Copyright (c) Philippe SALSON
Permission is granted to copy, distribute and/or modify this
document under the terms of the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or
any later version published by the Free Software Foundation;
with no Invariant Sections, no Front-Cover Texts, and no
Back-Cover Texts. A copy of the license is included in the section entitled
"GNU
Free Documentation License".
LES DEBATS AUTOUR DE LA GUERRE
D'ALGERIE A TRAVERS
D'une amnistie à une autre :
1968-1982
REMERCIEMENTS :
A ma famille, perdue sous la bruine rouennaise.
A tous ceux qui m'ont soutenu durant cette année. Aux
Beuleux et aux pièces rapportées - amitiés
inégalables nouées à Bordeaux - à ceux qui liront
ce mémoire, au théâtre de l'OEil-La Lucarne pour le plaisir
d'y jouer, à Ablaye et Marie, aux Kanaks tous cousins de Steeven, aux
géographes iconoclastes MM. Dauriac et Granet, à l'inventeur
inconnu du jeu de tarot, à ceux que je n'ai pas cités mais
à qui je pense, au réconfort dans les moments d'abattement d'un
thé à la menthe sous les tilleuls de la place St-Michel ou d'un
poulet-coco du Caméléon, à
Barbara-Brassens-Brel-Ferré pour leur soutien musical...
Ce mémoire n'est pas dédié à
l'anticyclone des Açores qui a pris la poudre d'escampette cette
année.
SOMMAIRE :
· INTRODUCTION 5
· CHAPITRE 1 : 1968-1972 LA REDECOUVERTE DE LA
GUERRE D'ALGERIE 10
A/ Une tentative d'écriture de l'Histoire 10
1/ Le Monde: caisse de résonance ou faiseur
d'opinion ? 10
Les origines idéologiques du Monde 10
Le Monde dans la tourmente algérienne 12
Importance des articles ayant trait à la guerre d
'Algérie 14
Le Monde comme tribune 15
Un journal impartial ? 16
2/ L'histoire comme enjeu 17
Les premiers travaux à vocation historique
18
Les témoignages 22
3/ Le cinéma au centre des affrontements 24
Deux films qui suscitent la polémique 24
La force de l 'incompréhension 26
L 'encadrement de la mobilisation des rapatriés
27
4/ Un besoin de commémoration 28
Une commémoration des « nostalgiques » :
le 13 mai 29
La commémoration des gaullistes et des
modérés : les accords d 'Evian 29
La commémoration des militants de gauche : Charonne
30
B/ De Gaulle et l'Algérie : le mythe gaullien et la
politique du silence 32
1/ L'amnistie de 1968 : pardonner et oublier 32
Les campagnes pour une amnistie 32
Une continuité dans la politique gaullienne
34
Contenu de la loi et conséquences judiciaires
35
2/ Le mythe du chef d'Etat clairvoyant dans la tourmente
algérienne 36
Le mythe a sa source : Le Renouveau 36
Réalité historique du mythe ? 37
3/ Un mythe qui suscite des critiques 39
La critique du Monde sous la plume de
Viansson-Ponté 39
L 'amertume des anciens activistes 40
C/ La question de la torture : responsabilités et
justifications 41
1/ Les affrontements judiciaires 41
L 'affaire Audin : suite d 'un feuilleton judiciaire et
politique 41
L 'affaire Faulques : absurdité de la loi d 'amnistie
43
2/ Un rebondissement : la publication de La Vraie bataille
d'Alger 46
L 'autoj ustification de Massu 46
La réplique de Vidal-Naquet 47
3/ Les polémiques sur la torture : le retour des
affrontements 48
Les deux camps en présence 48
Les thématiques de l 'affrontement 51
Une convergence sur les responsabilités 53
· CHAPITRE 2 : 1973-1979 UN SILENCE RELATIF SUR
LES
« EVENEMENTS » 57
A/ Un débat mis en sourdine 57
1/ L'absence de véritable débat dans Le Monde
57
Un contraste avec la période précédente
57
Silence du Monde ou silence de l 'opinion ?
