I.1- La probabilité
Elle concerne les chances de réalisation
d'un fait, d'un évènement et se subdivise en
éventualité et en sporadicité.
I.1.1- L'éventualité
L'éventualité caractérise un
fait dont les chances de réalisation sont incertaines. D'après Le
Querler (1996 :37), elle exprime ce qui peut être, mais qui peut
aussi ne pas être. Dans Michel Strogoff, les outils
langagiers dont se sert le locuteur pour exprimer l'éventualité
sont multiples et variés.
I.1.1.1- Les semi-auxiliaires modaux
Pouvoir, devoir, paraître et
sembler sont les semi-auxiliaires modaux auxquels recourent les
locuteurs dans notre corpus afin de montrer que certains
phénomènes et événements sont susceptibles de se
réaliser ou pas. Ces semi-auxiliaires, selon Leeman-Bouix
(2002 :128),
indiquent alors une disposition de la personne
sujet ; Guillaume les appelle pour cela « verbes
puissanciels » ; notionnellement, ils préexistent
à tous les autres verbes car ils en sont les
présupposés ; pour être ou faire quelque chose, il
faut en ressentir la nécessité.
D'après Leeman-Bouix (2002), les
semi-auxiliaires modaux permettent au locuteur de déterminer au
préalable l'intention pour laquelle il accomplit un procès. Soit
les énoncés ci-après :
(63) Ce n'était ni un tarentass, ni une
télègue, mais une berline de poste, toute poudreuse, et qui
devait avoir fait un long voyage. (p.129)
(64) Sa présence peut ne pas m'être
utile et servirait à déjouer tout soupçon à mon
égard. (p.69)
(65) Les voix semblaient venir d'un groupe de
passagers, enveloppés de châles et de couvertures. (p.81)
(66) Il me paraît prudent de les tenir à
distance. (p.79)
En (63), le verbe devoir est
utilisé pour marquer le caractère éventuel que revêt
la réalisation du procès évoqué. Dendale
(1993 :169) indique que le marqueur devoir signale que l'information a
été obtenue par inférence à partir de certains
indices.
Autrement dit, c'est à partir de
l'observation d'un fait (l'aspect poudreux de la berline de poste) que le
locuteur de l'énoncé (63) a proféré une assertion
dont la valeur de vérité est hypothétique. La forme
verbale peut en (64) permet au locuteur de présenter le fait
dont il parle comme envisageable. Pour Culioli (1990 :163), c'est toujours
le cas lorsqu'un locuteur se sert du prédicat
"pouvoir `' pour déterminer la validabilité d'une
relation prédicative dans un domaine.
En d'autres termes, le verbe pouvoir dans
son emploi modal signale parfois l'attitude d'indécision du locuteur
face à ce qu'il dit car le fait décrit est susceptible de se
produire ou pas. En (65) et (66), les verbes semblaient et
paraît marquent la source de l'information transmise dans ces
énoncés comme la conclusion d'un raisonnement interne, conclusion
qui est fondée sur des indices plus ou moins inconscients. A ce propos,
Sellevold (2002 :745) pose que les marqueurs semblaient et
paraît permettent plus précisément au locuteur
de se distancier ou de suspendre ses responsabilités par rapport au
point de vue du contenu [de son énoncé].
De ce fait, le locuteur ne prend pas en charge le
point de vue exprimé par l'énoncé puisqu'il est une
supposition. La réalisation hypothétique d'un procès ne se
manifeste pas dans Michel Strogoff seulement à travers des
semi-auxiliaires modaux, elle est aussi exprimée à l'aide des
temps verbaux tels le conditionnel.
|