être « porteurs
de sens », ils valorisent l'action des bénévoles et des
professionnels de l'association.
La démarche pratique de ces agents
d'intermédiation les conduit, d'une part, à mettre en oeuvre un
processus de communication qui suppose une démarche structurée,
adaptée à chaque population concernée, en utilisant deux
variables essentielles : la récurrence et le temps. D'autre part, elle
les incite à repérer les acteurs clefs, sachant que ceux-ci sont
"définis par leur pouvoir à faciliter le changement ou, au
contraire, à l'entraver2." Les agents auront donc
à identifier et à évaluer la nature des sympathies ou des
résistances potentielles, et à appréhender les motivations
de ces acteurs clefs, afin d'adapter à chaque profil un mode de relation
approprié.
Ce sont donc ces porteurs de projet, repérés
institutionnellemnt au sein de l'association, qui doivent assurer la traduction
réciproque des logiques partenariales.
4 - Des chantiers à développer et à
mettre en oeuvre.
A- Un chantier à mettre en oeuvre :
l'identification des écarts entre les besoins en compétences et
les ressources.
Il s'agit d'être en mesure de tenir un tableau de bord
permanent du capital humain de l'entreprise associative, pour ainsi
"déterminer les compétences critiques (les savoirs, les
savoir-faire, les savoir-être mais aussi les savoir-faire-faire)
essentielles à la réalisation et au succès des
orientations stratégiques3." Concrètement, il
convient de formaliser visuellement les métiers, les qualifications, les
compétences nécessaires à l'évolution de la
structure associative. En regard, il s'agit de faire l'état de ces
mêmes éléments, en distinguant les compétences
développées par les professionnels de celles
déployées par les bénévoles, en précisant
les agents clefs de l'organisation et en repérant les potentiels
d'évolution4.
1 P. VALARIE, 1997, Informations sociales n°61,
art. cit., p.20.
2 FREE Simon, 2000 - Les stratégies de
transformation - Les Echos, l'Art de la stratégie, avril, n°4,
p.3.
3 D. GIFFARD - BOUVIER - P. PLAGNES, 2000, art. cit.,
p. 8.
4 Ibid.
B- Un chantier à développer : la
diversification et l'articulation du dispositif de
formation.
Il apparaît que les besoins de formations, aussi bien
sur le plan professionnel que sur le plan de la culture générale,
sont constitutifs d'un itinéraire de vie. Dans le cadre de l'association
de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet, nous proposons de
diversifier les processus de formation et de les articuler à la
démarche stratégique de l'association.
B. 1 - Un appareillage de formation permanente.
Il convient de continuer à affiner le plan de formation
annuel, comme moyen d'apprentissage individuel et collectif. Ce faisant, sans
négliger les formations courtes de perfectionnement et
d'approfondissement, il s'agit d'utiliser, autant que faire se peut, les offres
de formation longues par alternance, afin de favoriser le rapport
d'apprentissage théorique à la matière réelle du
terrain.
De même, les mises en situation, à partir de
suivis de projets, de missions ponctuelles, de mises en responsabilité,
de gestion d'événements critiques, etc, permettent de confronter
les individus à des expériences apprenantes.
Ou bien encore, favoriser l'accompagnement «
tutoré » par des points de situation, des feed-back, des mises en
perspective, etc. permet à l'individu d'être identifié et
d'être reconnu, mais amène aussi l'accompagnant à
déceler des compétences potentielles nécessaires à
l'organisation.
B.2 - Une démarche formatrice à la
qualité.
Une des façons de rappeler et de situer la finalité
de l'association est de poser la question : pour qui travaillons-nous ?
à qui destinons-nous notre bénévolat ?
La force de l'évidence conduit souvent à faire
l'économie de la réponse. C'est pourquoi, la démarche
qualité permet d'acquérir ou de réacquérir une
culture et un langage communs, de mettre et remettre l'accent sur la
responsabilité collective, quant à l'utilisation
appropriée des deniers publics (au sens large du terme : ceux qui sont
issus des collectivités, complétés doublement en tant
qu'impôts par ceux des usagers, en tant que participation) ,
d'élaborer un savoir commun en matière de formalisation des
procédures et des processus. Cette orientation est, plus
particulièrement, destinée au personnel opérationnel, dont
l'activité peut se montrer routinière.
