IV - Quelques limites de la société
civile.
Dans la plupart de nos pays, la
société civile doit faire face elle-même à trois
types de problèmes à savoir le manque de financement, la
convoitise du pouvoir et l'éloignement de la base. L'autonomie reste un
grand défi pour la société civile en Afrique. Les
problèmes financiers constituent un des grands défis auxquels se
trouvent confrontées les organisations de la société
civile. Ces organisations n'ont pas de ressources financières stables.
Elles comptent sur des donateurs qui ne peuvent malheureusement pas leur venir
tout le temps en aide. Pour continuer leurs activités, elles sont
prêtes à accepter les offres du gouvernement et de certains
politiciens en particulier, avec pour conséquence l'aliénation de
leur liberté et la perte de leur efficacité.
Le pouvoir, voilà ce que visent certains membres de la
société civile. Cet état de choses remet en cause sa
neutralité et divise ses membres à cause des
intérêts divergents. Par exemple en RDC, la course au pouvoir a
motivé la lutte parmi les différents groupes pendant le processus
de sélection des représentants au dialogue
inter-congolais de Sun City en Afrique du Sud. Par ailleurs, n'a-t-on pas vu
des membres de la société civile entrer au gouvernement pour y
occuper des postes ministériels ? La société civile
devient alors un véritable tremplin pour avoir accès au pouvoir
politique. Cela étant, la conception de la société civile
comme un moyen pour conquérir le pouvoir est un autre
élément qui la fragilise et limite sa marge de manoeuvre pour
susciter des changements politiques. Une autre critique contre la
société civile est son éloignement vis-à-vis de la
base. Cette séparation a pour origine la convoitise du pouvoir. A cause
de leur duplicité, ce que certains membres non moins influents de la
société civile défendent n'est rien d'autre que leur
propre compréhension de la situation qui, bien souvent, ne
reflète en rien les véritables besoins du peuple dont ils
prétendent défendre les intérêts.
Séparés de la base, les représentants de la
société civile finissent par constituer une classe
d'élites qui manquent de vision pour le bien-être du peuple. C'est
donc à raison que Paul Dêhoumon dans son livre La
décentralisation entre risques et espoirs, affirme :
« tant qu'elle n'est pas ancrée à la base, la
démocratie reste centralisée et fortement
élitiste ». C'est justement cet élitisme que
doivent éviter les leaders de la société civile en
Afrique, car ils y tendent dangereusement. Le résultat de cet
état de choses est que la recherche du bien commun devient un concept
abstrait, vidé de tout impact sur la vie des gens.
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