A- Les relieurs :
La reliure d'un livre n'est pas indispensable, elle
représente même une sorte de luxe pour la majorité de la
société. Néanmoins, ceux qui s'intéressent le plus
à la lecture sont des personnes d'un niveau de vie relativement
aisé et qui peuvent se permettre ce confort pour conserver leurs
ouvrages en bon état. Cependant, les libraires proposent souvent leurs
livres reliés, si le client le désire : l'achat d'un livre
déjà relié au libraire permet avant tout à
l'acheteur de disposer du livre dès l'achat, puisqu'il est
déjà protégé. Les ouvrages contenus dans le corpus
ne représentent pas la totalité de ceux qui sont vendus par les
libraires angevins, puisque ces derniers négocient aussi des livres
venant du reste du royaume. Ces documents représentent une masse de
travail importante pour les relieurs, ce qui permet à plusieurs d'entre
eux de coexister à Angers aux moments ou la production est
importante.
Outre Aupois et Tripier, qui figurent aussi parmi les
libraires angevins, seul un relieur est présent à Angers avant la
Révolution. Il se nomme Jacques Girault et a ouvert son magasin vers
1775, mais nous ne savons pas à quel moment il arrête d'exercer ce
métier. On sait en revanche que son activité se limite à
celle de relieur. Il semble être le seul relieur angevin de la
période pré-révolutionnaire, ce qui ne reste pas le cas
après la Révolution et la suppression du corporatisme.
62 La liste de ces relieurs et prêteurs de livres est
essentiellement établie à l'aide de la série de
perquisitions chez les professionnels du livre, le 23 juin 1791 (ADML, 1 L
938).
En effet, après la Révolution, ce métier
attire certains opportunistes qui profitent de la fin des corporations, donc de
la possibilité pour chacun d'exercer le métier qu'il souhaite.
Jacques-André Berthe ouvre son magasin vers 1790 : il est seulement
relieur et a écrit une Histoire de la garde nationale d'Angers
(manuscrite) dans laquelle il confirme l'affolement des bourgeois le 17
juillet 1789 au soir. En 1795, au lendemain de la Terreur, deux nouvelles
boutiques de relieurs s'ouvrent à Angers : celle de Jean Beaumont et
celle de Marc Bain. Le premier est seulement relieur, tandis que le second,
pour compléter son activité et profiter de cette place, <<
prête des livres moyennant rétribution >>, selon
l'expression du rapport de l'enquête réalisée le 23 juin
179163.
On ignore si les nouveaux relieurs remplacent ceux qui
étaient déjà présents, ou s'ils s'ajoutent à
eux. Cependant, l'augmentation de la production au niveau local comme au niveau
national permet de penser que l'activité est certainement suffisante
pour permettre à plusieurs familles d'en vivre. L'activité de
relieur est donc bien représentée à Angers,
essentiellement après la Révolution, notamment à partir de
1795. Cependant, un autre métier annexe du livre tient une place
importante, celui de prêteur de livre.
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