B.3 - Une méthode pour l'intermédiation :
l'approche compréhensive.
Pour paraphraser les concepteurs de l'analyse des logiques
d'action1 : « produire de l'intermédiation entre des
logiques partenariales, c'est reconnaître la pluralité des
instances dans lesquelles se construisent ces logiques. Cela condamne l'agent
d'intermédiation à mobiliser des outils théoriques de
réflexion et d'analyse, pour mener à bien les processus de
médiation nécessaires à la coopération des acteurs
» En l'occurrence, il s'agit d'acquérir, pour les agents
médiateurs, les bases des théories sociologiques,
orientées sur l'observation de la situation et la reconnaissance de
l'autonomie potentielle de l'acteur.
1 M. AMBLARD et all., 1996, op. cit., p. 205.
LES CHANTIERS A DEVELOPPER
|
LES OBJECTIFS
|
LE CALENDRIER
|
Des démarches de groupes-projets
|
Elaboration systématique d'un panel d'acteurs
représentatifs des projets, au regard de leurs contextes et de leurs
perspectives.
|
Permanent, avec évaluation périodique.
|
La diversification et l'articulation du
|
Plan annuel et pluriannuel, prenant en
|
Réévaluation annuelle.
|
dispositif de formation :
|
compte l'ensemble des besoins de formation :
|
|
|
- individuels et collectifs,
- bénévoles et professionnels,
- d'adaptation, de perfectionnement et de qualification,
- tactiques et stratégiques.
|
|
- Un appareillage de formation
|
Prioriser les formations qualifiantes
|
Annuel.
|
permanente.
|
et les accompagnements tutorés, pour les
professionnels.
|
|
- Une méthode pour
l'intermédiation : l'approche
|
Elaborer une formation collective à l'analyse des logiques
d'action, pour
|
2000-2001,
en préfiguration au
|
compréhensive.
|
les acteurs stratégiques porteurs du projet.
|
projet 2002-2007.
|
- Une démarche formatrice à la
|
Mettre au point des démarches
|
Projet 2002-2007.
|
qualité.
|
qualité, spécifiques à chaque secteur.
|
|
Tableau 13 : La synthèse récapitulative
des chantiers et leur mise en perspective a.
La ressource de l'entre-deux : l'espace
d'intermédiation.
En somme, cette incertitude de l'entre-deux associatif
justifie la contribution de l'association de gestion des centres sociaux Dolto
et Montaberlet à la production de la démocratie locale :
- tout d'abord, par sa double capacité à allier des
ressources publiques et des ressources privées et à les
valoriser,
- ensuite, par la composition de sa structure institutionnelle
qui inscrit la coopération discutée
dans son fonctionnement interne, mais aussi dans son rapport
à l'environnement,
- enfin, par la nature de sa mission de généraliste
qui la conduit à adapter ses ressources
humaines associatives aux mutations sociales.
C'est donc, dans cette perspective, qu'il faut resituer les
orientations pour l'action que sont les chantiers à développer et
à mettre en oeuvre, comme l'expression opérationnelle d'une
volonté constante à accorder l'organisation à son
projet.
LES CHANTIERS A METTRE EN OEUVRE
|
LES OBJECTIFS
|
LE CALENDRIER
|
Des moyens de gestion adaptés.
|
Discuter et formaliser, avec les partenaires financiers, des
moyens en cohérence avec les objectifs du projet 2002-2007.
|
2001-2002,
en préfiguration du projet 2002-2007.
|
La clarification des modes de coordination internes et
externes.
|
Mettre à jour les formes de coordination existantes, en
précisant les forces er les faiblesses de chaque mode.
|
2001-2002,
en préfiguration du projet 2002-2007.
|
L'identification des écarts entre les besoins en
compétences et les ressources.
|
Construire un outil permettant de visualiser l'existant et les
besoins en matière de compétences. Il devra distinguer la
catégorie des professionnels de celle des bénévoles et
mettre en exergue les agents clefs existants et potentiels, porteurs de
projets, ce dans chaque catégorie.
|
Projet 2002-2007. Cette mise en oeuvre nécessitera une
mise à jour annuelle.
|
La codification d'instruments d'évaluation.
|
Formaliser des outils de recueil et de traitement
d'informations.
Acheter et exploiter un logiciel d'adhésion.
Instaurer une méthodologie d'exploitation des
éléments d'évaluation.
|
Projet 2002-2007.
|
Un dispositif d'accueil et d'accompagnement des nouveaux
salariés.
|
Formaliser une méthodologie d'accueil et construire des
outils d'accueil.
|
Projet 2002-2007.
|
Un centre de documentation et d'analyse.
|
Après état des lieux, mettre en forme un dispositif
de mise à disposition simple et accessible du fonds documentaire.
Archiver, de façon fonctionnelle et analytique, la
production écrite de l'association, afin de permettre son
exploitation.
|
Projet 2002-2007.
|
a Dans ce tableau, nous avons ordonné les chantiers selon
leur priorité. Au regard de cet ordre, nous avons présenté
d'abord ceux qui existent déjà puis ceux qui sont à mettre
en oeuvre.
Le socle de la démarche, concourant à la
concrétisation cohérente de ces mises en chantier,
débutera par la période d'évaluation du projet 1997-2002.
Cette procédure alimentera, en parallèle, le cheminement
préfigurant le projet 2002-2007 soumis à l'agrément de la
Caisse d'allocations familiales.
A partir de là, ce sont les qualités
travaillées et appropriées des porteurs de projet qui permettront
d'aboutir à un projet partagé, faisant de l'instance associative
« Centre social » l'espace d'intermédiation entre la demande
sociale et la commande publique.
- CONCLUSION - VIVRE ENSEMBLE AU CENTRE DU
SOCIAL.
Ce qui se révèle en question, en conclusion de
ce document, ce sont les conditions de construction d'un sens partagé
face aux mutations sociales ; c'est la possibilité d'élaborer des
représentations sociales communes ; c'est la nécessité
d'intercompréhension entre acteurs municipaux et associatifs.
Plus qu'un accord sur des contenus susceptibles d'être
modifiés par les changements sociaux, c'est par des accords sur des
méthodes de dialogue, d'échanges, de procédures,
qu'émerge une régulation du système d'organisation de
l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet.
En somme, il est question de la recherche d'un «
arrangement » équilibré, où non seulement la
démocratie participative viendrait compléter et enrichir la
légitimité de la démocratie représentative, mais
peut-être aussi, plus modestement, ce rappel élémentaire
que l'intérêt collectif est consubstantiel à
l'intérêt individuel1.
D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que notre inclinaison
théorique reste sensible aux approches compréhensives. De fait,
celles-ci positionnent l'observateur à rendre compte pour expliquer (et
donc comprendre) et le met ainsi à la place des acteurs auxquels il
s'intéresse. " Naturellement, pour « se mettre à la
place » de l'acteur, il faut généralement s'informer sur la
socialisation de l'acteur, sur les données de la situation dans laquelle
il se trouve ou s'est trouvé, sur la structure du champ d'action dans
lequel il se meut. La relation de compréhension qui peut s'instaurer
entre l'observateur et l'acteur n'est pas immédiatement donnée.
Elle suppose généralement de la part de l'observateur un travail
d'information, un souci de distanciation : pour comprendre l'action d'autrui,
l'observateur doit prendre conscience des différences qui distinguent sa
situation propre de celle de l 'observé2. "
Rappelons notre hypothèse de départ :
le système d'organisation d'un centre social
associatif peut contribuer à la citoyenneté de proximité,
en tant qu'enjeu démocratique local, si l'ensemble des acteurs internes
et externes (centré volontairement, dans notre propos, sur
l'acteur associatif et municipal) à ce système se
reconnaissent mutuellement dans leurs dimensions collectives et individuelles,
à partir de leur mission, de leur fonction, de leur statut, comme
étant partie prenante du projet pédagogique de
l'association.
Cette hypothèse prend forme, pratiquement, dans le
compromis. Dit autrement, l'acte de convergence entre les acteurs conduit
à la poursuite d'intérêts communs, sans que ceux-ci n'aient
à renier en rien de leur spécificité.
