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Espaces, ressources et potentiels : Efficience de deux modes de prélèvement en périphérie nord du Parc National du Niokolo Koba (Sénégal)

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par Thierno Boubacar DIALLO
Université Cheikh Anta Diop Dakar - DEA de Géographie, Option Aménagement et Biogéographie 2004
  

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CHAPITRE II: CONCEPTS ET DELIMITATION

Dans ce chapitre, nous allons essayer de discuter et de délimiter les termes et concepts utilisés, dans le but de permettre un niveau de compréhension harmonisé de leur emploi dans le cadre de cette étude.

II.1 ESPACES : Terroir villageois et Espace forestier

Ainsi que l'a remarqué KANE, A. « Deux types de lieu caractérisent les paysages africains: le lieu habité, le village et son environnement immédiat, et au-delà de ce dernier,(...), s'étend la zone des arbres et des herbes, tantôt appelée forêt tantôt appelée brousse... »16.

Il s'agit donc pour nous de distinguer ici d'une part les espaces de production du village, c'est-à- dire le paysage agricole et, de l'autre, l'espace de cueillette, c'est à dire le milieu forestier. En d'autres termes, mettre en évidence l'opposition entre paysage agricole et milieu naturel qui constituent ensemble le « territoire villageois »17 , c'est-à-dire, selon LE BERRE « une portion de l'espace terrestre approprié par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction des besoins sociaux »18.

> Le terroir villageois

D'une manière générale, les géographes ont donné au terme ou au concept19 de «terroir» différentes définitions, qui traduisent toutes, cependant, une réalité agricole20.

Le professeur Cheikh BA, dans son cours de maîtrise de Géographie, « Stratégies traditionnelles et
modernes de l'espace en Afrique tropicale
», de l'année universitaire 1995-1996 à l'UCAD,

16 KANE, A (1988) - Quelques considérations sur l'arbre en Afrique occidentale et Centrale - in Notes de Biogéographie n°3, numéro spécial : L'arbre et l'espace, Novembre 1988. Département de géographie, FLSH/UCAD, p.41.

17 LERICOLLAIS, A. (1992) - Gestion de l'environnement rural en pays Sereer - in Actes du colloque « L'environnement dans l'enseignement des sciences humaines et sociales », Dakar, 25-27 Novembre 1992, FLSH/UCAD, Fondation FORD, p. 150.

18 Cité par LETICHE, F. et VIEL, F. (1995) - Constructions territoriales au Sénégal. Peuplement, appropriation et représentation : Exemple villageois dans la région de Kédougou. Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Rouen, PSO, ORSTOM, p.330.

19 La considération de «terroir» comme un simple terme désignant un lieu ou un espace, ou bien en tant que notion conceptuelle dépend des périodes et des auteurs.

20 LACOSTE, Y. (2003) - Dictionnaire de la Géographie. De la Géopolitique aux paysages, Paris, 2003, Armand Colin, pp. 380-38 1.

BRUNET. R, FERRAS. R et THERY. H (2003) - Les mots de la Géographie, dictionnaire critique (troisième édition revue et augmentée), Reclus - La Documentation Française, Collection Dynamiques du territoire, p. 482.

15

indiquait que « le terroir est un niveau d'organisation dans lequel les fonctions de production, de consommation et sociale coïncident et sont très solidaires »21.

Selon la Commission Française du Développement Durable, les terroirs correspondent à l'espace qui « à l'opposé des espaces naturels où l'influence humaine et faible, dépendent d'une relation particulière entre les sociétés humaines et leur habitat naturel qui afaçonné le paysage »22.

En outre, nous pouvons rappeler que les «études de terroirs» ont constitué le thème central de la géographie rurale des pays tropicaux africains au cours des années 1960 et 1970. En effet, « l'approche terroir » a été codifiée et conceptualisée par ces deux illustres précurseurs, en l'occurrence les professeurs P. PELISSIER et G. SAUTTER qui ont défini le terroir villageois comme étant « la portion de territoire appropriée, aménagée et utilisée par le groupe qui y réside et en tire ses moyens d'existence »23.

