II / L'adolescence demeure une période de crise
pouvant entrainer des pathologies spécifiques liées au corps.
Nous en présenterons brièvement les principales formes :
a) Les dépressions à l'adolescence
Selon le Docteur A. Braconnier, « après avoir
considéré la dépression comme un état normal
à l'adolescence, la majorité des cliniciens distingue les
sentiments dépressifs modérés et transitoires, appartenant
en effet au développement normal de l'adolescence, des
différentes formes que peut prendre une dépression proprement
dite à cet âge ».
Nous définirons la dépression appelée
plus communément l'état dépressif comme une perturbation
de l'humeur dans le sens négatif, celui de la tristesse et de la
souffrance intérieure.
« Pour parler d'état dépressif et non
simplement de sentiment d'émotion ou d'affect dépressifs, il faut
que cette dépression de l'humeur atteigne une durée et une
intensité telles qu'elles entraînent des conséquences
constatables sur la vie psychique du sujet, sur la vie somatique et sur la vie
relationnelle. »6
Nous retiendrons ici une liste de symptômes présents
dans le caractère dépressif d'un adolescent 7 :
- Humeur dépressive présente presque tous les
jours
- Diminution marquée de l'intérêt ou du
plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
- Perte ou gain de poids significatif en l'absence de
régime, ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous
les jours
- Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours
- Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les
jours
- Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours
- Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité
excessive ou inappropriée
- Diminution de l'aptitude à penser ou à se
concentrer, ou indécision presque tous les jours
6 Michel Hanus « Psychiatrie de l'Etudiant » p.14
7 Alain Braconnier « Dépression et adolescence »
p.8
- Pensées de mort récurrentes
Comme nous le précise, le Dr A. Braconnier, « la
reconnaissance et le traitement d'une dépression à l'adolescence
permettent en outre de réaliser un travail préventif vis-à
vis des éventuels troubles ultérieurs de l'âge adulte
».
b) Les passages à l'acte à l'adolescence
« La courbe de prévalence des tentatives de
suicide culmine entre et 15 et 24 ans et son issue fatale, le suicide,
représente la première ou la deuxième cause de
mortalité des jeunes. Aussi la tentative de suicide (TS) à
l'adolescence représente-t-elle un problème majeur de
santé publique. Sa reconnaissance, son traitement et sa
prévention constituent d'importants enjeux. »
Nous nous heurtons, cependant, à un problème de
définition.
« Comment déterminer dans quelle catégorie
ranger un abus de médicaments ? Ou une entaille sur les avants-bras ? En
milieu hospitalier, il est fréquent de lire dans un même dossier,
plusieurs versions descriptives et explicatives d'une même
réalité. L'interprétation des entailles sur les
avant-bras, par exemple, peut aller des veines chatouillées,
à la TS, en passant par scarification des bras ou les
gestes autoagressifs.
Sur quels éléments se baser pour décider
s'il s'agit ou non d'une TS ? Sur la profondeur des entailles ? Sur l'intention
exprimée par le patient ? Sur l'intime conviction du soignant ? La
réponse ne serait peut-être pas essentielle si des orientations
cliniques décisives ne découlaient pas de ces descriptions comme
des interprétations qu'elles engendrent. »8
Mises à part les complications liées à la
définition même de la TS, ce geste mérite des
considérations particulières dès lors qu'il est
envisagé dans le contexte de l'adolescence. « L'appréciation
de l'intentionnalité suppose que l'auteur de l'acte sache ce qu'est la
mort. Or, rien n'est moins sûr à cet âge.
»9
« Le passage à l'acte suicidaire est
multidéterminé : aucun facteur de risque ne peut être
à lui seul considéré comme explicatif d'une TS. Certains
facteurs psychologiques personnels (dont les relations intrafamiliales) et
certains facteurs sociaux défavorables ont une importance
8 Ladame F et Perret-Catipovic M.- «Tentative de suicide
à l'adolesence »
9 M. Radigois Pernelet Thèse sur L'Hospitalisation des
adolescents suicidants
particulière. Le risque suicidaire augmente d'autant plus
qu'il y a cumul des différents facteurs. »9
« Les éléments, circonstances
extérieures ne suffisent pas à expliquer à eux seuls la
réalisation du passage à l 'acte suicidaire, mais ces facteurs se
trouvent intriqués à des facteurs psychopathologiques.
»10
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