UNIVERSITÉ DE YAOUNDE II THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU
CAMEROUN 859, Rue de Kribi/7001 Yaoundé 3 B.P. : 1637
Yaoundé Tél: 222 31 03 05 Fax: (237) 22 31 89 99
E-mail:
contact@iricuy2.net Site Web:
www.iricuy2.net
INTERNATIONAL RELATIONS INSTITUTE OF
CAMEROON 859, Kribi Street /7001 Yaoundé 3
P.O Box: 1637 Yaoundé Tel: 222 31 03 05 Fax: (237) 22 31
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LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION A
L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE :
CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN
Mémoire rédigé et défendu
publiquement en vue de l'obtention du Master en Relations
Internationales
PROJECT-WORK
RAPPORT DE STAGE ACADÉMIQUE EFFECTUÉ AU
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN
OPTION : COOPÉRATION INTERNATIONALE, ACTION HUMANITAIRE
ET DÉVELOPPEMENT DURABLE (CA2D)
Spécialité : Coopération
Internationale et Coopération Décentralisée pour le
Développement
Présenté par :
NKO'O NKO'O Princy Samuel
Licence en Relations Internationales
Sous la Direction de: Et Sous la Supervision de :
Dr NYEBE TSANGA Dorothée Pr OLINGA Alain
Didier
Chargée de cours, IRIC Professeur Titulaire, Chef de
département de Droit International, IRIC
Année académique 2022-2023
II
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT III
DÉDICACE IV
REMERCIEMENTS V
SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES IX
LISTE DES ANNEXES X
RÉSUMÉ XI
ABSTRACT XII
INTRODUCTION GÉNÉRALE - 1 -
I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION - 2 -
II. DÉLIMITATION DU SUJET - 5 -
III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS - 7 -
IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE - 12 -
V. HYPOTHÈSES - 19 -
VI. CADRE THÉORIQUE - 19 -
VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE - 24
- PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU LIEN
ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA
PLACE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE -
27 - CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU
CAMEROUN : LA DÉFENSE
POPULAIRE - 29 -
SECTION I : UNE POLITIQUE DE DÉFENSEBASÉE SUR LA
DÉFENSE POPULAIRE - 30 -
SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU
CAMEROUN - 37 -
CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE
DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE - 47 -
SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE - 47
-
SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN - 56
-
DEUXIÈME PARTIE : LA NÉCESSITE
D'INTÉGRER LA DÉFENSE POPULAIRE A L'ATTEINTE DES
ODD - 66 - CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE
LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE VERS SA
MOBILISATION AUX ODD - 67 -
SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET MATÉRIEL
- 68 -
SECTION II : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION
DES RÉSULTATS - 75 -
CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE ENTRE
DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT
DURABLE - 83 - SECTION I :
L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE ET
LES
ODD - 83 - SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE
MOBILISER LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD- 92
-
CONCLUSION PARTIELLE - 100 -
CONCLUSION GÉNÉRALE - 101 -
BIBLIOGRAPHIE XIII
ANNEXES XIX
TABLE DES MATIÈRES XXV
III
AVERTISSEMENT
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun n'entend
aucunement donner ni son approbation, ni son improbation aux opinions
émises dans ce travail. Elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
IV
DÉDICACE
Ce mémoire est dédié au
Maréchal Bernard Montgomery (1897-1976).
Le Field Marshall Bernard Law Montgomery of Alamein aussi
connu sous son surnom « Monty » est un officier dans
l'infanterie britannique. Il est un homme qu'il est presque impossible à
classer dans une catégorie.
Il a combattu les deux cataclysmes mondiaux. Il a
côtoyé et conseillé les plus grands dirigeants du monde
à son époque. Il a écrit des livres (The Path to
Leadership ; Concise of History Warfare ; The
Memoires of a Field Marshall.) dans lesquelles il aborde de
manière très intéressante des thématiques encore
d'actualité de nos jours telles que la conception du pouvoir, la guerre,
la politique, les Relations Internationales, le leadership, le rôle de
l'armée dans le développement ; l'éducation, la jeunesse
et la religion. Un grand nombre de ses points de vues s'avèrent encore
pertinents aujourd'hui et de nombreux autres ses concrétisent
actuellement.
C'est la découverte de cet illustre personnage et la
lecture de ses ouvrages qui ont suscité en nous le désir
d'orienter notre mémoire vers une thématique concernant les
Forces de défense.
V
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche a été rendu possible
grâce au concours de plusieurs personnes, auxquelles nous
témoignons notre profonde reconnaissance en commençant par le
Seigneur Dieu Tout Puissant.
J'exprime mon immense gratitude au Directeur de l`Institut des
Relations Internationales
du Cameroun (IRIC), à tout le corps professoral en
général, et à l'encadrement du master en
coopération internationale, action humanitaire et
développement durable (CA2D) en particulier,
pour l'encadrement et la qualité de la formation
reçue.
Nous adressons ensuite des remerciements particuliers,
- Au Pr OLINGA Alain Didier, sommité de la science, pour
le privilège qu'il nous a accordé
en acceptant de nous encadrer et de superviser ce travail de
recherche.
- Au Pr Jean-Emmanuel PONDI pour sa présence depuis le
début de notre recherche.
- Au Pr ABANE ENGOLO Patrick pour son parrainage tout au long de
notre formation.
- Au Dr NYEBE TSANGA Dorothée qui, en dépit de ses
contraintes a accepté de nous
accompagner dans ce travail de recherche.
- Au Dr BEGOUMENIE Bertrand pour son accompagnement tout au long
de notre travail.
- Au Dr Colonel MELOUPOU pour sa disponibilité, ses
conseils et la mise à disposition
d'informations.
- Au Dr Colonel ESSOME MBENDA pour ses conseils et la mise
à disposition d'ouvrages.
- Au Colonel EKWENGAIN Michael, Sous-chef Études
Générales et Relations
Internationales de l'État-Major des Armées du
Cameroun, ainsi qu'à toute son équipe.
- À mon père, Sa Majesté le Pr NKO'O AMVENE
Samuel et à ma mère Mme NKO'O
AMENELE Priscille, pour leur soutien multiforme tout au long de
notre formation.
- À tous mes frères et soeurs.
- À Mme BEKOLO Chloé, Mme ETOUNDI Rachel et Mme
ASSOMO Meghan.
- A M. FONKOU Donald et à M. ETOUNDI Tjess.
- Que ma famille, mes amis, mes camarades de la onzième
promotion du Master CA2D, ainsi
que tous ceux qui m'ont aidé d'une manière ou d'une
autre, trouvent ici le témoignage de mon
estime et de ma profonde gratitude.
VI
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ACNU : Association Camerounaise pour les
Nations Unies
APD : Aide Publique au
Développement
BH : Boko Haram
CA2D : Coopération Internationale,
Action Humanitaire et Développement Durable
CCQD : Comité de Coordination des
Questions de Défense
CEEAC : Commission Économique des
États d'Afrique Centrale
CEMA : Chef d'État-major des
Armées
CEMAC : Communauté Économique
et Monétaire d'Afrique Centrale
COP : Conférence des Parties
CRTV : Cameroon Radio Television
DD : Développement Durable
DGSN : Délégation
Générale à la Sûreté Nationale
DH : Droits de l'Homme
DIAF : Division Afrique
DIH : Droit International Humanitaire
DSCE : Document Stratégique pour la
Croissance et l'Emploi
DSRP : Document Stratégique pour la
réduction de la pauvreté
DRM : Division Reste du monde
EGRI : Études Générales
et Relations Internationales
EMA : État-major des Armées
FMM : Forces Multilatérale Mixte
FDS : Forces de Sécurité
VII
GICAM : Groupement Inter-patronal du
Cameroun
ICG : International Crisis Group
IRIC : Institut des Relations Internationales
du Cameroun
MINAT : Ministère de l'Administration
Territoriale
MINDEF : Ministère de la
Défense
MINDDEVEL : Ministère de la
Décentralisation et du Développement Local
MINESUP : Ministère de l'Enseignement
Supérieur
MINREX : Ministère des Relations
Extérieures
OCHA : Bureau de coordination des affaires
humanitaires
ODD : Objectifs du développement
Durable
OI : Organisation Internationale
OMD : Objectifs du millénaire pour le
développement
OMP : Opérations de Maintien de la
Paix
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OSC : Organisation de la
Société Civile
PM : Préparation Militaire
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour
l'Environnement
PR : Président de la
République
RCA : République Centrafricaine
RI : Relations Internationales
TIC : Technologie de l'Information et de la
Communication
UA : Union Africaine
VIII
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture
UPAC : Université Protestante
d'Afrique Centrale
URSS : Union des Républiques
Socialistes Soviétiques
SCEGRI : Sous-chef Études
Générales et Relations Internationales
SCNPD : Service Civique National de
Participation au Développement
SDN : Société des Nations
SND30 : Stratégie Nationale de
Développement 20-30
IX
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
TABLEAUX
Tableau 1: illustration des ODD. - 48 -
FIGURES
Figure 1: Répartition de l'échantillon selon le
sexe - 70 -
Figure 2: Distribution de l'échantillon selon
l'âge - 70 -
Figure 3: Répartition de l'échantillon selon la
catégorie socioprofessionnelle - 71 -
Figure 4: Répartition de l'échantillon selon le
niveau d'étude - 72 -
Figure 5: Répartition de l'échantillon selon la
langue parlée - 72 -
Figure 6: Connaissance du concept de défense populaire
- 75 -
Figure 7: Moyen de connaissance du concept de défense
populaire - 76 -
Figure 8: Niveau de maitrise du concept de défense
populaire - 77 -
Figure 9: Connaissance du fait de la participation des civils
à la défense - 77 -
Figure 10: Niveau d'intérêt à la
défense - 78 -
Figure 11: Sentiment en présence d'un militaire - 78
-
Figure 12: Participation à une activité
regroupant civils et militaires - 79 -
Figure 13: Perception de l'effectivité de la relation
armée-population - 80 -
Figure 14: Perception des militaires en temps de paix - 80
-
Figure 15: Participation de l'armée au ODD - 81 -
Figure 16: Opinion sur l'orientation du lien
armée-nation à l'atteinte des ODD - 81 -
X
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1: Questionnaire de Perception
ANNEXE 2: Guide d'entretien
ANNEXE 3: Photo avec le Colonel EKWAINGEN Michael
RÉSUMÉ
Nous vivons dans un monde en mutation. Un monde marqué
par une évolution constante dans tous les domaines (technologique,
scientifique, politique, économique...). Cette évolution conduit
à une amélioration des conditions de vies des Hommes. Et comme
l'adage le dit si bien, « chaque médaille a son revers
». Nous nous trouvons alors face à deux constats ; le premier
est l'augmentation des risques liés à cette évolution et
l'avènement de nouveaux enjeux mondiaux. On assiste à une rupture
des menaces classiques au profit de nouveaux types de menaces, dites
protéiformes. Le deuxième constat est la dégradation de la
planète et ses ressources ou encore du bien commun mondial. Face
à ces deux observations se trouve la nécessité de nous
adapter et de trouver un nouveau mode de vie durable.
L'Afrique en général et le Cameroun
n'échappent pas à cette réalité, ce qui nous
conduit à la question suivante : comment faire face aux nouveaux types
de menaces tout en aménageant un cadre propice pour
l'épanouissement des générations présentes et
futures ? C'est dans cette logique que nous avons analysé deux concepts
qui a première vue, paraissent diamétralement opposés,
mais qui après lecture méticuleuse s'avèrent être
conciliables : la défense populaire et le développement durable.
Ce document rend compte d'une étude faite sur ces deux concepts ainsi
que sur leur relation en vue d'une solution innovante.
XI
Mots clés : Armée-nation,
défense populaire, objectifs de développement durable.
XII
ABSTRACT
We are living in a world in mutation. Aworld marked by a
constant evolution in all domains (technological, scientific, political,
economic). This evolution inevitably leads to an increase in the living
conditions of the world population. In accordance with the famous adage «
every rose has its thorn », we face two principal observations.
Firstly, this evolution leads to an increase in risks and the advent of new
global challenges. We are gradually moving from a rupture from classical
threats into new forms of threats. The second observation is the degradation of
the planet and its resources, our environment. Now facing these two
observations, there is the necessity of adaptation and creation new ways of
life.
Africa in general and Cameroon in particular do not escape to
this reality. This leads us to the following question: how can we remedy to the
new forms of threats and also develop a new frame for the fulfillment of
present and future populations? Therefore, it is in that logic that our work
analyzes two concepts which at first view seem incompatible. But after a
meticulous study, they present to be the keys to our problem. Popular Defense
and Sustainable Development. This document will serve as feedback of a study
made on these two concepts and on their relation towards the view of an
innovation.
Key words: Army-nation, Popular Defense,
Sustainable development Goals.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
- 1 -
«Forces de Défense et peuple
Camerounais, en symbiose pour la sauvegarde de la Paix et de l'Unité
Nationale, socle d'un Cameroun fort et prospère»
Thème de la 51ème édition de la
Fête de l'Unité Nationale de la République du Cameroun,
20 Mai 2023
- 2 -
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
L'utilisation de la défense dans le monde est une
pratique plurimillénaire1. Depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours, l'armée a toujours occupé une place
prépondérante2. Il est justifié de dire que
dans le système international, Armée est synonyme de
puissance3.Cela s'explique selon la théorie réaliste
des Relations Internationales par le principe selon lequel « la guerre
est la norme et la paix l'exception4 » et
considérant l'adage de Clausewitz qui dit que « la guerre est
la continuation de la politique par d'autres moyens 5». Le
système international étant dominé par le paradigme
réaliste, nous observons depuis longtemps que les États
consacrent de gros budgets de leurs économies au secteur de la
défense6, et la tendance est grandissante comme l'explique le
dilemme de sécurité7.
Parallèlement dans l'évolution des
sociétés humaines, naguère la guerre et les affaires de
défense étaient essentiellement du ressort des princes et toute
décision concernant ce domaine était de la discrétion de
ceux-ci8. Mais avec l'accès des peuples à
l'indépendance, la donne a changé ; les guerres ne sont plus
uniquement princières mais concernent désormais le peuple tout
entier9. Ainsi à chaque situation d'exigence de
sécurité communautaire, les citoyens, de tous âges et de
tous sexes, par solidarité et par instinct participent, d'une
façon ou d'une autre aux efforts de défense de la
communauté10. En d'autres termes, il existe au sein de chaque
société, face à une menace extérieure, un instinct
de grégarité : un instinct de défense communautaire, de
défense populaire porté par un élan et une foi que n'ont
pas les mercenaires11.
Plusieurs pays dans tous les continents ont
développé des doctrines de défense et de
sécurité qui consistent à réagir à un monde
social en gérant l'information recueillie des
1SUN TZU ,L'Art de la guerre, Flammarion
1989, page 29 2idem page 31
3 Serge BOISSE; «Les quatre pouvoirs qui
dirigent le monde»
4 Dario BATISTELLA, « Théorie des
relations internationales », page 50 5Carl Von CLAUSEWITZ
«De la guerre», éditions de minuit, 1982, page 13
6World defense almanac, military technology, 1987, vol
XII, issue no 1, 1988.
7 John H. HERZ « Political Realism and
political Idealism »,university of Chicago press, 1951, page 58
8 Philippe MOREAU DEFARGES, Problèmes
stratégique contemporains, paris, hachette, 1994, p19
9idem
10MAHAMAT KOTOKO « La Défense
Populaire au Cameroun : comprendre un Concept» l'Harmattan
Cameroun,
2020, page 25
11 Philippe MOREAU DEFARGES, Problèmes
stratégique contemporains, paris, hachette, 1994, page 105 op
cit
- 3 -
différents représentants, doctrines qui se sont
avérées plutôt efficaces dans le temps et en fonction des
circonstances.12
En Afrique, l'on assiste à une résurgence de
conflits et d'instabilité politique dans plusieurs zones depuis 1960,
année qui marque les indépendances d'un certain nombre
d'États africains. Ainsi, l'Afrique est victime d'environ une
quarantaine de conflits armés, c'est à dire la moitié d'un
total de 80 conflits enregistrés dans le monde depuis 1945. Plus
précisément, entre 1960 et 2009, 76 coups d'État et 234
tentatives de coups d'États ont été
dénombrés en Afrique, soit une moyenne de 9 coups d'État
ou tentatives de coup d'État par an13. En fait, deux tiers
des interventions des Nations Unies se déroulent en Afrique, avec l'aide
d'environ 36000 casques bleus. À ce propos, le Professeur MANDJEM Yves
analyse que « Ces conflits armés et autres actes de violence
retardent le développement de l'Afrique »14.
Nonobstant ces données statistiques, l'Afrique comprend néanmoins
des pays qui depuis leur indépendance jouissent de positions
privilégiées de paix, à l'instar du Cameroun.
