III- Les sociétés politiques angevines :
<< La loi municipale du 14 décembre 1789
reconnaît en son article 62 le droit des citoyens actifs à se
réunir paisiblement pour rédiger des adresses et pétitions
>> 102 . Une grande partie des << clubs >> se transforment
alors en sociétés politiques, où on vient s'informer et
s'instruire. En 1790, deux sociétés populaires existent à
Angers : l'une sur la rive gauche, la Société de l 'Est,
aussi appelée Société des Amis de la Constitution
; l'autre sur la rive droite, la Société de l 'Ouest,
dite << Club Saint-Jacques >>, où se donnent
rendez-vous les Jacobins de la ville. Les clubs et les sociétés
politiques sont aussi appelés << Sociétés de
pensée >> : ce sont des lieux d'instruction et d'acculturation
politique. L'imprimé est leur principal support pour véhiculer
leurs idées et étendre leur influence politique : ils font
imprimer un grand nombre de textes pour les adresser à leurs
interlocuteurs du gouvernement, afin de leur faire part de leurs
inquiétudes et des moyens auxquels ils ont pensé pour y faire
face, ou pour rendre compte à la population du contenu de leurs
séances, à travers leurs procès verbaux. Ainsi, les
imprimeurs de ces sociétés politiques comptent souvent parmi
leurs amis, si ce n'est leurs fondateurs.
A- La société des amis de la Constitution
d'Angers :
Ce club est fondé à la fois par Mame, l'avocat
Delaunay, l'oratorien Bénaben et le publiciste Milscent en mars 1790 :
il s'agit du premier des clubs angevins. Il tient ses séances rue
Valdemaine, dans la salle de la maison des missionnaires de Saint-Lazare.
Cependant, cette salle devient rapidement trop petite du fait qu'il veulent
rendre leurs séances publiques. En mars 1791, ils décident donc
de s'installer dans l'église de Saint-Aubin, devenue la salle des
électeurs. Les femmes étaient aussi bienvenues que les
hommes, puisqu'elles montraient un intérêt tout particulier pour
les réformes constitutionnelles et << savaient que le sexe
était naturellement ami de la nouveauté
>>103. Le principal organe de diffusion des
idées de cette société, outre ses réunions,
était son journal, le document n° 780104. Le journal
permet de ne pas contraindre les personnes extérieures à la
société à assister aux réunions, tout en leur
permettant de s'intéresser à celles-ci. Cette méthode
permet donc de recruter aisément de nouveaux adhérents. Au
début de l'existence du club, le président en était
Delaunay et le secrétaire était Bénaben. A la fin de 1791,
la Société de l 'Est comprend 450
membres105.
102 LEBRUN, François (dir.), Op. Cit.
103 UZUREAU, François, << Les sociétés
d'Angers (1791-1852) >>, Andegaviana, 1972, p.377.
104 Journal du département de Maine-et-Loire, par les
Amis de la Constitution d'Angers, Mame, Pavie, puis Jahyer et Geslin,
1791-1792.
105 UZUREAU, François, Op. Cit.
C'est aussi en 1791 que cette société politique
publie son règlement, comme nous le montre le document n°
196106, imprimé par Pavie. Après
l'énumération complète du règlement, ce document
précise dans son dernier article que << le présent document
sera imprimé et distribué aux membres de la
société, pour son exacte observation. >>. A son origine, ce
club fait imprimer trois textes par Pavie, en 1790-1791 (imprimés
n° 164107, 183108 et 196). Puis, Jahyer et Geslin en
impriment un en 1792 (texte n° 237109 : << Chez les deux
amis, Jahyer et Geslin, imprimeurs de la Société des Amis de la
Constitution, rue Milton >>). Enfin, Mame devient son imprimeur en 1794
et trois textes de cette société sortent de ses presses.
Cependant, le 28 mars 1794, les représentants Hentz et Francastel
suppriment la Société de
l 'Est. Mame, qui en était l'un des
fondateurs, se fait recevoir le 29 avril suivant parmi les membres de la
Société de l 'Quest. Néanmoins, un dernier texte
est imprimé par Mame pour ce club en 1795, le document n°
522110.
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