I - Outils et techniques de diffusion vidéo
sur réseau
En deux ans, les techniques comme l'animation Flash ou
l'audio et la vidéo par Real Video ont atteint leur
maturité. Le développement de l'ADSL et du câble renforce
l'intérêt de ces techniques qui offriront de plus en plus une
réelle écriture multimédia pour l'Internet.
Aujourd'hui encore, consulter une vidéo sur le Net
consiste pour la quasi-totalité des internautes à visionner une
suite d'images floues et très peu fluides dans une case de quelques
centimètres sur le moniteur de leur PC.
Motif : plus que le réseau, qui n'absorberait par
ailleurs toujours pas les quantités d'informations nécessaires
à une qualité digne de la télévision, ce sont les
débits dont disposent les utilisateurs qui constituent une limite
infranchissable.
L'accès d'une majorité d'internautes à des
connexions haut débit serait-il dès lors la condition sine
qua non de la prochaine révolution du Net ?
Les marchés n'attendent pas. Pour preuve, on constate que
la priorité va pour l'heure à l'amélioration des gros
"tuyaux" qui constituent le réseau des réseaux.
Les grands opérateurs étendent de jour en jour les
capacités de nos réseaux. Des sociétés travaillent
plus particulièrement à rendre les contenus audio-visuels
disponibles le plus rapidement possibles depuis n'importe quel point du globe.
Elles détiennent les CDN (Content Delivery Networks)
composés notamment de serveurs de stockage (ou "caching"). Quiconque
souhaite aujourd'hui diffuser des contenus multimédias
évolués (ou Rich Media, voir définition en
annexe),
de la musique ou de la vidéo sur Internet doit donc faire
appel à ces acteurs de plus en plus incontournables.
Dans le cas où le diffuseur hébergerait
lui-même le contenu, les risques d'encombrement de ses serveurs font que
la qualité de réception en pâtit sensiblement.
La récente annonce d'une start-up américaine,
Digital Fountain, pourrait pourtant remettre en cause le modèle des
réseaux de serveurs relais : le nouveau système consisterait en
un serveur unique capable de diffuser un contenu encodé
de manière à être interprété
plus "intelligemment" par le plug-in adéquat, côté
utilisateur.
Depuis que la société Real Networks a
inventé le concept même de streaming en 1994, les
internautes savent qu'il leur suffit de s'équiper de petits logiciels
de lecture (players ou plug-in) ajoutant les
fonctions nécessaires à leur navigateur. Dès lors,
plusieurs standards ont tenté de s'imposer : Real Media,
toujours leader, mais également QuickTime, venu du monde
Apple, et Windows Media, plus récemment introduit par
Microsoft. Ces formats de compression des contenus (ou "encodage")
rivalisent dans l'objectif principal de réduire le poids des contenus
concernés et donc leur consommation de bande-passante, notion la plus
prisée de ce début de millénaire dans ce que l'on nomme la
"nouvelle économie". On soulignera également le fait que le W3C
(World Wide Web Consortium) oeuvre dans le sens d'une normalisation
des formats de diffusion.
De même, le standard de synchronisation des contenus
multimédia SMIL
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(pour "Synchronyzed Multimedia Integration Language") en
est à sa version 2.0, bien qu'il obtiennnent à peine les premiers
signes de reconnaissance de la part des grands éditeurs, d'où une
difficulté à être répandu et permettre une
standardisation des contenus rich media.
En effet, l'ajout d'éléments interactifs tels
qu'une présentation sous forme de diaporama nécessite une
synchronisation de contenues vidéo, audio et autre.
L'arrivée progressive dans les foyers de connexions aussi
rapides que celles dont disposent aujourd'hui les entreprises devrait permettre
une réelle explosion du secteur. C'est le pari que font dès
aujourd'hui diverses sociétés de services.
Plus sollicitées par le secteur de la communication
interne ou B to B, elles comptent un jour permettre à un nombre
croissant de sites grand public de diffuser du contenu équivalent
à celui des traditionnelles chaînes de radio ou de
télévision
(ou qualité "broadband").
Cette explosion des connexions haut débit permet de
diffuser plus facilement de la vidéo sur la toile.
Nous allons donc voir quels sont les usages de la vidéo
sur Internet.
I - 1 Les usages de la vidéo sur les
réseaux
Aujourd'hui, la vidéo est exploitée à
différentes fins sur le Web. Nous passerons en revue les principaux
usages qui en sont fait : promotions musicales, bandes annonces de films,
présentations de produits, contenu éducatif et Web TV.
Clips
Depuis le boom des chaînes diffusant des clips
(MTV et consorts), les clips vidéo promotionnels sont devenus
aussi importants que les chansons elles-mêmes.
Des millions de dollars sont dépensés pour produire
ces vidéos promotionnelles afin qu'elles soient le plus largement
diffusées, dans l'espoir que les ventes de disques en soient
augmentées.
