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Acces des pays en voie de développement aux médicaments


par Gaelle Saupin
Esc Wesford -   2004
  

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Introduction

uel accès aux médicaments pour les pays qui sont aujourd'hui

majoritairement touchés par des maladies telles que la tuberculose, la

malaria ou bien encore le virus du SIDA ?

Cette question, essentielle, ne se pose bien sûr plus dans les pays développés où

l'accès aux thérapies notamment pour freiner l'avancée du SIDA est

démocratisé, ce qui n'est pas le cas dans les pays en voie de développement (PVD)

et encore moins dans les pays les moins avancés (PMA). Ces pays, situés pour la

plupart dans l'hémisphère sud, sont également confrontés à des situations

économiques, politiques et sanitaires difficiles et très souvent instables. C'est la

raison pour laquelle la santé ne fait pas toujours partie des priorités des

gouvernements en place.

Q

Cependant, des traitements, permettant de lutter efficacement contre la

maladie, existent et il est aujourd'hui nécessaire que ces personnes y aient

accès. Le fait que les malades des PVD et PMA puissent se procurer les

médicaments adaptés ne va pas pour autant tout arranger mais cela constitue

une condition nécessaire et obligatoire à la lutte contre les maladies qui les

touchent massivement.

Cette question de l'accès des PVD et PMA aux médicaments s'est trouvée et se

trouve encore aujourd'hui au centre des débats relatifs aux droits de propriété

intellectuelle qui ont lieu devant l'Organisation Mondiale du Commerce. Elle

oppose notamment les grands laboratoires pharmaceutiques et pays développés,

soucieux de conserver leurs monopoles grâce aux brevets, aux pays du Sud

désireux d'obtenir un plus grand accès aux médicaments, plus particulièrement

aux génériques afin de dispenser les soins nécessaires à leurs populations. Ce

débat s'articule autour de la problématique suivante : la logique économique

doit-elle primer sur la santé publique voire sur l'urgence sanitaire ? C'est

cette même problématique qui a été choisie pour traiter ce sujet.

Après avoir étudié la situation actuelle des PVD et PMA principalement face au

SIDA, nous verrons pourquoi les positions des pays développés et des pays du

Sud sont une fois de plus opposées et en quoi les décisions prises devant

l'Organisation Mondiale du Commerce sont un frein à l'accès de ces pays aux

médicaments dont ils ont besoin et enfin, dans une dernière partie, quelles sont

les stratégies à mettre en place pour l'avenir de ces pays.

- 3 -

I. Situation des pays en voie de développement face à la pandémie du SIDA :

situation d'urgence

A. La maladie et ses conséquences

Le Sida est aujourd'hui la cause de mortalité des adultes la plus répandue dans le

monde. Il s'agit d'une maladie incurable qui a déjà entraîné la mort de plus de 30

millions de personnes dans le monde1. On estime aujourd'hui qu'entre 34 et 46

millions de personnes vivent contaminées par cette maladie et que 95% d'entre

elles vivent dans les pays en voie de développement, où 14 000 nouvelles

personnes sont infectées chaque jour.

Depuis sa découverte en 1981, cette maladie ne cesse de croître

considérablement (cf. historique ci-dessous) en dépit de tous les progrès faits

en matière de recherche et de thérapies.

Graphique : Historique de l'évolution du virus du sida

Source : OMS/ONUSIDA

1 Source : Organisation Mondiale de la Santé, 2004.

- 4 -

Tous les continents sont touchés par cette pandémie, mais celui où le nombre de

malades est le plus élevé reste l'Afrique. La plupart des personnes décédées

suite à leur infection étaient originaires de ce continent qui concentre à lui seul

plus de 75% des malades du Sida. En effet, il existe dans ces régions des

facteurs entraînant l'accélération de la contamination : la pauvreté qui règne

dans ces pays est le premier, l'inégalité des sexes y est aussi présente et joue

un rôle important, mais la principale cause de propagation de la maladie est le

manque flagrant de systèmes de santé et de prévention appropriés.

En Asie, on estime à 7,4 millions le nombre de personnes vivant avec le virus du

Sida. En juin 2002, le rapport de l'Onusida annonçait que la Chine pourrait être,

dès 2004, le pays le plus touché par le VIH. « Après avoir longtemps nié la

gravité de la situation, les autorités chinoises ont récemment reconnu la réalité

de l'épidémie, sans pour autant en assumer l'ampleur. À l'heure actuelle, le

gouvernement admet les chiffres de 840 000 séropositifs et 8 500 malades.

Pour sa part, l'Onusida estime le nombre de séropositifs à 1,5 million2 ».

En Amérique latine, près de 1,6 million de personnes sont touchées et on estime à

1,6 million, le nombre de personnes vivant avec le virus dans les pays à « revenus

élevés ».

Les conséquences de cette maladie sont nombreuses et alarmantes. Sur un plan

humain, elle affaiblit les ressources physiques et psychologiques des personnes

infectées et elle diminue leur espérance de vie. En effet, dans la majorité des

pays africains, celle-ci, déjà faible par rapport à celle des pays développés, a été

considérablement réduite. Selon le "Rapport global" 2004 de l'Onusida, le sida a

fait chuter à 49 ans l'espérance de vie en Afrique australe, la région la plus

touchée au monde par la pandémie, région où l'espérance de vie était auparavant

de 62 ans.

S'ajoute le développement d'autres pathologies telles que la tuberculose parmi

les malades déjà touchés par le SIDA mais aussi parmi leurs proches, non

infectés par le virus.

Cette maladie a également des conséquences sur la vie économique, sociale

voire politique de ces pays. En effet, l'Afrique du Sud, particulièrement

affectée par le virus, connaîtra selon la Banque Mondiale un « effondrement de

la vie économique » dans trois générations si la tendance liée au développement

du SIDA ne s'inverse pas.

2 http://www.ladocfrancaise.gouv.fr

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En effet, "l'incidence de cette maladie sur les Sud-africains d'âge adulte est

considérable ; 1/3 des personnes qui sont dans la phase la plus productive de leur

vie sont contaminées et dans certains secteurs,tels que l'armée et

l'enseignement, le taux de contamination est de plus de 60 %3". En raison de ce

taux élevé, le Sida ne constitue plus seulement un problème de santé publique en

Afrique du Sud, il peut être à la base d'une vaste crise économique et sociale

dans le pays.

D'autres études sont également menées pour analyser l'impact de cette maladie

sur les situations économiques et surtout politiques de certains pays d'Afrique,

notamment ceux en situation de conflit armé.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault