L'intérêt de
l'interactivité dans
la diffusion
audiovisuelle
·
Université de Provence - Département
SATIS IUP Métiers de l'imase et du Son Mémoire de
Maîtrise 2005 - 2006
Mathieu AMAURY
IUP Métiers de l'Image et du Son Département
Sciences, Arts et Techniques de l'Image et du
Son (Satis) Université de Provence
Mémoire professionnel
L'intérêt de l'interactivité dans la
diffusion audiovisuelle
Travail réalisé sous la direction de Patrick
Sirejean
Juin 2006
Remerciements
Je tiens à remercier Patrick Sirejean pour sa
compréhension et son aide.
Un grand merci à tous ceux qui ont participé de
près ou de loin à ce mémoire, tant d'un point de vue
matériel qu'humain.
Merci à Thibaut Farnoux, Guillaume Borgomano, Benjamin
Balp
et Sébastien Pascal, ainsi qu'aux personnels techniques de
l'IUP Satis.
L'intérêt de l'interactivité dans la
diffusion audiovisuelle
Depuis l'essor d'Internet, les pratiques de consommation et de
communication évoluent. Les nouveaux usages liés à une
plus grande interactivité vont très certainement
générer une autre façon de regarder la
télévision, et donc d'utiliser les médias.
Ainsi, le média du XXe siècle (la
télévision) et celui du XXIe (le multimédia) se
lient afin de créer un nouveau média convergeant, mêlant
l'interactivité du Web avec la force de conviction et de diffusion de la
télévision.
On voit déjà des prémices de ces
médias dans les DVD interactifs, dans les Web TV ou dans le rich
media.
L'interactivité est un mot de plus en plus usité,
mais il est très vaste dans ses définitions et dans ses usages,
il est donc nécessaire de le définir.
Pour autant, nous n'en sommes qu'aux prémices de ces
nouvelles révolutions dans les nouvelles technologies de l'information
et de la communication.
La partie pratique de ce mémoire sera donc de créer
une interface interactive à destination du Web, permettant de naviguer
dans une séquence vidéo.
Mots clés : Web, Interactivité,
audiovisuels, médias, convergence, diffusion
Sommaire
Introduction 11
I - Outils et techniques de diffusion vidéo sur
réseau 17
I - 1 Les usages de la vidéo sur les réseaux 19
I - 2 Les différents formats en vigueur, leurs
caractéristiques (Inconvénients et avantages)
23
I - 3 Optimisation des vidéos pour la diffusion 27
I - 4 Synthèse 29
II - L'étape suivante, l'interactivité
33
II - 1 Définition de l'interactivité, exemple 35
II - 2 L'audiovisuel comme outil du multimédia 40
II - 3 Vers de nouveaux usages 44
III - Partie Pratique 49
III - 1 Choix techniques 49
III - 2 Choix du contenu 50
III - 3 Description et fonctionnement 52
Conclusion 57
Bibliographie 59
Lexique 63
I ntrOdUCtIOn
La télévision occupe désormais un tel espace
dans le monde de la communication qu'il est parfois difficile de se projeter
dans le XXIe siècle en quittant l'univers traditionnel
représenté par les pouvoirs en présence, les
contrôles nécessaires
ou les marchés porteurs.
Comment penser alors, de manière constructive, le futur de
la télévision ? Plusieurs pistes s'offrent au futurologue. On
peut envisager cet avenir sous trois aspects :
les programmes, les techniques ou encore les usages. Il me
paraît justifié de considérer en premier lieu les
technologies de la communication car les progrès réalisés
au cours des dernières années laissent présager
d'extraordinaires développements pour les années à venir.
Les programmes et les usages représentent ainsi d'autres enjeux dans le
contexte des nouveaux réseaux interactifs multimédias, comme
Internet, à partir desquels la télévision de demain devra
obligatoirement se situer.
Aujourd'hui la télévision privilégie le mode
classique de diffusion massive des informations. Un nombre relativement
restreint de professionnels appartenant aux grandes chaînes transmet de
manière unidirectionnelle des informations vers
des millions de téléspectateurs. Cette forme
pyramidale de diffusion de l'information n'est pas l'apanage de la
télévision. Elle est propre à l'édition, aux
magazines, aux journaux ou à la radio. Aujourd'hui, avec
l'avènement de l'Internet,
on constate un changement majeur dans l'accès individuel
à l'information. Les utilisateurs ne sont plus seulement des usagers
passifs, récepteurs d'informations non spécifiques
diffusées vers eux, mais se transforment en navigateurs actifs
sélectionnant les informations dans des bases de données, des
centres de ressources, avec l'aide éventuelle d'outils de recherche.
Le passage de la diffusion à la navigation est une des
caractéristiques principales du succès
des réseaux interactifs multimédias
représentés par Internet et le Web.