Depuis son indépendance en 1960, le Cameroun est en
paix bien que son actualité soit marquée ces derniers temps par
des incursions dans la zone du septentrion15 et le conflit dans les
régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest16. Cela pourrait
s'expliquer par les réponses soigneusement apportées aux
différentes menaces à la sécurité du pays par les
forces de défense. Après son indépendance, la
nécessité de prise en charge de son destin a conduit le Cameroun
à mettre en place un système qui lutte contre toutes formes
d'agression, la sécurité et l'intégrité de
l'État dans le cadre de la souveraineté17. La
République du Cameroun, au-delà de la paix et dans son
élan vers le développement, prévu pour 203518
passe depuis par des reformes, des politiques publiques, des actions et tout
cela suivant un canevas précis.
Nous avons assisté au plan national au Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP),
adopté entre 2003 et 2008 (période intérimaire qui se
termine par le point
12Thomas LUCK MAN « La construction
sociale de la réalité globale », double day and
companyinc, 1966, page 10
13MANDJEM Yves, Cours de résolution pacifique
des conflits en Afrique, outils et instruments, IRIC 2021. 14Idem
15Mahamat KOTOKO, La défense populaire
au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020, page
25
15 Il s'agit la des incursions audacieuses et
meurtrières causées par la secte islamique boko haram depuis le
30 avril 2014
16Il s'agit-là de la crise anglophone ; un
conflit lié à la situation sociopolitique spécifique
desdites régions depuis fin 2016 .
17 Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours,
les nouvelles éditions africaines, 1980 page 132
18 Vision 2035 consulté sur
minepat.gov.cm consulté le
19/12/2022 a 12 :00
- 4 -
d'achèvement). Il contenait l'ensemble des politiques
permettant d'accroitre la richesse et de la redistribuer après la crise
économique de 1980-199019 .
À l'issue de cette période, dans le cadre de la
révision de DSRP, le gouvernement a entrepris de corriger les carences
relevées dans le DSRP et a élaboré une stratégie
dont la priorité était la croissance économique en
cohérence avec les Objectifs du Millénaire pour le
Développement. C'est dans cet élan que le gouvernement a
adopté son Document Stratégique pour la Croissance et l'Emploi
(DSCE), entre 2010 et 2019.
Actuellement, c'est la Stratégie Nationale pour le
Développement (SND30), qui est implémentée pour la
période (2020-2030). Elle s'appuie sur les leçons des deux
stratégies précédentes dont elle prend le relais jusqu'en
2030, dans la réalisation des objectifs de la vision 2035, qui vise
à faire du Cameroun un pays « émergent,
démocratique et uni dans sa diversité20 »
Au plan international, en dehors des accords et partenariats
au développement, les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, ont été adoptés en 2000 par les
États membres l'Organisation des Nations Unies pour un mandat de 15ans.
Ils étaient au nombre de 08 objectifs21. Après avoir
évalué les OMD, les États membres de l'ONU se rendant
compte de certaines lacunes et dans une logique d'amélioration ont
adopté une nouvelle série d'objectifs plus ciblés,
globaux, intégrés et soutenables. On est donc passé aux
Objectifs du Développement Durable (ODD), adoptés en 2015 pour un
mandat de 15 ans et visant à développer la planète de
manière durable. Ces objectifs sont au nombre de 17.22
La République du Cameroun, conformément à
sa devise qui est Paix Travail et Patrie23a besoin de paix pour
atteindre son objectif de développement, la paix étant le facteur
essentiel par rapport aux deux autres, car la paix est la condition sine
qua non au développement. L'on
19 Le pays a connu une crise économique et
pour faire à cela, l'état a procédé à
diverses moyens notamment ; la dévaluation, la réduction des
salaires etc. Ce qui a permit de porter les fruits vers les années 2000.
Dans le cadre de l'Initiative des Pays Pauvres et Très Endettés
et pour continuer son évolution, la pays à monter le DSRP ;
20 Propos recueillis de document de la SND30 sur le
site du MINEPAT ;
minepat.goc.cm consulté le
20/12/2022 à 14 :52
21 1-éliminer extrême pauvreté
et faim ; 2-Assurer l'éducation primaire pour tous ; 3-
égalité des sexes et autonomisation des femmes,4- réduire
la mortalité infantile ; 5- améliorer le santé maternelle,
6-combattre le VIH/SIDA et les autres maladies ; 7-préserver
l'environnement ; 8-mettre en place en partenariat mondial pour le
développement
22 1-Pauvreté ;2-faim zéro ;3-bonne
santé ;4-éducation ;5-égalité des sexes ;6-eau
propre ;7-énergie propre ;8-croissance économique ;9-Industrie ;
10-réduction des inégalités ;11-villes durables
;12-consommation et production responsable, 13-changements climatiques ;14-vie
aquatique ;15-vie terrestre, faune :16-paix et justice ;17-partenariat
mondial
23Devise de la république de Cameroun,
constitution du Cameroun.
- 5 -
ne saurait parler de Paix sans impliquer les forces de
défense, puisque c'est à cette noble cause que leur honneur et
leur fidélité sont dévoués. Et considérant
la défense aujourd'hui comme un domaine concernant tous les citoyens, on
parle désormais de défense populaire
camerounaise, puisque celle-ci nécessite le concours de tous les acteurs
de la société.
Autrefois concept étranger et focalisé sur les
risques de guerres militaires, le concept de « défense populaire
» s'étend et se diversifie en même temps qu'il se
personnalise de pays en pays, face à un monde en mutation, où les
menaces deviennent protéiformes 24(sanitaires,
environnementaux, économiques) et plus seulement militaires, alors
même que de nouveaux enjeux mondiaux émergent notamment la paix et
le Développement Durable.
Au-delà des missions classiques régaliennes de
défense des intérêts et de sauvegarde de
l'intégrité du territoire25, quel lien pourrait-on
faire entre la pratique ou le concept de défense populaire et celui de
développement durable ? Et comment adapter cette pratique ou encore ce
concept à notre contexte Camerounais pour servir à notre objectif
de développement durable. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre
mémoire. Ce travail traitera en profondeur de comment la puissance de la
défense populaire camerounaise pourrait être exploitée
à des fins de développement durable. Il a ainsi pour titre:
LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION À L'ATTEINTE DES
OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE : CAS DE LA DÉFENSE
POPULAIRE AU CAMEROUN.
II. DÉLIMITATION DU SUJET
Nous proposons deux types de délimitation; une
délimitation temporelle et une délimitation spatiale.
Délimitation temporelle
L'une des caractéristiques de la connaissance
scientifique est la relativité dans la mesure où elle est vraie
uniquement à une période donnée et donc pourrait changer
avec le temps, d'où la nécessité d'une délimitation
temporelle. Au cours de notre travail, nous avons circonscrit notre
étude à partir des années 1970 jusqu'en 2020.
Le choix des années 1970 comme borne de début est
justifié par deux principales raisons.
24Grégory DAHO, Nouvelles menaces,
nouvelles guerres : la construction des discours sur le désordre
international : les champs de mars p 109-130, Cairn info consulté
sur 25/10/22 a 12 :59
25Missions de l'armée camerounaise
- 6 -
? La première raison est que c'est à cette
période que naissent les concepts de développement durable,
précisément entre le séminaire de Fournex de
197126, Conférence de Stockholm de 197227 sur le
développement qui a conduit à la publication de divers rapports
tels que celui de la commission de Meadows ou de Gro Harlem Brundtland entre
autres qui constituent les fondements du Développement Durable.
? La deuxième raison du choix de notre borne
chronologique est locale : c'est précisément pendant cette
période que le concept de développement va véritablement
être défini par l'État du Cameroun comme politique de
défense. Bien que connu avant, c'est le 15 Aout 1970 que le
président Ahidjo annonce officiellement son adoption.28
La borne chronologique qui clôture notre étude
est l'année 2020, pour la simple raison que cette année marque la
fin du premier tiers de la mise en oeuvre des 17 Objectifs du
Développement Durable et il est normal de procéder à une
évaluation afin de savoir si l'exécution est sur la bonne
voie.
? Délimitation spatiale
Notre étude traitant de concepts internationaux, elle
se focalisera principalement sur le Cameroun, mais traitera accessoirement les
autres États Africains.
Le continent de Toumai est un large espace massif
constitué de 54 états avec une superficie totale de 30 300
000km329, ce qui fait de lui le troisième plus grand
continent après l'Asie et l'Amérique. Il comprend une population
estimée à plus d'un milliard de personnes, qui va doubler d'ci
30ans et sera constituée majoritairement des jeunes30. Cela
constitue à la fois un défi et un potentiel, et donc un enjeu
majeur pour son développement notamment aux plans politiques,
géostratégiques, diplomatiques, démographiques,
économiques et même écologique. Au plan institutionnel
l'Afrique a une organisation supra nationale regroupant tous ces pays ; l'Union
Africaine. Il est aussi constitué de zones économiques
régionales telles que la Communauté Économique et
Monétaire d'Afrique Centrale, la Communauté d'Afrique de l'est et
la Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale,
zone où se trouve le Cameroun. Bien que l'Afrique constitue le cadre
général de référence, dans le souci de produire
26 Il s'agit d'un séminaire qui s'est tenue
Fournex (suisse) ou sont examinés la première fois les relations
entre l'environnement et développement
27 Il s'agit de la première grande
conférence du genre portant sur l'environnement de l'homme
28 Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours,
les nouvelles éditions africaines, 1980 page 320 op cit
29POURTIER (R), THÉBAULT (V) Géopolitique de
l'Afrique et du moyen orient, NATHAN, 2009, page 25 30 Erik
ESSOUSSE, Valeurs fondamentales parfaites et développement de
l'Afrique, Harmattan Cameroun ,2018 page 88
- 7 -
une étude pertinente, considérant le champ
spatial trop large, il s'est avéré nécessaire de prendre
un pays comme cas d'étude. Il s'agira donc ici de la République
du Cameroun.
Le Cameroun est un pays situé en Afrique sub-saharienne
et plus précisément dans le golfe de guinée. Ce pays
d'Afrique centrale, riverain du bassin du Congo, est situé sur la
façade occidentale de l'Afrique. Il est situé sur entre les
latitudes 2-13°Nord de l'équateur et les longitudes 8-16° Est.
Le pays a une superficie de 475 442km2. Il a comme pays limitrophes
le Nigéria à l'ouest et au nord-ouest, le Tchad au nord et au
nord-est, la République Centrafricaine à l'Est et au Sud le
Congo, le Gabon et l'Océan Atlantique. Le pays a obtenu son Independence
en 1960 et comprend aujourd'hui une population estimée à environ
27.22 millions en 202131constituée majoritairement de trois
grands groupes notamment les peuls, les semi-bantous et les bantous. Le
Cameroun est caractérisé par une pluralité linguistique et
ethnique estimée à plus de 250 groupes ethniques32 ;
ces données ont conduit le Chef de l'État, S.E. Paul
Biya33, à énoncer dans sa vision du Cameroun, un pays
de « uni dans sa diversité34 » Le Cameroun
fait partie de plusieurs institution sous régionales, régionales,
continentales et mondiales. Il fait partie de l'Organisation des Nations Unies
depuis le 20 Septembre 1960.
? Délimitation thématique
Notre étude se situe dans la mouvance des travaux sur
la relation entre la défense populaire et le développement
durable.
III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS
Notre thématique comporte les mots clés ;
Défense Populaire et Développement Durable.
? Défense populaire
Ce concept est composé de deux mots ; défense et
populaire. - Défense
Le terme défense est assimilé de manière
ordinaire au terme armée, car renvoyant au même champ lexical.
Mais bien que ces termes soient assimilés et parfois utilisés de
manière interposée, il existe une dichotomie entre les deux.
31 Données recueillies de la banque mondiale
sur le site https:/
banquemondiale.org consulte le
21/12/2022 a 10 :28
32Garga HAMAN ADJI, Ainsi pourrait devenir le
Cameroun, Les Grandes Éditions, septembre 2004 page 99
33 S. E Paul Barthélémy BIYA'A BI
MVONDO, le deuxième président de la république du Cameroun
après S.E. El Hadj AHMADOU AHIDJO. Il prend la tête du pays de 02
novembre 1982.
34 Paul Biya, Pour le libéralisme
communautaire, harmattan Cameroun, 2018 page 15
- 8 -
En ce qui concerne l'Armée, elle est définie
selon le centre National Français des ressources textuelles et lexicales
comme une grande entité formée de troupes appartenant
à différents armes35 Il existe plusieurs autres
définitions anciennes du concept d'Armée, à l'instar de
celle contenue dans le règlement de la Haye et dans la IIIe convention
de Vienne. Dans le cadre de ce travail nous retiendrons celle donnée par
le Comité International de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, qui dit
que les forces armées «... se composent de toutes les forces,
tous les groupes et toutes les unités armés et organisés
qui sont placés sous un commandement responsable de la conduite de ses
subordonnées »36.
Quant au concept de Défense, il est définie
selon les juristes comme les activités combinées de
l'Armée et avec l'objectif principal d'augmenter le potentiel et la
capacité militaire pour résister à une menace
extérieure37. La limite de cette définition est
qu'elle considère essentiellement la menace venant de
l'extérieur. Au niveau institutionnel Camerounais, la défense
est conçue comme la somme des options et moyens que l'État
met en place de manière permanente pour faire face aux
différentes formes de menaces à son indépendance et sa
sécurité38.
- Populaire
L'autre composante de notre concept clé est le mot
« Populaire ». Étymologiquement le mot populaire provient de
mot latin popularis qui signifie peuple. De manière
prosaïque, populaire signifie « ce qui concerne tout le monde
».Le Centre National Français de ressources Textuelles
définit ce mot comme ce « qui a la faveur du peuple, de
l'opinion publique ; qui est connu, aimé, apprécié du plus
grand nombre39 » Ainsi, qualifier un élément
de populaire renvoie à dire que cette chose est partagée de tous
les citoyens.
- Défense Populaire
Considérant l'ampleur et la portée de ce
concept, il fera objet d'une double clarification. Dans un premier temps, nous
allons le définir de manière historique et théorique et
par la suite, nous procéderons à une élucidation
pratique.
35 Définition prise sur le site du centre
national de ressources textuelles https:/
www.cnrtl.fr consulté le
25/10/22 à 13hr30
36 Base de données du DIH, Comité
international de la croix rouge et du croissant rouge consulte sur le site
https://www.lhl-databases.icrc.org
37 GONCOURT, journal, 1871 p.783
38Mahamat AHMED KOTOKO, La défense
populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020
page 62
39Centre national de ressources textuelles https:/
www.cnrtl.fr consulté le
25/10/22 à 13hr30
- 9 -
De manière littérale, l'on transcrit la
défense populaire comme la somme des options et moyens que l'État
met en place de manière permanente pour faire face aux
différentes formes de menaces à son indépendance et sa
sécurité avec la contribution des citoyens. De manière
scientifique, le concept avait déjà fait objet de plusieurs
tentatives de définitions. Le dictionnaire Reverso le définit
ainsi : « La défense populaire peut s'entendre comme la
combinaison des efforts et des actions menées conjointement par les
forces régulières et la population, armée ou
non.40»
En abordant la défense populaire sous un prisme
historique, il convient de noter que le paradigme défense populaire
comprend en lui deux éléments essentiels ; le peuple et
l'armée. Cette union se révèle comme une véritable
matérialisation de la fameuse maxime grecque « si vis pacem,
para bellum 41». En effet, la pratique de la
défense populaire ne tient pas ses origines de la République du
Cameroun, mais elle s'inspire des expériences obtenues jadis, par
d'autres peuples sous d'autres cieux notamment la Confédération
Helvétique et la République de l'ex Yougoslavie.
La Suisse depuis 1712, est basée sur l'armée de
milice. En période pacifique, les populations suisses sont
déjà conscientes et préparées à assumer leur
responsabilité à la sécurité et au fonctionnement
de l'État. Les autorités suisses, au lendemain de la guerre du
Villergen avaient pris le soin d'astreindre tout citoyen suisse
âgé de 16-50ans (mis à part les magistrats et quelques
ecclésiastiques) à la disposition des forces de défense du
pays. Le recrutement ne se faisait sur aucun examen d'entrée, ce qui
contribuait à nouer des solides relations entre les citoyens. L'objectif
visé par les politiques était de forger un outil de
défense qui soit à la hauteur de leurs circonstances. Le fait
marquant dans cet État était que l'État n'était pas
unimais plutôt une Fédération et le seul lien entre les
peuples était la Patrie, une véritable expression du
patriotisme.
Un autre modèle est celui de la république de
l'ex Yougoslavie. Cette politique dite de défense
intégrale42 avait pour objectif de se replier et
protéger contre l'URSS qui venait d'opérer une invasion chez son
voisin, la Tchécoslovaquie. Les autorités, en optant pour cette
politique de défense, visaient à mobiliser l'ensemble des
ressources et citoyens de la confédération de 17-60ans. Cette
mobilisation était régie par la Constitution et d'autres lois.
40Obtenue via Google via le site https:/
dictionnaire.reverso.net
consulté le 26/10/2022 a9hr48
41 Qui veut la paix prépare la guerre
42 C'est le terme qui fut consacré en
République de l'ex Yougoslavie
- 10 -
Pour revenir à notre contexte national, la
République du Cameroun a choisi comme politique de défense,
la défense populaire. Ce choix a conduit d'illustres
autorités politiques et miliaires à énoncer des propos qui
permettent de mieux saisir sa portée. Du coté des hommes
d'État, le premier Président du Cameroun, Son Excellence AHMADOU
AHIDJO dit d'elle que « c'est une philosophie stratégique qui
vise à préparer et à incorporer la plus grande partie de
la population, sinon toute la société a l'effort de
défense, et à réaliser une mobilisation totale du pays
avec toutes ses compétences et toute la gamme des moyens dont on dispose
»43. À côté de cette définition
fort enrichissante, le Général Mahamat Ahmed KOTOKO la
conçoit ainsi : « (...)la défense populaire est la
réaction du paysan, de l'ingénieur, de l'instituteur, du
fonctionnaire, du commerçant, de l'ouvrier, du prêtre ou du
marabout, qui sans trop maugréer, donne sa vie ou celle de ses enfants
pour défendre son champ, son laboratoire, son école, son service,
son négoce, son église ou sa mosquée. C'est la
réaction, du citoyen qui en y mettant toute son ardeur, est prêt
à se faire tuer pour défendre, contre tout agresseur ou
envahisseur, sa patrie en danger44 ». Pour le
Général Pierre SEMENGUE, la défense populaire est
définie comme une « combinaison des efforts et des actions
menées concurremment par les forces régulières et les
populations armées ou non » 45
? Développement
Le concept de développement a toujours eu des
connotations divergentes selon les domaines de la connaissance dans lesquels on
l'utilise. Les définitions contenues dans les dictionnaires usuels
paraissent simplistes pour les « Development Studies 46»,
ce qui conduit Gilbert RIST à les qualifier de pensée
ordinaire47. Le concept de développement a subi une
évolution. On part des définitions classiques du concept
développement (quitter d'un point A à un point B), en passant par
la définition économique (croissance économique,
industrialisation), vers une vision un peu plus humaine et enfin vers une
appréhension environnementale.
Plusieurs institutions spécialisées ont
traité du concept de développement même si certaines n'ont
pas clairement défini le concept. C'est le cas de la Commission du Sud
qui ne la définit pas exactement, mais définit plutôt son
contraire ; le sous-développement48.
43A. AHIDJO, Anthologie des discours, les
nouvelles éditions africaines, 1980 pages 230.
44MahamatAHMED KOTOKO, La défense
populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun, 2020
page 55
45 Cité par le général NKOA
ATENGA lors d'une conférence sur la défense populaire
donnée aux officiers stagiaires du 3e cours d'état-major, avril
1983.
46 Études de Développement. Une branche
des sciences sociales et relations internationales
47 RIST Gilbert « Le développement :
Histoire d'une croyance occidentale », Paris, Presses de Sciences
Po., 2001 48TAGOU in PONDI, Repenser le développement
à partir de l'Afrique : Les théories et politiques globales
de développement, afrédit 2015, pages 23-54
- 11 -
Le PNUD également, ne définit pas exactement le
concept, mais donne plutôt son objectif : élargir la gamme de
choix offerts à la population, qui permettent de rendre le
développement plus démocratique et plus
participatif.49
En complément aux institutions, de nombreux auteurs ont
tenté de définir le concept de développement, même
si tous n'ont pas exactement la même vision.
Gilbert RIST a pour le concept une approche beaucoup plus
industrielle, et il définit le développement comme «
constitué d'un ensemble de pratiques parfois contradictoires en
apparence, qui pour assurer la production sociale obligent à transformer
et à détruire, de façon généralisée,
le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d'une production croissante de
marchandises (biens et services) destinées, à travers
l'échange, à la demande solvable. »50
Pour P. BAIROCH, le développement est « un
ensemble de changements économiques, sociaux, techniques et
institutionnels liés à l'augmentation du niveau de vie
résultant des mutations techniques et organisationnels issues de la
révolution industrielle du 18èmesiècle. »51
La définition que nous retenons dans le cadre de cette
étude te celle de F. PERROUX, qui définit le développement
comme étant la « combinaison des changements mentaux et sociaux
d'une population qui la rendent apte à faire croitre cumulativement et
durablement son produit réel et global »52
? Développement Durable
Le concept de développement durable fut dans un premier
temps élaboré, dans le contexte de la stratégie mondiale
de conservation dans les années 1980. Plus tard, c'est le rapport de la
commission de Gro Harlem Brundtland en 1987 qui viendra le réanimer et
le populariser. C'est une vision qui conçoit le développement
économique de l'humanité toute entière dans le respect de
l'environnement, des droits de l'homme et des règles sociales. La notion
de développement durable tire sa définition conventionnelle du
rapport de Brundtland qui le définit comme « un droit au
développement qui doit être réalisé de
manière à satisfaire équitablement les besoins de la
génération actuelle sans compromettre la capacité
des
49 PNUD, rapport mondial sur le développement
humain, paris, economica, 1991. P 1
50 RIST Gilbert, Le développement :
Histoire d'une croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po.,
2001 op cit page 58
51Paul BAIROCH, Révolution industrielle
et sous-développement. In: Tiers-Monde, tome 5, n°18, 1964.
page 317318.
52PERROUX, A new concept of development,
basic tenets / François Perroux.Perroux, François; Unesco. 1983,
page 30
- 12 -
générations futures à satisfaire
les leurs ».53 On vise un développement
qui sera économiquement efficace, socialement équitable et
écologiquement stable.
Le schéma illustratif est le suivant : le social
représente l'objectif, l'économique le moyen et l'environnement
la condition.
Si l'on retrace l'évolution du concept de
développement dans une sphère empirique et temporelle, on est
parti d'une vision économique du développement à une
intégration d'un aspect humain, et plus tard une considération du
facteur écologique .Ce qui progressivement aboutira à notre
définition dans le cadre de cette analyse. Il s'agit d' une
intégration à la fois des dimensions économiques, sociales
environnementales et culturelles dans l'évolution d'un pays.
? Objectifs de Développement Durable
(ODD)
Les Objectifs du Développement Durable encore
appelés Agenda 30 est un calendrier de 17 objectifs54
adoptés le 25 Septembre 2015 couvrant l'ensemble des questions de la
planète et du devenir de l'humanité. Ce calendrier définit
ses objectifs à travers les dimensions du développement durable
que sont ; les dimensions économiques, sociales,
environnementales et culturelles.
IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE
A. REVUE DE LA LITTÉRATURE
Dans le cadre de notre étude, nous procèderons
à l'énumération des travaux effectués dans le
domaine par des auteurs, et nous nous situerons à partir de leurs
différentes pistes de réflexion, avec pour souci d`éviter
de reproduire leurs différents travaux, la question fondamentale de
cette étape étant : Qu'est ce qui a déjà
été dit sur le sujet ?
D'ores et déjà, nous pouvons dire qu'il existe
une myriade d'ouvrages dans le domaine du développement durable à
l'instar de ;
53 BRUNDTLAND Gro Harlem, Notre avenir à
tous, rapport de la commission mondiale de l'environnement et du
développement, 1988 page 5
54 1-Pauvreté ;2-faim zéro ;3-bonne
santé ;4-éducation ;5-égalité des sexes ;6-eau
propre ;7-énergie propre ;8-croissance économique ;9-Industrie ;
10-réduction des inégalités ;11-villes durables
;12-consommation et production responsable, 13-changements climatiques ;14-vie
aquatique ;15-vie terrestre, faune :16-paix et justice ;17-partenariat
mondial
- 13 -
- Savoirs stratégiques pour la reconstruction et le
développement en Afrique ouvrage de Jean EUDES BIEM.
-Valeurs fondamentales parfaites et développement de
l'Afrique, ouvrage d'Erik Essousse - Repenser le développement
à partir de l'Afrique de Jean Emmanuel PONDI et alii.
Il existe également des documents sur les forces de
défense. Par exemple
? la défense n'est pas la guerre, publié
par BECAM Paul,
? l'esprit de défense de Jacques ROBERT et
alii
? le livre blanc de la défense, de LÉOTARD
François ? le livre d'or des forces armées
Camerounaises.
Mais concernant le domaine spécifique de l'interaction
de la défense et le développement, le nombre de documents
diminue, bien que significatif. Par exemple;
MELOUPOU Jean Pierre (Colonel) dans son
ouvrage « Armée et développement 55»
aborde la thématique Armée et développement sous un
prisme psychosociologique. Il traite d'une réalité psychologique
militaire à une perception sociale du développement. Le
problème qu'il pose est celui de la perception de la place et du
rôle de l'Armée par la société civile. Il part du
postulat selon lequel l'armée rend une panoplie de services à la
population et ses ressources économiques vitales la confortent au
service du développement. Pour construire son analyse, il s'appuie sur
des indicateurs notamment ; la perception sociale de la contribution au
développement (les domaines retenus sont recherche scientifique et
technique, productivité économique et éducation nationale,
couverture sanitaire et infrastructures routières) ; les attentes du
rôle de l'Armée au développement, l'image de l'armée
par les civils, l'utilité de l'armée et le rapport entre service
militaire et socialisation. Après collecte et analyse des
données, l'auteur présente les résultats suivants ;
La catégorie socioprofessionnelle militaire est
considérée comme la plus privilégiée même si
la nature et le genre de privilèges ne peuvent être perçus
; l'Armée ne semble pas d'emblée perçue comme une
composante institutionnelle participant efficacement au développement ;
la population souhaite que l'armée participe au développement
précisément dans la recherche scientifique, la production de
biens, l'enseignement, soins de santé, protection de édifices et
biens et dans la construction des routes.
55MELOUPOU Jean Pierre « Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement », Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013.
- 14 -
Concernant l'image de l'armée, la population pense que
l'armée fait bien son travail même s'il lui est reproché de
ne pas participer activement au développement. Concernant
l'utilité, les populations perçoivent la nécessité
d'avoir une armée en temps de paix, même si en temps de paix le
maintien de l'ordre est assuré par la police et la gendarmerie,
l'armée pourrait donc être uniquement orientée dans le sens
du développement. Et en ce qui concerne la socialisation, les
populations pensent que le service militaire et la discipline militaire
devraient servir d'exemple aux administrations et aux institutions et services
publics ; enfin les populations ne sont pas prêtes à payer un
impôt supplémentaire pour la défense nationale.
Ce travail a eu le mérite de nous édifier sur la
perception que les populations civiles ont de l'armée et nous a permis
de prendre conscience de la nécessité de rendre plus accessibles
et visibles les actions de l'Armée.
MAHAMAT AHMED KOTOKO(Général)
dans son ouvrage intitulé « la défense populaire au
Cameroun : comprendre un concept 56» Aborde la
thématique de la compréhension du concept de défense
populaire au Cameroun. Il traite de la problématique du questionnement
de la méthode et des moyens à utiliser pour l'assurer. Il part du
postulat selon lequel le concept a été bien conçu et
adapté à notre contexte mais malheureusement depuis les
années 1980, le concept est de moins en moins connu par les citoyens,
les autorités et même les forces de défense. Il
s'attèle dans son ouvrage à faire connaitre au grand public le
concept dans sa globalité. Son ouvrage s'articule autour de trois
principales questions (Quoi ? Pourquoi ? Et Comment ?) qui constituent les
trois lignes directrices du livre.
Dans un premier temps il nous donne les enjeux, fondements,
doctrine et le dispositif de la défense populaire. Il en ressort que
bien que tirant son origine de l'extérieur et compte tenu des
différents enjeux, la République du Cameroun a mis en place une
défense populaire adaptée à son contexte de par ses
organismes, acteurs, moyens et missions. En deuxième lieu, l'auteur
analyse les déterminants d'une défense populaire au Cameroun et
il en ressort que de par ses faits (notamment les menaces et l'armée
dans la nation), il est nécessaire d'adopter la politique de
défense populaire. Enfin, sa troisième partie vise à
prescrire des cadres d'action souhaitables pour une optimisation de la
stratégie défense populaire. Il ressort de son ouvrage en
général et de cette partie en particulier qu'il faudrait faire
prendre conscience des enjeux, développer le sentiment de
responsabilité, susciter l'action des autorités morale et
réduire la dépendance. En somme, l'auteur est dans l'optique
d'une réappropriation et d'une ré
56MAHAMAT AHMED KOTOKO, La défense
populaire au Cameroun : comprendre un concept, l'Harmattan Cameroun,
2020
- 15 -
contextualisation de la défense populaire dans une
conjoncture camerounaise marquée par une mutation et l'avènement
de nouveaux enjeux d'ordre environnemental, sociétal et même
développemental. Pour lui, la solution se trouve dans l'alliance de la
population à l'armée à tous les niveaux. Le Cameroun doit
viser un pays où le militaire agit par devoir et le citoyen par
nécessité, tous pour une participation optimale au
développement.
Globalement, cet ouvrage nous a aidé à
comprendre de manière praxis le fonctionnement de la stratégie de
défense populaire et de prendre conscience de l'impérieuse
nécessité d'une évaluation et surtout redynamisation du
concept au Cameroun, ce que notre recherche se veut d'accomplir.
ESSOMEMBENDA (Colonel) dans son ouvrage
« La condition militaire au Cameroun 1894-2010 » 57
aborde la thématique relative à la condition militaire. Il
l'aborde sous un prisme essentiellement militaire. Il défend la
thèse selon laquelle la condition militaire va au-delà du
juridisme pour renouer avec des valeurs indispensables pour construire une
nation stable, qui se veut jalouse de son unité nationale. Il
procède son analyse en retraçant l'historique des forces
armées camerounaise depuis le protectorat allemand jusqu'à 2010,
traitant l'évolution des conditions des militaires camerounaises, leur
place dans la société, la féminisation, leur impact au
développement, leur prise en charge, leurs structures sociales, leur
professionnalisation. Il ressort de son étude quelques principales
observations.
Il existe un décalage entre les
rémunérations des militaires et celles des autres fonctionnaires
d'état. Cela se justifie par les risques encourus par les miliaires, qui
n'ont pas laissé les autorités indifférentes, qui ont
opté pour une politique de compensation. Une autre observation concerne
les qualifications. L'armée camerounaise qui au départ
était majoritairement encadrée par l'expertise française,
face aux défis technologiques s'est ouverte aux jeunes gens instruits et
aux diplômés de l'enseignement supérieur. Ces derniers dans
un premier temps ont considéré l'armée avec crainte et
mépris. Ceci a conduit les décideurs à opter pour des
stratégies qui ont renversé la tendance, faisant d'elle une
institution attractive sinon l'institution la plus attractive pour les jeunes.
Une autre observation réside dans la féminisation de
l'armée depuis 1980. Dans une logique d'équilibre du genre se
sont lancés dans le recrutement des femmes dans les forces
armées, même si leur place est encore limitée. Sa
dernière observation est que, tout comme le civil, le militaire
bénéficie de droits politiques et
57ESSOME MBENDA, La condition militaire au
Cameroun 1894-2010, éditions universitaires européennes,
Yaoundé 2018.
- 16 -
civils reconnus à tous les citoyens par les
différentes constitutions qui se sont succèdes. Les militaires
sont donc des citoyens à part entière et doivent contribuer au
développement de la nation comme les autres.
En conclusion, nous retenons de cet ouvrage que d'une part le
militaire demeure un citoyen à part entière et d'autre part que
la condition militaire a grandement évolué depuis 1994 ce qui a
rendu les forces armées très attractives pour la jeunesse.
Cet ouvrage a eu le mérite de nous informer sur
l'évolution aussi bien théorique que pratique de l'armée
camerounaise depuis le protectorat. Nous avons appris beaucoup sur des sujets
de développement notamment la féminisation et surtout que les
forces de défense constituent un centre d'intérêt pour la
jeunesse camerounaise, jeunesse qui est le fer de lance de la nation. Ce qui a
éveillé en nous le désir de mieux informer cette jeunesse
sur la politique de défense du Cameroun qu'est la défense
populaire ainsi que son apport au processus de développement.
NTUDAEBODE dans son article Politique de
défense du Cameroun : évolution du concept d'emploi des forces et
perspectives58 explique les raisons du choix stratégique
de la politique de défense du Cameroun qui est la défense
populaire et décrite son évolution. Pour lui les raison sont ;
l'âge de l'état qui était nouvellement Independent et avait
besoin d'inculquer le sentiment de solidarité et de patriotisme ;
l'avantage économique car le nouvel état ne possédait pas
encore suffisamment de ressources et d'équipement pour se forger une
armée puissante, et même s'il possédait ces ressources ce
serait pour investir dans le développement. Le seul moyen d'avoir une
bonne armée serait donc de faire de la défense l'affaire de tous.
