L'impérialisme culture occidental et devenir de la culture africaine: Défis et perspectives( Télécharger le fichier original )par Bernard ZRA DELI Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de Philosophie (Licence) 2008 |
I-2. Historicité des relations interculturellesLes rencontres des peuples de civilisations différentes au cours de l'histoire ont donné lieu à des mutations profondes sur le marché culturel. Ces contacts ont fait naître aux yeux des différents peuples des besoins de relations culturelles ethniques, nationales et internationales qui, de nos jours, ont abouti au phénomène du village planétaire. De ces relations multiraciales sont nées également des crises sociales générales et les peuples sont désormais appelés à réviser leur façon de faire et d'être. Aucune culture n'est épargnée. Toutes sont interdépendantes et complémentaires car chacune tire dans l'autre des éléments qui l'enrichissent et la revalorisent. Datant des décennies, ces relations culturelles se sont multipliées de nos jours avec l'éclosion de toutes les structures sociales par le commerce d'idées, d'oeuvres artistiques et littéraires, les voyages et le phénomène de la mondialisation. L'avènement de l'Internet n'est pas à perdre de vue. L'entrée en scène de toutes les valeurs culturelles stimule la pensée et l'ébranlement des esprits. C'est surtout la soif de se compléter, de connaître la culture de l'autre et l'esprit de curiosité qui a donné naissance à de telles relations. Dès lors, « la situation d'autarcie se trouve altérée lorsque les communautés entrent en contact avec d'autres sociétés disposant d'un produit de grande utilité qu'elles ne possèdent pas elles-mêmes. »20(*) La mutation radicale de la structure sociale devient ainsi fonction des nouveaux éléments dans la culture d'accueil. Ces échanges présentent des intérêts aux yeux de toutes les sociétés. Raison pour laquelle une aspiration commune se crée au milieu de tout le genre humain : « développer les échanges culturels entre les peuples, faciliter une connaissance et une compréhension réciproque sur le plan culturel. »21(*) Ainsi, l'isolement culturel n'est plus possible et sur le marché culturel, reculent les frontières des États les unes après les autres. Ces relations culturelles sont des contacts volontiers entre différents peuples sans souci d'annexions des groupes sociales. Ces relations de premières heures demeurent-elles aujourd'hui les mêmes? De nos jours, ces relations sont tellement développées que la culture est devenue une arme politique, une force d'affirmation de soi. Face à ce nouveau visage, l'identité culturelle devient une question de survie qu'il faut chercher à défendre, à conquérir dans ce métissage de styles, des modes et de croyances enracinées dans des cultures. La multiculturalisation, processus d'une émergence des identités culturelles diverses et prise en considération de celles-ci, se fait sentir. L'identité culturelle, « expression qui déclenche, selon les tempéraments et les tendances, des torrents d'affectivité et de passion, quand ce n'est pas une véritable allergie »22(*), tient une place de choix dans ces relations culturelles. Les relations de coopération, les échanges culturels sont souvent fortement liées et associées à des inégalités sociales, à une exploitation poussée qui fragmente la culture en une pluralité de forteresses. Dans une telle relation, les minorités ont du pain sur la planche. Les particularités spécifiques culturelles ne sont plus respectées. Les échanges, les emprunts et les influences prennent d'autres formes. L'Afrique n'est pas épargnée de ces rides culturelles. Elle est d'ailleurs la plus concernée vue qu'elle se présente comme le dépotoir de la culture occidentale. Exposée au monde et appelée à rejoindre l'universel, elle a à s'enraciner dans un lieu et dans une histoire pour faire partie de la culture métissée de demain, riche en identités et en appartenances multiples. Mais le pari n'est pas facile. Elle doit se donner sens dans le nouveau village planétaire. Pour y arriver, Jules ATANGANA propose un retour aux sources des valeurs humanistes : « Sur une planète chaque jour interdépendante, où les peuples ont de plus en plus besoin les uns les autres, l'Afrique a le devoir de faire un retour sur ses valeurs les plus humanistes, qui lui permettent d'apporter au monde sa contribution positive à la recherche d'une paix qui réponde aux aspirations légitimes de tous les hommes à la liberté, au progrès et à la fraternité. »23(*) La saisie de soi comme être existant dans le monde doit battre de l'aile au niveau africain. La nécessité de croire en soi et en ses valeurs culturelles pour s'arracher de la psychose qu'on a vis-à-vis de sa culture n'est pas à démontrer. Une invitation du fond du coeur et un vibrant appel sont lancés aux Africains pour faire face aux défis d'être actuel, pour devenir ce qu'ils doivent être, garder à coeur leur dignité anthropologique et faire face à l'histoire. Pour échapper à cette influence négative des cultures étrangères, les Africains doivent s'inculturer. Ils doivent mettre en valeur leur culture et s'y enraciner pour être identifiés au rendez-vous du donner et du recevoir. Pour ce fait, le retour aux sources est incontournable et l'inculturation est une condition sine qua none. * 20 LABOURTHE-T.P., BUREAU R., Initiation africaine, Supplément de philosophie et de sociologie à l'usage de l'Afrique noire, Yaoundé, Clé, 1971, p. 121. * 21 DOLLOT L., Les relations culturelles internationales, Coll. « Que sais-je », Paris, PUF, 1968, p. 15. * 22 MBUMUA W. E., Op. Cit., p. 14. * 23 ATANGANA J., Chemins d'Afrique, Coll. « Point de vue », Yaoundé, Clé, 1973, p.41. |
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