58
2/ Une victoire des partisans du silence et de l'oubli ? 59
Une censure encore présente 59
L 'efficacité de « la politique du silence »
60
Des raisons conjoncturelles 61
3/ Une attention mobilisée sur le problème des
rapatriés 62
Les rapatriés : une force politique 62
La mobilisation des énergies sur la question de l
'indemnisation 63
La permanence de situations difficiles : les harkis
65
B/ Une résurgence sporadique des principaux
thèmes de débat 68
1/ La torture, un sujet encore polémique 68
La « mini-affaire » Bigeard : le secrétaire
d 'Etat et la torture 68
Le cas Pouget 70
La suite du feuilleton Audin 71
Henri Alleg : briser une nouvelle fois le silence 74
2/ De Gaulle : trahison ou pragmatisme ? 74
Un défenseur peu commun de la politique gaullienne
74
De Gaulle et l 'opération « Résurrection
» 75
3/ Le cinéma vers une dédramatisation ? 76
Le cinéma militant du début de période
77
Un apaisement avec le cinéma de fiction 79
C/ Derrière le silence : un travail de mémoire
à l'oeuvre 81
1/ Une reconnaissance officielle des combats 81
La carte du combattant enfin attribuée 81
La position ambiguë de l 'Etat vis-à-vis du
conflit 82
Les enjeux d 'une telle distinction 82
Une médiatisation des commémorations du
cessez-le-feu 83
2/ La télévision et l'écrit : deux moyens
de se souvenir 84
Les premières émissions
télévisées sur la guerre d 'Algérie 85
Une diversification des livres sur la guerre d
'Algérie 86
3/ Le Monde et le travail de mémoire 89
La rubrique nécrologique 89
Les pages spéciales : une analyse sérieuse de
la guerre et de ses séquelles 90
CHAPITRE 3 :1980-1982 L'OPINION PARTAGÉE ENTRE
LE SOUVENIR ET L'OUBLI 95
A/ Des années denses en polémiques 95
1/ Le Monde en tête du débat 95
Une rupture par rapport à la période
précédente 95
L 'engagement du journal dans la polémique 96
2/ La télévision : un amplificateur de
débat 97
La mission éducative de la télévision
97
Les Dossiers de l'écran et la guerre d'Algérie
98
3/ Les raisons de cette amplification de la polémique
99
Des débats plus politisés 99
Une nouvelle génération au pouvoir 100
L 'actualité renouvelle le débat 101
B/ Une volonté de commémoration 103
1/ Commémorer pour ne pas oublier 103
2/ La polémique autour de la commémoration du 19
mars 104
Le choix du 19 mars par la F.N.A.C.A. 104
La récupération politique de la
polémique 107
Une incompréhension plus qu 'un clivage
irrémédiable 109
Le Monde partisan d'une commémoration du 19 mars ?
111
3/ Commémorer pour mettre en exergue les violences
policières 115
La commémoration comme seul recours 115
La résurgence du massacre du 17 octobre 116
La commémoration des morts du métro Charonne
118
C/ Les affaires exclusivement politiques 120
1/ L'affaire Dominati : maladresses et électoralisme
120
Les faits : la maladresse du ministre 120
Les polémiques 121
Une affaire aux significations multiples 123
2/ Le P.C.F. et la guerre d'Algérie 124
S 'attribuer le prestige de la lutte anticolonialiste
125
Le procès contre la C.F.D. T. 126
La querelle entre le P. C.F. et Fran çois Mitterrand
129
3/ Les polémiques autour de l'amnistie 131
Le point de divergence : la réintégration des
« généraux félons » 131
La division des socialistes : deux
générations, deux idéaux 135
Un enjeu éminemment politique 138
Le dénouement : un Mitterrand plus gaullien que
jamais 139
Une prise de position du Monde ? 140
D/ Des continuités dans les débats 143
1/ Les raisons de cette continuité 143
Des thèmes cruciaux pour la mémoire
collective 143
L 'actualité de ces thèmes 144
2/ L'ombre de de Gaulle sur le conflit 145
L 'affaire Dominati : la mémoire de de Gaulle en jeu
145
L 'amnistie : Mitterrand, un gaullien anti-gaulliste
146
3/ Les exactions de l'armée et du F.L.N. 148
Charniers et exécutions sommaires 148
Des camps d 'internement en Algérie ? 149
Un apaisement de l 'opinion sur la guerre d 'Algérie
151
· CONCLUSION 154
· ANNEXES 159
INTRODUCTION :
Le dessin figurant sur la couverture est l'image que se fait
Sergueï, dessinateur au Monde, du débat sur la guerre
d'Algérie tel qu'il a resurgi depuis juin 2000, avec le
témoignage de Louisette Ighilahriz. Cette ancienne militante du F.L.N.
raconte, dans le numéro du Monde paru le 20 juin 2000, les
tortures que lui ont fait subir les troupes du général Massu,
commandant alors la 10e D.P. Le lendemain, dans les colonnes du
même quotidien, le général Massu avoue avoir eu recours
à de telles pratiques et exprime ses regrets tandis que le
général Bigeard vitupère des dénégations
scandalisées. La fin de l'année 2000 et le début de
l'année 2001 sont alors marqués, au niveau de l'opinion publique,
par un retour de la guerre d'Algérie, et plus particulièrement,
de la torture au sein du débat national. Emissions
télévisées et unes des journaux et magazines sont
consacrées à ce thème tandis que les confessions sur la
torture et les demandes d'une reconnaissance officielle des exactions commises
se multiplient. Mais, c'est avec le numéro du Monde paru le 2
mai 2001 que la polémique rebondit : des extraits du livre de
témoignage du général Aussaresses, coordinateur des
services de renseignement à Alger auprès de Massu, sont
publiés. Il raconte, assume et revendique les horreurs qu'il a commises
avec ses groupes de choc, véritables escadrons de la mort. Le
débat s'envenime alors : accusations envers certains responsables
politiques, condamnation officielle du général Aussaresses,
reproches violents de ses collègues...
Sergueï représente alors la France, avec à
la main un livre épais écrasant des corps meurtris dont seuls
dépas sent quelques mains et surtout un flot de sang qui entache la
pureté de Marianne. Selon lui, la mémoire collective des
Français sur la guerre d'Algérie se caractérise par
l'occultation et le silence sur « les événements »,
d'où le livre intitulé Algérie qui tente de dissimuler les
corps des suppliciés. En outre, le dessinateur considère le drame
algérien uniquement sous l'angle des exactions. C'est pourquoi la
couverture du livre représente une main qui broie un homme, symbole de
l'usage injustifié - car la main n'est pas reliée à un
visage, d'où un aspect implacable, inhumain - de la violence du fort sur
le faible. Cette mémoire du conflit est la cause d'un traumatisme dans
la conscience nationale puisqu'elle contredit les idéaux
généreux de la République.
Cette violence et l'ampleur du malaise dans les
mentalités, près de quarante ans après la fin du conflit,
peuvent surprendre et laisser perplexe. Que s'est-il passé après
cette dernière guerre coloniale pour que cette impression de traumatisme
soit si forte ? La commotion serait alors étroitement
corrélée avec une pratique de l'oubli et du silence. Ce
refoulement aurait savamment été entretenu par un pouvoir
politique qui a longtemps envisagé les débats autour de la guerre
d'Algérie à partir d'un impératif d'oubli. C'est pourquoi,
en 1968 et 1982, des lois d'amnistie effacent toutes les «
séquelles » autour du drame algérien mais surtout,
empêchent toute poursuite judiciaire. Comment peut-il y avoir alors une
progression du débat vers la reconnaissance d'une réalité
historique, durant une telle période caractérisée par une
politique de l'oubli et peut-on alors parler de mémoire collective si
cet oubli est généralisé ?
