4.2 Force explosive des membres inférieurs
4.2.1 Accélération initiale
Après la situation contrôle,
l'accélération initiale tend vers une légère
diminution, passant de 6,72 (#177; 0,50) m.s-2 en S0 a 6,65 (#177;
0,45) m.s-2 en S13. Ce n'est qu'après l'ajout du protocole au
niveau des membres supérieurs que l'on note une augmentation
statistiquement très significative (P 0,0 1), évoluant de 6,65
(#177; 0,45) m.s-2 a 7,29 (#177; 0,59) m.s-2 en fin de
situation expérimentale. Durant cette première phase du sprint,
la difficulté majeure est de vaincre la résistance
créée par l'inertie (Hubiche, Pradet 1996). L'aptitude a vaincre
cette résistance met en évidence l'étroite relation qui
existe entre la capacité du coureur a accélérer et son
niveau de force maximale. Durant les premiers mètres, la faible vitesse
de déplacement entraIne un temps de contact de l'appui sur le sol
relativement long, favorisant l'expression de la force maximale. Cette
dernière constitue alors la principale qualité favorisant
l'amélioration de l'accélération. Passé les
quelques premiers appuis, la vitesse augmente, engendrant une diminution du
temps de contact des appuis au sol. Cette modification au niveau de l'appui a
pour conséquence un changement de la nature de la force exercée.
De force maximale, elle passe d'avantage a une force explosive (dynamique).
D'un point de vue musculaire, les deux principales qualités
inhérentes a l'accélération sont la force absolue et la
force dynamique (capacité a exprimer cette force absolue lors de gestes
rapides, Hubiche, Pradet 1996). Selon Zatsiorsky (1966), une constante relation
lie ces deux types de force, nécessitant un développement
simultané a base de protocoles d'entraInements similaires au notre. Une
première conclusion serait de dire que certains facteurs d'ordre nerveux
développés au niveau des membres supérieurs seraient
transférables aux membres inférieurs puisque liés a
l'amélioration du système nerveux central. Cette évolution
des membres supérieurs en terme de puissance permettrait alors
d'améliorer l'accélération au niveau des membres
inférieurs via les sous qualités de force absolue et dynamique.
Sur ce méme postulat Tordi et al. (2001) ont démontré
qu'il y avait
des modifications au niveau des membres supérieurs
faisant suite a l'entraInement des membres inférieurs. Bien qu'il ne
s'agisse pas directement de paramètres de puissance, ils ont tout de
même enregistrés des phénomènes de transfert entre
les étages corporels. Selon Ross et al. (2001), le recrutement des UMs
de type II ainsi que la fréquence de décharge de ces mêmes
UMs sont entre autres des facteurs physiologiques indissociables de la
performance en sprint. Développant ce type d'adaptation lors de
l'entraInement au niveau des membres supérieurs, et utilisant les
conclusions de Tordi et al. (2001), mais ne pouvant utiliser une étude
similaire a la notre comme support, il est alors possible que de tels
transferts aient lieu. La pauvreté de la littérature scientifique
concernant le transfert direct de puissance musculaire entre étages
corporels nous fait défaut, mais nous incite a explorer cette voie. Une
autre explication, plus physique que physiologique, viendrait de
l'évolution du role des segments libres (les membres supérieurs)
lors de la course qui ont principalement deux roles: favoriser
l'équilibre général du corps et contribuer a la propulsion
de l'ensemble du corps par des actions de renforcement et d'allégement.
Bien que la musculation avec barres libres favorisent dans de grandes
proportions la coordination inter-segmentaire et donc l'équilibre
général du corps, le second point s'avère être
intéressant dans l'explication de nos résultats. Par rapport a la
masse totale du corps, les bras représentent environ 7% et les membres
inférieurs environ 35%. Lorsque ces masses sont animées d'un
mouvement vers le haut, la force exercée par les appuis au sol augmente
(transfert de quantité de mouvement), provoquant une tension musculaire
plus importante par le recrutement d'un plus grand nombre d'UMs, renforcant
ainsi la réponse musculaire (Hubiche et Pradet 1996). Ce
phénomène décrit est celui dit du renforcement (Hubiche et
Pradet 1996). Lui faisant suite, le phénomène
d'allègement, intervient lorsque l'élévation des segments
libres est stoppée. La quantité de mouvement acquise est alors
transférée a l'ensemble du corps et l'allégement se
produit. Les améliorations pourraient donc être dues aux
différentes séquences renforcement - allégement, sous
tendant les modifications et transfert de quantités de mouvements
générées au niveau des membres supérieurs. Ce
phénomène pourrait d'ailleurs être accentuer par
d'éventuelles prises de masses musculaires au niveau des membres
supérieurs, ce que nous n'avons toutefois pas cherché a
vérifier. Aux vues de notre protocole et de nos résultats, et
concernant la simple phase d'accélération initiale (directement
liée a la qualité de force explosive), nous pouvons admettre le
fait qu'un travail en
puissance au niveau des membres supérieurs a un impact
positif au niveau de la qualité de vitesse explosive des membres
inférieurs.
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