II. REVUE DOCUMENTAIRE
II.1. ETAT DES CONNAISSANCES
Les médicaments essentiels sauvent des vies et
améliorent la santé mais encore faut-il qu'ils soient
disponibles, abordables et utilisés à bon escient. Les
médicaments essentiels sont ceux qui répondent aux besoins
thérapeutiques de la majorité de la population d'un pays
[10]. Ces médicaments devraient être disponibles à
tout moment en quantités suffisantes, détenus,
délivrés et administrés dans de bonnes conditions,
autrement dit utilisés en toute sécurité.
Au cours des dernières décennies l'Organisation
Mondiale de la Santé a défendu le concept des médicaments
essentiels en tant que partie intégrante des politiques sanitaires
nationales. A Alma Ata en 1978, elle faisait de l'accès aux
médicaments essentiels la huitième composante des Soins de
Santé Primaires.
En 1987, face à l'évolution des contextes
international, régional et sous-régional l'OMS a lancé
l'Initiative de Bamako.
Les objectifs de cette initiative étaient entre autres de
:
- améliorer l'accès aux soins de santé
primaires définis dans le cadre d'un paquet minimum d'activités
;
- améliorer l'efficience des structures de soins et la
qualité des prestations ;
- favoriser la participation de la communauté au
financement des soins et à
la gestion des structures de santé.
Elle permettrait l'accroissement des ressources
financières des structures de santé et la disponibilité
des médicaments essentiels génériques [1,11].
Pour beaucoup de pays, surtout ceux en voie de
développement, elle constituait une stratégie essentielle pour
offrir des soins de qualité et à moindre coût à
leurs populations.
Pour ce faire, des structures et mécanismes
d'approvisionnement en
Médicaments Essentiels sous nom Générique
ont été mis en place dans les pays.
Cela s'est traduit sur le terrain par la mise en
place de centrales d'achats de MEG et de dépôts de
médicaments dans les formations sanitaires publiques et
privés.
Après plusieurs années de mise en oeuvre les
résultats sont mitigés. En effet, selon l'OMS il est toujours
aussi difficile pour plusieurs pays de garantir
un approvisionnement régulier en médicaments. Cet
état de fait a une incidence
sur l'accès aux médicaments. Les besoins
sont souvent mal estimés et les produits peuvent se trouver en
rupture à une certaine période ou alors jetés parce qu'ils
sont périmés. Il est également courant que ce
soit les zones rurales et reculées qui soient touchées
quand leur distribution n'est pas efficace. Elle estime la
disponibilité en médicaments essentiels à 94% et 95% de
2000 à 2002
au Cambodge ; à 95,4% en 2002 au Malaisie ; et à
34,1% aux Philippines [10].
En Afrique, MOUALA C. et al l'estiment en 2005 à 79,5%
dans le district
de Mambere-Kadei en Centrafrique [12]. Ils ont aussi
observé une tendance élevée à la prescription
d'antibiotiques et des produits injectables. Ceci aurait contribué
à amener 27% de la population à être dans
l'incapacité de payer les soins.
Aux Îles Comores, la disponibilité en
médicaments essentiels est estimée à 42%
en 2005 [13].
Au Mali, MOORE G. rapporte de nombreuses ruptures des stocks et
de mauvaises conditions de conservation [14].
D'autre part, de nombreuses études menées
sur la fréquentation des services de santé ont montré
que l'utilisation et la qualité des services de santé sont
expliquées par plusieurs facteurs parmi lesquels la
disponibilité des médicaments.
Ainsi, en République Démocratique du Congo
MUSHAGALUSA S. a montré à travers une étude
auprès des ménages à Kadutu que la
probabilité qu'ils aient recours en cas de maladie aux services
de santé est fortement
influencée par le revenu des ménages et la
qualité des soins, dont l'un des éléments est la
disponibilité des médicaments [15]. Plus la qualité des
services
est bonne, mieux les centres de santé sont
fréquentés.
Selon AUDIBERT M. et al les principaux facteurs qui
influencent l'utilisation des services dans les pays africains au Sud du
Sahara ne sont pas d'ordre économique telle la tarification mais
plutôt la non disponibilité des médicaments, le mauvais
accueil, la faible compétence des agents [11].
Pour NKOGHO P. et al, au Gabon la prescription des
médicaments de spécialités est due à
l'influence des patients, des collègues, des
préjugés sur l'efficacité du générique, de
la disponibilité des médicaments et de la formation initiale. A
tout cela s'ajoutent la non diffusion de la Liste Nationale des
Médicaments Essentiels et de l'information sur les médicaments
qui est fournie essentiellement par les délégués
médicaux [16].
Au Nigeria en 2002, SCUZOCHUKWU B. et al ont
démontré, dans le
Sud-est, que l'IB améliorait la disponibilité des
principaux MEG (35,4% contre
15,3%) et le niveau de stock (6,3 semaines contre 1,1
semaine) dans les formations sanitaires « IB » contrairement
à celles « non-IB » [17].
