DEUXIEME PARTIE: Impact de la privatisation sur la
performance économique
et partenariale : le cas du Cameroun
L'histoire politique de la majorité des Etats africains
nous apprend que c'est au début des années soixante qu'ils ont
acquis leurs indépendances. En tant que nouveaux Etats
indépendants, ces anciennes colonies ont commencé à faire
face aux problèmes liés à leur nouveau statut. Dans
un monde d'après guerre caractérisé par un fort
consensus fait autour du secteur public comme étant le seul
véritable moteur de croissance économique et de
stabilité sociopolitique, ces nouvelles républiques ne vont pas
inventer de nouvelles politiques macroéconomiques. Mues par le
souci d'opérer des allocations efficientes de ressources dont
elles disposent, et faisant face à un secteur privée
quasi-inexistant (compte tenu du volume d'investissements dépassant la
capacité de mobilisation du secteur privé), les dirigeants de ces
nouveaux pays vont amener l'Etat à produire lui-même les biens et
services nécessaires à la satisfaction des besoins individuels
et collectifs des citoyens. On assiste ainsi à la
création de nombreuses entreprises publiques capables d'assumer ce
rôle. Au Cameroun par exemple, ce mouvement est marqué en
1963 par la création de la SNI, véritable
société holding dont le rôle est de favoriser le
développement et l'industrialisation du pays, en créant des
entreprises qui une fois rentables seront
rétrocédées au secteur
privé national.
Un peu moins de trente ans après, la situation de ces
sociétés du portefeuille de l'Etat n'est guerre luisante.
Prenant en compte le contexte économique pas du tout favorable
de la décennie 80, le Gouvernement lance un vaste
programme de rétrocession de ces entreprises. Le décret n°
90/004 du 22 juin 1990 fixe les règles du
jeu des privatisations au Cameroun, pendant que celui n°
90/1423 du 13 octobre 1990 donne la première liste des entreprises
concernées par l'opération. C'est donc en toute logique que le
premier appel d'offre est lancé le 13 octobre 1990 et la
première convention signée le 15 février 1991.
Treize années ont passé depuis cette date
et le processus de privatisation est toujours en cours. Rien de plus
normal pour nous de pouvoir s'arrêter un instant, le temps de nous poser
la question de savoir si du point de vue de l'efficacité
économique
et partenariale, les fruits ont tenu la promesse des fleurs.
Quel bilan pouvons nous faire
des privatisations menées au Cameroun ? Quel est
son impact sur les différents
partenaires de l'entreprise ?
Il nous semble nécessaire de revisiter au
préalable le processus de privatisation camerounais, et d'expliquer
clairement la démarche que nous allons utiliser pour mesurer son
efficacité. Nous essayerons d'atteindre cet objectif dans le
premier chapitre de cette partie. Le deuxième chapitre quant à
lui se penchera véritablement sur
l'établissement du bilan de cette opération au
Cameroun.
CHAPITRE 3
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