3. Problématique et
opérationnalisation
3.1.
Problématique
Alors que débutait le stage, différents points
m'intéressaient particulièrement :
Ø La participation active des patients à leur
programme de soins permettant une meilleure compliance, voire une réelle
mobilisation des patients et de leurs familles, allait-on pouvoir noter une
amélioration de la compliance aux soins en général, dans
le prolongement du programme ?
Ø Pourrait-on imaginer qu'une participation plus active
des patients à leur prise en charge puisse changer les différents
positionnements des intervenants (des soignants, des patients, de
l'entourage) ?
Ø Comment sensibiliser les équipes des
unités classiques d'hospitalisation aux nouvelles pistes de recherche et
de traitement ?
Ø Comment intégrer ce type d'approche et de
soins à ma future pratique de psychologue clinicienne ?
J'ai résumé toutes ces questions en une seule,
plus globale : quel peut être l'effet du programme de
réhabilitation sur les patients schizophrènes que reçoit
le CRESOP ?
.
Pensant tout d'abord baser cet écrit sur la recherche
de marqueurs langagiers, j'ai élaboré un guide d'entretien dont
j'espérais qu'il me fournirait une base de travail facilement
utilisable.
Les circonstances ont fait que ce projet s'est
compliqué puisque je n'ai pas obtenu l'autorisation d'enregistrer. J'ai
cependant commencé à rencontrer les patients et à mener
les entretiens, que je prenais en note rapide, le plus fidèlement
possible, pensant trouver le moyen d'utiliser ces notes d'une façon ou
d'une autre.
Peu à peu les obstacles que rencontrait mon projet de
départ se sont révélés une chance : ils me
permettaient de réorienter cette recherche dans un sens qui
m'intéressait bien davantage. Je ne pensais pas en effet que ces
entretiens seraient aussi riches, ni que ce que j'allais observer dans ce temps
de stage serait aussi chargé d'enseignements.
Dans le cadre de l'étude en cours, les patients sont
soumis à des re-tests à distance (6 mois après la TRC).
C'est à l'occasion de ces tests que je les ai rencontrés et que
j'ai pu les interroger.
En plus des résultats attendus (amélioration des
fonctions cognitives visées et amélioration clinique), il
apparaît que les patients font preuve d'une grande assiduité au
programme. Ils acceptent également volontiers de revenir à 6 mois
d'intervalle pour les re-tests, ce qui n'apparaissait pas comme évident
au départ.
Plus habituée à une forme d'apathie
fréquemment rencontrée dans les couloirs des hôpitaux
psychiatriques, je fus tout de suite sensible à une tonalité
particulière dans l'attitude des patients que je croisais au CRESOP, que
je qualifierais volontiers de « dynamisme ».
Le programme de soins proposé par le CRESOP demande un
investissement personnel important, en terme de temps consenti mais aussi de
fatigue physique. Comme le souligne un patient que j'ai interrogé :
« déjà il faut beaucoup marcher pour venir
jusqu'ici, c'est pas évident pour trouver les
locaux... »
Les patients se plient de bonne grâce à des
démarches relativement lourdes et possiblement angoissantes :
nombreux tests et échelles, entretiens cliniques avec un médecin
puis un psychologue, EEG, IRM fonctionnelle, séances de
remédiation de 40 minutes 2 fois par semaine sur 7 semaines... et
reviennent encore 6 mois après pour une réévaluation.
Le programme de réhabilitation proposé par le
CRESOP a vraisemblablement un impact sur la motivation des patients.
L'investissement des patients dans le programme modifie leur positionnement et
celui des soignants avec lesquels ils sont en interaction. Parallèlement
à l'amélioration de l'autonomie et des capacités
cognitives qui est visée par le programme de soins du CRESOP, les
patients regagnent en confiance en eux et en leur capacité à se
prendre en charge.
Il s'agira d'observer d'une part l'implication des patients
dans le programme proposé par le CRESOP et d'autre part les interactions
dans le groupe PACT d'information à la maladie. Il s'agit donc d'une
étude descriptive, à un moment T.
Il ne s'agit pas d'évaluer l'efficacité du
programme mais plutôt de proposer un aperçu du point de vue qu'en
ont les patients à un moment donné de leur prise en charge. Ce
point de vue, bien que subjectif, est fondamental puisque c'est cette
perception qui déterminera en grande partie la suite du parcours de soin
de ces patients.
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