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La contribution du lien armee-nation a l'atteinte des objectifs du developpement durable: cas de la defense populaire au Cameroun


par Samuel NKO'O NKO'O
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2023
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES DU CAMEROUN
859, Rue de Kribi/7001
Yaoundé 3
B.P. : 1637 Yaoundé
Tél: 222 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
E-mail: contact@iricuy2.net
Site Web: www.iricuy2.net

INTERNATIONAL RELATIONS
INSTITUTE OF CAMEROON
859, Kribi Street /7001
Yaoundé 3

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LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION A L'ATTEINTE DES
OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE : CAS
DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN

Mémoire rédigé et défendu publiquement en vue de l'obtention du Master en Relations Internationales

PROJECT-WORK

RAPPORT DE STAGE ACADÉMIQUE EFFECTUÉ AU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN

OPTION : COOPÉRATION INTERNATIONALE, ACTION HUMANITAIRE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE (CA2D)

Spécialité : Coopération Internationale et Coopération Décentralisée pour le Développement

Présenté par :

NKO'O NKO'O Princy Samuel

Licence en Relations Internationales

Sous la Direction de: Et Sous la Supervision de :

Dr NYEBE TSANGA Dorothée Pr OLINGA Alain Didier

Chargée de cours, IRIC Professeur Titulaire, Chef de

département de Droit International, IRIC

Année académique 2022-2023

II

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT III

DÉDICACE IV

REMERCIEMENTS V

SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES IX

LISTE DES ANNEXES X

RÉSUMÉ XI

ABSTRACT XII

INTRODUCTION GÉNÉRALE - 1 -

I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION - 2 -

II. DÉLIMITATION DU SUJET - 5 -

III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS - 7 -

IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE - 12 -

V. HYPOTHÈSES - 19 -

VI. CADRE THÉORIQUE - 19 -

VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE - 24 -
PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA

PLACE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE - 27 -
CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN : LA DÉFENSE

POPULAIRE - 29 -

SECTION I : UNE POLITIQUE DE DÉFENSEBASÉE SUR LA DÉFENSE POPULAIRE - 30 -

SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN - 37 -

CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE - 47 -

SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE - 47 -

SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN - 56 -

DEUXIÈME PARTIE : LA NÉCESSITE D'INTÉGRER LA DÉFENSE POPULAIRE A L'ATTEINTE DES

ODD - 66 -
CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE VERS SA

MOBILISATION AUX ODD - 67 -

SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET MATÉRIEL - 68 -

SECTION II : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS - 75 -

CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE ENTRE DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT

DURABLE - 83 -
SECTION I : L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE ET LES

ODD - 83 -
SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE MOBILISER LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD- 92

-

CONCLUSION PARTIELLE - 100 -

CONCLUSION GÉNÉRALE - 101 -

BIBLIOGRAPHIE XIII

ANNEXES XIX

TABLE DES MATIÈRES XXV

III

AVERTISSEMENT

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun n'entend aucunement donner ni son approbation, ni son improbation aux opinions émises dans ce travail. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

IV

DÉDICACE

Ce mémoire est dédié au Maréchal Bernard Montgomery (1897-1976).

Le Field Marshall Bernard Law Montgomery of Alamein aussi connu sous son surnom « Monty » est un officier dans l'infanterie britannique. Il est un homme qu'il est presque impossible à classer dans une catégorie.

Il a combattu les deux cataclysmes mondiaux. Il a côtoyé et conseillé les plus grands dirigeants du monde à son époque. Il a écrit des livres (The Path to Leadership ; Concise of History Warfare ; The Memoires of a Field Marshall.) dans lesquelles il aborde de manière très intéressante des thématiques encore d'actualité de nos jours telles que la conception du pouvoir, la guerre, la politique, les Relations Internationales, le leadership, le rôle de l'armée dans le développement ; l'éducation, la jeunesse et la religion. Un grand nombre de ses points de vues s'avèrent encore pertinents aujourd'hui et de nombreux autres ses concrétisent actuellement.

C'est la découverte de cet illustre personnage et la lecture de ses ouvrages qui ont suscité en nous le désir d'orienter notre mémoire vers une thématique concernant les Forces de défense.

V

REMERCIEMENTS

Ce travail de recherche a été rendu possible grâce au concours de plusieurs personnes, auxquelles nous témoignons notre profonde reconnaissance en commençant par le Seigneur Dieu Tout Puissant.

J'exprime mon immense gratitude au Directeur de l`Institut des Relations Internationales

du Cameroun (IRIC), à tout le corps professoral en général, et à l'encadrement du master en

coopération internationale, action humanitaire et développement durable (CA2D) en particulier,

pour l'encadrement et la qualité de la formation reçue.

Nous adressons ensuite des remerciements particuliers,

- Au Pr OLINGA Alain Didier, sommité de la science, pour le privilège qu'il nous a accordé

en acceptant de nous encadrer et de superviser ce travail de recherche.

- Au Pr Jean-Emmanuel PONDI pour sa présence depuis le début de notre recherche.

- Au Pr ABANE ENGOLO Patrick pour son parrainage tout au long de notre formation.

- Au Dr NYEBE TSANGA Dorothée qui, en dépit de ses contraintes a accepté de nous

accompagner dans ce travail de recherche.

- Au Dr BEGOUMENIE Bertrand pour son accompagnement tout au long de notre travail.

- Au Dr Colonel MELOUPOU pour sa disponibilité, ses conseils et la mise à disposition

d'informations.

- Au Dr Colonel ESSOME MBENDA pour ses conseils et la mise à disposition d'ouvrages.

- Au Colonel EKWENGAIN Michael, Sous-chef Études Générales et Relations

Internationales de l'État-Major des Armées du Cameroun, ainsi qu'à toute son équipe.

- À mon père, Sa Majesté le Pr NKO'O AMVENE Samuel et à ma mère Mme NKO'O

AMENELE Priscille, pour leur soutien multiforme tout au long de notre formation.

- À tous mes frères et soeurs.

- À Mme BEKOLO Chloé, Mme ETOUNDI Rachel et Mme ASSOMO Meghan.

- A M. FONKOU Donald et à M. ETOUNDI Tjess.

- Que ma famille, mes amis, mes camarades de la onzième promotion du Master CA2D, ainsi

que tous ceux qui m'ont aidé d'une manière ou d'une autre, trouvent ici le témoignage de mon

estime et de ma profonde gratitude.

VI

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACNU : Association Camerounaise pour les Nations Unies

APD : Aide Publique au Développement

BH : Boko Haram

CA2D : Coopération Internationale, Action Humanitaire et Développement Durable

CCQD : Comité de Coordination des Questions de Défense

CEEAC : Commission Économique des États d'Afrique Centrale

CEMA : Chef d'État-major des Armées

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale

COP : Conférence des Parties

CRTV : Cameroon Radio Television

DD : Développement Durable

DGSN : Délégation Générale à la Sûreté Nationale

DH : Droits de l'Homme

DIAF : Division Afrique

DIH : Droit International Humanitaire

DSCE : Document Stratégique pour la Croissance et l'Emploi

DSRP : Document Stratégique pour la réduction de la pauvreté

DRM : Division Reste du monde

EGRI : Études Générales et Relations Internationales

EMA : État-major des Armées

FMM : Forces Multilatérale Mixte

FDS : Forces de Sécurité

VII

GICAM : Groupement Inter-patronal du Cameroun

ICG : International Crisis Group

IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

MINAT : Ministère de l'Administration Territoriale

MINDEF : Ministère de la Défense

MINDDEVEL : Ministère de la Décentralisation et du Développement Local

MINESUP : Ministère de l'Enseignement Supérieur

MINREX : Ministère des Relations Extérieures

OCHA : Bureau de coordination des affaires humanitaires

ODD : Objectifs du développement Durable

OI : Organisation Internationale

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

OMP : Opérations de Maintien de la Paix

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

OSC : Organisation de la Société Civile

PM : Préparation Militaire

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

PR : Président de la République

RCA : République Centrafricaine

RI : Relations Internationales

TIC : Technologie de l'Information et de la Communication

UA : Union Africaine

VIII

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

UPAC : Université Protestante d'Afrique Centrale

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

SCEGRI : Sous-chef Études Générales et Relations Internationales

SCNPD : Service Civique National de Participation au Développement

SDN : Société des Nations

SND30 : Stratégie Nationale de Développement 20-30

IX

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

TABLEAUX

Tableau 1: illustration des ODD. - 48 -

FIGURES

Figure 1: Répartition de l'échantillon selon le sexe - 70 -

Figure 2: Distribution de l'échantillon selon l'âge - 70 -

Figure 3: Répartition de l'échantillon selon la catégorie socioprofessionnelle - 71 -

Figure 4: Répartition de l'échantillon selon le niveau d'étude - 72 -

Figure 5: Répartition de l'échantillon selon la langue parlée - 72 -

Figure 6: Connaissance du concept de défense populaire - 75 -

Figure 7: Moyen de connaissance du concept de défense populaire - 76 -

Figure 8: Niveau de maitrise du concept de défense populaire - 77 -

Figure 9: Connaissance du fait de la participation des civils à la défense - 77 -

Figure 10: Niveau d'intérêt à la défense - 78 -

Figure 11: Sentiment en présence d'un militaire - 78 -

Figure 12: Participation à une activité regroupant civils et militaires - 79 -

Figure 13: Perception de l'effectivité de la relation armée-population - 80 -

Figure 14: Perception des militaires en temps de paix - 80 -

Figure 15: Participation de l'armée au ODD - 81 -

Figure 16: Opinion sur l'orientation du lien armée-nation à l'atteinte des ODD - 81 -

X

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1: Questionnaire de Perception

ANNEXE 2: Guide d'entretien

ANNEXE 3: Photo avec le Colonel EKWAINGEN Michael

RÉSUMÉ

Nous vivons dans un monde en mutation. Un monde marqué par une évolution constante dans tous les domaines (technologique, scientifique, politique, économique...). Cette évolution conduit à une amélioration des conditions de vies des Hommes. Et comme l'adage le dit si bien, « chaque médaille a son revers ». Nous nous trouvons alors face à deux constats ; le premier est l'augmentation des risques liés à cette évolution et l'avènement de nouveaux enjeux mondiaux. On assiste à une rupture des menaces classiques au profit de nouveaux types de menaces, dites protéiformes. Le deuxième constat est la dégradation de la planète et ses ressources ou encore du bien commun mondial. Face à ces deux observations se trouve la nécessité de nous adapter et de trouver un nouveau mode de vie durable.

L'Afrique en général et le Cameroun n'échappent pas à cette réalité, ce qui nous conduit à la question suivante : comment faire face aux nouveaux types de menaces tout en aménageant un cadre propice pour l'épanouissement des générations présentes et futures ? C'est dans cette logique que nous avons analysé deux concepts qui a première vue, paraissent diamétralement opposés, mais qui après lecture méticuleuse s'avèrent être conciliables : la défense populaire et le développement durable. Ce document rend compte d'une étude faite sur ces deux concepts ainsi que sur leur relation en vue d'une solution innovante.

XI

Mots clés : Armée-nation, défense populaire, objectifs de développement durable.

XII

ABSTRACT

We are living in a world in mutation. Aworld marked by a constant evolution in all domains (technological, scientific, political, economic). This evolution inevitably leads to an increase in the living conditions of the world population. In accordance with the famous adage « every rose has its thorn », we face two principal observations. Firstly, this evolution leads to an increase in risks and the advent of new global challenges. We are gradually moving from a rupture from classical threats into new forms of threats. The second observation is the degradation of the planet and its resources, our environment. Now facing these two observations, there is the necessity of adaptation and creation new ways of life.

Africa in general and Cameroon in particular do not escape to this reality. This leads us to the following question: how can we remedy to the new forms of threats and also develop a new frame for the fulfillment of present and future populations? Therefore, it is in that logic that our work analyzes two concepts which at first view seem incompatible. But after a meticulous study, they present to be the keys to our problem. Popular Defense and Sustainable Development. This document will serve as feedback of a study made on these two concepts and on their relation towards the view of an innovation.

Key words: Army-nation, Popular Defense, Sustainable development Goals.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

- 1 -

«Forces de Défense et peuple Camerounais, en symbiose pour la sauvegarde de la
Paix et de l'Unité Nationale, socle d'un Cameroun fort et prospère»

Thème de la 51ème édition de la Fête de l'Unité Nationale de la République du
Cameroun, 20 Mai 2023

- 2 -

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION

L'utilisation de la défense dans le monde est une pratique plurimillénaire1. Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, l'armée a toujours occupé une place prépondérante2. Il est justifié de dire que dans le système international, Armée est synonyme de puissance3.Cela s'explique selon la théorie réaliste des Relations Internationales par le principe selon lequel « la guerre est la norme et la paix l'exception4 » et considérant l'adage de Clausewitz qui dit que « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens 5». Le système international étant dominé par le paradigme réaliste, nous observons depuis longtemps que les États consacrent de gros budgets de leurs économies au secteur de la défense6, et la tendance est grandissante comme l'explique le dilemme de sécurité7.

Parallèlement dans l'évolution des sociétés humaines, naguère la guerre et les affaires de défense étaient essentiellement du ressort des princes et toute décision concernant ce domaine était de la discrétion de ceux-ci8. Mais avec l'accès des peuples à l'indépendance, la donne a changé ; les guerres ne sont plus uniquement princières mais concernent désormais le peuple tout entier9. Ainsi à chaque situation d'exigence de sécurité communautaire, les citoyens, de tous âges et de tous sexes, par solidarité et par instinct participent, d'une façon ou d'une autre aux efforts de défense de la communauté10. En d'autres termes, il existe au sein de chaque société, face à une menace extérieure, un instinct de grégarité : un instinct de défense communautaire, de défense populaire porté par un élan et une foi que n'ont pas les mercenaires11.

Plusieurs pays dans tous les continents ont développé des doctrines de défense et de sécurité qui consistent à réagir à un monde social en gérant l'information recueillie des

1SUN TZU ,L'Art de la guerre, Flammarion 1989, page 29 2idem page 31

3 Serge BOISSE; «Les quatre pouvoirs qui dirigent le monde»

4 Dario BATISTELLA, « Théorie des relations internationales », page 50 5Carl Von CLAUSEWITZ «De la guerre», éditions de minuit, 1982, page 13

6World defense almanac, military technology, 1987, vol XII, issue no 1, 1988.

7 John H. HERZ « Political Realism and political Idealism »,university of Chicago press, 1951, page 58

8 Philippe MOREAU DEFARGES, Problèmes stratégique contemporains, paris, hachette, 1994, p19

9idem

10MAHAMAT KOTOKO « La Défense Populaire au Cameroun : comprendre un Concept» l'Harmattan Cameroun,

2020, page 25

11 Philippe MOREAU DEFARGES, Problèmes stratégique contemporains, paris, hachette, 1994, page 105 op cit

- 3 -

différents représentants, doctrines qui se sont avérées plutôt efficaces dans le temps et en fonction des circonstances.12

En Afrique, l'on assiste à une résurgence de conflits et d'instabilité politique dans plusieurs zones depuis 1960, année qui marque les indépendances d'un certain nombre d'États africains. Ainsi, l'Afrique est victime d'environ une quarantaine de conflits armés, c'est à dire la moitié d'un total de 80 conflits enregistrés dans le monde depuis 1945. Plus précisément, entre 1960 et 2009, 76 coups d'État et 234 tentatives de coups d'États ont été dénombrés en Afrique, soit une moyenne de 9 coups d'État ou tentatives de coup d'État par an13. En fait, deux tiers des interventions des Nations Unies se déroulent en Afrique, avec l'aide d'environ 36000 casques bleus. À ce propos, le Professeur MANDJEM Yves analyse que « Ces conflits armés et autres actes de violence retardent le développement de l'Afrique »14. Nonobstant ces données statistiques, l'Afrique comprend néanmoins des pays qui depuis leur indépendance jouissent de positions privilégiées de paix, à l'instar du Cameroun.

Depuis son indépendance en 1960, le Cameroun est en paix bien que son actualité soit marquée ces derniers temps par des incursions dans la zone du septentrion15 et le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest16. Cela pourrait s'expliquer par les réponses soigneusement apportées aux différentes menaces à la sécurité du pays par les forces de défense. Après son indépendance, la nécessité de prise en charge de son destin a conduit le Cameroun à mettre en place un système qui lutte contre toutes formes d'agression, la sécurité et l'intégrité de l'État dans le cadre de la souveraineté17. La République du Cameroun, au-delà de la paix et dans son élan vers le développement, prévu pour 203518 passe depuis par des reformes, des politiques publiques, des actions et tout cela suivant un canevas précis.

Nous avons assisté au plan national au Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), adopté entre 2003 et 2008 (période intérimaire qui se termine par le point

12Thomas LUCK MAN « La construction sociale de la réalité globale », double day and companyinc, 1966, page 10

13MANDJEM Yves, Cours de résolution pacifique des conflits en Afrique, outils et instruments, IRIC 2021. 14Idem

15Mahamat KOTOKO, La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020, page 25

15 Il s'agit la des incursions audacieuses et meurtrières causées par la secte islamique boko haram depuis le 30 avril 2014

16Il s'agit-là de la crise anglophone ; un conflit lié à la situation sociopolitique spécifique desdites régions depuis fin 2016 .

17 Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours, les nouvelles éditions africaines, 1980 page 132

18 Vision 2035 consulté sur minepat.gov.cm consulté le 19/12/2022 a 12 :00

- 4 -

d'achèvement). Il contenait l'ensemble des politiques permettant d'accroitre la richesse et de la redistribuer après la crise économique de 1980-199019 .

À l'issue de cette période, dans le cadre de la révision de DSRP, le gouvernement a entrepris de corriger les carences relevées dans le DSRP et a élaboré une stratégie dont la priorité était la croissance économique en cohérence avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement. C'est dans cet élan que le gouvernement a adopté son Document Stratégique pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), entre 2010 et 2019.

Actuellement, c'est la Stratégie Nationale pour le Développement (SND30), qui est implémentée pour la période (2020-2030). Elle s'appuie sur les leçons des deux stratégies précédentes dont elle prend le relais jusqu'en 2030, dans la réalisation des objectifs de la vision 2035, qui vise à faire du Cameroun un pays « émergent, démocratique et uni dans sa diversité20 »

Au plan international, en dehors des accords et partenariats au développement, les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ont été adoptés en 2000 par les États membres l'Organisation des Nations Unies pour un mandat de 15ans. Ils étaient au nombre de 08 objectifs21. Après avoir évalué les OMD, les États membres de l'ONU se rendant compte de certaines lacunes et dans une logique d'amélioration ont adopté une nouvelle série d'objectifs plus ciblés, globaux, intégrés et soutenables. On est donc passé aux Objectifs du Développement Durable (ODD), adoptés en 2015 pour un mandat de 15 ans et visant à développer la planète de manière durable. Ces objectifs sont au nombre de 17.22

La République du Cameroun, conformément à sa devise qui est Paix Travail et Patrie23a besoin de paix pour atteindre son objectif de développement, la paix étant le facteur essentiel par rapport aux deux autres, car la paix est la condition sine qua non au développement. L'on

19 Le pays a connu une crise économique et pour faire à cela, l'état a procédé à diverses moyens notamment ; la dévaluation, la réduction des salaires etc. Ce qui a permit de porter les fruits vers les années 2000. Dans le cadre de l'Initiative des Pays Pauvres et Très Endettés et pour continuer son évolution, la pays à monter le DSRP ;

20 Propos recueillis de document de la SND30 sur le site du MINEPAT ; minepat.goc.cm consulté le 20/12/2022 à 14 :52

21 1-éliminer extrême pauvreté et faim ; 2-Assurer l'éducation primaire pour tous ; 3- égalité des sexes et autonomisation des femmes,4- réduire la mortalité infantile ; 5- améliorer le santé maternelle, 6-combattre le VIH/SIDA et les autres maladies ; 7-préserver l'environnement ; 8-mettre en place en partenariat mondial pour le développement

22 1-Pauvreté ;2-faim zéro ;3-bonne santé ;4-éducation ;5-égalité des sexes ;6-eau propre ;7-énergie propre ;8-croissance économique ;9-Industrie ; 10-réduction des inégalités ;11-villes durables ;12-consommation et production responsable, 13-changements climatiques ;14-vie aquatique ;15-vie terrestre, faune :16-paix et justice ;17-partenariat mondial

23Devise de la république de Cameroun, constitution du Cameroun.

- 5 -

ne saurait parler de Paix sans impliquer les forces de défense, puisque c'est à cette noble cause que leur honneur et leur fidélité sont dévoués. Et considérant la défense aujourd'hui comme un domaine concernant tous les citoyens, on parle désormais de défense populaire camerounaise, puisque celle-ci nécessite le concours de tous les acteurs de la société.

Autrefois concept étranger et focalisé sur les risques de guerres militaires, le concept de « défense populaire » s'étend et se diversifie en même temps qu'il se personnalise de pays en pays, face à un monde en mutation, où les menaces deviennent protéiformes 24(sanitaires, environnementaux, économiques) et plus seulement militaires, alors même que de nouveaux enjeux mondiaux émergent notamment la paix et le Développement Durable.

Au-delà des missions classiques régaliennes de défense des intérêts et de sauvegarde de l'intégrité du territoire25, quel lien pourrait-on faire entre la pratique ou le concept de défense populaire et celui de développement durable ? Et comment adapter cette pratique ou encore ce concept à notre contexte Camerounais pour servir à notre objectif de développement durable. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre mémoire. Ce travail traitera en profondeur de comment la puissance de la défense populaire camerounaise pourrait être exploitée à des fins de développement durable. Il a ainsi pour titre: LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION À L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE : CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN.

II. DÉLIMITATION DU SUJET

Nous proposons deux types de délimitation; une délimitation temporelle et une délimitation spatiale.

Délimitation temporelle

L'une des caractéristiques de la connaissance scientifique est la relativité dans la mesure où elle est vraie uniquement à une période donnée et donc pourrait changer avec le temps, d'où la nécessité d'une délimitation temporelle. Au cours de notre travail, nous avons circonscrit notre étude à partir des années 1970 jusqu'en 2020. Le choix des années 1970 comme borne de début est justifié par deux principales raisons.

24Grégory DAHO, Nouvelles menaces, nouvelles guerres : la construction des discours sur le désordre international : les champs de mars p 109-130, Cairn info consulté sur 25/10/22 a 12 :59

25Missions de l'armée camerounaise

- 6 -

? La première raison est que c'est à cette période que naissent les concepts de développement durable, précisément entre le séminaire de Fournex de 197126, Conférence de Stockholm de 197227 sur le développement qui a conduit à la publication de divers rapports tels que celui de la commission de Meadows ou de Gro Harlem Brundtland entre autres qui constituent les fondements du Développement Durable.

? La deuxième raison du choix de notre borne chronologique est locale : c'est précisément pendant cette période que le concept de développement va véritablement être défini par l'État du Cameroun comme politique de défense. Bien que connu avant, c'est le 15 Aout 1970 que le président Ahidjo annonce officiellement son adoption.28

La borne chronologique qui clôture notre étude est l'année 2020, pour la simple raison que cette année marque la fin du premier tiers de la mise en oeuvre des 17 Objectifs du Développement Durable et il est normal de procéder à une évaluation afin de savoir si l'exécution est sur la bonne voie.

? Délimitation spatiale

Notre étude traitant de concepts internationaux, elle se focalisera principalement sur le Cameroun, mais traitera accessoirement les autres États Africains.

Le continent de Toumai est un large espace massif constitué de 54 états avec une superficie totale de 30 300 000km329, ce qui fait de lui le troisième plus grand continent après l'Asie et l'Amérique. Il comprend une population estimée à plus d'un milliard de personnes, qui va doubler d'ci 30ans et sera constituée majoritairement des jeunes30. Cela constitue à la fois un défi et un potentiel, et donc un enjeu majeur pour son développement notamment aux plans politiques, géostratégiques, diplomatiques, démographiques, économiques et même écologique. Au plan institutionnel l'Afrique a une organisation supra nationale regroupant tous ces pays ; l'Union Africaine. Il est aussi constitué de zones économiques régionales telles que la Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale, la Communauté d'Afrique de l'est et la Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale, zone où se trouve le Cameroun. Bien que l'Afrique constitue le cadre général de référence, dans le souci de produire

26 Il s'agit d'un séminaire qui s'est tenue Fournex (suisse) ou sont examinés la première fois les relations entre l'environnement et développement

27 Il s'agit de la première grande conférence du genre portant sur l'environnement de l'homme

28 Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours, les nouvelles éditions africaines, 1980 page 320 op cit 29POURTIER (R), THÉBAULT (V) Géopolitique de l'Afrique et du moyen orient, NATHAN, 2009, page 25 30 Erik ESSOUSSE, Valeurs fondamentales parfaites et développement de l'Afrique, Harmattan Cameroun ,2018 page 88

- 7 -

une étude pertinente, considérant le champ spatial trop large, il s'est avéré nécessaire de prendre un pays comme cas d'étude. Il s'agira donc ici de la République du Cameroun.

Le Cameroun est un pays situé en Afrique sub-saharienne et plus précisément dans le golfe de guinée. Ce pays d'Afrique centrale, riverain du bassin du Congo, est situé sur la façade occidentale de l'Afrique. Il est situé sur entre les latitudes 2-13°Nord de l'équateur et les longitudes 8-16° Est. Le pays a une superficie de 475 442km2. Il a comme pays limitrophes le Nigéria à l'ouest et au nord-ouest, le Tchad au nord et au nord-est, la République Centrafricaine à l'Est et au Sud le Congo, le Gabon et l'Océan Atlantique. Le pays a obtenu son Independence en 1960 et comprend aujourd'hui une population estimée à environ 27.22 millions en 202131constituée majoritairement de trois grands groupes notamment les peuls, les semi-bantous et les bantous. Le Cameroun est caractérisé par une pluralité linguistique et ethnique estimée à plus de 250 groupes ethniques32 ; ces données ont conduit le Chef de l'État, S.E. Paul Biya33, à énoncer dans sa vision du Cameroun, un pays de « uni dans sa diversité34 » Le Cameroun fait partie de plusieurs institution sous régionales, régionales, continentales et mondiales. Il fait partie de l'Organisation des Nations Unies depuis le 20 Septembre 1960.

? Délimitation thématique

Notre étude se situe dans la mouvance des travaux sur la relation entre la défense populaire et le développement durable.

III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS

Notre thématique comporte les mots clés ; Défense Populaire et Développement Durable.

? Défense populaire

Ce concept est composé de deux mots ; défense et populaire. - Défense

Le terme défense est assimilé de manière ordinaire au terme armée, car renvoyant au même champ lexical. Mais bien que ces termes soient assimilés et parfois utilisés de manière interposée, il existe une dichotomie entre les deux.

31 Données recueillies de la banque mondiale sur le site https:/ banquemondiale.org consulte le 21/12/2022 a 10 :28

32Garga HAMAN ADJI, Ainsi pourrait devenir le Cameroun, Les Grandes Éditions, septembre 2004 page 99

33 S. E Paul Barthélémy BIYA'A BI MVONDO, le deuxième président de la république du Cameroun après S.E. El Hadj AHMADOU AHIDJO. Il prend la tête du pays de 02 novembre 1982.

34 Paul Biya, Pour le libéralisme communautaire, harmattan Cameroun, 2018 page 15

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En ce qui concerne l'Armée, elle est définie selon le centre National Français des ressources textuelles et lexicales comme une grande entité formée de troupes appartenant à différents armes35 Il existe plusieurs autres définitions anciennes du concept d'Armée, à l'instar de celle contenue dans le règlement de la Haye et dans la IIIe convention de Vienne. Dans le cadre de ce travail nous retiendrons celle donnée par le Comité International de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, qui dit que les forces armées «... se composent de toutes les forces, tous les groupes et toutes les unités armés et organisés qui sont placés sous un commandement responsable de la conduite de ses subordonnées »36.

Quant au concept de Défense, il est définie selon les juristes comme les activités combinées de l'Armée et avec l'objectif principal d'augmenter le potentiel et la capacité militaire pour résister à une menace extérieure37. La limite de cette définition est qu'elle considère essentiellement la menace venant de l'extérieur. Au niveau institutionnel Camerounais, la défense est conçue comme la somme des options et moyens que l'État met en place de manière permanente pour faire face aux différentes formes de menaces à son indépendance et sa sécurité38.

- Populaire

L'autre composante de notre concept clé est le mot « Populaire ». Étymologiquement le mot populaire provient de mot latin popularis qui signifie peuple. De manière prosaïque, populaire signifie « ce qui concerne tout le monde ».Le Centre National Français de ressources Textuelles définit ce mot comme ce « qui a la faveur du peuple, de l'opinion publique ; qui est connu, aimé, apprécié du plus grand nombre39 » Ainsi, qualifier un élément de populaire renvoie à dire que cette chose est partagée de tous les citoyens.

- Défense Populaire

Considérant l'ampleur et la portée de ce concept, il fera objet d'une double clarification. Dans un premier temps, nous allons le définir de manière historique et théorique et par la suite, nous procéderons à une élucidation pratique.

35 Définition prise sur le site du centre national de ressources textuelles https:/ www.cnrtl.fr consulté le 25/10/22 à 13hr30

36 Base de données du DIH, Comité international de la croix rouge et du croissant rouge consulte sur le site https://www.lhl-databases.icrc.org

37 GONCOURT, journal, 1871 p.783

38Mahamat AHMED KOTOKO, La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020 page 62

39Centre national de ressources textuelles https:/ www.cnrtl.fr consulté le 25/10/22 à 13hr30

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De manière littérale, l'on transcrit la défense populaire comme la somme des options et moyens que l'État met en place de manière permanente pour faire face aux différentes formes de menaces à son indépendance et sa sécurité avec la contribution des citoyens. De manière scientifique, le concept avait déjà fait objet de plusieurs tentatives de définitions. Le dictionnaire Reverso le définit ainsi : « La défense populaire peut s'entendre comme la combinaison des efforts et des actions menées conjointement par les forces régulières et la population, armée ou non.40»

En abordant la défense populaire sous un prisme historique, il convient de noter que le paradigme défense populaire comprend en lui deux éléments essentiels ; le peuple et l'armée. Cette union se révèle comme une véritable matérialisation de la fameuse maxime grecque « si vis pacem, para bellum 41». En effet, la pratique de la défense populaire ne tient pas ses origines de la République du Cameroun, mais elle s'inspire des expériences obtenues jadis, par d'autres peuples sous d'autres cieux notamment la Confédération Helvétique et la République de l'ex Yougoslavie.

La Suisse depuis 1712, est basée sur l'armée de milice. En période pacifique, les populations suisses sont déjà conscientes et préparées à assumer leur responsabilité à la sécurité et au fonctionnement de l'État. Les autorités suisses, au lendemain de la guerre du Villergen avaient pris le soin d'astreindre tout citoyen suisse âgé de 16-50ans (mis à part les magistrats et quelques ecclésiastiques) à la disposition des forces de défense du pays. Le recrutement ne se faisait sur aucun examen d'entrée, ce qui contribuait à nouer des solides relations entre les citoyens. L'objectif visé par les politiques était de forger un outil de défense qui soit à la hauteur de leurs circonstances. Le fait marquant dans cet État était que l'État n'était pas unimais plutôt une Fédération et le seul lien entre les peuples était la Patrie, une véritable expression du patriotisme.

Un autre modèle est celui de la république de l'ex Yougoslavie. Cette politique dite de défense intégrale42 avait pour objectif de se replier et protéger contre l'URSS qui venait d'opérer une invasion chez son voisin, la Tchécoslovaquie. Les autorités, en optant pour cette politique de défense, visaient à mobiliser l'ensemble des ressources et citoyens de la confédération de 17-60ans. Cette mobilisation était régie par la Constitution et d'autres lois.

