A- Le Roi :
Entre 1787 et 1791, des décisions royales sont
imprimées à Angers, comme dans toutes les grandes villes des
généralités (celle d'Angers appartient à la
généralité de Tours) et les capitales de provinces, pour y
faire connaître les décisions prises par le Roi. En 1787, un
seul
79 Instruction pour l'organisation du département
(...), avec sa division par districts et cantons, Mame, 1790.
80 Lettres patentes du Roi qui ordonne la division de la
France en quatre-vingt trois départements, Mame, 1790.
texte promulgué par le Roi est imprimé à
Angers, le document n° 481 , qui consacre la création
des assemblées provinciales. Il prépare ainsi la convocation des
états généraux et donne, par le même coup, le signal
de départ au débat sur la réforme politique
française. Ce texte est imprimé à Angers pour faire
connaître aux habitants cette décision et le rôle qu'ils
peuvent prendre dans les débats. En 1788, aucun texte royal n'y est
imprimé. En revanche, 1789 marque le début de la forte
activité législative royale, ce qui provoque de nombreuses
réimpressions angevines, avec 11 textes pour cette année. Ce
changement est provoqué par la convocation des états provinciaux
et généraux, ainsi que par le grand nombre de décisions
qui suivent et que le Roi est obligé d'accepter. Dès
l'année 1790, ce sont 58 arrêts, instructions, lettres patentes et
proclamations qui sont imprimées à Angers, ce qui montre que la
ville se sent concernée par le débat public qui s'instaure.
Toutefois, en 1791, seuls 2 documents sont publiés
à Angers, les textes n° 18982 et 19083, qui
ne sont plus des décisions royales, mais de simples courriers du Roi,
l'un << à l'Assemblée nationale >> et l'autre
<< aux princes français, ses frères >>. A partir de
1791, les décisions législatives n'intéressent plus
vraiment les angevins, et ces deux courriers sont les derniers documents royaux
recensés parmi les documents imprimés à Angers. Cela
montre au moins le peu d'intérêt qui est donné à la
parole royale après 1790.
B- Les assemblées nationales :
En 1789, année de la convocation des états
généraux, seuls 2 documents de l'administration nationale sont
reproduits à Angers. En 1790, cette production s'élève
à 6, pour redescendre à 3 en 1791 et en 1792. Le véritable
démarrage de cette production s'effectue avec la Convention nationale,
en 1793, après l'exécution du Roi, avec un total qui s
'élève à 117 documents. La véritable
activité législative de l'assemblée constituante
s'effectue surtout cette année, puisqu'en 1794, 1795 et 1796 , le
chiffre redescend autour de 30. A partir de 1797, la reproduction des textes de
l'administration nationale redevient insignifiante, se réduisant
à moins de 20 textes, comme le chiffre de la production totale angevine,
qui retombe à 25 imprimés.
Les assemblées nationales prennent un grand nombre de
décisions importantes pour réformer l'Etat. Par exemple, la
Convention nationale décrète, dès ses débuts, le 22
septembre 1792, que les actes publics doivent désormais être
datés de l'an Ier de la République. Ainsi,
81 Edit du Roi, portant création d'Assemblées
provinciales, Jahyer et Geslin, 1787.
82 Lettre du Roi portée à l'Assemblée
nationale par le Ministre de la justice, le 13 septembre 1791, Mame, 1791.
83 Lettres du Roi aux princes français, ses frères. Paris, le
16 octobre 1791, Mame, 1791.
les documents officiels édités par
l'administration nationale après le 22 septembre 1792, date de la
proclamation de la première République, comportent tous cette
mention directement dans leur titre. En revanche, d'autres, comme le texte
n° 20884, comptent les années à la fois depuis
1789, déclaré << an I de la liberté >>, et
depuis 1792, considéré comme << l'an I de
l'égalité >>. Le fait de compter les années depuis
ces événements révèle la prise de conscience de
leur importance par la population. Avant la mise en place de ce décret,
les documents officiels étaient datés par rapport à
l'année de commencement de la liberté, 1789. Les décisions
prises par la Convention nationale sont prédominantes en 1793,
l'année durant laquelle l'administration nationale produit 135 textes,
mais elles déclinent ensuite.
Les reproductions angevines de textes concernant des
décisions des assemblées nationales sont nombreuses et peuvent
donc révéler un intérêt croissant des angevins pour
leur pays. Cependant, ce fait peut aussi signifier l'importance qu'attache la
Convention nationale au fait de porter à la connaissance de tous les
Français l'activité législative qui est menée en
leur faveur. Il est aussi possible de considérer ce comportement de la
Convention comme une certaine propagande du régime. L'exemple du
comité de salut public permet de comprendre la diversité des
différentes assemblées nationales et de constater leur
activité.
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