4. DISCUSSION
Le principal objectif de notre étude était de
déterminer si un entraInement de douze semaines au niveau des membres
supérieurs permettait d'améliorer la qualité de force
explosive des membres inférieurs. Apres analyse des tests, les
principales observations sont:
1. Dans un premier temps, notre protocole d'entraInement
visant a améliorer la puissance musculaire des membres supérieurs
répond a nos attentes. Nous avons ainsi noté une nette
amélioration de cette puissance post entraInement dans nos trois
mouvements de base (Développé couché, Tirage planche et
Rowing).
2. Nous avons également noté une certaine
évolution des quatre variables inhérentes a la force explosive
des membres inférieurs au cours de la période de
développement de la puissance des membres supérieurs.:
accélération initiale
constante de temps de temps de la relation
vitesse maximale
temps sur 40m.
Concernant l'évolution de la puissance musculaire des
membres supérieurs, il apparaIt clairement que notre protocole
d'entraInement favorise dans de grandes proportions l'amélioration de
cette méme puissance, directement mesurée a la
périphérie des systèmes entraInés. Dans notre
étude, ces gains répondent positivement au premier niveau du
protocole. En effet, comment peut-on vouloir améliorer la qualité
de force explosive des membres inférieurs par un entraInement au niveau
des membres supérieurs, ci celui-ci n'améliore pas, dans un
premier temps la variable (la puissance) que l'on souhaite modi%ier a cet
étage corporel.
4.1 Puissance musculaire
4.1.1 Développé couché
Ces premières conclusions s'inscrivent dans une logique
de résultats, rejoignant ainsi le consensus établi par certains
chercheurs (Kaneko et al., 1983 ; Moss et al., 1997) sur l'amélioration
de la puissance musculaire par un protocole d'entraInement principalement
basé sur la charge optimisant cette dernière (avec l'aide des
valeurs
du real power). Les observations faites sont en accord avec
les principales études traitant de ce sujet. Selon ces études, un
entraInement visant a améliorer la puissance mécanique de
systèmes musculaires est efficace pour augmenter la puissance maximale
enregistrée a la périphérie de ces mêmes
systèmes (Kaneko et al., 1983; Moss et al., 1997). Nous avons
noté dans la présente étude, une amélioration de
11,2% de la puissance maximale entre les pré- (533,4 #177; 67,7 W) et
les post-tests (595,1 #177; 107,5 W). Pour expliquer cette augmentation
significative, la plupart des études pointent l'impact produit sur les
facteurs neuromusculaires (Hakkinen et Komi, 1985 ; Haff et al., 2001). La
puissance maximale optimise le rapport intensité maximale / temps de
réalisation. De ce fait, les facteurs nerveux apparaissent comme
prépondérant lors de la production d'une telle action. Les
principaux facteurs peuvent être:
Un recrutement préférentiel des unités
motrices de types II (UMs II), plus puissantes que celles de type I
Une plus grande fréquence de décharge des UMs II
Une meilleure synchronisation des UMs II
Une diminution du ratio agonistes / antagonistes (meilleure
coordination intermusculaire)
Lors d'une contraction volontaire, les unités motrices
sont recrutées selon la loi de Hennemann et al. (1965) (ou principe de
taille), et ce, en fonction de leur fréquence de décharge, ainsi
les petites unités motrices (type I) qui ont une résistance
d'entrée relativement élevée seront recrutées en
premier lors d'une contraction volontaire et cela quelque soit leur emplacement
géographique dans le muscle. Les UMs I seront donc
dépolarisées et activées plus rapidement que les UMs de
type II dont la résistance est plus faible, nécessitant ainsi une
impulsion plus intense. En effet selon la loi d'Ohm (U=R*I), le seuil de
recrutement est alors plus bas pour les fibres de type I que pour les fibres de
types II. Ce principe de recrutement est confirmé chez l'homme, pour des
contractions lentes (recrutement principalement des fibres de type I)
(Milner-Brown et Stein 1975). Cependant, selon Haff et al. (2001) les UMs de
type II peuvent être recrutées, et ce, de manière
préférentielle, lors de mouvements explosifs principalement
utilisés sous un protocole d'entraInement en puissance. Ainsi, ce
principe expliquerait l'élévation de la puissance moyenne
postentraInement par la capacité des athlètes a recruter plus
vite et plus efficacement les UMs de type II. Concernant la fréquence de
décharge des UMs II déjà recrutées, il est
rapporté par Sale (1992) <<que plus cette dernière est
importante et plus la
production de force en un point donné est grande
>>. De plus, si la fréquence de décharge de l'UMs est
supérieure au niveau nécessaire pour atteindre la force maximale,
cette différence contribue a l'augmentation de la capacité a
développer une grande force sur un temps très court. Selon Newton
et Kraemer (1994) cette capacité est importante lors de la
réalisation d'une action motrice basée sur la puissance, car la
durée est un facteur limitant a la production d'une très grande
force dans les actions de puissance musculaire. Apparaissant alors comme
plastique a l'entraInement (Haff et al., 2001), ce phénomène
permet lors d'un mouvement balistique de diminuer la part de ''travail'' des
UMs de type I, dont les fréquences de décharge sont relativement
plus faibles, en faveur des UMs II, qui participeront dans de plus grande
proportion a la production de puissance. Sur une étude de 24 semaines,
Hakkinen et Komi (1985) mettent en évidence une augmentation de force,
due entre autres a un meilleur recrutement et synchronisation des UMs, pouvant
également expliquer nos résultats. Enfin, bien que la
littérature ne soit pas parvenue a un consensus (les études de
Carolan et Cafarelli 1992, s'opposant aux résultats de Colson et al.
1999), la diminution de la co-activation, oü la relaxation du
système musculo-squelettique antagoniste reste un
phénomène probable pouvant en partie expliquer les gains
observés post entraInement.
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