I) Troisieme partie
I) Chapitre 1
I) Facteurs explicatifs et finalités de la nouvelle
politique de maintenance
1- Les Facteurs explicatifs de la
nouvelle politique de maintenance
La maintenance, gage de la performance des différents
ouvrages réalisés et de la préservation de leur efficience
globale, est une condition indispensable d'obtention de bons rendements.
En 1997, l'Etat du Sénégal, soucieux de prendre
à bras le corps la maintenance, a mis en application de maintenance des
aménagements hydro agricoles. Cette option s'explique par plusieurs
raisons dont nous essayerons d'analyser les plus déterminantes. Il
s'agit des échecs de l'ancien système de maintenance, de
l'avènement de la décentralisation et des pressions
exercées par les bailleurs de fonds.
1.1) Les insuffisances de l'ancien système de
maintenance des aménagements
hydro agricoles
Les échecs voire les insuffisances notées dans
l'ancien système de maintenance des aménagements hydro agricoles
étaient telles que l'Etat du Sénégal s'est vu être
sous l'obligation de revoir sa manière de faire en termes de
maintenance. En fait, l'opération de maintenance, dans toute la
vallée du fleuve Sénégal, se faisait à la sauvette
ou encore avec hâte et de façon irrégulière. En
plus, il n'existait aucun fonds pouvant cautionner les efforts fournis dans ce
domaine. Personne n'était disposé à mettre ses sous dans
l'entretien des infrastructures. Cela était dû en grande partie au
fait que les paysans accordaient plus d'intérêt à la
production qu'à la pérennité des infrastructures hydro
agricoles.
Par ailleurs, l'argent mis dans les NEG (Note d'Entretien et
de Gestion) n'était pas toujours suffisant pour permettre aux unions
concessionnaires de renouveler leurs équipements. Et très
souvent, certaines unions n'ont pas pu maintenir en état leurs
équipements en raison des pressions exercées par certains usagers
qui ne pouvaient plus avoir accès à la CNCAS. Cela se traduisait
en général, par le détournement des provisions
constituées pour le renouvellement à d'autres fins. Un tel
état de fait contribuait sans doute à fragiliser leur
situation.
Toutes ces raisons ont stimulé l'Etat du
Sénégal à réfléchir sur les voies et moyens
à mettre en oeuvre pour prendre en charge de manière beaucoup
plus sérieuse l'activité de maintenance.
1.2) L'avènement de la loi sur la
décentralisation
En 1996, intervient au Sénégal la loi sur la
décentralisation. Cette loi a vu le renforcement des compétences
des communautés rurales devenues collectivités locales et qui ont
pour mission d'organiser l'aménagement de leurs terroirs.
Désormais la collectivité locale est responsable de la gestion
de ces propres ressources naturelles (l'eau, la terre, etc.).
Selon cette loi, ce sont les conseils ruraux qui
détiennent l'essentiel des moyens de pression sur les usagers
défaillants, essentiellement par la possibilité de
désaffecter les terres. Et elles doivent être consultées
dans les activités relatives à la maintenance des infrastructures
hydro agricoles de leurs terroirs.
1.3) La pression des bailleurs de fonds
Les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, KFW et AFD) ont
joué un rôle considérable dans la définition d'une
nouvelle politique de maintenance. En effet, s'étant rendus compte de la
non rentabilité des moyens financiers qu'ils investissaient dans la
filière agricole suite à des défauts d'entretien, ces
derniers ont suggéré à l'Etat du Sénégal
qu'il fallait réformer le système d'entretien en vigueur. Les
bailleurs stigmatisaient aussi la formule « tout par l'Etat et rien
par les paysans » : les paysans ne participaient pas
financièrement aux travaux d'entretien et c'était l'Etat qui
assurait tout.
Dans leur plan d'actions, ils préconisaient la mise en
place d'un fonds d'entretien dont l'organisation, le fonctionnement et le
financement seront définis dans le cadre d'une étude à
mener sur la base de termes de référence à soumettre
à l'ensemble des parties concernées.
Suite à l'analyse approfondie de ces facteurs, l'Etat
Sénégalais et ses partenaires au développement ont
adopté le plan d'actions de Ndiaye en 1997. Ce plan aboutira à la
mise en place, en Janvier 1998, d'un nouveau dispositif de maintenance
caractérisé par la création d'une Division autonome avec
pour mission la maintenance des infrastructures hydro agricoles (DAM) ainsi que
le lancement d'une étude pour la définition de la nouvelle
politique de maintenance. Cette étude prévoit également la
mise en place de fonds de maintenance.
