3) Contexte de l'accueil en France : hypothèses
de compréhension.
En répondant à toutes les questions que je me
pose et que pose aussi la situation des mineurs étrangers isolés
en France, on comprend que les mineurs étrangers sont en situation
d'isolement territorial et familial, ils sont loin de leurs familles, de leurs
amis et de leur patrie. Ils sont seuls en France.
-Ils arrivent en France dans un contexte où la
politique migratoire est restrictive, et les pouvoirs publics veulent tout
contrôler.
Aux problèmes qui les motivent à quitter leurs
pays, à savoir des guerres, les conflits sociaux, ethniques, religieux,
la misère, s'ajoute l'absence ou la perte des liens familiaux suite aux
décès et disparition des parents. Arrivés en France pour
prendre un nouveau départ, pour espérer un avenir meilleur et
tenter de faire un pied de nez à la fatalité, Ils se retrouvent
dans un pays où la première question qui se pose à eux est
celle de leur statut. Ce statut étant lié à leurs
situations administratives, dit qu'étant entrés
illégalement en France, ils ne seront pas des mineurs comme tous les
autres ne bénéficieront pas d'un schéma de protection
classique de l'enfant en danger. Les acteurs sociaux tergiversant entre le
statut d'enfants seuls et celui de sans papier entrés
illégalement.
Comment vont-ils se projeter malgré qu'ils soient dans
une situation inextricable ?
Comment impulser de la vie même quand cela
s'avère difficile ?
Dans mon travail quotidien auprès du mineur
isolé, je me fie au principe de réalité. Ce principe
permet au jeune de ne pas lui faire miroiter un avenir qu'il n'aura pas en
France. Il s'agit pour moi d'une part de lui expliquer l'ambiguïté
de sa situation au regard de plusieurs réalités ;
Il ne pourra peut être pas obtenir des papiers
français ou un titre de séjour de 10 ans. Je lui dis que
même si cela reste important, ce qui l'est encore plus c'est de prendre
soin de sa personne en priorité. J'ai pu remarquer que selon la
manière dont l'on présente les choses au mineurs sa
réaction n'est pas la même selon que l'on le considère
comme un enfant en danger qu'il faut protéger, ou comme un sans papier
potentiel. Dans ce dernier cas, celui-ci peut avoir une maladie importante, qui
nécessite des soins immédiats, mais ne dira rien et continuera de
souffrir en silence, pour ne pas apparaître comme un poids ou une charge
pour les autres. A contrario si l'on le considère comme une personne
vulnérable à qui il faut répondre par des protections, on
gagne la confiance du mineur qui se sentira respecté. La protection du
mineur commence à partir du moment où l'adulte qui accueille
répond aux besoins vitaux du mineur. Protéger le mineur de la
faim et du froid est vital pour la suite de la prise en charge.
Je dois informer aussi le mineur qu'il ne pourra certainement
pas faire des études d'ingénieur comme il le souhaite, mais que
comme pour l'histoire des papiers, il y a d'autres priorités, qui sont
d'une part les démarches administratives liées à sa
situation,et d'autre part, les différentes activités du
centre,tels que les ateliers vidéos,l'atelier cuisine,le sport,l'art
plastique,les sorties culturelles,qui sont autant de support que nous utilisons
pour redynamiser la vie même quand elle s'avère difficile pour le
jeune.
Par les activités que je mets en place je veux
signifier aux jeunes que la question de leurs statuts ne les déshumanise
pas. En les accompagnant dans ces activités, je veux continuer à
impulser de la vie, même dans des situations mortifères. Etre avec
eux au quotidien c'est faire avec ce dont nous disposons, se contenter du peu
de moyen dévolus pour venir en aide à ces mineurs. Il s'agit dans
une relation dont L'atout est la confiance et le respect mutuel, d'agir dans
« l'ici et maintenant »
Prise en compte des besoins
élémentaires du mineur.