Une fois l'orientation définie, la politique de défense a subi
trois grandes phases dans son évolution. La première était
l'élaboration doctrinale ou la création de textes fondateurs des
Forces Armées Camerounaises. La deuxième phase débute vers
1967 avec l'action et la justification et la galvanisation. Et la
dernière phase de 1997 à nos jours, est marquée par
l'internationalisation de la politique de défense vers la
sous-région et le continent d'une part et d'autre part par la
création d'unité spécialisées et la
professionnalisation de l'armée. Il conclut en proposant de concilier
des deux éléments de la troisième phase sans revoir le
concept d'emploi des forces.
58 Vincent Joseph NTUDA EBODE, Politique de
défense du Cameroun : Évolution du concept d'emploi des forces et
perspectives CREPS, UYII, Yaoundé 2022.
- 17 -
Ainsi, « la défense nationale, tout en se muant
progressivement, au rythme de l'intégration, en défense sous
régionale et continentale, conservera néanmoins son
caractère populaire. »
FOUDA Jean Jacques (Lieutenant-colonel) dans
sa thèse intitulée la Politique de Défense du Cameroun
: permanences et perspectives59 analyse la politique de
défense camerounaise d'un point de vue surtout opérationnel en
mettant un accent sur les permanences et les perspectives face aux défis
nouveaux auxquels elle se retrouve confrontée. Pour lui, le Cameroun en
particulier et le système international sont caractérisés
par une diversité de menaces aussi bien anciennes que nouvelles. Ainsi,
défendre l'intégrité territoriale, assurer la
sécurité de ses populations contre l'ennemi de l'intérieur
et les préserver des entreprises malveillantes et destructrices de
l'ennemi étranger, est une préoccupation essentielle des nations
surtout lorsque que des risques se présentent.
Ces risques, bien que militaires, sont également de
nature politique, économique, scientifique et culturelle. D'où
l'exigence pour tout État digne de ce nom de définir et de
traduire en actes une politique de défense ; cette politique
défense étant au Cameroun la défense populaire. Il
commence par les énumérer les déterminants d'une politique
de défense camerounaise qui sont une position géographique
stratégique et l'interaction entre enjeux et acteurs internes et
internationaux. Il passe par une élucidation conceptuelle de la
défense populaire pour chuter à la finalité de celle-ci
qui, selon lui, est de construire une défense nationale globale,
permanente et surtout intégrée. Face aux défis de la
politique de défense camerounaise qui sont entre autres les coupeurs de
route, le terrorisme et le grand banditisme urbain, il propose des solutions,
à la suite des axes déjà empruntés dans ce cas par
la mise en place d'unités spécialisées au plan interne et
la sous régionalisation de la défense au plan
extérieur.
Il conclut par des propositions concrètes qui sont
l'adaptation de l'outil militaire qui passe par une réorientation des
missions de l'armée en sorte qu'elle puisse, en raison des nouvelles
menaces, intervenir sans délai dans toutes les hypothèses de
crises et une formation optimisée afin que les militaires soient
formés et adaptés aux conditions particulières de chaque
menace dans le cadre spécifique du conflit ou de la crise en cause. En
deuxième lieu, il propose un renforcement de capacité d'alerte et
de renseignement et enfin la promotion d'une véritable
59 Colonel FOUDA Joseph : Thèse sur la
politique de défense du Cameroun : PERMANENCES ET PERSPECTIVES 3 avril
2015, République Populaire de Chine.
- 18 -
culture de défense pour créer une
société où le citoyen devra parfaitement assimiler que la
défense est l'affaire de tous, donc la sienne ; il doit connaître
et accepter tout ce que la défense nationale suppose comme efforts
financiers, intellectuels, technologiques. En conclusion
Ernest Claude MESSINGA dans sa thèse ;
les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de
menaces à la sécurité ; d'une armée de garde vers
un armée d'avant-garde60dit que « les
équipements militaires quoique très chers sont un enjeu
incontournable (...) ils permettent de maintenir un niveau de
crédibilité dans la dissuasion, et le cas échéant
défendre les intérêts économiques et la population
contre tous ceux qui voudraient annihiler les efforts de développement
et le potentiel économique et sécuritaire national »
Au regard de ces analyses d'une grande pertinence, il y a
nécessité d`orienter notre travail vers une piste encore
embryonnaire. Nous avons donc pensé, au regard de toutes ces
contributions scientifiques d'orienter notre travail vers un aspect plus
profond, plus pratique, en un mot, un aspect praxis. Nous allons-nous
appesantir sur l'application, sur l'effectivité et sur
l'efficacité, afin que ce document serve non seulement de
référent théorique, de bilan, mais aide également
au plan directeur de la politique de défense camerounaise, avec une
intention d'allier à la fois paix et développement durable.
B. LES QUESTIONS DE RECHERCHE
Pour que toute thématique soit considérée
comme scientifique, elle doit traiter d'un problème, celui-ci
étant compris comme l'identification d'une situation nécessitant
une intervention, un besoin de clarification. A partir du problème
soulevé peut émerger une problématique qui se
résume à la transformation d'un problème (affirmation) et
une (problématique) questionnement. La problématique est
définie selon GRAWITZ comme « un ensemble de questions que le
chercheur pose pour résoudre un problème dans un domaine
particulier. 61» Nous comprenons alors que la
problématique constitue une étape prépondérante
dans la démarche scientifique.
Il en ressort que, notre question centrale sera :
60Ernest Claude MESSINGA; les forces
armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la
sécurité; d'une armée de garde vers un armée
d'avant-garde, Université de Yaoundé II, doctorat PhD en Sciences
Politiques, 2011
61GRAWITZ Madeleine, 1998, Méthodes des
sciences sociales, Dalloz, Paris.1996 page 130
- 19 -
1.) Comment utiliser la défense populaire
camerounaise pour atteindre le développement durable?
Comme questions secondaires, nous nous demandons ;
a.) Dans quelle mesure la défense populaire cadre-t-elle
avec les Objectifs du Développement Durable ?
b.) Comment mobiliser la défense populaire pour
l'atteinte des Objectifs du Développement Durable?
Face ces orientations, nous pourrons anticiper des
réponses avant de procéder à la vérification. Cela
est fait par le biais des hypothèses.
V. HYPOTHÈSES
Comme nous l'avons précisé plus haut,
après l'élaboration de la problématique, il est
nécessaire de proposer des réponses anticipées avec pour
rôle d'établir le lien entre la problématique et les faits.
Ces hypothèses par la suite seront objets de vérification.
HYPOTHÈSE CENTRALE
1.) La redynamisation théorique et pratique de
la défense populaire camerounaise pourrait conduire au
développement durable.
Comme hypothèses secondaires, nous aurons ;
a.) La défense populaire cadre avec les Objectifs de
Développement Durable dans la mesure où les deux visent
mêmes le même but, mais à des échelons
différents.
b.) Pour mobiliser la défense populaire aux Objectifs
de Développement Durable, il faut une prise de conscience des enjeux et
la définition de lignes de conduite.
VI. CADRE THÉORIQUE
Comme le dit si bien Steve SMITH, aucune analyse du monde ne
peut se faire sans un cadre théorique62. Alex MACLEOD va dans
le même sens lorsqu'il affirme que « même le texte qui se
veut le plus descriptif possible ne peut éviter d'adopter implicitement
un cadre théorique qui déterminera quels faits l'auteur choisira,
comment il les liera ensemble et la
62Steve SMITH «International Relations :
British and American perspectives»,2010 p.8
68 ».
- 20 -
façon dont il les interprétera
63». Dans le domaine il existe diverses approches
théoriques, toutes aussi profondes que pertinentes qui
caractérisent les Relations Internationales contemporaines. Il convient
donc aux chercheurs en Relations Internationales d'assumer explicitement les
éléments théoriques qui orientent leurs études.
Avant de plonger dans la présentation des théories
mobilisées, il convient de noter que la définition du concept de
théories des relations internationales n'a pas fait l'unanimité
chez les auteurs. Si de manière prosaïque, l'on sait qu'une
théorie nous aide à mieux organiser nos pensées en
affaires internationales64, de manière plus approfondie,
plusieurs auteurs ont proposés leurs définitions. Pour Hans
MORGENTHAU65 , « une théorie des Relations
Internationales remplit les mêmes fonctions qu'une théorie
c'est-à-dire, apporter de l'ordre et du sens à une masse de
données séparées et augmenter les connaissances par le
développement logique de certaines propositions établies de
façon empirique »66. Kenneth WALTZ, pense que
« les théories indiquent ce qui est relié à quoi
et comment le lien se fait. Elles transmettent un sens de la façon dont
les choses fonctionnent, de la façon dont elles devraient se tenir, de
ce que peut être la structure d'un domaine
d'étude67 ». DOUGHERTY et PFALZGRAFF, disent que
« théorie n'est que la réflexion systémique des
domaines, formulée en vue de les expliquer et de démontrer
comment ils sont reliés de manière cohérente et
intelligente(...)
De toutes ces définitions toutes intéressantes,
nous retenons trois grandes conceptions de l'objet de la théorie. Ce qui
fait en découler 03 types des théories notamment :
? les théories explicatives ; qui cherchent à
expliquer les phénomènes à travers la découverte
entre eux de relations de causalité et l'établissement d'une
régularité dans ce qui se passe au niveau international en vue de
généraliser sur les Relations Internationales.
? les théories constitutives ; qui visent l'importance
des circonstances conduisant les phénomènes à se produire
de leurs manières.
? et les théories normatives ; qui sont
préoccupées par l'évaluation des politiques et actions sur
la scène internationale suivant des standards normatifs établis
préalablement.
63 Alexandre MACLEOD et alii : «
Théories des Relations Internationales : contestations et
résistances », Outremont, Athéna éditions, 2007, page
79
64 Idem page 85
65 Qui est l'un des pères fondateurs des
Relations Internationales Contemporaines
66Hans MORGENTHAU, « politics amongst nations
; the struggle for power and peace »,1995 p.46
67Keneth WALTZ, « theory of international
politics », 1979 p.12
68 DOUGHERTY et PFALTZGRAFF, « contending
theories of international relations », Philadelphia, J.B
Lippincott
p.46
- 21 -
Bien que ces théories soient objets de controverses,
elles partagent quatre attributions communes qui sont :
l'ontologie69 ; l'épistémologie70 ;
l'existence des méthodes ; et la présence d'un
élément de normativité.
Afin de mieux comprendre notre analyse, circonscrire notre
travail et le rendre plus digeste et pertinent du point de vue des Relations
Internationales, nous avons fait appel à deux théories. Il s'agit
de la théorie constructiviste et de la théorie
fonctionnaliste.
? Le Constructivisme
Le constructivisme a vu le jour et s'est
développé dans diverses disciplines telles que la sociologie,
l'anthropologie et les sciences politiques. Quelques auteurs et partisans de
cette théorie sont ; Emile DURKHEIM, Max WEBER71, Alexander
WENDT72John RUGGIE73, Thomas LUCKMAN et Peter L.
BERGER74.
Dans le domaine des Relations Internationales, le terme «
constructivisme » fait sa première apparition dans les
années 1980 avec Nicholas ONUF75 et cette théorie est
considérée aujourd'hui comme « désormais
l'école de pensée la plus répandue de la discipline de par
son éclectisme et son refus au paradigmatisme »76.
Cette théorie émerge en réponse aux critiques du
réalisme structurel (néoréalisme) qui était
accusé à la fois d'être incapable d'expliquer les
changements qui s'opéraient sur la scène internationale et
également d'être a-historique77
Le constructivisme est une perspective théorique qui
croit que le monde est un système interdépendant de sens
socialement construit qui est en constante évolution. Elle accorde une
grande importance à l'action humaine et affirme que l'environnement peut
être façonné par celle-ci. Aussi, les normes jouent un
rôle essentiel pour guider le comportement des acteurs sur la
scène internationale et structurer la vie de celle-ci. C'est ce qui
pousse Alexander Wendt à
69 Pour parler ici des éléments
constitutifs de leur domaine d'étude ; il s'agit des acteurs des
relations internationales
70 C'est-à-dire une théorie ou
manière d'acquérir la connaissance propre à chacune
d'elles
71Max WEBER «The methodology of social
sciences» , Rutledge, 1st edition 1949, page 102
72 Alexander WENDT «social theory of
international politics», Cambridge university press,1999
73John RUGGIE ; « International regimes,
transcations and change , embedded liberalism in the postwar economic
order» pages 380-414
74LUCKMAN et L. BERGER « la
réalité sociale construite », Arman Colin, 2006, page
57
75Nicholas ONUF «world of our making, rules
and rule in social theory and international relations»,
Routledge,2012, page 52
76 Axel MACLEOD « les études de
sécurité; du constructivisme dominant au constructivisme critique
»
https:/
doi.org /10.4000/conflits.1526
77John RUGGIE op citInternational regimes,
transactions and change , embedded liberalism in the postwar
economic order» pages 380-414
- 22 -
affirmer que « les structures de l'association
humaine sont déterminées principalement par des idées
partagées que par des forces matérielles et que les
identités et intérêts d'acteurs sont construits par ces
idées que par la nature 78» c'est pour dire que sur
la scène internationale, les acteurs ont des identités, ces
identités les conduisent à avoir des intérêts qui
à leur tour influent sur leur relations et agissements envers les autres
acteurs. Autre élément important de la théorie en ce qui
concerne les intérêts est que, bien qu'elle reconnaisse et accepte
l'importance des facteurs matériels (contrairement aux
néoréalistes), elle considère et accorde une place toute
aussi grande aux idées.
C'est donc dire que les acteurs internationaux n'agissent pas
uniquement par la recherche de la sécurité, mais davantage pour
la création, la mise en vigueur des normes qui seront inculquées
aux acteurs.
Bien évidemment, la théorie a subi des critiques
au vu de ses lacunes. Et la première limite est qu'elle n'est pas encore
totalement considérée comme une théorie au sens khunien
mais plutôt ce qui pousse CHECKEL à la qualifier d'« une
méthode plus qu'autre chose »79. Une autre critique
est qu'elle n'est pas trop éloignée de l'approche positiviste
malgré son intention de renouveler l'ontologie des relations
internationales. Ces critiques ont conduit graduellement à une variante
de la théorie. Celle-ci gardera le nom de constructivisme dominant et sa
variante porte le nom de constructivisme critique.
La théorie constructiviste sera d'une utilité
certaine dans le cadre de notre étude dans la mesure où, notre
sujet traitant de deux concepts (Défense Populaire et
Développement Durable) créées et développés
par des acteurs des relations internationales, on aura affaire ici à des
réalités socialement construites : d'une part la défense
populaire, une politique élaborée méticuleusement par
l'état camerounais à des fins précises qui seront
développés dans la suite ; et d'autre part, le
développement durable, un concept géant créé et
adopté comme objectif par l'Organisation des Nations Unies, un acteur
incontournable de la scène internationale pour un but qui n'est pas
nécessairement stratégique ou pécuniaire. Il serait donc
intéressant d'explorer les deux concepts à travers le prisme
constructiviste qui nous aidera à mieux cerner les facteurs ayant
conduit à leur création et vision.
78 Alexander WENDT op cit
79 CHECKEL «The constructivist turn in
International Relations Theory», world politics 50,1998 p.325
- 23 -
? Le Fonctionnalisme
De manière générale, l'approche
fonctionnaliste est née en réaction à l'empirisme de la
société américaine80. Ce sont des auteurs tels
que Talcott PEARSON, Alfred MARSHALL qui en s'inspirant des travaux de Max
WEBER ont développé cette approche avec pour objet de comprendre
le système social. En sciences sociales, c'est à Herbert
SPENCER81 que l'on doit la primeur. Son objectif était de
développer une corrélation entre organisation et évolution
des organismes dans la société. Pour lui, la
société est un ensemble qu'il appellera « organisme
social82 » le tout constituant une totalité
intégrée. DURKHEIM83 rejoindra l'approche avec
une analyse fonctionnaliste de la division du travail. Pour lui, la division du
travail répond à un besoin de solidarité sociale. De
manière globale, leur vision considère la société
comme un tout constitué de divers éléments, tous
remplissant une fonction qui concourt au bon fonctionnement de la
société.
Dans le domaine des Relations Internationales, le courant de
pensée fonctionnaliste est principalement représenté par
David MITRANY84 , qui analyse le processus d'intégration de
l'espace politique. Selon cette théorie, l'état est
considéré comme une institution imparfaite. Il y a donc
nécessité de le décentraliser progressivement de ses
capacités et de faire appel à des coopérations. Cette
théorie opte pour une perspective de «
buttom-up85 », pour ainsi dire que les
problèmes qui se situent au niveau du bas entrainent la création
d'institutions au haut pour les résorber.
Cette théorie rencontre aussi des critiques, en
commençant par le fait qu'elle soit trop idéaliste, car elle
préconise une vision supranationale au détriment d'une vision
inter gouvernementale. Il lui est aussi reproché sa vision d'une
catégorisation des problèmes, où chacun est traité
par une seule institution précise. Cette catégorisation n'est pas
possible au vu de l'existence de plusieurs problèmes transversaux.