La DAM est installée à Ross-Béthio dans
les anciens locaux de la SAED. Elle a pour mission principale de :
- assurer la maîtrise d'ouvrage
déléguée des travaux de maintenance des infrastructures
hydro agricoles (adducteurs, drains, stations de pompage, équipements
électriques et hydromécaniques, pistes et digues) sous la
responsabilité de la SAED ;
- assurer l'exécution des contrats de maintenance
conclus avec les unions hydrauliques pour les installations hydro agricoles qui
leur sont transférés ;
- assister, à la demande, les unions et les autres
irrigants privés pour la maintenance de leurs infrastructures ;
- fournir le conseil et les services techniques
nécessaires aux unions hydrauliques et aux privés pour les
décisions de renouvellement ou d'investissement en équipement
électrique, électromécanique et hydromécanique
ainsi que leur réalisation.
Les différents fonds de maintenance qui sont
concernés par cette étude sont : le FOMAED (Fonds de
Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage), le FOMUR (Fonds Mutuel
de Renouvellement des stations de pompage des équipements
hydromécaniques), le FOMPI (Fonds de Maintenance des
Périmètres Irrigués) et le FOMIIG (Fonds de Maintenance
des Infrastructures d'intérêt Général).
2- Les finalités de la nouvelle politique de
maintenance
Dans le cadre de la nouvelle politique de maintenance, l'Etat
souhaite atteindre entre autres objectifs :
- l'évolution de la SAED vers des fonctions de
prestataires de service rémunéré par les usagers et par
l'Etat ;
- les usagers et les conseils ruraux seront bien
impliqués dans la gestion des aménagements hydro
agricoles ;
- le renforcement des bases juridiques des relations
qu'entretiennent la puissance publique et les unions d'usagers concessionnaires
des périmètres publics ;
- le développement et l'usage d'outils de gestion et de
suivi tels que le Répertoire des ouvrages et la Base de suivi de la
maintenance (Annexes) ;
- l'intensification de la culture irriguée, sous
l'effet d'une redevance payable progressivement à l'hectare
affecté (redevance FOMAED et provisions à verser au
FOMUR) ;
- une plus grande efficacité de gestion et de mise en
valeur des aménagements hydro agricoles grâce notamment, à
la formation prévue pour tous les acteurs concernés (usagers,
conseils ruraux et autres personnels de la SAED) ;
- le développement des activités de PME dans la
maintenance des aménagements grâce à une programmation plus
efficace et mieux étalée dans le temps des travaux, et la
sécurisation des ressources financières dédiées
à la maintenance.
B- La politique des fonds de maintenance
Pour réussir la maintenance des infrastructures hydro
agricoles, plusieurs fonds ont été constitués. Ces fonds
seront donc destinés à financer l'entretien des
aménagements structurants, des périmètres et
équipements hydrauliques et des infrastructures d'intérêt
général.
1- Les aménagements concernés
1.1) Les aménagements structurants
On appelle aménagement structurant tout
aménagement hydro agricole dont la vocation est de desservir d'autres
aménagements, généralement avec un objectif unique
(adduction d'eau, drainage, circulation ou protection contre les crues). Dans
la vallée du fleuve Sénégal, ces types d'équipement
sont au nombre de sept (7) : les adducteurs Gorom-Lampsar, Ancienne
Taouey, Ngallenka Amont, Dioulol, et Diamel et les émissaires de
drainage du Delta et de Namardé.
Pour la maintenance de ces ensembles, un fonds
dénommé FOMAED est constitué. Ce fonds recevra les
redevances payées par les usagers et l'Etat apportera la
différence sur la base des coûts normalisés annuels de
maintenance.
La redevance à percevoir auprès des usagers est
de 14 000 FCFA par hectare net et par an pour le service de d'adduction et
varie de 16 000 à 18 000 FCFA par hectare net et par an pour
le service de drainage. Les contributions de l'Etat seront versées au
prorata des redevances recouvrées auprès des usagers.
Photo 7 : Travaux de faucardage manuel sur un
adducteur
1.2) Les périmètres et
équipements hydrauliques
Pour le financement de la maintenance des
périmètres (périmètres publics
transférés, périmètres publics non
transférés ainsi que les PIV de première
génération) et des équipements hydrauliques (station de
pompage et équipements hydromécaniques), on a mis en place deux
fonds. Il s'agit du FOMUR et du FOMIIG.