Ce phénomène a poussé les directeurs
artistiques à intégrer bien plus de choses dans leurs
vidéos, afin de les rendre plus expressives. L'une des récentes
tendances a été celle des clips de longue durée, où
des sections narratives ou de danse sont ajoutées au début, au
milieu ou à la fin du clip. C'est le cas par exemple de la vidéo
du single Da Funk de Daft Punk, qui inclut des sections où la
musique s'interrompt entièrement puis revient depuis le haut-parleur
d'un radiocassette. Il devient de plus en plus difficile d'innover et les
directeurs artistiques continuent d'emprunter des techniques à
différents autres domaines afin d'essayer sans cesse de créer
quelque chose de nouveau.
Pratiquement tous les grands artistes possèdent un site
Web qui vise à donner autant de satisfaction que possible au
consommateur et les clips promotionnels
y contribuent en grande partie. Ils permettent à la fois
de récompenser le fan assidu en lui fournissant un contenu et de montrer
aux nouveaux fans potentiels bien plus que de simples images statiques de leurs
chanteurs.
Bandes Annonces
Lorsqu'un film est lancé sur le marché, un certain
nombre de bandes annonces sont créées, chacune étant
adaptée au type de média auquel elle est destinée.
Les clips promotionnels de Star Wars Episode II : La revanche
des Siths en sont un bon exemple, puisque quatre bandes annonces
entièrement différentes ont été
réalisées.
En général, la bande annonce d'un film au
cinéma est d'assez longue durée, tandis qu'on en diffuse une
version plus courte à la télévision. Les bandes annonces
publiées sur le Web sont généralement plus longues que
celles de la télévision
et permettent à l'utilisateur Web de se faire une
meilleure idée d'un film avant d'aller payer son billet.
Le site de Allocine (
www.allocine.fr) est un
succès, parce qu'il contient un grand nombre de bandes annonces, mais
également parce qu'il prend en compte la bande passante de l'utilisateur
pour la diffusion en flux continu. Différentes bandes annonces sont
proposées en faisant varier dans chaque cas la taille physique
et la qualité de la vidéo.
Présentation de Produits
La publicité est devenue une intrusion courante à
l'avant-première des films ou au cours des programmes
télévisés. Les émissions
télévisées sur Internet
(par exemple, celle proposée en Real Networks)
ont récemment commencé à inclure des publicités de
10 à 15 secondes qui viennent interrompre le déroulement des
programmes.
Toutefois, la présentation de produits ne doit pas
nécessairement être de la publicité directe. Dans certains
cas, la vidéo peut aider à faire connaître les
dimensions
d'un produit ou à faire découvrir un environnement,
ce qu'on essaie souvent de faire à l'aide d'images fixes.
La galerie de produits du site
apple.com adopte une
approche innovante pour la présentation de sa gamme, en donnant à
l'utilisateur la possibilité de tourner autour de l'objet et de zoomer
sous n'importe quel angle.
Télévision et Web TV
De nombreux programmes sont spécifiquement
préparés pour le Web et diffusés en utilisant des
applications de présentation en flux continu comme RealOne Player ou
QuickTime.
Le site
www.bbc.co.uk offre un bon exemple de
contenu télévisuel fourni à la demande sur Internet.
Le contenu est diffusé en flux continu et tient compte de
la bande passante
de l'utilisateur avant de s'afficher. Bien que cela puisse
paraître alléchant, la diffusion est souvent petite à
l'écran et peut être de très mauvaise qualité dans
le cas des connexions à bas débit.
Il est également courant aujourd'hui de proposer des
actualités télévisées sur Internet. Les concerts de
musique, les événements du monde, les conférences
et les manifestations sont présentés en direct sur
le Web ou préenregistrés pour une diffusion ultérieure.
Ces actualités sur le Web sont destinées aux
personnes qui n'ont pas la possibilité de suivre les émissions
télévisées au moment où elles sont
diffusées.
Dans la réflexion et la conception d'un projet audiovisuel
à destination du web,
il convient de bien réfléchir à la
destination du projet, car certains groupes sociaux ont plus de chances de
posséder des connexions à haut débit que d'autres
(les entreprises et les institutions commerciales, par
exemple). En conséquence, lorsque le public est bien ciblé, on
pourra dans certains cas justifier de concevoir un site spécifiquement
pour des publics équipés de connexion à haut
débit.
Les sites comme
www.bmwfilms.com ont pris ce
parti.
De nombreuses machines de bureau ne sont pas suffisamment
puissantes pour lire des vidéos de haute qualité à haut
débit, ni des fichiers vidéo fortement compressés. La
compression des fichiers désigne le processus qui consiste à
réduire un fichier afin de le rendre plus petit et donc plus rapide
à télécharger. Certaines formes de compression
nécessitent plus de travail que d'autres de la part du processeur afin
de pouvoir afficher le contenu vidéo. En conséquence, si
l'équipement de l'utilisateur n'est pas capable de gérer la
vidéo compressée, des images seront omises et la vidéo
sera lue de manière saccadée.
On ne saurait négliger l'importance de ce problème.
Si nous supposons que l'utilisateur possède un modem 56 Kbps, il y a des
chances qu'il ne possède pas non plus l'ordinateur le plus rapide du
marché. En compressant les clips pour les rendre suffisamment petits
pour le téléchargement, on prend le risque de les rendre plus
difficiles à afficher sur une machine peu puissante.
Il n'existe pas de solution simple à ce problème,
mais les machines augmentent progressivement en puissance.
Des options de compression bien choisies peuvent aider
considérablement,
de même que les solutions de chargement. Il est
également judicieux de proposer différentes options selon les
vitesses de connexion, comme pour la bande annonce des épisodes de
Star Wars, cité précédemment.
Le contenu vidéo sur le Web est généralement
servi via un plug-in : QuickTime, RealOne Player ou
Windows Media Player. Chacun possède ses avantages et ses
inconvénients (voir chapitre I-B), mais chaque plug-in fournit
essentiellement le même service en diffusant le contenu vidéo sur
le Web à l'utilisateur à partir de son navigateur.
QuickTime est installé par défaut sur les
ordinateurs Mac et Windows Media Player sur PC, mais il n'existe pas
d'installation standard inter plates-formes. Il n'est donc tout simplement pas
possible de supposer qu'une grande proportion du public possède le bon
plug-in, quel que soit le choix du format et du media.
Étant donné que le lecteur Flash peut
fournir à la fois le site Web et le contenu vidéo en un seul lot,
l'utilisateur s'épargne également le temps de
téléchargement supplémentaire d'un autre type de lecteur
(RealOne, QuickTime et Windows Média).
Cela peut sembler anodin, mais c'est en réalité
très important : le lecteur Flash Player est
considérablement plus léger à télécharger
(800 Ko pour PC et environ
1 Mo pour Mac) que n'importe lequel des lecteurs vidéo
dédiés que nous venons de mentionner -- RealOne Player
atteint par exemple à lui seul la taille de 8,52 Mo.
Animation
Tout le contenu vidéo analogique doit être
numérisé d'abord afin d'apparaître sur le Web et puisqu'il
existe toujours un grand nombre d'amateurs qui travaillent sur des pellicules,
elles doivent être converties en un fichier qui convient au Web
(comme un fichier MOV ou MPEG) avant de pouvoir
être affiché.
Mais certains logiciels permettent de créer directement de
l'animation numérique
de manière assez intuitive, créant ainsi une
nouvelle manière de créer de l'animation de façon peu
onéreuse.
Le site Happy Tree Friends (
www.happytreefriends.com)
propose une sélection de petit dessin animé de qualité
réalisé en Flash , à l'humour assez « trash
».
Contenu éducatif
De nombreuses applications multimédias facilitent la
création d'aides de formation en ligne.
Ainsi le logiciel Flash est capable de créer des CD-Rom
complets.
Ces contenus éducatifs ont ainsi une diffusion forte sur
les réseaux, permettant d'être accessibles depuis n'importe quels
postes connectés à Internet.
En outre, ils permettent aussi une communication à
distance, entre les professeurs et les élèves, facilitant le
travail à distance.
La vidéo sur le Web est souvent utilisée comme
un moyen d'apprentissage, avec une grande variété de styles :
depuis les vidéos enregistrées jusqu'aux animations 3D.
À l'écart de la salle de classe, la vidéo
est à l'évidence un fantastique outil d'éducation, qui
stimule les enfants et les éveille.
Le contenu éducatif sur le Web ne se limite pas à
celui du niveau de l'école primaire. La vidéo a longtemps
été utilisée comme aide visuelle pour illustrer des
notions scientifiques avancées et se trouve utilisée de
manière essentielle dans des sites tels que celui du Glenn Research
Center de la NASA (
http://microgravity.grc.nasa.gov)
où elle est exploitée pour présenter des théories
complexes de la manière la plus efficace possible.
Films
On trouve désormais des bandes annonces très
créatives, comme on peut le voir sur les sites Web des films Requiem
for a dream (
www.requiemforadream.com)
ou American Beauty (http ://www.d
ream-works.com/ab/).
En plus de leur qualité, de leur créativité
et de leur intégration à l'intérieur d'un site Web, ces
vidéos permettent une certaine interactivité.
On a la possibilité par exemple de laisser l'utilisateur
choisir la fin du film ou créer un écran divisé et ne lire
que le son du panneau que l'utilisateur aura sélectionné,
en donnant ainsi à l'utilisateur une représentation
non linéaire où l'interaction compte autant que la narration.
On peut également accéder rapidement à des
sous-titres en différentes langues, en stockant les informations dans
des variables ou dans une base de données et en les plaçant
à la volée par-dessus la vidéo principale.
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