" Ainsi entendue, la traduction devient la création
d'espaces de négociation, la production d'arrangements multiples, de
combinaisons, combines, compromis qui, seuls, permettent aux choses et aux
humains de tenir ensemble3. "
1 R. BOUDON et F. BOURRICAUD, 1994, op. cit., article
«Démocratie », pp. 155-160.
2 R. BOUDON et F. BOURRICAUD, 1994, op.cit., article
« Action », p.5.
3 Michel CALLON et Bernard LATOUR in HAMBLARD et all.,
1996, op. cit., p. 176.
Le porteur de projet, en tant que traducteur, devient alors
celui par qui le montage se construit, celui qui, méthodiquement,
assemblant des éléments épars, institutionnalise la
traduction comme " un tiers nécessaire dans la relation de chaque
individu et du groupe au monde4. "
De cette façon, " la traduction devient la
méthodologie de l'élaboration des compromis, ceux-ci constituent
le socle (provisoire et sans cesse renouvelé) sur lequel les
réseaux se constituent. [...] Sans traduction pas de compromis, sans
compromis pas de réseau. En effet, les réseaux résultent
de négociations, de processus de coproduction où contexte et
contenu, acteurs et projets s'entre-définissent les uns aux autres en
permanence. De cette entre-définition, de ces négociations
surgissent des compromis qui sont autant de points d'ancrage des
réseaux5. "
Au terme de notre exposé, il nous importe de
préciser en quoi la réflexion que nous venons de mener
mérite quelques attentions. C'est au nom de la politique en tant que
cité (en grec, polis), " au nom de l'institutionnalisation, toujours
à reprendre, du politique compris comme l'espace-temps d'une
multiplicité concertante de décisions et d'actions à forme
et à finalité toujours plus coopérative6
", au nom de la question récurrente : « quelles sont les conditions
pour vivre ensemble ? ». Bien évidemment, l'association n'est pas
le seul espace créant les conditions de vie commune, elle est encore
moins une instance enchantée pourvoyeuse de bien-être social.
Simplement, nous pensons que le centre social associatif
s'inscrit dans l'espace public comme une manifestation de ce dont est capable
une société lorsque sont affirmées les valeurs
complémentaires du « pour » et du « avec
»7.
C'est pourquoi, le projet associatif « centre social »
se dénaturerait politiquement s'il ne combinait pas, dans une tension
constante, la commande publique et la demande sociale.
En conclusion, nous retiendrons que « l'entre-deux »
du centre social associatif est un terreau fertile à l'art de
l'hybridation sociale, économique et politique, encore faut-il que le
système d'organisation en question procède d'un processus
dynamique qui conduit à adapter en permanence l'organisation au projet
d'intermédiation qui, lui-même, est mouvant.
4 LEGENDRE Pierre, 1998 - La loi, le tabou et la
raison - Paris, Télérama, n°2555, décembre, p.
11.
5 H. AMBLARD et all., 1996, op. cit., p. 175-176.
6 G. VINCENT, La revue MAUSS semestrielle, n°11,
1998, art . cit., p.306.
7 Ibid.
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178-208.
LYET Philippe - L'organisation du bénévolat, un
défi pour les acteurs du champ social - pp. 280-293.
VINCENT Gilbert - Les associations du travail social, acteurs
politiques - pp. 295-308.
SCIENCES HUMAINES
1995 - L'acteur et ses logiques : l'action individuelle,
l'action collective, l'action organisée - Hors série,
mai-juin, n°9, 150 pages
1998- Comprendre les organisations : les relations de pouvoir ;
culture et identité ; le management ; le changement dans l'entreprise -
Hors série, mars-avril, n°20, 74 pages
BARBER Benjamin, 2000 - La démocratie à l'heure de
la mondialisation - février, n°102, pp. 38-41.
BOULTE Patrick, 1993 - Du diagnostic aux remèdes -
juillet, n°30, pp.28-30.
TELERAMA
LEGENDRE Pierre, 1998 - La loi, le tabou et la raison -
décembre, n°2 555, pp. 9-13.
TRAVAIL ET EMPLOI, revue éditée par le
Ministère de l'emploi et de la solidarité.
