D- Le renouvellement du personnel à la fin de la
période :
Alors que les modifications de personnel sont
extrêmement réduites jusqu'au Directoire (Etienne-René
Jahyer remplace son oncle en 1791 et Geslin passe du statut d'employé
à celui d'associé), de nouveaux imprimeurs arrivent à
Angers à la fin de la période, tandis que Pavie
Décède le 12 avril 1796. En effet, suite aux restrictions de la
production durant la Terreur, une liberté relative se rétablit
sous le Directoire et procure un plus grand intérêt à
l'exercice du métier d'imprimeur. C'est pourquoi il nous faut observer
qui sont ces personnes.
49 Voir le graphique intégré au début de ce
chapitre.
50 PASQUIER, Emile, DAUPHIN, Victor, Op. cit.
Boutron est né à Paris en 1756 et s'installe
à Angers en 1787. Il est d'abord ouvrier, puis prote (chef d'atelier de
composition typographique), chez Mame. Il s'installe dans un local de l'abbaye
Saint-Aubin, où réside l'administration départementale.
Cette installation a sans doute lieu en 1797, puisque aucun texte
imprimé par lui auparavant n'a été trouvé. Il
imprime un journal intitulé Journal du département de
Maine-et-Loire qui forme 3 volumes in-8° et existe depuis le 2
Germinal an VI (22 mars 1798). Il imprime également les divers
documents, affiches, proclamations, nécessaires à
l'administration du département, et quelques ouvrages. Boutron semble
bien émerger, puisqu'il est choisi par le département pour
imprimer les textes officiels. Cet atelier disparaît en l'an VIII, lors
de l'arrivée du premier préfet de Maine-et-Loire, et les fils de
Mame, qui avaient succédé à leur père, redeviennent
les imprimeurs officiels. Il mène une activité relativement
importante, puisqu'il n'imprime que trois documents la première
année, en 1797, mais en publie onze pendant chacune des deux
années suivantes, en 1798 et 1799.
On sait très peu de choses de Jean-Léon Touvenon
: ni son origine, ni la date de son installation. On sait seulement qu'il
s'installe dans le « cloître des ci-devant cordeliers »51
et qu'il imprime, en germinal an VI (mars-avril 1798), l'Ami de la
Constitution de l'an III52 . Il s'agit d'un
périodique in-8° de 8 pages, paraissant tous les deux jours, et qui
fait suite à l'Ami des Principes. Seule une quinzaine de
numéros de ce périodique paraît, ce qui explique qu'il ne
figure que pour l'année 1798 dans le tableau de la répartition de
la production imprimée angevine entre les imprimeurs53. Il
semble que ce soit le seul imprimé qu'il ait produit, mais tous les
documents de la période n'ont pas été explorés.
Les fils de Mame, Charles-Mathieu et Louis-Charles, commencent
leur propre activité d'imprimeurs à la fin de la période
révolutionnaire, probablement entre le moment où l'administration
départementale choisit Boutron comme imprimeur pour remplacer Mame
père, et l'an VIII, année pendant laquelle ce dernier
disparaît du circuit de l'imprimé angevin. Ils deviennent alors
imprimeurs du département, prenant ainsi la succession de leur
père. Cependant, dans les chiffres de l'annexe 1, la différence
n'a pas été faite entre les imprimés produits par les
différents membres de la famille Mame : on ne voit pas la transition
entre la production de Charles-Pierre, le père, et celle de
Charles-Mathieu, son fils, qui commence à travailler aux
côtés de son père en 1797, comme on le remarque dans les
documents n° 68754,
51 PASQUIER, Emile, DAUPHIN, Victor, Ibid.
52 Document n° 782.
53 Voir l'Annexe 1.
54 Tableau des citoyens composant les jurés
d'accusation et de jugement pour le trimestre de Nivôse de l'an
sixième, (...), Mame, 1797.
73155 et 76656. Si l'on peut voir une
différence de chiffres autour de cette année dans l'annexe 1,
c'est parce que l'imprimerie des Mame cesse d'être l'imprimerie du
département pendant celle-ci.
En observant le réseau de commerce des métiers
du livre angevins, constitué par les imprimeurs, les libraires, les
relieurs et les prêteurs de livres, on remarque d'abord que celuici
évolue peu. Si l'augmentation de personnel est très
limitée, cela signifie certainement que les besoins du négoce
étaient déjà satisfaits par ceux qui étaient
présents auparavant. En revanche, on remarque que la hausse de la
production qui fait suite à la Révolution est très bien
absorbée par les imprimeurs, sûrement parce que chacun avait les
capacités matérielles de produire plus. En revanche, celle-ci est
mal répartie entre eux.
Pendant la Révolution, le métier d'imprimeur a
un intérêt de premier plan, du fait de l'intérêt
général pour la réflexion publique. Cependant, il ne
procure pas une situation stable, du fait de l'implication politique et des
fluctuations de gouvernements. C'est pourquoi certains subissent d'importants
revers, comme Pavie, ou se voient exclure de leurs privilèges, comme
Mame, tandis que d'autres s'élèvent, comme Boutron. L'examen de
la répartition de la production imprimée angevine nous permet
avant tout de connaître les différents imprimeurs présents
pendant la période étudiée. Mais il nous permet
également de faire des déductions quant à sa structure et
de constater les effets des conditions d'impression étudiées
précédemment. Ces événements peuvent avoir
affecté l'un, l'autre ou l'ensemble des imprimeurs, voire des personnes
exerçant n'importe lequel des métiers du livre.
55 Discours prononcé par le citoyen Leterme-Saulnier
à la cérémonie du 2 pluviôse, Mame, s.d.
56 Découverte de la cause interne des maladies,
Mame, s.d.
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