Epilogue
Les travaux décrits ont été
effectués en 1999. Ils font partie d'une recherche plus globale. En
fait, certaines données de la litt érature suggèrent que
dans la période de périparturition, l'intégration du
message afférent nociceptif est modifiée. En effet, des
études comportementales ont montré qu'en fin de gestation, les
seuils de réponse à des stimulations nociceptives étaient
élevées chez la rate (Gintzler, 1980), la truie (Jarvis et al,
1997) et également chez la femme (Iwasaki et al., 1991; Cruz et al.,
1996). Il semble que ces modifications soient en partie liées au
système opioïde endogène. Sachant qu'un des sites d'action
majeur des opioïdes est la moelle épinière (rappelons que
les couches superficielles de la moelle épinière sont
considérées comme le site de projection des afférences
nociceptives et que la présence de nombreux récepteurs
opioïdes à ce niveau a été démontrée),
il est possible que cette plasticité d'intégration du message
nociceptif ait lieu dès ce niveau. De manière surprenante, aucune
étude anatomofonctionnelle n'a été réalisée
au niveau du premier relais de la transmission des informations nociceptives,
que constitue la moelle épinière. Ce projet de recherche
s'insère donc dans une étude globale s'intéressant
à ce que nous pourrions appeler la mise en place d'une plasticité
physiologique au niveau de la moelle épinière.
Je vais succinctement décrire les travaux récents,
qui même s'ils ont été effectués après mon
stage permettent de mieux comprendre la finalité des travaux auxquels
j'ai pu assister.
Figure 14 : Représentation du nombre de
manifestation de score 1 et de score 2 en fonction du temps. Le temps 0
correspond à l'arrivé du premier petit.
Etude comportementale
Les rates non gestantes et préparturientes ont
été observées et filmées afin de définir les
comportements caractéristiques. Deux types de comportement ont
été observés chez les rates préparturientes alors
qu'ils ne l'étaient pas pour les rates non gestantes. Il s'agit de
l'étirement d'une des deux pattes postérieures (score 1) et de
l'aplatissement du bassin accompagné de l'étirement des pattes
postérieures (score 2). Soulignons, que ces deux manifestations
comportementales sont des postures qui ont été décrites
dans des modèles de douleur viscérale, tels que le modèle
induit par injection intrapéritonéale d'acide acétique
(Schmauss et Yaksh, 1984), par implantation de calculs artificiels dans
l'uretère (Giamberardino et al., 1994), et après inflammation des
cornes utérines (Wesselmann et al., 1998).
Pour définir les effets de différents agents
pharmacologiques sur le déroulement de la parturition, « le
temps de travail » a été arbitrairement défini
comme le temps entre le premier mouvement stéréotypé t
l'arrivée du premier petit.
Fig 15: Distribution des neurones c-Fos en fonction des
segments spinaux L5, L6 et S1 chez des rates gestantes et non
gestantes.
Immunohistochimie de la protéine c-Fos
Cette étude comportementale a été
menée en parallèle avec une étude de l'expression spinale
du c-fos. En effet après avoir été
observées toutes les rates ont été sacrifiées,
perfusées, et les segments L5, L6 et S1 ont été
prélevés (comme il a précédemment été
démontré, c'est dans ces segments que l'on enregistre un pic
d'expression de la protéine c-Fos).
Fig. 16: Temps de travail moyen mesuré chez des
rates parturientes et chez des rates parturientes ayant reçu de
l'ocytocine en souscutané.
Effets de l'ocytocine en sous-cutané sur le
comportement accompagnant la parturition
L'ocytocine (10 ug / kg) a été injectée
en sous-cutané et les résultats ont été
comparés avec une injection de sérum physiologique. Les scores 1
et 2, ainsi que le score total ont été comparés pour les
deux groupes, et il a été démontré que l'ocytocine
ne modifie pas le nombre total des manifestations
comportementales ni leur proportion respective. En revanche
une réduction
significative du temps du travail a
été observée après l'injection de
l'ocytocine.
Etude des effets pharmacologiques de la morphine
administrée en péridurale sur la parturition
Les contrôles préliminaires
La morphine est administrée par voie péridurale.
Ainsi le modèle étudié est proche du modèle
clinique correspondant à un accouchement provoqué et sous
péridurale. Cette technique d'injection est la moins traumatisante
possible : elle permet en effet d'éviter des lésions de la moelle
et/ou des fibres afférentes primaires. Les difficultés de cette
approche résident dans le fait qu'elle a été très
peu utilisée chez le rat, seules trois publications font état de
la possibilité d'utiliser cette technique chez le rongeur (en
particulier Durant et Yaksh 1986) ; en conséquence il n'y a pas eu de
travail de référence portant sur les effets/doses de substances
telles que les opioïdes. Le choix des doses a donc été
difficile car les travaux qui ont porté sur les effets spinaux
d'analgésique ont utilisé une approche intrathécale. La
dose à administrer par voie péridurale chez les rates a
été choisie en se basant sur les nombreuses données
obtenues chez le rat par approche intrathécale et sur les données
fournies par la clinique.
Fig.17: Représentation du temps moyen de «
licking » chez des rats ayant reçu du sérum physiologique ou
de la morphine en péridurale.
Afin de vérifier que la pose du microcathéter
n'engendre pas de gêne et que la morphine administré par ce moyen
là a l'effet souhaité, une batterie de tests a été
effectuée. De la morphine (à la dose 50 ug / 10ul) ou du
sérum physiologique ont été injectés par voie
péridurale, et suivis 15 minutes après par une injection
intraplantaire de 50ul de formol dilué à 5 % dans une patte
postérieure. Les animaux ont été observés pendant
60 minutes après l'injection de formol dilué.
Le comportement qui a été observé et
quantifié était le léchage de la patte enflammé
(licking).
Il a été constaté que l'injection de la
morphine en péridurale diminue très significativement le temps de
licking et également, une heure après l'injection de morphine, il
a été vérifié grâce à une table
à 45°, que la pose du cathéter et la morphine en
péridurale n'entraînaient pas de dysfonction motrice apparente.
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