ROUSSEAU François, 1998 - L'évolution de l'emploi
dans les centres sociaux : quelle interprétation ? - Direction de
l'animation de la recherche, des études et desstatistiques, septembre,
n°80, pp. 123-139.
VITALITES, lettre d'information trimestrielle de la
Fédération des centres sociaux du Rhône.
LADOUS Denis, 2000 - Le projet, question de sens - avril, p.1.
- DOCUMENTS -
(Cette bibliographie n'inclut pas toutes les annexes ; de
plus, elle n'est pas exhaustive et concerne les principaux documents
examinés.)
ASSOCIATION DE GESTION DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET
MONTABERLET 1978-2000 Les états financiers.
Les rapports d'assemblée générale.
1990-2000 Les comptes-rendus des conseils d'administration.
1991-2000 Les comptes-rendus des secteurs.
1993-2000 Les brochures d'activités.
Les comptes-rendus du bureau.
Janvier 1996 Le guide du bénévole au centre social
Françoise Dolto -
19 pages
Novembre 1996 Projet d'agrément 1997-2002. Ensemble ...
Tissons du
lien. Un projet au centre du social - 134 pages
Mars 1997 Documents de procédure d'entretiens
d'évaluation
professionnelle - 15 pages
Juillet 1998 Projet d'agrément du centre social
Montaberlet 1998-
2002. Des habitants prennent l'initiative ... - 18 pages
Janvier 1999 Des habitants prennent l'initiative ou l'A,B,C ... Z
du
bénévole - 35 pages
Mai 1999 Statistiques 1998.
Juin 1999 Etat économique et financier 1998, annexe au
rapport
d'Assemblée générale - 52 pages
Avril 2000 Plan de formation réalisé 1999 - 5
pages
Situations statutaires des salariés - 5 pages Mai 2000
Plan de formation prévisionnel 2000 - 5 pages Statistiques 1999
Juin 2000 Etat économique et financier 1999, annexe au
rapport
d'Assemblée générale - 52 pages.
ADRETS
1996 Etude production sur l'accueil au centre social
Françoise Dolto, à
Décines - 36 pages
CAISSE D'ALLOCATIONS FAMILIALES DE LYON
1994 Pour une nouvelle dynamique partenariale :
présentation des
nouvelles orientations de la Caisse d'allocations familiales
des
arrondissements de Lyon - 10 pages
1996 Les CAF, un élément de la politique familiale.
Formation
professionnelle - 38 pages
1997-1998 Les chiffres clés de la branche « familles
».
1998 Rapport d'activité 1997 - Extraits
1999 Rapport d'activité 1998 - 77 pages
Une caisse d'allocations familiales. Pour mieux la
connaître en cinq points - 16 pages
CAISSE NATIONALE D'ALLOCATIONS FAMILIALES
31 octobre 1995 Circulaire n°56- Les relations entre les
caisses
d'Allocations familiales, les centres sociaux et leurs
partenaires. Approfondir la concertation partenariale et la contractualisation
sur des objectifs de qualité - 16 pages
Lettre-circulaire n°267 - Centres sociaux : gestion de la
prestation de service fonction animation globale et coordination - 4 pages
Lettre-circulaire n°268 - Les relations entre les caisses
d'Allocations familiales, les centres sociaux et leurs partenaires. Outils
d'analyse et d'aide à la décision - 16 pages
Lettre-circulaire n°269 - Les centres sociaux et les
objectifs qualité des caisses d'allocations familiales - 90 pages
Septembre 1996 Portrait d'une institution.
17 juin 1997 Circulaire n°17-97 - Les orientations des
actions sociales
des caisses d'allocations familiales, 1997-2000 - 13 pages
30 septembre 1997 Lettre-circulaire n°257-97 - Les centres
sociaux et la procédure de délégation de service public -
3 pages
9 octobre 1997 Lettre-circulaire n°264-97 - Les centres
sociaux et la
délégation de service public - 2 pages
27 juillet 1998 Lettre-circulaire n°195 - Animation de la
vie sociale.
