Etude des effets pharmacologiques de la morphine
administrée en péridurale sur la parturition
Fig. 18 : Représentation du nombre total de
comportement observés chez des rates ayant reçu soit du
sérum physiologique ou de la morphine par voie
péridurale
Les rates gestantes, dès l'apparition du premier
mouvement stéréotypé sont injectées par 10 ul de
sérum physiologique ou 10 ul
contenant 30 ug de morphine. A cette injection est
associée simultanément
une deuxième injection d'ocytocine en
sous-cutané à la dose 10 ug / kg.
Les scores 1 et 2 sont comptabilisés et l'on mesure
également le temps de travail. Il s'est avéré que le temps
de travail ne diffère pas significativement entre les deux groupes
d'animaux. Cependant dans le groupe ayant reçu de la morphine en
péridurale en plus de l'ocytocine en sous-cutané, le nombre des
comportements stéréotypés a significativement
diminué.
Discussion et conclusion
Il est a présent clair que la parturition provoque une
forte activité (que l'on visualise à l'aide du marquage de la
protéine c-Fos) dans les segments L5, L6 et S1 qui correspondent au site
de projection des afférences du tractus génital chez la rate.
Cette augmentation bilatérale concerne l'ensemble des couches de la
moelle épinière, y compris les couches superficielles (I, II),
les couches V-VI, la couche X, et le noyau parasympathique spinal (SPN). Ces
résultats suggèrent fortement qu'une partie de l'information
arrivant à la moelle pendant la parturition est de nature
nociceptive.
Les manifestations comportementales retenues sont
réellement reflet de contractions utérines, comme l'ont
montré les observations comportementales. En effet, le fait que
l'ocytocine, qui est un inducteur de fortes contractions utérines,
diminue le temps de travail sans réduire significativement le nombre de
comportements stéréotypés, laisse penser que les
comportements observés chez les rates parturientes sont en relation
étroite avec les contractions utérines (Fig. 14).
Ces manifestations comportementales pourraient, constituer
soit un réflexe moteur mettant en jeux les muscles squelettiques
abdominaux et facilitant l'expulsion du foetus, soit une réaction
nociceptive de l'animal à la sensation « douloureuse »
accompagnant la contraction utérine. Pour déterminer cela, les
effets de la morphine péridurale sur le temps de travail et sur le
nombre de manifestations comportementales avaient été
évalués.
L'administration péridurale de morphine diminue
significativement le nombre de manifestations comportementales sans modifier le
temps de travail (Figure 14). La disparition des séquences
comportementales n'affectent pas le délai d'expulsion du foetus, ce qui
suggère que ces manifestations ne sont pas nécessaires au bon
déroulement de la parturition, mais correspondent plutôt à
une réaction de l'animal à la sensation nociceptive accompagnant
la contraction utérine.
D'aucuns pourront remarquer que la façon dont
l'ocytocine a été injectée n'est pas très proche de
ce qui se produit in vivo. Il a été démontres que
lors de la parturition la dilatation du col utérin, en particulier lors
de l'expulsion du foetus stimule par voie réflexe les noyaux
hypothalamiques. Cette stimulation induit une synchronisation de
l'activité de l'ensemble des neurones, donnant lieu à une
activité pulsatile de libération d'ocytocine dans le
système sanguin (Belin. V et al, 1984), en parallèle à une
augmentation des récepteurs à ocytocine du myomètre
utérin, contribue au renforcement de la fréquence des
contractions utérines : c'est le réflexe de Ferguson. L'ocytocine
entraîne donc la contraction des fibres lisses du myomètre. Ces
contractions sont d'autant plus importantes en début de parturition,
dues à l'augmentation des récepteurs à l'ocytocine du
myomètre utérin (Fuchs et al, 1991). L'injection en
sous-cutané a été choisie pour des raisons de
commodité, car une injection intra-veineuse, mimant mieux la situation
naturelle, autait été beaucoup plus lourde techniquement et
traumatisante pour l'animal, car elle demande une intervention chirurgicale
préalable.
L'intérêt de ce modèle réside dans
le fait que la majorité des accouchements en clinique actuellement sont
provoqués (par administration d'ocytocine), et sont souvent faits sous
péridurale. En effet, très souvent, l'administration des
cocktails pharmacologiques périduraux (morphinique, anesthésique
local, agoniste á2 adrénergique) aboutit à une
anesthésie plutôt qu'à une analgésie. Les patientes
ne ressentent plus les contractions utérines, et ne peuvent donc pas
coordonner leurs efforts à la contraction. Une meilleure connaissance de
la mise en jeu des systèmes de contrôles endogènes
permettra peut être de proposer des substances plus spécifiques du
contrôle des douleurs associées aux contractions et d'adapter les
doses administrées. On pourrait ainsi améliorer le confort et la
participation active des patientes dans le processus d'expulsion.
Dans ce but, l'équipe de Marie-Christine Lombard
projette d'étudier le potentiel analgésique de substances
agissants au niveau des différents types de récepteurs
opioïdes en utilisant ce modèle.
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