Partenariat Université-Entreprise : état des lieux et perspectives de renforcement( Télécharger le fichier original )par MARZOUGUI Antar et HAMDI Salima ISCAE - Université Manouba - Mastère Spécialisé en Gestion des Etablissements d'Enseignement Supérieur 2004 |
Section III : Contenu et différentes formes de partenariat entre l'université et l'entreprise :1- Contenu du partenariat :L'initiative d'établir un partenariat émane soit de l'université ou les entreprises , soit de l'Etat ou les institutions internationales d'enseignement supérieur ( Banque Mondiale, UNESCO, ...). Certes , quelque soit l'initiateur , il est toujours nécessaire d'établir un mécanisme de communication. Les besoins des entreprises sont très diversifiés ; mais qu'il s'agit d'une multinationale, de grandes ou petites entreprises , elles expriment toutes leurs besoins en formation, en recherche et tout autre service du milieu universitaire. Donc, on peut dire que la nature du partenariat et l'équilibre des rôles varieront selon la taille et la nature des entreprises et du prestige des universités. Caractérisés par la complexité et par la diversification, les relations partenariales entre l'université et l'entreprise peuvent être classées en cinq formes principales qui peuvent par la suite prendre diverses formes envisageables. Partant de plus ponctuelles et limitées en temps à celles ayant un caractère durable. Ces formes sont, notamment, les suivantes: a- Services de consultation : D'une part, la prise de contact est discrète, discontinue en temps. De l'autre part l'expérience montre que les missions de consultation ont fait naître de nouvelles idées et de nouveaux projets de recherche. b- la formation : Allant d'un simple échange d'avis sur le contenu des programmes d'enseignements, l'action commune en formation peut avoir diverses formes : formation initiale, formation continue, formation en alternance et de parrainage. c- La recherche-développement : La recherche universitaire était essentiellement fondamentale servant à nourrir le contenu en savoir des programmas pédagogiques. A l'heure actuelle, des formes de recherches collectives interdisciplinaires se construisent et sont de plus en plus valorisées par des organismes extra universitaires. d- La création d'entreprises : Moyen pour valoriser la recherche universitaire, la création d'entreprises constitue un facteur de croissance économique et de générateur d'emploi. De ce fait, plusieurs établissements d'enseignement supérieur ont choisi d'abriter pour une période limitée des entreprises industrielles. En France, par exemple, depuis 1984, les établissements avaient la possibilité de créer des filiales : les cas de l'INSA de Lyon et l'université de Nantes sont les plus connues. Les entreprises comme INSAVALOR ; entreprises filiales d'établissement public font intégralement partie du système public d'éducation et de recherche.16(*) e- Le transfert de technologie : Maintes définitions ont été avancées à la notion du transfert de technologie, dont celle de Bell et Sadlak (1992) présentant le transfert de technologie comme étant : « un mouvement d'idées et d'innovations qui va des laboratoires universitaires et des centres de recherche vers le secteur industriel et de là vers le marché ».17(*) De cette définition, on peut dire que le transfert de technologie peut s'entendre comme toute transmission ponctuelle de techniques nouvelles. Mais, dans le contexte actuel le transfert englobe plutôt toutes activités qui visent à assurer la diffusion d'idées, d'informations, de connaissances et d'inventions entre établissements d'enseignement supérieur et entreprises. Toutefois, l'ancienne notion de transfert de technologie considérée comme la transmission ponctuelle d'une certaine technologie à l'entreprise a cédée place à une vision plus large, selon laquelle le transfert est conçu sur la base d'un échange bilatéral permanent entre les deux partenaires. 