CHAPITRE II. HISTORIQUE DE L'UTILISATION DES PRODUITS
BIOLOGIQUES D'ORIGINE EQUINE
L'historique de l'utilisation des
médicaments biologiques d'origine équine en médecine
humaine rejoint celle de la sérothérapie. Elle débuta au
17e siècle et connut la participation de plusieurs auteurs
à travers leurs expérimentations, les publications de leurs
travaux sur ce domaine et l'application des résultats et de leurs
produits de recherche.
Dans ce chapitre d'histoire, ces auteurs sont successivement
présentés en fonction de la période d'exécution de
leurs travaux :
- RICHET et HERICOURT en 1888, montre que le
sérum d'animaux immunisés a un pouvoir préventif chez les
animaux d'expérience [39].
- Pierre Paul Emile ROUX (1 853-1933), médecin
bactériologiste et immunologiste français, qui fut un des plus
proches collaborateurs de Louis PASTEUR (1822- 1895), avec qui il fonda
l'Institut Pasteur. Il découvrit en 1891, le
sérum antidiphtérique produit chez le cheval, qui a permis la
première thérapie efficace contre la diphtérie.
- Emil Adolf Von BEHRING (1854- 1917), médecin allemand
et S. KITASATO, japonais, sont co-auteurs des publications importantes
concernant deux maladies graves de l'époque (diphtérie et
tétanos) :
· La première publication est parue en
1890 et démontre l'existence d'un facteur humoral chez
des animaux immunisés contre la toxine du tétanos ou de la
diphtérie ;
· La seconde, publiée en 1892,
démontre que ce même sérum pouvait procurer une
immunité ;
· La troisième utilise ce principe pour le
traitement de la diphtérie.
- ROUX, MARTIN et CHAILLOUX en 1894 au
Congrès de Budapest firent leur communication sur le résultat du
traitement de 300 cas de diphtérie par le sérum de cheval. Ce
sérum permit de réduire la mortalité de 50 à 25%
[39].
- Albert CALMETTE (1 861-1 933), médecin et biologiste
français : en 1894, il mit au point les premiers
sérums antivenimeux contre les morsures de serpent en utilisant des
sérums de chevaux vaccinés et immunisés (le sérum
de Calmette) [48]. La même année il publie un
article : « Contribution à l'étude du venin de serpents.
Immunisation des animaux et traitement de l'envenimation »
[39].
- Gaston RAMON (1886-1963), vétérinaire et
biologiste français, intervient plusieurs années :
· 1911-1920 : il a été
chargé d'immuniser de très nombreux chevaux et de récolter
des sérums antitétanique, antidiphtérique, anti
gangréneux, destinés au traitement de ces maladies chez
l'Homme.
· 1915 : Il a permis de parer au
problème de contamination des sérums immunisés en
proposant l'utilisation du formol.
· 1921 : il met au point un
procédé de purification des sérums antitoxiques qui va
réduire la fréquence et la sévérité des
accidents sériques.
· 1925 : Il instaure le principe des
substances adjuvantes et stimulantes de l'immunité, technique qui permet
d'obtenir des sérums plus riches en antitoxines en joignant au vaccin
une substance irritante pour les tissus.
·
1937-1940 : Il est chargé de
coordonner l'ensemble des services assurant la production des sérums et
des anatoxines. Entre 1939 et 1940, l'Institut Pasteur fournit sept millions de
doses de sérums et vaccins pour les armées
[21].
- Jean THOMAS (1902-1 977), médecin, dès
1931 il met à profit l'activité immunomodulante
des anticorps pour la mise au point de la Sérocytothérapie.
Il avait réalisé, dès les années
1940, des travaux de recherche sur l'application thérapeutique des
immunsérums spécifiques des tissus de l'organisme. Les premiers
médicaments ont été mis au point et produits en France
sous le nom de Specyton. Ces médicaments ne sont plus
commercialisés de nos jours.
En 1958 Jean Thomas a créé le
laboratoire Serolab en Suisse afin de mettre à disposition des patients
et des médecins des médicaments conformes aux exigences
pharmaceutiques, fiables et efficaces [42].
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