I.1.1.4- Les adjectifs qualificatifs et les
tours impersonnels
Qu'ils soient utilisés de façon
autonome ou associés à un tour impersonnel, les adjectifs
probable et vraisemblable soulignent la contingence du
procès exprimé, c'est le cas en (75), (76) et (77).
(75) Donc il est probable que, sans ce resserrement
des rives, le barrage ne se fût pas fermé, et que le radeau aurait
pu continuer à descendre le courant. (p.307)
(76) Ceux-ci passeraient-ils sans les inquiéter ?
c'était peu probable. (p.142)
(77) Il n'était pas vraisemblable, non plus,
que les assiégeants eussent barré les fleuves en amont
d'Irkoutsk. (p.298-299)
Le tour impersonnel il est probable et les
marqueurs probable, vraisemblable donnent la possibilité aux
locuteurs d'émettre des suppositions, des hypothèses pouvant
s'avérer fausses ou pas. Car comme l'explique Pottier (1992 :213),
« faire une hypothèse », c'est accorder un
certain degré d'existence à un être ou à un
événement.
Néanmoins, on note dans notre corpus des
situations où l'éventualité se concrétise dans
certains cas au moins : on parle de sporadicité.
I.1.2- La sporadicité
La sporadicité marque une probabilité
réelle (réelle parce qu'elle est manifestement
réalisée dans certains cas). Plus concrètement, VOLD
(2006 :6) pense que la sporadicité réfère, comme
le terme l'indique, à ce qui est sporadique, c'est-à-dire
à ce qui se produit de temps en temps, d'une manière
irrégulière.
A cet égard, un fait est sporadique
lorsqu'il s'est déjà produit au moins une fois et qu'il se
produit parfois. Le Querler (2001 :19-20) remarque, par ailleurs, que la
sporadicité peut être référentielle ou temporelle.
Elle est référentielle quand le fait décrit s'applique
à un référent ; elle est temporelle lorsque le
phénomène dont on parle se produit à certains moments, en
voici du reste quelques exemples :
(78) Là, sur un espace de trois cent verstes, les
difficultés naturelles pouvaient être extrêmement
grandes. (p.155)
(79) De là, des chocs, des chutes même qui
pouvaient être extrêmement funestes. (p.276)
(80) Cela est possible et confirmerait cette opinion que
certains pays froids ne peuvent être appréciés que
dans la saison froide. (p.226)
Les faits présentés ci-dessus se
réalisent parfois, tandis que lorsqu'un énoncé est
perçu comme probable, il peut se produire, mais il peut également
ne jamais se produire. Les deux premiers exemples dénotent une
sporadicité temporelle. En effet, les difficultés naturelles et
les chutes dont parle le narrateur sont susceptibles d'être mortelles
à certaines occasions. Par contre, en (80), la sporadicité est
référentielle, cela du fait que la probabilité se rapporte
à un référent : certains pays froids qui peuvent
être appréciés en saison froide.
Les valeurs que nous venons d'étudier
(éventualité et sporadicité) expriment toutes deux la
probabilité. Toutefois, si l'éventualité indique surtout
que le procès peut ou non se réaliser, la sporadicité,
signale, elle, que le fait décrit se produit parfois, même si ce
n'est pas toujours certain. Par ailleurs, il est important de noter que outre
la probabilité, la possibilité permet d'exprimer la
réalisation éventuelle d'un procès. Cependant, les notions
de probabilité et de possibilité diffèrent puisque non
seulement elles n'expriment pas l'éventualité de la même
manière, mais en plus la possibilité est une notion
polysémique.
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