C'est ainsi que, la monographie d'un terroir était le « parcours initiatique », c'est-à-dire le premier contact avec le terrain et/ou l'apprentissage à la recherche de tout géographe de cette période au sortir des universités françaises24. Dès lors, l'étude d'un terroir correspondait à celui des paysages agraires, c'est-à-dire le mode d'exploitation du sol (pratiques culturales) et les structures foncières (modes d'usage, modes d'acquisition...). En d'autres termes, il s'agissait de l'analyse «des techniques d'encadrement et des techniques de production »25 d'une communauté villageoise.

Néanmoins, faisant une évaluation des différentes études de terroir menées sous leur direction, ils (P. PELISSIER et G. SAUTTER) soulignaient qu' « aucun terme, et surtout pas celui de «finage », ne peut être substitué à « terroir » dans l'usage que nous continuons en afaire... »26

Cependant, signalons que notre préoccupation n'est pas ici de faire une étude de terroir, dans le sens classique du terme, car les activités agricoles ne sont pas concernées par cette étude. D'ailleurs le qualificatif « villageois » que nous avons apposé au terme de terroir sert justement à préciser les contours et les limites de l'espace pris en considération. C'est-à-dire, d'après ENDA GRAF-SAHEL, ceux d' « un espace clairement délimité...de préférence unitaire, composé d'une

21 Cité par KEITA, B. (1996) - Organisation villageoise et gestion des terroirs : l'exemple de Bembou. Mémoire de maîtrise de géographie, FLSH/UCAD, PSO, ORSTOM, p.2.

22 Citée par BRODHAG, C. (2000) - Agriculture durable, terroirs et pratiques alimentaire - in Courier de l'environnement de l'INRA, n° 40, pp 33-45.

23 SAUTTER, G et PELISSIER, P (1964) - Pour un atlas des terroirs africains. Structures types d'une étude de terroirs - in L'homme, Tome IV, n°1, p. 57.

24 SEIGNOBOS, C. (2004) - in Sciences au Sud - Le journal de l'IRD - n° 26, septembre/octobre 2004, p.7.

25 GOUROU, P - Géographie et développement - in Cahiers des Sciences humaines, Trente ans, Hors série 1993, pp. 49-50.

26 SAUTTER, G. et PELISSIER, P. (1970) - Bilan et perspectives d'une recherche sur les terroirs africains et malgaches 1962-1969 - in Etudes Rurales, 37-38-39, p.9.

16

géographie, FLSH/UCAD, PSO, ORSTOM, p.5.

29 KANE, A (1988)-idem, p.41.

30 DIALLO, T.B (2003) - idem, p.40.

seule pièce de terrain et identifiable sans ambiguïté sur une carte. Il a une surface et des limites bornables »27.

Ainsi, tel que nous l'emploierons dans le cadre de cette étude, le terme de «terroir villageois» correspond à l'espace vécu, c'est-à-dire en d'autres termes à l'espace mis en valeur ou l'espace « d'organisation et de production »28. Il s'agit donc de l'espace sur lequel l'homme, à travers ses activités, a imprimé un caractère et une physionomie particulière pour assurer une fonction de production et satisfaire ses besoins de consommation.

> L'espace forestier

Par opposition au terroir villageois, le terme d' « espace forestier» désigne ici l'espace libre sans aucune forme d'aménagement ou de mise en valeur. Il s'agit donc du milieu naturel, de «l'espace non défriché, (de) la brousse ... qui fait suite au village »29 et où les activités humaines se résument au prélèvement ou à la cueillette.

C'est aussi l'espace qui abrite les principaux sites d'exploitation qui sont « des formations boisées de l'espace forestier, identifiées, localisées et reconnues par les populations comme propices à la cueillette. Ce sont des zones qui abritent, sur un espace plus au moins étendu, une importante concentration de ressources ligneuses et non ligneuses exploitées à des fins multiples (alimentaires, curatives ou commerciales) »30.