40Obtenue via Google via le site https:/ dictionnaire.reverso.net consulté le 26/10/2022 a9hr48

41 Qui veut la paix prépare la guerre

42 C'est le terme qui fut consacré en République de l'ex Yougoslavie

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Pour revenir à notre contexte national, la République du Cameroun a choisi comme politique de défense, la défense populaire. Ce choix a conduit d'illustres autorités politiques et miliaires à énoncer des propos qui permettent de mieux saisir sa portée. Du coté des hommes d'État, le premier Président du Cameroun, Son Excellence AHMADOU AHIDJO dit d'elle que « c'est une philosophie stratégique qui vise à préparer et à incorporer la plus grande partie de la population, sinon toute la société a l'effort de défense, et à réaliser une mobilisation totale du pays avec toutes ses compétences et toute la gamme des moyens dont on dispose »43. À côté de cette définition fort enrichissante, le Général Mahamat Ahmed KOTOKO la conçoit ainsi : « (...)la défense populaire est la réaction du paysan, de l'ingénieur, de l'instituteur, du fonctionnaire, du commerçant, de l'ouvrier, du prêtre ou du marabout, qui sans trop maugréer, donne sa vie ou celle de ses enfants pour défendre son champ, son laboratoire, son école, son service, son négoce, son église ou sa mosquée. C'est la réaction, du citoyen qui en y mettant toute son ardeur, est prêt à se faire tuer pour défendre, contre tout agresseur ou envahisseur, sa patrie en danger44 ». Pour le Général Pierre SEMENGUE, la défense populaire est définie comme une « combinaison des efforts et des actions menées concurremment par les forces régulières et les populations armées ou non » 45

? Développement

Le concept de développement a toujours eu des connotations divergentes selon les domaines de la connaissance dans lesquels on l'utilise. Les définitions contenues dans les dictionnaires usuels paraissent simplistes pour les « Development Studies 46», ce qui conduit Gilbert RIST à les qualifier de pensée ordinaire47. Le concept de développement a subi une évolution. On part des définitions classiques du concept développement (quitter d'un point A à un point B), en passant par la définition économique (croissance économique, industrialisation), vers une vision un peu plus humaine et enfin vers une appréhension environnementale.

Plusieurs institutions spécialisées ont traité du concept de développement même si certaines n'ont pas clairement défini le concept. C'est le cas de la Commission du Sud qui ne la définit pas exactement, mais définit plutôt son contraire ; le sous-développement48.

43A. AHIDJO, Anthologie des discours, les nouvelles éditions africaines, 1980 pages 230.

44MahamatAHMED KOTOKO, La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020 page 55

45 Cité par le général NKOA ATENGA lors d'une conférence sur la défense populaire donnée aux officiers stagiaires du 3e cours d'état-major, avril 1983.

46 Études de Développement. Une branche des sciences sociales et relations internationales

47 RIST Gilbert « Le développement : Histoire d'une croyance occidentale », Paris, Presses de Sciences Po., 2001 48TAGOU in PONDI, Repenser le développement à partir de l'Afrique : Les théories et politiques globales de développement, afrédit 2015, pages 23-54

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Le PNUD également, ne définit pas exactement le concept, mais donne plutôt son objectif : élargir la gamme de choix offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocratique et plus participatif.49

En complément aux institutions, de nombreux auteurs ont tenté de définir le concept de développement, même si tous n'ont pas exactement la même vision.

Gilbert RIST a pour le concept une approche beaucoup plus industrielle, et il définit le développement comme « constitué d'un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence, qui pour assurer la production sociale obligent à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d'une production croissante de marchandises (biens et services) destinées, à travers l'échange, à la demande solvable. »50

Pour P. BAIROCH, le développement est « un ensemble de changements économiques, sociaux, techniques et institutionnels liés à l'augmentation du niveau de vie résultant des mutations techniques et organisationnels issues de la révolution industrielle du 18èmesiècle. »51

La définition que nous retenons dans le cadre de cette étude te celle de F. PERROUX, qui définit le développement comme étant la « combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croitre cumulativement et durablement son produit réel et global »52

? Développement Durable

Le concept de développement durable fut dans un premier temps élaboré, dans le contexte de la stratégie mondiale de conservation dans les années 1980. Plus tard, c'est le rapport de la commission de Gro Harlem Brundtland en 1987 qui viendra le réanimer et le populariser. C'est une vision qui conçoit le développement économique de l'humanité toute entière dans le respect de l'environnement, des droits de l'homme et des règles sociales. La notion de développement durable tire sa définition conventionnelle du rapport de Brundtland qui le définit comme « un droit au développement qui doit être réalisé de manière à satisfaire équitablement les besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des

49 PNUD, rapport mondial sur le développement humain, paris, economica, 1991. P 1

50 RIST Gilbert, Le développement : Histoire d'une croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po., 2001 op cit page 58

51Paul BAIROCH, Révolution industrielle et sous-développement. In: Tiers-Monde, tome 5, n°18, 1964. page 317318.

52PERROUX, A new concept of development, basic tenets / François Perroux.Perroux, François; Unesco. 1983, page 30

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générations futures à satisfaire les leurs ».53 On vise un développement qui sera économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement stable.

Le schéma illustratif est le suivant : le social représente l'objectif, l'économique le moyen et l'environnement la condition.

Si l'on retrace l'évolution du concept de développement dans une sphère empirique et temporelle, on est parti d'une vision économique du développement à une intégration d'un aspect humain, et plus tard une considération du facteur écologique .Ce qui progressivement aboutira à notre définition dans le cadre de cette analyse. Il s'agit d' une intégration à la fois des dimensions économiques, sociales environnementales et culturelles dans l'évolution d'un pays.

? Objectifs de Développement Durable (ODD)

Les Objectifs du Développement Durable encore appelés Agenda 30 est un calendrier de 17 objectifs54 adoptés le 25 Septembre 2015 couvrant l'ensemble des questions de la planète et du devenir de l'humanité. Ce calendrier définit ses objectifs à travers les dimensions du développement durable que sont ; les dimensions économiques, sociales, environnementales et culturelles.

IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE

A. REVUE DE LA LITTÉRATURE

Dans le cadre de notre étude, nous procèderons à l'énumération des travaux effectués dans le domaine par des auteurs, et nous nous situerons à partir de leurs différentes pistes de réflexion, avec pour souci d`éviter de reproduire leurs différents travaux, la question fondamentale de cette étape étant : Qu'est ce qui a déjà été dit sur le sujet ?

D'ores et déjà, nous pouvons dire qu'il existe une myriade d'ouvrages dans le domaine du développement durable à l'instar de ;

53 BRUNDTLAND Gro Harlem, Notre avenir à tous, rapport de la commission mondiale de l'environnement et du développement, 1988 page 5

54 1-Pauvreté ;2-faim zéro ;3-bonne santé ;4-éducation ;5-égalité des sexes ;6-eau propre ;7-énergie propre ;8-croissance économique ;9-Industrie ; 10-réduction des inégalités ;11-villes durables ;12-consommation et production responsable, 13-changements climatiques ;14-vie aquatique ;15-vie terrestre, faune :16-paix et justice ;17-partenariat mondial

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- Savoirs stratégiques pour la reconstruction et le développement en Afrique ouvrage de Jean EUDES BIEM.

-Valeurs fondamentales parfaites et développement de l'Afrique, ouvrage d'Erik Essousse - Repenser le développement à partir de l'Afrique de Jean Emmanuel PONDI et alii.

Il existe également des documents sur les forces de défense. Par exemple

? la défense n'est pas la guerre, publié par BECAM Paul,

? l'esprit de défense de Jacques ROBERT et alii

? le livre blanc de la défense, de LÉOTARD François ? le livre d'or des forces armées Camerounaises.

Mais concernant le domaine spécifique de l'interaction de la défense et le développement, le nombre de documents diminue, bien que significatif. Par exemple;

MELOUPOU Jean Pierre (Colonel) dans son ouvrage « Armée et développement 55» aborde la thématique Armée et développement sous un prisme psychosociologique. Il traite d'une réalité psychologique militaire à une perception sociale du développement. Le problème qu'il pose est celui de la perception de la place et du rôle de l'Armée par la société civile. Il part du postulat selon lequel l'armée rend une panoplie de services à la population et ses ressources économiques vitales la confortent au service du développement. Pour construire son analyse, il s'appuie sur des indicateurs notamment ; la perception sociale de la contribution au développement (les domaines retenus sont recherche scientifique et technique, productivité économique et éducation nationale, couverture sanitaire et infrastructures routières) ; les attentes du rôle de l'Armée au développement, l'image de l'armée par les civils, l'utilité de l'armée et le rapport entre service militaire et socialisation. Après collecte et analyse des données, l'auteur présente les résultats suivants ;

La catégorie socioprofessionnelle militaire est considérée comme la plus privilégiée même si la nature et le genre de privilèges ne peuvent être perçus ; l'Armée ne semble pas d'emblée perçue comme une composante institutionnelle participant efficacement au développement ; la population souhaite que l'armée participe au développement précisément dans la recherche scientifique, la production de biens, l'enseignement, soins de santé, protection de édifices et biens et dans la construction des routes.

55MELOUPOU Jean Pierre « Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement », Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013.

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Concernant l'image de l'armée, la population pense que l'armée fait bien son travail même s'il lui est reproché de ne pas participer activement au développement. Concernant l'utilité, les populations perçoivent la nécessité d'avoir une armée en temps de paix, même si en temps de paix le maintien de l'ordre est assuré par la police et la gendarmerie, l'armée pourrait donc être uniquement orientée dans le sens du développement. Et en ce qui concerne la socialisation, les populations pensent que le service militaire et la discipline militaire devraient servir d'exemple aux administrations et aux institutions et services publics ; enfin les populations ne sont pas prêtes à payer un impôt supplémentaire pour la défense nationale.

Ce travail a eu le mérite de nous édifier sur la perception que les populations civiles ont de l'armée et nous a permis de prendre conscience de la nécessité de rendre plus accessibles et visibles les actions de l'Armée.

MAHAMAT AHMED KOTOKO(Général) dans son ouvrage intitulé « la défense populaire au Cameroun : comprendre un concept 56» Aborde la thématique de la compréhension du concept de défense populaire au Cameroun. Il traite de la problématique du questionnement de la méthode et des moyens à utiliser pour l'assurer. Il part du postulat selon lequel le concept a été bien conçu et adapté à notre contexte mais malheureusement depuis les années 1980, le concept est de moins en moins connu par les citoyens, les autorités et même les forces de défense. Il s'attèle dans son ouvrage à faire connaitre au grand public le concept dans sa globalité. Son ouvrage s'articule autour de trois principales questions (Quoi ? Pourquoi ? Et Comment ?) qui constituent les trois lignes directrices du livre.

Dans un premier temps il nous donne les enjeux, fondements, doctrine et le dispositif de la défense populaire. Il en ressort que bien que tirant son origine de l'extérieur et compte tenu des différents enjeux, la République du Cameroun a mis en place une défense populaire adaptée à son contexte de par ses organismes, acteurs, moyens et missions. En deuxième lieu, l'auteur analyse les déterminants d'une défense populaire au Cameroun et il en ressort que de par ses faits (notamment les menaces et l'armée dans la nation), il est nécessaire d'adopter la politique de défense populaire. Enfin, sa troisième partie vise à prescrire des cadres d'action souhaitables pour une optimisation de la stratégie défense populaire. Il ressort de son ouvrage en général et de cette partie en particulier qu'il faudrait faire prendre conscience des enjeux, développer le sentiment de responsabilité, susciter l'action des autorités morale et réduire la dépendance. En somme, l'auteur est dans l'optique d'une réappropriation et d'une ré

56MAHAMAT AHMED KOTOKO, La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020

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contextualisation de la défense populaire dans une conjoncture camerounaise marquée par une mutation et l'avènement de nouveaux enjeux d'ordre environnemental, sociétal et même développemental. Pour lui, la solution se trouve dans l'alliance de la population à l'armée à tous les niveaux. Le Cameroun doit viser un pays où le militaire agit par devoir et le citoyen par nécessité, tous pour une participation optimale au développement.

Globalement, cet ouvrage nous a aidé à comprendre de manière praxis le fonctionnement de la stratégie de défense populaire et de prendre conscience de l'impérieuse nécessité d'une évaluation et surtout redynamisation du concept au Cameroun, ce que notre recherche se veut d'accomplir.

ESSOMEMBENDA (Colonel) dans son ouvrage « La condition militaire au Cameroun 1894-2010 » 57 aborde la thématique relative à la condition militaire. Il l'aborde sous un prisme essentiellement militaire. Il défend la thèse selon laquelle la condition militaire va au-delà du juridisme pour renouer avec des valeurs indispensables pour construire une nation stable, qui se veut jalouse de son unité nationale. Il procède son analyse en retraçant l'historique des forces armées camerounaise depuis le protectorat allemand jusqu'à 2010, traitant l'évolution des conditions des militaires camerounaises, leur place dans la société, la féminisation, leur impact au développement, leur prise en charge, leurs structures sociales, leur professionnalisation. Il ressort de son étude quelques principales observations.

Il existe un décalage entre les rémunérations des militaires et celles des autres fonctionnaires d'état. Cela se justifie par les risques encourus par les miliaires, qui n'ont pas laissé les autorités indifférentes, qui ont opté pour une politique de compensation. Une autre observation concerne les qualifications. L'armée camerounaise qui au départ était majoritairement encadrée par l'expertise française, face aux défis technologiques s'est ouverte aux jeunes gens instruits et aux diplômés de l'enseignement supérieur. Ces derniers dans un premier temps ont considéré l'armée avec crainte et mépris. Ceci a conduit les décideurs à opter pour des stratégies qui ont renversé la tendance, faisant d'elle une institution attractive sinon l'institution la plus attractive pour les jeunes. Une autre observation réside dans la féminisation de l'armée depuis 1980. Dans une logique d'équilibre du genre se sont lancés dans le recrutement des femmes dans les forces armées, même si leur place est encore limitée. Sa dernière observation est que, tout comme le civil, le militaire bénéficie de droits politiques et

57ESSOME MBENDA, La condition militaire au Cameroun 1894-2010, éditions universitaires européennes, Yaoundé 2018.

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civils reconnus à tous les citoyens par les différentes constitutions qui se sont succèdes. Les militaires sont donc des citoyens à part entière et doivent contribuer au développement de la nation comme les autres.

En conclusion, nous retenons de cet ouvrage que d'une part le militaire demeure un citoyen à part entière et d'autre part que la condition militaire a grandement évolué depuis 1994 ce qui a rendu les forces armées très attractives pour la jeunesse.

Cet ouvrage a eu le mérite de nous informer sur l'évolution aussi bien théorique que pratique de l'armée camerounaise depuis le protectorat. Nous avons appris beaucoup sur des sujets de développement notamment la féminisation et surtout que les forces de défense constituent un centre d'intérêt pour la jeunesse camerounaise, jeunesse qui est le fer de lance de la nation. Ce qui a éveillé en nous le désir de mieux informer cette jeunesse sur la politique de défense du Cameroun qu'est la défense populaire ainsi que son apport au processus de développement.

NTUDAEBODE dans son article Politique de défense du Cameroun : évolution du concept d'emploi des forces et perspectives58 explique les raisons du choix stratégique de la politique de défense du Cameroun qui est la défense populaire et décrite son évolution. Pour lui les raison sont ; l'âge de l'état qui était nouvellement Independent et avait besoin d'inculquer le sentiment de solidarité et de patriotisme ; l'avantage économique car le nouvel état ne possédait pas encore suffisamment de ressources et d'équipement pour se forger une armée puissante, et même s'il possédait ces ressources ce serait pour investir dans le développement. Le seul moyen d'avoir une bonne armée serait donc de faire de la défense l'affaire de tous. Une fois l'orientation définie, la politique de défense a subi trois grandes phases dans son évolution. La première était l'élaboration doctrinale ou la création de textes fondateurs des Forces Armées Camerounaises. La deuxième phase débute vers 1967 avec l'action et la justification et la galvanisation. Et la dernière phase de 1997 à nos jours, est marquée par l'internationalisation de la politique de défense vers la sous-région et le continent d'une part et d'autre part par la création d'unité spécialisées et la professionnalisation de l'armée. Il conclut en proposant de concilier des deux éléments de la troisième phase sans revoir le concept d'emploi des forces.

58 Vincent Joseph NTUDA EBODE, Politique de défense du Cameroun : Évolution du concept d'emploi des forces et perspectives CREPS, UYII, Yaoundé 2022.

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Ainsi, « la défense nationale, tout en se muant progressivement, au rythme de l'intégration, en défense sous régionale et continentale, conservera néanmoins son caractère populaire. »

FOUDA Jean Jacques (Lieutenant-colonel) dans sa thèse intitulée la Politique de Défense du Cameroun : permanences et perspectives59 analyse la politique de défense camerounaise d'un point de vue surtout opérationnel en mettant un accent sur les permanences et les perspectives face aux défis nouveaux auxquels elle se retrouve confrontée. Pour lui, le Cameroun en particulier et le système international sont caractérisés par une diversité de menaces aussi bien anciennes que nouvelles. Ainsi, défendre l'intégrité territoriale, assurer la sécurité de ses populations contre l'ennemi de l'intérieur et les préserver des entreprises malveillantes et destructrices de l'ennemi étranger, est une préoccupation essentielle des nations surtout lorsque que des risques se présentent.

Ces risques, bien que militaires, sont également de nature politique, économique, scientifique et culturelle. D'où l'exigence pour tout État digne de ce nom de définir et de traduire en actes une politique de défense ; cette politique défense étant au Cameroun la défense populaire. Il commence par les énumérer les déterminants d'une politique de défense camerounaise qui sont une position géographique stratégique et l'interaction entre enjeux et acteurs internes et internationaux. Il passe par une élucidation conceptuelle de la défense populaire pour chuter à la finalité de celle-ci qui, selon lui, est de construire une défense nationale globale, permanente et surtout intégrée. Face aux défis de la politique de défense camerounaise qui sont entre autres les coupeurs de route, le terrorisme et le grand banditisme urbain, il propose des solutions, à la suite des axes déjà empruntés dans ce cas par la mise en place d'unités spécialisées au plan interne et la sous régionalisation de la défense au plan extérieur.

Il conclut par des propositions concrètes qui sont l'adaptation de l'outil militaire qui passe par une réorientation des missions de l'armée en sorte qu'elle puisse, en raison des nouvelles menaces, intervenir sans délai dans toutes les hypothèses de crises et une formation optimisée afin que les militaires soient formés et adaptés aux conditions particulières de chaque menace dans le cadre spécifique du conflit ou de la crise en cause. En deuxième lieu, il propose un renforcement de capacité d'alerte et de renseignement et enfin la promotion d'une véritable

59 Colonel FOUDA Joseph : Thèse sur la politique de défense du Cameroun : PERMANENCES ET PERSPECTIVES 3 avril 2015, République Populaire de Chine.

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culture de défense pour créer une société où le citoyen devra parfaitement assimiler que la défense est l'affaire de tous, donc la sienne ; il doit connaître et accepter tout ce que la défense nationale suppose comme efforts financiers, intellectuels, technologiques. En conclusion

Ernest Claude MESSINGA dans sa thèse ; les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité ; d'une armée de garde vers un armée d'avant-garde60dit que « les équipements militaires quoique très chers sont un enjeu incontournable (...) ils permettent de maintenir un niveau de crédibilité dans la dissuasion, et le cas échéant défendre les intérêts économiques et la population contre tous ceux qui voudraient annihiler les efforts de développement et le potentiel économique et sécuritaire national »

Au regard de ces analyses d'une grande pertinence, il y a nécessité d`orienter notre travail vers une piste encore embryonnaire. Nous avons donc pensé, au regard de toutes ces contributions scientifiques d'orienter notre travail vers un aspect plus profond, plus pratique, en un mot, un aspect praxis. Nous allons-nous appesantir sur l'application, sur l'effectivité et sur l'efficacité, afin que ce document serve non seulement de référent théorique, de bilan, mais aide également au plan directeur de la politique de défense camerounaise, avec une intention d'allier à la fois paix et développement durable.

B. LES QUESTIONS DE RECHERCHE

Pour que toute thématique soit considérée comme scientifique, elle doit traiter d'un problème, celui-ci étant compris comme l'identification d'une situation nécessitant une intervention, un besoin de clarification. A partir du problème soulevé peut émerger une problématique qui se résume à la transformation d'un problème (affirmation) et une (problématique) questionnement. La problématique est définie selon GRAWITZ comme « un ensemble de questions que le chercheur pose pour résoudre un problème dans un domaine particulier. 61» Nous comprenons alors que la problématique constitue une étape prépondérante dans la démarche scientifique.

Il en ressort que, notre question centrale sera :

60Ernest Claude MESSINGA; les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité; d'une armée de garde vers un armée d'avant-garde, Université de Yaoundé II, doctorat PhD en Sciences Politiques, 2011

61GRAWITZ Madeleine, 1998, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris.1996 page 130

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1.) Comment utiliser la défense populaire camerounaise pour atteindre le développement durable?

Comme questions secondaires, nous nous demandons ;

a.) Dans quelle mesure la défense populaire cadre-t-elle avec les Objectifs du Développement Durable ?

b.) Comment mobiliser la défense populaire pour l'atteinte des Objectifs du Développement Durable?

Face ces orientations, nous pourrons anticiper des réponses avant de procéder à la vérification. Cela est fait par le biais des hypothèses.

V. HYPOTHÈSES

Comme nous l'avons précisé plus haut, après l'élaboration de la problématique, il est nécessaire de proposer des réponses anticipées avec pour rôle d'établir le lien entre la problématique et les faits. Ces hypothèses par la suite seront objets de vérification.

HYPOTHÈSE CENTRALE

1.) La redynamisation théorique et pratique de la défense populaire camerounaise pourrait conduire au développement durable.

Comme hypothèses secondaires, nous aurons ;

a.) La défense populaire cadre avec les Objectifs de Développement Durable dans la mesure où les deux visent mêmes le même but, mais à des échelons différents.

b.) Pour mobiliser la défense populaire aux Objectifs de Développement Durable, il faut une prise de conscience des enjeux et la définition de lignes de conduite.

VI. CADRE THÉORIQUE

Comme le dit si bien Steve SMITH, aucune analyse du monde ne peut se faire sans un cadre théorique62. Alex MACLEOD va dans le même sens lorsqu'il affirme que « même le texte qui se veut le plus descriptif possible ne peut éviter d'adopter implicitement un cadre théorique qui déterminera quels faits l'auteur choisira, comment il les liera ensemble et la

62Steve SMITH «International Relations : British and American perspectives»,2010 p.8

68 ».

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façon dont il les interprétera 63». Dans le domaine il existe diverses approches théoriques, toutes aussi profondes que pertinentes qui caractérisent les Relations Internationales contemporaines. Il convient donc aux chercheurs en Relations Internationales d'assumer explicitement les éléments théoriques qui orientent leurs études. Avant de plonger dans la présentation des théories mobilisées, il convient de noter que la définition du concept de théories des relations internationales n'a pas fait l'unanimité chez les auteurs. Si de manière prosaïque, l'on sait qu'une théorie nous aide à mieux organiser nos pensées en affaires internationales64, de manière plus approfondie, plusieurs auteurs ont proposés leurs définitions. Pour Hans MORGENTHAU65 , « une théorie des Relations Internationales remplit les mêmes fonctions qu'une théorie c'est-à-dire, apporter de l'ordre et du sens à une masse de données séparées et augmenter les connaissances par le développement logique de certaines propositions établies de façon empirique »66. Kenneth WALTZ, pense que « les théories indiquent ce qui est relié à quoi et comment le lien se fait. Elles transmettent un sens de la façon dont les choses fonctionnent, de la façon dont elles devraient se tenir, de ce que peut être la structure d'un domaine d'étude67 ». DOUGHERTY et PFALZGRAFF, disent que « théorie n'est que la réflexion systémique des domaines, formulée en vue de les expliquer et de démontrer comment ils sont reliés de manière cohérente et intelligente(...)

De toutes ces définitions toutes intéressantes, nous retenons trois grandes conceptions de l'objet de la théorie. Ce qui fait en découler 03 types des théories notamment :

? les théories explicatives ; qui cherchent à expliquer les phénomènes à travers la découverte entre eux de relations de causalité et l'établissement d'une régularité dans ce qui se passe au niveau international en vue de généraliser sur les Relations Internationales.

? les théories constitutives ; qui visent l'importance des circonstances conduisant les phénomènes à se produire de leurs manières.

? et les théories normatives ; qui sont préoccupées par l'évaluation des politiques et actions sur la scène internationale suivant des standards normatifs établis préalablement.

63 Alexandre MACLEOD et alii : « Théories des Relations Internationales : contestations et résistances », Outremont, Athéna éditions, 2007, page 79

64 Idem page 85

65 Qui est l'un des pères fondateurs des Relations Internationales Contemporaines

66Hans MORGENTHAU, « politics amongst nations ; the struggle for power and peace »,1995 p.46

67Keneth WALTZ, « theory of international politics », 1979 p.12

68 DOUGHERTY et PFALTZGRAFF, « contending theories of international relations », Philadelphia, J.B Lippincott

p.46

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Bien que ces théories soient objets de controverses, elles partagent quatre attributions communes qui sont : l'ontologie69 ; l'épistémologie70 ; l'existence des méthodes ; et la présence d'un élément de normativité.

Afin de mieux comprendre notre analyse, circonscrire notre travail et le rendre plus digeste et pertinent du point de vue des Relations Internationales, nous avons fait appel à deux théories. Il s'agit de la théorie constructiviste et de la théorie fonctionnaliste.

? Le Constructivisme

Le constructivisme a vu le jour et s'est développé dans diverses disciplines telles que la sociologie, l'anthropologie et les sciences politiques. Quelques auteurs et partisans de cette théorie sont ; Emile DURKHEIM, Max WEBER71, Alexander WENDT72John RUGGIE73, Thomas LUCKMAN et Peter L. BERGER74.

Dans le domaine des Relations Internationales, le terme « constructivisme » fait sa première apparition dans les années 1980 avec Nicholas ONUF75 et cette théorie est considérée aujourd'hui comme « désormais l'école de pensée la plus répandue de la discipline de par son éclectisme et son refus au paradigmatisme »76. Cette théorie émerge en réponse aux critiques du réalisme structurel (néoréalisme) qui était accusé à la fois d'être incapable d'expliquer les changements qui s'opéraient sur la scène internationale et également d'être a-historique77

Le constructivisme est une perspective théorique qui croit que le monde est un système interdépendant de sens socialement construit qui est en constante évolution. Elle accorde une grande importance à l'action humaine et affirme que l'environnement peut être façonné par celle-ci. Aussi, les normes jouent un rôle essentiel pour guider le comportement des acteurs sur la scène internationale et structurer la vie de celle-ci. C'est ce qui pousse Alexander Wendt à

69 Pour parler ici des éléments constitutifs de leur domaine d'étude ; il s'agit des acteurs des relations internationales

70 C'est-à-dire une théorie ou manière d'acquérir la connaissance propre à chacune d'elles

71Max WEBER «The methodology of social sciences» , Rutledge, 1st edition 1949, page 102

72 Alexander WENDT «social theory of international politics», Cambridge university press,1999

73John RUGGIE ; « International regimes, transcations and change , embedded liberalism in the postwar economic

order» pages 380-414

74LUCKMAN et L. BERGER « la réalité sociale construite », Arman Colin, 2006, page 57

75Nicholas ONUF «world of our making, rules and rule in social theory and international relations»,

Routledge,2012, page 52

76 Axel MACLEOD « les études de sécurité; du constructivisme dominant au constructivisme critique »

https:/ doi.org /10.4000/conflits.1526

77John RUGGIE op citInternational regimes, transactions and change , embedded liberalism in the postwar

economic order» pages 380-414

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affirmer que « les structures de l'association humaine sont déterminées principalement par des idées partagées que par des forces matérielles et que les identités et intérêts d'acteurs sont construits par ces idées que par la nature 78» c'est pour dire que sur la scène internationale, les acteurs ont des identités, ces identités les conduisent à avoir des intérêts qui à leur tour influent sur leur relations et agissements envers les autres acteurs. Autre élément important de la théorie en ce qui concerne les intérêts est que, bien qu'elle reconnaisse et accepte l'importance des facteurs matériels (contrairement aux néoréalistes), elle considère et accorde une place toute aussi grande aux idées.

C'est donc dire que les acteurs internationaux n'agissent pas uniquement par la recherche de la sécurité, mais davantage pour la création, la mise en vigueur des normes qui seront inculquées aux acteurs.

Bien évidemment, la théorie a subi des critiques au vu de ses lacunes. Et la première limite est qu'elle n'est pas encore totalement considérée comme une théorie au sens khunien mais plutôt ce qui pousse CHECKEL à la qualifier d'« une méthode plus qu'autre chose »79. Une autre critique est qu'elle n'est pas trop éloignée de l'approche positiviste malgré son intention de renouveler l'ontologie des relations internationales. Ces critiques ont conduit graduellement à une variante de la théorie. Celle-ci gardera le nom de constructivisme dominant et sa variante porte le nom de constructivisme critique.

La théorie constructiviste sera d'une utilité certaine dans le cadre de notre étude dans la mesure où, notre sujet traitant de deux concepts (Défense Populaire et Développement Durable) créées et développés par des acteurs des relations internationales, on aura affaire ici à des réalités socialement construites : d'une part la défense populaire, une politique élaborée méticuleusement par l'état camerounais à des fins précises qui seront développés dans la suite ; et d'autre part, le développement durable, un concept géant créé et adopté comme objectif par l'Organisation des Nations Unies, un acteur incontournable de la scène internationale pour un but qui n'est pas nécessairement stratégique ou pécuniaire. Il serait donc intéressant d'explorer les deux concepts à travers le prisme constructiviste qui nous aidera à mieux cerner les facteurs ayant conduit à leur création et vision.

78 Alexander WENDT op cit

79 CHECKEL «The constructivist turn in International Relations Theory», world politics 50,1998 p.325

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? Le Fonctionnalisme

De manière générale, l'approche fonctionnaliste est née en réaction à l'empirisme de la société américaine80. Ce sont des auteurs tels que Talcott PEARSON, Alfred MARSHALL qui en s'inspirant des travaux de Max WEBER ont développé cette approche avec pour objet de comprendre le système social. En sciences sociales, c'est à Herbert SPENCER81 que l'on doit la primeur. Son objectif était de développer une corrélation entre organisation et évolution des organismes dans la société. Pour lui, la société est un ensemble qu'il appellera « organisme social82 » le tout constituant une totalité intégrée. DURKHEIM83 rejoindra l'approche avec une analyse fonctionnaliste de la division du travail. Pour lui, la division du travail répond à un besoin de solidarité sociale. De manière globale, leur vision considère la société comme un tout constitué de divers éléments, tous remplissant une fonction qui concourt au bon fonctionnement de la société.

Dans le domaine des Relations Internationales, le courant de pensée fonctionnaliste est principalement représenté par David MITRANY84 , qui analyse le processus d'intégration de l'espace politique. Selon cette théorie, l'état est considéré comme une institution imparfaite. Il y a donc nécessité de le décentraliser progressivement de ses capacités et de faire appel à des coopérations. Cette théorie opte pour une perspective de « buttom-up85 », pour ainsi dire que les problèmes qui se situent au niveau du bas entrainent la création d'institutions au haut pour les résorber.

Cette théorie rencontre aussi des critiques, en commençant par le fait qu'elle soit trop idéaliste, car elle préconise une vision supranationale au détriment d'une vision inter gouvernementale. Il lui est aussi reproché sa vision d'une catégorisation des problèmes, où chacun est traité par une seule institution précise. Cette catégorisation n'est pas possible au vu de l'existence de plusieurs problèmes transversaux.

Néanmoins, dans le cadre de notre analyse, la théorie fonctionnaliste nous sera d'une double utilité. D'abord elle nous aidera à comprendre le concept de Développement Durable, matérialisé par les ODD86. Tout en sachant que ceux-ci sont le produit de l'ONU, qui est plus

80 Marc MONTOUSSÉ et Gilles RENOUARD « 100 fiches pour comprendre la sociologie »

81Herbert SPENCER, « Principes de sociologie », hachette bnf livre, 1878, 467 pages

82Idem

83Emile DURKHEIM « La division du travail », Félix Alcan, 1893, 468 pages

84David MITRANY «the functional theory of politics» , New York St martin press, 1975, 294 pages

85 De manière ascendante, du bas vers le haut

86 Objectifs de Développement Durable

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au moins la matérialisation d'une vision fonctionnalisme, puisque cette organisation présente plusieurs traits similaires aux postulats de la théorie fonctionnaliste. En second lieu, la théorie fonctionnaliste, en considérant sa vision initiale qui conçoit la société comme un tout composé d'éléments tous remplissant une fonction, nous permettra de schématiser la défense populaire Camerounaise. Et en analysant la mise en oeuvre de la défense populaire, qui justement confère à tous les acteurs de la société un rôle, on aperçoit des traits de division du travail fonctionnaliste. C'est donc dans cette logique que nous aurons à mobiliser cette théorie.

VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Comme le définit Omar AKTOUF, la méthodologie est « l'étude du bon usage des méthodes et des techniques.87 » Ainsi, une méthodologie appropriée conditionne la fiabilité de résultats. Pour éviter que les résultats soient biaisés, il est indispensable d'utiliser une bonne méthode, encore définie ici par Madeleine GRAWITZ comme « l'ensemble des moyens qu'elles mettent en oeuvre pour que le cheminement de ces démonstrations et de ses théorisations soient claires, évidents et irréfutables. 88». Dans le cadre méthodologique, nous avons divisé nos méthodes en deux : d'une part les instruments d'observation et de recueil d'informations et d'autre part la méthode d'analyse des informations recueillies.

? Méthode de collecte de données

- Les techniques non réactives : La recherche documentaire

L'analyse documentaire peut être définie comme l'ensemble des étapes qui permettent de chercher, identifier et trouver et exploiter des documents portant ou ayant un lien avec le sujet. Deux types de sources sont nécessaires pour notre analyse ; les sources de première main et les sources de seconde main.

Concernant les sources de première main, il s'agira pour nous de traiter les rapports des différentes institutions en rapport avec notre thématique notamment celui de la commission de Brundtland, les rapports des agences spécialisées du système des nations Unies à l'instar du PNUD89, du PNUE90 et autres institutions que nous jugerons nécessaires. Nous analyserons

87Omar AKTOUF, « méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations : une introduction à la démarche classique et une critique », presses de l'université du Québec, 2006

88Madeleine GRAWITZ ; méthode des sciences sociales, paris, le découverte, 1998 p.834

89 Programme des Nations Unies pour le Développement

90 Programme des Nations Unies pour l'Environnement

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également certains agendas des organisations internationales tels que l'agenda 63 de l'UA91. Au plan national, nous analyserons les différentes constitutions de la République du Cameroun qui se sont succédées depuis 1972, ainsi que les textes relatifs à la politique de défense du Cameroun et tous autres textes juridiques que nous jugerons nécessaires tels que les 21 textes du Président de la République portant réorganisation des forces de défenses Camerounaises92. D'autres sources de données seront collectées en présentiel ou sur des moteurs de recherche notamment Google chrome et Google scholar.

Les sources de seconde main seront constituées de travaux scientifiques portant sur le développement durable et les politiques de défense. Ces travaux seront principalement les ouvrages, thèses, articles scientifiques et revues ainsi que les mémoires.

- Les techniques réactives : l'entretien semi-directif et le questionnaire

Il s'agit d'une forme d'entretien très répandue en sciences sociales. Cette méthode consiste à interroger et écouter plusieurs experts du domaine afin de recueillir des informations pouvant être utiles dans la recherche.

Dans cette technique, même s'il est vrai que c'est l'interviewer (le chercheur) qui mène le processus d'interview, il est possible de laisser l'interviewé (interlocuteur) s'exprimer et mettre plus d'informations à la disposition du chercheur. Néanmoins, pour ne pas se perdre, il existe des questions guides pour canaliser l'interview. Si nous considérons que cette analyse est de type qualitatif, elle ne nécessite pas de techniques d'échantillonnage. Nous interrogerons ;

Les autorités militaires, les parlementaires, les autorités régionales et municipales, les responsables religieux, les responsables des grandes écoles

Le choix de personnes interviewé est guidé par l'Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars 1975 qui considère ceux retenus comme des élites dans la défense populaire camerounaise, la défense populaire n'étant pas un concept maitrisé de tous mais uniquement des élites. Il est aussi justifié parce que cette étude ne met pas d'emphase sur un nombre défini de personnes interviewés.

En ce qui concerne le questionnaire, un questionnaire est une technique de collecte de données quantifiables qui se présente sous la forme d'une série de questions posées dans un ordre bien précis. Le questionnaire est un outil régulièrement utilisé en sciences sociales (sociologie, psychologie, marketing). Il permet aussi de recueillir un grand nombre de

91 Union Africaine

9221 textes du PRC du Décret n° 2001/177 du 25 Juillet 2001 portant organisation du Ministère de la Défense

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témoignages ou d'avis. Les informations obtenues peuvent être analysées à travers un tableau statistique ou un graphique. Dans le cadre de notre étude, 120 questionnaires ont étés administrés aux différents acteurs de la société, car la thématique concerne en réalité toutes les couches des populations camerounaises.

? Méthode d'analyse

Dans le cadre de notre étude, la méthode empruntée nous permettra tout d'abord de comprendre les deux concepts ainsi que leurs mises en oeuvre dans la zone de notre délimitation spatiale, ensuite d'établir un lien entre nos deux concepts clés. Enfin à partir des différents textes, documents, entretiens et questionnaires nous pourrons confronter les deux concepts pour en saisir la nécessité de leur alliance pour une évolution.

PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU LIEN
ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA PLACE DES
OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Depuis son indépendance, l'Afrique en général et le Cameroun en particulier, tiennent leur destin entre leurs mains. À la suite d'un parcours historique défavorable, il s'impose la nécessité d'adopter une bonne ligne de conduite en vue de se développer. Cette nécessité implique de faire des choix stratégiques afin d'assurer d'une part la question de sécurité et d'autre part la question de l'évolution.

Au plan interne, le Cameroun se retrouve dans l'urgence de s'approprier un mode opératoire qui garantit la défense de ses populations et ressources en étroite référence avec la politique globale de défense du pays.

Au plan externe, du fait de son appartenance à la scène internationale, il importe d'adhérer à des politiques et organisations internationales pour atteindre des objectifs communs de développement. C'est donc à mi-chemin de ces deux contextes que s'inscrit la première partie de notre recherche qui servira de guide d'explication. Il sera présenté dans un premier temps, la politique de défense du Cameroun qui se traduit ici par la défense populaire qui est la matérialisation du lien armée-nation (chapitre 1) et dans un deuxième, le modèle actuel de développement prôné par l'ONU (chapitre 2) auquel a adhéré la République du Cameroun.

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CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION
AU CAMEROUN : LA DÉFENSE POPULAIRE

Depuis son indépendance, l'Afrique en général et le Cameroun en particulier, tiennent leur destin entre leurs mains. À la suite d'un parcours historique défavorable, il s'impose la nécessité d'adopter une bonne ligne de conduite en vue de se développer. Cette nécessité implique de faire des choix stratégiques afin d'assurer d'une part la question de sécurité et d'autre part la question de l'évolution.

Au plan interne, le Cameroun se retrouve dans l'urgence de s'approprier un mode opératoire qui garantit la défense de ses populations et ressources en étroite référence avec la politique globale de défense du pays.

Au plan externe, du fait de son appartenance à la scène internationale, il importe d'adhérer à des politiques et organisations internationales pour atteindre des objectifs communs de développement. C'est donc à mi-chemin de ces deux contextes que s'inscrit la première partie de notre recherche qui servira de guide d'explication. Il sera présenté dans un premier temps, la politique de défense du Cameroun qui se traduit ici par la défense populaire qui est la matérialisation du lien armée-nation (chapitre 1) et dans un deuxième, le modèle actuel de développement prôné par l'ONU (chapitre 2) auquel a adhéré la République du Cameroun.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de noter que chaque pays est détenteur d'une politique de défense qui lui est propre. Cette dernière est choisie en fonction de ses idéaux politiques, de ses ressources, de sa position géographique, de sa situation historique, de ses moyens, de sa culture, de ses ambitions, de ses intérêts et de bien d'autres multiples variables. Pour rappel, le concept de politique de défense comme précisé plus haut se réfère à« l'ensemble des grandes options et grands principes politiques, stratégiques et militaires que cet état définit et adopte en vue d'assurer sa défense et sa sécurité93 » Ce n'est qu'après analyse de ces variables que le pays adopte sa politique de défense et doctrine militaire. Une doctrine militaire se définit comme l'ensemble d'idées directrices dont il faudra s'inspirer non seulement dans la conduite de l'action, mais aussi pour l'organisation et l'équipement des forces ainsi que pour l'élaboration des règlements d'emploi94. De manière générale, ce sont des principes

93MAHAMAT AHMED KOTOKO« la défense populaire au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun, 2020, page 30

94 Doctrine d'emploi des forces, édition 1980

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directeurs prenant en compte aussi bien les questions politiques que militaires. Et ces derniers associent à la fois la sécurité intérieure, la défense, les relations extérieures et l'économie95. C'est donc au terme de toute cette démarche de sélection que la République du Cameroun a opté pour une doctrine politico-militaire basée sur la population dite défense populaire. Dans ce chapitre, nous allons brièvement mettre en lumière le concept de défense populaire au Cameroun (section 1) et sa mise en oeuvre effective (section 2).

SECTION I : UNE POLITIQUE DE DÉFENSEBASÉE SUR LA DÉFENSE POPULAIRE

Le Cameroun a choisi de faire de la population le socle de sa politique de défense. Un tel choix n'a pas été fait au hasard, mais est le fruit de plusieurs analyses qui ont abouti d'une part à une planification méticuleuse (paragraphe 1) et d'autre part à la mise en place d'institutions responsables de sa conception et de sa mise en oeuvre (paragraphe 2). Il s'agit là du principal objet de cette section.

Paragraphe 1 : Mode de planification de la défense populaire

Pour saisir l'aboutissement à une planification efficace, il est nécessaire d'explorer les facteurs ayant motivé le Cameroun à adopter cette politique en situant le cadre juridique.

A. Les Facteurs déterminant l'adoption de la défense populaire

Ils sont de plusieurs ordres et s'arriment aux caractéristiques du pays décisionnaire.

1. Les Facteur Politiques et Géographiques

Sur le plan politique, Il implique l'institution du lien armée-nation qui est lui-même le produit de l'application du si vis pacem para bellum (situ veux la paix, prépare la guerre). Depuis toujours, la recherche de la paix a été le centre des préoccupations de tous les peuples du monde96.Chaque peuple en fonction du temps et des circonstances a adopté un modèle pour la préservation de sa paix97. Le Cameroun n'échappe pas à cette réalité et son Chef d'État l'a

95Maréchal SOKOLOVSKY, « stratégie militaire soviétique », éditions classiques de la stratégie l'Herne, 1934, page 21

96 KANT Emmanuel, « vers la paix perpétuel », François Proust, 2006, page 10

97TAGOU Célestin, « Démocratie Rotative et Élections Présidentielles en Afrique », L'Harmattan, 2018 Page 55

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prouvé lorsqu'il affirma que nous sommes tous de Mendiants de paix, y compris lui98. Dans cette noble quête, le Cameroun a adopté trois principes directeurs sur le plan diplomatique à savoir l'indépendance nationale, le non-alignement et la coopération internationale99.Mais, bien que nourrissant des désirs de paix, le Cameroun se retrouve dans un système international dominé par le paradigme réaliste des Relations Internationales. Ce paradigme qui a pour postulat la primeur des intérêts individuels sur l'intérêt général comporte des risques. Par exemple, l'éventualité que le pays soit agressé ou même mêlé de façon accidentelle à un conflit. Pour mieux se préparer à un pareil cas de figure et surtout dans une logique de veille active au maintien de son intégrité et de sa souveraineté, le choix d'une telle catégorie de défense s'est avéré indispensable.

En ce qui concerne le facteur géographique, La situation géographique du Cameroun fait de lui un site privilégié en Afrique centrale. Il est non seulement à cheval entre l'Afrique orientale et occidentale mais aussi de l'Afrique septentrionale et méridionale. C'est le seul à partager ses frontières avec tous les pays de la zone CEMAC. Il détient 330 km de côtes donnant sur l'océan Atlantique, ce qui représente une large ouverture sur le monde. Si certains pays tels que le Tchad, la RCA et le Nord du Congo Brazzaville ont un accès maritime, c'est par le biais du Cameroun. Le Cameroun possède d'énormes potentialités, une multitude de terres arables et un climat favorable100. Globalement, c'est un carrefour de géographie physique et humaine, ce qui en fait un pays attrayant. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que le pays soit parfois référé comme étant l'Afrique en miniature101.Tous ces éléments naturels le distinguent par rapport aux autres et le rendent d'office plus exposé aux fléaux humains d'où la nécessité d'adopter des mesures adéquates pour se préserver.

2. Les Facteurs économiques et culturels

Au plan économique, Pour comprendre ce facteur, il convient de rappeler au préalable l'évolution historique du pays. La République du Cameroun obtient son indépendance le 1er Janvier 1960 à la suite d'un parcours historique original102. Étant un État jeune, il se retrouve

98 Déclaration de S.E.M. Paul Biya, 72eme Session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, New York, 22/09/2017

99 Données recueillis sur le site officiel de la présidence de la république du Cameroun sur prc.cm /consulté le 01/01/2023 à 9 :45

100 MULLER JP, GAVAUD M, « Carte Pédologique du Cameroun » 1979

101 En effet sur la scène Internationale le Cameroun est référée comme l'Afrique en miniature de part ses conditions géographiques et humaines.

102Si l'on retrace l'évolution historique du Cameroun en commençant par les peuples pygmées, l'arrivée du carthaginois au 4e siècle, l'arrivée des portugais, le protectorat allemand (1884-1916). Ensuite le mandat de la

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face à une double exigence, préserver sa paix et assurer par la même occasion son développement. En prenant en compte ses ressources limitées, on intègre facilement le choix d'une politique de défense reposant sur le lien armée-nation. Le pays ne disposait pas des moyens adéquats pour implémenter le niveau d'équipement des pays développés, et même en disposant de tels moyens, les conditions de vie des populations auraient été automatiquement engagées. Il apparaît alors parfaitement logique de faire des populations des acteurs et des pleins partisans de cette politique de défense. C'est ce que pense l'ex-ministre des Forces Armées Sadou DAOUDOU lorsqu'il affirme que la défense ne doit pas seulement être l'apanage de seuls les militaires, mais l'affaire de tous103.

Pour ce qui est du facteur culturel, Le Cameroun est connu pour la grande diversité culturelle qui le caractérise. Ainsi, en raison de sa colonisation il a hérité de deux langues officielles que sont le Français et l'Anglais. Ensuite, il compte environ 260 groupes ethniques104 et se subdivise en 04 aires culturelles105. Le Cameroun se compose également de plusieurs groupes religieux. Cette pluralité, facteur de rayonnement, peut parfois être source de désagrément. La société étant naturellement caractérisée par l'inhérence du conflit106, on se retrouve parfois face à des situations délicates. Ainsi, le pays étant composé de différents groupes sociologiques peut se retrouver aux centres d'agitations conflictuelles. Au regard de ces multiples composantes, la création d'un facteur de cohésion sociale se révèle impérative. Pour rappel, le concept de défense populaire tire ses origines de la République Fédérale Helvétique qui elle aussi était faite de plusieurs entités sociologiques et a opté comme facteur de cohésion le lien de patrie fédérale, option qui s'est avérée une totale réussite. C'est en grande partie grâce à ce succès que le Cameroun s'est laissé inspirer et désormais, bien que diversifié, il reste un et indivisible.107

Après l'analyse des motivations qui ont dirigé le choix de la politique de défense, il convient maintenant de nous pencher sur son cadre juridique.

Société des Nations (1920-1945) par le biais de la France et le Grande Bretagne et plus tard la tutelle de

l'Organisation des Nations Unies (1945-1960).

103Vincent Joseph NTUDA EBODE, « Politique de défense du Cameroun : évolution du concept d'emploi des forces

et perspectives », CREPS, UYII, Yaoundé 2022.

104Erik ESSOUSSE : « valeurs fondamentales parfaites et développement de l'Afrique », Harmattan Cameroun,

2018 page 46

105 1. SUDANO-SAHELIEN ; 2- SAWA 3- GRASSFIELDS ; 4- FANG-BETI-BULU

106Emile DURKHEIM « la division du travail social », Félix Alcan, 1893 page 20

107 Disposition constitutionnelles en vigueur depuis le 18/01/1996 (Article 1er)

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B. Les Sources Juridiques de la défense populaire

Comme toute politique, la politique de défense du Cameroun est encadrée par des textes juridiques. Traitant d'une politique essentiellement nationale, ses textes relèvent uniquement du droit interne. Il s'agit principalement de la Constitution de la République du Cameroun ; la loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation de la défense ; l'instruction présidentielle n°16/CAB/PRU du 1er septembre 1972 sur la conduite des efforts de défense ; la Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 ; et la loi numéro 86/016 du 06 décembre 1986 portant réorganisation générale de la protection civile.

1. La Constitution

Généralement, elle est considérée comme la norme juridique fondamentale, loi des lois ou la loi fondamentale. De manière plus approfondie, on peut définir la Constitution en son sens matériel comme étant un texte juridique dans lequel se trouvent des règles relatives à l'organisation, au fonctionnement de l'État, aux droits et libertés fondamentales des citoyens et des règles applicables de systèmes politiques108. Le Cameroun depuis son indépendance a eu 03 Constitutions. La première en 1960, la deuxième en 1961(République Fédérale du Cameroun) et la troisième en 1972 (République Unie du Cameroun). Par la suite, une révision générale été effectuée en 1996. Cette Constitution en vigueur comprend en son sein les bases même de la politique de défense de la nation. Dans son préambule il est stipulé clairement que « tous les citoyens contribuent à la défense de la patrie109 ».C'est de cette phrase que découle l'émergence d'une politique défense basée sur la population.

Toujours dans la Constitution, il est précisé que les règles générales d'organisation de la défense nationale sont du domaine de la loi. C'est cette phrase qui nous conduit à notre deuxième source qui est la loi du 12 juin 1967.

2. La loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation de la défense

C'est cette loi qui sert de manuel à l'exécution de la politique de défense nationale. Elle a été signée par le premier Président du Cameroun, El Hadj AHMADOU AHIDJO. C'est elle qui constitue la feuille de route, la ligne de conduite de la politique de défense du Cameroun110.

108Patrick Edgard ABANE ENGOLO, cours de droit constitutionnel licence 2 paix et développement, UPAC 2020.

109 Loi n° 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3.

110 Infra paragraphe 2

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La loi étant générale et les faits singuliers, une autre source s'est avérée pertinente pour la conduite de la politique de défense. Il s'agit de l'instruction présidentielle de 1972.

3. L'instruction présidentielle n° 16/CAB/PRU du 1er septembre 1972

La période de formulation étant marquée par quelques incursions sporadiques, cette décision a été prise en tenant compte des exigences de l'évolution du pays, et le fait que la politique de défense n'était pas encore tout à fait opérationnelle. Le Chef d'État décida alors de formuler une instruction visant à assurer le pays en tout temps et circonstances contre toutes formes d'agression. Cette stratégie repose sur cinq principes cardinaux que sont ;

a. Principe de permanence : il n'y a pas de temps de paix ni de temps de guerre, la politique de défense doit se poursuivre de manière continuelle sans relâche.

b. Principe d'universalité et totalité : la politique doit se faire par tout le monde et dans tous les domaines.

c. Principe d'unité de conception : les directives générales proviennent d'un seul centre, qui est celui de l'hégémon d'exécutif.

d. Principe de décentralisation : il doit y avoir des autorités à l'échelon gouvernemental et territorial capables de prendre des décisions en cas d'absence de l'hégémon de l'exécutif.

e. Principe de prévention : les mesures techniques et psychologiques se prennent longtemps à l' avance.

Après une telle élaboration théorique, on se demande comment se passe le déploiement des structures de la défense populaire camerounaise, c'est ce que nous verrons alors dans le paragraphe suivant.

Paragraphe 2 : Les Institutions responsables de la défense populaire camerounaise

En accord avec nos sources juridiques de la politique de défense et en cohérence avec les 05 principes directeurs de la défense populaire plus particulièrement les principes d'unité de conception et celui de la décentralisation, des acteurs ont été identifiés de manière officielle et des tâches leur ont été attribuées. Il s'agit des pouvoirs de conception(A) et des structures déconcentrées et élites (B).

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A. Les organes en charge des pouvoirs de conception, de direction et les structures gouvernementales

1. Le Président de la République (PR)

Ce pouvoir tient respect au principe d'unité de conception qui stipule qu'il y a une seule entité d'où émanent les directives de la politique de défense. Cette entité est l'hégémon exécutif, incarné par le PR. C'est lui la tête pensante de la politique de défense. Il est le Chef suprême des forces armées111. À ce titre, il est le garant de l'intégrité du territoire, de la sécurité intérieure et extérieure. Il définit également la politique de défense ainsi que sa mise en oeuvre. C'est lui l'animateur de la défense sur le plan idéologique, économique et social. Pour l'aider, il dispose d'organes tant militaires que civils à l'instar du Conseil supérieur de défense (CSD), le comité technique de défense (CTD) et l'État-Major Particulier (EMP/PR).

2. Le Gouvernement

Il vient en respect du principe d'universalité et de totalité ainsi que du principe de décentralisation. Les ministres de manière générale ont la responsabilité de l'application de la défense populaire dans leurs départements ministériels respectifs112. Ainsi tous les ministères (sauf le ministère en charge de la défense qui a une organisation spéciale régie par sa loi113) sont composés d'un Comité de Coordination des questions de Défense (CCQD). Mais de manière stratégique, il existe des ministères ayant des responsabilités en liaison directe avec la politique de défense. Nous avons à ce titre 03 catégories de départements ministériels qui sont ;

a. Les structures et ministères phares ;

Ils sont au nombre de quatre114 et ont chacun des tâches précises en matière de défense. -Le ministère de la défense : c'est l'unité centrale de la politique de défense. Il dépend directement du PR. Il est chargé de l'exécution de la politique militaire de défense de son organisation, gestion, mise en condition, mise en emploi, mobilisation des forces de défense entre autres.

111 Constitution du Cameroun, attributions du PR

112 Article 10, loi n° 67/LF9

113Les 21 textes du PRC du Décret n° 2001/177 du 25 Juillet 2001 portant organisation du Ministère de la Défense 114A l'époque il existait également une cinquième entité qui était le SPDN, entité qui a été dissoute par la décret numéro 86 du 04/02/1986 complétant les dispositions du décret numéro 85/1172 du 24/08/1985 qui stipule dans son premier article que les fonctions de cette entité ont été attribuées aux conseillers techniques et chargées d'étude du SG/MINDEF.

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-La Délégation générale à la sureté nationale : elle assure en permanence la participation de ses services à la défense et au renseignement. Elle protège aussi les personnes et biens.

-Le Ministère des Relations Extérieures ; il veille à la protection des droits et intérêts du Cameroun et maintient la coopération et les relations pacifiques avec les pays étrangers.

-Le Ministère de l'administration Territoriale : il met en oeuvre et coordonne la protection civile.

b. Les départements ministériels économiques;

Ces ministères sont ;

- Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

- Ministère des Finances

- Ministère des Transports

- Ministère de l'Agriculture et de l'Élevage

- Ministère de l'Habitat et du Développement Urbain

c. Les départements ministériels sociaux

- Ministère de la Santé Publique

- Ministères en charge de l'éducation notamment; le Ministère de l'Éducation de Base, le

Ministère des Enseignements Secondaires, et le Ministère de l'Enseignement Supérieur.

- Ministère de la Jeunesse et des Sports

- Ministère de la Communication115

- Ministère de la Fonction Publique

N.B. : il convient de noter que, bien que certains ministères n'appartiennent à aucune des trois catégories précédentes, chaque ministre est responsable de l'application dans son département ministériel de la politique de défense définie par le Chef de l'État et d'inculquer à ses personnels l'esprit de défense.116

115 A l'époque ce ministère portait le nom de Ministère de l'Information

116 Article 10, loi n°67/LF/9

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B. Les structures déconcentrées et les élites

1. Les chefs des circonscriptions administratives et militaires

En application du deuxième volet du principe de décentralisation de la politique de défense (territorial), des structures ont été mises en place. C'est le cas des autorités civiles et militaires, chefs des circonscriptions administratives. Ce sont eux les responsables de la mise en oeuvre de la défense populaire dans leurs zones de commandement. Globalement, ils ont des missions de : connaissance et application des textes, fixation du maintien de l'ordre, préparation et mise en oeuvre des mesures de protection civile et défense passive. De manière précise, ils ont des tâches déterminées en fonction des périodes données (paix ou guerre). C'est donc dire que dans le cadre de notre défense populaire, tous les acteurs de la société sont mobilisés.

2. Les élites

Un intérêt particulier117 est porté à la sensibilisation des élites aux questions de la défense118. Les élites constituent l'interface entre le pouvoir et le peuple. Ce sont eux les leaders d'opinion, c'est eux qui portent l'opinion publique et influencent les populations. Elles constituent donc un rôle vital, car de par leur influence, elles peuvent orienter et sensibiliser leurs populations en faveur du respect et de la mise en oeuvre de la défense populaire. Entre autres les élites retenues sont 119 :

- Les Responsables des partis politiques ; - Les Parlementaires ;

- Les Autorités régionales et municipales ; - Les Responsables religieux ;

- Les Responsables des grandes écoles.

SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN

Après une élaboration matérielle et formelle de la politique de défense du Cameroun, Il y a lieu de se poser un certain nombre d'interrogations sur sa mise en oeuvre. En premier lieu, quel en est le résultat dans un contexte de crise ou encore quel est le niveau d'effectivité de la

117 Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars 1975

118 Il convient de noter que la notion d'élite beaucoup muté de nos jours. En s'appuyant sur la définir de mot « élite », nous avons effectué un tri.

119 En dehors des officiers des forces de défense, c'est principalement avec eux que se sont tenu nos entretiens.

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défense populaire sur le terrain en contexte de crise (paragraphe 1) ? Et surtout quels sont les défis auxquels la défense populaire fait face et qu'il y'a-t-il lieu de faire (paragraphe 2) ?

Paragraphe 1 : Mise à l'épreuve du lien armée nation au Cameroun dans contexte de crise : Cas des incursions de la secte Boko-Haram (BH)

Comme l'a dit le Chef de l'État, le Cameroun jouit d'une situation paisible, à l'exception de quelques incursions sporadiques dans la partie du septentrion et les régions anglophones120.Cette paix, on la doit à l'efficacité du lien armée-nation121. L'une de ces incursions est celle de la secte Boko Haram. Puisque notre défense populaire se veut praxis, on se pose la question de son effectivité en temps de crise ; ce paragraphe consistera à faire une analyse du conflit avec Boko Haram sous un prisme « défense-populariste »et les efforts consentis dans ce cadre (B)

A. Un aperçu de la crise

Traitant d'une réalité ayant une très grande portée et relevant de plusieurs champs de spécialisation, nous avons jugé pour une meilleure compréhension de présenter la crise suivant un schéma. Ce schéma étant composé d'une série des 05 questions indispensables à l'analyse de toute réalité observable. Il s'agit des questions ; Quoi ? Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et avec quelles conséquences ?

1. Nature, acteurs et manifestation du conflit

C'est un conflit religieux, sociopolitique, culturel et économique qui se déroule dans le bassin de lac Tchad en général et au Cameroun en particulier. La région la plus affectée est l'Extrême-Nord. Le conflit attire officiellement l'attention des pouvoirs et du public en 2014 Mais en réalité ses faits s'étaient déjà produits avant122. En 2009 la secte BH, étant déjà en affrontement avec le Nigéria, a conduit certains rescapés sur le territoire camerounais.

Les principaux protagonistes sont la secte BH et l'État camerounais. BH est une secte islamique fondée par MOHAMMED YUSUF. De par sa définition, Boko Haram signifierait « groupe de partisans de la sunna pour la prédication et le Jihad 123». De manière plus précise, les acteurs de ce conflit entre autres sont ; les fanatiques, les forces régulières, les enrôlés de

120 Discours adressé à la nation le 31/12/2022, crtv.

121 Qui sa traduit en la défense populaire

122NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé, 2017 page 10

123idem

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force, intermédiaires financiers, transporteurs informels, passeurs, jeunes boursiers, affairistes, les forces de maintien de l'ordre, le gouvernement et les populations locales.

Au départ, le conflit avait une forme symétrique. Les attaques étaient frontales, aux acteurs et moyens connus. Progressivement le conflit s'est substitué en manifestation asymétrique et hybride. Ainsi interviennent les instruments tels que les bombes humaines, les kamikazes, les explosifs, les engins explosifs improvisés etc. Les jeunes camerounais sont également recrutés. Selon la source International Crisis Group, en 2016 la secte avait déjà recruté 3500-4000 camerounais124. En plus de tout ça s'introduit aussi l'instrumentalisation des clivages(en connaissant la composante religieuse et culturelle du pays).

2. Intérêts et Conséquences

Comme dans tous les conflits, il existe des intérêts visibles mais aussi d'autres cachés. Les intérêts de ce conflit comme le souligne le Pr NTUDA EBODE sont économiques, politiques, symboliques et affectifs125. Un intérêt particulier de l'incursion de BH au Cameroun est lié à la position géostratégique de celui-ci. BH combattant majoritairement à l'extérieur du pays, la région de l'Extrême-Nord du Cameroun constitue un espace de choix. Cet espace pourrait servir de base de repliement pour BH et leur permettre de contrôler leur corridor et ressources diverses.

Comme l'affirmait S.E. Jacques CHIRAC126, « la guerre c'est toujours (...) la pire des solutions parce qu'elle amène la mort et la misère ». De manière spécifique, selon les statistiques officielles, ce conflit a causé la mort de plus de 150 militaires et 1670 civils127. De plus, il a conduit à l'enlèvement de 1000 personnes ; l'on a enregistré 556 attaques, 77 attentats suicidaires128.Aussi il a conduit à déraciner plus de 325 000 personnes129. C'est tout cela qui contribue à qualifier ce conflit comme étant l'un des plus grands massacres de l'histoire du Cameroun130.

124 International Crisis Group 2016

125NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert

Stiftung, Yaoundé, 2017 page 10

126 (1932-2019) Homme politique français qui a servi a plusieurs poste de député à PR.

127NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert

Stiftung, Yaoundé, 2017 page 8

128Données affirmée par ICG, journal sahel et repris par NTUDA EBODE.

129 DTM, 06/07/2017.

130 Aziz SALATOU, journal quotidien Le Jour, numéro 1865 du 05/02/2015.

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B. Les efforts consentis par la défense populaire

Le gouvernement déclare officiellement la guerre à BH par le biais de son Président en Mai 2014131. Comme le dit à suffisance Léonardo Da Vinci132, tout obstacle renforce la détermination. C'est dans ce sens que les acteurs de la défense populaire Camerounaise face à ce conflit ont fourni des efforts. Quelques-uns d'entre eux sont les Forces de Défense, le gouvernement Camerounais, les populations locales, les médias, les entreprises locales et les groupes religieux.

1. 1. Les Forces de Défense et le gouvernement Camerounais

L'armée incarnant l'organe principal de la guerre depuis le début du conflit, elle joue un rôle prépondérant. Tout d'abord, elle a été mise sur pied pour contrer les menaces terroristes. Avant 2014, l'armée camerounaise était dans une posture beaucoup plus défensive et dissuasive. À partir de 2015, on assiste à la manifestation offensive de son opérationnalisation. Aussi, le conflit ayant une dimension transnationale, les FDS ont combattu conjointement avec le Tchad et le Nigéria. Elles ont également intervenu avec la Force Multinationale Mixted (FMM) et les Casques bleus de l'ONU qui dans ce conflit a déployé plus de 10 000 militaires. Les sacrifices consentis par les forces armées camerounaises font objet de truisme.

En ce qui concerne le gouvernement, Depuis 2014, la défense populaire camerounaise tente d'être réactivée par les autorités133. Dans le domaine diplomatique, l'État a mobilisé ses relations au plan bilatéral avec ses États voisins ainsi que les grandes puissances telles que la France, l'Amérique, la Russie etc. Ces relations lui ont permis de signer des contrats portant sur l'armement, la formation et l'équipement ; au plan multilatéral de prendre contact avec les OI, OIG et les agences de l'ONU tels que le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). Ces agences ont apporté dans le cadre de leur domaine un soutien au conflit. Ces relations lui ont permis de bénéficier de l'aide de ces institutions. C'est le cas des 50 milliards offerts au Cameroun et au Tchad par la CEEAC pour le conflit.