Nouvelles modalités de calcul de la prestation de service
fonction animation globale et coordination - 43 pages
Circulaire n°198 - Animation de la vie sociale. Centres
sociaux. Création d'une prestation de service « Animation
collective familles » complémentaire pour les centres sociaux - 5
pages
1999 Rapport d'activité 1998 - 100 pages
DELEGATION A LA FORMATION PROFESSIONNELLE
1995 Synthèse perspective formation emploi, 1995 -
Centres
sociaux, foyers de jeunes travailleurs - n°12, Paris, 34
pages
FEDERATION NATIONALE LEO LAGRANGE
Mémoires d'avenir 1950-1990 - 47 pages
FOUREST Alain
Juin 1998 L'avenir des centres sociaux - Rapport fait à la
demande
de la Caisse de dépôt et des consignations, dans le
cadre du programme « Développement - Solidarité » -
57 pages
FEDERATION DES CENTRES SOCIAUX ET SOCIO-CULTURELS DE
FRANCE
Novembre 1999 Centre et municipalités. des idées
pour un projet fédéral ...
Document en cours d'élaboration, 24 pages (provisoire)
Juin 1999 Projet de charte fédérale -
Assemblée générale, Dijon, 4
pages
La charte fédérale. Comment parler des centres
sociaux ? Assemblée générale, Dijon, 5 pages
Janvier 2000 Avant-projet de charte fédérale :
« 13 propositions ... » -
5 pages
18 mars 2000 Charte fédérale des centres sociaux et
socio-culturels de
France - Projet de rédaction n°2.
FEDERATION DES CENTRES SOCIAUX DU RHONE
Novembre 1996 Charte entre les centres sociaux et leurs
partenaires -
5 pages
KONATE Yves, Université Jean Moulin, Lyon 3, I.A.E
(mémoires de maîtrise)
1999 Décines, banlieue rurbaine. Les centres sociaux
Dolto et Montaberlet : une association d'intérêt public. Un espace
social, traducteur de logiques d'action - 132 pages (dont annexes)
1999 La place du cabinet du maire dans l'organisation
municipale de la ville de Villeurbanne - 129 pages (dont
annexes)
MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SOLIDARITE
NATIONALE
12 mars 1986 Rôle prioritaire des centres sociaux -
Circulaire
MINISTERE DE l'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE -
SECRETARIAT D'ETAT A LA SANTE ET A L'ACTION SOCIALE
2000 Quels centres sociaux demain ? - 48 pages
MINISTERE DU TRAVAIL ET DES AFFAIRES SOCIALES
ET MINISTERE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, DE LA VILLE
ET DE L'INTEGRATION
6 mai 1996 Centres sociaux - Note-circulaire
PREFECTURE DU RHONE
3 novembre 1998 Programmation politique de la ville -
SYNDICAT NATIONAL D'ASSOCIATIONS D'EMPLOYEURS DE
PERSONNELS AU SERVICE DES CENTRES SOCIAUX ET SOCIOCULTURELS
Juin 1998 Une nouvelle classification pour les centres sociaux et
les
associations de développement social. Projet de
classification des emplois - Info employeurs associatifs - 16 pages
Juin 2000 Convention nationale 20-2 1 octobre 2000 à Lyon
-
Lettre programme
=+=+=+=+=+=
SIGLES
AMF
ASH ARTT CAF
CAP
CCAS CCPD CDPD CEP
CES
CNAF CPNE DARES
DDASS DDTE DIV
DRFP DSP
DSU
EDDF FAS
FCSR FFMJC FNCS FOSFORA INSEE MIRE
Association des maires de France.
Actualités Sociales Hebdomadaires.
Aménagement de la réduction du temps de travail.
Caisse d'allocations familiales.
Certificat d'aptitude professionnelle.
Centre communal d'action sociale.
Conseil communal de prévention de la délinquance.
Conseil départemental de prévention de la délinquance.
Contrat d'études prospectives.
Conseil économique et social.
Caisse nationale d'allocations familiales.
Commission paritaire nationale de l'emploi.
Direction de l'animation de la recherche, des études et
des statistiques (emploi et solidarité).
Direction départementale de l'action sanitaire et sociale.
Direction départementale du travail et de l'emploi.
Délégation interministérielle des villes.
Direction régionale de la formation professionnelle.
Délégation de service public.
Développement social urbain.
Engagement de développement de la formation.
Fonds d'action sociale.
