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L'impérialisme culture occidental et devenir de la culture africaine: Défis et perspectives

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par Bernard ZRA DELI
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de Philosophie (Licence) 2008
  

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CONCLUSION GENERALE

Face à l'assaut direct et brutal des schèmes culturels différents, l'Africain se trouve pris au piège de tant de pseudo-valeurs d'une culture étrangère qui dépersonnalisent l'être africain ; il y a nécessité de prendre une part importante au réveil des consciences pour une révolution culturelle africaine humanisante. Ce projet vise en effet à contrer l'impérialisme culturel occidental devenu plus complexe, plus tentaculaire et plus agressif que jamais, détruisant par le fait même la culture du continent noir, en saccageant son incarnation dans l'histoire de l'humanité. C'est en cela qu'a consisté notre réflexion intitulée Impérialisme culturel occidental et devenir de la culture africaine : Défi et perspectives. Pour examiner en profondeur cette question et fixer notre regard sur un avenir prometteur, nous nous sommes grimpé sur l'épaule du géant qu'est William Eteki'a MBUMUA dans son oeuvre Un certain humanisme. La méthode analytico-descriptive nous a semblé propice à cet effet.

L'enjeu est la redéfinition de l'identité africaine dont « la tradition ne doit pas être ni un élément d'oppression, une espèce de refuge de refoulement, une espèce de corset dont les dominants seraient heureux de se servir, ni un alibi à l'usage de certaines bonnes volontés néanmoins paternalistes ; comme dans le cas de l'apartheid »105(*), mais comme atout de réalisation de la nature humaine mis au service de l'humanité.

Au-delà de ces pseudo-valeurs, la culture deviendra alors force de libération et d'accomplissement de l'homme. Les diversités culturelles, nées avec les hommes suivant le temps et l'espace, doivent aboutir à la culture, celle à laquelle aspire toute l'humanité, celle faite des valeurs les plus essentielles et les plus actives dans le processus de l'accomplissement parfait de l'espèce humaine. Car c'est elle qui doit réaliser le projet de l'humanité en vue de donner à l'homme le sens de sa liberté, de sa dignité et de sa juste place d'être humain au milieu du matérialisme envahissant.

Face à ce phénomène, on constate avec anxiété et tristesse que l'historicité des relations interculturelles a provoqué des mutations sociales importantes : aliénation, acculturation, ethnocentrisme, assimilation. C'est dans ce contexte d'impérialisme que nombre ne savent plus aujourd'hui sur quel pied danser. Les appels lancés de toute part pour la sauvegarde de l'identité de soi, surtout dans le Tiers-Monde dont la culture se trouve menacée et placée au garage folklorique sont de plus en plus aigus. L'inquiétude est grande et il faut en appeler à la conscience universelle. Gilberto FREYRE souligne pour déplorer la situation des Africains et des Brésiliens : « Il ne faut pas que la modernisation les fasse entrer en lutte contre leur environnement, soit qu'elle les coupe de leurs sources culturelles, soit qu'elle rende artificielles les manifestations nationales de leur culture. »106(*) La culture africaine ne peut échapper à cet enlisement que par la révolution. Malgré la multitude de ses valeurs capables d'assurer son avenir, elle a encore besoin de l'apport extérieur pour s'enrichir davantage. Ce progrès ne peut se réaliser que par le changement de mentalité et de l'éducation. L'autocritique et le dynamisme constituent les critères de développement de la culture africaine. La crise des valeurs suite à la dégradation de la culture africaine constitue le fond de notre travail de recherche. Face à ce problème, William E. MBUMUA propose un retour aux sources pour recenser les valeurs nécessaires à la réalisation de l'homme aboutissant à l'avènement d'un homme synthétique dont l'Afrique a besoin aujourd'hui. C'est pour nous, Africains, un impératif catégorique d'intégrer dans notre propre culture sans nous renier la rationalisation de nos modes de vie et de nos styles avec un esprit critique et aussi de notre dynamisme culturel aux contacts avec les autres. Pour cela, il y a lieu de revenir sur notre passé afin de mieux nous projeter dans l'avenir. Ce retour est une prise de base d'envol et non une exhibition de nos pseudo-valeurs culturelles toutes faites. C'est un retour en vue d'un saut de qualité qui soit capable de redorer l'image de celui que l'histoire a terni.