Néanmoins, dans le cadre de notre analyse, la
théorie fonctionnaliste nous sera d'une double utilité. D'abord
elle nous aidera à comprendre le concept de Développement
Durable, matérialisé par les ODD86. Tout en sachant
que ceux-ci sont le produit de l'ONU, qui est plus
80 Marc MONTOUSSÉ et Gilles RENOUARD «
100 fiches pour comprendre la sociologie »
81Herbert SPENCER, « Principes de sociologie
», hachette bnf livre, 1878, 467 pages
82Idem
83Emile DURKHEIM « La division du travail
», Félix Alcan, 1893, 468 pages
84David MITRANY «the functional theory of
politics» , New York St martin press, 1975, 294 pages
85 De manière ascendante, du bas vers le
haut
86 Objectifs de Développement Durable
- 24 -
au moins la matérialisation d'une vision
fonctionnalisme, puisque cette organisation présente plusieurs traits
similaires aux postulats de la théorie fonctionnaliste. En second lieu,
la théorie fonctionnaliste, en considérant sa vision initiale qui
conçoit la société comme un tout composé
d'éléments tous remplissant une fonction, nous permettra de
schématiser la défense populaire Camerounaise. Et en analysant la
mise en oeuvre de la défense populaire, qui justement confère
à tous les acteurs de la société un rôle, on
aperçoit des traits de division du travail fonctionnaliste. C'est donc
dans cette logique que nous aurons à mobiliser cette théorie.
VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Comme le définit Omar AKTOUF, la méthodologie
est « l'étude du bon usage des méthodes et des
techniques.87 » Ainsi, une méthodologie
appropriée conditionne la fiabilité de résultats. Pour
éviter que les résultats soient biaisés, il est
indispensable d'utiliser une bonne méthode, encore définie ici
par Madeleine GRAWITZ comme « l'ensemble des moyens qu'elles mettent
en oeuvre pour que le cheminement de ces démonstrations et de ses
théorisations soient claires, évidents et irréfutables.
88». Dans le cadre méthodologique, nous avons
divisé nos méthodes en deux : d'une part les instruments
d'observation et de recueil d'informations et d'autre part la méthode
d'analyse des informations recueillies.
? Méthode de collecte de
données
- Les techniques non réactives : La recherche
documentaire
L'analyse documentaire peut être définie comme
l'ensemble des étapes qui permettent de chercher, identifier et trouver
et exploiter des documents portant ou ayant un lien avec le sujet. Deux types
de sources sont nécessaires pour notre analyse ; les sources de
première main et les sources de seconde main.
Concernant les sources de première main, il s'agira
pour nous de traiter les rapports des différentes institutions en
rapport avec notre thématique notamment celui de la commission de
Brundtland, les rapports des agences spécialisées du
système des nations Unies à l'instar du PNUD89, du
PNUE90 et autres institutions que nous jugerons nécessaires.
Nous analyserons
87Omar AKTOUF, « méthodologie des
sciences sociales et approche qualitative des organisations : une introduction
à la démarche classique et une critique », presses de
l'université du Québec, 2006
88Madeleine GRAWITZ ; méthode des sciences
sociales, paris, le découverte, 1998 p.834
89 Programme des Nations Unies pour le
Développement
90 Programme des Nations Unies pour l'Environnement
- 25 -
également certains agendas des organisations
internationales tels que l'agenda 63 de l'UA91. Au plan national,
nous analyserons les différentes constitutions de la République
du Cameroun qui se sont succédées depuis 1972, ainsi que les
textes relatifs à la politique de défense du Cameroun et tous
autres textes juridiques que nous jugerons nécessaires tels que les 21
textes du Président de la République portant
réorganisation des forces de défenses Camerounaises92.
D'autres sources de données seront collectées en
présentiel ou sur des moteurs de recherche notamment Google chrome et
Google scholar.
Les sources de seconde main seront constituées de
travaux scientifiques portant sur le développement durable et les
politiques de défense. Ces travaux seront principalement les ouvrages,
thèses, articles scientifiques et revues ainsi que les
mémoires.
- Les techniques réactives : l'entretien semi-directif
et le questionnaire
Il s'agit d'une forme d'entretien très répandue
en sciences sociales. Cette méthode consiste à interroger et
écouter plusieurs experts du domaine afin de recueillir des informations
pouvant être utiles dans la recherche.
Dans cette technique, même s'il est vrai que c'est
l'interviewer (le chercheur) qui mène le processus d'interview, il est
possible de laisser l'interviewé (interlocuteur) s'exprimer et mettre
plus d'informations à la disposition du chercheur. Néanmoins,
pour ne pas se perdre, il existe des questions guides pour canaliser
l'interview. Si nous considérons que cette analyse est de type
qualitatif, elle ne nécessite pas de techniques
d'échantillonnage. Nous interrogerons ;
Les autorités militaires, les parlementaires,
les autorités régionales et municipales, les responsables
religieux, les responsables des grandes écoles
Le choix de personnes interviewé est guidé par
l'Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars 1975 qui
considère ceux retenus comme des élites dans la défense
populaire camerounaise, la défense populaire n'étant pas un
concept maitrisé de tous mais uniquement des élites. Il est aussi
justifié parce que cette étude ne met pas d'emphase sur un nombre
défini de personnes interviewés.
En ce qui concerne le questionnaire, un questionnaire est une
technique de collecte de données quantifiables qui se présente
sous la forme d'une série de questions posées dans un ordre bien
précis. Le questionnaire est un outil régulièrement
utilisé en sciences sociales (sociologie, psychologie, marketing). Il
permet aussi de recueillir un grand nombre de
91 Union Africaine
9221 textes du PRC du Décret n° 2001/177
du 25 Juillet 2001 portant organisation du Ministère de la
Défense
- 26 -
témoignages ou d'avis. Les informations obtenues
peuvent être analysées à travers un tableau statistique ou
un graphique. Dans le cadre de notre étude, 120 questionnaires ont
étés administrés aux différents acteurs de la
société, car la thématique concerne en
réalité toutes les couches des populations camerounaises.
? Méthode d'analyse
Dans le cadre de notre étude, la méthode
empruntée nous permettra tout d'abord de comprendre les deux concepts
ainsi que leurs mises en oeuvre dans la zone de notre délimitation
spatiale, ensuite d'établir un lien entre nos deux concepts clés.
Enfin à partir des différents textes, documents, entretiens et
questionnaires nous pourrons confronter les deux concepts pour en saisir la
nécessité de leur alliance pour une évolution.
PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU
LIEN ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA PLACE DES OBJECTIFS DU
DÉVELOPPEMENT DURABLE
- 28 -
Depuis son indépendance, l'Afrique en
général et le Cameroun en particulier, tiennent leur destin entre
leurs mains. À la suite d'un parcours historique défavorable, il
s'impose la nécessité d'adopter une bonne ligne de conduite en
vue de se développer. Cette nécessité implique de faire
des choix stratégiques afin d'assurer d'une part la question de
sécurité et d'autre part la question de l'évolution.
Au plan interne, le Cameroun se retrouve dans l'urgence de
s'approprier un mode opératoire qui garantit la défense de ses
populations et ressources en étroite référence avec la
politique globale de défense du pays.
Au plan externe, du fait de son appartenance à la
scène internationale, il importe d'adhérer à des
politiques et organisations internationales pour atteindre des objectifs
communs de développement. C'est donc à mi-chemin de ces deux
contextes que s'inscrit la première partie de notre recherche qui
servira de guide d'explication. Il sera présenté dans un premier
temps, la politique de défense du Cameroun qui se traduit ici par la
défense populaire qui est la matérialisation du lien
armée-nation (chapitre 1) et dans un deuxième,
le modèle actuel de développement prôné par l'ONU
(chapitre 2) auquel a adhéré la
République du Cameroun.
- 29 -
CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN
ARMÉE-NATION AU CAMEROUN : LA DÉFENSE POPULAIRE
Depuis son indépendance, l'Afrique en
général et le Cameroun en particulier, tiennent leur destin entre
leurs mains. À la suite d'un parcours historique défavorable, il
s'impose la nécessité d'adopter une bonne ligne de conduite en
vue de se développer. Cette nécessité implique de faire
des choix stratégiques afin d'assurer d'une part la question de
sécurité et d'autre part la question de l'évolution.
Au plan interne, le Cameroun se retrouve dans l'urgence de
s'approprier un mode opératoire qui garantit la défense de ses
populations et ressources en étroite référence avec la
politique globale de défense du pays.
Au plan externe, du fait de son appartenance à la
scène internationale, il importe d'adhérer à des
politiques et organisations internationales pour atteindre des objectifs
communs de développement. C'est donc à mi-chemin de ces deux
contextes que s'inscrit la première partie de notre recherche qui
servira de guide d'explication. Il sera présenté dans un premier
temps, la politique de défense du Cameroun qui se traduit ici par la
défense populaire qui est la matérialisation du lien
armée-nation (chapitre 1) et dans un deuxième,
le modèle actuel de développement prôné par l'ONU
(chapitre 2) auquel a adhéré la
République du Cameroun.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de noter
que chaque pays est détenteur d'une politique de défense qui lui
est propre. Cette dernière est choisie en fonction de ses idéaux
politiques, de ses ressources, de sa position géographique, de sa
situation historique, de ses moyens, de sa culture, de ses ambitions, de ses
intérêts et de bien d'autres multiples variables. Pour rappel, le
concept de politique de défense comme précisé plus haut se
réfère à« l'ensemble des grandes options et
grands principes politiques, stratégiques et militaires que cet
état définit et adopte en vue d'assurer sa défense et sa
sécurité93 » Ce n'est qu'après
analyse de ces variables que le pays adopte sa politique de défense et
doctrine militaire. Une doctrine militaire se définit comme
l'ensemble d'idées directrices dont il faudra s'inspirer non
seulement dans la conduite de l'action, mais aussi pour l'organisation et
l'équipement des forces ainsi que pour l'élaboration des
règlements d'emploi94. De manière
générale, ce sont des principes
93MAHAMAT AHMED KOTOKO« la défense
populaire au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun,
2020, page 30
94 Doctrine d'emploi des forces, édition
1980
- 30 -
directeurs prenant en compte aussi bien les questions
politiques que militaires. Et ces derniers associent à la fois la
sécurité intérieure, la défense, les relations
extérieures et l'économie95. C'est donc au terme de
toute cette démarche de sélection que la République du
Cameroun a opté pour une doctrine politico-militaire basée sur la
population dite défense populaire. Dans ce chapitre, nous allons
brièvement mettre en lumière le concept de défense
populaire au Cameroun (section 1) et sa mise en oeuvre effective (section
2).
SECTION I : UNE POLITIQUE DE
DÉFENSEBASÉE SUR LA DÉFENSE POPULAIRE
Le Cameroun a choisi de faire de la population le socle de sa
politique de défense. Un tel choix n'a pas été fait au
hasard, mais est le fruit de plusieurs analyses qui ont abouti d'une part
à une planification méticuleuse (paragraphe 1) et d'autre part
à la mise en place d'institutions responsables de sa conception et de sa
mise en oeuvre (paragraphe 2). Il s'agit là du principal objet de cette
section.
Paragraphe 1 : Mode de planification de la
défense populaire
Pour saisir l'aboutissement à une planification
efficace, il est nécessaire d'explorer les facteurs ayant motivé
le Cameroun à adopter cette politique en situant le cadre juridique.
A. Les Facteurs déterminant l'adoption de la
défense populaire
Ils sont de plusieurs ordres et s'arriment aux
caractéristiques du pays décisionnaire.
1. Les Facteur Politiques et
Géographiques
Sur le plan politique, Il implique l'institution du lien
armée-nation qui est lui-même le produit de l'application du
si vis pacem para bellum (situ veux la paix, prépare la
guerre). Depuis toujours, la recherche de la paix a été le centre
des préoccupations de tous les peuples du monde96.Chaque
peuple en fonction du temps et des circonstances a adopté un
modèle pour la préservation de sa paix97. Le Cameroun
n'échappe pas à cette réalité et son Chef
d'État l'a
95Maréchal SOKOLOVSKY, «
stratégie militaire soviétique », éditions
classiques de la stratégie l'Herne, 1934, page 21
96 KANT Emmanuel, « vers la paix
perpétuel », François Proust, 2006, page 10
97TAGOU Célestin, « Démocratie
Rotative et Élections Présidentielles en Afrique »,
L'Harmattan, 2018 Page 55
- 31 -
prouvé lorsqu'il affirma que nous sommes tous de
Mendiants de paix, y compris lui98. Dans cette noble quête, le
Cameroun a adopté trois principes directeurs sur le plan diplomatique
à savoir l'indépendance nationale, le non-alignement et
la coopération internationale99.Mais, bien que
nourrissant des désirs de paix, le Cameroun se retrouve dans un
système international dominé par le paradigme réaliste des
Relations Internationales. Ce paradigme qui a pour postulat la primeur des
intérêts individuels sur l'intérêt
général comporte des risques. Par exemple,
l'éventualité que le pays soit agressé ou même
mêlé de façon accidentelle à un conflit. Pour mieux
se préparer à un pareil cas de figure et surtout dans une logique
de veille active au maintien de son intégrité et de sa
souveraineté, le choix d'une telle catégorie de défense
s'est avéré indispensable.
En ce qui concerne le facteur géographique, La
situation géographique du Cameroun fait de lui un site
privilégié en Afrique centrale. Il est non seulement à
cheval entre l'Afrique orientale et occidentale mais aussi de l'Afrique
septentrionale et méridionale. C'est le seul à partager ses
frontières avec tous les pays de la zone CEMAC. Il détient 330 km
de côtes donnant sur l'océan Atlantique, ce qui représente
une large ouverture sur le monde. Si certains pays tels que le Tchad, la RCA et
le Nord du Congo Brazzaville ont un accès maritime, c'est par le biais
du Cameroun. Le Cameroun possède d'énormes potentialités,
une multitude de terres arables et un climat favorable100.
Globalement, c'est un carrefour de géographie physique et humaine, ce
qui en fait un pays attrayant. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que le
pays soit parfois référé comme étant l'Afrique en
miniature101.Tous ces éléments naturels le distinguent
par rapport aux autres et le rendent d'office plus exposé aux
fléaux humains d'où la nécessité d'adopter des
mesures adéquates pour se préserver.
2. Les Facteurs économiques et
culturels
Au plan économique, Pour comprendre ce facteur, il
convient de rappeler au préalable l'évolution historique du pays.
La République du Cameroun obtient son indépendance le 1er Janvier
1960 à la suite d'un parcours historique original102.
Étant un État jeune, il se retrouve
98 Déclaration de S.E.M. Paul Biya, 72eme
Session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, New
York, 22/09/2017
99 Données recueillis sur le site officiel
de la présidence de la république du Cameroun sur
prc.cm /consulté le 01/01/2023
à 9 :45
100 MULLER JP, GAVAUD M, « Carte Pédologique du
Cameroun » 1979
101 En effet sur la scène Internationale le Cameroun
est référée comme l'Afrique en miniature de part ses
conditions géographiques et humaines.
102Si l'on retrace l'évolution historique du
Cameroun en commençant par les peuples pygmées, l'arrivée
du carthaginois au 4e siècle, l'arrivée des portugais,
le protectorat allemand (1884-1916). Ensuite le mandat de la
- 32 -
face à une double exigence, préserver sa paix et
assurer par la même occasion son développement. En prenant en
compte ses ressources limitées, on intègre facilement le choix
d'une politique de défense reposant sur le lien armée-nation. Le
pays ne disposait pas des moyens adéquats pour implémenter le
niveau d'équipement des pays développés, et même en
disposant de tels moyens, les conditions de vie des populations auraient
été automatiquement engagées. Il apparaît alors
parfaitement logique de faire des populations des acteurs et des pleins
partisans de cette politique de défense. C'est ce que pense
l'ex-ministre des Forces Armées Sadou DAOUDOU lorsqu'il affirme que la
défense ne doit pas seulement être l'apanage de seuls les
militaires, mais l'affaire de tous103.
Pour ce qui est du facteur culturel, Le Cameroun est connu
pour la grande diversité culturelle qui le caractérise. Ainsi, en
raison de sa colonisation il a hérité de deux langues officielles
que sont le Français et l'Anglais. Ensuite, il compte environ 260
groupes ethniques104 et se subdivise en 04 aires
culturelles105. Le Cameroun se compose également de plusieurs
groupes religieux. Cette pluralité, facteur de rayonnement, peut parfois
être source de désagrément. La société
étant naturellement caractérisée par l'inhérence du
conflit106, on se retrouve parfois face à des situations
délicates. Ainsi, le pays étant composé de
différents groupes sociologiques peut se retrouver aux centres
d'agitations conflictuelles. Au regard de ces multiples composantes, la
création d'un facteur de cohésion sociale se révèle
impérative. Pour rappel, le concept de défense populaire tire ses
origines de la République Fédérale Helvétique qui
elle aussi était faite de plusieurs entités sociologiques et a
opté comme facteur de cohésion le lien de patrie
fédérale, option qui s'est avérée une totale
réussite. C'est en grande partie grâce à ce succès
que le Cameroun s'est laissé inspirer et désormais, bien que
diversifié, il reste un et indivisible.107
Après l'analyse des motivations qui ont dirigé
le choix de la politique de défense, il convient maintenant de nous
pencher sur son cadre juridique.