Fédération des centres sociaux du Rhône.
Fédération française des maisons de jeunes
et de la culture. Fédération des centres sociaux et
socio-culturels de France. Fonds spécifique à la formation des
acteurs associatifs. Institut national de la statistique et des études
économiques. Mission interministérielle de recherche
expérimentale.
MOUS OCDE ODAS PAIO
REP
SESI
SNAECSO
UCANSS UNCAF VVV ZEP
ZUP
Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale.
Organisation de coopération et de développement
économique. Observatoire national de l'action sociale
décentralisée.
Permanence d'accueil, d'information et d'orientation.
Réseau d'éducation prioritaire.
Service des statistiques, des études et des
systèmes d'information (emploi et solidarité).
Syndicat national d'associations d'employeurs de personnels au
service des centre sociaux et socio-culturels.
Union des caisses nationales de la sécurité
sociale.
Union nationale des caisses d'allocations familiales.
Ville, vie, vacances.
Zone d'éducation prioritaire.
Zone d'urbanisation prioritaire.
=+=+=+=+=+=
DOCUMENTS
- Jalon 1 : Bref historique des centres sociaux.
P. 7
- Schéma 1 : L'association de gestion des
centres sociaux Dolto
et Montaberlet. P. 8 - Jalon
2 : Les missions principales du directeur de l'association
de gestion. P. 9
- Jalon 3 : Une politique globale d'intervention
urbaine. P. 18
- Schéma 2 : Les dispositifs locaux dont
est partie prenante
l'association de gestion. P. 19
- Tableau 1 : L'origine et la répartition
des ressources financières
de l'association de gestion (1998). P. 22 - Jalon
4 : L'institution des Allocations familiales, une branche de
la Sécurité Sociale. P. 23
- Jalon 5 : Historique de l'agrément.
P. 25
- Jalon 6 : La Caisse d'allocations familiales
de Lyon et les centres
sociaux. P. 29 - Tableau 2 : Le financement
des centres sociaux dépendent de la
Caisse d'allocations familiales de Lyon (1998) . P. 29
- Jalon 7 : Les centres sociaux, un réseau à multiples
appellations. P. 31 - Tableau 3 : L'état du
réseau des centres sociaux en France (1997). P. 31
- Jalon 8 : La nature contractuelle de
l'association. P. 32
- Jalon 9 : Les centres sociaux et les lois de
décentralisation. P. 34
- Tableau 4 : Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME
associative. P. 39
- Jalon 10 : Le comité de pilotage
mairie-association de gestion. P. 42
- Schéma 3 : L'organigramme administratif
des services d'action sociale
de la mairie de Décines. P. 45 - Tableau
5 : La présentation synoptique des acteurs
sélectionnés. P. 53 - Tableau 6
: La répartition des produits et des recettes usagers de
l'association de gestion. P. 68 - Tableau 7 :
La distribution des princiaples sources de financement,
par domaines d'intervention, de l'association de gestion
(1998). P. 68 - Tableau 8 : La distribution
des usagers fréquentant régulièrement
l'association de gestion (1998). P.
69 - Tableau 9 : La répartition des
contributions bénévoles de l'association
de gestion (1998). P. 72
- Tableau 10: La proportion du temps de travail
mensuel dans
l'association de gestion (mai 2000). P. 74
- Tableau 11: La durée des
différents types de contrat de travail de
l'association de gestion (mai 2000). P. 74 - Tableau
12: La participation à la formation professionnelle continue
de
l'association de gestion (1999). P. 76 - Tableau
13: La synthèse récapitulant les chantiers et leur mise
en
perspective. P. 91
=+=+=+=+=+=
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION :
L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU SOCIAL.
P. 7
PARTIE I : LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL
A LA CITOYENNETE DE PROXIMITE,
DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT. P.14
|
Une reconnaissance de proximité. P.14
Chapitre 1 - Le centre social, entre partenaires et
opérateurs
de politiques publiques. P.15
1 - Le centre social : un équipement de voisinage
dédié
au travail social et familial. P.15
2 - Les centres sociaux : un réseau-relais local des
politiques d'action sociale de l'Etat. P.16
3 - Le centre social : un partenaire-opérateur de terrain,
inscrit dans les dispositifs d'insertion politico-
administratifs. P. 17
Chapitre 2 - Le centre social, un enjeu de
légitimité des poltiques d'action sociale locales. P.