Le FOMUR est un instrument d'orientation et de contrôle
du gros entretien et renouvellement (GER) des périmètres publics
transférés. Il doit également permettre d'assurer une
meilleure rémunération aux provisions constituées que les
DAT utilisent actuellement. Ce fonds sera alimenté par les provisions
constituées par les usagers pour le renouvellement des
équipements des périmètres publics concédés.
La part de l'Etat est prévue pour financer en partie les dépenses
de GER dans les périmètres transférés mais
structurellement déficitaires.
Le FOMPI est destiné à financer les travaux
d'entretien des grands périmètres publics non
transférés et à contribuer au financement du gros
entretien et renouvellement des groupes moto pompe et réseaux des PIV
de 1ière et 2ième génération
sur la base de 5% par an des GMP et superficies concernées. Les
contributions de la puissance publique sont conditionnées par une
garantie de mise en culture et une participation financière des usagers
de ces périmètres à leur mise en état.
1.3) Les infrastructures d'intérêt
général
La maintenance des pistes rurales, des digues
protégeant des lieux d'habitation ou plusieurs périmètres
irrigués ainsi que toutes les infrastructures sur lesquelles se font les
transports des intrants et de la production, les axes hydrauliques naturels ne
faisant pas l'objet d'aménagements visant à la desserte de
périmètres irrigués, sera financée par le FOMIIG.
C'est un fonds qui est constitué exclusivement des contributions de
l'Etat.
2- La gestion des fonds et utilisation des
ressources
2.1) La gestion des fonds
Pour permettre à la nouvelle politique de maintenance
des aménagements hydro agricoles de porter ses fruits, les fonds doivent
être gérés de manière compétente. Cependant,
les fonds de maintenance, puisqu'ils ne sont pas alimentés de la
même manière présentent quelques différences dans
leur mode de gestion. Ainsi, le FOMAED est géré par la SAED mais
sous le contrôle des usagers ; le FOMUR, bien vrai qu'il n'est pas
encore fonctionnel, sera administré par un représentant des
usagers avec un contrôle de la SAED ; la gestion du FOMPI est
assuré par la SAED à partir des contributions de l'Etat ;
c'est la SAED qui se charge également de la gestion du FOMIIG mais les
travaux ne sont engagés qu'après délibération
officielle des conseils ruraux et approbation de l'autorité
compétente.
2.2) L'utilisation des ressources
Les fonds de maintenance ne sont pas utilisés n'importe
comment. Ainsi ils sont destinés à financer :
- tout types de travaux d'entretien des infrastructures
concernés ;
- le renouvellement des équipements installés
sur ces infrastructures ;
- la rémunération de la maîtrise d'oeuvre
(études et contrôle des travaux de maintenance) correspondant,
soit 7% du montant hors taxes des travaux réalisés ;
- la rémunération de la maîtrise d'ouvrage
assurée par la Direction Autonome de la Maintenance (DAM), au tarif de
2,5% du montant hors taxes des travaux réalisés ;
- le remboursement éventuel des frais de
déplacement des délégués des comités
d'usagers et leurs représentants à la commission des
marchés de la SAED ;
- les frais de procédures éventuellement
engagées pour le recouvrement de la redevance, à l'exception des
coûts internes à la SAED ;
- les frais d'audit des fonds éventuellement
demandés par les comités d'usagers.
Tout fonds destiné à la maintenance d'une
infrastructure donnée ne peut pas être employé pour la
maintenance d'une autre infrastructure.
3- Les comités d'usagers
Un des bienfaits de la nouvelle politique de maintenance et
qui est loin d'être négligeable est la mise sur pied de
comités d'usagers. Ces derniers ont pour mission principale d'assurer le
suivi et l'usage de la dotation de l'Etat et de la gestion de la redevance
perçue auprès des usagers. Ainsi chaque adducteur et
émissaire de drainage dispose d'un comité d'usager.
Les comités d'usagers comprennent : des usagers
agricoles directement raccordés (souvent des Unions hydrauliques)
disposant d'un branchement sur les aménagements hydro agricoles
structurants concernés ; des entreprises n'utilisant pas l'eau
à des fins principales d'irrigation, mais prélevant ou rejetant
de l'eau dans ces aménagements et des conseils ruraux de la zone
concernée.
Puisque la nouvelle politique privilégie le dialogue
entre acteurs, les comités d'usagers donnent leurs points de vue et
parfois prennent des décisions relatives aux travaux de maintenance.
Donc ils ont des attributions consultatives et décisionnelles que nous
tenterons d'étudier.
3.1) Les attributions des comités
d'usagers
a) Les attributions consultatives
Afin de permettre aux usagers de se sentir carrément
impliqués dans la maintenance des aménagements hydro agricoles,
un certain nombre d'attributions leurs sont conférées. Cela peut
donc être salué comme une approche participative de gestion. Ces
attributions sont entre autres :
- la participation à l'identification de tous les
besoins en terme de maintenance ;
- la fourniture de propositions sur les programmes annuels et
pluriannuels de maintenance et sur les fonds qui s'y rapportent ;
- donner un avis sur l'inventaire des surfaces redevables
établis par la SAED ;
- la proposition de mesures concernant le recouvrement des
redevances auprès des usagers et notamment l'examiner et la
prononciation sur les demandes de dégrèvement de redevance faites
par les usagers, etc.
b) Les attributions
décisionnelles
Les prérogatives des comités d'usagers ne sont
pas uniquement d'ordre consultatives, il existe d'autres à
caractère décisionnel. Parmi ces derniers on peut
retenir :
- la demande ou l'interdiction à la SAED (avec les
Conseils Ruraux) de lancer des procédures de désaffectation des
terres ou de saisie sur les ressources ou sur les biens des usagers ;
- la participation au choix des bureaux d'études et des
entreprises (participation à la commission des marchés de la SAED
au même titre que les représentants de la SAED) intervenant dans
la maintenance des aménagements de leur ressort ;
- la saisie des autorités de tutelle de la SAED en cas
d'insuffisance du service fourni ou de la gestion déficiente des fonds
destinés à la maintenance des aménagements de leur
ressort.
3.2) La structuration des comités
d'usagers
Les comités d'usagers sont composés d'une
assemblée générale, d'un conseil des
délégués et des commissions.
L'Assemblée Générale regroupe les usagers
de chaque comité, avec des sous assemblées
générales autour de sous-ensembles hydrauliques en fonction de la
diversité des situations physiques et socio-économiques.
Le Conseil des Délégués est élu
par l'Assemblée Générale avec un mandat qui dure trois ans
renouvelables.
Les Commissions sont constituées soit par sous-ensemble
hydraulique et, dans ce cas, prévues par l'arrêté
interministériel, soit selon des thèmes laissés à
l'initiative des comités.
Etat
Usagers
Redevance hydraulique
Financement du
Service public
Redevance
FOMAED
SAED DAM
Budget Travaux de main-
Unions d'usager
tenance, appui-conseil,
formation, contrôle. Gestion
Travaux de maintenance
Aménagements terminaux
( périmetres)
Aménagements structurants et
D'intérêt général
(adducteurs, émissaires, pistes, digues, etc.)
Adduction,
drainage
Légende :
Prestations
Rémunération acteurs
Figure 3 : Schéma de l'organisation de la
maintenance
4- Les réunions de sensibilisation
Dans le cadre de la mise en place des fonds de
maintenance, la SAED a développé des mesures incitatives,
C'est dans ce cadre que des réunions ont été
programmées et tenues avec le dispositif SAED. La DAM avait
multiplié en grand nombre tous les documents relatifs aux fonds pour les
mettre à la disposition de tout le dispositif pour qu'il puisse
s'imprégner davantage des tenants et aboutissants de ces divers fonds et
convaincre par voie de conséquence les producteurs à participer
à leur établissement.
Par la suite, la DAM avait également pris l'initiative
d'organiser des réunions de sensibilisation au niveau de l'ensemble des
villages où il y a des périmètres publics sur les enjeux
des fonds de maintenance et de leur importance. Ainsi les usagers de ces
aménagements étaient suffisamment informés voire mise au
parfum de la nouvelle politique de maintenance.
Cependant, l'information avait des problèmes pour
passer avec les producteurs privés malgré les nombreuses
réunions.
Dans cette série de réunions, il a noté
que les communautés rurales n'ont pas été en reste. En
effet, en rapports avec les conseils ruraux, la DAM a tenu des rencontres de
sensibilisation dans leurs principaux locaux.
A. chapitre 2
A- Les programmes annuels et coûts de
maintenance
1- Les programmes de maintenance
Les travaux d'entretien des infrastructures hydro agricoles
sont réalisés en fonction des programmes bien définis
communément appelés programmes annuels de maintenance. Chaque
année, on donne l'ordre aux différentes Délégations
d'établir un programme pour la mise en bon état de fonctionnement
du patrimoine aménagé. Pour ce faire, on organise une rencontre
réunissant les représentants du comité des usagers, de la
SAED et du conseil rural et dans laquelle on fait une évaluation des
activités de l'année précédente afin de faire
jaillir les priorités. Ce sera sur la base de ces dernières et en
fonction du budget alloué (par exemple pour l'année 2006, le
budget se chiffrait à 188 113 417FCFA, DAM cf. réunion)
qu'on lance le programme.
Une fois le programme de maintenance lancé, la DAM en
parfaite collaboration avec la DAGE établie et lance un dossier d'appel
d'offres. En réponse à cet appel d'offre, des entreprises ayant
des expériences dans le domaine de la maintenance réagissent en
faisant des prestations de services.
Dans le cadre des travaux d'entretien qui se font annuellement
sur les infrastructures hydro agricoles, plusieurs entreprises interviennent
dans le périmètre de Boundoum. Parmi ces dernières, nous
pouvons citer EGECAM (cette entreprise a été créée
par des anciens de RAZEL), le GIE THAYTOU, Equip Plus, etc.
Cependant avant que les travaux n'aient lieu, des contrats
doivent être au préalable signés par la SAED et l'union
hydraulique d'où les contrats de maintenance.
1.1) Les contrats de
maintenance
Dans le cadre de l'entretien préventif il y a un
contrat qui lie la SAED et les unions concessionnaires. Ce contrat peut soit
intéresser les services d'adduction et de drainage (contrat FOMAED),
soit intéresser les stations de pompage. Dans la pratique un contrat de
maintenance avait été signé par l'union des OP de Boundoum
et la SAED en 1999. Son analyse nous permettra de comprendre réellement
ce qui a été fait dans le casier de Boundoum. Ce contrat
était relatif à la maintenance des équipements
électriques, électromécaniques et hydromécaniques.
Dans tout cela la SAED avait pour mission d'assurer des prestations de services
que l'union devait rémunérer.
a) Les prestations de services de la
SAED
En premier lieu, la SAED avait procédé à
un contrôle systématique électrique consistant à
vérifier et au besoin à remettre en état toute la partie
électrique des stations de pompage (moyennes et basses tensions) ainsi
que ses automatismes et sa régulation.
Ensuite il y a eu un contrôle systématique
mécanique qui consistait quant à lui à vérifier
l'état des diverses machines et appareillages tout en assurant leur
entretien. En présence du contractant (M. Brahim Niang, président
de l'union d'alors) une opération de mise en service avait
été faite. Cette mise en service permettait de mettre en marche
les installations au début de chaque campagne d'irrigation et d'en
vérifier leur bon fonctionnement.
Après cela, un contrôle des appareillages
hydromécaniques du réseau s'était opéré. Ce
travail avait pour objectif de vérifier leur bon fonctionnement, de
procéder aux différents réglages et d'effectuer
l'entretien courant des vannes de garde, des vannes de sectionnement, des
modules à masque.
Enfin, nous avons les dépannages et réparations.
A la demande de l'union, la SAED avait effectué les dépannages
électriques et les réparations d'ordre électrique ou
mécanique dans les stations ainsi que les réparations des
appareillages hydromécaniques sur le réseau gravitaire de
distribution. Si on ne peut pas réparer un matériel sur place, on
l'amène au niveau de la DAM.
b) La durée des travaux
Le contrôle électrique systématique des
stations de pompage est réalisé une fois par an tandis que le
contrôle mécanique se fait deux fois par an avant et après
chaque campagne d'hivernage. Pour les appareillages hydromécaniques du
réseau, le contrôle a lieu une fois par an. Mais la SAED tenait
à informer à l'avance, le contractant de la date de ces trois
contrôles.
La mise en service des stations quant à elle, est faite
avant chaque campagne d'irrigation à la demande du contractant. Les
dépannages électriques sont effectués dans un délai
maximum de deux jours. Les réparations sont faites après l'aval
du contractant sur le devis correspondant qui, outre le coût,
précise également le délai global d'intervention, le plus
bref possible.
2- Le coût des prestations
Toutes ces opérations : contrôles
systématiques (électrique et mécanique), mises en service
des stations d'irrigation et de drainage ainsi que le contrôle des
appareillages hydromécaniques du réseau d'irrigation sont
rémunérées par une redevance forfaitaire.
C'est-à-dire que ces travaux se déroulent dans la
Délégation de Dagana, Podor, Matam ou de Bakel, la redevance
reste la même. La rémunération couvre
également :
- l'intervention du personnel de la SAED sur simple demande
à tout moment et cela dans le cadre du régime
d'astreinte ;
- il peut arriver que besoin se fasse sentir pour que l'on
procède à un diagnostic avant la réparation et le cas
échéant avant dépannage ;
- parfois les délais de livraison de pièces
détachées proposées par le fournisseur sont longs et pour
pallier cela, la SAED dispose d'un magasin de stockage de pièces et
machines (groupes d'électrogènes, électropompes,
transformateurs, etc.) ;
- la répercussion au contractant des conditions
commerciales consenties à la SAED par ses fournisseurs
agréés ;
- les pompistes, les aigadiers, etc. bénéficient
d'une formation à l'occasion de toutes prestations ou visites de la
SAED ;
- le conseil pour toutes décisions techniques que le
contractant sera amené à prendre lors ou en cours de campagne ou
lors de son assemblée générale annuelle ;
- l'appui-conseil nécessaire face au fournisseur si des
anomalies sont constatées au niveau de la qualité du produit, des
conditions de garantie ou de la facturation ;
- la garantie de résultats dans les jours suivants les
dépannages et réparations effectués.
Le montant de la redevance (R) sera
calculé sur un coût unitaire par pompe ou bien groupe
électropompes (GEP) de 62 000FCFA. Puisque l'union disposait en
1999 neuf (9) GEP alors :
R99 = 62 000FCFA * 9 = 558 000FCFA.
R renvoie à la redevance forfaitaire
et 99 à l'année 1999.
Le dépannage électrique est aussi facturé
sur la base d'un forfait (F) avec l'application d'un prix
unitaire à la demi journée de 10 000FCFA.
Il est important de noter que cette somme couvre tous les
frais de main-d'oeuvre et de déplacement quelque soit la distance
parcourue et le temps passé dans l'installation par l'équipe de
la SAED.
On a ainsi : F 99 = 10 000FCA * nombre de demi
journées.
Le coût d'une réparation (H)
sera facturé sur la base d'un devis. Le devis tient compte du coût
de la main-d'oeuvre, du déplacement et des fournitures
nécessaires pour la réparation. Les frais sont calculés
par application d'un prix de 3 000FCA. Le nombre d'heures est le temps
effectivement passé par l'équipe de la SAED pour faire cette
réparation.
H 99 = 3 000FCFA * nombre d'heures.
Le contractant se libère des sommes dues pour
l'exécution de ce contrat par virement au compte ouvert auprès de
la CNCAS, agence de Saint-Louis ou par chèque ou encore à la
caisse de la DAM, dés réception des factures établies par
la SAED conformément aux dispositions suivantes :
La redevance R 99 est facturée le 01 Août et
payable au plus tard le 01 Février 2 000, fin de la campagne
d'hivernage.
Les réparations H 99 sont facturées au fur et
à mesure de leurs réalisations.
Les dépannages F 99 sont facturés à la
fin des campagnes d'irrigations qui existent dans l'année.
C'est-à-dire : hivernage (01 Février) ; contre saison
froide (01 Avril) et contre saison chaude (01 Juin).
Le contactant doit s'acquitter de ces redevances un (1) mois
après avoir reçu les factures. Passé ce délai, il
subira des sanctions de la part de la SAED.
Dans le cadre de contrat aucun conflit digne de ce nom n'avait
été noté. Mais nous tenons à signaler à
l'attention des décideurs et chercheurs qui s'intéresseraient
à cette thématique que si des difficultés surgissent entre
les deux protagonistes, une solution à l'amiable sera trouvée. En
l'absence de conciliation, les litiges pouvant naître de l'application
d'un contrat seront soumis au jugement du tribunal régional de
Saint-Louis.
Hormis ce type de contrat, nous pouvons avoir d'autres que la
SAED paraphe avec les autres acteurs de la maintenance des infrastructures
hydro agricoles à savoir les usagers, les conseils ruraux.
B- Les difficultés et les perspectives de la
mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance dans le
casier
1- Les blocages de la mise en oeuvre de la nouvelle
politique de maintenance
1.1) Les problèmes rencontrés par les
entreprises dans l'exécution des travaux
Au niveau du casier de Boundoum, la mise en oeuvre de la
nouvelle politique de maintenance est rendue difficile par un lot de
problèmes. D'abord, les entreprises adjudicataires des marchés de
travaux sont souvent confrontées à des difficultés
notables dans l'exécution de ces derniers. Ces problèmes sont
relatifs à la fréquence des pannes (Scrapers, Grader, pelle
hydraulique, et camions qui occasionnent des arrêts de chantiers de
l'entreprise) ; la vétusté des engins ; le
ravitaillement des engins en carburant pose également problème
(ICA, 2005).
Par ailleurs, dans les FOMIIG la réhabilitation des
pistes était souvent contraignante dans la mesure où les
carrières étaient situées à des endroits
très lointains. Ce qui réduit sans conteste le nombre de
rotations journalières des camions.
En outre, dans certains sites on note des difficultés
d'accès. A titre d'exemple, tous les travaux qui devaient
s'opérer dans l'émissaire du Delta, en 2006, n'ont pas pu
être réalisés en raison notamment du fait que les
producteurs de Boundoum drainaient leurs eaux (d'où des sols humides) et
il en est résulté d'énormes problèmes pour
l'entreprise THAYTOU d'y accéder. L'entreprise attend jusqu'à
présent une période favorable pour y faire intervenir ses engins
(SCIEPS, 2006).
1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs
bloquants de la mise en oeuvre des fonds de maintenance dans le casier de
Boundoum
Facturation et recouvrement sont aujourd'hui des facteurs qui
entravent la réussite de la nouvelle de maintenance des
aménagements hydro agricoles dans le périmètre.
a) La facturation
En 2003, l'année où on a commencé
l'application de la nouvelle politique de maintenance (Th. Diallo, com. Orale,
mercredi du GIRARDEL), débute également des malentendus entre DAM
et producteurs. En effet, la publication des factures à recouvrer en
février 2004, avait suscité le courroux des paysans de l'union
des OP de Boundoum qui avançaient l'idée selon laquelle ils
n'avaient pas mis dans leurs expressions de besoins la redevance FOMAED. Donc
ces derniers n'étaient pas bien préparés et par voie de
conséquence le règlement a été faible voire nul.
Lors du conseil des délégués tenu au
village de Ndiaye en 2003, une décision de taille fut alors
prise : 50% du montant facturé devait obligatoirement être
payés et pour le reste, le remboursement était prévu
ultérieurement.
D'une manière globale, les problèmes liés
à la facturation dans la zone, selon M. Mamadou Wane (chef de service de
la clientèle de la DAM) sont :
- la collecte des données pose un réel
problème : les données ne sont pas toujours fiables. Ce qui
entraîne l'annulation de certaines factures ;
- la détermination des superficies redevables semble
être une équation sans solution ;
- il n'est pas toujours aisé de localiser tous les
usagers ;
- le refus catégorique de certains usagers de prendre
les factures ;
- l'acheminement des factures : ça doit se faire
main à main sans quoi certains usagers n'hésiteront pas à
dire qu'ils n'ont encore rien reçu.
b) le recouvrement
A ce niveau, ce qu'il faut surtout noter c'est que les usagers
commencent le plus souvent à payer la redevance mais pour la plupart du
temps ils proposent le remboursement en nature (riz paddy) ce qui est contraire
aux aspirations de la banque (CNCAS) qui préfère plutôt le
paiement en espèce.
Le taux de recouvrement est relativement faible pour
l'ensemble de la zone du Delta (Délégation de Dagana). Cette
situation découle en grande partie du fait que bon nombre d'usagers ne
s'acquittent plus de leurs redevances.
L'union de Boundoum n'est assujettie qu'au service de
drainage. Ici, contrairement aux autres types d'aménagement (PPNT, PIV,
PIP), la facturation est en fonction de la superficie affectée. Donc,
que les gens cultivent ou non la facture reste la même. Le tableau
suivant montre la situation du recouvrement de 2003 à 2006 dans le
casier.
Tableau 6 : Situation du recouvrement de 2003
à 2006 dans le casier de Boundoum.
Secteur
|
Usager
|
Année
|
Montant facturé en FCFA
|
Montant réglé en FCFA
|
Solde en FCFA
|
Taux en %
|
Delta central
|
Union de Boundoum
|
2003
2004
2005
2006
|
49 539 840
49 539 840
49 539 840
49 539 840
|
36 833 800
47 003 960
--
--
|
12 706 040
2 535 880
49 539 840
49 539 840
|
74%
95%
00%
00%
|
Total
|
198 159 360
|
83 837 760
|
114 321 600
|
42%
|
Source : DAM 2007
L'analyse du tableau ci-dessus montre de bons taux de
recouvrement durant les premières années de mise en application
de la nouvelle politique de maintenance (74% et 95% respectivement en 2003 et
2004). Pour les années 2005 et 2006, il n'y a pas eu de recouvrement.
Cette situation peut trouver son explication sur le fait que les deux
dernières campagnes ont été catastrophiques et une telle
situation ne permettait pas aux paysans de rembourser leurs dettes. D'ailleurs
à travers le célèbre mouvement dénommé
Forces Paysannes, ces derniers tendent la main aux autorités
étatiques afin que leurs dettes soient annulées (voir
annexes).
Cependant il convient de souligner qu'il existe une typologie
dans le comportement des clients (producteurs) de la DAM :
- un client qui peut et veut payer mais qui se contente de
dire tant que la DAM ne viendra pas chez lui il ne paierait jamais ;
- un client qui veut payer mais qui ne le peut pas faute de
moyens financiers ;
- un client qui peut payer mais qui n'est pas satisfait du
service fourni ;
- un client qui peut payer mais qui refuse par mauvaise
foi.
En définitive nous pouvons déduire que c'est
l'avenir même du FOMAED qui est rendu incertain, au regard de la
situation qui prévaut actuellement. De même, la DAM est un service
autonome, donc qui va bientôt se prendre en charge. Mais avec ce rythme
de recouvrement, force est de reconnaître qu'elle est loin de voir un tel
souhait se réaliser. Partant de là, c'est la nouvelle politique
de maintenance qui risque d'échouer dans cette partie du Delta si des
solutions ne sont pas trouvées.
2- Quelques propositions en vue d'une
amélioration
Pour mieux réussir la nouvelle politique de
maintenance, surtout à Boundoum, quelques suggestions méritent
d'être appliquées.
D'abord la mise en oeuvre du FOMAED a montré un certain
nombre de limites relatives aux activités de recouvrement et de
signature des contrats. Ces équations doivent être résolues
immédiatement. Par exemple au niveau du recouvrement on doit prendre des
mesures coercitives telles que l'application de sanctions à l'endroit
des débiteurs récalcitrants : «quand la diplomatie
atteint ses limites, il faut faire parler les armes» pour décanter
une situation de la sorte.
Ensuite, une collaboration avec les institutions mutualistes
(MEC : Mutuel d'Epargne et de Crédit) pour intégrer dans
leurs dossiers de crédit la redevance FOMAED.
En outre, des rencontres périodiques entre les
principaux acteurs que sont la DAM, Délégations,
représentants de la Direction générale,
représentants des comités d'usagers et conseils ruraux sont
nécessaires pour des évaluations à mi-parcours des
opérations relatives aux fonds de maintenance afin de corriger les
dysfonctionnements éventuels.
Enfin, la SAED, pour mieux réussir cette politique,
doit en signant les expressions de besoins exiger aux paysans de signer les
ordres de virement.
Pour éviter le vandalisme qui sévit dans
certains endroits, il est indispensable de créer des conditions
favorables à l'appropriation par les usagers de certains ouvrages.
L'implication des usagers n'est pas aussi effective que cela
puisse paraître. Durant notre stage, lors de la réunion avec les
paysans sur la situation des fonds de maintenance de 2003 à 2006 dans la
Délégation de Dagana, certains délégués ont
déploré le fait de n'avoir pas été informés
de la date de réfection. Donc cela est à corriger dans l'avenir
en mettant au courant toutes les personnes concernées le jour de
l'exécution et de faire en sorte qu'elles soient présentes
ce jour là.
3-Quelles perspectives de la mise en oeuvre de la
nouvelle politique de maintenance à Boundoum ?
Avec la mise en oeuvre de la nouvelle politique de
maintenance, de belles perspectives s'offrent et qui profiteraient bien aux
populations du périmètre de Boundoum. Ces perspectives sont
légion et se résument sur :
La mise en oeuvre, dans un avenir proche, du FOMUR. Cela
permettra la définition d'un cadre réglementaire relatif à
la constitution et à la l'utilisation des provisions pour gros entretien
et renouvellement (GER) chez l'union des OP de Boundoum. Le FOMUR permettra
également aux paysans de disposer d'une capacité
financière leur offrant la possibilité de renouveler leurs
équipements hydro agricoles. Un autre bienfait que l'on espère
dans la mise en oeuvre du FOMUR est la préservation de l'autonomie
financière et la responsabilité de l'union.
Il est prévu, cette année, l'entretien de l'axe
Ross-Béthio- Boundoum-Barrage. Cela contribuera activement à
réduire les nombreuses contraintes que les exploitants du casier
connaissent aujourd'hui. C'est le cas, par exemple, de l'acheminement des
intrants pendant l'hivernage.
Si les textes sont respectés à la lettre et que
les acteurs s'impliquent davantage, nous pouvons être optimistes sur le
fait que la nouvelle politique de maintenance des aménagements hydro
agricoles puisse assurer une pérennisation du système de
production et au-delà une relance continue de la filière
rizicole.
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