2- Tour d'horizon sur les principales formes de partenariat : a- Les services de consultation : Diverses actions peuvent être entretenues de l'université vers l'entreprise et réciproquement. Les services de consultation varient selon la nature et les objectifs des partenaires. Voici quelques services les plus pratiqués : - L'exécution d'enquêtes destinées à évaluer les besoins des entreprises en main-d'oeuvre ; - La création des comités consultatifs pour collaborer avec les professionnels à l'élaboration et à l'évaluation des programmes pédagogiques ; - L'organisations des réunions, des études, et des séminaires entre universitaires et chefs d'entreprises consacrés aux grands problèmes de l'évolution économique ; - Faire appel aux hommes d'affaires pour donner leurs avis en tant que professionnels sur un projet de recherche ; - La recherche d'adéquation emploi formation par la participation et l'organisation conjointes de colloques et de séminaires ; - L'utilisation des compétences universitaires par les entreprises envisagée par : l'affectation d'un enseignant à une équipe spéciale pour la création d'un service de contrôle de la qualité ; pour l'étude d'un marché, etc. ; - Répondre aux demandes d'information des entreprises ; - Etc. L'université et les entreprises peuvent organiser des consultations ponctuelles ou régulières afin de faire le point sur les connaissances dans un secteur scientifique choisi. La réussite de cette forme de partenariat est tributaire de l'existence d'une infrastructure favorable aux activités de consultation sous forme de centre de consultation et de liaison. b- Le partenariat en formation : En formation, les formes de partenariat s'avèrent fort diverses. Desquelles, on va présenter celles les plus envisageables. Le partenariat en formation initiale : Par son offre de formation initiale, l'université participe au développement des compétences. Les actions de partenariat en matière de formation initiale se traduisent notamment par : - La participation y compris financièrement aux enseignements, a la définition et à la mise en place de nouvelles filières ;18(*) - Contribuer à la définition des plans d'études et des programmes ; - Participer aux jurys d'évaluation des projets et des thèses de doctorat ; - Proposer des projets industriels pour sujets de mémoires ; - Aider à évaluer les profils de formation, le degré d'atteinte des objectifs et à la mise en place d'un projet de reforme des enseignements ; - Contribuer à la définition des cursus ; - Etc.
L'importance croissante accordée au développement des connaissances et des aptitudes des anciens diplômés puise sa raison d'être du fait que l'obsolescence accélérée du savoir et de l'information, sous l'effet de la transformation des tâches et de l'apparition de nouveaux métiers, s'est traduite par une augmentation des besoins en éducation récurrente, servant au maintien et à l'adaptation des compétences. La formation continue dans ce contexte permet aux cadres de fructueux retours vers l'université. Ainsi, celle-ci peut proposer aux entreprises : - Un programme de perfectionnement au profit des cadres des entreprises qui sera élaboré, organisé et évalué par les enseignants et les chefs d'entreprises. Ce programme se traduit en action de formation à la carte concernant le domaine en rapport avec le champ de compétences des filières professionnelles (informatique, électronique, etc.). Axés la plupart du temps sur le domaine de la gestion, les programmes de perfectionnement sont moins longs et sont conçus de façon à répondre aux besoins des cadres en gestion de différents niveaux. Toutefois, les entreprises ne permettent à leurs cadres de participer aux programmes de l'université que si elles sont convaincues de la pertinence des programmes. - Encourager les entreprises à établir des chaires d'enseignements : il s'agit de financer un poste d'enseignant chercheur. La chaire peut être aussi liée à un cursus comme bien le cas de l'école supérieure de commerce de Lyon,19(*) la chaire management des entreprises a déjà permis de bâtir une filière services , ainsi qu'un mastère (mastère business administration). L'école a également profitée d'un contrat de formation continue qui a servi à financer la recherche fondamentale. - Etc. En Tunisie les instituts et les écoles d'ingénieurs sont les établissements pratiquant le plus les deux formes précédentes ; à savoir : la formation initiale et la formation continue, l'industrie en est d'autant le partenaire privilégié. F Le partenariat en formation en alternance : Il est difficile d'imaginer une formation technique sans une coopération avec le milieu