B- Les cabinets de lecture :
Les cabinets de lecture contribuent à
généraliser l'usage du livre et tendent à occuper une
place privilégiée dans la vie culturelle. En 1788, Arthur Young,
qui se rend à Nantes, déclare : << une institution
répandue dans les villes commerçantes de France, mais
particulièrement florissante à Nantes, c'est la chambre de
lecture, ce que nous appellerions un book-club qui ne répartit pas
les livres entre ses membres, mais en forme une bibliothèque. Il y a
trois salles : l'une pour la lecture, une autre pour la conversation, une
troisième constitue la bibliothèque >>64 . Il
est facilement imaginable que, si les cabinets de lecture sont présents
à Nantes, ils doivent aussi l'être à Angers. <<
L'institution ainsi décrite est la chambre de lecture de la Fosse,
fondée en 1759 >>65.
Pour augmenter le nombre de leurs clients, les libraires
organisent donc des cabinets de ce type, attenants à leurs boutiques.
Rapidement, Mame occupe un rang élevé dans la corporation
angevine : le 7 janvier 1780, Mame annonce dans les Affiches d'Angers
que << l'ouverture de son cabinet politique se fera le 15 janvier,
à neuf heures du matin jusqu'à
63 ADML, 1 L 938.
64 YOUNG, Arthur, Voyages en France, en 1787, 1788 et 1789,
cité dans CHARTIER, Roger, MARTIN, Henri-Jean, Histoire de
l'édition française, T. II, Le livre triomphant, 1660-1830,
Paris, Promodis, 1984, p. 538. 65 CHARTIER, Roger, MARTIN, Henri-Jean,
Histoire de l 'édition française, T. II, Le livre triomphant,
1660- 1830, Paris, Promodis, 1984, p. 538.
midi, à deux heures après-midi jusqu'à
huit (...) Il est ouvert tous les jours sauf les dimanches et fêtes, de 9
heures à midi et de 14 à 20 heures >>66.
Ce lieu de culture devient rapidement une véritable
société littéraire qui lui apporte de nombreux clients. Il
limite donc volontairement le nombre de lecteurs qui constitueront son cabinet
politique à cinquante personnes choisies. Le 4 mai 1781, toujours dans
les Affiches d'Angers, il annonce qu'il vend << tous les livres
qui paraissent à Paris >>.
De même, voyant l'effet positif de ce cabinet sur le
commerce de Mame, Jahyer installe un club avec plusieurs associés, le 25
Frimaire an IV, au n°13, rue Haute-du-Figuier. Celui-ci compte 51
adhérents67, mais il est fermé par ordre de Hoche
après deux mois de réunions. Les babouvistes angevins sont alors
dispersés et traqués par la police. En effet, ce club rassemble
les babouvistes, c'est à dire les partisans de François-Noël
Babeuf. Selon le programme réformiste des babouvistes,
l'égalité resterait purement formelle si elle n'était pas
complétée par l'<< égalité parfaite >>
en matière sociale. Ils pensent que celle-ci doit être obtenue par
la mise en commun des biens et l'obligation du travail pour tous, afin que
chacun puisse recevoir sa part de la richesse produite.
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