Il s'agit donc d'un écosystème naturel dont les ressources végétales (arbres et arbustes) constituent l'élément dominant. Dans la « poche de Dialakoto » l'espace forestier correspond à une végétation soudano - sahélienne caractérisée par une savane très diversifiée (boisée, arborée, arbustive) et des forêts claires au niveau des plateaux; mais aussi des forêts galeries, le long de la vallée de la Gambie.

27 Cité par NDIAYE, B. (1997) - Organisations villageoises et gestion du terroir: exemple de Ségou. Mémoire de maîtrise de géographie, FLSH/UCAD, PSO, ORSTOM, p.1 6.

28 NDIAYE, T. (1997) - Organisation villageoise et gestion des terroirs: l'exemple de Bandafassi. Mémoire de maîtrise de

+ PRESENTATION DES TERROIRS VILLAGEOIS DE DIALAKOTO ET DE

LABOYA

Sur le plan administratif, les terroirs villageois de Dialakoto et de Laboya font partis de la Communauté Rurale de Dialakoto, Arrondissement de Missirah, dans le Département et la Région de Tambacounda. Ils sont contigus et se situent dans une «poche» étroite délimitée par deux réserves forestières naturelles, le PNNK au nord et la FC de Diambour au sud [cf. carte 2].

· Le terroir villageois de Dialakoto, chef-lieu de la communauté rurale du même nom, se trouve à environ 70 km de Tambacounda, sur la Route Nationale n°7. Il a l'aspect d'un gros village qui présente un caractère semi - urbain et abrite des infrastructures sociales de base (dispensaire, écoles, forage, centres de téléphonie, boutiques,...) qui polarisent l'ensemble des villages de la « poche ».

· Le terroir villageois de Laboya est un ancien hameau de culture qui a été défriché au début des années 80. Il se trouve, quant à lui, à l'intérieur des terres, dans la zone tampon du Parc, à environ 7,5 km au sud de Dialakoto. Il est relié à la route Nationale 7, à partir du village de Damantan, par une bonne piste en latérite. Actuellement, le village qui abrite deux périmètres de bananeraies, dont le plus grand de la communauté rurale avec près de 220 hectares, s'agrandit et attire une importante population de main d'oeuvre.

Carte 2: Les terroirs villageois de Dialakoto etde Laboya

672000 680000 688000 696000

 
 
 
 

Forêt Classée

de Diambour

N

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dialakoto

 
 
 
 
 
 

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Région de Tambacounda

% Chef-l ieu d ecommunauté rurale ( Vill age

Fleuve
Rivière

Route Nati onale 7

Piste

Terroir villageois de DialaIoto

Terroir villageois de Lab oya

ParcNationaldu NioIoloKoba ForêtClassée de Diambour

Sources : DTQC

Trav aux de terrain

UTM; WQS84, Zone 28

ThiernoB. Dialo,Alla MANQA,2005

672000 680000 688000 696000

0 4 8Im

531p.

II.2 RESSOURCES

Selon BRUNET et al,31 la ressource est « une richesse potentielle qui sert à produire des richesse ». Ici, les ressources étudiées sont naturelles, végétales, non ligneuses et se renouvellent spontanément, c'est-à-dire qu' « elles sont constamment reproduites, (mais) cela ne signifie pas que l'on ne les exploite pas au-delà de leur rythme de renouvellement, qu'on ne les épuise ou ne les détruise : renouvelables, elles sont cependant épuisables ».