Seule une révolution culturelle en profondeur nous permettra de réaliser l'homme total dont a besoin le continent. Et cette « révolution culturelle ne sera pas l'avènement d'un ghetto culturel, d'un factice retour à l'état d'un monde de rêve et de folklore »107(*), mais l'incarnation d'une Afrique digne d'elle-même, la réinvention d'hommes nouveaux libres, fiers d'appartenir à leur peuple, prêts à oeuvrer pour la réalisation du genre humain. Ainsi, on assistera à l'avènement d'une nouvelle élite qui jouira de son identité et non plus à celle d'aujourd'hui falsifiée, dépersonnalisée, déracinée et aliénée par une mentalité abrutie et colonisée. Tâche difficile car si rien n'est fait, « l'âme africaine achèvera de se dissoudre si les élites du continent persistent à refuser leur propre passé, à craindre l'immersion dans la masse et à prêcher l'exode culturel. »108(*)

En réalité, l'éducation permanente des jeunes et des adultes dans le réveil des consciences, des âmes est capable de donner à l'Afrique son image d'antan où ses fruits dodus miroitaient au soleil et attiraient les abeilles des déserts lointains. Elle prendra la famille comme cellule de base et le philosophe comme éveilleur de conscience. L'éducation à la langue maternelle et aux langues nationales sera l'élément moteur en partant des réalités propres à nos peuples pour transformer leur milieu. Et « c'est pour cette raison qu'il faut utiliser les langues africaines par lesquelles on peut instruire les masses et leur communiquer les méthodes culturelles et les techniques culturelles. »109(*) Il s'avère alors nécessaire d'apprendre nos langues à l'école et d'orienter autrement notre politique culturelle.

Et pour un accès à un très grand nombre à cette culture africaine, il faut procéder à sa promotion, à sa diffusion et à la volonté d'offrir aux autres univers sociaux ce que nous avons de plus précieux et de particulier. Et nous l'avions remarqué que l'Internet s'est proposé aujourd'hui pour la diffusion de cette culture. Mais dont l'usage doit dépendre de notre bon sens. Il est important à tout Africain de promouvoir sa culture, d'entamer une révolution culturelle pour se libérer des contraintes des pseudo-valeurs et ne pas se laisser occire par la nostalgie du passé ou par la mondialisation. Il est donc nécessaire de procéder à une décolonisation de nos mentalités arrêtées sur notre propre culture et d'être ce que nous sommes. Et avec PINDARE, un appel est lancé à tout Africain : « Deviens ce que tu es »110(*) tout en sachant que : « Un goût trop fort, c'est toujours du poison. »111(*)

Nos cultures pourront nous éclairer dans la recherche du bonheur dont tout le monde a besoin. La révolution culturelle africaine sera-t-elle ou ne sera-t-elle pas ?

* 105 MBUMUA W.E., Un certain humanisme, Yaoundé, Clé, 1970, p. 23.

* 106 FREYRE G., « L'expérience afro-brésilienne », in Unesco. Le courrier, Août-sept., 1977, p. 18.

* 107 MBUMUA W., Op. Cit., p. 22.

* 108 KI-ZERBO J., cité par MUDIMBE V., L'Odeur du Père, Essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique Noire, Présence africaine, Paris, 1982, p. 102.

* 109 MBUMUA W., Op.Cit., p. 25.

* 110 PINDARE, cité par LABURTHE-T.P., -BUREAU R., Initiation africaine. Supplément de philosophie et de sociologie à l'usage de l'Afrique noire, Yaoundé, Clé, p. 283.

* 111 ATEBA E. C., Comprendre l'éthique. Du discours à la pratique, A.M.M.-nov., 2001, p. 86.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus