WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation des effets d'un programme de réhabilitation et de remédiation cognitive sur des patients schizophrènes

( Télécharger le fichier original )
par Charlotte Mouillerac
Université Paris 8 - Master2 de psychologie clinique 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.2. La réhabilitation psychosociale

Le plan Santé Mentale 2005-2008, publié en 2005, met l'accent sur la réhabilitation ce qui constitue une évolution notable dans le champ de la psychiatrie.

Cette évolution se fait au moment où la notion de réhabilitation se développe et fait peu à peu son chemin dans les établissements.

Cette technique de soins vise à restaurer l'autonomie des patients et à renforcer leur capacité de participation active. Il s'agit en fait de considérer les capacités préservées là où l'on avait tendance à cibler plutôt les déficits.

« La réhabilitation psychiatrique - pratiquée par des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux, des infirmiers, des rééducateurs et les patients eux-mêmes et leurs familles - vise à améliorer autant que possible les capacités des personnes présentant un handicap dans la vie, l'apprentissage, le travail, les relations sociales et l'adaptation. Son postulat est que, si les usagers reçoivent suffisamment de soins et d'accompagnement dans la communauté, ils peuvent vivre librement avec des conditions de vie suffisamment satisfaisantes, l'hospitalisation psychiatrique ne prenant plus qu'une place minime dans leur existence (au moment des périodes de crise...). »10(*)

La Réhabilitation Psychiatrique est une tentative d'intégration de deux approches : l'approche sociale de la Réhabilitation Psychosociale et l'approche médicale de
la Psychiatrie

La Réhabilitation Psychosociale, qui s'est développée aux USA après la 2ème guerre mondiale comme une alternative sociale au modèle médical dominant dans le traitement des patients psychiatriques, met l'accent sur l'intégrité et les forces de l'individu plutôt que sur sa maladie et propose une approche globale incluant la réadaptation au travail, le logement, les loisirs sociaux, l'éducation et l'adaptation personnelle (Cnaan et al.11(*)).

Même si le concept de réhabilitation est désormais reconnu, son utilisation reste encore très marginale dans de nombreux services de psychiatrie.

Pour beaucoup de patients la prise en charge se limite encore à la gestion de la crise. Dans certaines structures extra-hospitalières (CMP, CATTP, HDJ), les activités proposées tiennent parfois de l'occupationnel, d'autant que les moyens en personnel et en budget sont souvent très limités.

Les patients ayant entendu parler de réhabilitation sont vraisemblablement une minorité.

« Si sont maintenant reconnus et acceptés les objectifs de la réhabilitation psychosociale, permettre à la personne souffrant de troubles psychiatriques d'accéder au meilleur fonctionnement possible dans le milieu de son choix, ainsi que les moyens d'y parvenir (psychoéducation, entraînement aux habiletés sociales, remédiation cognitive, militantisme, soutien social et familial, emploi et logement aidés), le consensus n'est pas atteint sur une question essentielle : la délimitation du champ de cette pratique au sein de la santé mentale. Et tout se passe comme si l'émergence de la réhabilitation psychosociale devait être plus difficile en France qu'ailleurs12(*)

Si la préoccupation de réadapter et de réinsérer les patients atteints de troubles psychiatriques a été énoncée dès l'avènement du secteur en France (1960), la pratique de la réhabilitation psychosociale a des difficultés en France à émerger des soins « généralistes ».

R. Cnaan propose en 1988

treize grands principes de la réhabilitation psychosociale1 :

1) « L'utilisation maximale des capacités humaines (Full Human Capacity) Chaque personne est capable d'améliorer son niveau de fonctionnement. La vie est un processus de croissance et de changement et chaque individu, même sévèrement handicapé, est capable de croissance et de changement. C'est de la responsabilité des professionnels de développer le niveau d'attentes que les patients ont pour eux-mêmes, de les aider à se percevoir comme capable de progrès et de les soutenir dans ce processus de croissance. Il convient pour cela d'exploiter les forces de la personne, de travailler avec les parties saines de son Moi.

2) Doter les personnes d'habiletés (Equipping People with Skills) C'est la présence ou l'absence d'habiletés (sociales et instrumentales), et non la disparition des symptômes cliniques, qui est le facteur déterminant dans le succès de la réhabilitation. Apprendre ou réapprendre les habiletés élémentaires pour agir dans un environnement social, vivre de façon indépendante, garder un emploi, etc., vont être les objectifs du traitement. Les difficultés sont dès lors appréhendées sous l'angle comportemental, en terme de déficits ou d'excès comportementaux.

3) L'auto-détermination (Self-Determination) Les personnes ont le droit et la capacité de participer à la prise de décisions concernant leur vie. Il ne s'agit donc pas de faire les choses dans le meilleur intérêt de la personne, mais de lui permettre de prendre ses décisions et d'apprendre au travers des conséquences de ses choix. L'autodétermination des personnes devrait concerner également la gestion des programmes de réhabilitation auxquels elles participent. L'autodétermination implique également que la personne soit pleinement informée sur sa maladie, ses conséquences et sur les possibilités de traitement.