Les mineurs qui arrivent dans le service sont dans un
état de fatigue physique et psychologique tels, que la réponse
à ces besoins me semble être un préalable. Cet accueil
doit se faire dans un lieu rassurant. J'évite d'emblée de leurs
poser des questions, qui risqueraient de leur donner l'impression d'un
interrogatoire. Il faut leur laisser le temps de se reposer, tout en
étant disponible pour les écouter quand ce sera opportun. Cela
peut donner l'impression que j'ai peur d'aborder le jeune, et que par
conséquent je me fais une idée préconçue sur son
histoire. Mais l'expérience a montré qu'en interrogeant le jeune
d'emblée on le brusque, et cela peut être une violence de plus qui
va miner sa confiance envers l'adulte. En tant qu'adulte, mon souci est de
faire en sorte que ce jeune dont j'ignore le parcours, mais qui me semble
très fatigué et affamé, puisse trouver une première
réponse à cette souffrance qui transparaît. On verra le
reste après. Il s'agira dans un premiers temps de répondre
à ses besoins vitaux, comme manger, se laver, se changer, et se
reposer.
L'orientation des jeunes déclarés
majeurs.
Ovidiu déclare avoir 16 ans, il est originaire d'Europe
de l'est. Il a vécu avec ses parents. Ceux-ci n'avaient pas les moyens
de s'occuper de lui. Pour s'occuper, l'adolescent erre dans la rue avec ses
copains, vivant de mendicité et de larcins. Il réussit à
rassembler l'argent nécessaire pour payer le passeur pour la France.
Son rêve c'est de gagner suffisamment d'argent pour rentrer dans son
pays. La rencontre avec le jeune s'est faite dans la rue, sur le lieu où
il se prostituait. Après un travail d'approche et des mois
« d'apprivoisement »nous sommes parvenus à faire
entendre au jeune que la place d'un adolescent de son âge est ailleurs.
Après plusieurs tergiversations, le jeune a fini, de manière
progressive par quitter la rue pour intégrer le centre. Je l'ai
accompagné dans des démarches pour obtenir l'aide médicale
d'état. Les visites médicales ont
révélé une grave affection nécessitant des soins.
Par ailleurs le fait qu'il se déclare mineur, mais sans document
d'identité, déclenche une requête du parquet en vue d'une
expertise de détermination d'âge. Le jeune est
déclaré majeur. Il n'a pas compris, comme beaucoup, que ce
soit « une machine qui donne leur âge » .En
discutant avec le jeune, celui-ci me dit qu'il ne comprend pas pourquoi on ne
le croit pas. Il me dit que de toute façon il va retourner à
la rue. Le fait qu'il soit déclaré majeur engendre son
départ du centre et une orientation vers les dispositifs d'urgence tels
que le 115. Ce qui serait un retour à la case départ pour le
jeune, qui livré à lui-même, retournerait à ses
activités d'antan. Il faut que j'évite que cette jeune retourne
dans la rue se prostituer. Il faut qu'il soit soigné, or depuis qu'il a
été déclaré majeur, il refuse de prendre son
traitement, et de se rendre à ses visites médicales. J'ai
l'impression que le jeune a perdu le peu de confiance qu'il avait
commencé à gagner à notre contact. J'ai
réfléchi avec le jeune sur ses possibilités d'orientation,
et nous avons exploré plusieurs pistes dont 3 possibilités :
la première était qu'il reprenne son traitement médical
qui devenait urgent. Je propose à l'équipe de le garder le temps
qu'il se rétablisse, pendant ce temps, je saisirai le juge de sa
situation. L'équipe a donné son accord, car je lui ai
expliqué qu'on ne peut laisser une personne dans son état au 115.
Je suis d'autant plus convaincu que le jeune est mineur. Le juge a
été saisi, et le jeune a été placé dans un
foyer où après avoir terminé l'apprentissage du
français, il va commencer une formation professionnelle. Dans d'autres
cas, il est arrivé que le jeune n'ait plus d'autres alternatives que la
clandestinité, ou le retour au pays. Dans ce dernier cas, le retour est
efficace si un travail de préparation au retour est mis en place. Un
programme de formation ou de scolarisation, de prise en charge doit être
mis en place dans son pays. Le retour d'un jeune ne doit se mettre en place que
dans son intérêt, et non comme un moyen de se débarrasser
de lui. La France a signé une convention de retour des mineurs dans
leurs pays, notamment avec l'accord dit franco-roumain, prévoyant un
suivi en France et un accompagnement au retour. Le mineur est confié aux
services sociaux ou à sa famille lorsque celle-ci est en mesure de s'en
occuper. L'accord signé entre la France et la Roumanie est intervenu
dans un contexte où les mineurs roumains étaient accusés
de commettre des actes de délinquance ou de se prostituer, parfois sous
l'emprise d'adultes qui les manipulent. Tous les mineurs isolés
étranger ne bénéficient pas de ce programme de retour, car
la France n'a pas signé d'accord avec leurs pays respectifs pour le
retour. Après un travail d'évaluation, et d'orientation, lorsque
l'établissement de la minorité du mineur présumé
n'est pas possible, ou si sa majorité est confirmée par le juge
pour enfant, il ne lui reste plus que la clandestinité et le retour dans
les réseaux des trafics, ou un retour dans le pays sans aucune garantie
de suivi. Ce qui peut s'avérer dangereux dans les cas de mineurs ayant
fui le pays pour des persécutions ou des sévices. Dans certains
cas, ceux qui craignent les persécutions sont orientés vers des
demandes d'asile.
La situation des mineurs et leurs orientation
et /ou accompagnement éducatif.
Pour les mineurs qui possèdent leurs documents
d'identité, et qui vont bénéficier d'une prise en charge,
mon travail va consister à évaluer sa situation personnelle et
familiale. Je vais éclairer les autorités et les jeunes de
l'orientation socio-éducative à mettre en place pour le jeune, en
accord avec ses projets. Les différentes activités du centre
visent à mieux observer le jeune et de mieux cerner non seulement ses
besoins, mais aussi ses capacités. Le but est de trouver avec le jeune
la meilleure orientation en vue de son insertion.
Le terme d'insertion serait apparu au début des
années 70, au moment où l'accès à l'emploi est
devenu difficile ;
C'est un processus qui permet à une personne de trouver
sa place au sein d'un système. Pour être accepté dans une
société donnée, un individu doit partager ses valeurs et
ses normes. La personne en situation d'exil doit s'adapter et acquérir
de nouvelles valeurs tout en préservant et réaffirmant les
siennes. Inséré dans un groupe d'autres jeunes, le processus
d'insertion peut noyer le jeune mineur dans le groupe, la
société qui l'accueille, et occulter ses valeurs propres.
La jeune Mariama est âgée de 16 et demi. Elle est
originaire d'Afrique de l'ouest. Son pays est en proie à une crise
socio-économique. La jeune serait arrivée en France avec l'aide
de sa tante. Cette dernière a convaincu la mère de l'adolescente
par des promesses de scolarisation et d'un avenir meilleur en France.
Arrivée en France, la jeune va commencer à se révolter
lorsque inscrite à l'école, elle doit effectuer toutes les
tâches domestiques et s'occuper de ses neveux avant et après
l'école. Elle s'enfuit lorsque la tante lui présente des hommes,
et lui demande de coucher avec eux pour de l'argent. Le service social qui nous
la confie nous envoie des documents concernant la jeune. Il s'agit des
photocopies des extraits d'acte de naissance et du passeport de la jeune. .Un
premier exemplaire des documents fait état de sa minorité, et un
autre mentionne sa majorité. Je suis confronté à une
situation où la jeune possède deux documents contradictoires
à son nom. A première vue, tous ces documents paraissent
authentiques. L'Aide Sociale à l'Enfance nous demande de les
éclairer sur la situation de la jeune, et de proposer une orientation.
En charge de la référence de cette adolescente, les premiers
entretiens vont permettre de comprendre l'histoire familiale, et la place de
l'adolescente dans cette dynamique. En discutant avec la jeune, je comprends
que la jeune n'est pas mandatée par sa famille. C'est la tante qui s'est
proposée de lui « rendre service » en
l'amenant en France, en réalité pour l'exploiter. Je contacte
l'école pour savoir si il y a des difficultés avec la jeune.
L'assistante sociale du lycée me dit être au courant des
problèmes de la jeune, et me confie que la jeune a été
inscrite à la rentrée avec des documents qui la reconnaissent
comme mineure. Je contacte la tante avec qui je discute au
téléphone. Cette dernière me dit que sa nièce est
majeure. Je lui demande si c'est bien elle qui l'a inscrite à
l'école comme mineure ? Celle-ci bafouille des explications peu
convaincantes. En examinant les documents de la jeune, je m'aperçois que
l'un des documents a été établi dans son pays et l'autre
au consulat de Marseille. Je contacte le consulat de Marseille pour faire
authentifier les documents, avec une lettre au consul où j'explique la
situation administrative de sa ressortissante. Je lui demande d'apporter des
éclaircissements dans cette histoire. Au quotidien Mariama doit
effectuer 2 heures de trajet pour aller en cours. Elle rentre très
fatiguée le soir, et après ses devoirs, elle vient en aide
à ceux qui ne maîtrisent pas le français. Elle explique
l'attitude sa tante par le fait que celle-ci ait refusé de céder
à tous ses désirs. « Elle a juré qu'elle va
me faire expulser si je ne fais pas ce qu'elle veut, et depuis j'ai
peur » me confie-elle. Celle-ci s'inquiète pour sa
mère restée seule au pays. La jeune dit que sa mère n'est
pas au courant de sa situation actuelle. Nous convenons ensemble d'un jour
où elle serait moins fatiguée pour téléphoner.
Ainsi la jeune a pu discuter avec sa mère, qui a aussi promis d'envoyer
les duplicata des documents d'identité de sa fille. La mère nous
a confirmé aussi que celle-ci était mineure. Elle nous dit
qu'elle est malade et n'a pas les moyens de s'occuper de sa fille. J'ai
proposé à l'éducateur de l'ase de saisir le juge pour
enfants afin qu'il prenne des mesures pour la protéger, celle-ci
étant mineure. A l'audience, le juge a posé les questions sur
l'attitude de la tante qui était convoquée mais qui n'est pas
venue. L'adolescente a été placée dans un foyer de
l'enfance.
Les jeunes déclarés majeurs
Le mineur déclaré majeur risque de se
retrouver dans la clandestinité est le même. Seul les moyens pour
y parvenir sont différents. Celui qui est déclaré majeur
court un risque immédiat de se retrouver dans la clandestinité,
alors que le mineur qui obtient une prise en charge peut voir celle-ci
s'arrêter à sa majorité. Car les jeunes sont
protégés pendant leur minorité, mais courent un risque
réel de se retrouver sans papier à leur majorité. Ce qui
d'emblée décourage certaines équipes éducatives qui
ne peuvent pas se projeter dans une perspective d'avenir avec le jeune. Le
jeune lui-même revient à la situation qui l'a poussé
à quitter son pays, à savoir la difficulté voire
l'impossibilité de se projeter. Comment, de part et d'autre, s'investir
dans un projet quand la suite s'avère aléatoire ? Leur
avenir étant lié a leurs situations administratives, ceux-ci ne
peuvent pas faire des stages de formation professionnelle. Ils doivent
arrêter leurs projets en cours car ils ne sont plus en règle. En
tant qu'éducateur je constate que l'insertion des jeunes répond
à ce que j'appelle des injonctions contradictoires de la part des
décideurs. D'un côté il y a la nécessité de
protéger les mineurs, et de l'autre on nous demande d'insérer
à minima.
