II- La société civile :
La réforme civile prend aussi une part importante dans
la lecture de la province au 1 8ème siècle. Les
esprits se libèrent, parallèlement à la popularisation de
l'imprimé, ce qui permet au peuple de changer de préoccupations.
C'est pourquoi certains sujets, déjà débattus pendant les
Lumières, prennent un tout autre intérêt, grâce
à la liberté relative d'imprimer : la discussion s'ouvre à
une foule de personnes qui ne s'intéressait pas forcément
à ces types de sujets auparavant. Le grand nombre de réformes
débattues, préparées et réalisées durant la
période révolutionnaire explique la diversité des
imprimés publiés. Parmi les imprimés angevins, quatre
thèmes essentiels se dégagent à ce propos : ce sont le
commerce et la nourriture, les femmes et l'éducation, les sciences et
lettres, et les loisirs.
A- Le commerce et la nourriture :
Le concours lancé à Angers sur les moyens d'y
améliorer l'industrie et le commerce montre que ces
éléments révélateurs de la prospérité
angevine ne sont pas autant développés qu'on le souhaiterait. Les
documents n° 3269 et 70270 sont des réponses
à ce concours, le second étant celui qui l'a emporté.
Cette défaillance du commerce est accompagnée pendant la
Révolution d'un manque de nourriture : les textes n° 90271
, 225272 et 405273 , pour le département, et
les n° 438274, 569275 et 571276, pour le
pays, évoquent les problèmes dus à la cherté du
grain. C'est pourquoi des projets de bienfaisance et de solidarité sont
proposés : le texte n° 49277 a pour principal but
l'établissement de greniers publics de subsistance, et le document
n° 169278 propose de créer des emplois pour les pauvres,
afin qu'ils n'oublient plus la loi du fait de l'absence de travail et de
revenus. En 1795, le problème subsiste en France et an Anoju, puisque la
Convention, par le texte n° 546279, indique les prix minimaux
de vente du grain (froment, méteil, seigle, orge et avoine), et, par le
document n° 589280, le
269 Discours sur Angers, relativement à l'industrie et
au commerce, s.i., 1787.
270 Discours sur cette question : quels sont les moyens d
'encourager le commerce à Angers ?, Mame, 1789.
271 Lettre d 'un ami de la Constitution, (...), sur les
événements arrivés à Angers les 4, 5 et 6 septembre
1790, Pavie, 1790.
272 Le conseil général du département
(...), sur la libre circulation des subsistances, Mame, 1792.
273 Lettre du département de Maine-et-Loire. Paris, le
30 août 1793, Mame, 1793.
274 Commission du commerce et des approvisionnements de la
République, (...), Mame, 1794.
275 Extrait du registre des arrêtés du
comité de salut public de la Convention nationale, qui interdit aux
amidonniers la faculté d'employer des grains propres à la
nourriture de l'homme, (...), Mame, 1795.
276 Extrait du registre des arrêtés (...), qui
défend de convertir la pomme de terre en fécule, Mame,
1795.
277 Projet de bienfaisance que le comité
général (...) propose (...) à la commune de la ville d
'Angers, Pavie, 1789.
278 Lettre adressée à MM. les membres du
département de Maine-et-Loire (...), relativement à des projets
de santé, de lucre, de commerce et d'embellissement ( ...), au profit
des pauvres de l'hôpital, Mame, 1790.
279 Extrait des registres des délibérations du
Directoire exécutif. Du 29 frimaire an IV, Mame, 1795.
280 Les administrateurs du département de
Maine-et-Loire à leurs concitoyens, Mame, 1795.
département fait appel aux cultivateurs pour qu'ils
vendent leurs denrées à des prix justes. La publication de ces
documents a sûrement pour fonction d'apaiser les personnes qui ressentent
le plus les effets de la cherté du grain en leur montrant que des
mesures sont prises pour y mettre fin.
Les textes n° 7281 et 672282
témoignent tous deux de la situation du département, le premier
en 1787 et le second en 1797. Ils dressent l'état des finances du
département et de ses structures judiciaires, du commerce et de
l'agriculture, ... Ainsi, ils peuvent apporter de précieux
renseignements sur le fonctionnement du département à cette
époque. C'est certainement de ce contrôle par département
que découle le document n° 685283 : il décide de
suspendre toute réquisition de jeunes citoyens du Maine-et-Loire pour
défendre la France, car ils doivent avant tout remettre en culture le
pays durement touché par les guerres de Vendée.
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