Il s'agit particulièrement de produits de cueillette (PC) ou Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL), un terme générique qui « s'entend des biens et services commerciaux ou de substances destinés à la consommation humaine ou industrielle et provenant de ressources renouvelables et de la biomasse forestière, qui ont toute probabilité d'augmenter les revenus réels et l'emploi des ménages ruraux. Il s'agit d'aliments, de poissons, de fourrage, de combustibles et de médicaments d'origine végétale, d'animaux, notamment oiseaux et poissons, dont on tire les aliments, fourrures et plumes, des produits qu'on en tire (miel, résines, soie, etc.) et des services de conservation et de loisirs fournis par la terre ».32

+ PRESENTATION DES ESPECES LIGNEUSES ETUDIEES

La description des caractéristiques botaniques et stationnelles des six espèces ligneuses étudiées est celle de BERHAUT, J et de MAYDELL, H. J. von 33. Il s'agit de:

· Parkia biglobosa est un arbre de grande taille qui atteint 15 à 20 mètres, avec une large cime en forme de parasol, de la famille des Mimosacées. On le retrouve généralement dans les savanes et forêts sèches soudaniennes, entre les isohyètes 500 et 700 mm/an, sur des sols limoneux profonds. Il se localise préférentiellement près des villages, dans les périmètres agraires (champs et jachères), où il est préservé lors des défrichements34.

· Saba senegalensis est une liane ligneuse de grande taille qui appartient à la famille des Apocynacées. Elle se développe au niveau des zones humides, dans les galeries forestières, le long des cours d'eau, sur des sols argileux et hydromorphes.

31 BRUNET. R, FERRAS. R et THERY. H (2003) - idem, p. 433.

32 FAO (1992) - Produits forestiers non ligneux: Quel avenir ? Etude FAO, FORETS 97, Rome, 1992, p.1.

33 BERHAUT, J. (1971-79) - Flore illustrée du Sénégal. Tome Ià VI. Paris, Maisonneuve.

BERHAUT, J. (1988) - Flore illustrée du Sénégal. Tome IX. Paris, Maisonneuve.

MAYDELL, H. J. von (1983) - Arbres et arbustes du Sahel: leurs caractéristiques et leurs utilisations. GTZ, Eschborn,

· Parinari macrophylla est un arbuste ou un petit arbre de 4 à 8 mètres de hauteur, de la famille des Rosacées. Il se développe dans les savanes arborées et les forêts sèches, mais aussi au niveau des périmètres agraires (champs et jachères) lorsqu'il est épargné par les défrichements.

· Detarium microcarpum est lui aussi un petit arbre de taille comprise entre 8 et 10 mètres, de la famille des Caesalpiniacées. Il se localise dans les savanes sèches ou boisées, sur des sols secs et latéritiques.

· Vitex madiensis est un tout petit arbuste de moins de deux mètres de haut et rarement plus, de la famille des Verbanacées. Il se développe habituellement au niveau de l'espace forestier, ou bien quelques rares fois en périphérie des périmètres agraires.

· Borassus aethiopum est un grand palmier dioïque qui peut atteindre plus de 30 mètres de hauteur, de la famille des Arecacées. Le tronc, appelé stipe, est droit, lisse, de couleur grise et peut avoir un diamètre de 60 cm, pour les individus adultes, tandis que celui des jeunes individus est couvert de pétioles gris de 30 à 40 cm de long. Près de la couronne des individus adultes, un premier renflement apparaît à 25 ans, puis un second entre 90 et 120 ans. On le retrouve au niveau des savanes boisée et arborée; dans les galeries forestières, le long des cours d'eau, dans les plaines et dépressions où il forme des peuplements localisés, plus ou moins denses, appelés rôneraies. En outre, il peut être présent en individus clairsemés, épargnés lors des défrichements au niveau des périmètres agraires (champs et jachères). Il se développe sur des sables limoneux et des sols alluviaux bien drainés, entre les isohyètes 500 et 1200 mm / an.

II.3 MODES DE PRELEVEMENT

Le mode de prélèvement, qui est différent de la technique de collecte du produit, dépend du milieu ou de l'espace considéré. C'est ainsi que dans les deux espaces déjà définis (terroir villageois et espace forestier), nous distinguons aussi deux modes de prélèvement, quelque soit la destination alimentaire ou commerciale du produit obtenu.