Le travail en amont du droit commun consiste à
évaluer la situation du jeune, en évitant de le bercer
d'illusion, ou de se bercer soi même d'illusions. Les jeunes doivent
savoir que à leur majorité ils sont expulsables, sauf si les lois
changent entre temps. S'il est difficile pour tout individu de vivre sans
perspectives, imaginons ce que vivent des adolescents, dont de multiples
raisons les conduisent à imaginer d'autres cieux où ils
pourraient construire leur avenir. Quand ils trouvent « leur terre
promise » et y parviennent non sans mal, ils se rendent compte qu'ils
n'y ont pas leur place, par tout ce que l'on s'emploi à disposer pour
les décourager. Difficile de penser qu'ils peuvent réussir la vie
qu'ils ont imaginé ici. La tendance du moment est de renvoyer un maximum
de « clandestins », dont des mineurs dans leurs pays
d'origine. D'où un risque important que des vagues de mineurs devenus
majeurs, et par conséquent sans papiers, sans prise en charge, et qui ne
veulent ou ne peuvent pas retourner au pays deviennent des clandestins.
Face à cette difficulté à concilier
l'éducatif et l'administratif dans la prise en compte des besoins du
mineur étranger ou du jeune majeur, le travail éducatif avec le
jeune peut être basé sur un contrat. Le jeune s'engagerait
à respecter son projet de scolarité ou de formation, en apportant
des bons résultats scolaires qui motiveront les autorités
à lui délivrer un titre de séjour.
Les mineurs isolés qui arrivent en France doivent
s'adapter à de nouvelles habitudes que nous leur inculquons, comme les
valeurs de la France. La manière dont ces jeunes ont imaginé leur
vie en France est aux antipodes de la réalité de leurs
aspirations et de leurs besoins. Comme je l'ai dit plus haut, ces jeunes se
projetaient dans un avenir en décidant de quitter leur patrie. Ils
pensaient que leurs souffrances seraient entendues et pris en compte. Ils ne
sont pas conscients des enjeux sociaux et politiques liés à leur
présence en France. Tous doivent renoncer à une partie de leurs
projets, parfois à tous les projets qu'ils ont commencés à
construire avec des équipes éducatives.
Larbi est un jeune de 17ans originaire d'Afrique du nord. Il
vivait en errance dans son pays et travaillait pour financer son passage avec
des canots de fortune en Europe. Il a réussi à voyager jusqu'en
Espagne, où des compatriotes l'on aidé à arriver en
France. Il est repéré par notre équipe des maraudes aux
abords d'une gare parisienne. Il ne veut pas que nous l'approchions. Nous lui
remettons notre carte de visite, sur laquelle figure un numéro vert. Le
jeune nous a appelés à l'aide un soir, alors qu'il s'est
blessé lors d'une bagarre. Le jeune sera conduit à
l'hôpital, puis il accepte notre proposition de prise en charge. N'ayant
pas de document d'identité, celui-ci a dû passer une expertise
osseuse. Les résultats déterminent qu'il a moins de 17 ans. Il va
bénéficier d'une prise en charge et va suivre une formation en
restauration. Larbi a dû arrêter sa formation à sa
majorité, quelques mois avant la fin de sa formation. La
préfecture a refusé de lui délivrer un titre de
séjour, au motif que son entrée en France s'est faite de
manière irrégulière. Le jeune voit sa prise en charge
s'arrêter car devenu majeur l'Ase n'est pas tenue de l'aider. Et la
situation d'irrégularité du jeune renforce l'Ase dans ses
positions.
L'équipe est désemparée. Après
tout le travail de confiance effectué auprès du jeune, nous nous
retrouvons face à un gâchis, mais aussi à une situation
inextricable. Le jeune a accepté un projet de retour mis en place sans
préparation, avec pour seule idée d'éviter une reconduite
forcée à la frontière. Le jeune m'a confié qu'il
partirait en Belgique ou aux Pays Bas. J'étais persuadé que ce
jeune qui a longtemps erré durant son adolescence mais qui a
réussi à se reconstruire sans succès risquait de
retourner à la rue, et reprendre une vie d'errance.
C'est une situation où en tant qu'éducateur, je
suis impuissant à agir. Je me retrouve dans une situation où je
ne peux pas aller à l'encontre de la loi, et où je ne peux rester
indifférent aux souffrances d'une personne. L'empathie et le soutien
moral que je propose peuvent aider les jeunes à ne pas sombrer.
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