I.3- L'impossibilité
Elle traduit une extrême détermination
en ce sens que ce qui est dit impossible l'est décrété
purement et simplement, sans réserve. LISAN (2005) ajoute que
l'impossibilité est donc une notion qui paraît définir
un espace à l'extérieur du champ des possibles.
L'impossibilité, par ailleurs, se singularise par le fait que
lexicalement, aucun verbe ne l'exprime vraiment. C'est pourquoi, la plupart du
temps, l'impossibilité se traduit au moyen du verbe pouvoir
à la modalité négative, ce qui dénote une absence
de possibilité.
(90) La ville ne pouvait plus être
enlevée par un coup de main. (p.312)
(91) Il est absolument impossible qu'il ait suivi
d'autre route que celle de la Baraba. (p.169)
(92) Il ne put donc donner aucune nouvelle de sa
fille à Wassili Fédor. (p.326)
Dans ces énoncés, l'emploi du verbe
pouvoir à la modalité négative ainsi que
l'adjectif impossible présentent les procès
évoqués comme absolument irréalisables. Dans certains cas,
l'impossibilité désigne le fait qu'une chose ne peut être
autre que ce qu'elle est.
I.4- La nécessité
Cette notion renvoie à ce qui est
nécessaire, ce qui doit être. Bally (1965 :37)
considère que la nécessité est au fond une
volonté imposée par les circonstances, les forces naturelles,
etc., qui sont pour ainsi dire personnifiées par la
langue ;
Autrement dit, c'est un ensemble de
phénomènes qui entraînent par exemple la
nécessité d'une action, c'est le cas dans les occurrences
suivantes :
(93) Il fallait profiter de l'obscurité que
l'aube allait chasser bientôt, pour quitter le petit bois et se jeter sur
la route. (p.71)
(94) Puisque Nicolas Pigassof devait s'arrêter dans
cette ville, il serait nécessaire de le remplacer par un guide,
et de changer la kibitka pour un autre véhicule plus rapide. (p.255)
(95) Il faut donc vous hâter si vous voulez les
devancer à Omsk. (p.116)
Dans ces exemples, l'accomplissement
inévitable des actions décrites se justifie soit par des
circonstances naturelles (l'obscurité que l'aube allait chasser) en
(93), soit par un impératif (Nicolas Pigassof devait s'arrêter
dans cette ville) en (94), soit par un désir (la volonté de
devancer les Tartares à Omsk) en (95).
En ce qui concerne la modalité
aléthique, nous avons relevé un emploi récurrent des
termes relatifs à la probabilité dans Michel Strogoff
(155 occurrences). L'utilisation de ces marqueurs témoigne de la
prudence des supports modaux et de leur volonté de présenter leur
discours comme relevant de la supposition. Toutefois, cela pourrait être
une tactique argumentative dans la mesure où comme le pensent
Fromilhague et Sancier (1991 :89), les marqueurs aléthiques sont
souvent la marque d'une prudence langagière qui cache mal le
besoin d'affirmer sa subjectivité et de faire de sa vérité
la vérité. Cela revient à dire que les
éléments linguistiques dont se servent les supports modaux pour
nuancer leurs propos ont souvent des buts inavoués. En effet, ces
éléments sont souvent un moyen pour les supports modaux de faire
adhérer les allocutaires à leur point de vue. Il arrive par
ailleurs que les jugements des énonciateurs et du locuteur ne portent
pas sur la réalisation du contenu propositionnel, mais sur sa
fiabilité.
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