131 Déclaration de S.E. Paul BIYA lors de la conférence conjointe des chefs d'États à l'issue du sommet de Paris sur la sécurité au Nigéria, France le 17/05/2014

132 (1452-1519)

133NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé, 2017 page 15

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2. Les populations locales, les médias et les entreprises

Les populations locales sont les plus affectées lors des crises. Elles veulent jouer un rôle décisif dans la lutte contre BH. Leur premier apport est dans la participation aux comités de vigilance. Ce sont des groupes d'auto-défense civils constitués pour protéger leurs communautés. Des jumelles et fusils de fortune leurs sont donnés par l'armée. Leur principale motivation est la quête de la paix. C'est ce qu'affirme MOUCTARMAHAMAT134, membre du comité de vigilance de Kolofata lorsqu'il dit : « je pense que nous sommes décisifs dans ce combat, parce que c'est nous les yeux des militaires. Dans le village, nous on se connait ».

Concernant les médias, comme le dit l'adage, « celui qui détient l'information détient le pouvoir. »Les médias constituent aujourd'hui le quatrième pouvoir institutionnel135. Ils sont donc un acteur majeur en matière de conflit, car c'est par eux que l'opinion publique est informée. C'est selon leur interprétation des faits que le public est influencé. Dans le cadre de ce conflit les médias tels que la Cameroun Radio Television (chaine nationale), Canal 2 international ont grandement contribué à sensibiliser les populations. Leur rôle est principalement l'interpellation sur le lien armée-nation et la diffusion des nombreux sacrifices encourus par l'armée pour préserver l'intégrité du territoire.

Une contribution majeure médiatique dans ce conflit a été la réalisation du film la patrie d'abord136, film dédié aux forces armées du Cameroun engagées dans la guerre contre Boko Haram. Cette oeuvre n'a pas laissé les populations indifférentes et a suscité en elles le sentiment patriotique. En ce qui concerne la participation des entreprises, Bien que basiquement, elles existent avec un objectif lucratif, les entreprises camerounaises ont montré leur bonne foi et leur intérêt pour la partie. Dans ce sens, certaines sociétés ont contribué par l'apport de ressources matérielles et financières aux soldats et aux populations de l'Extrême-Nord. D'autres sont allées jusqu'à faire appel aux clients en aménageant dans leurs surfaces des caisses et urnes « solidarité ». Ces caisses servent à récolter des fonds, qui sont octroyés à la lutte contre BH. C'est le cas du supermarché Santa Lucia.

134 Interviewé par la chaine TV5monde, données consulté le 05/01/2022 sur le net 135Après le pouvoir politique, militaire et économique.

136 La patrie d'abord, film réalisé par Thierry NTAMACK, 2016

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3. Les groupes religieux

L'apport des religieux a naturellement été d'ordre spirituel. En ce sens, ils ont contribué à motiver spirituellement les militaires et à réconforter les populations affectées. Des cultes oecuméniques ont parfois été organisés pour le conflit. Des messes individuelles ont aussi été faites. Au-delà de la dimension spirituelle, leurs actions ont eu une dimension matérielle. Ainsi certains groupes religieux ont levé des fonds en vue de soutenir le pays. D'autres ont offert des fournitures et logements aux déplacés internes.

Dans le cadre du conflit avec la secte BH, la défense populaire n'a pas été indifférente. Défense populaire ne se limitant pas à un seul conflit mais renvoyant au socle de toute la politique de défense du Cameroun, il fait face à des défis.

Paragraphe 2 : Défis et Perspectives

Ce paragraphe apparait après analyse méticuleuse de la défense populaire ainsi que sa mise en épreuve. Elle a enregistré depuis son adoption des défis qui devraient être relevés. Ces défis apparaissent tant au plan théorique que pratique. Dans ce paragraphe nous tenterons de synthétiser ces défis ainsi que les perspectives et ce dans le domaine théorique (A) et dans le domaine externe (B). Pour une meilleure compréhension, les formulations seront faites de manière simultanée entre les défis enregistrés et les propositions.

A. Les Facteurs théoriques

La politique de défense du Cameroun comme toute oeuvre humaine présente des défis internes. Ces défis que nous analyserons dans les paragraphes suivants sont la vétusté de son élaboration, le rôle non défini de certains départements ministériels et la perception de la défense par la société.

1. La vétusté de son élaboration

Si nous retraçons les sources juridiques de la défense populaire camerounaise, nous observons que les deux sources qui contiennent les modalités applicables137 datent respectivement de 1967 et 1972. C'est dans ces deux sources que se matérialise la défense populaire de manière pratique. Dans les années 60-70, le PR avait une vision pour la défense populaire et tenait compte des circonstances particulières. En prenant en compte les décennies qui séparent cette période de l'actuelle, on s'aperçoit que la défense populaire actuelle date d'environ un demi-siècle. En 50ans, beaucoup de choses changent, les circonstances se

137 La loi n° 67/LF/9 et l'instruction n°03/CAB/PRU.

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transforment, le temps passe et la défense populaire telle que définie au Cameroun se fait vieille.138Le contexte dans lequel a été élaborée cette politique diffère grandement du contexte actuel. Ce domaine de la défense présente un aspect dynamique et varie en fonction des circonstances changeantes. La défense mérite donc une attention particulière. Comme recommandation il est proposé une mise à jour de la politique de défense sur une période donnée. Celle-ci sera toujours basée sur la population, mais sera en symbiose et évoluera avec le temps.

2. Le rôle non défini de certains départements ministériels

La défense populaire insiste sur la mobilisation et la participation de tous les acteurs de la société. Elle accorde une importance particulière aux départements ministériels. Cela se voit dans l'article 10 de la loi n° 67/LF/9 qui veut que tous les ministères appliquent dans leurs départements ministériels la politique de défense et qu'ils inculquent le sentiment de défense à leurs personnels respectifs. Mais après l'analyse de cette loi, on retrouve trois groupes de ministères ayant des missions précises : les ministères «phares»139, les départements ministériels économiques et les départements sociaux. Depuis lors, on a assisté à un changement du dispositif gouvernemental. D'une part, on a assisté à la création de plusieurs départements ministériels (tels que le ministère de la décentralisation et du développement local, MINDDEVEL) qui n'ont pas de mission précise définie dans la défense populaire et d'autre part, la dissolution d'anciens ministères qui avaient des tâches précises. C'est le cas du ministère de la jeunesse et des sports140. Le résultat est que, d'une part on se retrouve avec des ministères qui ont les mêmes attributions que d'autres. Et d'un autre coté des ministères qui n'ont aucune attribution spécifique. Il devient dès lors difficile pour eux de contribuer activement à la défense populaire, qui pourtant concerne toutes les structures. Comme recommandation, il est proposé une définition de tâches spécifiques dans le cadre de la politique de défense et l'attribution des rôles à chacun des ministères qui se ne retrouve pas dans la politique actuelle de défense.

3. Perception de la défense par la société

C'est l'un des plus gros challenges de la défense nationale en générale et de la politique de défense en particulier. S'il est vrai que les questions de défense font parfois objet de secret

138Il est important de noter que la défense populaire actuelle a été définie par le premier PR, S.E Ahmadou Ahidjo

139 Il s'agit des ministères ayant un lien au plus haut niveau de la politique de défense. Il s'agit du MINDEF, DGSN, MINREX et le MINAT

140 Dissout en deux ministères : le ministère de la Jeunesse et de l'éducation civique, et le ministère des sports et de l'éducation physique

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défense141, d'autres aspects méritent également d'être connus de tous. Dans ce contexte, la défense est surtout qualifiée de dinosaure, car elle absorbe un pourcentage important du budget de l'État, mais ses actions ne sont que peu connues de la société. C'est le cas de la participation au développement qui fait partie des orientations de la défense mais qui reste connue par la minorité. Une étude menée par le Dr MELOUPOU a conduit à la conclusion selon laquelle la défense ne semble donc pas une entité perçue comme une composante institutionnelle participant effectivement au développement142. Ceci n'est pas totalement vrai, car les faits démontrent le contraire. Dans la même lancée, le lien armée nation dans sa globalité depuis les années 80, est marquée par une disparition progressive de la conscience des camerounais143. Et cela s'explique par l'absence de communication faite aux citoyens. C'est ce qu'affirme NKOA ATENGA lorsqu'il dit que les questions de défense ne figurent sur aucun registre à la portée de l'homme de la rue144. Ainsi, aujourd'hui, le concept de défense populaire est pratiquement méconnu des élèves, étudiants, cadres et même des administrateurs, encore moins du citoyen lambda, alors que ce concept fait appel au sentiment de grégarité d'un peuple partageant des valeurs communes, un sentiment qui pourrait bien servir dans le contexte actuel, un concept qui pourrait servir à changer la perception qu'ont les citoyens à l'égard de la défense, un sentiment qui suscitera en chaque Camerounais le sentiment de défense et les valeurs citoyennes.

Hélas, la défense populaire s'efface de plus en plus des mémoires. Il est donc aujourd'hui plus que nécessaire de changer la donne. À cet effet, la recommandation formulée est celle d'une sensibilisation plus visible d'abord sur l'importance de la défense, une communication effective et efficace sur les enjeux d'une défense populaire, ses avantages, et le rôle de chacun du bas de l'échelle jusqu'au haut. De cette façon, les citoyens verront à quel point la défense est utile. Parallèlement, la mise en exergue des actions civilo-militaires est nécessaire.

B. Les Facteurs pratiques

La défense populaire camerounaise présente aussi des défis d'ordre pratique. Il <s'agit de la composante humaine du Cameroun, de l'actualité des menaces et la condition morale des Camerounais.

141 Niveau d'habilitation d'accès aux documents

142Jean-Pierre Meloupou « Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement », Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013 page 100

143Mahamat KOTOKO La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun, 2020page 134

144NKOA ATENGA, Les armées africaines à l'heure de la démocratie et des droits de l'homme, edicef, 1996 page 15

1. - 45 -

La composante humaine du Cameroun

La composante des peuples d'un pays comme le Cameroun n'est pas un aspect à négliger. En effet nous savons que le Cameroun est composé de plus de 250 groupes ethniques145. De plus, par répercussions des colonisations Française et Britannique, sa population est constituée de citoyens francophones et anglophones. On y retrouve également plus de trois groupes religieux (catholique, protestant, animiste). Gouverner un État avec toutes les variables et caractéristiques constitue un défi à relever. S'il est vrai que les populations sont toutes camerounaises, il n'en est pas moins vrai qu'elles ne partagent pas pour autant toutes des valeurs communes. Chaque groupe a ses principes et valeurs propres à lui, qui ne sont pas forcément celles d'un autre groupe et vice-versa. Ainsi mettre en oeuvre une défense appelant au concours de tous les citoyens devient besogneux. Surtout considérant l'aspect inhérent du conflit dans chaque société146où il faut concilier tous les intérêts des peuples. Il est donc proposé à ce sujet de développer des facteurs de cohésion sociale. Privilégier le sentiment national. C'est ce qui est fait dans ce sens par le rôle du sport en général et du football en particulier. Le football est l'endroit par excellence de solidarité nationale, mais ne dure que l'espace d'un match. Au-delà donc de ça, il convient de créer un dispositif permanent en vue d'encourager une solidarité mécanique147. Créer un lien social qui va permettre à tous les camerounais de se sentir concernés par la patrie.

2. L'actualité des menaces

Comme l'indique très bien FOUDA148, nous vivons dans un monde en pleine mutation. Un monde où les menaces ne sont plus uniquement militaires. Un monde où l'ennemi n'est plus toujours perceptible. Où il existe désormais plusieurs champs de batailles, plusieurs ennemis et plusieurs menaces à la fois. Les menaces qui autre fois, étaient maitrisables, sont actuellement hors de contrôle et de portée. Ces menaces multiples, sont de plusieurs ordres. Nous avons entre autres les menaces sécuritaires, économiques, culturelles, technologiques, techniques, nucléaires et biologiques. Ainsi il est désormais impératif de nous adapter et de nous préparer en conséquence, au risque de nous perdre dans le bateau. L'ennemi est sur tous les fronts et le

145Garga HAMAN ADJI, ainsi pourrait devenir le Cameroun », Les grandes éditions, 2004, page 33 146DURKHEIM, la division du travail social, Félix Alcan, 1893 page 68

147 Terme dédié par DURKHEIM pour décrire « une forme de cohésion sociale fondée sur la similitude des comportements et des valeurs de la société », de la division du travail social, 1893.

148 Colonel FOUDA Joseph op cit : Thèse sur la politique de défense du Cameroun : PERMANENCES ET PERSPECTIVES, République Populaire de Chine

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premier sinon le seul moyen dont nous disposons actuellement est la défense populaire. La politique de défense devra donc prendre en compte tous les enjeux liés à l'actualité en vue d'être de plus en plus efficace.

3. La condition morale des Camerounais

L'une des conditions essentielles pour garantir le succès d'une société est la discipline et le respect des institutions149. Le socle de notre politique de défense réside dans la population. Une population qui se doit d'être consciente, disciplinée et déterminée. Paradoxalement, dans notre contexte, on fait face à la problématique de la condition psychique des citoyens. La société est caractérisée par des fléaux sociaux tels que l'incivisme, le vol, la corruption entre autres. Une société où les intérêts individuels priment sur l'intérêt général. On observe plusieurs personnes qui n'ont pas de honte de se déroger ouvertement à la norme générale. Une société où les membres ont perdu tout goût à l'effort. Une société marquée par un sentiment de doute, de pessimisme, de méfiance, de sorcellerie... une société où les hommes souffrent de ce que GARGA HAMAN a qualifié de mal africain150, où les valeurs morales se dégradent de plus en plus. Tout ceci constitue un défi majeur et on se demande comment faire pour régulariser cette société en déperdition. Une société qui façonne des personnages inadaptés151. Comme proposition à ce gros défi, il est proposé de remodeler le système éducatif à la base. Ceci en se posant les 02 questions d'Eugène Fonsi152 qui sont ; quel profil d'homme faut-il construire et quelle société faut-il bâtir ? Ensuite est également proposée une formation holistique du citoyen Camerounais. En inculquant des valeurs de discipline, patriotisme, civisme et surtout celles prônées par le PR qui sont la rigueur et la moralisation153. On vise alors une société où les citoyens seront dotés de savoir, savoir vivre et savoir-faire154. C'est donc dire que sans un relèvement des défis énumérés plus haut, la défense populaire serait un combat perdu d'avance, une ambition sans postérité155.

149 S.E Barack OBAMA lors de son discours prononcé le samedi 11/07/2009 au Ghana

150GARGA HAMAN ADJI, « Le mal africain ; diagnostic et thérapie », harmattan Cameroun, 2009 page 125 151ESSAMA ESSOMBA, « Pour une réforme du système éducatif », Cameroun tribune, 16/02/2010.

152 Eugène FONSI, « L'université autrement : les principes de base de l'UEC et leurs enjeux sur la transformation sociale », Cahiers de l'Université Évangélique du Cameroun, 2012 page 23

153 Discours de S.E.M. Paul Biya adressé à la nation le 31/12/2022.

154 Dr Paul K. FOKAM, discours aux PKFOKAM awards, Yaoundé 2015.

155Mahamat AHMED KOTOKO « la défense populaire au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun, 2020 page 299

CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

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Les Objectifs de Développement Durable (ODD) concernent plusieurs domaines de compétences, même si toute la communauté s'est accordée de manière unanime sur la définition de ceux-ci. Cela fait des décennies que le concept de développement durable est évoqué dans les journaux, articles, émissions, cours, télévisions, mais son état idéal n'est pas encore atteint. Le développement durable constitue l'une, sinon la plus grande préoccupation à l'heure actuelle car elle concerne la totalité du globe. Si pour les pays dits développés, ce serait une remise en cause du modèle de développement, pour d'autres ce serait un mode de vie, une préoccupation majeure pour ne pas commettre les mêmes erreurs qu'eux, car ceux-ci se sont « mal-développés156 ». L'Afrique étant le berceau de l'humanité et abritant le 2e poumon écologique du monde157, se sent tout aussi concernée, car l'avenir du monde dépend en partie de celle-ci158. Dans le présent chapitre, il sera question d'analyser la place des ODD en Afrique. Nous allons dans un premier temps présenter brièvement l'agenda 2030 et ses principes (section

I), cela en prélude au regard particulier sur sa mise en oeuvre au Cameroun (section II).

SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE

Classiquement, les modèles de développement étaient fondés suivant une logique homo economicus159, où le plus important était la croissance économique. Progressivement cette vision s'est muée en mettant l'être humain au centre des préoccupations et plus tard a été introduit l'aspect écologique. C'est la somme de ces visions qui renvoie à ce qui est référé comme développement durable (DD). Suite à la volonté des acteurs internationaux d'être plus pragmatiques, un calendrier a été adopté afin de combattre tous les problématiques de DD une par une et de manière plus efficace, ce qui a conduit aux OMD et plus tard aux ODD. Cette section se charge de présenter les ODD (paragraphe 1) et de comprendre les principes de

156 Terme utilisé par le président français Nicolas Sarkozy, pour remettre en question le model de développement des pays du nord.2007, déclaration diffusée sur RFI le 27/11/2007.

157 Le Bassin du Congo au regard des fonctions écologiques qu'elle assume contre les changements climatiques et des écosystèmes qu'il abrite (carbone et tourbière)

158 Abdoulaye WADE, «Un Destin pour l'Afrique, l'avenir d'un continent », Michel Lafon, 2005 page 68

159Célestin TAGOU (in Pondi : repenser le développement a partir de l'Afrique : rétrospective des théories et stratégies de développement ; de Truman aux OMD) afrédit, 2015, page 36

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fonctionnement ainsi que leur innovation par rapport aux précédentes stratégies de développement (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les Objectifs de Développement Durable

C'est à la conférence de Rio 2012 que les États ont convenu que seraient élaborés les ODD pour tous les pays. En effet devant les difficultés à atteindre les OMD en 2015 et la persistance de la pauvreté en Afrique en Particulier, la communauté internationale s'est accordée sur des engagements repris par rapport aux piliers de développement durable. Trois années ont suivi pour acter que les nouveaux objectifs (ODD) fusionneraient avec les anciens (OMD). Puis au terme d'un processus participatif inédit de par son ampleur au niveau multilatéral, cela a abouti à l'adoption de l'agenda 2030 de l'ONU.

Cet agenda comprend 17 objectifs et 169 cibles, visant à traiter l'ensemble des questions du monde avenir. Cette fois on ne pensera plus seulement à certaines régions du monde, mais à l'ensemble des habitants de la planète à l'heure actuelle et même aux prochains habitants. Dès lors on se demande quel est le contenu de cet agenda, quels sont les objectifs exacts et en quoi est ce que ce nouvel agenda innove des précédents. Répondre à ces interrogations fera l'objet du présent paragraphe.

A. Illustration des 17 Objectifs du Développement Durable

Tableau 1: illustration des ODD.

Source : Organisation des Nations Unies

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B. Explication des ODD

Objectif 1 : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes

C'est l'un des plus grands fléaux sinon le plus grand sur terre, il faudrait donc le combattre sur tous les fronts. L'agenda prévoit à l'horizon de réduire au moins de moitié la proportion des hommes, femmes et enfants de tous âges vivant dans la pauvreté dans toutes ses dimensions et mettre en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous. En plus, garantir également une mobilisation importante de ressources provenant de sources multiples.

Objectif 2 : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable.

Cela consiste à faire en sorte que chacun, en particulier les démunis et les personnes en situation vulnérables y compris les nourrissons, aient tous accès tout au long de l'année à une alimentation saine, nutritive et suffisante. Il vise également de mettre fin à la malnutrition, y compris en réalisant d'ici 2025 les objectifs arrêtées à l'échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à l'émancipation parmi les enfants de moins de 5ans et répondre aux besoins nutritionnels des adolescents, des femmes enceintes et des personnes âgées.

Objectif 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être à tout âge.

Pour se faire, on vise à faire passer le taux mondial de mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes. Un combat hardi est aussi mené contre les épidémies de sida, tuberculose, paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre l'hépatite, les maladies transmises par l'eau et autres maladies transmissibles.

Objectif 4 : assurer à tous l'accès à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie

D'ici 2020, faire en sorte que toutes les filles et garçons suivent, sur un pied d'égalité, un cycle complet d'enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité. Celui-ci débouchera sur un apprentissage véritablement utile. Il vise également à éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l'éducation et assurer l'égal accès des personnes vulnérables.

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Objectif 5 : Parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser les femmes et filles

Cela consistera à mettre fin à toute forme de discrimination dans le monde basée sur le sexe. Il vise également à assurer l'accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en matière de procréation.

Objectif 6 : garantir à tous l'accès à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau.

Cet objectif vise à non seulement assurer l'accès universel et équitable à l'eau, mais surtout que celui-ci soit offert à un coût abordable. En plus de cela, il faudrait aussi garantir l'accès de tous aux services d'assainissement et d'hygiène adéquats.

Objectif 7 : Garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable.

On vise à conserver et de limiter les énergies non renouvelées pour favoriser l'accroissement de la part d'énergie renouvelable dans le bouquet énergétique mondial.

Objectif 8 : Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.

Objectif 9 : Bâtir des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation durable qui bénéficie à tous et encourager l'innovation.

Le but étant de soutenir les petites et moyennes entreprises, de promouvoir les entreprises qui respectent l'environnement et surtout d'encourager les entreprises qui produisent les produits sains. En plus de cela, de garantir à tous l'accès aux nouvelles technologies.

Objectif 10 : Réduire les inégalités dans les pays et d'un pays à un autre

Cet objectif vise à autonomiser toutes les personnes et favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment de leur âge, sexe, handicap, race, appartenance ethnique et leurs origines.

Objectif 11 : faire en sorte que les villes et établissements humains soient ouverts, résilients et durables.

On vise ici une écoconstruction, et permettre à tous l'accès aux logements, transports et communautés durables.

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Objectif 12 : établir des modes de consommation et de production durables

Il s'agit ici d'éviter les gaspillages de ressources. D'une part commencer à produire et consommer des produits en harmonie avec la nature et d'autre part appliquer les 4R du développement durable 160 pour les produits déjà existants (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler).

Objectif 13 : prendre d'urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions

Considérant les études scientifiques qui soutiennent que si rien n'est fait, d'ici 30ans les conséquences des changements climatiques se feront ressentir. On vise ici la protection de la couche d'ozone et la réduction de gazes à effet de serre entre autres.

Objectif 14 : conserver et exploiter de manière durable les océans, mers et ressources marines aux fins de développement durable.

Les ressources marines se font de plus en plus rares et la quantité d'eau potable disponible sur la planète ne représente qu'environ 2.5% de la totalité d'eau disponible sur la terre161. Les produits aquatiques commencent à disparaitre, cet objectif se veut de remédier à cela.

Objectif 15 : Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres

Veiller à exploiter de façon durable les forêts, de lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l'appauvrissement de la biodiversité.

Objectif 16 : Promouvoir l'avènement des sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable.

Le but est de garantir l'accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes.

Objectif 17 : Renforcer les moyens de mettre en oeuvre le partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser.

Considérant les enjeux, on vise dans un premier temps de sortir de la dépendance vers l'indépendance et plus tard à interdépendance. Il n'est plus possible d'évoluer sans les autres, ainsi cet objectif vise la coopération entre tous les acteurs afin d'aboutir à l'objectif global.

160 Recyclage, réemploi, réutilisation, réduction

161 Cours sur les Enjeux Stratégiques de l'Afrique Contemporaine, Pr Stéphane NGWANZA, IRIC 2021.

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Paragraphe 2 : L'émergence des Objectifs de Développement Durable en Afrique

La problématique de développement durable de manière générale fait objet de préoccupation sur la scène internationale depuis jadis. Bien que tenant sa définition officielle du rapport de 1987, elle tient ses fondements de bien plus longtemps. Il est dit que seulement entre 1972-1992, environs 18 accords sont signés pour l'environnement162. Plusieurs efforts ont été consentis pour l'évolution de ce concept, partant des simples séminaires et rapports aux agendas mondiaux. Dans l'évolution du développement durable, on note sept principaux éléments indispensables dans son évolution. Ils sont ; le club de Rome163, la conférence de Fournex164, la conférence de Stockholm165, le sommet de Nairobi, le rapport Brundtland, la conférence de Rio de Janeiro166, la première COP167, le Protocole de Kyoto168 et la conférence de Johannesburg169

Au terme de l'étude de l'évolution de ce concept on remarque qu'il a fait objet de plusieurs conférences, études, rapports et conventions des plus hautes sphères politiques et scientifiques. Toutefois un constat est clair, toutes ces réalisations (sauf une Johannesburg 2002), bien que bénéficiant de la participation des pays africains, sont faites à l'extérieur de l'Afrique. Tirant ces racines de l'expérience des pays du nord afin d'éviter que ceux du sud fassent les mêmes erreurs, tout en assurant une viabilité pour les futures générations. Dans ce paragraphe il sera question d'étudier l'émergence des Objectifs de Développement Durable de manière précise sur le territoire africain. Nous nous demandons quelles sont les circonstances

162KRISHNA RAO, « Sustainable Development, Economics and Policy », Blackwell, 2003 page 17

163Il publié un rapport en 1972 intitulé « halte a la croissance ». Ce rapport prônait déjà la cessation des ressources et la croissance zéro. Pour eux il n'était plus possible de maintenir un fort taux de croissance économique sans compromettre le futur de la planète

1641971. C'est de cette conférence que nait la notion de développement durable. Cette notion est proposé par un groupe de scientifiques et économistes164, qui première fois, proposent une théorie qui concilie a la fois la croissance économique et le respect de l'environnement.

165La première conférence de l'ONU pour l'environnement humain. C'est de la que le débat formel entre environnement et ressources naturelles commence.

1661992. C'est à partir de cette année que toute la communauté internationale place le développement durable au centre des préoccupations. Elle a réunie environs 30 000 personnes venues de 172 pays.

167 Conférence des parties : il s'agit de conférences qui se réuni chaque année pour évaluer les effets des mesures prises par les parties prenants dans la réalisation de l'objectif ultime de la convention

168Un accord international visant à la réduction des émissions des gazes a effet de serre et qui vient s'ajouter à la convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques dont les pays participants se rencontrent une fois par an depuis 1995

169 La seule tenue en Afrique, 2002. C'est à partir de là que les dimensions économiques et sociales affirmeront leurs places dans le développement durable.

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ayant conduits à l'adoption de ceux-ci en Afrique (A) et quelle est l'innovation des ODD par rapport aux précédentes stratégies de développement en Afrique. (B)

A. Des stratégies de développement en Afrique

Les objectifs de développement durable pourraient être perçus comme une continuation, une complémentarité ou une correction de l'échec de certaines des stratégies de développement implémentées dans les pays Africains. Les pays africains depuis leurs indépendances ont cherché des stratégies visant à se développer, stratégies qui malheureusement n'ont pas toujours produits l'effet escompté. Des exemples de stratégies implémentées en Afrique.

1. Ujama'a et la théorie satisfaction des besoins fondamentaux

En ce qui concerne la stratégie Ujama'a, c'est un concept swahili qui signifie en français « communauté ». C'est une stratégie essentiellement africaine qui tire ses principes de la déclaration d'Arusha170. Elle avait été proposée dans les années 1960 par Julius Nyerere171. Elle visait une solution typiquement africaine et visait l'autonomie sociale et économique. Elle était fondée sur l'autosuffisance économique (self-reliance) et la solidarité mécanique entre les membres de la communauté pour l'impulsion de son développement. Malheureusement, ne prenant pas totalement en compte tous les aspects culturels des populations locales, la stratégie sera vouée à l'échec et le président sera obligé de faire une déclaration officielle pour annoncer l'échec de la stratégie172

Concernant l'approche de la satisfaction des besoins fondamentaux (Basic Needs Approach) a été proposée par Robert Mc Namara, qui était président de la banque mondiale à l'époque173. Pour elle, la vision du développement à l'homo economicus ne marchera pas, l'effet de cascade et la modernisation ont échoué. Il faudrait donc changer d'approche. Cette fois l'homme sera placé au centre des préoccupations. On lutte contre la pauvreté et on satisfait les besoins fondamentaux des hommes. Qui à leurs tours deviendront des acteurs de leur propre développement.

170 Déclaration d'Arusha ; un discours prononcé le 05/02/1967 par Julius NYERERE pour fixer les objectifs de la TANU, le parti au pouvoir en Tanzanie

171 Alors président de la Tanzanie à cette époque

172 Julius NYERERE Socialisme, démocratie et unité africaine ; la déclaration d'Arusha, Paris : présence africaine, 1970 page 23

173Robert MCNAMARA, Address to the board of directors, Nairobi, 1973 page 3

2. - 54 -

Les approches ONG et développement local et celles de la Démocratisation, droit de l'homme et développement participatif

L'approche ONG et développement local est adoptée après les décennies perdues pour le développement174. Les pays pauvres étaient incapables de payer leurs dettes. Des principes ont donc été adoptés à Washington175, pour l'implication des Programmes d' Ajustements Structurels. On laisse vent à l'économie libérale. Les ONG entrent donc en jeu et oeuvrent au développement des localités.

Ensuite viendra les approches de la démocratisation, les droits de l'Homme et du Développement Participatif. Après la chute du mur de Berlin et de l'échec de l'APD (aide projet), le capitalisme domine la scène et une nouvelle explication du sous-développement émerge ; c'est à cause du manque de liberté d'association et politique. Pour se développer il faudrait de la démocratie, celle-ci devient donc une condition pour l'octroi de nouveaux types d'APD (aide programme). C'est à ce moment que les concepts de développement participatif et décentralisé s'imposent à la communauté internationale.

3. Les stratégies de la Démographie, genre et développement et les OMD

La stratégie de la démographie, le genre et le développement s'Inspire des études démographiques notamment de Malthus et par du postulat selon lequel la démographie joue un grand rôle dans le développement d'un pays. Pour Malthus, la population mondiale évolue de manière géométrique (1, 2, 4,8). Les ressources quant à elles évoluent de manière arithmétique (1, 2, 3,4). Si rien n'est fait il y aura manque, d'où la nécessité d'un équilibre. Aussi, les femmes constituent un grand enjeu démographique et économique. Il faudrait donc les éduquer au planning familial et à leur autonomisation.

Concernant les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), elles sont une stratégie internationale de financement des programmes de développement social et de lutte contre la pauvreté, tout en plaçant l'homme au centre des activités de développement. Cette

174Lost Decades for Development : fait référence à une période de prolongée de croissance économique lente à négative

175 Consensus de Washington : un corpus de mesures d'inspiration libérale concernant les moyens de relancer la croissance économique notamment dans les économies ne difficulté du fait de leur endettement, elle date de la période Reagan.

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stratégie a été adoptée par l'ONU et regroupe 08 objectifs176à atteindre dans une marge de 1520 ans pour aider les pays sous-développés à prospérer.

B. Innovation des ODD face aux précédentes stratégies

Inspirés des précédentes stratégies, de leurs lacunes et prenant en compte les nouveaux enjeux mondiaux et désireux de compléter sinon d'achever la vision de celles-ci, les ODD ont été adoptés comme la nouvelle stratégie de développement. À ce titre, son calendrier comprend des innovations par rapport aux précédentes. Ces innovations entre autres sont :

1. La planification temporelle et la structuration pointilleuse

Les ODD ont été formulés avec un temps de réalisation, ce que les précédentes stratégies n'avaient pas fait, sauf pour les OMD (qui s'étaient donné 15-20ans.) Avec ce mode de planification, les ODD auront des phases. Cela servira à savoir si les délais se font respecter. Cet aspect temporel agira également comme une sorte de pression afin de respecter les périodes allouées.

La structuration pointilleuse constitue une autre innovation des ODD. À la différence des autres stratégies, les ODD se veulent plus pragmatiques, à cet effet les 17 objectifs sont divisés en 169 cibles et indicateurs favorisant un suivi méticuleux.

2. La complémentarité écologique et l'universalité

L'un des piliers du DD est l'écologie, ainsi les ODD 7,13 ,14 et 15 expriment à suffisance l'importance de cet aspect. Ce que les stratégies africaines n'avaient encore prit en compte dans leur implémentation.