4) La normalisation (Normalization) Il s'agit de permettre aux personnes souffrant de maladie mentale de vivre et de fonctionner dans les mêmes lieux que les autres (logements, loisirs, éducation, travail) ou en tout cas dans les lieux les moins restrictifs possibles. Ce principe s'oppose à la ségrégation. L'objectif idéal de la réhabilitation psychosociale est une vie indépendante dans la communauté avec le minimum de soutien professionnel.

5) L'individualisation des besoins et des services (Differential Needs and Care) Chaque personne a des besoins propres. En conséquence, le processus de réhabilitation doit être individualisé pour ce qui est des services, de leur durée, de leur fréquence, etc. C'est du sur-mesure et non pas une action globalisante pour l'ensemble des patients au long court.

6) L'engagement des intervenants (Commitment of Staff) Engagement personnel des intervenants qui sont soucieux du bien-être de la personne et qui ont foi dans ses capacités de progresser. Les intervenants prennent l'initiative de garder le contact avec les personnes (coup de téléphone, visite à domicile) pour limiter les abandons et montrer qu'ils se soucient d'elles.

7) La déprofessionnalisation de la relation d'aide (Deprofessionnalization of Service) Les intervenants ne doivent pas se cacher derrière une couverture professionnelle. Les barrières artificielles doivent être enlevées. L'élément humain de la personne de l'intervenant est crucial dans le processus de réhabilitation. De même les intervenants doivent appréhender la personne comme un être humain avec toutes ses dimensions plutôt que sous l'angle d'un seul type de service. Une attitude de "neutralité" ne convient pas. L'intervenant répond, de façon positive ou négative, à ce que la personne dit ou fait, même au sujet de problèmes non-thérapeutiques.

8) Intervenir précocement (Early Intervention) Il est essentiel d'intervenir le plus précocement possible dès les premiers signes avant-coureurs de rechute ou de dysfonctionnement. Le but est d'éviter les rechutes et les réhospitalisations et de préserver les acquis en compétences et en liens sociaux (travail, logement, contacts sociaux,...).

9) Structurer l'environnement immédiat (Environnemental Approach) Les interventions doivent viser à structurer l'environnement immédiat de la personne (la famille, réseau social, milieu de vie, de travail,...) pour qu'elle puisse en obtenir un maximum de soutien.

10) Changer l'environnement plus large (Changing the Environment) Une partie des interventions doit viser à changer l'environnement plus large de la personne, c'est-à-dire les attitudes et les modes de fonctionnement d'une société qui peuvent nuire à l'adaptation de personnes souffrant de maladie mentale sévère (informer le public, modifier les services médicaux, les structures d'accueil,...).

11) Pas de limite à la participation (No limits on participation)

La réhabilitation psychosociale est un processus continue qui nécessite continuité des soins et du soutien et qui doit être constamment revu en fonction de l'évolution. Il importe de ne pas suspendre les services de réhabilitation en cas d'hospitalisation. S'il n'y a pas de limite de temps, il convient aussi de mettre le moins possible de critères de sélection pour l'entrée dans un programme.

12) La valeur du travail (Work-Centered Process) La Réhabilitation Psychiatrique soutient la conviction que le travail, et spécialement l'opportunité d'aspirer et de se réaliser dans un emploi rémunéré, est un besoin et une force d'intégration pour tout être humain. Il faut garder une foi dans le potentiel de productivité des personnes même lourdement handicapée par la maladie mentale. Il s'agit d'envisager un travail intégré dans la réalité sociale, pas forcément un emploi temps plein, mais des emplois souples, diversifiés tout en restant compatibles avec les besoins des employeurs.

13) Priorité au social par rapport au médical (Social Rather Than Medical Supremacy) Il s'agit de dépasser le modèle médical traditionnel: maladie, diagnostic, réduction des symptômes par les médicaments, le savoir médical qui sait ce qui est juste pour le patient, etc, pour favoriser une approche globale de la personne centrée sur son autodétermination, sur ses capacités, sur l'apprentissage d'habiletés, sur la mobilisation de son environnement social propre. Dans cette dynamique, le médical doit pouvoir s'effacer tout en restant disponible, pour laisser la place à d'autres acteurs sociaux. »

13 Extrait du séminaire de réhabilitation psychiatrique niveau théorique, " Généralités sur la réhabilitation psychiatrique ", sept 98, Guy M. Deleu, Socrate-Réhabilitation, Belgique

* 10 ANTHONY W.A., LIBERMAN R.P. / The practice of psychiatric rehabilitation : historical, conceptual, and research base. Schizophr Bull. 1986 ; 12 : 542-59

* 11 CNAAN R.A. et al./ Psychosocial Rehabilitation: Toward a Definition. Psychosocial Rehabilitation Journal. 1988. 11: 4, p.61-77.

* 12 Giraud-Baro E., Vidon G., Leguay D. / Le mouvement de réhabilitation psychosociale aujourd'hui / l'Information Psychiatrique. Vol 82, N° 4, 281-6, Avril 2006

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand