Introduction
uel accès aux médicaments pour les pays qui sont
aujourd'hui
majoritairement touchés par des maladies telles que la
tuberculose, la
malaria ou bien encore le virus du SIDA ?
Cette question, essentielle, ne se pose bien sûr plus dans
les pays développés où
l'accès aux thérapies notamment pour freiner
l'avancée du SIDA est
démocratisé, ce qui n'est pas le cas dans les pays
en voie de développement (PVD)
et encore moins dans les pays les moins avancés (PMA). Ces
pays, situés pour la
plupart dans l'hémisphère sud, sont
également confrontés à des situations
économiques, politiques et sanitaires difficiles et
très souvent instables. C'est la
raison pour laquelle la santé ne fait pas toujours partie
des priorités des
gouvernements en place.
Q
Cependant, des traitements, permettant de lutter efficacement
contre la
maladie, existent et il est aujourd'hui nécessaire que ces
personnes y aient
accès. Le fait que les malades des PVD et PMA puissent se
procurer les
médicaments adaptés ne va pas pour autant tout
arranger mais cela constitue
une condition nécessaire et obligatoire à la lutte
contre les maladies qui les
touchent massivement.
Cette question de l'accès des PVD et PMA aux
médicaments s'est trouvée et se
trouve encore aujourd'hui au centre des débats relatifs
aux droits de propriété
intellectuelle qui ont lieu devant l'Organisation Mondiale du
Commerce. Elle
oppose notamment les grands laboratoires pharmaceutiques et pays
développés,
soucieux de conserver leurs monopoles grâce aux brevets,
aux pays du Sud
désireux d'obtenir un plus grand accès aux
médicaments, plus particulièrement
aux génériques afin de dispenser les soins
nécessaires à leurs populations. Ce
débat s'articule autour de la problématique
suivante : la logique économique
doit-elle primer sur la santé publique voire sur
l'urgence sanitaire ? C'est
cette même problématique qui a été
choisie pour traiter ce sujet.
Après avoir étudié la situation actuelle des
PVD et PMA principalement face au
SIDA, nous verrons pourquoi les positions des pays
développés et des pays du
Sud sont une fois de plus opposées et en quoi les
décisions prises devant
l'Organisation Mondiale du Commerce sont un frein à
l'accès de ces pays aux
médicaments dont ils ont besoin et enfin, dans une
dernière partie, quelles sont
les stratégies à mettre en place pour l'avenir de
ces pays.
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I. Situation des pays en voie de développement
face à la pandémie du SIDA :
situation d'urgence
A. La maladie et ses conséquences
Le Sida est aujourd'hui la cause de mortalité des adultes
la plus répandue dans le
monde. Il s'agit d'une maladie incurable qui a déjà
entraîné la mort de plus de 30
millions de personnes dans le monde1. On estime aujourd'hui
qu'entre 34 et 46
millions de personnes vivent contaminées par cette maladie
et que 95% d'entre
elles vivent dans les pays en voie de développement,
où 14 000 nouvelles
personnes sont infectées chaque jour.
Depuis sa découverte en 1981, cette maladie ne cesse de
croître
considérablement (cf. historique ci-dessous) en
dépit de tous les progrès faits
en matière de recherche et de thérapies.
Graphique : Historique de l'évolution du virus du sida
Source : OMS/ONUSIDA
1 Source : Organisation Mondiale de la Santé, 2004.
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Tous les continents sont touchés par cette
pandémie, mais celui où le nombre de
malades est le plus élevé reste l'Afrique. La
plupart des personnes décédées
suite à leur infection étaient originaires de ce
continent qui concentre à lui seul
plus de 75% des malades du Sida. En effet, il existe dans ces
régions des
facteurs entraînant l'accélération de la
contamination : la pauvreté qui règne
dans ces pays est le premier, l'inégalité des sexes
y est aussi présente et joue
un rôle important, mais la principale cause de propagation
de la maladie est le
manque flagrant de systèmes de santé et de
prévention appropriés.
En Asie, on estime à 7,4 millions le nombre de personnes
vivant avec le virus du
Sida. En juin 2002, le rapport de l'Onusida annonçait que
la Chine pourrait être,
dès 2004, le pays le plus touché par le VIH. «
Après avoir longtemps nié la
gravité de la situation, les autorités chinoises
ont récemment reconnu la réalité
de l'épidémie, sans pour autant en assumer
l'ampleur. À l'heure actuelle, le
gouvernement admet les chiffres de 840 000 séropositifs et
8 500 malades.
Pour sa part, l'Onusida estime le nombre de séropositifs
à 1,5 million2 ».
En Amérique latine, près de 1,6 million de
personnes sont touchées et on estime à
1,6 million, le nombre de personnes vivant avec le virus dans les
pays à « revenus
élevés ».
Les conséquences de cette maladie sont nombreuses et
alarmantes. Sur un plan
humain, elle affaiblit les ressources physiques
et psychologiques des personnes
infectées et elle diminue leur espérance de vie. En
effet, dans la majorité des
pays africains, celle-ci, déjà faible par rapport
à celle des pays développés, a été
considérablement réduite. Selon le "Rapport global"
2004 de l'Onusida, le sida a
fait chuter à 49 ans l'espérance de vie en Afrique
australe, la région la plus
touchée au monde par la pandémie, région
où l'espérance de vie était auparavant
de 62 ans.
S'ajoute le développement d'autres pathologies telles que
la tuberculose parmi
les malades déjà touchés par le SIDA mais
aussi parmi leurs proches, non
infectés par le virus.
Cette maladie a également des conséquences
sur la vie économique, sociale
voire politique de ces pays. En effet, l'Afrique
du Sud, particulièrement
affectée par le virus, connaîtra selon la Banque
Mondiale un « effondrement de
la vie économique » dans trois
générations si la tendance liée au développement
du SIDA ne s'inverse pas.
2 http://www.ladocfrancaise.gouv.fr
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En effet, "l'incidence de cette maladie sur les Sud-africains
d'âge adulte est
considérable ; 1/3 des personnes qui sont dans la phase la
plus productive de leur
vie sont contaminées et dans certains secteurs,tels que
l'armée et
l'enseignement, le taux de contamination est de plus de 60 %3".
En raison de ce
taux élevé, le Sida ne constitue plus seulement un
problème de santé publique en
Afrique du Sud, il peut être à la base d'une vaste
crise économique et sociale
dans le pays.
D'autres études sont également menées pour
analyser l'impact de cette maladie
sur les situations économiques et surtout politiques de
certains pays d'Afrique,
notamment ceux en situation de conflit armé.
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