Concernant l'universalité, les stratégies africaines de développement étaient conçues pour l'Afrique, où à la limite pour les pays du sud en général. Les ODD viennent faire du développement une affaire mondiale, une préoccupation de tous et non plus uniquement pour l'Afrique ou les pays du Sud.

176 1-Éliminer la pauvreté et la faim ; 2 assurer une éducation pour tous,3-promouvoir l'égalité de sexes et l'autonomisations des femmes ; 4 réduire la mortalité infantile ;5- améliorer la santé maternelle ; 6-combattre le VIH/SIDA, le palu et d'autres maladies ; 7- assurer un environnement durable ; 8- mettre en place en partenariat mondial pour le développement

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3. L'étude statistique et la distinction des objectifs

Le suivi et l'évaluation statistique ne se percevaient que dans une moindre mesure dans des stratégies africaines de développement. Les ODD viendront avec une révolution statistique. Ainsi les données numériques deviennent très importantes pour le suivi.

Concerne la distinction des objectifs, Les stratégies africaines regroupaient plusieurs objectifs. C'est le cas de la pauvreté et de la faim. Les ODD se veulent plus efficaces en distinguant ces deux objectifs, car la pauvreté est différente de la sécurité alimentaire177. De plus, les ODD vont au-delà des symptômes de la pauvreté et s'attaquent aux causes profondes pour promouvoir la paix, les droits de l'Homme et la durabilité de l'environnement.

SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN

La République du Cameroun bien qu'étant un état souverain fait partie de plusieurs Organisations Internationales notamment l'Organisation des Nations Unies. Le pays a également ratifié la charte des Nations Unies. A la conférence de Rio 2012, le Cameroun faisant partie de l'assemblée générale des nations et a convenu avec les autres que seraient élaborés les ODD. Cela a abouti à l'adoption des 17 ODD le 25 septembre 2015 qui sont maintenant le calendrier mondial. Depuis lors, le Cameroun a placé les ODD à l'attention des acteurs. Des dispositions ont été prises afin d'arrimer toutes les politiques de développement aux exigences des ODD. Cette section se veut d'analyser la mise en oeuvre des ODD au Cameroun. Nous nous attèlerons à répondre aux questions de savoir qui sont les acteurs de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun (Paragraphe 1)? Et quelles sont ses défis et recommandations enregistrés dans la mise en oeuvre des ODD au Cameroun ?

Paragraphe 1 : Les acteurs de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun

De prime abord il convient de noter que les objectifs de développement concernent l'ensemble des acteurs de la société. Ainsi, chaque membre, individu, entité quelque soit l'échelon se retrouve partie prenante dans l'atteinte des ODD. S'il est vrai que le rôle de plusieurs acteurs n'est pas clairement défini dans des textes juridiques, il n'en demeure pas moins que tous les acteurs sont concernés en ce qui concerne leur domaine de compétence. Par exemple, les structures responsables de l'éducation de la jeunesse enseignent les jeunes

177La Pauvreté est le fait de ne pas avoir l'argent suffisamment pour répondre a ses besoins de base en nourriture, en vêtements et en logement. L'insécurité alimentaire existe lorsque les hommes n'ont pas la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive. Elle repose sur 04 piliers ; la disponibilité, l'accès, l'utilisation et la stabilité

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camerounais sur les ODD, leurs enjeux, leur contenu, leur importance etc. Ces enseignements se font depuis le plus bas niveau jusqu'au niveau supérieur par le biais d'unités d'enseignements. Certaines structures académiques sont allées jusqu'à créer des filières traitant directement des problématiques des ODD. C'est le cas par exemple de l'Université Protestante d'Afrique Centrale (UPAC) avec sa filière Paix et Développement ou encore du Master en Coopération Internationale, Action Humanitaire et Développement Durable offert par l'IRIC en partenariat avec l'Université de Padoue. En dehors des structures éducatives, les ménages aussi sont tout aussi concernés par les ODD de parleurs mode de vies et leurs habitudes de consommation et de gestion de leurs ressources. Nous avons également les femmes, les agriculteurs, les administrateurs, les militaires etc. En réalité, c'est toute la société qui forme les acteurs des ODD, de manière directe ou indirecte. Sur le plan normatif, sur l'étendue du territoire camerounais, il existe deux types d'acteurs dans la mise en oeuvre des ODD. D'un côté, nous avons les acteurs institutionnels (A) et d'un autre les autres acteurs (B).

A. Les Acteurs Institutionnels

1. Le Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies au Cameroun

Considérant les ODD comme étant un projet pour toute l'humanité, ils revêtent également un caractère supranational. Nonobstant ce caractère supranational, leur mise en oeuvre s'opère spécifiquement en fonction des différents pays et leurs contextes, d'où la nécessité d'un acteur représentant de l'ONU; le coordonnateur résident des Nations Unies au Cameroun. Le rôle de l'ONU dans ce cadre est l'accompagnement de l'État, des OSC, du secteur privé et des partenaires au développement dans la conception et l'implémentation des activités favorables à la mise en oeuvre des ODD178.

Le bureau du Coordonnateur résident est la structure principale d'appui aux actions et activités. Il vise à optimiser le travail de l'ONU au Cameroun, dans l'optique de répondre de manière collective et coordonnée, intégrée et ordonnée aux besoins et aux priorités des nationaux, dans le cadre des ODD et des autres engagements nationaux.

Le coordonnateur résident est le chef de l'équipe-pays des Nations Unies au Cameroun. Sa principale mission est de réunir l'ensemble des agences des Nations Unies pour l'amélioration et la cohérence de leurs actions au service du DD au Cameroun, ceci de manière

178 Propos recueillies sur le site des Nations Unies au Cameroun, cameroon.un.org, consulté le 27/01/2023 à 10 :17

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efficace. Au plan opérationnel il assure la coordination des activités des Nations Unies afin de mettre en symbiose l'aide qu'offre les Nations Unies et les priorités nationales de développement et la demande de renforcement des capacités en conformité avec les traités internationaux et les Objectifs de développement179.

2. Le Responsable gouvernemental : Le Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT)

De manière générale, le MINEPAT est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique économique de la nation ainsi que de l'aménagement du territoire180. Il est placé sous l'autorité d'un ministre, assisté d'un ministre délégué et a pour vision la contribution à l'accélération de la croissance inclusive et durable pour l'émergence du Cameroun181.Dans le cadre des ODD plus précisément, au niveau central, le MINEPAT assure et coordonne la mise en oeuvre et le pilotage technique, la coordination interministérielle des politiques, programmes, projets et interventions. Au niveau régional et local, grâce à la décentralisation, la mise en oeuvre et le suivi sont gérés par les entités régionales et communales.

Le principal rôle de ce département ministériel est le rapport d'examen national volontaire sur la mise en oeuvre des ODD. Son objectif est d'examiner l'état de mise en oeuvre des ODD et de le présenter au Forum politique de haut niveau182 sur le développement durable. Ce forum qui regroupe entre autres les organismes du système des nations unies, la société civile, les administrations publiques et il permet également de voir les avancées des ODD.

Entre 2016-2021, six fora ont été organisés et le Cameroun a présenté deux rapports déjà. Le premier rapport a été présenté au cours du forum de 2019 intitulé « donner des moyens d'actions aux populations et assurer l'inclusion et l'égalité ». Le deuxième a été présenté au forum de 2022 présidé par le ministre délégué au MINEPAT intitulé « reconstruire en mieux après la pandémie du corona virus 2019 tout en avançant sur la voie d'une mise en oeuvre intégrale du programme de développement durable à l'horizon 2030 ».

179 Idem

180 Décret n° 2008/220 du 04 juillet 2008

181 Propos recueillis sur le site de MINEPAT ; minepat.gov.cm, le 27/01/2023 à 11 :03

182 Forum politique de haut niveau ; elle est la principale plateforme mondiale pour le suivi et l'examen du programme de développement durable à l'horizon 2030 et des objectifs de développement durable.

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N.B. : la coopération entre ces deux acteurs a été matérialisée par un plan cadre de coopération183 entre le MINEPAT et Système des Nations Unies. Ce plan cadre est en fait un document qui s'appuie sur les succès fructueux de la coopération entre l'ONU et le Cameroun ayant à coeur l'agenda 2063 de l'UA, les ODD et la SND30. Il vise à faire du Cameroun une terre d'opportunités, d'engagement citoyen et de bien-être des populations. Ce plan permettra aux 22 agences des Nations Unies au Cameroun de mettre en oeuvre des Interventions pragmatiques alignés à la SND30 dans le cadre de 04 priorités stratégiques : Une croissance inclusive et durable ; un développement humain et social de dualité, inclusif et équitable ; un appui institutionnel et une participation citoyenne ; et une durabilité environnementale et gestion efficace des risques climatiques et des catastrophes.

B. Les autres Acteurs Nationaux 1. La Société Civile

La société civile est devenue un acteur incontournable des ODD. son rôle ne fait plus affaire de débat depuis la conférence de Rio de Janeiro ou sommet de la terre tenue en juin 1992 qui avait réuni 30 000 personnes provenant des États, Organisation Internationales et de la société civile. L'ODD 17 insiste sur le rôle du partenariat pour le développement, ce qui implique une collaboration entre tous les acteurs. Au Cameroun, la société civile joue un rôle dans la mise en oeuvre des ODD de part leurs fonctions manifestes (fonction tribunicienne ; production et diffusion de l'information et de la connaissance ; assistance et capacitation). Et aussi par des fonctions latentes (fonction supplétive, critique, contestation et contrepouvoir à l'action, renforcement de l'action publique et privée). A ce titre, il devient non-envisageable de concevoir la mise en oeuvre des ODD sans la participation des acteurs de la société civile. Au Cameroun, il existe deux principales catégories d'acteurs de la société civile qui ont été enregistrés. D'une part l'Association Camerounaise pour les Nations Unies et d'autre part les associations reconnues.

a. L'Association Camerounaise pour les Nations Unies (ACNU)

L'Association Camerounaise pour les Nations Unies est une association officiellement reconnue par les pouvoirs publics et agrée par le MINREX. Elle participe à conduire les populations en général et les jeunes particulièrement à s'intéresser aux objectifs des Nations

183Plan cadre de coopération183 des Nations Unies pour le développement du Cameroun 2022-2026, publié le 16/09/2021

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Unies en général et aux Objectifs de développement durable en particulier, en vue d'un développement et du mieux-être des camerounais. L'ACNU fait partie de la Fédération Mondiale des Associations des Nations Unies184et en est le principal organisme. On parle encore du programme de l'ACNU qui est le Parlement Junior Africain pour les Nations Unies, représentation du Cameroun.

Le Parlement Junior Camerounais pour les Nations Unies est une structure qui permet aux jeunes de devenir des citoyens qui participent à la direction des affaires de l'État et d'impliquer les jeunes à formuler des politiques publiques, tels que requis par l'ONU dans sa résolution 2250. Elle est une plateforme qui donne aux jeunes la possibilité de simuler des fonctions politiques. Au sein de ce parlement l'on retrouve plusieurs chambres ; les diplomates juniors, les députés juniors, les hauts commissaires et ambassadeurs juniors ainsi que les sénateurs juniors. Le choix dépendant de l'âge et du niveau d'étude des membres.

L'ACNU compte plusieurs autres programmes qui sont ; ACNU média185; Institut Africain pour les Nations Unies186, le Fonds International d'investissement et de solidarité187; les programmes Miss master188

b. Les autres associations

La république du Cameroun permet à tous les camerounais de former des groupements en vue de mener des activités ayant pour but la réalisation d'intérêts communs189. Ainsi nous avons entre autres les associations familiales, culturelles, sportives, touristiques dépendant de la composition des membres et du but recherché par ceux-ci. Ainsi plusieurs camerounais désireux d'apporter leurs pierres à l'édifice de la nation et conscients des enjeux du développement durable ont rejoint ou crée des associations aidant à la réalisation des ODD. Les membres desdites associations peuvent donc mener des actions de visant à réaliser certains

184 La FMANU est une organisation mondiale à but non-lucratif qui représente et coordonne plus de 100 associations nationales pour les Nations Unies et leurs milliers de membres avec pour vision d'accompagner les actions de l'ONU.

185Qui est un programme qui passe par divers canaux (radio, tv, presse écrite, web etc.) pour la production, diffusion, traitement, diffusion et vulgarisation et d'influencer l'opinion publique sur les actions de l'ONU 186Qui éduque les enfants camerounais de façon générale sans se substituer à l'école mais plutôt en complément à la formation scolaire et académique offrant une formation pratique sur les idéaux des nations unies en générale et les ODD en particulier

187Qui vise à permettre aux jeunes de développer des idées et conduire leurs recherchas sur les initiatives qui permettront d'améliorer les conditions de vies dans la société

188Qui visent à traduire d'une part les us et coutumes camerounaise dans le langage et la mode d'expression moderne de l'ONU et vice-versa.

189 La loi de 1990 relatif à la liberté d'association.

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ou la totalité des ODD. Il existe des associations qui luttent contre la dégradation de l'environnement par le recyclage et la transformation des ordures tels que l'association « Youth Initiative for Nature and Development (YIND) ». Nous avons des associations qui oeuvrent pour l'assistance médicale via l'organisation de campagnes de santé lors desquelles des vaccins et médicaments sont distribués. L'une d'entre elles est l'association Médicale« Take Care ». Nous avons également des associations qui oeuvrent dans la coopération, la culture ou l'Action Humanitaire tels que l'Association « Elite Cameroun ».

Nombreuses associations sont enregistrées et oeuvrent directement ou indirectement à la réalisation des ODD au Cameroun.

2. Le secteur Privé

Le secteur privé aujourd'hui représente un acteur stratégique à l'atteinte des ODD. C'est ce qui pense le coordonnateur résident des Nations unies au Cameroun lorsqu'il place le partenariat avec le secteur privé comme l'un des trois objectifs prioritaires au Cameroun.190S'il est vrai que dans une grande mesure, le principal objectif des entreprises c'est de faire de faire profit, il n'en demeure pas moins qu'elles contribuent à améliorer les conditions de vies des citoyens et à résoudre leurs problèmes par la satisfaction de leurs besoins, des besoins qui s'avèrent parfois fondamentaux. Les entreprises contribuent à la réalisation des ODD de manière individuelle mais aussi de manière collective.

Sur le plan individuel, c'est-à-dire que si l'on prend les entreprises opérant au Cameroun quelque soit leur domaine d'activité, chacune d'entre elle contribue à accomplir au moins quatre des ODD. Notamment; la création de l'emploi décent (ODD 8), la lutte contre la pauvreté par la création des richesses (ODD 1), la réduction des inégalités par l'inclusion de toutes les couches de la société (ODD 10), l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes par la création d'entreprises par celles-ci et/ou leur recrutement dans les entreprises existantes (ODD 5).

Concernant le plan collectif, au Cameroun, les entreprises agissent aussi de manière collective par les actions communes avec d'autres entreprises locales et internationales. Ces partenariats reflètent en quelque sorte l'ODD17 qui vise un partenariat au développement. Il

190 Matthias Z. NAAB lors de sa rencontre avec le président du GICAM Célestin TAWANBA le 22/09/2021 au siège du GICAM, dans le cadre de sa tournée dans la capitale économique du pays. Propos recueillis sur le site du GICAM « legicam.cm » consulté le 29/01/2023 à 11 :40

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existe une entité représentative du secteur privé au Cameroun ; le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM).Le GICAM est le porte-parole des entreprises. Il est membre de la majorité des instances qui traitent des problèmes de celles-ci. Il assure des fonctions économiques, des fonctions juridiques et des fonctions sociales. Le GICAM par ailleurs contribue à rallier les entreprises à l'atteinte des ODD.

De manière plus pratique le GICAM contribue aux ODD par l'amélioration du climat des affaires au Cameroun, la croissance économique et la révision du code de travail et plaidoyer sur le travail décent (ODD 8), la promotion de l'entreprenariat et du leadership féminin (ODD 5), le partenariat avec le Bureau International du Travail, sur les ODD (ODD 17), le code de la bonne gouvernance des entreprises (ODD 16).

Jadis, la logique voulait que pour se développer il fallait produire, et pour produire il fallait détruire191, mais avec l'avènement du DD, les entreprises deviennent de plus en plus soucieuses des effets néfastes de leurs productions. Cette volonté se traduit au plan juridique et politique par le principe de la Responsabilité Sociale et Environnementale des Organisations. Par ce principe, même si les entreprises veulent gagner, il faudrait néanmoins que cela se fasse suivant le respect de certaines normes sociales et environnementales.

Paragraphe 2 : Défis et recommandations pour l'atteinte des objectifs du développement Durable au Cameroun

Les Objectifs de développement durable constituent la nouvelle politique de développement de la planète, du continent africain et du Cameroun. L'application d'une politique avec une aussi grande envergure ne pourrait se faire sans affronter certains défis. Si au plan national, la SND30 malgré son efficacité fait face à des défis, l'agenda 2063 de l'UA ne s'en sort pas non plus au plan continental. Il est donc compréhensible que les ODD des Nations Unies affrontent également à leur tour des défis dans la mise en oeuvre des ODD au Cameroun comme dans tous les pays. Ces défis peuvent êtres communs dans tous les pays dépendamment des conditions particulières de chaque pays. Dans ce paragraphe il sera question de ressortir les défis liés à la mise en oeuvre des ODD au Cameroun et quelques recommandations.

191Gilbert RIST, « le développement : Histoire d'une croyance occidentale. Paris/ Presses de Sciences Po. », 2001 page 29.

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A. Les défis théoriques

1. La généralisation des objectifs vs la singularisation des territoires

La mise en oeuvre des ODD passe par le défi de La généralisation des objectifs vs la singularisation des territoires. L'agenda 2030 est une série d'objectifs fixés pour l'ensemble des peuples et pays du monde, quelque soit leurs régions, climats, conditions, contexte. Le but est de rallier toutes les nations à la même cause avec les mêmes critères, ambitions et modalités. Le problème est que les réalités sur le terrain ne sont jamais pareilles, elles diffèrent de pays en pays dépendant des conditions spécifiques de ceux-ci. Ainsi la réalisation de certains objectifs peut être favorable dans un pays et non-favorable dans un autre. C'est le cas par exemple l'ODD 15 qui vise la protection des forêts. Il est compliqué car les populations de certaines localités se retrouvent face aux exigences d'habitation, du besoin de source d'énergie et besoin de terre à cultiver. Nous savons que les forêts servent comme source d'énergie, les bois comme matériaux de construction, ce qui rend cet objectif un peu compliqué à atteindre, faute de moyen de substitution accessible aux populations.

2. L'élément culturel et le caractère irréaliste de certains ODD

Au plan culturel, l'une des particularités du Cameroun est l'attachement profond de son peuple à ses us et coutumes. Les peuples camerounais revêtent un attachement culturel très profond, ce qui les rend capables de rejeter certaines lois qui n'entrent pas en accord avec leurs pratiques habituelles. Cet attachement constitue un défi pour les ODD dans le sens où certains d'entre eux ne soient pas en total accord avec les cultures des peuples, ou alors en contradiction avec celles-ci. C'est le cas de l'ODD 5 qui vise l'égalité des sexes, un objectif qui ne se conçoit pas chez les peuples patriarcaux comme ceux du grand Nord Cameroun.

Concernant le caractère irréaliste de certains ODD, ce que nous voulons dire ici est que considérant la marge de temps allouée à l'atteinte de l'ensemble des ODD (qui est de 15 ans), il est improbable que certains des ODD soient atteints à cette période. C'est d'ailleurs ce qui pousse le président du GICAM192 à qualifier certains d'entre eux d'irréalistes. C'est le cas de ODD 9 (innovation et infrastructures durables) ou encore l'ODD 11 (villes et communautés durables).

192 Célestin TAWAMBA, Rencontre avec le représentant résident des Nations Unies 22/09/21 , op cit

- 64 -

B. Les défis pratiques

1. L'instabilité sociopolitique

La paix est la condition sine qua non au développement d'un pays. Lorsque cette paix est affectée, cela constitue un frein à son élan de développement. Bien que jouissant de plus d'une décennie de paix, le Cameroun depuis quelques années fait l'objet de certaines incursions sporadiques. Les plus fulgurantes d'entre elles étant la crise de Boko Haram193dans le Nord du pays et le conflit anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces conflits ont eu des conséquences dans le pays tels que les pertes en vies humaines, la perte en ressources matérielles et financières, la fuite des investissements, la migration, la paralysie de l'économie. Tous ces fléaux constituent un frein à la mise en oeuvre des ODD car compromettant la paix, le développement ne pourrait qu'être affecté.

2. La pandémie de la Corona virus (COVID-19)

Elle a été l'un des plus gros défis des ODD au Cameroun en particulier mais aussi partout ailleurs. Elle a causé plusieurs effets néfastes au plan politique, social, économique, environnemental, sanitaire. Au plan éducatif (ODD 4), elle a affecté environs 6.3 millions d'élèves et environs 40 000 apprenants194. En matière d'autonomisation des femmes (ODD 5), l'on a assisté à une vulnérabilité plus accrue de femmes et filles aux effets socio-économiques de la pandémie195. Aussi l'écotourisme a subi une chute considérable, qui constituait une bonne partie des finances des opérations au projet d'écosystèmes ; cette chute est quittée de 211.4 millions de francs en 2017 et a diminué de 74% en 2019196. C'est autant de choses qui démontrent à suffisance que la COVID-19 a constitué un gros défi, car jusqu'à présent ses effets se font encore ressentir.

193 Voir chapitre 1 paragraphe 1 pour les détails

194 Examen National volontaire des ODD au Cameroun : ODD 4

195 BUCREPP, évaluation rapide de l'impact genre de la covid19 sur les conditions des hommes et femmes au Cameroun, 2020.

196 Examen National Volontaire des ODD Cameroun ODD 15

- 65 -

CONCLUSION PARTIELLE

Cette première partie dont l'ossature était constituée du cadre configurationnel des deux pièces maitresses de notre travail arrive à sa fin. Il était question pour nous de procéder à une analyse de praxis des concepts, ceci en prélude à la deuxième partie qui se focalisera sur une analyse plus interactive.

Il en ressort que le lien armée nation est manifesté au Cameroun par le concept de défense populaire. Ce lien ne repose pas sur des ressources techniques, technologiques, financières, économiques mais essentiellement sur l'adhésion du peuple tout entier et la contribution de tous et de chacun quel que soit son niveau ou son domaine. Elle est bien élaborée sur le plan juridique et a parfois eu l'occasion de se réaffirmer lors de mises à l'épreuve circonstancielles en contextes de crise. Bien que ce concept date de plusieurs décennies et fasse face à une multitude de défis, il est encore d'actualité malgré la mobilisation qui se dégrade progressivement. Il serait peut-être temps de remédier à cela et de l'adapter à l'évolution des menaces.

D'un autre côté, une préoccupation universelle, la problématique mondiale visant à rallier tous les peuples à une seule et même vision se dessine, tirant ses fondements de l'extérieur de l'Afrique et des carences liées aux multiples stratégies africaines pour le développement. Nous avons exploré son cadre normatif mais aussi et surtout sa re-contextualisation sur le plan national avec les acteurs de sa mise en application. Il est vu que comme le lien armée-nation, le développement durable est une préoccupation qui interpelle l'ensemble des acteurs de la société civile et concerne tout le monde. Elle aussi ne s'applique pas sans défis, des challenges qu'il faudra sans doute surmonter pour le bien être des peuples.

- 66 -

DEUXIÈME PARTIE :

LA NÉCESSITE D'INTÉGRER LA DÉFENSE POPULAIRE
A L'ATTEINTE DES ODD

Notre première partie avait pour but de nous fournir les rudiments nécessaires à la maîtrise de nos deux concepts clés. Cette partie portera donc sur un autre angle de vue. Il y sera question de semer les fondements d'une alliance novatrice. Si les chapitres précédents nous ont permis de constater les forces et faiblesses de chacun des concepts, ceux-ci nous permettront d'affiner l'utilisation de ces données. Il est temps de pousser la réflexion vers une vision conciliatrice, tout en considérant la double exigence de paix et de développement que les pays se veulent d'assurer en garantissant par la même occasion la sécurité des populations et l'amélioration des conditions de vies de celles-ci ;elles-mêmes étant au centre de la pleine réalisation du processus. Mener à bien un tel projet n'est pas facile mais pas impossible d'où la nécessité de commencer le plus promptement possible. Cela dit, cette partie sera donc divisée en deux principaux chapitres. Dans un premier temps, nous mènerons une étude statistique pour situer le niveau de connaissances et la perception de la population sur notre problématique (Chapitre 3). Dans un second temps, nous allons étudier la corrélation existant entre nos deux concepts, les ressemblances et les divergences tout en explorant les pistes de réflexion sur la possibilité d'une interaction innovatrice (chapitre 4).

CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE LA DÉFENSE POPULAIRE
CAMEROUNAISE VERS SA MOBILISATION AUX ODD

Si les premiers chapitres avaient pour objet d'élucider la communauté sur la défense populaire ainsi que les objectifs de développement durable, ce chapitre aura tout un autre objet. Ce travail se voulant à la fois pertinent et pragmatique, nous avons pensé à réaliser une enquête. Cette enquête porte sur la perception des camerounais de la réalité de la défense populaire. L'objectif premier étant d'évaluer le niveau de connaissance voire de compréhension de ceux-ci sur leur politique de défense. On part du postulat idéologique de la défense camerounaise selon lequel, le socle de la défense au Cameroun repose sur les populations faisant de cette défense l'affaire de tous197. En rappel, sont concernés par les problématiques de défense populaire tous les acteurs de la société, partant du paysan ou du simple citoyen lambda en passant par la jeunesse, par les commerçants et entrepreneurs jusqu'au plus hauts cadres, responsables et autorités. Mener donc une étude du genre saurait recueillir la perception générale que les populations ont de la défense populaire ainsi que de leur apport à l'atteinte des objectifs de développement durable. Il s'agira de décrire cette perception de manière à la rendre opérationnellement exploitable par des concepts et procédés statistiques de manière à faciliter l'accès et ses analyses, interprétations et présentations. Ce chapitre sera structuré en deux principales sections. Dans un premier temps, nous allons présenter le cadre méthodologue et le matériel (SECTION I) et après suivra une présentation et une interprétation des résultats obtenus. (SECTION II).

- 67 -

197 Selon la Constitution de la République du Cameroun, préambule.

- 68 -

SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET MATÉRIEL

D'un côté, nous présenterons l'environnement (cadre, population et période d'étude, technique d'échantillonnage et échantillon d'étude qui constitueront le paragraphe 1). Ensuite nous présenterons le matériel, la procédure de collecte et de traitement des données (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'environnement

Dans cette partie sera présenté les circonstances de notre étude. Seront présentés la zone d'étude, la population étudiée ainsi que la période durant laquelle notre étude a été menée (A). Ensuite sera présenté l'échantillon et les techniques utilisées pour l'obtenir (B). Pour une meilleure visualisation de l'étude, quelques figures seront présentées en complément aux explications.

A. Cadre, population et période

1. Cadre

- Le Cameroun étant notre zone d'étude, l'enquête s'est déroulée dans ce pays. L'étude

s'est menée principalement dans la ville de Yaoundé pour les raisons suivantes ;

- Elle est la capitale politique, à ce titre elle est le siège de la majorité des institutions politiques, militaires et académiques.

- Sa situation géographique et de métropole concentre un effectif considérable et un mélange hétérogène de la composante humaine198. On y retrouve chacun des acteurs de la défense populaire. Et sa position la rend au centre des autres régions.

- C'est aussi dans cette ville que s'est déroulée notre stage académique ; au Ministère de la défense.

N.B. : Néanmoins, grâce aux NTIC199 nous avons pu étendre notre recherche vers les autres régions. Des questionnaires numériques ont étés remplis par des personnes résidents dans les autres localités du Cameroun via une plateforme dédiée à cet effet.

198 Aux plans Professionnels, Sociaux, Religieux et mêmes Culturels.

199 Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

- 69 -

2. Population et période

a. Population

Notre étude concerne les populations camerounaises en général, et les acteurs de la défense populaire camerounaise.

b .Période

Notre étude s'est passée en deux temps. D'abord un stage académique au ministère de la défense en septembre et octobre 2021. Ensuite la phase entretiens et passage aux questionnaires s'est déroulée en janvier et février 2023.

B. Technique d'échantillonnage

Considérant les facteurs tels que l'importance démographique, la partition géographique, la mobilité dans l'espace et le temps, et surtout les ressources physiques, matérielles et financières, contacter l'ensemble des populations s'est avéré non-faisable. Nous avons opté dans le cadre de cette étude pour un échantillon probabiliste200, et plus précisément un échantillon aléatoire simple201. Nous avons pensé que toutes les personnes accessibles représenteront l'ensemble des acteurs de la défense populaire, c'est-à-dire notre population cible.

Nous avons distribués 50 questionnaires physiques et 70 questionnaires numériques, soit un total de 120 questionnaires pour cette enquête.

Sur les 120, deux répondants ont interrompu leurs réponses avec pour raison le caractère sociopolitique sur lesquelles ils n'ont pas de position à exprimer. Nous avons donc exclus ces deux questionnaires.

L'effectif total de notre échantillon s'est donc réduit à 118 sujets.

200Elle fait référence à la sélection d'un échantillon d'une population lorsque cette sélection repose sur le principe de la randomisation, c'est-à-dire la sélection au hasard ou aléatoire

201Dans un échantillonnage aléatoire simple, chaque unité d'échantillonnage de la population a une chance égale d'être incluse dans l'échantillon. Par conséquent, chaque échantillon possible a aussi une chance égale d'être sélectionné

- 70 -

1. Répartition en fonction de sexe et de l'âge

a. Répartition en fonction du sexe

Figure 1: Répartition de l'échantillon selon le sexe

Sur les 118 personnes interrogées, nous avons eu 50 hommes répondants (42%) et 68 répondantes femmes (58%).

b. Répartition en fonction de l'âge

6

10

80

70

60

50

Distribution selon l'âge (An) Distribution selon l'âge (An)

40

30

21

20

12

2 2 2

0

<17 18-25 26-34 35-43 44-52 53-60 >60

73

Figure 2: Distribution de l'échantillon selon l'âge

- 71 -

Parmi les 118 sujets enquêtés, la tranche la plus représentée est celle de 18-25ans avec 73 répondants (62%), suivie par celle de 26-34ans avec 21 répondants (18%), en troisième lieu nous avons la tranche 35-43ans avec 12 répondants. en quatrième nous avons les personnes de 17ans en descendant représentées par 6 répondants (5%). les tranches avec le moins de répondants sont celles de 44-52 ( 2 répondants), 53-60 (2 répondants) et les plus de 60ans (2 répondants).

2. Répartition en fonction de la profession, du niveau d'études et de la langue parlée

a. Répartition socioprofessionnelle

50

45

40

35

nombre de sujets

30

25

20

15

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

43

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Catégorie socio

professionnelle

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

12 12

11

 
 
 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 

7

 
 

7

 
 

6

 

5

5

 
 
 
 

5

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 

2

Figure 3: Répartition de l'échantillon selon la catégorie socioprofessionnelle

Parmi les 118 sujets, nous avons eu 06 élèves, 43 étudiants, 05 chômeurs, 12 entrepreneurs/homme d'affaires, 07 enseignants, 02 commerçants, 05 militaires, 02 transporteurs, 11 fonctionnaires/agents de l'état, 10 employés privés, 07 personnels de santé, 03 cultivateurs et 05 personnes se situant dans des catégories autres que celles citées.

b. - 72 -

Répartition en fonction du niveau d'études

35

30

25

20

15

10

0

5

4

12

22

4

Nombre

32 32

4

8

Nombre

Figure 4: Répartition de l'échantillon selon le niveau d'étude

Parmi nos 118 sujets, le niveau regroupant les plus grands nombre de répondants sont ceux titulaires du Master et de la licence avec 32 répondants chacun. Vient ensuite les titulaires du baccalauréat avec 22 répondants. Les titulaires du BEPC sont 12. Les personnes ayant un niveau autre que ceux cités sont 08. Les répondants titulaires du doctorat et du BTS ont étés composés de 04 répondants chacun.

c. Répartition en Fonction de la langue parlée

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Français
uniquement

30

anglais
uniquement

2

Nombre

francais et anglais

84

autres

2

Nombre

Figure 5: Répartition de l'échantillon selon la langue parlée

- 73 -

L'échantillon était constitué majoritairement de répondants bilingues, constituants 84 personnes sur 118. Les répondants parlant uniquement le français étaient au nombre de 30, ceux parlant uniquement l'anglais étaient 2 et les personnes ne parlant aucune des deux langues officielles étaient au nombre de 2.