A cause de ce devoir d'oubli qui lui aurait été
imposé, l'opinion aurait été et serait encore
marquée par une mosaïque de mémoires particulières,
de souvenirs contradictoires. L'historien Benjamin Stora la définit
ainsi : « un ensemble subtil de mensonges et de refoulements organise la
mémoire algérienne ». Il précise plus loin : «
La guerre se vit comme une affaire individuelle, privée. Toutefois, la
multiplicité des points de vue, des impressions rétrospectives
des acteurs, entrave l'effort de recherche vers une réalité qui
dépasse les témoignages »1. Cette dilution de
l'unité nationale dans des mémoires diverses serait un signe d'un
manque d'apaisement de l'opinion publique sur la guerre. Or, il est
nécessaire qu'existe une conscience nationale, une représentation
de soi comme composante de la nation ; la mémoire collective est
justement l'application concrète de cette conscience nationale.
Avant de s'engager plus loin dans notre réflexion, il
convient de définir notre objet d'étude, à savoir la
mémoire collective. Elle constitue un élément fondamental
des mentalités et ne doit pas être confondue avec la discipline
historique. Loin d'être une étude objective des faits, la
mémoire collective se construit à partir d'un ensemble de
souvenirs partagés, entretenus et transmis qui confèrent à
un groupe donné une image cohérente de soi et de ses valeurs dans
un passé réinterprété. Elle met ainsi en
évidence des symboles, des exemples ou des préceptes afin
d'assurer la diffusion des normes qui régissent la société
; elle s'exprime à l'occasion de commémorations, de
sacralisations de certains personnages historiques en « héros
» ou « martyrs »... Mais, pour qu'elle soit pertinente, qu'elle
« parle » au groupe dans son intégralité, elle doit
sans cesse réaliser un compromis entre le présent et le
passé.
Nous avons noté que les années 1968 à 1982,
symboles d'une politique du silence, sont
caractérisées par une contradiction autour de la
formation d'une mémoire collective, d'où une impossibilité
de donner une image de soi cohérente : cette contradiction
résulte d'une dialectique du devoir de mémoire et du devoir de
silence. Le silence favoriserait l'oubli, atténuerait les traumatismes
et conduirait, de fait, à une certaine réconciliation nationale
après les déchirements franco-français liés
à la tragédie algérienne. C'est cette voie qu'a suivie le
gouvernement français pour résorber les répercussions du
conflit. La volonté de silence va alors de pair avec celle de pardon
puisqu'il s'agit du but assigné aux amnisties de 1968 et 1982.
On peut alors se demander si le silence n'est pas aussi une
entrave au travail de maturation, de digestion des différentes
expériences de la guerre d'Algérie, d'où la constitution
de mémoires fragmentées. Cette structuration incomplète
d'une mémoire collective expliquerait alors la violence des propos
actuels. Les années 1968 à 1982, véritable période
de l'après guerre d'Algérie - ce n'est qu'à partir de
l'amnistie de 1968 que les « disgraciés » vont pouvoir revenir
et prendre part au débat - sont-elles alors celles d'une occultation
totale de la guerre d'Algérie, d'une absence de réflexion sur le
conflit, d'un certain immobilisme du débat public sur ce thème ?
Ou bien le silence n'est-il qu'apparent, presque un stéréotype du
discours sur la mémoire algérienne, et le débat actuel
a-t-il été préparé par des années de
témoignages ?
Pour étudier cette évolution des
mentalités, nous nous sommes appuyés sur les archives du
Monde couvrant la période 1968 à 1982, celle dite du
« silence ». En effet, le quotidien est le principal vecteur de
débat parce qu'étant à la fois modéré et
ouvert aux opinions diverses ; il n'est pas le journal d'un parti ou d'une
école de pensée. En outre, Le Monde a acquis un statut
de référence dans le panorama de la presse française : il
est à la fois le reflet d'une opinion « éclairée
» et un média sérieux et quasi-exhaustif, d'où une
place relativement importante accordée aux discussions et controverses
sur « les événements ». De plus, ses nombreuses
tribunes ont touj ours joué un rôle considérable dans le
débat public : il constitue comme un carrefour des opinions où se
rencontrent intellectuels, responsables politiques et lecteurs.