En revanche, dans son approche traditionnelle, la
télévision est restée linéaire,
séquentielle, synchronisée par ses programmes, s'adaptant aux
modes de vie des téléspectateurs (mais aussi des
téléspectateurs s'adaptant au format de la
télévision) et ne laissant que peu de place à
l'exploration ou au surfing, typiques des usages pratiqués sur
l'Internet.
La force de l'Internet se manifeste dans la capacité de
navigation que permet
le réseau. En "pointant" et en "cliquant" sur un lien, on
est transféré, en une fraction de seconde (théoriquement
et selon les débits des réseaux utilisés) vers
l'ordinateur contenant l'information indiquée par ce lien, cette
icône ou cette image.
Une telle capacité de saut d'un ordinateur à un
autre, caractéristique du classement de l'information sous forme
d'hyperliens, a fait le succès du Web à l'échelle
internationale et favorise l'accès à l'information. En revanche
lorsque l'on veut "surfer" sur la télévision, la seule
possibilité à la disposition de l'usager est de "zapper" d'une
chaîne à l'autre, c'est-à-dire de changer radicalement
d'environnement et d'images. Ce zapping traditionnel, propre à la
télévision, correspond à un changement de tout ou rien. Il
n'est plus question de naviguer dans l'image ou de surfer d'un site à
l'autre : on quitte un univers pour entrer dans
un autre, avec tous les inconvénients que
représentent cette expatriation intellectuelle.
11
Les producteurs jouent de ce dépaysement en proposant
des situations télévisuelles privilégiant
l'émotion, la vivacité, l'interactivité immédiate
par participants interposés. Leur but est de capter
instantanément l'attention du téléspectateur butineur.
D'où le succès des débats en direct, des
jeux ou des manifestations sportives qui rassemblent à la fois acteurs
et spectateurs.
C'est dans un tel cadre que l'on voit émerger
progressivement la complémentarité entre Internet et la
télévision. La force d'Internet est de permettre l'exploration de
sites, l'approfondissement des informations, l'accès au
multimédia, valorisé par des logiciels spécialisés
constituant des plates-formes (tels les navigateurs ou
explorer). Sa faiblesse c'est le bas débit du flux d'images qui
transitent par le réseau. La force de la télévision est le
torrent d'images en temps réel qu'elle permet de capter à tout
instant : actualité, documentaires, événements sportifs,
films, programmes éducatifs... Cependant la télévision ne
permet pas la navigation comme l'Internet. Les options qu'elle offre sont
limitées. Grâce à la fusion avec Internet,
la télévision acquerra les capacités de
navigation offertes aujourd'hui sur le Web. On pourra alors cliquer dans une
image animée et approfondir l'information que l'on recherche à
partir de cette image. Un champ immense s'ouvre au mariage de
la télévision numérique et de l'Internet
Internet promet l'avènement d'un nouveau mode de
communication, qui dépasse
le multimédia. Il s'agit d'un nouvel espace, on pourrait
même dire un nouvel espace- temps de communication. Le multimédia
se transforme en " network media " :
le multimédia en ligne et en temps réel grâce
à des réseaux à haut débits.
Le network média représente un enjeu fondamental
pour l'avenir. C'est pourquoi l'on voit déjà des grandes
entreprises développer des alliances industrielles ou se lancer dans des
fusions et des acquisitions pour conquérir les marchés du futur
à partir de l'image en ligne à haut débit. C'est dans un
tel contexte que la télévision va trouver de nouvelles
applications : avec la naissance du Network Media il ne s'agit plus, comme dans
l'optique traditionnelle de diffusion, d'émettre vers les
téléspectateurs et d'être capté par le plus grand
nombre. Il s'agit d'attirer les usagers vers ses sites et de les
fidéliser en personnalisant la relation.
À quoi peut-on s'attendre dans les cinq prochaines
années ? Il est clair que l'enjeu majeur est l'accroissement des
débits pour permettre la vidéo interactive en ligne. Aujourd'hui
la transmission d'images de qualité est limitée par le faible
débit du fil téléphonique. Mais déjà on voit
apparaître des possibilités d'accroissement des débits
grâce au câble de la télévision, à l'ADSL,
à la compression des données, ou aux satellites à orbite
basse.
Certes, aujourd'hui on peut recevoir une forme de
télévision rudimentaire sur le réseau Internet.
Grâce à des logiciels comme RealVideo il est possible de
capter des émissions de télévision sur un petit
écran de quelques centimètres de côté. L'image est
saccadée et pas toujours synchronisée avec le son.