professionnel. L'objectif de ce type de formation étant de permettre aux étudiants l'acquisition des compétences pratiques, méthodologiques, d'analyses et de synthèse nécessaires à l'exercice d'un métier.20(*) De ce fait, la formation en alternance est scindée en deux séquences : une séquence théorique dispensée par l'établissement et une autre pratique assurée au sein de l'entreprise sous forme de stage. L'organisation des séquences dépend de la nature de la discipline suivie et de la capacité d'accueil des entreprises. En tout état de cause, de nouveaux types de partenariat en formation assurés par l'université au profit des entreprises s'émergent allant d'une formation diplômante, à une formation qualifiante et à une formation inter-âge de culture générale. F Le parrainage : Le parrainage génère des ressources financières et matérielles (équipements, matériels informatiques, etc.) au profit de l'établissement. Cette forme de partenariat engendre de multiples actions parmi lesquelles, on cite : o Des journées portes ouvertes, des conférences et des stages durant lesquelles l'étudiant découvre de près le monde des affaires ; o L'entreprise peut proposer un sujet de fin d'études et profiter ainsi des recherches sur les thèmes qui la préoccupent. o Etc. Le parrainage entre l'université et l' entreprise s'inscrit généralement dans le cadre d'une convention, le plus souvent annuelle, et nécessite la mise en place d'un comité de parrainage. c- La recherche-développement : Qu'il s'agit de recherche fondamentale ou recherche appliquée, le partenariat peut prendre maintes formes : contrats de recherche communs, personnel commun, accord concernant le matériel, des chaires communes, etc. Pour mettre en relief un programme de recherche (nouveau produit, mise en oeuvre de connaissances récentes ou recherche de solutions nouvelles.), l'entreprise peut trouver le soutien nécessaire en collaborant avec l'université. Cette forme de partenariat peut prendre l'un ou l'autre des cas de figure suivants : - Aide aux chefs d'entreprises à prendre les bonnes décisions par un haut degré d'assistance technique, d'évaluation de technologies et d'analyses de politiques ; - Recherche effectuée par l'unité universitaire à la demande de l'entreprise, orientée vers un objet précis et dont les résultats sont directement utilisables par celle-ci ; - Projet commun de recherche où les objectifs et les moyens sont fixés ensemble par l'entreprise et l'unité de recherche ; - Doctorat en coopération : l'université et l'entreprise décident de promouvoir ensemble une thèse de doctorat, le chercheur approfondit le sujet retenu sous l'encadrement de l'université, l'entreprise bénéficie ainsi des résultats. En France, par exemple, le partenariat en recherche-développement se formalise dans par une convention où le doctorant est intégré dans l'entreprise, avec la prise en charge de 50% de son salaire par l'Etat. L'entreprise valorise et préserve les compétences acquises par le doctorant qui avance dans ses recherches ;21(*) - La recherche ad hoc destinée au perfectionnement des procédés et des produits industriels afin d'assurer leur adaptation aux ressources et conditions de fabrication locale et de création de nouveaux produits ; - Projet de portée internationale: l'entreprise souhaitant participer à ce type de recherche précompétitive trouvera dans les universités une bonne expérience de collaboration internationale, académique et industrielle ; - Etc. Un constat a été soulevé lors d'un forum (juin 2000) sur les politiques éducatives sur la gestion des relations université-industrie qui est tenu à l'IIPE (Institut International de Planification de l'Education) et qui soutient l'idée que « dans les pays industrialisés, le partenariat université- entreprise se pratique assez souvent dans le secteur de la recherche, alors que les pays en développement privilégient les services de consultations, l'intégration des étudiants et la formation continue ».22(*) d- Le partenariat en création d'entreprises :
L'université disposant d'unités, de laboratoires de recherche et de veilles de technologie peut contribuer à la création de nouvelles entreprises de haute technologie qui résistent le mieux dans la situation économique actuelle. La participation de l'université, en matière de création d'entreprises, consiste à : o Encourager les enseignants chercheurs à créer une entreprise, de participer à son capital voire même la diriger 23(*); o Faire au compte des porteurs de projets des études de faisabilité technico-économique ; o Multiplier les contacts entre chercheurs et enseignants chercheurs et porteurs de projet dans le but de garantir la chance de réussite des nouveaux projets ; o Etc. L'exemple français montre que les rares entreprises créées à l'initiative des chercheurs français ont un taux de réussite relativement haut, de 5 sur 6, et sont très créatrices d'emploi avec un effectif moyen de 11 salariés après leur création.24(*) Par contre, l'expérience tunisienne à ce propos reste timide. e- Le partenariat en transfert de technologie : Le but du transfert de technologie dans une université moderne est, avant tout, l'identification des opportunités des nouvelles technologies et de leur valeur économique. En effet, l'université doit être capable d'évaluer la technologie et décider d'une protection éventuelle, le plus souvent se sont des actions brevetées. Le partenariat entre l'université et l'industrie en matière de transfert de technologie est de plus haute importance. Il peut prendre la forme d'une recherche collaborative incluant des accords de services avec la possibilité d'octroyer des licences en cas de succès. Les contrats issus de cette forme de partenariat représentent un financement important pour les recherches de l'université. Toutefois, ce type de partenariat nécessite un cadre juridique bien établi accordant à l'université la propriété de son patrimoine technologique (même au cas où la recherche est financé par les fonds publics) et fixant les modalités d'octroi des licences. Le transfert de technologie connaît une évolution rapide depuis les années 80, le nombre de brevets délivrés aux universités Américaines est passé de 300 en1980 à 2000 en 1995. En 1996, 250 nouvelles entreprises ont été crées sur la base de licences accordés par les universités. Les domaines les plus concernés par le transfert de technologie les plus productifs sont : les sciences de la vie et la technologie de logiciel et de communication. Le MIT (Massachusetts Institute of Technology), l'université de Liège en Belgique, l'université de Strasbourg sont les pionniers dans ce type de partenariat.25(*) Bref, les principaux avantages que génère le transfert de technologie sont : o Apporter à l'université un complément par rapport au financement public ; o Bâtir des relations permanentes avec le monde industriel ; o Créer des emplois et de nouvelles entreprises ; fait le plus saillant à ce propos. Il en ressort, que c'est fort nécessaire aux universités de valoriser leur technologie et la transférer au secteur économique. * 16 Combarnous M. Bedin et Dormy B., La coopération scientifique et technique in L'université et l'entreprise, Problèmes économiques et sociaux, La documentation Française, p.49. * 17 www.asso.nornet.fr/adreg/these-version-finale.htm : Sandrine Emin, Thèse de doctorat «L'intention de créer une entreprise des chercheurs publics, le cas français » université Pierre Mendès. * 18 Mustapha Besbes (1993), Le partenariat ENIT-entreprises en formation initiale et continue in Préparer les ingénieurs pour l'an 2000-un défi du nord et du sud p. 201. * 19 Chaires d'enseignements : Les entreprises à pas comptés, Lettre de l'étudiant, Paris N°66 , pp. 4-5 et n°67 , p.p. 4-7 : in L'université et l'entreprise, Problèmes économiques et sociaux, La documentation Française, pp. 44-45. * 20 Gérard MALGLAIVE, Apprentissage et alternance in Préparer les ingénieurs pour l'an 2000 : un défi du nord et du sud, Lavoisier, France, p. 234. * 21 Olivier Jacquet, Université de la Rochelle : des atouts Supérieurs, www.larochelle.cci.fr/dossiers/universite.pdf. * 22 IIPE,(2000), Lettre d'information de l'IIPE, Vol. XXIII, n°3 * 23 www.asso.nornet.fr/adreg/these-version-finale.htm. * 24 Ministère de l'Education Nationale , De la recherche et de la technologie, France, Archives 1997/1999. * 25 Didier RAOULT, Jean-Pierre NIGOGHOSSIAN et André CARTAPANIS (1999), L'université de la méditerranée face aux défis du Troisième Millénaire, Ed. Economica, France p. 239. |
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