RESUME
L'objectif de ce travail était d'identifier les facteurs
de risque du cholera et de proposer une stratégie de lutte
adéquate.
C'est donc une étude analytique cas - témoins
effectuée à Lubumbashi pour la période de Janvier à
Mars 2008.Nous avons réalisé un échantillonnage
stratifié proportionnel. La taille de l'échantillon est de 814.
L'analyse est effectuée à l'aide du logiciel Epi Info version
3.3.2.La force de l'association entre l'exposition et la maladie est
estimée par le rapport de cote. La stabilité de l'association est
testée par le khi carré. La précision de l'OR est
donnée par son intervalle de confiance.
Il a été observé qu'aucun âge n'a
été épargné par le cholera avec une
surreprésentation des hommes. Cette maladie a une forte
prédilection dans les contrées avec des problèmes
d'hygiène, eau et d'assainissement.
Notre étude a identifié les facteurs de risque
suivants :
- Contact avec un cholérique ;
- Manque d'un système d'évacuation des
déchets ;
- Manque de l'eau courante et du savon pour se laver les mains
avant les repas et après les selles ;
- Manque de latrines hygiéniques ;
- Absence de traitement de l'eau destinée a la boisson
;
- Consommation des aliments exposés au bord de la route
par les vendeurs ;
- Consommation des fruits, tubercules et aliments crus ;
- Conservation de l'eau de boisson dans un récipient avec
un collet non étroit ; - Analphabétisme ;
- Consommation de l'eau des puits.
Tous ces facteurs sont vulnérables à travers une
approche multisectorielle par les stratégies de lutte suivantes :
- Engagement politique du gouvernement ;
- Communication pour le changement de comportement ;
- Surveillance épidémiologique ;
- Participation communautaire ;
- Financement des programmes de desserte en eau potable pour
améliorer l'accessibilité et d'assainissement du milieu.
INTRODUCTION
0.1. ETAT DE LA QUESTION
Connu depuis l'antiquité grecque, le choléra
s'est étendu à travers le monde au XIXème siècle,
réalisant 7 pandémies. La dernière pandémie, en
1961, s'est accompagnée d'un changement bactériologique majeur de
l'agent infectieux, qui n'était plus le Vibrio
cholerae classique mais le
Vibrio El Tor. Dans cette même perspective, en
1992, une importante épidémie survint dans le sud de l'Inde, due
à une nouvelle souche de Vibrio cholerae non-O1 (1,16).
La propagation avait été facilitée par
les caravanes et le trafic d'esclaves (16,17). Le vingtième
siècle connaît la septième pandémie due au
biotype el tor. (17,18). Avec la participation aux
pèlerinages de la Mecque, le cholera est introduit et
disséminé en Afrique dans les années soixante-dix. Le
Congo fut touché par une première épidémie en 1973
limitée dans la région de Mayumbe (19) .C'est à partir de
1978 que l'épidémie se propage dans la région des Grands
Lacs et le long du fleuve Congo. Depuis 1981, des épidémies se
succèdent régulièrement dans la province du Katanga, dans
le SUD-EST de la RDC. .Une épidémie particulièrement grave
a eu lieu en 1994 à Goma lors des déplacements de populations .La
première épidémie documentée dans la province du
Katanga date de 1997 avec 1084 cas et 75 décès notifiés
(létalité : 7%) dans des zones de santé situées sur
la rive -Est du lac Moero (Kasenga, Kilwa, Mpweto), sur la rive Est du Lac
Tanganyika (Moba), au Nord de la province (Kongolo) et Lubumbashi. Depuis lors,
le cholera sévit de manière endemo-epidémique dans les
régions lacustres et la ville de Lubumbashi (6).
Le choléra est une maladie diarrhéique due
à l'infection de l'intestin par la bactérie Vibrio
cholerae qui peut atteindre tant les enfants que les adultes.
Environ 20% des personnes infectées présentent une
diarrhée aiguë aqueuse. Chez 10-20% d'entre elles, la
diarrhée aqueuse sévère s'accompagne de vomissements. En
l'absence de traitement rapide approprié, la perte importante de
quantités de liquide et de sel peut entraîner en quelques heures
une déshydratation sévère et la mort. Le taux de
létalité peut atteindre 30-50% chez les sujets non
traités. Le traitement est simple. Il est basé sur une
réhydratation importante. Appliqué convenablement, le traitement
devrait permettre de maintenir le taux de létalité en dessous de
1% (3).
L'eau et les aliments contaminés par des
matières fécales sont en général responsables de la
transmission du choléra. Ce risque est constant dans de nombreux pays en
voie de développement. C'est pourquoi, de nouvelles flambées
peuvent apparaître sporadiquement dans toute région du monde
où l'approvisionnement en eau, l'assainissement, la salubrité
alimentaire et l'hygiène font défaut (2).
Les personnes les plus exposées sont celles vivant dans
des zones surpeuplées ou des camps de réfugiés dans
lesquels l'assainissement et la qualité de l'eau de boisson sont
insuffisants et où le risque de transmission interpersonnelle est accru.
Vu la brièveté de la période d'incubation (de 2 heures
à 5 jours), le nombre des cas peut croître de manière
extrêmement rapide .Mais la propagation de la maladie peut être
évitée, moyennant un dépistage et une confirmation
précoces des cas, puis la mise en oeuvre de mesures appropriées(
2 ).
Étant donné le risque que constitue le
choléra pour la santé publique - il peut causer de nombreux
décès, se propager rapidement, y compris au plan international,
et affecter sérieusement les voyages et les échanges commerciaux
(32). Il est de la plus haute importance, en cas de flambée, que la
riposte soit bien coordonnée et mise en oeuvre en temps utile et de
façon efficace. La mise en oeuvre de la riposte doit toujours être
suivie de la planification et de l'application des mesures de
préparation qui permettront de gérer plus efficacement les
flambées futures (2).
Le choléra reste ainsi un problème
d'actualité dans le monde. En 1998, plus de 240 000 cas de
choléra entraînant 8 443 décès ont été
déclarés à l'OMS par 59 pays. Les pays les plus
touchés sont ceux dont la structure sanitaire est insuffisante,
où le niveau socio-économique est bas et lorsqu'il y a des
concentrations de populations (déplacements de populations lors des
guerres et des famines). Le continent le plus atteint en 1998 est l'Afrique
(9/10 des cas déclarés dans le monde et des décès
dus au choléra) dont plus de la moitié se situe dans la zone des
Grands Lacs (Ouganda, RDC, Kenya, Tanzanie, Mozambique) (1).
Pour contracter le cholera, il faut généralement
ingérer une grande quantité des micro-organismes.Parmi les
personnes infectées, environ 80% demeurent asymptomatiques et moins de
5% ont une atteinte grave caractérisée par des selles aqueuses
volumineuses mais indolores (3).
Dans les villes du Tiers-monde et plus particulièrement
dans les quartiers défavorisés, les besoins en eau potable et en
assainissement ne sont pas couverts ou partiellement compte tenu des besoins
actuels et de l'accroissement rapide de la population (4).
A cela s'ajoute le problème de l'élimination des
eaux usées,des excréta,des ordures de la ménagère
et des eaux pluviales .La pratique de défécation en plein air,le
rejet incontrôlé des eaux usées et des ordures et
l'inefficacité du drainage des eaux de surface(résultant des
inondations,de l'accumulation des eaux usées ou d'un mauvais
ruissellement des pluies d'orages),qui semblent sans conséquences dans
les zones rurales peu habitées,se traduit en ville par la pollution des
ressources en eau douce et la recrudescence des maladies hydriques (5).
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