Paragraphe 2 : Matériel, procédure de collecte et traitement de données

Cette étude relève de l'approche mixte. C'est-à-dire un jumelage des analyses quantitatives et des analyses qualitatives. Dans le domaine qualitatif nous avons eu recours à la recherche documentaire, l'observation et les entretiens (A). Et de l'analyse quantitative nous avons eu recours aux questionnaires (B).

A. La recherche documentaire, l'observation et les entretiens, Mode

d'administration de questionnaire

1. La recherche documentaire

Notre thème porte sur la défense populaire et les Objectifs de développement durable, nous avons donc eu recours à certains travaux en rapport avec chacun de ces concepts. Nous avons été dans des bibliothèques202. Nous avons également consulté internet.

2. L'observation et les entretiens,

Nous avons effectué un stage académique au Ministère de la Défense. Nous avons également procédé à des entretiens semi-directifs à questions ouvertes et réponses libres aux autorités, aux élites comprises par la défense populaire camerounaise. Nous avons notamment obtenu des entretiens avec des personnes ressources tels que ;

- Le Colonel, sous-chef études générales et relations internationales à l'État Major des armées (autorité militaire)203

- Le Secrétaire Général de l'Église Presbytérienne Camerounaise (autorité religieuse)204

- Un Ancien Ministre de la défense du Cameroun et également ancien secrétaire d'État à la défense en charge de la gendarmerie (autorité administrative)205

202 Notamment celles de l'institut de Relations Internationales du Cameroun, de l'Université Protestante d'Afrique Centrale, de l'Université de Yaoundé II et du Centre de Recherche en Politique et Stratégie.

203 Colonel EKWAINGEN Michael entretien pendant le stage, le 04/10/2021 à Yaoundé 204Rev. ABESSOLO ZE Célestin, entretien obtenu le 07/02/2023 a Yaoundé

205 M. ZE MEKA Rémy, entretien obtenu le 21/02/2023 a Yaoundé

- 74 -

- Un ancien Délégué Général à la Sureté Nationale, ancien Secrétaire d'État à la défense, et ancien Ministre délégué au ministère de l'Administration Territoriale et également ancien Sénateur206

- Une Député de la Nation, ancienne Vice-présidente de l'Assemblée Nationale 207

- Un Officier de Police, chef du poste d'identification CE73208

-Un adjoint au Sous-préfet de l'arrondissement de Yaoundé 7 (chef de circonscription administrative)209

- Une Sénatrice Junior du Cameroun pour les Nations Unies (parlementaires et jeunes) 210.

3. Mode d'administration de questionnaire

Le questionnaire a été distribué de deux manières. En ce qui concerne les questionnaires physiques, nous nous sommes rendus dans des espaces publics tels que le supermarché playce, le carrefour poste centrale et la station total Olezoa pour multiplier nos chances de croiser toutes les couches sociales et acteurs de la défense populaire. Pour les questionnaires numériques, nous les avons partagés via les réseaux sociaux tels que WhatsApp et les boites e-mail.

B. Le traitement de données et les difficultés rencontrées

1. Traitement

Après la récupération des questionnaires, nous avons opéré un dépouillement manuel afin de ne pouvoir retenir que les spécimens exploitables. Après ce traitement, nous avons utilisé le logiciel Microsoft office Excel pour le traitement.

2. Difficultés rencontrées

En ce qui concerne les entretiens, nous avons été confrontés à la difficulté de rencontrer les personnes ressources étant donné leurs différentes occupations et le contexte actuel.

Aussi, le caractère muet et le droit de réserve de la défense ont constitué un défi.

En ce qui concerne les questionnaires, certains des citoyens était réticents et hésitants. D'autres n'étaient pas intéressé.

Aussi, considérant le vaste champ de la population cible, il a été compliqué de toucher tous les acteurs de la défense populaire.

206 M. EDOU Emmanuel, entretien obtenu le 22/02/2023 a Yaoundé 207Honorable ABUNAW Rose, entretien obtenu le 24/02/2023 à Yaoundé

208 OP2 EVEZO'O EVEZO'O Pierre Germain, entretien obtenu le 20/20/2023 à Yaoundé

209 Mme EBALE Nancy Esther entretien obtenu le 20/02/2023 à Yaoundé

210 Honorable FEUYEM Charline, entretien obtenue le 09/02/2023 à Yaoundé

- 75 -

Enfin, le fait que cette étude constitue notre premier travail de recherche à été un défi, car étant néophyte de la science, nous ne maîtrisons pas encore toutes les astuces.

SECTION II : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

La présentation des travaux a été précédée par le dépouillement des questionnaires que nous allons voir en annexe de ce document. L'analyse statistique a permis d'interpréter les résultats obtenus dans les différentes questions. Dans un premier temps nous allons exposés les résultats relatifs à la connaissance du concept défense populaire (paragraphe 1) et dans un deuxième temps nous allons présenter les résultats relatifs à la relation armée-nation et la problématique de développement (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Connaissances générales

Ce paragraphe sera constitué de deux parties. Nous allons commencer par la présentation du niveau de connaissance propre du concept (A) ensuite nous allons présenter la perception sociale de l'armée (B).

A. Connaissance du concept de défense populaire

Pour ce faire nous avons formulé 03 questions qui étaient ; avez-vous déjà entendu parler du concept de défense populaire ? ; De quelle manière avez-vous entendu parler de ce concept ? ; à quel niveau pensez-vous connaitre la défense populaire ?

1. Connaissance du concept de défense populaire

40%

non

60%

oui

Figure 6: Connaissance du concept de défense populaire

- 76 -

Sur un effectif total de 118 répondants, 71 (soit 60%) sujets affirment avoir entendu parler du concept de défense populaire et 47 (soit 40%) affirment n'avoir jamais entendu parler du ce concept. Ce qui signifie que ce concept est connu de la majorité de la population, même si une partie considérable ne le connait pas.

2. Moyen de connaissance du concept de défense

Considérant le fait qu'il n'y ait que 71 sujets qui ont entendu parler du concept, cette question s'est adressée uniquement à ceux-ci.

internet/autres

23%

conversations

39%

TV/Radio

27%

cours

3%

livres/journaux

8%

Figure 7: Moyen de connaissance du concept de défense populaire

Sur les 71 sujets ayant entendu parler du concept de défense populaire, la majorité soit 26 personnes affirment avoir ouï-dire de ce sujet dans les conversations. 19 personnes affirment avoir connu le concept à la télévision ou à la radio. 16 sujets affirment avoir connu le concept d'un moyen autre que ceux cités. 06 sujets ont connu le concept dans les journaux et livres. Et 02 répondants affirment avoir connu le concept dans les cours.

- 77 -

3. Niveau de maitrise du concept de défense populaire

faible maitrise 1 2 maitrise moyenne 3 4 forte maitrise 5

4% 3%

16%

28%

49%

Figure 8: Niveau de maitrise du concept de défense populaire

Cette question s'est également adressée aux 71 sujets ayant affirmés avoir entendu parler du concept de défense populaire. Sur les 71 interrogés, 35 personnes ont affirmés avoir une faible maitrise du concept (soit 49%). 20 personnes (28%) ont affirmé avoir une maitrise en dessous de la moyenne. 11 personnes (16%) ont affirmé avoir une maitrise moyenne. 03 personnes (4%) des personnes ont affirmée connaitre le concept au-dessus de la moyenne et 2 (3%) ont affirmé avoir une parfaite maitrise.

B. De la perception sociale de l'armée

Pour se faire nous avons retenu 03 des questions que nous avons posé à nos répondants à savoir ; Savez-vous que la loi camerounaise prévoit la participation des populations civils à la de défense ? À quel niveau vous sentez vous intéressé par les problèmes de défense ? Comment vous sentez-vous en présence d'un militaire ?

1. Connaissance du fait de la participation des civils à la défense

savez vous que la loi camerounaise

prévoit la
participation des

civils a la

défense?...

47%

Non

53%

Oui

Figure 9: Connaissance du fait de la participation des civils à la défense

- 78 -

Sur les 118 répondants, 62 personnes affirment savoir que la loi camerounaise prévoit la participation des populations civils à la de défense soit 53% de l'échantillon. Et 56 Affirment ne pas savoir soit 47% de l'échantillon.

2. Niveau d'intérêt à la défense

1 (faible implication)

2

moyenne (3)

4

5 (forte implication)

14%

5% 8%

25%

48%

Figure 10: Niveau d'intérêt à la défense

Sur les 118 sujets, 56 (48%) affirment avoir un faible intérêt pour la défense, 30 personnes (25%) affirment une implication au-dessous de la moyenne, 17 répondants (14%) affirment avoir une implication moyenne ; 09 personnes (8%) affirment avoir une implication au-dessus de la moyenne et 06 personnes (5%) affirment avoir une forte implication.

3. Sentiment en présence d'un militaire

10%

51%

9%

24%

6%

indifférence panique confiance crainte pas de réponse

Figure 11: Sentiment en présence d'un militaire

- 79 -

Sur nos 118 sujets, 60 (51 %) affirment être en confiance, 28 (24 %) affirment être indifférents, 12 répondants (10 %) sont dans la crainte, 7 personnes (6%) sont pris par la panique et le reste des répondants (11 personnes soit 9 %) n'ont pas donné de réponse.

Paragraphe 2 : La relation armée-nation (armée population) et la problématique des Objectifs de Développement Durable.

Nous avons consacré ce paragraphe à l'analyse de la perception sociale sur la relation entre les populations militaires et les populations civiles (A). Ensuite nous avons poussé la réflexion sur la perception sociale de ce lien en rapport avec les ODD (B).

A. La relation armée-nation

Pour se faire, nous avons retenus 02 principales questions posées à nos répondants. A savoir ; avez-vous déjà participé à une activité regroupant civils et militaires ? ; À quel niveau percevez-vous l'effectivité de la relation armée et la population ?

1. Participation à une activité regroupant civils et militaires

66%

non

34%

oui

Figure 12: Participation à une activité regroupant civils et militaires

78 personnes (66%) sur les 118 affirment n'avoir jamais participé à une activité regroupant civils et militaires. et 40 répondants (34%) affirment avoir déjà participé à une activité regroupant civils et militaires.

- 80 -

2. Perception de l'effectivité de la relation armée-population

8%

9%

20% 1 (pas effectif)

25%

38%

2

3 (moyen)

4

5 (très éffectif)

Figure 13: Perception de l'effectivité de la relation armée-population

Sur les 118 sujets, 75 d'entre eux (63%) conçoivent l'effectivité de la relation entre les populations civils et militaires entre comme n'étant pas effective. De manière plus précise, 45 personnes (38%) la situe à 1/5. 30 personnes (25%) la situe à 2/5. 10 personnes (9%) considèrent cette relation moyenne. 10 personnes (8%) la situe au-dessus de la moyenne et 23 personnes (20%) considèrent cette relation comme étant très effective.

B. Vers la problématique des Objectifs du Développement Durable

Afin de recueillir la perception sociale sur cette problématique nous avons retenus 03 principales questions posées à nos répondants notamment ; comment percevez-vous les militaires en temps de paix ; Pensez- vous que le lien armée-population devrait servir a l'atteinte des ODD ? ; Pensez- vous que le lien armée-population devrait servir a l'atteinte des ODD ?

1. Perception des militaires en temps de paix

inutiles nécéssaires indispensables pas de réponse

7%

7%

24%

62%

Figure 14: Perception des militaires en temps de paix

- 81 -

73 personnes (62%) sur les 118 voient les militaires de nécessaires même en temps de paix. 29 personnes (24%) les voient comme indispensables et seulement 08 répondants les voient comme inutiles. le reste des 8 répondants (7%) se sont abstenues de répondre.

2. Participation de l'armée au ODD

10%

22%

30%

11%

27%

1 (faible)

2

3 (moyen)

4

5 (fort)

Figure 15: Participation de l'armée aux ODD

Plus de la moitié de nos répondants conçoivent l'armée comme participant à l'atteinte des ODD. 35 répondants (30%) voient une participation moyenne de l'armée à l'atteinte des ODD. 30 répondants (27%) voient une participation au-dessous de la moyenne. 26 personnes (22%) déclarent une très forte participation. 13 personnes (11%) déclarent une faible participation. et les 12 répondants restants (11%) déclarent une participation au-dessus de la moyenne de l'armée a l'atteinte des ODD.

3. Opinion sur l'orientation du lien armée-nation à l'atteinte des ODD

9%

91%

oui

non

Figure 16: Opinion sur l'orientation du lien armée-nation à l'atteinte des ODD

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Comme la figure le démontre à suffisance, une majorité écrasante de répondants soit 107 personnes (91%) pensent que le lien armée-nation devrait servir à l'atteinte des Objectifs de Développement durable. Néanmoins, 18 répondants (9%) ne sont pas d'accord pour que ce lien serve à l'atteinte des ODD.

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CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE ENTRE
DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT

DURABLE

Ne dit-on pas qu'afin de démontrer l'existence d'une relation entre deux éléments, l'on doit prouver qu'au moins deux composantes de chacun de ces éléments ont un lien entre elles.211 Ainsi notre objectif étant de vouloir concilier deux concepts, une étude préalable de l'interaction entre les deux concepts est indispensable. Cette étude traitant de deux concepts élaborés dans différents lieux, dans de différents contextes en vue d'atteindre de différents objectifs, il est donc normal que ceux-ci présentent des convergences et des divergences tant sur le plan théorique que pratique. Le présent chapitre s'attèlera principalement à l'analyse de celles-ci. Nous verrons quels sont les aspects où la défense populaire camerounaise et les objectifs de développement durable se rejoignent. Mais également sur quels aspects ils présentent des divergences (SECTION I). Ensuite, nous proposerons des axes de réflexion en vue d'une alliance entre les deux politiques (SECTION II).

SECTION I : L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE ET LES ODD

Nous verrons d'une part les similitudes (Paragraphe I), Ensuite nous les verrons sur les points divergents entre défense populaire et les ODD (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les points communs entre la défense populaire camerounaise et les ODD

Pour envisager une alliance entre deux concepts quelque soit la discipline, il faudrait que ces concepts présentent au moins deux aspects de similitudes tant au plan pratique que théorique. Si ce n'est le cas, il serait impossible de les allier. Nous allons ressortir tous les aspects sur lesquels la défense populaire camerounaise et les objectifs de développement durable se rejoignent. Pour une facilité dans la démonstration, on présentera d'abord ; l'une présentant les convergences au plan normatif ou théorique (A) et ensuite les convergences au plan pratique (B).

211J.P MELOUPOU, Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement, Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013 page 53.

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A. Les similitudes au plan théorique

1. La lutte contre les fléaux au développement

Lorsque nous parcourons les deux politiques simultanément, le premier point de convergence que nous notons c'est leur vision commune de combattre les fléaux au développement.

D'un côté, nous avons la défense populaire camerounaise qui est non seulement la base de la politique de défense du Cameroun mais elle vise aussi et surtout à combattre les obstacles au développement. Le premier obstacle au développement est l'insécurité des populations. De par la définition de la politique de défense du Cameroun comme vu, elle vise principalement à assurer la sécurité et le bien-être des camerounais. En garantissant la sécurité, le bien-être et le développement ne feront que suivre car ne le dit-on pas assez que la paix est une condition sine qua non au développement. Sans la paix, aucun pays ne pourrait prétendre aspirer au développement.

De l'autre côté, les ODD qui sont la manifestation de la volonté d'annihiler tous les fléaux du sous-développement ; la pauvreté, la faim, les inégalités, la mortalité, l'hygiène pour n'en citer que ceux-ci sont entre autres les fronts de combat menés par les ODD contre le sous-développement.

Ce qui renvoie à dire que les deux concepts visent à améliorer le bien-être des populations, le premier dans une logique de répression et le second dans une logique d'évolution.

2. L'aspect sécuritaire

Généralement, l'insécurité peut se définir comme le sentiment de vivre dans un environnent physique social favorisant l'atteinte aux personnes et aux biens212. Nous distinguons entre autres l'insécurité alimentaire, sociale, politique et économique.

Pour revenir à nos politiques, si nous prenons d'une part la défense populaire camerounaise, l'un de ses mots clé est la « sécurité ». L'objectif de la défense populaire est principalement d'assurer la sécurité de ses populations. La sécurité ici comprenant multiples dimensions telles que vu plus haut.

212 Définition recueillie dans le dictionnaire sur le site https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ consulté le 13/02/2022 à 19 :45

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De l'autre côté, les ODD sont également très sensibles à l'aspect sécuritaire. Cela peut être illustré par l'ODD16 qui vise la paix et la justice, ce qui renvoie à garantir la sécurité politique. Ce qui fait appel dans la cadre organisationnel de la défense populaire à la défense civile213

Nous voyons également l'ODD 1 (éradication de la pauvreté), l'ODD 2 (lutte contre la faim) et l'ODD 6 (accès à l'eau potable) qui sont en réalité la traduction de la lutte contre l'insécurité alimentaire.

En outre, l'ODD 3 (accès à la santé), l'ODD 11 (villes et communautés durables) sont l'expression de la lutte contre l'insécurité sociale. Cette insécurité fait aussi appel à la sécurité civile

L'ODD 8 (croissance économique, accès aux emplois décents), ODD 5 (égalité des sexes et autonomisation des femmes), ODD 12 (consommation et production durables) sont l'expression de la lutte contre l'insécurité économique. Et cela fait appel à défense économique214, telle que prévue par la défense populaire camerounaise.

L'ODD 7 (énergies renouvelables), ODD 13 (changement climatique), l'ODD 14 (protection de la faune et flore aquatique), l'ODD 15 (protection de la faune et flore terrestres) sont la manifestation de la lutte contre l'insécurité environnementale.

En bref, la sécurité dans toutes ses dimensions est une préoccupation majeure bien ancrée, sinon la plus importante de la défense populaire camerounaise et des ODD. En Voilà un grand point en commun que se partagent nos deux politiques.

3. Autres similitudes théoriques

D'autres similitudes peuvent être observées en effectuant une étude de contenu des textes de nos deux politiques.

Si nous prenons les deuxièmes (totalité et universalité) et quatrième principes de la défense populaire camerounaise (décentralisation), nous voyons que la logique est la même que dans l'ODD 17 qui vise le partenariat pour les objectifs globaux. En effet les deux visent la fédération des efforts, l'interdépendance et la répartition des tâches.

213 Qui a pour objectif de développer les capacités morales des populations, de diminuer leur vulnérabilité.

214 Différent de la guerre économique, qui est la pratique concurrentielle ou déloyale dont le but est le gain économique, industriel ou commercial.

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Aussi, d'un côté si nous prenons la définition du développement durable telle que proposée par le rapport Brundtland, nous retenons l'aspect durable, c'est-à-dire le fait de penser aux générations futures. De l'autre côté, nous retenons le cinquième principe de la défense populaire camerounaise qui est celui de la prévention, et nous pouvons observer que la défense populaire camerounaise partage la même vision des choses. Par ce principe, elle entend que les mesures psychologiques et techniques sont prises à l'avance, non pas pour assurer la sécurité des populations présentes seulement, mais également de celles à venir.

Les points communs entre la défense populaire camerounaise et les ODD ne se font pas uniquement au plan théorique.

B. Les points communs au plan pratique

Ici, nous pouvons noter la mobilisation de la société, la présence des mêmes acteurs et les mêmes défis.

1. La mobilisation entière de la société

Un autre point que nous observons lors de l'analyse de nos deux concepts est qu'ils s'appuient tous les deux sur la combinaison des efforts de tous les acteurs, telle qui décrite par la théorie fonctionnaliste dans notre introduction générale.

La particularité de la politique de défense du Cameroun est qu'elle tire sa base de la population. De par ses sources juridiques, en partant de la Constitution qui insiste sur la participation de tous les citoyens215 à la défense populaire, en passant par la loi numéro 67/LF/09 du 12/06/1967 qui est le manuel de la défense populaire camerounaise, et qui insiste sur le concours de tous à l'effort de défense et qui définit le rôle des principaux acteurs de la défense populaire partant du Chef de l'État jusqu'aux populations locales216. Cette loi insiste également sur la participation active de tous. Et enfin l'instruction numéro 16/CAB/PRU du 01/09/1772 qui fixe les principes directeurs de cette politique notamment le principe d'universalité qui repose sur l'adhésion et la participation active de tous.

De l'autre côté, les ODD et contrairement aux politiques et stratégies précédentes proposées en Afrique, reposent sur les efforts de tous les acteurs quels que soit leurs échelons.

215 Loi n° 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3. 216Comprend 11 Titres et 40 Articles, tous détaillants la politique de défense et ses modalités et comprend les différentes attributions des différents acteurs de la défense en commençant par le chef de l'État, les ministres et autres acteurs

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En commençant par les États et faisant des ODD une préoccupation pour tous les pays, qu'ils soient développés ou pas, de toutes les structures (États, organisations, entreprises) et de toutes les personnes (hommes, femmes, paysans, entrepreneurs, personnes a mobilités réduites).

De manière générale, en parcourant les deux concepts nous voyons que chacun des acteurs de la société se retrouve d'une manière ou d'une autre impliqué dans la mise en oeuvre des deux politiques de manière indépendante.

2. La présence des mêmes acteurs

Un autre fait marquant au plan pratique que nous pouvons noter est la mobilisation des mêmes acteurs pour les deux politiques. Nous observons dans les deux politiques des entités qui se voient attribué des missions précisent dans chacune de ces politiques. Nous pouvons citer dans ce cas des exemples tels que ; le MINEPAT, le MINREX, le Service Civique de Participation au Développement.

Le MINEPAT

Le ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire est chargé de la mise en oeuvre pratique de la défense populaire camerounaise sur l'étendue du territoire. Ce même ministère est également le responsable gouvernemental de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun. Il est à ce titre chargé d'assurer et de coordonner la mise en oeuvre et le pilotage technique, la coordination interministérielle des politiques, programmes, projets et interventions.

Le MINREX

C'est le cas également du ministère des relations extérieurs qui est chargé de mettre en oeuvre la politique étrangère et d'assurer les relations avec les États étrangers qui se voit confié un rôle dans chacune des deux politiques.

Le Service Civique National de Participation au Développement

Les deux politiques se partagent également le Service Civique National de Participation au Développement (SCNPD) qui est un acteur de la défense populaire camerounaise mais aussi de la mise en oeuvre des ODD. Initialement le SCNPD est un organisme de la défense camerounaise. Il avait été créé en 1973 pour répondre aux impératifs de développement économique et social du pays et inculquer aux jeunes le sentiment national, la discipline, la

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dignité, le travail et l'esprit civique. Mais plus tard, en 2007 il se verra confier la mission de contribuer à la mobilisation des énergies pour répondre aux impératifs du développement économique social du pays et promouvoir chez tous les citoyens le sentiment national, le sens de la discipline, de la tolérance, de l'intérêt général, du travail, ainsi que l'esprit civique et la culture de la paix.217.

De manière générale, les deux politiques dans leur mise en oeuvre et suivi se partagent plusieurs acteurs.

3. Les mêmes défis

Un autre point commun sur le plan pratique que partagent la défense populaire et les ODD est le fait qu'ils font face à quelques mêmes défis notamment ; le rôle non défini de certains acteurs ; la condition morale des camerounais entre autres.

En ce qui concerne le rôle non défini de certains acteurs, l'étude nous a démontré que les deux concepts reposent sur les mobilisations de tous les acteurs de la société et les efforts conjoints de ceux-ci à leurs visions. Néanmoins nous observons dans l'un comme dans l'autre l'absence d'une répartition prosaïque des taches aux différents acteurs. Dans le domaine de la défense populaire, nous avons vu plusieurs départements ministériels qui ont vu le jour, qui se sentent concernés par la problématique mais ne savent pas exactement quoi faire faute d'attributions concrètes. Les ODD font face au même défi, ou ils se sentent concernés mais ne se voient pas dotés de missions précises dans le cadre de la mise en oeuvre ODD. C'est le cas des autorités religieuses entre autres.

En ce qui concerne la condition morale des camerounais, les deux concepts font face aux défis liés à la condition psychique des camerounais. La société camerounaise est caractérisée par des fléaux sociaux tels que l'incivisme, le vol, la corruption entre autres. Une société ou les intérêts individuels priment sur l'intérêt général. On observe plusieurs personnes qui n'ont pas de honte à se déroger ouvertement à la norme générale. Une société ou les membres ont perdu tout gout à l'effort. Une société marquée par un sentiment de doute, de pessimisme, d'incivisme. Cette condition psychique constitue un gros challenge auquel tant la défense populaire que les ODD font face dans leurs mises en oeuvre.

217Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 instituant le Service Civique National de Participation au Développement (SCNPD)

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Paragraphe 2 : L'existence de quelques points de divergence

L'analyse traitant de deux concepts élaborés à des lieux, moments et circonstances différentes, il est normal qu'ils présentent aussi des points de divergence. Si le premier paragraphe était focalisé essentiellement sur la mise en évidence des points communs, celui-ci sera en revanche dédié à ressortir les aspects sur lesquels la défense populaire camerounaise et les ODD ne se rejoignent. Pour une explication plus efficace, d'une part seront présentés les aspects théoriques (A) et d'autre part seront présentés les divergences pratiques (B).

A. Les divergences Théoriques

Les divergences théoriques concernent le champ de juridiction et le socle théorique.

1. Le champ de discipline

Le premier point de divergence entre la défense populaire camerounaise et les objectifs de développement durable est leur champ de discipline. En effet, si l'on a vu précédemment que les deux concepts sont des politiques qui partagent une vision et des points communs, il n'en demeure pas moins que les deux politiques ne revêtent pas de la même discipline.

La défense populaire est une politique élaborée au Cameroun, par le Cameroun et pour le Cameroun avec des objectifs spécifiques fixés pour le camerounais et soumis au droit interne camerounais. Elle tire sa source des textes camerounais notamment de la constitution, la loi numéro 67/LF/09 du 12/06/1967, l'instruction présidentielle numéro 16/CAB/PRU du 01/03/1972 entre autres. C'est alors une politique essentiellement nationale, avec des objectifs nationaux et dépendent des disciplines et des juridictions du droit camerounais.

Ce n'est pas le cas avec les objectifs de développement durable car ils sont en fait le calendrier 2030 des Nations Unies. Les ODD sont une série d'objectifs adoptés par les membres de l'assemblée générale de l'Organisation des Nations le 25 septembre 2015. Même s'ils ont été fixés beaucoup plus en faveur des pays du sud en particulier et pour la planète en générale, ils concernent tous les pays et peuples du monde. Ils ne dépendent alors nullement du droit interne d'un pays en particulier mais sont du ressort du droit international, même si les modalités de leur application et mise en oeuvre sont adaptés en fonction des pays.

C'est donc dire que bien que visant quelques mêmes objectifs, la défense populaire camerounaise ne relèvent pas de la même sous discipline.

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2. Une différence dans leurs socles théoriques

En analysant les deux politiques sous le prisme des théories en Relation Internationales, l'on se rend compte qu'elles ne tirent pas leurs fondements de la même théorie.

En parcourant les politiques de défense de manière générale et celle du Cameroun en particulier par l'étude de ses textes et ses principes, elles sont principalement fondées sur la théorie réaliste des Relations Internationales. L'objet de la théorie réaliste est d'interpréter les faits tels qu'ils sont en non tels qu'ils devraient être. Pour eux, la norme est la guerre et la paix est l'exception. Aussi il n'existe ni amis ni ennemis mais les États ne sont que des monstres froids cherchant leurs intérêts. Pour les réalistes l'intérêt et la puissance sont des facteurs très importants. Pour faire une analogie avec la défense populaire, le simple fait de vouloir en définir une traduit le désir de puissance. De surcroit, l'idéologie sur laquelle repose cette défense populaire est celle du « si vis pacem para bellum » c'est-à-dire, « si tu veux la paix tu prépares la guerre. Ces deux arguments au moins démontèrent à suffisance le socle théorique de la défense populaire ».

Du coté des objectifs de développement durable, nous observons une tendance libérale voire idéaliste. En effet ces théories de manière générale prônent une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre-échange des idées. On observe alors un monde fait d'hommes naturellement bons et disposés à coopérer les uns et les autres en vue d'une meilleure société. C'est à peu près de cette idéologie que les objectifs du développement durable se fondent, en visant un monde meilleur par un partenariat et une interdépendance pour l'atteinte des objectifs comme le souligne l'ODD17.

B. Les divergences pratiques

Sur le plan pratique, les divergences concernent la nature des rapports entre les acteurs ainsi que le mode de planification.

1. La nature des rapports entre les différents acteurs

S'il est vrai que la défense populaire et les ODD dans leur mise en oeuvre et leur exécution dépendent de la mobilisation de tous les acteurs de la société, il convient néanmoins de noter un aspect très important sur la défense populaire. La défense populaire repose basiquement et premièrement sur le lien entre les forces de défense et les populations encore appelé le lien « Armée-Nation. » Le lien armée-nation est la relation qui existe entre les militaires et les

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populations, lien qui doit être marqué par une complémentarité, une confiance réciproque, une interdépendance, et une solidarité.

Aussi, la défense populaire est d'abord et avant tout une politique de défense, c'est-à-dire une série de principes adoptés par l'État pour assurer la sécurité de ses populations. Donc elle concerne d'abord les forces de sécurité. Et puisqu'au Cameroun la politique de défense repose sur la participation de tous les citoyens à la défense218, c'est alors qu'intervient la relation armée nation.

De l'autre côté, les objectifs de développement durable eux reposent sur les efforts conjoints de tous les acteurs de la société à quelque échelon et domaines soient-ils, sans distinction ou insistance particulière faite entre militaires et civils. Dans cette politique, chacun est considéré comme acteur de la mise en oeuvre des ODD. C'est dire que bien que s'appuyant sur la mobilisation des acteurs, il existe néanmoins des particularités entre les rapports de ceux-ci.

2. Une différence dans le mode de planification

Un autre point de différence entre les ODD et la défense populaire est leurs planifications. La défense populaire repose sur une série des règles définissant les principes, orientations et rôles de certains acteurs en vue d'assurer la sécurité et créer les conditions au bien-être des populations sans toutefois avoir un instrument de mesure ou d'examen.

Quant aux ODD, ils sont une série de buts préalablement fixés et schématisés méthodiquement. Il existe une planification détaillée de 169 cibles bien précises, avec des outils de mesure sans oublier l'aspect temporel et la révolution statistique.

Cette différence pourrait s'expliquer par l'aspect pérenne de la défense populaire. Celle-ci n'est pas uniquement un calendrier d'objectifs spécifiques à atteindre mais un mode de vie, une philosophie, une doctrine ou idéologie visant à assurer aux populations une sécurité contre toute forme de menace à long terme. En outre, il faut relever le caractère plus sensible des questions de défense sans oublier que l'armée est d'abord caractérisée par le devoir de réserve.

218Préambule de la Constitution de la République du Cameroun

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SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE MOBILISER LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD

Après s'être donné à l'analyse de l'interaction entre la défense populaire camerounaise et les Objectifs de développement durable, ressortant tour à tour leurs points de convergences ou de similitudes tant au plan théorique que pratique et faisant de même pour leurs aspects divergents, il convient tout d'abord de rappeler notre objectif ; qui est celui de démontrer comment utiliser la défense populaire camerounaise pour atteindre les ODD.

Mais comme le préconise le fameux adage philosophique « le comment n'est jamais aussi important que le pourquoi », Il faut donc se faire une raison. C'est dans cette optique que se situe notre deuxième section de ce chapitre. Dans un premier temps, nous allons exposer des arguments justifiant la nécessité de mobiliser la défense populaire afin d'atteindre les ODD (paragraphe 1). Dans un second temps, loin de rester au pourquoi, nous allons tenter de poser des axes de réflexion en vue d'une mobilisation de celle-ci pour l'atteinte des ODD (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les facteurs d'une mobilisation de la défense populaire camerounaise pour l'atteinte des ODD

Nous essayerons de démontrer quels sont les facteurs ou les raisons valables pour envisager une alliance entre défense populaire camerounaise et les objectifs de développement durable. Nous allons commencer par présenter les facteurs théoriques (A) et par la suite seront présentés les facteurs pratiques (B).

A. Les Facteurs théoriques

Dans la première section de ce chapitre, son premier paragraphe a été consacré à ressortir les points communs entre la défense populaire camerounaise et les ODD. Il en est ressorti plusieurs points de convergence tant au plan théorique que pratique, notamment la présence des mêmes acteurs, l'aspect sécuritaire, la vision tournée vers le même objectif etc. Ce qui prouve l'existence d'un potentiel lien entre les deux politiques. Pour cette raison, il serait judicieux de canaliser les efforts conjoints dédies a la mise en oeuvre de ces deux politiques en vue de créer une alliance stratégique, plus coopérative et plus efficace.

De surcroit, au-delà de l'existence de ces points communs nous avons ressortis d'autres facteurs théoriques. Ces facteurs sont ;

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Le pourcentage du budget alloué au secteur de la défense

Le secteur de la défense dans tous les pays occupe une place prépondérante. Plusieurs États allouent de gros écrantages de leurs budgets au secteur de la défense. Beaucoup dépensent en moyenne 20%219 de leur budget pour l'armée et ce depuis très longtemps. D'autres et même ceux des pays dits sous-développées vont jusqu'à en consacrer environs 50%220. Au Cameroun, la part du budget alloué à la défense est de 11% de l'enveloppe budgétaire globale221. De surcroit, selon une étude, l'estimation des privilèges due à la fonction de militaire, l'intervention permanente des forces de défense dans le maintien de l'ordre est un grand sujet de débat au sein des populations camerounaises222. Le fait que la défense camerounaise consomme un pourcentage aussi significatif et donc un important potentiel économique est l'une des raisons pour lesquelles l'on doit la consacrer aux services de développement surtout en période de paix, comme c'est le cas actuellement. Les populations pourraient alors percevoir qu'en temps de paix, qu'il existe aussi une défense populaire, véritable expression du lien armée nation et ce lien pourrait être canalisé en vue de réaliser les objectifs de développement durable.

2. La non-perception de la défense comme un acteur participatif au développement

Selon une étude réalisée par Meloupou223, le rôle de l'armée en tant qu'acteur participatif n'est pas perçu par les populations camerounaises. Elle ne constitue pas une composante institutionnelle participant au développement. S'il est vrai que la défense protège le développement autant que celui-ci met à la disposition de la défense de moyens dont elles ont besoin.

Ce n'est pas dire que l'armée ne participe pas effectivement au développement, car déjà il est illusoire de parler d'une société ou de son développement dans l'absence de l'ordre et la présence de paix, ce qui est la première mission de la défense, qu'elle remplit bien, la perfection de l'ordre consistant au concours de la force et de la loi, domaine par excellence de la défense224. Ce serait plutôt affirmer qu'au-delà de ses missions régaliennes de sécurité et de sauvegarde de

219 World defense almanach, military technology, 1987 vol XII issue no 1, 1988

220 C'est le cas de l'Éthiopie

221MELOUPOU op cit « Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement », Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013 page 19

222 Il est important de noter que selon cette étude, le métier de militaire est considéré par la population camerounaise comme étant celui avec le plus d'avantages.

223J.P MELOUPOU op cit , Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement , Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013 page 155

224 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann Levy, Paris, 1985 page 1

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l'intégrité du territoire et tournée beaucoup plus vers des actions participatives au développement, la plupart des camerounais ne perçoivent par la contribution de la défense. Cela pourrait être vrai dans la mesure où par rapport et ce qui lui ai donné, le rendement n'est pas proportionnel, ou encore que sa main d'oeuvre est considérée comme en chômage pendant la période de paix et donc devrait travailler à développer le pays ; ou encore ce serait parce que les actions de l'armée dans le domaine du développement sont peu connus de tous.

Quoi qu'il en soit, les attentes populaires vis à vis de l'armée sont multiples. Elles sont entre autres la participation à la recherche scientifique, l'enseignement scolaire et les soins de santé.

B. Les Facteurs pratiques

1. La défense comme un bon modèle de système social et la citoyenneté militaire

Connue de tous et ce dans tous les pays, les forces de défense sont surtout connues pour les valeurs qu'elles développent et inculquent à leurs membres : le sens du devoir, la discipline, le respect de la hiérarchie, le gout de l'effort, la justice, l'esprit du sacrifice, de l'intérêt général, la solidarité, la dignité, la responsabilité, le travail, la ponctualité et l'esprit civique. Dans une société marquée par une décadence morale et ou les valeurs chez les jeunes se détériorent progressivement, dans la logique d'une aspiration à l'atteinte des ODD en 2030, le modèle de système social de la défense serait un exemple à suivre par les populations camerounaises en général et les jeunes en particulier qui pour se développer vers l'atteinte des ODD ont besoin de conduites à tenir, de principes directeurs. Ainsi, il serait judicieux de copier des valeurs et de les inculquer et de les développer aux jeunes.

En ce qui concerne la citoyenneté militaire, un autre facteur est le fait que les militaires avant de l'être sont d'abord des citoyens camerounais. À ce titre, ils ont des droits et obligations prévus par le droit interne. Ils doivent donc bénéficier des droits des citoyens et aussi remplir leurs devoir notamment la contribution au développement.

2. L'analogie entre développement et taux d'infractions

Selon une étude menée par l'ONU225, plus une société tend à se développer, c'est-à-dire au fur et à mesure que sa croissance économique et le changement de ses structures s'amplifie,

225 « Politiques de défense sociale et planification du développement », Quatrième congrès des nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, Kyoto japon 17-26 aout 1970

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elle devient plus urbaine, plus industrialisée, plus complexe et plus ouverte. Cette ouverture incite ses populations à commettre de plus en plus de délits et crimes. Ces délits peuvent êtres d'ordre social (effractions) ou d'ordre économique (vols, détournements, corruption). Il existe une évolution parallèle entre le niveau de développement et le niveau de criminalité. Lorsqu'un pays se dote de structures industrielles avancées faisant entrer en jeu de gros intérêts, on pourrait s'attendre à une augmentation dans le taux de criminalité.

À l'observation, le Cameroun dans son aspiration au développement en général et aux ODD en particulier, sera confronté à la difficulté de comment anticiper ce problème, comment atteindre les ODD sans augmenter son taux de criminalité. C'est là que la défense populaire entre en jeu, en ce sens que, traduisant le lien entre l'armée et la nation, les uns pourraient être là pour canaliser les autres. Si d'un côté on observe une augmentation dans les infractions des civils, les forces de sécurité seront pour les canaliser. Et si d'un autre coté les forces de défense se voient abuser, ils pourront la signaler à la haute hiérarchie. Ce serait donc une relation d'interdépendance et de surveillance réciproque.

3. Le facteur de cohésion civilo-militaire en temps de paix

La défense populaire camerounaise, c'est-à-dire le lien entre l'armée et la nation a été instaurée en cas d'une éventuelle agression. Il est prévu qu'en cas d'avènement d'une menace extérieure, les peuples et l'armée s'uniront pour former un bloc solide et c'est une bonne politique. Considérant la situation sécuritaire du Cameroun, elle bénéficie depuis des décennies d'une situation plutôt pacifique, ce qui ne donne pas beaucoup d'occasions de mettre à l'épreuve cette relation armée-nation. Puisque son objectif est de vouloir développer le lien entre les peuples et la défense, en cas de manque de crise sécuritaire, cette cohésion reste en suspens en période de paix, ce qui pourrait la fragiliser. Dans une optique donc de raviver cette cohésion civilo-militaire, les énergies de la défense populaire pourraient être canalisées vers l'atteinte des ODD. Loin d'en être les seules, il existe une myriade de facteurs en faveur d'une alliance entre défense populaire camerounaise et les objectifs de développement durable.

Paragraphe 2 : Axes de réflexion en vue d'une mobilisation de la défense populaire camerounaise vers l'atteinte des ODD.

Après avoir tenté de ressortir les facteurs en faveur d'une mobilisation de la défense populaire en vue d'atteindre les objectifs de développement durable, nous voilà confrontés au problème du comment. Il sera question de fournir des propositions sur comment cette

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mobilisation pourrait être faite. Dans un premier temps, des propositions seront faites au plan normatif (A) et ensuite au plan pratique (A).

A. Au plan théorique

1. Actualiser le cadre juridique de la défense populaire

L'une des premières propositions que nous pouvons faire serait un réaménagement de la politique de défense camerounaise. En effet, comme nous l'avons vu plus haut, cette politique depuis son élaboration depuis 1967 n'a été ni revue ni modifiée. Et pourtant entre cette année et 2023 beaucoup de données ont changé. Nous vivons dans un monde en constante mutation, avec l'avènement de nouveaux enjeux. Les préoccupations environnementales, sociales, économiques humaines de l'époque ne sont plus ce qu'elles étaient. Le changement reste et demeure constant. Si auparavant, la préoccupation majeure relevait de la sécurité beaucoup plus politique, maintenant ce n'est plus le cas. Il existe de nouveau fléaux à combattre notamment le sous-développement. On devrait pouvoir le combattre sur tous les fronts car plus que jamais, les conditions de vies des populations se voient contraintes par celui-ci.

De surcroit, la défense populaire telle que prévue dans son manuel ne prend plus en compte tous ses acteurs. Certains d'entre ces acteurs ont été dissouts, par exemple la fonction de Secrétaire permanent à la défense Nationale qui était censé coordonner les efforts de défense entre les départements ministériels civils entre ceux-ci et le MINDEF. D'autres ont été dispersés comme par exemple le ministère de l'éducation qui s'est vu sous divisé entre trois ministères qui sont le ministère de l'éducation de base, le ministère des enseignements secondaires et le ministère de l'enseignement supérieur.

Par ailleurs, en considérant que tous les départements ministériels doivent contribuer chacun à la défense, nous avons assisté à la création de nouveaux ministères qui pourraient être concernés par la problématique de défense populaire mais le dispositif normatif actuel ne les prend toujours pas en compte. C'est le cas du MINDDEVEL.

De manière générale, le dispositif juridique de la défense populaire devient de plus en plus vétuste. La première étape pour la mobilisation de celle-ci à l'atteinte des ODD serait d'aménager un cadre juridique propice et adapté à l'évolution du contexte camerounais et du monde contemporain.

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2. Connaitre et faire connaitre la défense populaire ainsi que ses enjeux

Cette proposition vient de deux remarques. La première vient de Général NKOA lorsqu'il pense que les questions défense en général et de défense populaire ne figurent sur aucun document accessible à l'homme lambda226. Et la deuxième du Général KOTOKO qui constate qu'aucune institution civile n'enseigne les problématiques de la politique de défense, même dans les grandes écoles227. Ceci est d'autant plus étonnant au vu de son caractère populaire (c'est-à-dire l'affaire du peuple). Tous les citoyens, quelque soit leurs échelons social, leurs activités ou leur lieux doivent contribuer. Le premier problème comme le souligne le Général NKOA est le manque d'information.

À ce problème, nous proposons des mécanismes de communication sur la défense populaire destinés à tout le monde. Une option pourrait être l'introduction des unités d'enseignements aux élèves et étudiants. Ces enseignements serviront à rappeler aux élèves les enjeux du pays. Ils permettront en outre de rappeler l'histoire du pays, ses ressources, ses institutions, ses valeurs d'avantage d'estimer les possibilités économiques, géostratégiques, sociales, environnementales, développementales surtout comme le rappelle le Chef de l'État face à l'ampleur des besoins de notre pays en voie d'émergence228. Une fois cela maitrisé, les populations ne pourront que tous s'unir vers l'atteinte des ODD.

B. Au plan pratique

1. Revigorer la relation entre les militaires et les civils

Comme le préconise Clausewitz, la relation militaire-civils et donc la défense populaire exige une confiance réciproque, cela afin d'animer une volonté commune229. Comme le dit la loi camerounaise, la défense n'est pas uniquement du ressort des forces de défense. Elle concerne également les administrations responsables de grandes catégories de fonctions. C'est ce qu'on affirme lorsqu'on implique les paysans, les commerçants, des agriculteurs etc. C'est dire que la défense populaire repose bien évidement d'une part sur des forces armées bien entrainées et équipées, mais aussi et surtout d'autre part sur la nation. Dans notre contexte actuel, il existe un mur invisible entre les militaires et les civils. Ces derniers perçoivent leurs forces de défense avec beaucoup de préjugés. Un exemple est bien décrit plus haut lorsque

226 Général NKOA, Les armées africaines à l'heure de la démocratie et des droits de l'homme, Edicef ,1996 page 7

227Mahamat KOTOKO op cit« La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun, 2020 page 155

228 Allocution à l'occasion du triomphe de la promotion rigueur et moralisation, 09/11/1985

229 Raymond ARON, sur Clausewitz, éditions complexe, 1987.

- 98 -

l'étude du colonel Meloupou230 révèle l'image que la société civile camerounaise a de son armée. Selon elle, un pourcentage significatif de la population pense que l'armée n'est pas utile. Ou encore beaucoup ne perçoivent pas son apport au processus de développement de la nation. Ce qui révèle en fait un manque de connaissance d'actions civilo-militaires menées par l'armée camerounaise.

Nous proposons alors que des mécanismes soient mis en place afin de revigorer la relation militaire-civile afin que celle-ci soit basée sur une confiance réciproque, un respect, une interdépendance.

Cette volonté pourrait être mise en oeuvre d'abord par une volonté politique. Cette volonté politique a déjà été manifestée par la loi créant une commission parlementaire de la défense nationale à l'assemblée nationale231. Elle a aussi été manifestée par l'organisation d'événements par le MINDEF tels que les journées portes ouvertes annuelles232 . Cela contribue à briser les barrières entre les civils et les militaires. Ou encore les émissions telles que l'émission « honneur et fidélité233 ». De pareilles initiatives devraient être multipliées afin que les civils voient que la défense est là pour eux et vice versa.

2. Raviver le rôle des élites

Comme vu plus haut, dans la mise en oeuvre de la défense populaire, un accent particulier est mis sur la sensibilisation des élites, sur leur rôle. Les élites constituent en réalité l'interface entre les populations et les pouvoirs de conception de la politique de défense. Ce sont eux les leaders d'opinions, les « influenceurs » des populations dans leurs domaines respectifs. Nous en entendons par élite ici les autorités religieuses, les responsables des partis politiques, les responsables des grandes écoles, les parlementaires, les autorités municipales et régionales.

Afin de remobiliser la défense populaire et surtout pour l'atteinte des ODD, il serait très judicieux de s'appuyer sur ceux-ci. Afin de mieux les impliquer, des taches précises leur pourront être confiées selon les attentes des pouvoirs de conception et de direction et vice-versa. Cela en plus de lubrifier la relation civil-militaire servira à booster les populations vers ce qui est attendu d'eux. Cette relation entre les élites et les pouvoirs devra être synchronique c'est-à-

230J.P MELOUPOU op cit , Armée et développement : de la réalité psychologique a la perception sociale du développement , Éditions ASVA Éducation, Yaoundé, 2013

231 Loi numéro 2002/005 du 2/12/2002 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi numéro 73/1 du 08/06/1973

232Ce sont des journées organisées durant la Semaine de l'Unité à la base militaire 101 lors desquelles un aperçu est donnée aux civils sur les forces de défense, leurs missions, leurs actions, équipements..

233 Une émission de radiodiffusion au poste national de la CRTV qui est le diapason radiophonique du lien armée-nation.

dire aller des deux sens. Si d'une part les élites serviront à appliquer ce qui leur est donné par les pouvoirs, ces derniers devront aussi écouter ces élites.

3. Une distribution méthodique des taches dans le domaine des ODD

Dans ce point, nous nous inspirons de la pensée du Maréchal Bernard Montgomery234 selon laquelle pour atteindre un objectif, il faut clairement expliquer aux agents ce qui est attendu d'eux, et comment ils procéderont pour atteindre leur objectif. C'est dans ce sens que nous proposons une planification intelligente et stratégique, c'est-à-dire un processus de gestion visant à assurer, d'une manière continue, une concordance entre organisation et circonstances internes et externes favorables.

Les ODD étant déjà le produit d'une planification stratégique, il suffit de dire clairement aux acteurs ce qui est attendu d'eux selon les ODD. Par exemple qu'en ce qui concerne l'accès à la santé ODD3, nous pouvons dire à chaque acteur exactement ce qui est attendu de lui de manière pratique. Une entité indépendante qui pourrait être appelée « comité développemental de défense populaire » pourrait être mise en place afin de mettre en place, coordonner et suivre ce plan.

- 99 -

234Maréchal MONTGOMERY, The path to leadership (les voies du pouvoir) , Hachette, 1962 page 17

- 100 -

CONCLUSION PARTIELLE

Cette deuxième partie dont l'ossature était consacrée à démontrer la nécessite d'intégrer la défense populaire a l'atteinte des ODD arrive à sa fin. Il était question de procéder à une analyse de praxis. Afin de rendre l'étude plus pertinente, le premier chapitre de cette partie a été consacré à une étude de perception. Le but de cette étude était d'une part de recueillir la perception des populations concernant la relation armée-nation en général et son apport aux ODD en particulier. Cette étude nous a permis de faire un bon nombre de constats, à savoir qu'un pourcentage significatif de la population n'avait jamais entendu parler du concept de défense populaire, même si la plus grande partie en a entendu parler. Nous avons également pu recueillir la perception sociale de l'armée et surtout de son opinion concernant l'interaction entre armée nation et les ODD.

D'autre part cette étude nous a permis de recueillir les attentes de populations, de détecter certains de points de convergence entre nos deux thématiques afin de schématiser les enjeux d'une remobilisation de la défense populaire. Un autre aspect de cette partie est que, considérant l'approche mixe de notre travail, nous avons, grâce aux différents entretiens avec plusieurs autorités, pu recueillir des témoignages et des données importantes pour cette étude.

Les données étant recueillies et présentées au chapitre 3, nous avons consacré notre dernier chapitre à la prospective d'une alliance entre la défense populaire et les objectifs de développement durable. Il était question, grâce aux informations obtenues de diverses sources et analyses, de procéder à une perspective. Nous avons ébauché d'une part l'interaction entre les deux concepts tant au plan théorique que pratique, et d'autre part nous avons essayé de ressortir les enjeux ainsi que quelques pistes de réflexions innovantes, d'une remobilisation du lien armée-nation pour l'atteinte des ODD.

CONCLUSION GÉNÉRALE

- 101 -

- 102 -

Notre étude traitait de la problématique de la contribution du lien armée-nation à l'atteinte des objectifs de Développement Durable avec un cas d'étude sur la défense populaire au Cameroun. Le problème que posait notre sujet était celui de la remobilisation de la défense populaire pour l'atteinte des ODD. Afin de mieux circonscrire notre étude, nous l'avons divisé en deux principales parties.

La première visait à fournir des généralités sur les concepts moteurs. Le premier chapitre s'est attelé à décrire et disséquer la défense populaire camerounaise en commençant par ses fondements, les motivations de son adoption, les sources juridiques, ses acteurs ainsi qu'un cas pratique de sa manifestation en contexte de crise. Le deuxième chapitre visait à analyser la mise en oeuvre des ODD en Afrique en général avec un accent mit le Cameroun. Dans ce chapitre nous avons brièvement présenté les ODD de manière générale, examiné quelques raisons et facteurs de leur adoption, les innovations que ceux-ci auront apporté par rapport aux politiques précédentes ainsi que les acteurs de leur mise en oeuvre au Cameroun particulièrement et les défis auxquels ils sont confrontés.

La deuxième partie a été plus praxis. Deux chapitres ont été consacrés à cette partie. Dans le premier, nous avons réalisé une étude de perception populaire sur la défense populaire. L'objectif étant de vouloir évaluer le niveau de perception des populations sur la défense populaire ainsi que sa contribution aux ODD. Ce chapitre s'est donc beaucoup plus focalisé sur le cadre méthodologique, la description, la présentation et l'interprétation des résultats obtenus dans cette étude. Le dernier chapitre a été constitué de restitutions et propositions. Une étude de l'interaction entre la défense populaire et ODD a été faite de manière approfondie en ressortant leurs points communs et leurs aspects divergents tant au plan théorique que pratique. Dans ce même chapitre, nous avons également ressorti les enjeux d'une mobilisation du lien armée-nation ainsi que des pistes de réflexions en vue d'une mobilisation de la défense populaire pour l'atteinte des Objectifs de Développement Durable au Cameroun.

En définitive, notre thème traitait de la problématique du la contribution du lien armée nation à l'atteinte des Objectifs de développement Durable. Il était principalement question de démontrer pour quelle raison et de quelle manière le lien armée-nation devrait et pourrait contribuer à l'atteinte des ODD. Toutes nos analyses et recherches obtenues nous ont permis d'arriver aux constats suivants :

- 103 -

Le lien Armée-nation au Cameroun est matérialisé par le concept de défense populaire. Le choix de cette matérialisation ne s'est pas fait au hasard mais il a été la résultante de divers facteurs d'ordres politiques, géographiques, économiques et culturels. La défense populaire camerounaise a des sources juridiques, partant de la constitution jusqu'aux lois. Elle a su se mobiliser en contexte de crise. Et surtout, elle repose sur la mobilisation de tous les acteurs de la société.

Deuxièmement, les ODD qui sont avant tout une politique internationale sont bien ancrés au Cameroun et sont coordonnés principalement par le ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Les MINEPAT est épaulé par une multitude d'autres acteurs tels que l'Association Camerounaise pour les Nations Unies. Mais surtout, les ODD reposent sur la mobilisation entière des acteurs de la société.

Troisièmement, la défense populaire n'est pas un concept connu de tous. Ainsi, la moitié de la population enquêtée a avoué n'avoir qu'une faible connaissance du concept. De plus, la relation armée-nation n'est pas perçue comme effective, fluide par la majorité de personnes, même si la plupart, sinon la totalité des gens conçoivent les militaires comme nécessaires sinon indispensables, même en temps de paix. Et surtout nous avons trouvé que la majorité des personnes enquêtées sont pour une mobilisation de la défense populaire vers l'atteinte des ODD.

Le dernier constat est que le concept de défense populaire et les ODD présentent des aspects convergents (tels que les mobilisations de tous les acteurs de la société, les mêmes buts, l'affrontement de mêmes défis) mais aussi des aspects divergents (la portée, la schématisation). Néanmoins, il existe des enjeux (sécurité, environnement, pourcentage alloué à la défense, exemple de système sociale de la défense) qui devraient conduire à une mobilisation de la défense populaire à l'atteinte des ODD. Pour se faire, il faudrait une prise de conscience préalable ainsi que l'adoption de lignes directrices tant au plan théorique que pratique.

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IV- TRAVAUX UNIVERSITAIRES

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V- PÉRIODIQUES

-Cameroun Tribune de 03/02/2014

-journal quotidien Le Jour, numéro 1865 du 05/02/2015

VI- XVII

TEXTES OFFICIELS

- Constitution du Cameroun

- Décret n° 2008/220 du 04 juillet 2008

- Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars 1975

- Les 21 textes du PRC du Décret n° 2001/177 du 25 Juillet 2001 portant organisation

du Ministère de la Défense

- Loi numéro 67/LF/9 et l'instruction n°03/CAB/PRU

- Loi numéro 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la moi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3.

- Loi numéro 2002/005 du 2/12/2002 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi numéro 73/1 du 08/06/1973

- Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 instituant le Service Civique National de Participation au Développement (SCNPD)

- Organisation des Nations Unies, Charte des Nations Unies

VII- RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES

- Déclaration de S.E.M. Paul Biya, 72eme Session de l'Assemblée Générale des Nations

Unies, New York, 22/09/2017

- Document de la SND30

- Document Stratégique pour la Réduction de la pauvreté

- Document stratégique pour la croissance et l'emploi

- Discours de S.E.M Paul Biya à la nation 31/12/2022.

- Discours du Dr Paul FOKAM aux PKFOKAM awards, 2015

- La patrie d'abord, film réalisé par Thierry NTAMACK, 2016

- Livre d'or de l'armée camerounaise

- le livre blanc de la défense, de Léotard François

- MULLER JP, GAVAUD M, Carte Pédologique du Cameroun 1979

- Plan cadre de coopération des Nations Unies pour le développement du Cameroun 2022-

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- Pr ABANEENGOLO Patrick Edgard, Cours de droit constitutionnel licence 2 Paix et

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- Pr MANDJEM Yves, Cours de résolution pacifique des conflits en Afrique, outils et

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- Pr NGWANZA Stéphane, Cours sur les Enjeux Stratégiques de l'Afrique

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- Robert MCNAMARA, Address to the board of Directors, Nairobi, 1973

- Vision 2035, République du Cameroun

- World Defense Almanac, Military Technology, 1987, vol XII, issue no 1, 1988

VIII- WEBOGRAPHIE

- https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/

- https://www.lhl-databases.icrc.org - https:/ www.cnrtl.fr

- https:/ dictionnaire.reverso.net

- https:/ doi.org /10.4000/conflits.1526

- https : // prc.cm

- https : //carin.info

- https://scholar.google.fr

- minepat.gov.cm

- site https:/ banquemondiale.org

ANNEXES

XIX

XX

ANNEXE 1 :

QUESTIONNAIRE DE PERCEPTION

Par NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL

Master II, Coopération Internationale, Action Humanitaire et Développement Durable.

Institut des Relations Internationales du Cameroun.

THÈME: LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION DE A L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN

Ce questionnaire porte sur le niveau de connaissance de la défense populaire ainsi que de son rôle dans l'atteinte des ODD. Nous vous prions de bien vouloir répondre de manière objective car la qualité scientifique en dépend. Nous précisons a cet effet que toutes les informations relatives à votre identité personnelle resterons strictement confidentielles.

Veuillez cocher la réponse qui correspond à votre cas.

A- IDENTIFICATION DU SUJET

1. Sexe ; Masculin n Féminin n

2. Age; = 17 ans n 18-25ans n 26-34ans n 35-43ans n 44-52ans n 53-60ans n

3. 60ans n

4. Catégorie socio-professionnelle

Élève n étudiant n Chômeur n Entrepreneur / Homme d'affaires n

Enseignant n Commerçant n Militaire n Transporteur n Agent de l'état n Employé

privé n Personnel de santé n Cultivateur, planteur, éleveur n Autre n

5. Langue parlée: Français uniquement n Anglais uniquement n Français et anglais n Aucune

n

6. Niveau d'études : Primaire n BEPC/GCE O ou équivalent n Baccalauréat/GCE A ou

équivalent n BTS n Licence n Master n Doctorat n Autre n

B-QUESTIONNAIRE DE MESURE

1. Avez-vous déjà entendu parler du concept de défense populaire? Si oui, passez à la question 2, si non passez directement à la question 5

2. De quelle manière avez-vous entendu parler de défense populaire? TV/radio n livres/ journaux n cours n conversations n internet n autre n

3. A quel niveau connaissez-vous la défense populaire?

(Faible maitrise) 1n 2 n 3n 4 n 5 n (Parfaite maitrise)

4.

XXI

Avez-vous déjà participé à un effort de la défense populaire? Oui n Non n

5. Savez vous que la loi prévoit la participation des populations civils à la defense?

Oui n Non n

6. A quel niveau vous sentez-vous impliqué dans la défense?

(Faible implication) 1 n 2n 3 n 4n 5 n (Forte implication)

7. Comment vous sentez-vous lorsque vous entendez le mot défense ou lorsque vous êtes en présence d'un militaire?

Indifférence n Panique n confiance n crainte n pas de réponse n

8. Avez-vous déjà participé à une activité regroupant civils et militaires Oui n Non n

9. A quel niveau percevez-vous l'effectivité de la relation entre les populations et les militaires?

(Pas effective) 1n 2 n 3 n 4 n 5 n (Très effective)

10. Comment percevez-vous les militaires en temps de paix?

Inutile n nécessaires n Indispensables n pas de réponse n

11. A quel niveau pensez-vous que l'armée participe au développement?

(Faible participation) 1 n 2 n 3n 4n 5n (Forte participation)

12. Pensez-vous que le lien armée et nation devrait servir au développement? Oui n Non n

13. Comment souhaiterez-vous que les efforts conjoints de l'armée et les populations servent à atteindre le développement?

14. Si vous avez des contributions concernant la thématique, merci de nous les donner.

Merci pour votre collaboration !

XXII

ANNEXE 2 :

GUIDE D'ENTRETIEN

Par NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL

Master II, Coopération Internationale, Action Humanitaire et Développement Durable. Institut des Relations Internationales du Cameroun. THÈME: LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION A L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS UN PAYS AFRICAIN : CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN

1- Introduction

Dans le cadre de la réalisation d'un mémoire de fin d'études, ce travail traite de la problématique de la défense populaire à l'atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Favorisant l'approche qualitative, cet entretien sera semi-directif et à questions ouvertes et réponses libres. Dans cet exercice, il vous sera posé quelques questions et vous aurez la liberté d'exprimer votre point de vue.

Ce travail se veut de recueillir votre perception du lien armée-nation au Cameroun, Sa pertinence, son actualité dans le contexte actuel, et son apport à d'atteinte des Objectifs de Développement Durable. Votre avis sera d'une grande importance car vous êtes une personne ressource pour la réalisation de cette étude. Bien entendu, vos réponses seront utilisées essentiellement à des fins scientifiques.

Cette étude se déroulera en deux temps. Nous allons commencer par vous faire un débriefing sur la thématique et ensuite on procédera à l'entretien proprement dit.

2. Coordonnées de l'interviewé

Nom:
Fonction:

3. Questions

1- Que pensez-vous du lien armée-nation au Cameroun?

2-

XXIII

Que pensez-vous du lien armée-nation au regard de notre contexte sociopolitique actuel?

3- Comment optimiser le lien armée-nation pour assurer la paix au Cameroun?

4- Que pensez-vous de l'apport du lien armée-nation à l'atteinte des Objectifs de Développement Durable ?

5- Si vous avez des contributions sur la thématique, merci de nous les donner.