Par conséquent, la caractérisation du mode de prélèvement est déterminée par le «caractère

approprié de l'espace (foncier) sur lequel est obtenu une récolte ou du caractère libre de l'espace sur lequel est effectué une cueillette».35

> Production / Récolte

Au niveau du terroir villageois, le mode de prélèvement appliqué aux produits de cueillette peut être considéré comme étant un acte de production, dans la mesure où la récolte d'une ressource dans un périmètre agraire est un droit individuel et non collectif.

De ce fait, la mise en valeur d'un espace autorise le droit d'usage d'un produit dont on est propriétaire, ou «l'usus, le fructus et l'abusus»36 des différents produits de celui-ci. En d'autres termes, ce mode de prélèvement est déterminé «par l'appropriation préalable du sol sur lequel se trouvent les ressources»37, car celui qui met en valeur un espace, s'approprie naturellement ses produits.

Inversement, la présence d'un arbre dans un périmètre agraire assure une double réalité et traduit un signe et une fonction38. En effet, d'une part elle exprime un signe de propriété et indique le caractère approprié du sol, car « la cueillette des fruits et écorces des arbres et arbustes d'un champ affirme le droit d'usage sur ce champ de la personne qui procède à la cueillette »39 ; et d'autre part, elle remplit une fonction à la fois « agronomique, alimentaire et pastorale »40.

Toutefois, il faut souligner ici que les arbres dans les champs n'ont pas été plantés. Leur présence résulte plutôt « d'un défrichement respectant les plantes utiles... (car) Rares sont les paysans africains qui abattent tous les arbres d'une parcelle pour la mettre en culture. Le cultivateur africain est respectueux de certains arbres pour leur valeur culturelle, mais aussi pour leur rôle dans l'alimentation des hommes et du bétail et pour leur action sur la régénération des sols »41.

> Cueillette

35 NDIAYE, P (2000) - Le prélèvement des ressources vivantes au Sénégal Oriental (Tambacounda et Kolda). Convention SODEFITEX/UCAD/IRD, PSO, p.4.

36 GASTELLU, J - M (1980) - L'arbre ne cache pas la forêt, ou : usus, fructus et abusus - in Cahiers des sciences humaines, vol.17, n° 3 et 4, pp. 279-282.

37 NDIAYE, P (2000) - idem p.4.

38 PELISSIER, P (1980) - L'arbre en Afrique tropicale. La fonction et le signe - in Cahiers des sciences humaines, vol.17, n° 3 et4,pp. 127-130.

39 GASTELLU, J - M (1980) - Idem.

40 BECKER, C (1988) - Note sur la place de l'arbre dans la culture sérère - in Notes de Biogéographie n°3, numéro spécial: L'arbre et l'espace, Novembre 1988. Département de géographie, FLSH/UCAD, p.33.

41 KANE, A (1988)-ibidem, p.44 et 45.

A l'opposé, l'acte de prélèvement opéré au niveau de l'espace forestier peut être considéré comme étant de caractère fortuit résultant donc du hasard ou de la « contingence »42. En effet, l'usage des ressources est ici collectif à toute une communauté villageoise mais non individuel ou exclusif à une personne. Seul le droit d'exploitation ou « abusus», dans le sens strict d'utilisation, est permis, car l'absence du droit de propriété du sol inhibe toute forme de droit individuel.

Ainsi, la cueillette des produits végétaux au niveau de l'espace forestier, n'est régie par aucun type de règlement, mais plutôt soumise à une forme de compétition entre les exploitants.

II.4 POTENTIEL

Selon WEIGEL, J-Y. « La notion de ressource renvoie à une valeur potentielle d'usage ou d'échange et à l'évaluation de celle-ci »43. De ce fait, le potentiel peut se définir comme l'ensemble des ressources exploitées et exploitables par les populations et renvoie donc à la notion de disponibilité. Par conséquent, la reconnaissance et l'identification des aires de production et d'exploitation des produits de cueillette, ainsi que l'estimation de leur potentiel est nécessaire pour s'assurer de leur approvisionnement durable.

L'estimation du potentiel de production et d'exploitation a été possible grâce à un inventaire des ressources ligneuses. Cet inventaire a été réalisé avec des unités d'échantillonnage forestier ou placettes 44 qui sont « de petites proportions de terrains (forêts) représentatives d'une plus grande surface. L'inventaire consiste donc à faire un dénombrement de tous les individus ligneux se trouvant dans l'aire considérée. Les résultats issus de l'inventaire des placettes vont permettre, sur la base d'une extrapolation, l'analyse de la flore ligneuse et de la végétation de la zone d'étude »45.

Au niveau du terroir villageois, nous trouvons, soit des parcs arborés bien élaborés, soit des individus ligneux disséminés dans le paysage agraire qui traduisent « l'influence des pratiques culturales et agraires sur la composition floristique d'un terroir villageois »46 . Dans les deux cas, le peuplement végétal est alors clairsemé, avec un taux de recouvrement plus ou moins faible.

42 NDIAYE, P (2000)- ibidem, p.4.

43 WEIGEL, J-Y (1996) - Grandes manoeuvres autour des ressources naturelles renouvelables - in Les ressources naturelles renouvelables : Pratiques et représentations. in Cahiers des Sciences humaines, vol.32 - n°1-1996, ORSTOM, p.3.

44 Il s'agit de placettes circulaires de rayon égal à 20 m, soit une surface de 1256 m2 et une superficie totale d'inventaire égale à 3,6 hectares. Ce qui donne un taux de sondage égal à 0,03 %, car la superficie de la zone d'étude est d'environ 14 000 hectares.

45 DIALLO, T.B (2003) - idem, p.34.

46 BA, C. (1988) - Editorial - Notes de Biogéographie n°3, numéro spécial: L'arbre et l'espace, Novembre 1988. Département de géographie, FLSH/UCAD, p.5.

23

En outre, les espèces présentes dans ce milieu sont souvent l'expression d'un boisement relictuel, signe d'une dégradation plus ou moins avancée de la végétation originelle (défrichements), donc les arbres n'ont pas été plantés, mais conservés. Leur régénération est donc assurée par la sélection et la protection des jeunes pousses au niveau des champs et des jachères.

En revanche, au niveau de l'espace forestier, nous trouvons une très grande diversité des espèces, avec une végétation arborée et arbustive plus ou moins dense et un taux de recouvrement très élevé au niveau des plateaux et des bas fonds boisés.

L'analyse du potentiel d'un site se fera au moyen de tableaux et de graphiques. L'appréciation du potentiel fera appel à la notion de taux d'abondance qui exprime « la valeur relative de la prédominance ou la valeur relative de l'espèce »47, au niveau de l'ensemble du site ou de l'espèce proprement dite, quelque soit le site. La notion d'efficience, qui dépend fortement du potentiel de la ressource permettra également de déterminer la performance du mode de prélèvement ou la capacité de rendement de chaque milieu ou espace.

CONCLUSION PARTIELLE

Au terme de cette première partie, la méthodologie de recherche a été exposée. D'abord, la problématique nous a permis à la fois de poser le sujet et de présenter l'objectif principal de cette étude qui est de comparer le potentiel de production et de cueillette fruitière forestière, afin de déterminer l'efficience de la cueillette sur les terroirs villageois ou sur l'espace forestier.

Cependant, les hypothèses de travail, formulées à la suite de constats faits dans une étude antérieure, ne pourront être vérifiées qu'à l'issu de l'analyse des résultats des inventaires.

Ensuite, les concepts qui ont été définis et délimités dans le second chapitre, ont permis d'éclairer le contenu du sujet et d'harmoniser leur compréhension dans le cadre de cette étude. C'est ainsi qu'ils permettront l'interprétation des résultats des inventaires pour confirmer ou infirmer les hypothèses de recherche.

47 DIALLO, T.B (2003) - ibidem, p.38.

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