Toutefois, cette restriction de l'étude - due aussi
à un problème de sources - à un seul quotidien, Le
Monde, pose le problème de la représentativité du
lectorat du quotidien du soir. Peut-on généraliser les
réactions des lecteurs à l'ensemble de la société ?
Par son aspect austère, Le Monde a en effet une influence
limitée aux élites sociales et culturelles, peut-être plus
impliquées dans ce travail de mémoire. Une autre limite à
cette étude réside dans les conditions dans lesquelles se sont
déroulées les recherches. Pour les années 1968 à
1978, il
n'existe pas encore d'index du Monde dans lequel sont
répertoriés tous les articles du quotidien. Pour ces onze
années, les recherches ont été effectuées en
feuilletant chaque numéro, un par un. Cette méthode assez
laborieuse est génératrice de fatigue, d'inattention, si bien que
certains articles traitant de la guerre d'Algérie ont pu être
« oubliés ». Toutefois, les articles d'une certaine importance
n'ont pu passer inaperçus. Nous pouvons donc raisonnablement affirmer
que ces éventuelles omissions seraient sans grande conséquence
sur la teneur générale du débat.
Notre analyse du débat sur la guerre d'Algérie
se fait en trois temps, en fonction de l'intensité du débat. En
effet, nous avons essayé de la représenter graphiquement (cf.
annexes p. 159) pour souligner cette évolution en trois
étapes.
Au tournant des années 1970, de 1968 à 1972, en
écho à la contestation de mai 68 ou simple conséquence de
la loi d'amnistie, des témoignages, des commémorations puis des
débats autour de la guerre d'Algérie se multiplient. « Les
événements » sont progressivement redécouverts et
deviennent un enjeu historique : alors que les anciens acteurs du conflit, en
particulier les généraux, tentent de réinterpréter
l'histoire pour légitimer leur action, des premières initiatives,
dont Le Monde est le principal relais, pour écrire une histoire
de la guerre d'Algérie voient le jour. A travers les propos
échangés dans les colonnes du quotidien se dessinent
déjà les principales thématiques du débat : le
rôle de de Gaulle dans la guerre d'Algérie est l'objet d'une
controverse entre anciens activistes et gaullistes tandis qu'une
véritable polémique sur la pratique de la torture prend forme
à partir du témoignage du général Massu.
Après l'intense polémique de l'année
1972, suit une longue période durant laquelle le débat sur la
guerre d'Algérie est très peu présent dans le quotidien,
d'où une impression de silence mais aussi d'apaisement. Si l'opinion
semble moins intéressée par le conflit, on assiste tout de
même à une résurgence sporadique des principaux
thèmes, vecteurs de controverse : de Gaulle, la torture et le poids du
cinéma sur la guerre dans les mentalités. Bien plus, un
véritable travail de mémoire se met en place grâce à
des relais médiatiques : la télévision, Le Monde
ou la production éditoriale. Il est l'occasion pour des acteurs,
victimes ou témoins du conflit, « oubliés » durant les
polémiques sur la torture, de prendre la parole et d'apporter une
réflexion nouvelle sur la guerre d'Algérie.
Nouvelle rupture en 1980, et jusqu'en 1982 ; le débat
connaît une intensité sans précédent. On le retrouve
de manière quasi-continue dans les colonnes du quotidien. Cette
amplitude nouvelle est tout d'abord due à une volonté très
forte, chez les anciens acteurs du
conflit, de commémorer leur action et leurs victimes.
Ce qui est recherché, c'est une reconnaissance publique, voire
officielle, du sacrifice réalisé. Mais, la période
1980-1982 se caractérise davantage encore par les polémiques
autour d'affaires avant tout politiques : l'affaire Dominati, les controverses
sur le P.C.F. dans la guerre d'Algérie mais surtout les
polémiques autour de la loi d'amnistie de 1982. La virulence des
discussions, sur ces sujets politiques, ne doit pas pour autant dissimuler les
continuités dans le débat ainsi qu'un certain apaisement de
l'opinion publique.
|