Néanmoins c'est une prouesse technique que d'être capable de
regarder des chaînes de télévision en direct, offrant par
exemple le journal télévisé, lorsque l'on se trouve au
bout du monde et que l'on est connecté à Internet par
l'intermédiaire d'un fournisseur d'accès local.
Déjà des entreprises proposent des canaux de
télévision sur leur site Internet à partir duquel elles
diffusent des films qui ont été stockés et qui sont mis
à la disposition des usagers dans un catalogue audiovisuel et
multimédia.
Par ailleurs, on voit apparaître l'équivalent de
canaux de télévision sur Internet.
C'est le phénomène du push media ou du
Webcasting. L'usager peut sélectionner les domaines qui
l'intéressent et, à partir de ces choix, l'ordinateur
(ou le serveur) va rechercher dans l'ensemble des bases de
données d'Internet les informations sélectionnées qui
l'intéressent : culturelles, éducatives ou de loisirs. Cette
forme de personnalisation de l'accès à l'Internet se
développe rapidement et préfigure les canaux de
télévision de demain sur les réseaux multimédias
interactifs. Récemment, des boîtiers d'accès à
l'Internet, connectables à un poste de télévision, ont
été commercialisés dans les grandes surfaces. De la taille
d'un décodeur ils se branchent d'un côté sur la prise
Péritel du téléviseur et de l'autre dans la prise
téléphonique du mur. Grâce à une
télécommande infrarouge, il est possible de naviguer sur des
sites Internet sans toutefois obtenir l'ensemble des fonctions offertes par un
ordinateur multimédia. Le push média et les outils de
navigation
sur Internet à partir d'un téléviseur
classique sont déjà des préfigurations de la fusion
attendue entre l'Internet et la télévision numérique.
Une des innovations pourra venir de la fusion complète du
code TCP-IP de l'Internet et du système de codage de la
télévision numérique, créant ainsi un seul
média interconnecté.
Certes, on continuera de disposer dans sa salle de séjour
d'un téléviseur doté d'un grand écran. On utilisera
également des ordinateurs capables de projeter sur un écran mural
des images de qualité télévision. La distinction se
poursuivra entre téléviseurs et ordinateurs, mais le fait de
pouvoir accrocher au mur des écrans plats de télévision de
grande taille et de pouvoir projeter depuis son ordinateur des images
numériques pourra faire tomber les cloisons existant encore entre
l'ordinateur
et le téléviseur. Le téléspectateur
internaute bénéficiera donc, non seulement
de l'accès en temps- réel à des masses
d'informations, qui jusqu'ici ne pouvaient circuler sur les réseaux
interactifs, mais il pourra bénéficier aussi d'une sorte de don
d'ubiquité lui permettant, en temps réel, d'être
présent dans le cybermonde.
Le changement fondamental dans les usages de l'Internet et de la
télévision viendra des satellites à orbite basse. Ce type
de satellites va devenir un outil principal de diffusion de la
télévision et de l'Internet. La fusion entre la
télévision, le téléphone
et Internet conduiront au développement d'assistants
personnels numériques (APN) que l'on portera dans la main et qui
capteront la télévision, l'Internet et assureront les fonctions
de téléphonie habituelles.
Qu'en sera-t-il des programmes ? La télévision du
futur sera en grande partie faite par les utilisateurs eux-mêmes. On peut
déjà émettre sur Internet en radio ou en vidéo
grâce à la norme Real Video qui permet d'être capté
au bout du monde, sans qu'il soit nécessaire de se doter de stations
d'émission puissantes.
Grâce à des éditeurs de pages en code
Internet (HTML), il devient possible de produire ses propres pages Web et
d'émettre de l'information sur le Web.
C'est ce qui a conduit, ces dernières années,
à l'étonnant succès des " home pages " ou pages
personnelles. Ces pages prolifèrent sur Internet, tant pour des
individus que pour des associations, des petites entreprises ou des groupes de
personnes voulant faire connaître leurs programmes ou leurs projets. Avec
l'apparition de
la vidéo en compression numérique sur Internet,
l'agrandissement des écrans et l'avènement de multiples canaux de
télévision, ces pages personnelles vont
peut-être se transformer en "home channels " les
chaînes personnelles de télévision. Ces chaînes
personnelles ont le potentiel de se développer dans
le monde entier, proposant des centaines de milliers, voir des
millions d'émissions
quotidiennes à partir de programmes réalisés
par les usagers eux-mêmes.
De même que les officines d'imprimerie se sont
multipliées après Gutenberg dans toute l'Europe, on peut supposer
que le nombre de ces officines de télévision va augmenter. Il
sera aussi facile d'émettre sur les réseaux que de faire
aujourd'hui
sa page Web, et ceci grâce à des nouveaux logiciels
permettant d'éditer les images vidéo et le son. On reproduira
ainsi la démarche des "marchands de quatre-saisons" qui viennent avec
leurs chariots proposer des légumes et des fruits sur les places des
marchés...
Exemple de réseau pour le VOD
Les nouveaux "marchands de quatre-saisons numériques" vont
offrir une variété jusqu'ici inconnue de programmes sur les
réseaux. Ces programmes seront de toute nature, de bonne qualité
comme de très mauvaise qualité, voire des programmes que la loi
ou que la morale réprouve. Ils seront incontrôlables. Nous nous
trouverons en présence d'un phénomène d'évolution
darwinienne par sélection naturelle, éliminant certains et
favorisant d'autres. Chacun aura la possibilité de proposer images
et programmes, captés par d'autres, grâce aux
moteurs de recherche d'images vidéo disponibles sur les réseaux.
Car le vrai problème sera de trouver les émissions correspondant
au goût de chacun. En présence d'un angoissant « hyperchoix
», comment s'orienter dans ces réseaux et trouver les
thèmes, sujets et émissions d'intérêt ? La
réponse commence à être apportée par les moteurs de
recherche et les agents intelligents. Ils nous aident déjà
à naviguer dans cet océan d'informations
pour trouver ce que nous cherchons. Ces agents nous avertissent
ou nous informent des émissions ou des sujets qui nous
intéressent sur l'ensemble des réseaux interactifs
multimédias planétaires. Grâce à nos
téléphones portables, voire à un
" bip " nous aurons la possibilité d'être
informés de la programmation d'émissions ou du lancement de
nouveaux sujets susceptibles de nous intéresser.
Déjà la société IBM propose
un ordinateur portable qui s'intègre à notre corps comme un
vêtement. Grâce à des lunettes, on peut voir l'écran
de cet ordinateur, tandis que l'on contrôle la souris dans la paume de sa
main ou par commande vocale. Ces systèmes préfigurent les
télévisions portables et l'Internet téléphonie de
demain avec une multitude de canaux à notre disposition. Dans un futur
proche, on prévoit des écrans souples et plats comme les pages
d'un livre. De nombreux laboratoires travaillent déjà à
l'ordinateur-livre comportant, non plus un seul écran plat et rigide,
mais plusieurs écrans souples comme des pages, se comptant par dizaines
ou par centaines. Un livre que l'on pourrait mettre à jour en le
laissant sur son étagère, qu'il s'agisse d'un catalogue, d'un
annuaire ou d'une encyclopédie.
Ce livre du futur pourrait se doter d'écrans sur lesquels
il sera possible de capter la télévision. Le mariage de
l'Internet, de l'écran de la télévision et du livre
offrira, dans les années à venir, un nouveau média de
loisirs culturels ou éducatifs, permettant d'accéder aux
programmes les plus variés avec une portabilité et une
accessibilité jamais encore atteintes aujourd'hui.
Des programmes réalisés par les usagers, des usages
à réinventer, comme jadis pour le Minitel, des communicateurs
personnels multimédia mobiles, voici certains des changements
technologiques qui vont bouleverser programmes et paysages audiovisuels. Voici
également les enjeux auxquels seront confrontés les
téléspectateurs de demain.
Mais pourrons-nous encore les appeler "
téléspectateurs ? ". Ils seront devenus des " hybrides " entre
téléspectateurs passifs et internautes actifs, recherchant
l'information à leur gré dans des canaux de diffusion de plus en
plus complexes.
Bien sûr, de nombreux téléspectateurs
continueront à préférer être informés
à heure fixe afin de regarder les programmes qu'une majorité
regarde en même temps qu'eux. Bien sûr, la télévision
généraliste continuera à mobiliser des foules sur des
grands événements nationaux ou internationaux. Mais on assistera
à une forme de restructuration pyramidale de la
télévision, avec quelques grandes chaînes
généralistes au sommet, des centaines de chaînes
spécialisées au centre et à la base, des millions de
chaînes individuelles produites par les usagers eux-mêmes.
À quoi tout ceci conduira-t-il ? À plus de
liberté, plus de diversité, plus d'ouvertures culturelles et
éducatives pour les citoyens ? Ou au contraire à encore plus
d'abrutissement de masse ? A l'émergence d'une intelligence collective
ou d'une bêtise généralisée ? L'avenir de la
télévision dépendra plus que jamais de ce que nous en
ferons et plus seulement de ce que quelques-uns voudront bien diffuser à
notre intention.
Là n'est pas le sujet de ce mémoire, mais il est
néanmoins essentiel de réfléchir au futur de la
télévision, média majeur de ce siècle.
Cette réflexion apporte des pistes sur les choix du
contenu de ce mémoire, en terme de public visé, des moyens de
diffusion mis en oeuvre et de la facilité d'accès à
l'information.
|