Au Bénin, pays de l'Afrique de l'Ouest dont le
système de gestion des structures sanitaires a inspiré
l'Initiative de Bamako, la disponibilité des
médicaments n'est pas toujours assurée. Dans le
département de l'Atlantique, selon NKUNZIMANA en 1996, elle
était de 76,2% dans les formations sanitaires publiques et
à 91,7% dans les privées à but non lucratif [8].
Dans la commune de Kpomassè selon NKUNZIMANA, la
disponibilité en MEG était de 70% en 1996. Leur gestion
était assurée par des infirmiers et sages-femmes qui
n'avaient pas toujours les compétences [8].
Comme on peut le constater, les nombreuses
études menées ont porté tantôt sur la
disponibilité des MEG, tantôt sur leur accessibilité, ou
encore sur leur utilisation sans se pencher sur les
éléments qui les déterminent en amont comme le
système logistique.
II.2. DEFINITION DES CONCEPTS
Evaluation
C'est une sous fonction du processus gestionnaire qui
consiste à mesurer,
comparer et juger. Elle permet à travers la collecte,
l'analyse et l'interprétation des données, de porter un
jugement sur les résultats produits par la mise en oeuvre d'une
intervention.
Indicateur
C'est un paramètre qui permet de mesurer un changement.
Performance
C'est le niveau d'atteinte des objectifs. C'est la
capacité du système logistique à rendre disponibles les
médicaments essentiels génériques.
Médicament
C'est toute substance ou composition
présentée comme ayant des propriétés de
prévenir, de guérir ou de diagnostiquer une maladie.
C'est tout produit utilisé dans un but thérapeutique.
Médicament Essentiel (ME)
C'est le médicament appartenant à la classe des
médicaments qui satisfont aux besoins de la majorité de la
population en matière de soins. De ce fait, il est inscrit sur la Liste
Nationale des Médicaments Essentiels.
Médicament Essentiel Générique
(MEG)
C'est un médicament essentiel dont l'exploitation ne
fait pas l'objet d'un brevet, soit qu'il est tombé dans le
domaine public, soit qu'aucun brevet n'a jamais été
déposé [2].
Principal MEG ou MEG de « panier »
C'est le médicament appartenant à la classe des
médicaments qui satisfont aux besoins de la majorité de la
population en matière de soins et de ce fait inscrit sur la
LNME. De plus, il a été retenu par la commune sanitaire pour le
monitorage des activités des formations sanitaires.
Rupture de stock
C'est l'absence durant une période d'une
molécule des rayons des formations sanitaires. Ce
médicament doit être utilisable c'est-à-dire non
périmé. Cette absence est déterminée à
partir des fiches de stock des dits médicaments.
Commande d'urgence
C'est une commande passée pour faire face à
une éventuelle rupture de stock. Elle est faite dans des conditions
inhabituelles et n'a pas de périodicité.
Commande systématique
A l'opposé de la commande d'urgence elle est passée
dans des conditions ordinaires et à périodicité
déterminée.
Stock Disponible et Utilisable (SDU)
C'est le stock de produits pouvant être utilisé sans
danger pour la santé.
Ils sont en bon état physique (couleur,
intégrité, ...) et en cours de validité c'est-
à-dire non périmés.
Pertes
C'est l'ensemble des produits périmés,
endommagés ou cassés. Ils sont à exclure du stock
disponible et utilisable.
Niveau de stock
C'est la période que couvre la quantité de produits
disponibles en stock. Il est exprimé en nombre de mois de stock.
Périodicité de commande
Elle est l'intervalle de temps régulier qui
sépare deux commandes de MEG dans les conditions normales
c'est-à-dire en l'absence d'une menace de rupture de stock.
Délai de livraison
C'est le temps qui s'écoule entre la passation de la
commande de produits
et la livraison desdits produits au niveau des centres de
santé. Il est exprimé en nombre de jours.
Délai d'achat
C'est le temps qui s'écoule entre le début du
processus d'achat des MEG aux fournisseurs de la commune et le début de
la distribution. Il est exprimé en nombre de jours.
Produits périmés
Ce sont des produits dont la date de validité est
expirée. Au delà de cette date la responsabilité du
fabricant n'est plus engagée quant aux effets anormaux que pourrait
entraîner l'utilisation du produit.
Reconditionnement
C'est la répartition des produits en
quantité plus petite adaptée à la délivrance
individuelle. Les produits sont mis dans des emballages différents de
ceux d'origine.
III. CADRE D'ETUDE III.1. Situation physique
La commune de Kpomassè est l'une des trois communes que
compte la zone sanitaire de Ouidah - Tori-Bossito - Kpomassè.
Située dans le département
de l'Atlantique, elle couvre une superficie de 305 km2
et est limitée au Nord par
la commune d'Allada, au Nord-Est par la commune de Tori-Bossito,
au Sud-Est
par la commune de Ouidah, à l'Ouest par le lac
Ahémé qui la sépare du département du Mono et
au Sud par la commune de Ouidah.
Le climat est subéquatorial avec deux saisons
sèches (août à septembre et décembre à
mars) et deux saisons pluvieuses (avril à juillet et octobre
à novembre).
La pluviométrie est en moyenne de 1200mm rendant
certaines pistes impraticables pendant les saisons de pluies.
Le relief est marqué par des sols hydromorphes et
sablo-limoneux.
La plupart des pistes reliant les localités de la
commune sont carrossables. Cependant, l'accessibilité aux formations
sanitaires reste difficile pour certaines populations pendant la saison de
pluies.
III.2. Situation démographique
La population est estimée en 2006 à 65 644
habitants*. Sa densité est de
215 habitants au km2. Selon le Recensement
Général de la Population et de l'Habitat de 2003 (RGPH), les
taux de scolarisation du niveau primaire et du 1er cycle des
lycées et collèges sont respectivement de 45% et 7% ; et le sexe
ratio
est 0,81.
Les ethnies rencontrées sont les Fons, les Adja, les
Yoruba, les Houeda.
La pratique des religions traditionnelles (vaudou) est
très ancrée chez les populations. Les autres religions
pratiquées sont le christianisme et l'islam.
III.3. Situation économique et
administrative
L'économie de la commune est basée sur le
secteur primaire. L'agriculture constitue la principale activité et
concerne les produits vivriers que sont le maïs, le haricot, le manioc, et
l'arachide.
Les cultures de rentes sont le palmier à huile,
le cocotier et quelques arbres fruitiers.
La pêche est artisanale et se pratique dans le lac.
Les échanges commerciaux se font dans les
marchés tournants de Pahou, Bousouvi, Dekanmè et
Tokpa-Domè.
Sur le plan administratif, on dénombre 09 arrondissements.
La commune
est administrée par un maire élu assisté des
chefs d'arrondissements.
* Service Statistiques/ Bureau de Zone
Sanitaire
III.4. Situation Sanitaire
Selon le rapport d'activités 2005, les
pathologies prédominantes dans la commune sont le paludisme (42%),
les affections gastro-intestinales (14%), les infections respiratoires
aiguës (12%), les lésions traumatiques (7%) et les
anémies (3%).
Sur le plan des infrastructures, elle compte :
- 10 centres de santé publics ou semi-publics ;
- 08 centres de santé privés.
Sur le plan du personnel du secteur public, la commune
compte 88 agents toutes catégories confondues comme le montre le
tableau ci-dessous :
Tableau I: Répartition du personnel de
santé du secteur public par corps et par centre de santé de la
commune de
Kpomassè*
Centre de Santé
|
IDE
|
IS
|
SFE
|
Médecin
|
TL
|
AS
|
AH
|
Comptable
|
Commis
|
Total
|
Aganmalomè
|
00
|
01
|
01
|
00
|
00
|
02
|
00
|
00
|
02
|
06
|
Agbanto
|
01
|
01
|
01
|
00
|
01
|
02
|
00
|
01
|
02
|
09
|
Agonkanmè
|
00
|
01
|
01
|
00
|
00
|
02
|
00
|
00
|
02
|
06
|
Dékanmè
|
01
|
01
|
01
|
00
|
00
|
04
|
00
|
00
|
02
|
09
|
Kougbédji
|
01
|
00
|
01
|
00
|
00
|
02
|
00
|
00
|
02
|
06
|
Kpago-Houèdjro
|
00
|
02
|
00
|
00
|
00
|
01
|
00
|
00
|
01
|
04
|
Kpomassè
|
05
|
03
|
03
|
01
|
02
|
05
|
02
|
01
|
02
|
24
|
Sègbèya
|
00
|
01
|
01
|
00
|
00
|
02
|
00
|
00
|
02
|
06
|
Sègohoué
|
01
|
00
|
02
|
00
|
00
|
04
|
00
|
00
|
02
|
09
|
Tokpa-Domè
|
00
|
02
|
01
|
00
|
00
|
04
|
00
|
00
|
02
|
09
|
Total
|
09
|
12
|
12
|
01
|
03
|
28
|
02
|
02
|
19
|
88
|
* Centre de santé de Commune de
Kpomassè
Sur le plan du matériel roulant on dénombre un
véhicule à 4 roues et 09 motocyclettes. Le tableau II
présente la situation du matériel roulant dans la
commune.
Tableau II: Etat du matériel roulant dans
les centres de santé de la commune de
Kpomassè*
Centre de Santé
|
Motocyclette
|
Véhicule
|
Aganmalomè
|
01
|
00
|
Agbanto
|
00
|
00
|
Agonkanmè
|
01
|
00
|
Dékanmè
|
01
|
00
|
Kougbédji
|
01
|
00
|
Kpago-Houèdjro
|
01
|
00
|
Kpomassè
|
01
|
01
|
Sègbèya
|
01
|
00
|
Sègohoué
|
01
|
00
|
Tokpa-Domè
|
01
|
00
|
Total
|
09
|
01
|
A l'exception du véhicule dont l'année de mise en
circulation est de 2003
l'ensemble des motocyclettes sont amorties.
* Centre de santé de commune de
Kpomassè
|