21
1 - La commune : la légitimité du territoire de la
vie
quotidienne. P.21
2 - La Caisse d'allocations familiales : la
légitimité du tiers-médiateur. P. 23
3 - La Caisse d'allocations familiales et la commune :
la légitimité d'une concertation
contractualisée. P.26
Chapitre 3 - Les centres sociaux en équilibre
entre la demande
sociale et la commande publique. P.28
1 - Le projet associatif comme agrément partenarial de
la
Caisse d'allocations familiales et de la commune.
P.28
2 - Les valeurs partagées comme réponses aux
environnements socio-économiques et institutionnels complexes.
P.30
3 - La commande publique comme subordonnée à la
demande sociale. P.33
Une proximité de reconnaissance. P. 36
PARTIE II : UNE ADMINISTRATION DE PROJETS QUI SOUS-TEND
UNE RECONNAISSANCE DE
LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE L'ASSOCIATION DE GESTION
DES
CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE. P.37
|
Une vision du champ de l'action sociale
déterminée par
la position des acteurs. P.37
Chapitre 1 - Une conjecture : des acteurs dont la
position
s'inscrit dans une démarche institutionnelle.
P.38
1 - Un système institutionnel intriqué.
P.38
2 - Une intervention sociale spécifique.
P.43
3 - Une relation institutionnelle hybride.
P.47
Chapitre 2 - Une méthode : une analyse induite par
des
entretiens. P.50
1 - Une méthode qui infère la problématique.
P.50
2 - Des acteurs qui incluent l'auteur. P.52
3 - Des données formelles empreintes d'expérience.
P.55
Chapitre 3 - Un résultat : une
légitimité réciproquement
reconnue et controversée. P. 56
1 - Une délimitation des compétences en
débat. P.56
2 - Un partenariat nécessairement sous tension.
P.59
3 - Une configuration associative en camaïeu.
P.60
Une valeur commune énoncée,
déterminée par la traduction
pratique à la partager. P.63
PARTIE III : LA CONTRIBUTION DE L'ASSOCIATION DE
GESTION DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTABERLET A LA PRODUCTION DE LA
DEMOCRATIE LOCALE, UNE ORGANISATION QUI S'AJUSTE AU PROJET
D 'INTERMEDIATION. P. 64
|
L'incertitude de l`entre-deux : la source du pouvoir
associatif. P.64
Chapitre 1 - Ni privé, ni public, l'entre-deux
socio-économique associatif. P.66
1 - L'effet de levier social des ressources publiques et
associatives. P.67
2 - La contribution des bénévoles à
l'économie sociale. P.70
3 - L'apport des salariés à la cohésion
sociale. P. 74
4 - Des chantiers à développer et à mettre
en oeuvre. P. 76
Chapitre 2 - Ni indépendant, ni assujetti,
l'entre-deux de
l'acteur associatif. P. 79
1 - Un diagnostic à débattre en commun. P.
79
2 - Des procédures et des processus à discuter.
P. 81
3 - Des chantiers à développer et à mettre
en oeuvre. P. 82
Chapitre 3 - Ni amateur, ni spécialiste,
l'entre-deux des
compétences des ressources humaines associatives.
P. 84
1 - Un axe d'adaptation à maintenir, la formation
permanente. P. 84
2 - Des synergies apprenantes à cultiver, les
ressources
du changement. P. 86
3 - Des traducteurs de logiques partenariales à
apprêter,
les porteurs institutionnels du projet. P. 88
4 - Des chantiers à développer et à mettre
en oeuvre. P. 89
La ressource de l'entre-deux : l'espace
d'intermédiation. P. 91
CONCLUSION :
VIVRE ENSEMBLE AU CENTRE DU SOCIAL. P. 94
BIBLIOGRAPHIE :
Bibliographie des ouvrages. P. 96
Bibliographie des revues. P. 98
Bibliographie des documents. P.101
SIGLES P.105
DOCUMENTS P. 107
TABLE DES MATIERES P. 109
ANNEXES P.112
|