Date de l'interview :

Signature de l'interviewé

XXIV

ANNEXE 3 : Photo avec le SCEGRI, Colonel EKWAINGEN Michael

XXV

TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE II

AVERTISSEMENT III

DÉDICACE IV

REMERCIEMENTS V

SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES IX

LISTE DES ANNEXES X

RÉSUMÉ XI

ABSTRACT XII

INTRODUCTION GÉNÉRALE - 1 -

I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION - 2 -

II. DÉLIMITATION DU SUJET - 5 -

III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS - 7 -

IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE - 12 -

A.REVUE DE LA LITTÉRATURE - 12 -

B.LES QUESTIONS DE RECHERCHE - 18 -

1.)COMMENT UTILISER LA DEFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE POUR ATTEINDRE LE

DEVELOPPEMENT DURABLE? - 19 -

V. HYPOTHÈSES - 19 -

HYPOTHÈSE CENTRALE - 19 -

1.)LA REDYNAMISATION THEORIQUE ET PRATIQUE DE LA DEFENSE POPULAIRE

CAMEROUNAISE POURRAIT CONDUIRE AU DEVELOPPEMENT DURABLE. - 19 -

VI. CADRE THÉORIQUE - 19 -

VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE - 24 -
PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA

PLACE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE - 27 -

CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN : LA DÉFENSE

POPULAIRE - 29 -

SECTION I : UNE POLITIQUE DE DÉFENSEBASÉE SUR LA DÉFENSE POPULAIRE - 30 -

PARAGRAPHE 1 : MODE DE PLANIFICATION DE LA DEFENSE POPULAIRE - 30 -

A. Les Facteurs déterminant l'adoption de la défense populaire - 30 -

1. Les Facteur Politiques et Géographiques - 30 -

2. Les Facteurs économiques et culturels - 31 -

B. Les Sources Juridiques de la défense populaire - 33 -

1. La Constitution - 33 -

2. La loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation de la défense - 33 -

3. L'instruction présidentielle n° 16/CAB/PRU du 1er septembre 1972 - 34 -

Paragraphe 2 : Les Institutionsresponsables de la défense populaire camerounaise - 34 -

A. Les organes en charge des pouvoirs de conception, de direction et les structures

gouvernementales - 35 -

1. Le Président de la République (PR) - 35 -

XXVI

2. Le Gouvernement

 

- 35 -

B.LES DEPARTEMENTS MINISTERIELS ECONOMIQUES;

- 36 -

C.LES DEPARTEMENTS MINISTERIELS SOCIAUX

- 36 -

B. Les structures déconcentrées et les élites

- 37 -

1. Les chefs des circonscriptions administratives et militaires

- 37 -

2. Les élites

- 37 -

SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN

- 37 -

Paragraphe 1 : Mise à l'épreuve du lien armée nation au Cameroun dans contexte de crise : Cas

des incursions de la secte Boko-Haram (BH)

- 38 -

A. Un aperçu de la crise

- 38 -

1. Nature, acteurs et manifestation du conflit

- 38 -

2. Intérêts et Conséquences

- 39 -

B. Les efforts consentis par la défense populaire

- 40 -

1. 1. Les Forces de Défense et le gouvernement Camerounais

- 40 -

2. Les populations locales, les médias et les entreprises

- 41 -

 

3. Les groupes religieux

- 42 -

Paragraphe 2 : Défis et Perspectives

- 42 -

A. Les Facteurs théoriques

- 42 -

1. La vétusté de son élaboration

- 42 -

2. Le rôle non défini de certains départements ministériels

- 43 -

3. Perception de la défense par la société

- 43 -

B. Les Facteurs pratiques

- 44 -

1. La composante humaine du Cameroun

- 45 -

2. L'actualité des menaces

- 45 -

3. La condition morale des Camerounais

- 46 -

 

CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

- 47 -

SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE

- 47 -

Paragraphe 1 : Les Objectifs de Développement Durable

- 48 -

A. Illustration des 17 Objectifs du Développement Durable

- 48 -

Source : Organisation des Nations Unies

- 48 -

B. Explication des ODD

- 49 -

Paragraphe 2 : L'émergence des Objectifs de Développement Durable en Afrique

- 52 -

A. Des stratégies de développement en Afrique

- 53 -

1. Ujama'aet la théorie satisfaction des besoins fondamentaux

- 53 -

2. Les approches ONG et développement local et celles de la Démocratisation, droit de

l'homme et développement participatif - 54 -

3. Les stratégies de la Démographie, genre et développement et les OMD

- 54 -

 

B. Innovation des ODD face aux précédentes stratégies

- 55 -

1. La planification temporelle et la structuration pointilleuse

- 55 -

2. La complémentarité écologique et l'universalité

- 55 -

3. L'étude statistique et la distinction des objectifs

- 56 -

SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN

- 56 -

Paragraphe 1 : Les acteurs de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun

- 56 -

A. Les Acteurs Institutionnels

- 57 -

1. Le Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies au Cameroun

- 57 -

2. Le Responsable gouvernemental : Le Ministère de l'Économie, de la Planification et

de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT)

- 58 -

B. Les autres Acteurs Nationaux

- 59 -

1. La Société Civile

- 59 -

A.L'ASSOCIATION CAMEROUNAISE POUR LES NATIONS UNIES (ACNU)

- 59 -

B.LES AUTRES ASSOCIATIONS

- 60 -

2. Le secteur Privé

- 61 -

Paragraphe 2 : Défis et recommandations pour l'atteinte des objectifs du développement

- - - - - - - -

Durable au Cameroun

 

- 62

A. Les défis théoriques

- 63

1. La généralisation des objectifs vs la singularisation des territoires

- 63

2. L'élément culturel et le caractère irréaliste de certains ODD

- 63

B. Les défis pratiques

- 64

1. L'instabilité sociopolitique

- 64

2. La pandémie de la Corona virus (COVID-19)

- 64

CONCLUSION PARTIELLE

- 65

DEUXIÈME PARTIE : LA NÉCESSITE D'INTÉGRER LA DÉFENSE POPULAIRE A L'ATTEINTE DES

ODD - 66 -

CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE VERS SA

MOBILISATION AUX ODD - 67 -

SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET MATÉRIEL - 68 -

Paragraphe 1 : L'environnement - 68 -

A. Cadre, population et période

- 68 -

1. Cadre

- 68 -

2. Population et période

- 69 -

A. POPULATION

- 69 -

B .PERIODE

- 69 -

B.Technique d'échantillonnage

- 69 -

1.Répartition en fonction de sexe et de l'âge

- 70 -

A.REPARTITION EN FONCTION DU SEXE

- 70 -

B.REPARTITION EN FONCTION DE L'AGE

- 70 -

2.Répartition en fonction de la profession, du niveau d'études et de la langue parlée- 71 -

A.REPARTITION SOCIOPROFESSIONNELLE

- 71 -

B.REPARTITION EN FONCTION DU NIVEAU D'ETUDES

- 72 -

C.REPARTITION EN FONCTION DE LA LANGUE PARLEE

- 72 -

Paragraphe 2 : Matériel, procédure de collecte et traitement de données

- 73 -

A. La recherche documentaire, l'observation et les entretiens, Mode d'administration de

questionnaire

- 73 -

1. La recherche documentaire

- 73 -

2. L'observation et les entretiens,

- 73 -

3. Mode d'administration de questionnaire

- 74 -

B. Le traitement de données et les difficultés rencontrées

- 74 -

1. Traitement

- 74 -

2. Difficultés rencontrées

- 74 -

SECTION II : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

- 75 -

 

XXVII

Paragraphe 1 : Connaissances générales

- 75 -

A. Connaissance du concept de défense populaire

- 75 -

1. Connaissance du concept de défense populaire

- 75 -

2. Moyen de connaissance du concept de défense

- 76 -

3.NIVEAU DE MAITRISE DU CONCEPT DE DEFENSE POPULAIRE

- 77 -

B. De la perception sociale de l'armée

- 77 -

1. Connaissance du fait de la participation des civils à la défense

- 77 -

2. Niveau d'intérêt à la défense

- 78 -

3. Sentiment en présence d'un militaire

- 78 -

Paragraphe 2 : La relation armée-nation (armée population) et la problématique des Objectifs

- - - - - - - -

CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE ENTRE DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT

de Développement Durable.

- 79

A.

 

La relation armée-nation

- 79

 

1.

Participation à une activité regroupant civils et militaires

- 79

 

2.

Perception de l'effectivité de la relation armée-population

- 80

B.

 

Vers la problématique des Objectifs du Développement Durable

- 80

 

1.

Perception des militaires en temps de paix

- 80

 

2.

Participation de l'armée au ODD

- 81

 

3.

Opinion sur l'orientation du lien armée-nation à l'atteinte des ODD

- 81

XXVIII

DURABLE - 83 -

SECTION I : L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE ET LES

ODD - 83 -

Paragraphe I : Les points communs entre la défense populaire camerounaise et les ODD - 83 -

A. Les similitudes au plan théorique - 84 -

1. La lutte contre les fléaux au développement

- 84 -

2. L'aspect sécuritaire

- 84 -

3. Autres similitudes théoriques

- 85 -

B. Les points communs au plan pratique

- 86 -

1. La mobilisation entière de la société

- 86 -

2. La présence des mêmes acteurs

- 87 -

 

3. Les mêmes défis

- 88 -

Paragraphe 2 : L'existence de quelques points de divergence

- 89 -

A. Les divergences Théoriques

- 89 -

1. Le champ de discipline

- 89 -

2. Une différence dans leurs socles théoriques

- 90 -

B. Les divergences pratiques

- 90 -

1. La nature des rapports entre les différents acteurs

- 90 -

2. Une différence dans le mode de planification

- 91 -

SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE MOBILISER LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD- 92

Paragraphe 1 : Les facteurs d'une mobilisation de la défense populaire camerounaise pour

- - -

2.La non-perception de la défense comme un acteur participatif au développement - 93 -

-

l'atteinte des ODD

- 92

A. Les Facteurs théoriques

- 92

1.Le pourcentage du budget alloué au secteur de la défense

- 93

XXIX

B. Les Facteurs pratiques - 94 -

1. La défense comme un bon modèle de système social et la citoyenneté militaire - 94 -

2. L'analogie entre développement et taux d'infractions - 94 -

3. Le facteur de cohésion civilo-militaire en temps de paix - 95 -
Paragraphe 2 : Axes de réflexion en vue d'une mobilisation de la défense populaire

camerounaise vers l'atteinte des ODD. - 95 -

A. Au plan théorique - 96 -

1. Actualiser le cadre juridique de la défense populaire - 96 -

2. Connaitre et faire connaitre la défense populaire ainsi que ses enjeux - 97 -

B. Au plan pratique - 97 -

1. Revigorer la relation entre les militaires et les civils - 97 -

2. Raviver le rôle des élites - 98 -

3. Une distribution méthodique des taches dans le domaine des ODD - 99 -

CONCLUSION PARTIELLE - 100 -

CONCLUSION GÉNÉRALE - 101 -

BIBLIOGRAPHIE XIII

ANNEXES XIX

TABLE DES MATIÈRES XXV

UNIVERSITÉ DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES DU CAMEROUN
859, Rue de Kribi/7001
Yaoundé 3
B.P. : 1637 Yaoundé
Tél: 222 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
E-mail: contact@iricuy2.net
Site Web: www.iricuy2.net

 

INTERNATIONAL RELATIONS
INSTITUTE OF CAMEROON
859, Kribi Street /7001
Yaoundé 3

P.O Box: 1637 Yaoundé
Tel: 222 31 03 05

Fax: (237) 22 31 89 99

E-mail: contact@iricuy2.net Site Web: www.iricuy2.net

- 1 -

Project-Work

RAPPORT DE STAGE ACADÉMIQUE EFFECTUÉ AU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN

Rédigé par:

NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL

Sous l'Encadrement de :

Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA SOULEMANOU

Chef Division Afrique à la Sous-Chefferie Études Générales et Relations Internationales de l'État-major des Armées

Sous la supervision de :

Colonel EKWAINGEN MICHAEL

Sous-chef Études Générales et Relations Internationales de l'État-major des Armées

- 2 -

SOMMAIRE

DÉDICACE - 3 -

REMERCIEMENTS - 4 -

SIGLES ET ABRÉVIATIONS - 5 -

AVANT PROPOS - 6 -

RÉSUME - 7 -

ABSTRACT - 8 -

INTRODUCTION GÉNÉRALE - 9 -

CHAPITRE I : DESCRIPTION DU CADRE - 11 -

SECTION I : LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN - 11 -

Paragraphe 1 : Description géographique - 11 -

Paragraphe 2 : Présentation Institutionnelle - 11 -

SECTION II : L'ÉTAT MAJOR DES ARMÉES - 12 -

Paragraphe 1 : Présentation de L'État major des Armées - 12 -

Paragraphe 2 : La Sous-Chefferie Études Générales et Relations Internationales - 13 -

CHAPITRE II : EXPÉRIENCE OBTENUE AU COURS DU STAGE - 14 -

SECTION I : IMPRÉGNATIONS ET DÉCOUVERTES - 14 -

Paragraphe 1 : Découvertes Théoriques - 14 -

Paragraphe 2 : Imprégnations pratiques - 16 -

SECTION II : DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ET PROPOSITIONS - 16 -

Paragraphe 1 : Difficultés rencontrées - 16 -

Paragraphe 2 : Suggestions - 17 -

CONCLUSION - 19 -

ANNEXES - 21 -

ANNEXE A : Photo avec le Sous-Chef EGRI, Colonel EKWAINGEN Michael - 21 -

ANNEXE B : Photo avec le Chef DIAF, Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA - 22 -

3.

4.

5.

DÉDICACE

- 3 -

Au Peuple Camerounais

- 4 -

REMERCIEMENTS

J'exprime mon immense gratitude à Monsieur le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense, Monsieur BETI ASSOMO Joseph de m'avoir autorisé à effectuer mon stage au sein son département ministériel dans de bonnes conditions.

Mes remerciements vont également à l'endroit du Général de Corps d'Armée Chef d'État-major des Armées, le Général René Claude MEKA.

Je n'oublie pas le reste du personnel du Ministère de la Défense et particulièrement celui de la Sous-Chefferie Études Générales et des Relations Internationales pour l'accueil chaleureux et les conseils qui m'ont permis d'effectuer mon stage dans une atmosphère sereine.

Des remerciements particuliers :

- Au Colonel EKWENGAIN Michael, Sous-chef Études Générales et Relations Internationales

- Au Colonel ABANE MBOM Jean-Philippe, chef Division Afrique sortant

- Au Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA SOULEMANOU, Chef Division Afrique entrant

- Au Colonel ESSOME MBENDA pour ses précieux conseils

- À Tous les enseignants de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun en général et du Master CA2D en particulier pour l'encadrement et les connaissances mises à la disposition des étudiants ;

- À tous ceux que j'ai oubliés de citer, mais qui ont contribué de manière directe ou indirecte à la rédaction de ce rapport.

- 5 -

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

BATCAM : Bataillon Camerounais

CA2D : Coopération Internationale, Action Humanitaire et Développement Durable

CEMA : Chef d'État-Major des Armées

DIAF : Division Afrique

DSCE : Document Stratégique pour la Croissance et l'Emploi

DRM : Division Reste du monde

EGRI : Études Générales et Relations Internationales

EMA : État-Major des Armées

IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

MINDEF : Ministère de la Défense

MINREX : Ministère des Relations Extérieures

ODD : Objectifs du développement Durable

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

OMP : Opérations de Maintien de la paix

ONU : Organisation des Nations Unies

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

RCA : République Centrafricaine

SCEGRI : Sous-chef Études Générales et Relations Internationales

SCO : Sous-Chefferie Opérations

SCP : Sous-Chefferie Plans

SND : Stratégie Nationale pour le développement

- 6 -

AVANT PROPOS

En 2021, L'institut des Relations Internationales du Cameroun fête ses 50 ans. En effet, elle a été créé en 1971 par le décret numéro 71/DF/195/BIS du 24 avril 1971. L'IRIC est un Établissement professionnel d'enseignement supérieur sous tutelle de l'université de Yaoundé II. Il est dirigé par un comité directeur dont la présidence est assurée par le Ministère des Relations Extérieures.

L'institut est en effet l'image de la diplomatie camerounaise et offre des formations uniquement au cycle master. Les filières ouvertes sont : Diplomatie, Banque Monnaie et Finances Internationales, Marketing International, Contentieux International, Communication et Action Publique Internationales, Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires, Francophonie, Mondialisation et Coopération Internationale Action Humanitaire et Développement Durable. Elle forme également en stage diplomatique et protocolaire.

La formation à l'IRIC vise une optimisation du marché de l'emploi. Cependant cette formation s'accompagne de stages académiques avec pour but de permettre aux étudiants de pratiquer et d'apprécier la qualité des enseignements mais également de s'imprégner du monde professionnel dans les domaines ou les étudiants voudront exercer.

C'est dans ce cadre que nous avons effectué notre stage académique au Ministère de la Défense du Cameroun durant la période allant du 06 septembre au 05 Octobre 2021.

- 7 -

RÉSUME

Ce document fait un rapport des activités menées et des connaissances acquises durant le stage au MINDEF et plus précisément à la Sous-Chefferie des Études Générales et Relations Internationales du 06 septembre au 05 octobre 2021. Le cadre empirique de ce rapport repose sur deux principaux axes. Nous allons préalablement restituer de cadre d'exercice du stage. Ensuite seront présentées les expériences professionnelles acquises sur le plan théorique et pratique.

- 8 -

ABSTRACT

This document reports on the activities and the knowledge acquired during the academic internship at the Ministry of Defense at the Under Chiefdom of General Studies and International Relations during the period lasting from 06 September to 05 October 2021. The empirical interest of this report lays on two principal axes. We will start by describing the environment. Then, we will also present the skills acquired both theoretically and practically.

- 9 -

INTRODUCTION GÉNÉRALE

- 10 -

Les attentats du 11 septembre 2001 aux États Unis d'Amérique marquent un tournant décisif dans l'évolution des concepts de Paix et Sécurité. En effet, les États vont prendre conscience que l'inexistence ou la baisse des guerres au sens classique du terme, n'était pas forcément synonyme de paix. D'autres menaces dites protéiformes constituent désormais des sources crédibles d'instabilité et de sous-développement des États, d'où la nécessité de faire évoluer le rôle et les missions des Armées Nationales. Au plan théorique, nombreux auteurs ont soutenue changement de paradigmes dans le rôle des forces de défenses. C'est ce constat qui nous a conduit à la problématique de notre rapport qui traite de la contribution des Forces Armées Camerounaises dans un monde en pleine mutation et face aux nouveaux enjeux mondiaux tels que le développement. Au-delà de ses missions régaliennes de défense des intérêts et de sauvegarde de l'intégrité du territoire, nous nous appliquerons à déceler quel rôle joue les forces armées dans le processus de développement. Le stage effectué au MINDEF s'inscrit donc en bonne place dans ce contexte.

- 11 -

CHAPITRE I : DESCRIPTION DU CADRE

L'organisation et le fonctionnement du MINDEF sont encadrés par divers décrets donc les plus récents trivialement connus sous l'appellation des « 21 décrets ». Dans ce chapitre seront clairement vu les rôles et les missions à la fois du ministère en général (I) et de l'EMA(II).

SECTION I : LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN

Paragraphe 1 : Description géographique

Le MINDEF du Cameroun est situé à Yaoundé au quartier Ngoa-Ekelle, plus précisément sur le plateau Atemengue, près du Quartier Général. Il occupe le côté droit de la rue allant du Monument de la Réunification jusqu'à la voirie municipale. Quelques édifices à proximité sont ; le Monument de la Réunification, l'Ambassade de la France au Cameroun, l'Hôpital Militaire, le Mess des Officiers.

L'accès au ministère s'effectue plus haut, à l'ouverture tout près du monument de la réunification et la sortie s'effectue plus bas à l'ouverte situé à côté du Mess. Le ministère compte également une entrée réservée exclusivement au ministre.

L'intérieur du ministère est structuré selon un plan en domino organisé autour d'une route principale avec des routes secondaires à gauche et à droite menant à des bâtiments abritant divers directions du ministère.

Paragraphe 2 : Présentation Institutionnelle

Le Ministère de la Défense est placé sous l'autorité d'un Ministre Délégué à la Présidence de la République. Il est chargé de :

? l'étude des plans de défense ;

? la mise en oeuvre de la politique de défense ;

? la coordination et du contrôle des Forces de Défense ;

? l'organisation et du fonctionnement des Juridictions Militaires.

Il est assisté de deux Secrétaires d'État chargés respectivement de la Gendarmerie nationale et des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Les Forces de défense et de sécurité au Cameroun sont constituées de cinq forces : la Gendarmerie nationale, de l'Armée de terre, de l'Armée de l'air et de la Marine nationale.

Le Ministère de la Défense comprend :

- 12 -

- une Administration centrale constitué à la fois des services rattachés au ministre délégué

(à l'instar de ; le Secrétariat particulier du Ministre ; le Secrétariat militaire ; la Réserve ministérielle ; l'Administration centrale de la Gendarmerie ; les états-majors; le Contrôle général des Forces Armées ; l'Inspection générale des armées ; le Conseiller logistique ; les Conseillers techniques ; les Attachés de défense ; la Division de la coopération militaire ; la Division de la sécurité militaire ;la Division de la communication ; la Direction centrale des productions militaires, des ateliers industriels des armées et de la réinsertion) des services rattachés au Secrétariat Général a l'instar de la cellule organisation et méthodes, la Direction des affaires administratives et réglementaires, la Direction du budget et des équipements, la Direction du domaine militaire et des infrastructures , la Direction des ressources humaines, la Direction de la justice militaire, la Direction de la santé militaire, la Direction des sports, des activités culturelles et artistiques.

- Des services extérieurs tels que ; les commandements territoriaux de la Gendarmerie,
les commandements territoriaux des Armes, les commandements territoriaux du Corps National de Sapeurs-Pompiers, les juridictions militaires, les formations hospitalières militaires, les organismes sociaux, les services et établissements militaires.

SECTION II : L'ÉTAT MAJOR DES ARMÉES

Paragraphe 1 : Présentation de L'Etat-major des Armées

Les Forces de Défense sont dirigées par L'État-major des Armées et respectivement par : l'état-major de l'Armée de Terre ; l'état-major de l'Armée de l'Air ; l'état-major de la Marine nationale. Chaque état-major est placé sous l'autorité d'un Chef d'état-major. Les Chefs d'état-major relèvent de l'autorité directe du Ministre chargé de la Défense. La Gendarmerie nationale fait l'objet d'un texte particulier.

L'État-major des Armées assure la coordination des activités des états-majors de l'Armée de Terre, de l'Armée de l'Air et de la Marine pour l'organisation, l'équipement et l'entraînement des Forces. L'état-major des Armées est placé sous l'autorité d'un Officier Général nommé par décret du Président de la République. Le Chef d'état-major des Armées est assisté du Major Général de l'état-major des Armées, chargé de la coordination des 03 sous-chefferies ; la SCP, la SCO, et la SCEGRI dans laquelle nous avons effectué notre stage) officier nommé par décret du Président de la République. Les attributions du Chef d'état-major des Armées et celles des états-majors des différentes Armées sont fixées par des textes particuliers.

- 13 -

Paragraphe 2 : La Sous-Chefferie Études Générales et Relations Internationales

Le « Sous-chefferie Études Générales et Relations Internationales » est chargée des études prospectives en matière de défense et d'emploi des Forces. Elle suit la Coopération militaire internationale et évalue son influence sur les Forces Armées nationales. Elle a à sa tête un sous-chef EGRI, officier supérieur nommé par décret.

Sont placées sous l'autorité du «Sous-chef études générales et relations internationales» : La Division « Afrique » ; et La Division « Reste du Monde ».

La Division Afrique est placée sous l'autorité d'un Chef de Division, officier nommé par décret du Président de la République ; il est assisté de chargés d'études et de chargés d'études assistants, officiers nommés par arrêté du Président de la République. La Division Afrique est chargée : des études polémologiques et stratégiques intéressant l'Afrique en général et l'Afrique Centrale en particulier ; du suivi des conséquences éventuelles sur la Défense Camerounaise ; de la coopération militaire avec les États Africains.

La Division Reste du Monde est chargée : des études polémologiques générales et stratégiques intéressant les autres Continents et de leurs interférences sur la politique de défense du Cameroun ; de la coopération militaire internationale en liaison avec les services concernés du Ministère de la Défense.

- 14 -

CHAPITRE II : EXPÉRIENCE OBTENUE AU COURS DU STAGE

Le stage académique donne la possibilité aux apprenants de s'imprégner de l'environnement socioprofessionnel dans lequel ils pourraient être intégrés au terme de leurs formations. Le nôtre s'est effectué du 06 septembre au 05 octobre 2021 au sein de la SCEGRI de l'EMA, séjour ou nous avons acquis de nombreuses connaissances à la fois théoriques et pratiques (SECTION I), mais cela ne s'est pas fait sans difficulté (SECTION II).

SECTION I : IMPRÉGNATIONS ET DÉCOUVERTES

Paragraphe 1 : Découvertes Théoriques

1. Les différents grades de l'armée

Au plan théorique, nous avons appris à distinguer les différents gardes de l'Armée ainsi qu'en quoi consiste la professionnalisation de l'Armée Camerounaise. La hiérarchie militaire est contenue dans le titre III du Règlement de Discipline Générale dans les forces de défense de défense, celui-ci précise les grades et les appellations. Ceci pourrait être vu dans le tableau suivant ;

GENDARMERIE

ARMÉE DE

ARMÉE DE

MARINE

 

TERRE

L'AIR

NATIONALE

OFFICIERS GÉNÉRAUX

Général Corps d'Armée

Général Division

de

Général Division

de

Général Aérienne

de Division

Vice-amiral

Général Brigade

de

Général Brigade

de

Général Aérienne

de Brigade

Contre-amiral

OFFICIERS SUPÉRIEURS

Colonel

Colonel

Colonel

Capitaine de Vaisseau

Lieutenant-colonel

Lieutenant-colonel

Lieutenant-colonel

Capitaine de Frégate

Chef d'Escadron

Chef de Bataillon

Commandant

Capitaine de Corvette

- 15 -

OFFICIERS SUBALTERNES

Capitaine

Capitaine

Capitaine

Lieutenant de Vaisseau

Lieutenant

Lieutenant

Lieutenant

Enseigne de

Vaisseau de 1° classe

Sous-lieutenant

Sous-lieutenant

Sous-lieutenant

Enseigne de

Vaisseau de 2° classe

S'agissant des grades, nous avons également appris que ;

- Le titre de Maréchal de la République, les rangs et appellations de Général d'Armée ou d'Amiral d' Escadre et de Général de Corps d'Armée ou Vice-amiral d'Escadre ne constituent pas des grades, mais peuvent être décernés par le Président de la République.

- La hiérarchie militaire générale comporte le grade d'aspirant qui se situe entre le dernier grade des sous-officiers et celui de sous-lieutenant. Le grade d'aspirant est assimilé à celui de sous-lieutenant en ce qui concerne le droit au commandement, à la discipline, à la notation et l'accès aux cercles et mess.

-Chaque grade est subdivisé en échelons. Les grades comportent trois échelons. Toutefois, le grade de Capitaine ou lieutenant de vaisseau comporte quatre échelons, le grade de sous-lieutenant ou d'enseigne de vaisseau de 2ème classe comporte un échelon, Les grades d'Officiers Généraux ne comportent pas d'échelon.

-Les officier féminins sont appelés directement par leurs grades sans que son énoncé ne se précède par « ma »

2. La Professionnalisation de l'armée

Depuis l'année 2001, l'Armée Camerounaise s'est lancée sous l'impulsion de son chef qu'est le Président de la République du Cameroun dans un projet de professionnalisation. Celui porte sur le tryptique rajeunissement, formation, équipement. Les principales réformes adoptés dans ce point sont entre autres l'instruction des conditions d'Age dans les concours ; l'intégration de médecins, techniciens, juristes, cuisiniers.

- 16 -

2. Activité dynamique de l'armée

Nous avons découvert que l'armée est très impliquée dans domaines qui constituent des enjeux majeurs pour le Cameroun. Elle a contribué à la construction de nombreuses infrastructures tels que ; le parcours Vita de Yaoundé. Aussi, elle participe à travers les casques bleus de l'ONU, les casques blancs de l'UA etc. En gros le lien Armée-Nation existe bel et bien au sein de l'armée Camerounaise.

Paragraphe 2 : Imprégnations pratiques

Au plan pratique, ce stage nous a permis d'acquérir de nouvelles compétences dans les forces de défense dans les OMP ainsi que dans la gestion et le traitement de dossiers de coopération.

1. Les OMP

Le Cameroun étant un pays de l'ONU et donc logiquement a des casques bleus, il intervient dans des pays en crises. C'est dans le cadre que le BATCAM intervient en RCA, intervention que nous avons aidé à préparer.

2. Traitement des données

Nous avons participé au fonctionnement et la gestion de la division. Nous avons travaillé à la saisie, enregistrement et classification des dossiers (lettres, fiches, correspondances, compte rendus) tout en respectant le devoir de réserve et la confidentialité prescrites.

SECTION II : DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ET PROPOSITIONS

Pendant le déroulement de notre stage nous avons obtenues plusieurs découvertes et imprégnations mais nous avons également fait face à quelques difficultés (A) qui nous ont conduits à formuler quelques propositions. (B)

Paragraphe 1 : Difficultés rencontrées

1. Le devoir de réserve et la confidentialité

L'une des plus grandes caractéristiques de l'Armée réside dans sa discrétion souvent qualifié de secret professionnel, ce qui lui a value le terme de « grande muette » Tout au long de notre stage au MINDEF, nous avons eu des difficultés d'accès à certaines informations souvent qualifiées de confidentielles. Les sujets étaient abordés de manière globale et superficielle, tout ceci rendant notre recherche difficile. Nous avons certes été grandement édifié au MINDEF, mais nous restons curieux, ce qui nous pousse à vouloir intégrer le corps afin de mieux performer nos études.

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L'insuffisance de personnel encadrant

Compte tenu de la sensibilité et de l'importance de la DIAF qui entre autres s'occupe de la formation et du suivi de stagiaires étrangers, du suivi des soldats des OMP, le suivi du personnel déployé dans le BATCAM en RCA. Les responsables très occupés dans l'exercice de leurs fonctions ont parfois eu très peu de temps à nous accorder dans le cadre de notre stage.

Ensuite, la particularité de notre Stage est qu'il s'est déroulé durant la période de nominations de nouveaux responsables. Nous avons vécu l'affectation d'un nouveau chef au sein de la DIAF. Et le nouveau une fois venu a été confronté à plusieurs obligations ce qui lui laissait peu de temps pour les stagiaires. Malgré cela, il a quand même pu trouver des moments à nous accorder dans le cadre du suivi et de la rédaction de notre rapport.

3. L'intégration

L'Armée est un corps particulier avec des cultures, habitudes et pratiques particulières. Compte tenu de contexte spatial de notre stage au MINDEF, la majorité du personnel présent dans les services était constitué de militaires et gendarmes et considérant leur mode de vie particulier, au début nous avons été confrontés aux défis d'insertion et d'acclimatation. Mais progressivement, nous nous sommes adaptés.

4. L'incompréhension

L'IRIC dans le cadre de sa formation au master CA2D professionnel, a inclus des stages académiques visant à rendre pratique les enseignements théoriques reçu durant l'année, d'où l'institution de stages complémentaires obligatoires. La difficulté au MINDEF est que nous avons été traité beaucoup plus comme des chercheurs scientifiques, plutôt que des stagiaires ou des travailleurs d'où la présence de plus de découvertes théoriques que pratiques. Nous aurions voulu participer aux actions civilo-militaires, explorer les différentes infrastructures construites par de l'armée camerounaise dans la ville et même au-delà.

Paragraphe 2 : Suggestions

1. Une prise en compte de l'objectif du stage

Généralement, il existe deux types de stages académiques. Le premier vise à offrir une formation pratique aux futurs afin de faciliter leur imprégnation au monde professionnel dans le domaine de leur choix. Le second concerne les chercheurs et vise exclusivement la

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consultation et le traitement des données et d'informations. Nous suggérons alors une consultation préliminaire des stagiaires afin de cerner l'objectif de leur stage.

2. Immersion des stagiaires

Les stagiaires admis au sein de cette sous-chefferie sont le plus souvent des apprenants en Relations, ainsi ils peuvent apporter un plus considérable dans l'analyse dans des faits d'actualité ou dans l'approche de traitement de dossiers a l'instar des fiches pays.

3. Augmentation des ressources et optimisation à l'outil informatique

Nous avons remarqué que le secrétariat du DIAF n'avait qu'un seul ordinateur malgré le volume des taches à mener. Nous avons également remarqué que certains documents étaient encore traités de manière manuscrite. Nous suggérons alors une augmentation et une vulgarisation de l'outil informatique de nouvelle technologie au secrétariat DIAF. Nous suggérons également la nomination de plusieurs chargées d'étude afin d'alléger le travail.

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CONCLUSION

Au terme de rapport qui portait sur le déroulement du stage, dans le premier chapitre, nous avons présenté le cadre de déroulement du stage. Nous avons d'abord présenté le MINDEF dans sa généralité. Après avoir présenté avec la situation géographique, il en ressort qu'il est situé au quartier Ngoa-Ekelle. Ses principales missions sont ; l'étude des plans de défense ; de la mise en oeuvre de la politique de défense ; de la coordination et du contrôle des Forces de Défense ; de l'organisation et du fonctionnement des Juridictions Militaires. Ensuite nous avons présenté l'EMA et plus précisément la SCEGRI, lieu d'affectation de notre stage. Il en est ressorti que la SCEGRI est chargée des études prospectives en matière de défense et d'emploi des Forces. Elle suit la Coopération militaire internationale et évalue son influence sur les Forces Armées nationales. Sont placées sous son autorité La Division Afrique et La Division Reste du Monde.

Puis dans le deuxième chapitre nous avons relaté les expériences obtenues. Notre expérience a été subdivisée en deux parties ; les acquis théoriques et les imprégnations pratiques. Force est donnée de constater quel apport de l'armée à la société est multidisciplinaire et s'avère même fondamental pour le bien-être de la Nation. Les axes d'apprentissage à son sujet sont légion et à cet effet, des efforts considérables s'imposent pour une meilleure immersion des stagiaires dans le milieu. Un accent doit également être mis sur l'automatisation des tâches et l'amélioration de la fourniture en matériel informatique pour une gestion optimale de la charge de travail.

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ANNEXES

ANNEXE A : Photo avec le Sous-Chef EGRI, Colonel EKWAINGEN Michael

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ANNEXE B : Photo avec le Chef DIAF, Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore