II- Les irrégularités :
La manière des imprimeurs de présenter
différents livres ou un même périodique varie en
permanence. C'est pourquoi il peut sembler utile de présenter les
différents types d'éléments qui peuvent varier dans la
composition des ouvrages. On entend ici par irrégularités les
fautes d'orthographe, les pages de couleur anormale, les instabilités
dans la présentation et l'écriture des mots, notamment les
majuscules qui peuvent leur être associées.
A- La présentation :
Dans les Affiches d'Angers, Mame n'adopte pas de
procédé constant pour présenter ses << livres
nouveaux qui se vendent chez le sieur Mame >>. A la fin de la
présentation d'un livre, pour signaler que celui-ci est vendu
broché, le mot << broché >> est parfois écrit
en entier, tandis que de temps à autre, il l'écrit << broc.
>> ou << br. >>. C'est la même chose pour les formats,
qu'il présente de façon inconstante : in-8°., in-8°,
8°, in-8, ... De la même manière, il lui arrive de
préciser le prix des différents livres, mais, le plus souvent, il
ne le fait que pour certains, et il lui arrive aussi de ne spécifier
aucun prix. En revanche, le prix de ceux qu'il vend brochés est touj
ours indiqué.
Il semblerait que ce soit parfois pour gagner de la place, une
ligne de temps à autre, lorsqu'il en a l'opportunité, car il
réduit le mot essentiellement lorsqu'il peut économiser une
ligne, qu'il a besoin de place pour introduire un grand nombre de titres, ou
lorsqu'il ne lui reste que très peu d'espace. En revanche, il
n'abrège pas les mots et précise généralement les
prix de ses imprimés lorsqu'il lui en reste suffisamment. Lorsqu'il a
assez d'espace pour insérer un grand nombre de titres de livres qu'il
vend, il peut même en publier plus d'une demie page dans les Affiches
d'Angers.
On remarque la même inconstance de Mame dans L 'Ami
des Indigents, le document n° 790. Les espaces entourant les virgules
sont placées de manière anarchique, sans aucune logique : elles
sont parfois entourées de deux espaces, ce qui est le cas le plus
général, d'autres fois d'aucun. De la même façon,
les points virgules et les deux points sont souvent collés après
le mot et suivis d'un espace. Cependant, il est impossible de tirer une
règle
typographique de l'époque en partant de ces cas
généraux, puisque ce ne sont pas des constantes. Il ne semble pas
y avoir de motivations comme le gain de place, cela semblerait plutôt
venir du manque d'attention de l'imprimeur.
Une telle inconstance dans la présentation n'a pu
être observée chez les autres imprimeurs angevins. Par exemple,
les annonces de livres que vend Pavie et qu'il fait publier dans L'Observateur
provincial comportent toutes le prix auquel ceux-ci sont vendus et sont toutes
présentées de la même manière.
Le document n° 88 (voir supra) contient 32 articles, et
son texte est très bien mis en forme : bon espacement entre les lignes,
nouveau paragraphe pour chaque article, ...
B- Les majuscules :
Il semble que les majuscules soient mises au gré de
l'auteur du texte, à des mots qui n'en comportent pas habituellement.
Même dans un autre texte du même imprimeur ou auteur, il ne met pas
obligatoirement les majuscules aux mêmes mots. On dirait qu'elles sont
essentiellement attribuées aux mots qui font l'objet principal du texte
ou du paragraphe.
Dans les textes n° 413, 441 à 470 et 486 à
491, concernant les lois des maximums sur les denrées alimentaires,
matières premières et autres, les marchandises desquelles parle
le texte portent toujours une majuscule. De la même façon, dans le
texte n° 116386, on remarque que c'est pour faire honneur aux
patriotes contribuables, les remercier et afficher leurs noms dans le but de
vanter leurs mérites, que les mots "Contribuables" et "Patriotes"
portent une majuscule.
Ainsi, il semblerait que, autrefois, au moins entre 1790 (pour
le texte n° 116) et 1794 (pour les textes concernant les lois des
maximums), les majuscules aient été attribuées aux mots
qui devaient être repérés aisément dans le texte, ou
peut-être simplement pour mettre en valeur les principaux termes, ceux
qui faisaient l'objet même de l'imprimé. Ce fait est observable
sur une très grande partie des imprimés de la période
révolutionnaire, à Angers comme au niveau national.
C- Les erreurs typographiques :
Parfois, des erreurs typographiques, c'est à dire des
fautes d'orthographe, de numérotation ou de positionnement des pages
(...), échappent aux différentes personnes qui ont à
vérifier le texte. Ces erreurs sont généralement dues
à des fautes d'inattention ou à
386 Lettres patentes du Roi portant qu 'il sera
accordé un délai de deux mois pour faire les déclarations
prescrites par le décret du 6 octobre dernier (...), Mame, 1790.
l'empressement du compositeur dans sa tâche. La
fréquence de ces erreurs peut rendre la lecture d'un texte moins
agréable et dissuader le lecteur de retourner acheter ses livres chez ce
même imprimeur. C'est pourquoi ce dernier doit s'efforcer de
répandre un texte aussi correct qu'il le peut. Il faut donc tenter de
déceler leur fréquence.
Dans le texte n° 591387, les p. 1 et 2 sont
bien placées, mais la suite est en désordre : les pages 3
à 8 sont placées dans le sens inverse, de la page 8 à la
page 3. De même, dans le texte n° 195388, le
numéro 15 remplace celui de la page 51, ce qui est une erreur anodine et
difficilement remarquable. Dans le texte n° 439389 , les pages
7 à 10 manquent, ce qui est aussi fréquent. Pareillement, dans le
document n° 31 5390, on remarque une erreur de
pagination : les pages sont numérotées 1, 2, 4, 3. Egalement,
l'ouvrage n° 511391, publié par Mame en 1794, commence
(à la double page suivant le titre) par un "Avertissement" signalant que
des erreurs avaient été repérées et
rectifiées après une certaine diffusion et en l'absence de
l'auteur.
Cependant, ce n'est pas le propre d'un seul imprimeur :
certes, l'importance de la production de Mame facilite certainement les erreurs
dans les documents qu'il publie. Cependant, dans le document n°
715392, on voit que Boutron fait des erreurs du même type
puisqu'il signe le document par ces mots : "A Angers, de l'imprimerie
nationale, Cez [sic] Boutron, Imprimeur du Département, rue Aubin,
maison du Département." Néanmoins, il est impossible de
prétendre que seules cinq erreurs typographiques sont présentes
dans les imprimés angevins de la période révolutionnaire,
puisqu'ils n'ont pas tous été lus entièrement, faute de
temps.
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