Société des Nations (1920-1945) par le biais de la
France et le Grande Bretagne et plus tard la tutelle de
l'Organisation des Nations Unies (1945-1960).
103Vincent Joseph NTUDA EBODE, « Politique de
défense du Cameroun : évolution du concept d'emploi des
forces
et perspectives », CREPS, UYII, Yaoundé
2022.
104Erik ESSOUSSE : « valeurs fondamentales
parfaites et développement de l'Afrique », Harmattan
Cameroun,
2018 page 46
105 1. SUDANO-SAHELIEN ; 2- SAWA 3- GRASSFIELDS ; 4-
FANG-BETI-BULU
106Emile DURKHEIM « la division du travail
social », Félix Alcan, 1893 page 20
107 Disposition constitutionnelles en vigueur depuis le
18/01/1996 (Article 1er)
- 33 -
B. Les Sources Juridiques de la défense
populaire
Comme toute politique, la politique de défense du
Cameroun est encadrée par des textes juridiques. Traitant d'une
politique essentiellement nationale, ses textes relèvent uniquement du
droit interne. Il s'agit principalement de la Constitution de la
République du Cameroun ; la loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant
organisation de la défense ; l'instruction présidentielle
n°16/CAB/PRU du 1er septembre 1972 sur la conduite des efforts
de défense ; la Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 ; et la loi
numéro 86/016 du 06 décembre 1986 portant réorganisation
générale de la protection civile.
1. La Constitution
Généralement, elle est considérée
comme la norme juridique fondamentale, loi des lois ou la loi fondamentale. De
manière plus approfondie, on peut définir la Constitution en son
sens matériel comme étant un texte juridique dans lequel se
trouvent des règles relatives à l'organisation, au fonctionnement
de l'État, aux droits et libertés fondamentales des citoyens et
des règles applicables de systèmes politiques108. Le
Cameroun depuis son indépendance a eu 03 Constitutions. La
première en 1960, la deuxième en 1961(République
Fédérale du Cameroun) et la troisième en 1972
(République Unie du Cameroun). Par la suite, une révision
générale été effectuée en 1996. Cette
Constitution en vigueur comprend en son sein les bases même de la
politique de défense de la nation. Dans son préambule il est
stipulé clairement que « tous les citoyens contribuent à
la défense de la patrie109 ».C'est de cette phrase
que découle l'émergence d'une politique défense
basée sur la population.
Toujours dans la Constitution, il est précisé
que les règles générales d'organisation de la
défense nationale sont du domaine de la loi. C'est cette phrase qui nous
conduit à notre deuxième source qui est la loi du 12 juin
1967.
2. La loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant
organisation de la défense
C'est cette loi qui sert de manuel à l'exécution
de la politique de défense nationale. Elle a été
signée par le premier Président du Cameroun, El Hadj AHMADOU
AHIDJO. C'est elle qui constitue la feuille de route, la ligne de conduite de
la politique de défense du Cameroun110.
108Patrick Edgard ABANE ENGOLO, cours de droit
constitutionnel licence 2 paix et développement, UPAC 2020.
109 Loi n° 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et
complétée par la loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3.
110 Infra paragraphe 2
- 34 -
La loi étant générale et les faits
singuliers, une autre source s'est avérée pertinente pour la
conduite de la politique de défense. Il s'agit de l'instruction
présidentielle de 1972.
3. L'instruction présidentielle n° 16/CAB/PRU
du 1er septembre 1972
La période de formulation étant marquée
par quelques incursions sporadiques, cette décision a été
prise en tenant compte des exigences de l'évolution du pays, et le fait
que la politique de défense n'était pas encore tout à fait
opérationnelle. Le Chef d'État décida alors de formuler
une instruction visant à assurer le pays en tout temps et circonstances
contre toutes formes d'agression. Cette stratégie repose sur cinq
principes cardinaux que sont ;
a. Principe de permanence : il n'y a pas de
temps de paix ni de temps de guerre, la politique de défense doit se
poursuivre de manière continuelle sans relâche.
b. Principe d'universalité et totalité
: la politique doit se faire par tout le monde et dans tous les
domaines.
c. Principe d'unité de conception :
les directives générales proviennent d'un seul centre, qui est
celui de l'hégémon d'exécutif.
d. Principe de décentralisation : il
doit y avoir des autorités à l'échelon gouvernemental et
territorial capables de prendre des décisions en cas d'absence de
l'hégémon de l'exécutif.
e. Principe de prévention : les
mesures techniques et psychologiques se prennent longtemps à l'
avance.
Après une telle élaboration théorique, on
se demande comment se passe le déploiement des structures de la
défense populaire camerounaise, c'est ce que nous verrons alors dans le
paragraphe suivant.
Paragraphe 2 : Les Institutions responsables de la
défense populaire camerounaise
En accord avec nos sources juridiques de la politique de
défense et en cohérence avec les 05 principes directeurs de la
défense populaire plus particulièrement les principes
d'unité de conception et celui de la décentralisation, des
acteurs ont été identifiés de manière officielle et
des tâches leur ont été attribuées. Il s'agit des
pouvoirs de conception(A) et des structures déconcentrées et
élites (B).
- 35 -
A. Les organes en charge des pouvoirs de conception, de
direction et les structures gouvernementales
1. Le Président de la République
(PR)
Ce pouvoir tient respect au principe d'unité de
conception qui stipule qu'il y a une seule entité d'où
émanent les directives de la politique de défense. Cette
entité est l'hégémon exécutif, incarné par
le PR. C'est lui la tête pensante de la politique de défense. Il
est le Chef suprême des forces armées111. À ce
titre, il est le garant de l'intégrité du territoire, de la
sécurité intérieure et extérieure. Il
définit également la politique de défense ainsi que sa
mise en oeuvre. C'est lui l'animateur de la défense sur le plan
idéologique, économique et social. Pour l'aider, il dispose
d'organes tant militaires que civils à l'instar du Conseil
supérieur de défense (CSD), le comité technique de
défense (CTD) et l'État-Major Particulier (EMP/PR).
2. Le Gouvernement
Il vient en respect du principe d'universalité et de
totalité ainsi que du principe de décentralisation. Les ministres
de manière générale ont la responsabilité de
l'application de la défense populaire dans leurs départements
ministériels respectifs112. Ainsi tous les ministères
(sauf le ministère en charge de la défense qui a une organisation
spéciale régie par sa loi113) sont composés
d'un Comité de Coordination des questions de Défense (CCQD). Mais
de manière stratégique, il existe des ministères ayant des
responsabilités en liaison directe avec la politique de défense.
Nous avons à ce titre 03 catégories de départements
ministériels qui sont ;
a. Les structures et ministères phares
;
Ils sont au nombre de quatre114 et ont chacun des
tâches précises en matière de défense. -Le
ministère de la défense : c'est l'unité centrale
de la politique de défense. Il dépend directement du PR. Il est
chargé de l'exécution de la politique militaire de défense
de son organisation, gestion, mise en condition, mise en emploi, mobilisation
des forces de défense entre autres.
111 Constitution du Cameroun, attributions du PR
112 Article 10, loi n° 67/LF9
113Les 21 textes du PRC du Décret n°
2001/177 du 25 Juillet 2001 portant organisation du Ministère de la
Défense 114A l'époque il existait également une
cinquième entité qui était le SPDN, entité qui a
été dissoute par la décret numéro 86 du 04/02/1986
complétant les dispositions du décret numéro 85/1172 du
24/08/1985 qui stipule dans son premier article que les fonctions de cette
entité ont été attribuées aux conseillers
techniques et chargées d'étude du SG/MINDEF.
- 36 -
-La Délégation générale
à la sureté nationale : elle assure en permanence la
participation de ses services à la défense et au renseignement.
Elle protège aussi les personnes et biens.
-Le Ministère des Relations Extérieures
; il veille à la protection des droits et intérêts
du Cameroun et maintient la coopération et les relations pacifiques avec
les pays étrangers.
-Le Ministère de l'administration Territoriale
: il met en oeuvre et coordonne la protection civile.
b. Les départements ministériels
économiques;
Ces ministères sont ;
- Ministère de l'Économie, de la Planification et
de l'Aménagement du Territoire
- Ministère des Finances
- Ministère des Transports
- Ministère de l'Agriculture et de l'Élevage
- Ministère de l'Habitat et du Développement
Urbain
c. Les départements ministériels
sociaux
- Ministère de la Santé Publique
- Ministères en charge de l'éducation notamment; le
Ministère de l'Éducation de Base, le
Ministère des Enseignements Secondaires, et le
Ministère de l'Enseignement Supérieur.
- Ministère de la Jeunesse et des Sports
- Ministère de la Communication115
- Ministère de la Fonction Publique
N.B. : il convient de noter que, bien
que certains ministères n'appartiennent à aucune des trois
catégories précédentes, chaque ministre est responsable de
l'application dans son département ministériel de la politique de
défense définie par le Chef de l'État et d'inculquer
à ses personnels l'esprit de défense.116
115 A l'époque ce ministère portait le nom de
Ministère de l'Information
116 Article 10, loi n°67/LF/9
- 37 -
B. Les structures déconcentrées et les
élites
1. Les chefs des circonscriptions administratives et
militaires
En application du deuxième volet du principe de
décentralisation de la politique de défense (territorial), des
structures ont été mises en place. C'est le cas des
autorités civiles et militaires, chefs des circonscriptions
administratives. Ce sont eux les responsables de la mise en oeuvre de la
défense populaire dans leurs zones de commandement. Globalement, ils ont
des missions de : connaissance et application des textes, fixation du maintien
de l'ordre, préparation et mise en oeuvre des mesures de protection
civile et défense passive. De manière précise, ils ont des
tâches déterminées en fonction des périodes
données (paix ou guerre). C'est donc dire que dans le cadre de notre
défense populaire, tous les acteurs de la société sont
mobilisés.
2. Les élites
Un intérêt particulier117 est
porté à la sensibilisation des élites aux questions de la
défense118. Les élites constituent l'interface entre
le pouvoir et le peuple. Ce sont eux les leaders d'opinion, c'est eux qui
portent l'opinion publique et influencent les populations. Elles constituent
donc un rôle vital, car de par leur influence, elles peuvent orienter et
sensibiliser leurs populations en faveur du respect et de la mise en oeuvre de
la défense populaire. Entre autres les élites retenues sont 119
:
- Les Responsables des partis politiques ; - Les Parlementaires
;
- Les Autorités régionales et municipales ; - Les
Responsables religieux ;
- Les Responsables des grandes écoles.
SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION
AU CAMEROUN
Après une élaboration matérielle et
formelle de la politique de défense du Cameroun, Il y a lieu de se poser
un certain nombre d'interrogations sur sa mise en oeuvre. En premier lieu, quel
en est le résultat dans un contexte de crise ou encore quel est le
niveau d'effectivité de la
117 Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars
1975
118 Il convient de noter que la notion d'élite beaucoup
muté de nos jours. En s'appuyant sur la définir de mot «
élite », nous avons effectué un tri.
119 En dehors des officiers des forces de défense,
c'est principalement avec eux que se sont tenu nos entretiens.
- 38 -
défense populaire sur le terrain en contexte de crise
(paragraphe 1) ? Et surtout quels sont les défis auxquels la
défense populaire fait face et qu'il y'a-t-il lieu de faire (paragraphe
2) ?
Paragraphe 1 : Mise à l'épreuve du lien
armée nation au Cameroun dans contexte de crise : Cas des incursions de
la secte Boko-Haram (BH)
Comme l'a dit le Chef de l'État, le Cameroun jouit
d'une situation paisible, à l'exception de quelques incursions
sporadiques dans la partie du septentrion et les régions
anglophones120.Cette paix, on la doit à l'efficacité
du lien armée-nation121. L'une de ces incursions est celle de
la secte Boko Haram. Puisque notre défense populaire se veut praxis, on
se pose la question de son effectivité en temps de crise ; ce paragraphe
consistera à faire une analyse du conflit avec Boko Haram sous un prisme
« défense-populariste »et les efforts consentis dans ce cadre
(B)
A. Un aperçu de la crise
Traitant d'une réalité ayant une très
grande portée et relevant de plusieurs champs de spécialisation,
nous avons jugé pour une meilleure compréhension de
présenter la crise suivant un schéma. Ce schéma
étant composé d'une série des 05 questions indispensables
à l'analyse de toute réalité observable. Il s'agit des
questions ; Quoi ? Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et avec quelles
conséquences ?
1. Nature, acteurs et manifestation du conflit
C'est un conflit religieux, sociopolitique, culturel et
économique qui se déroule dans le bassin de lac Tchad en
général et au Cameroun en particulier. La région la plus
affectée est l'Extrême-Nord. Le conflit attire officiellement
l'attention des pouvoirs et du public en 2014 Mais en réalité ses
faits s'étaient déjà produits avant122. En 2009
la secte BH, étant déjà en affrontement avec le
Nigéria, a conduit certains rescapés sur le territoire
camerounais.
Les principaux protagonistes sont la secte BH et l'État
camerounais. BH est une secte islamique fondée par MOHAMMED YUSUF. De
par sa définition, Boko Haram signifierait « groupe de
partisans de la sunna pour la prédication et le Jihad
123». De manière plus précise, les acteurs
de ce conflit entre autres sont ; les fanatiques, les forces
régulières, les enrôlés de
120 Discours adressé à la nation le 31/12/2022,
crtv.
121 Qui sa traduit en la défense populaire
122NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko
Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert
Stiftung, Yaoundé, 2017 page 10
123idem
- 39 -
force, intermédiaires financiers, transporteurs
informels, passeurs, jeunes boursiers, affairistes, les forces de maintien de
l'ordre, le gouvernement et les populations locales.
Au départ, le conflit avait une forme
symétrique. Les attaques étaient frontales, aux acteurs et moyens
connus. Progressivement le conflit s'est substitué en manifestation
asymétrique et hybride. Ainsi interviennent les instruments tels que les
bombes humaines, les kamikazes, les explosifs, les engins explosifs
improvisés etc. Les jeunes camerounais sont également
recrutés. Selon la source International Crisis Group, en 2016 la secte
avait déjà recruté 3500-4000 camerounais124. En
plus de tout ça s'introduit aussi l'instrumentalisation des clivages(en
connaissant la composante religieuse et culturelle du pays).
2. Intérêts et Conséquences
Comme dans tous les conflits, il existe des
intérêts visibles mais aussi d'autres cachés. Les
intérêts de ce conflit comme le souligne le Pr NTUDA EBODE sont
économiques, politiques, symboliques et affectifs125. Un
intérêt particulier de l'incursion de BH au Cameroun est
lié à la position géostratégique de celui-ci. BH
combattant majoritairement à l'extérieur du pays, la
région de l'Extrême-Nord du Cameroun constitue un espace de choix.
Cet espace pourrait servir de base de repliement pour BH et leur permettre de
contrôler leur corridor et ressources diverses.
Comme l'affirmait S.E. Jacques CHIRAC126, «
la guerre c'est toujours (...) la pire des solutions parce qu'elle
amène la mort et la misère ». De manière
spécifique, selon les statistiques officielles, ce conflit a
causé la mort de plus de 150 militaires et 1670 civils127. De
plus, il a conduit à l'enlèvement de 1000 personnes ; l'on a
enregistré 556 attaques, 77 attentats suicidaires128.Aussi il
a conduit à déraciner plus de 325 000 personnes129.
C'est tout cela qui contribue à qualifier ce conflit comme étant
l'un des plus grands massacres de l'histoire du Cameroun130.
124 International Crisis Group 2016
125NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram
au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert
Stiftung, Yaoundé, 2017 page 10
126 (1932-2019) Homme politique français qui a servi a
plusieurs poste de député à PR.
127NTUDA EBODE et alii «Le conflit Boko Haram
au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» , Friedrich Ebert
Stiftung, Yaoundé, 2017 page 8
128Données affirmée par ICG, journal
sahel et repris par NTUDA EBODE.
129 DTM, 06/07/2017.
130 Aziz SALATOU, journal quotidien Le Jour, numéro 1865
du 05/02/2015.
- 40 -
B. Les efforts consentis par la défense
populaire
Le gouvernement déclare officiellement la guerre
à BH par le biais de son Président en Mai 2014131.
Comme le dit à suffisance Léonardo Da Vinci132, tout
obstacle renforce la détermination. C'est dans ce sens que les acteurs
de la défense populaire Camerounaise face à ce conflit ont fourni
des efforts. Quelques-uns d'entre eux sont les Forces de Défense, le
gouvernement Camerounais, les populations locales, les médias, les
entreprises locales et les groupes religieux.
1. 1. Les Forces de Défense et le gouvernement
Camerounais
L'armée incarnant l'organe principal de la guerre
depuis le début du conflit, elle joue un rôle
prépondérant. Tout d'abord, elle a été mise sur
pied pour contrer les menaces terroristes. Avant 2014, l'armée
camerounaise était dans une posture beaucoup plus défensive et
dissuasive. À partir de 2015, on assiste à la manifestation
offensive de son opérationnalisation. Aussi, le conflit ayant une
dimension transnationale, les FDS ont combattu conjointement avec le Tchad et
le Nigéria. Elles ont également intervenu avec la Force
Multinationale Mixted (FMM) et les Casques bleus de l'ONU qui dans ce conflit a
déployé plus de 10 000 militaires. Les sacrifices consentis par
les forces armées camerounaises font objet de truisme.
En ce qui concerne le gouvernement, Depuis 2014, la
défense populaire camerounaise tente d'être
réactivée par les autorités133. Dans le domaine
diplomatique, l'État a mobilisé ses relations au plan
bilatéral avec ses États voisins ainsi que les grandes puissances
telles que la France, l'Amérique, la Russie etc. Ces relations lui ont
permis de signer des contrats portant sur l'armement, la formation et
l'équipement ; au plan multilatéral de prendre contact avec les
OI, OIG et les agences de l'ONU tels que le Bureau de coordination des affaires
humanitaires (OCHA). Ces agences ont apporté dans le cadre de leur
domaine un soutien au conflit. Ces relations lui ont permis de
bénéficier de l'aide de ces institutions. C'est le cas des 50
milliards offerts au Cameroun et au Tchad par la CEEAC pour le conflit.
131 Déclaration de S.E. Paul BIYA lors de la
conférence conjointe des chefs d'États à l'issue du sommet
de Paris sur la sécurité au Nigéria, France le
17/05/2014
132 (1452-1519)
133NTUDA EBODE et alii «Le
conflit Boko Haram au Cameroun pourquoi la paix traine t-elle?» ,
Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé, 2017 page 15
- 41 -
2. Les populations locales, les médias et les
entreprises
Les populations locales sont les plus affectées lors
des crises. Elles veulent jouer un rôle décisif dans la lutte
contre BH. Leur premier apport est dans la participation aux comités de
vigilance. Ce sont des groupes d'auto-défense civils constitués
pour protéger leurs communautés. Des jumelles et fusils de
fortune leurs sont donnés par l'armée. Leur principale motivation
est la quête de la paix. C'est ce qu'affirme
MOUCTARMAHAMAT134, membre du comité de vigilance de Kolofata
lorsqu'il dit : « je pense que nous sommes décisifs dans ce
combat, parce que c'est nous les yeux des militaires. Dans le village, nous on
se connait ».
Concernant les médias, comme le dit l'adage, «
celui qui détient l'information détient le pouvoir.
»Les médias constituent aujourd'hui le quatrième
pouvoir institutionnel135. Ils sont donc un acteur majeur en
matière de conflit, car c'est par eux que l'opinion publique est
informée. C'est selon leur interprétation des faits que le public
est influencé. Dans le cadre de ce conflit les médias tels que la
Cameroun Radio Television (chaine nationale), Canal 2 international ont
grandement contribué à sensibiliser les populations. Leur
rôle est principalement l'interpellation sur le lien armée-nation
et la diffusion des nombreux sacrifices encourus par l'armée pour
préserver l'intégrité du territoire.
Une contribution majeure médiatique dans ce conflit a
été la réalisation du film la patrie
d'abord136, film dédié aux forces armées
du Cameroun engagées dans la guerre contre Boko Haram. Cette oeuvre n'a
pas laissé les populations indifférentes et a suscité en
elles le sentiment patriotique. En ce qui concerne la participation des
entreprises, Bien que basiquement, elles existent avec un objectif lucratif,
les entreprises camerounaises ont montré leur bonne foi et leur
intérêt pour la partie. Dans ce sens, certaines
sociétés ont contribué par l'apport de ressources
matérielles et financières aux soldats et aux populations de
l'Extrême-Nord. D'autres sont allées jusqu'à faire appel
aux clients en aménageant dans leurs surfaces des caisses et urnes
« solidarité ». Ces caisses servent à récolter
des fonds, qui sont octroyés à la lutte contre BH. C'est le cas
du supermarché Santa Lucia.
134 Interviewé par la chaine TV5monde, données
consulté le 05/01/2022 sur le net 135Après le pouvoir
politique, militaire et économique.
136 La patrie d'abord, film réalisé par Thierry
NTAMACK, 2016
- 42 -
3. Les groupes religieux
L'apport des religieux a naturellement été
d'ordre spirituel. En ce sens, ils ont contribué à motiver
spirituellement les militaires et à réconforter les populations
affectées. Des cultes oecuméniques ont parfois été
organisés pour le conflit. Des messes individuelles ont aussi
été faites. Au-delà de la dimension spirituelle, leurs
actions ont eu une dimension matérielle. Ainsi certains groupes
religieux ont levé des fonds en vue de soutenir le pays. D'autres ont
offert des fournitures et logements aux déplacés internes.
Dans le cadre du conflit avec la secte BH, la défense
populaire n'a pas été indifférente. Défense
populaire ne se limitant pas à un seul conflit mais renvoyant au socle
de toute la politique de défense du Cameroun, il fait face à des
défis.
Paragraphe 2 : Défis et Perspectives
Ce paragraphe apparait après analyse méticuleuse
de la défense populaire ainsi que sa mise en épreuve. Elle a
enregistré depuis son adoption des défis qui devraient être
relevés. Ces défis apparaissent tant au plan théorique que
pratique. Dans ce paragraphe nous tenterons de synthétiser ces
défis ainsi que les perspectives et ce dans le domaine théorique
(A) et dans le domaine externe (B). Pour une meilleure compréhension,
les formulations seront faites de manière simultanée entre les
défis enregistrés et les propositions.
A. Les Facteurs théoriques
La politique de défense du Cameroun comme toute oeuvre
humaine présente des défis internes. Ces défis que nous
analyserons dans les paragraphes suivants sont la vétusté de son
élaboration, le rôle non défini de certains
départements ministériels et la perception de la défense
par la société.
1. La vétusté de son élaboration
Si nous retraçons les sources juridiques de la
défense populaire camerounaise, nous observons que les deux sources qui
contiennent les modalités applicables137 datent
respectivement de 1967 et 1972. C'est dans ces deux sources que se
matérialise la défense populaire de manière pratique. Dans
les années 60-70, le PR avait une vision pour la défense
populaire et tenait compte des circonstances particulières. En prenant
en compte les décennies qui séparent cette période de
l'actuelle, on s'aperçoit que la défense populaire actuelle date
d'environ un demi-siècle. En 50ans, beaucoup de choses changent, les
circonstances se
137 La loi n° 67/LF/9 et l'instruction
n°03/CAB/PRU.
- 43 -
transforment, le temps passe et la défense populaire
telle que définie au Cameroun se fait vieille.138Le contexte
dans lequel a été élaborée cette politique
diffère grandement du contexte actuel. Ce domaine de la défense
présente un aspect dynamique et varie en fonction des circonstances
changeantes. La défense mérite donc une attention
particulière. Comme recommandation il est proposé une mise
à jour de la politique de défense sur une période
donnée. Celle-ci sera toujours basée sur la population, mais sera
en symbiose et évoluera avec le temps.
2. Le rôle non défini de certains
départements ministériels
La défense populaire insiste sur la mobilisation et la
participation de tous les acteurs de la société. Elle accorde une
importance particulière aux départements ministériels.
Cela se voit dans l'article 10 de la loi n° 67/LF/9 qui veut que tous les
ministères appliquent dans leurs départements ministériels
la politique de défense et qu'ils inculquent le sentiment de
défense à leurs personnels respectifs. Mais après
l'analyse de cette loi, on retrouve trois groupes de ministères ayant
des missions précises : les ministères
«phares»139, les départements ministériels
économiques et les départements sociaux. Depuis lors, on a
assisté à un changement du dispositif gouvernemental. D'une part,
on a assisté à la création de plusieurs
départements ministériels (tels que le ministère de la
décentralisation et du développement local, MINDDEVEL) qui n'ont
pas de mission précise définie dans la défense populaire
et d'autre part, la dissolution d'anciens ministères qui avaient des
tâches précises. C'est le cas du ministère de la jeunesse
et des sports140. Le résultat est que, d'une part on se
retrouve avec des ministères qui ont les mêmes attributions que
d'autres. Et d'un autre coté des ministères qui n'ont aucune
attribution spécifique. Il devient dès lors difficile pour eux de
contribuer activement à la défense populaire, qui pourtant
concerne toutes les structures. Comme recommandation, il est proposé une
définition de tâches spécifiques dans le cadre de la
politique de défense et l'attribution des rôles à chacun
des ministères qui se ne retrouve pas dans la politique actuelle de
défense.
3. Perception de la défense par la
société
C'est l'un des plus gros challenges de la défense
nationale en générale et de la politique de défense en
particulier. S'il est vrai que les questions de défense font parfois
objet de secret
138Il est important de noter que la défense
populaire actuelle a été définie par le premier PR, S.E
Ahmadou Ahidjo
139 Il s'agit des ministères ayant un lien au plus haut
niveau de la politique de défense. Il s'agit du MINDEF, DGSN, MINREX et
le MINAT
140 Dissout en deux ministères : le ministère de
la Jeunesse et de l'éducation civique, et le ministère des sports
et de l'éducation physique
- 44 -
défense141, d'autres aspects méritent
également d'être connus de tous. Dans ce contexte, la
défense est surtout qualifiée de dinosaure, car elle absorbe un
pourcentage important du budget de l'État, mais ses actions ne sont que
peu connues de la société. C'est le cas de la participation au
développement qui fait partie des orientations de la défense mais
qui reste connue par la minorité. Une étude menée par le
Dr MELOUPOU a conduit à la conclusion selon laquelle la défense
ne semble donc pas une entité perçue comme une composante
institutionnelle participant effectivement au
développement142. Ceci n'est pas totalement vrai, car les
faits démontrent le contraire. Dans la même lancée, le lien
armée nation dans sa globalité depuis les années 80, est
marquée par une disparition progressive de la conscience des
camerounais143. Et cela s'explique par l'absence de communication
faite aux citoyens. C'est ce qu'affirme NKOA ATENGA lorsqu'il dit que les
questions de défense ne figurent sur aucun registre à la
portée de l'homme de la rue144. Ainsi, aujourd'hui, le
concept de défense populaire est pratiquement méconnu des
élèves, étudiants, cadres et même des
administrateurs, encore moins du citoyen lambda, alors que ce concept fait
appel au sentiment de grégarité d'un peuple partageant des
valeurs communes, un sentiment qui pourrait bien servir dans le contexte
actuel, un concept qui pourrait servir à changer la perception qu'ont
les citoyens à l'égard de la défense, un sentiment qui
suscitera en chaque Camerounais le sentiment de défense et les valeurs
citoyennes.
Hélas, la défense populaire s'efface de plus en
plus des mémoires. Il est donc aujourd'hui plus que nécessaire de
changer la donne. À cet effet, la recommandation formulée est
celle d'une sensibilisation plus visible d'abord sur l'importance de la
défense, une communication effective et efficace sur les enjeux d'une
défense populaire, ses avantages, et le rôle de chacun du bas de
l'échelle jusqu'au haut. De cette façon, les citoyens verront
à quel point la défense est utile. Parallèlement, la mise
en exergue des actions civilo-militaires est nécessaire.
B. Les Facteurs pratiques
La défense populaire camerounaise présente aussi
des défis d'ordre pratique. Il <s'agit de la composante humaine du
Cameroun, de l'actualité des menaces et la condition morale des
Camerounais.
141 Niveau d'habilitation d'accès aux documents
142Jean-Pierre Meloupou « Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement », Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013 page 100
143Mahamat KOTOKO La défense populaire
au Cameroun : comprendre un concept», l'Harmattan Cameroun, 2020page
134
144NKOA ATENGA, Les armées africaines
à l'heure de la démocratie et des droits de l'homme, edicef, 1996
page 15
1. - 45 -
La composante humaine du Cameroun
La composante des peuples d'un pays comme le Cameroun n'est
pas un aspect à négliger. En effet nous savons que le Cameroun
est composé de plus de 250 groupes ethniques145. De plus, par
répercussions des colonisations Française et Britannique, sa
population est constituée de citoyens francophones et anglophones. On y
retrouve également plus de trois groupes religieux (catholique,
protestant, animiste). Gouverner un État avec toutes les variables et
caractéristiques constitue un défi à relever. S'il est
vrai que les populations sont toutes camerounaises, il n'en est pas moins vrai
qu'elles ne partagent pas pour autant toutes des valeurs communes. Chaque
groupe a ses principes et valeurs propres à lui, qui ne sont pas
forcément celles d'un autre groupe et vice-versa. Ainsi mettre en oeuvre
une défense appelant au concours de tous les citoyens devient besogneux.
Surtout considérant l'aspect inhérent du conflit dans chaque
société146où il faut concilier tous les
intérêts des peuples. Il est donc proposé à ce sujet
de développer des facteurs de cohésion sociale.
Privilégier le sentiment national. C'est ce qui est fait dans ce sens
par le rôle du sport en général et du football en
particulier. Le football est l'endroit par excellence de solidarité
nationale, mais ne dure que l'espace d'un match. Au-delà donc de
ça, il convient de créer un dispositif permanent en vue
d'encourager une solidarité mécanique147. Créer
un lien social qui va permettre à tous les camerounais de se sentir
concernés par la patrie.
2. L'actualité des menaces
Comme l'indique très bien FOUDA148, nous
vivons dans un monde en pleine mutation. Un monde où les menaces ne sont
plus uniquement militaires. Un monde où l'ennemi n'est plus toujours
perceptible. Où il existe désormais plusieurs champs de
batailles, plusieurs ennemis et plusieurs menaces à la fois. Les menaces
qui autre fois, étaient maitrisables, sont actuellement hors de
contrôle et de portée. Ces menaces multiples, sont de plusieurs
ordres. Nous avons entre autres les menaces sécuritaires,
économiques, culturelles, technologiques, techniques, nucléaires
et biologiques. Ainsi il est désormais impératif de nous adapter
et de nous préparer en conséquence, au risque de nous perdre dans
le bateau. L'ennemi est sur tous les fronts et le
145Garga HAMAN ADJI, ainsi pourrait devenir le
Cameroun », Les grandes éditions, 2004, page 33
146DURKHEIM, la division du travail social, Félix
Alcan, 1893 page 68
147 Terme dédié par DURKHEIM pour décrire
« une forme de cohésion sociale fondée sur la similitude
des comportements et des valeurs de la société », de la
division du travail social, 1893.
148 Colonel FOUDA Joseph op cit : Thèse sur la
politique de défense du Cameroun : PERMANENCES ET PERSPECTIVES,
République Populaire de Chine
- 46 -
premier sinon le seul moyen dont nous disposons actuellement
est la défense populaire. La politique de défense devra donc
prendre en compte tous les enjeux liés à l'actualité en
vue d'être de plus en plus efficace.
3. La condition morale des Camerounais
L'une des conditions essentielles pour garantir le
succès d'une société est la discipline et le respect des
institutions149. Le socle de notre politique de défense
réside dans la population. Une population qui se doit d'être
consciente, disciplinée et déterminée. Paradoxalement,
dans notre contexte, on fait face à la problématique de la
condition psychique des citoyens. La société est
caractérisée par des fléaux sociaux tels que l'incivisme,
le vol, la corruption entre autres. Une société où les
intérêts individuels priment sur l'intérêt
général. On observe plusieurs personnes qui n'ont pas de honte de
se déroger ouvertement à la norme générale. Une
société où les membres ont perdu tout goût à
l'effort. Une société marquée par un sentiment de doute,
de pessimisme, de méfiance, de sorcellerie... une société
où les hommes souffrent de ce que GARGA HAMAN a qualifié de mal
africain150, où les valeurs morales se dégradent de
plus en plus. Tout ceci constitue un défi majeur et on se demande
comment faire pour régulariser cette société en
déperdition. Une société qui façonne des
personnages inadaptés151. Comme proposition à ce gros
défi, il est proposé de remodeler le système
éducatif à la base. Ceci en se posant les 02 questions
d'Eugène Fonsi152 qui sont ; quel profil d'homme faut-il
construire et quelle société faut-il bâtir ? Ensuite est
également proposée une formation holistique du citoyen
Camerounais. En inculquant des valeurs de discipline, patriotisme, civisme et
surtout celles prônées par le PR qui sont la rigueur et la
moralisation153. On vise alors une société où
les citoyens seront dotés de savoir, savoir vivre et
savoir-faire154. C'est donc dire que sans un relèvement des
défis énumérés plus haut, la défense
populaire serait un combat perdu d'avance, une ambition sans
postérité155.
149 S.E Barack OBAMA lors de son discours prononcé le
samedi 11/07/2009 au Ghana
150GARGA HAMAN ADJI, « Le mal africain ;
diagnostic et thérapie », harmattan Cameroun, 2009 page 125
151ESSAMA ESSOMBA, « Pour une réforme du
système éducatif », Cameroun tribune, 16/02/2010.
152 Eugène FONSI, « L'université
autrement : les principes de base de l'UEC et leurs enjeux sur la
transformation sociale », Cahiers de l'Université
Évangélique du Cameroun, 2012 page 23
153 Discours de S.E.M. Paul Biya adressé à la
nation le 31/12/2022.
154 Dr Paul K. FOKAM, discours aux PKFOKAM awards, Yaoundé
2015.
155Mahamat AHMED KOTOKO « la
défense populaire au Cameroun : comprendre un concept»,
l'Harmattan Cameroun, 2020 page 299
CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE
DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
|
- 47 -
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) concernent
plusieurs domaines de compétences, même si toute la
communauté s'est accordée de manière unanime sur la
définition de ceux-ci. Cela fait des décennies que le concept de
développement durable est évoqué dans les journaux,
articles, émissions, cours, télévisions, mais son
état idéal n'est pas encore atteint. Le développement
durable constitue l'une, sinon la plus grande préoccupation à
l'heure actuelle car elle concerne la totalité du globe. Si pour les
pays dits développés, ce serait une remise en cause du
modèle de développement, pour d'autres ce serait un mode de vie,
une préoccupation majeure pour ne pas commettre les mêmes erreurs
qu'eux, car ceux-ci se sont «
mal-développés156 ».
L'Afrique étant le berceau de l'humanité et abritant le
2e poumon écologique du
monde157, se sent tout aussi
concernée, car l'avenir du monde dépend en partie de
celle-ci158. Dans le présent
chapitre, il sera question d'analyser la place des ODD en Afrique. Nous allons
dans un premier temps présenter brièvement l'agenda 2030 et ses
principes (section
I), cela en prélude au regard particulier sur sa mise en
oeuvre au Cameroun (section II).
SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE
Classiquement, les modèles de développement
étaient fondés suivant une logique homo
economicus159, où le plus important était la
croissance économique. Progressivement cette vision s'est muée en
mettant l'être humain au centre des préoccupations et plus tard a
été introduit l'aspect écologique. C'est la somme de ces
visions qui renvoie à ce qui est référé comme
développement durable (DD). Suite à la volonté des acteurs
internationaux d'être plus pragmatiques, un calendrier a
été adopté afin de combattre tous les
problématiques de DD une par une et de manière plus efficace, ce
qui a conduit aux OMD et plus tard aux ODD. Cette section se charge de
présenter les ODD (paragraphe 1) et de comprendre les principes de
156 Terme utilisé par le président
français Nicolas Sarkozy, pour remettre en question le model de
développement des pays du nord.2007, déclaration diffusée
sur RFI le 27/11/2007.
157 Le Bassin du Congo au regard des fonctions
écologiques qu'elle assume contre les changements climatiques et des
écosystèmes qu'il abrite (carbone et tourbière)
158 Abdoulaye WADE, «Un Destin pour l'Afrique, l'avenir
d'un continent », Michel Lafon, 2005 page 68
159Célestin TAGOU (in Pondi : repenser le
développement a partir de l'Afrique : rétrospective des
théories et stratégies de développement ; de Truman aux
OMD) afrédit, 2015, page 36
- 48 -
fonctionnement ainsi que leur innovation par rapport aux
précédentes stratégies de développement (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les Objectifs de Développement
Durable
C'est à la conférence de Rio 2012 que les
États ont convenu que seraient élaborés les ODD pour tous
les pays. En effet devant les difficultés à atteindre les OMD en
2015 et la persistance de la pauvreté en Afrique en Particulier, la
communauté internationale s'est accordée sur des engagements
repris par rapport aux piliers de développement durable. Trois
années ont suivi pour acter que les nouveaux objectifs (ODD)
fusionneraient avec les anciens (OMD). Puis au terme d'un processus
participatif inédit de par son ampleur au niveau multilatéral,
cela a abouti à l'adoption de l'agenda 2030 de l'ONU.
Cet agenda comprend 17 objectifs et 169 cibles, visant
à traiter l'ensemble des questions du monde avenir. Cette fois on ne
pensera plus seulement à certaines régions du monde, mais
à l'ensemble des habitants de la planète à l'heure
actuelle et même aux prochains habitants. Dès lors on se demande
quel est le contenu de cet agenda, quels sont les objectifs exacts et en quoi
est ce que ce nouvel agenda innove des précédents.
Répondre à ces interrogations fera l'objet du présent
paragraphe.
A. Illustration des 17 Objectifs du Développement
Durable
Tableau 1: illustration des ODD.
Source : Organisation des Nations Unies
- 49 -
B. Explication des ODD
Objectif 1 : Éliminer la pauvreté sous
toutes ses formes
C'est l'un des plus grands fléaux sinon le plus grand
sur terre, il faudrait donc le combattre sur tous les fronts. L'agenda
prévoit à l'horizon de réduire au moins de moitié
la proportion des hommes, femmes et enfants de tous âges vivant dans la
pauvreté dans toutes ses dimensions et mettre en place des
systèmes et mesures de protection sociale pour tous. En plus, garantir
également une mobilisation importante de ressources provenant de sources
multiples.
Objectif 2 : éliminer la faim, assurer la
sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
l'agriculture durable.
Cela consiste à faire en sorte que chacun, en
particulier les démunis et les personnes en situation vulnérables
y compris les nourrissons, aient tous accès tout au long de
l'année à une alimentation saine, nutritive et suffisante. Il
vise également de mettre fin à la malnutrition, y compris en
réalisant d'ici 2025 les objectifs arrêtées à
l'échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à
l'émancipation parmi les enfants de moins de 5ans et répondre aux
besoins nutritionnels des adolescents, des femmes enceintes et des personnes
âgées.
Objectif 3 : Permettre à tous de vivre en bonne
santé et promouvoir le bien-être à tout
âge.
Pour se faire, on vise à faire passer le taux mondial
de mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100 000 naissances
vivantes. Un combat hardi est aussi mené contre les
épidémies de sida, tuberculose, paludisme et aux maladies
tropicales négligées et combattre l'hépatite, les maladies
transmises par l'eau et autres maladies transmissibles.
Objectif 4 : assurer à tous l'accès
à une éducation de qualité, sur un pied
d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage
tout au long de la vie
D'ici 2020, faire en sorte que toutes les filles et
garçons suivent, sur un pied d'égalité, un cycle complet
d'enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité. Celui-ci
débouchera sur un apprentissage véritablement utile. Il vise
également à éliminer les inégalités entre
les sexes dans le domaine de l'éducation et assurer l'égal
accès des personnes vulnérables.
- 50 -
Objectif 5 : Parvenir à l'égalité
des sexes et autonomiser les femmes et filles
Cela consistera à mettre fin à toute forme de
discrimination dans le monde basée sur le sexe. Il vise également
à assurer l'accès de tous aux soins de santé sexuelle et
procréative et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en
matière de procréation.
Objectif 6 : garantir à tous l'accès
à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable des
ressources en eau.
Cet objectif vise à non seulement assurer
l'accès universel et équitable à l'eau, mais surtout que
celui-ci soit offert à un coût abordable. En plus de cela, il
faudrait aussi garantir l'accès de tous aux services d'assainissement et
d'hygiène adéquats.
Objectif 7 : Garantir l'accès de tous à
des services énergétiques fiables, durables et modernes, à
un coût abordable.
On vise à conserver et de limiter les énergies
non renouvelées pour favoriser l'accroissement de la part
d'énergie renouvelable dans le bouquet énergétique
mondial.
Objectif 8 : Promouvoir une croissance
économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi
productif et un travail décent pour tous.
Objectif 9 : Bâtir des infrastructures
résilientes, promouvoir une industrialisation durable qui
bénéficie à tous et encourager l'innovation.
Le but étant de soutenir les petites et moyennes
entreprises, de promouvoir les entreprises qui respectent l'environnement et
surtout d'encourager les entreprises qui produisent les produits sains. En plus
de cela, de garantir à tous l'accès aux nouvelles
technologies.
Objectif 10 : Réduire les
inégalités dans les pays et d'un pays à un
autre
Cet objectif vise à autonomiser toutes les personnes et
favoriser leur intégration sociale, économique et politique,
indépendamment de leur âge, sexe, handicap, race, appartenance
ethnique et leurs origines.
Objectif 11 : faire en sorte que les villes et
établissements humains soient ouverts, résilients et
durables.
On vise ici une écoconstruction, et permettre à
tous l'accès aux logements, transports et communautés
durables.
- 51 -
Objectif 12 : établir des modes de consommation et
de production durables
Il s'agit ici d'éviter les gaspillages de ressources.
D'une part commencer à produire et consommer des produits en harmonie
avec la nature et d'autre part appliquer les 4R du développement durable
160 pour les produits déjà existants (Refuser,
Réduire, Réutiliser, Recycler).
Objectif 13 : prendre d'urgence des mesures pour
lutter contre les changements climatiques et leurs
répercussions
Considérant les études scientifiques qui
soutiennent que si rien n'est fait, d'ici 30ans les conséquences des
changements climatiques se feront ressentir. On vise ici la protection de la
couche d'ozone et la réduction de gazes à effet de serre entre
autres.
Objectif 14 : conserver et exploiter de manière
durable les océans, mers et ressources marines aux fins de
développement durable.
Les ressources marines se font de plus en plus rares et la
quantité d'eau potable disponible sur la planète ne
représente qu'environ 2.5% de la totalité d'eau disponible sur la
terre161. Les produits aquatiques commencent à disparaitre,
cet objectif se veut de remédier à cela.
Objectif 15 : Préserver et restaurer les
écosystèmes terrestres
Veiller à exploiter de façon durable les
forêts, de lutter contre la désertification, enrayer et inverser
le processus de dégradation des sols et mettre fin à
l'appauvrissement de la biodiversité.
Objectif 16 : Promouvoir l'avènement des
sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement
durable.
Le but est de garantir l'accès de tous à la
justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions
efficaces, responsables et ouvertes.
Objectif 17 : Renforcer les moyens de mettre en oeuvre
le partenariat mondial pour le développement durable et le
revitaliser.
Considérant les enjeux, on vise dans un premier temps
de sortir de la dépendance vers l'indépendance et plus tard
à interdépendance. Il n'est plus possible d'évoluer sans
les autres, ainsi cet objectif vise la coopération entre tous les
acteurs afin d'aboutir à l'objectif global.
160 Recyclage, réemploi, réutilisation,
réduction
161 Cours sur les Enjeux Stratégiques de l'Afrique
Contemporaine, Pr Stéphane NGWANZA, IRIC 2021.
- 52 -
Paragraphe 2 : L'émergence des Objectifs de
Développement Durable en Afrique
La problématique de développement durable de
manière générale fait objet de préoccupation sur la
scène internationale depuis jadis. Bien que tenant sa définition
officielle du rapport de 1987, elle tient ses fondements de bien plus
longtemps. Il est dit que seulement entre 1972-1992, environs 18 accords sont
signés pour l'environnement162. Plusieurs efforts ont
été consentis pour l'évolution de ce concept, partant des
simples séminaires et rapports aux agendas mondiaux. Dans
l'évolution du développement durable, on note sept principaux
éléments indispensables dans son évolution. Ils sont ; le
club de Rome163, la conférence de Fournex164, la
conférence de Stockholm165, le sommet de Nairobi, le rapport
Brundtland, la conférence de Rio de Janeiro166, la
première COP167, le Protocole de Kyoto168 et la
conférence de Johannesburg169
Au terme de l'étude de l'évolution de ce concept
on remarque qu'il a fait objet de plusieurs conférences, études,
rapports et conventions des plus hautes sphères politiques et
scientifiques. Toutefois un constat est clair, toutes ces réalisations
(sauf une Johannesburg 2002), bien que bénéficiant de la
participation des pays africains, sont faites à l'extérieur de
l'Afrique. Tirant ces racines de l'expérience des pays du nord afin
d'éviter que ceux du sud fassent les mêmes erreurs, tout en
assurant une viabilité pour les futures générations. Dans
ce paragraphe il sera question d'étudier l'émergence des
Objectifs de Développement Durable de manière précise sur
le territoire africain. Nous nous demandons quelles sont les circonstances
162KRISHNA RAO, « Sustainable Development,
Economics and Policy », Blackwell, 2003 page 17
163Il publié un rapport en 1972
intitulé « halte a la croissance ». Ce rapport
prônait déjà la cessation des ressources et la croissance
zéro. Pour eux il n'était plus possible de maintenir un fort taux
de croissance économique sans compromettre le futur de la
planète
1641971. C'est de cette conférence que nait
la notion de développement durable. Cette notion est proposé par
un groupe de scientifiques et économistes164, qui
première fois, proposent une théorie qui concilie a la fois la
croissance économique et le respect de l'environnement.
165La première conférence de l'ONU
pour l'environnement humain. C'est de la que le débat formel entre
environnement et ressources naturelles commence.
1661992. C'est à partir de cette
année que toute la communauté internationale place le
développement durable au centre des préoccupations. Elle a
réunie environs 30 000 personnes venues de 172 pays.
167 Conférence des parties : il s'agit de
conférences qui se réuni chaque année pour évaluer
les effets des mesures prises par les parties prenants dans la
réalisation de l'objectif ultime de la convention
168Un accord international visant à la
réduction des émissions des gazes a effet de serre et qui vient
s'ajouter à la convention-cadre des nations unies sur les changements
climatiques dont les pays participants se rencontrent une fois par an depuis
1995
169 La seule tenue en Afrique, 2002. C'est à partir de
là que les dimensions économiques et sociales affirmeront leurs
places dans le développement durable.
- 53 -
ayant conduits à l'adoption de ceux-ci en Afrique (A)
et quelle est l'innovation des ODD par rapport aux précédentes
stratégies de développement en Afrique. (B)
A. Des stratégies de développement en
Afrique
Les objectifs de développement durable pourraient
être perçus comme une continuation, une
complémentarité ou une correction de l'échec de certaines
des stratégies de développement implémentées dans
les pays Africains. Les pays africains depuis leurs indépendances ont
cherché des stratégies visant à se développer,
stratégies qui malheureusement n'ont pas toujours produits l'effet
escompté. Des exemples de stratégies implémentées
en Afrique.
1. Ujama'a et la théorie satisfaction des besoins
fondamentaux
En ce qui concerne la stratégie Ujama'a, c'est un
concept swahili qui signifie en français « communauté
». C'est une stratégie essentiellement africaine qui tire ses
principes de la déclaration d'Arusha170. Elle avait
été proposée dans les années 1960 par Julius
Nyerere171. Elle visait une solution typiquement africaine et visait
l'autonomie sociale et économique. Elle était fondée sur
l'autosuffisance économique (self-reliance) et la solidarité
mécanique entre les membres de la communauté pour l'impulsion de
son développement. Malheureusement, ne prenant pas totalement en compte
tous les aspects culturels des populations locales, la stratégie sera
vouée à l'échec et le président sera obligé
de faire une déclaration officielle pour annoncer l'échec de la
stratégie172
Concernant l'approche de la satisfaction des besoins
fondamentaux (Basic Needs Approach) a été proposée par
Robert Mc Namara, qui était président de la banque mondiale
à l'époque173. Pour elle, la vision du
développement à l'homo economicus ne marchera pas, l'effet de
cascade et la modernisation ont échoué. Il faudrait donc changer
d'approche. Cette fois l'homme sera placé au centre des
préoccupations. On lutte contre la pauvreté et on satisfait les
besoins fondamentaux des hommes. Qui à leurs tours deviendront des
acteurs de leur propre développement.
170 Déclaration d'Arusha ; un discours prononcé
le 05/02/1967 par Julius NYERERE pour fixer les objectifs de la TANU, le parti
au pouvoir en Tanzanie
171 Alors président de la Tanzanie à cette
époque
172 Julius NYERERE Socialisme, démocratie et
unité africaine ; la déclaration d'Arusha, Paris :
présence africaine, 1970 page 23
173Robert MCNAMARA, Address to the board of
directors, Nairobi, 1973 page 3
2. - 54 -
Les approches ONG et développement local et celles
de la Démocratisation, droit de l'homme et développement
participatif
L'approche ONG et développement local est
adoptée après les décennies perdues pour le
développement174. Les pays pauvres étaient incapables
de payer leurs dettes. Des principes ont donc été adoptés
à Washington175, pour l'implication des Programmes d'
Ajustements Structurels. On laisse vent à l'économie
libérale. Les ONG entrent donc en jeu et oeuvrent au
développement des localités.
Ensuite viendra les approches de la démocratisation,
les droits de l'Homme et du Développement Participatif. Après la
chute du mur de Berlin et de l'échec de l'APD (aide projet), le
capitalisme domine la scène et une nouvelle explication du
sous-développement émerge ; c'est à cause du manque de
liberté d'association et politique. Pour se développer il
faudrait de la démocratie, celle-ci devient donc une condition pour
l'octroi de nouveaux types d'APD (aide programme). C'est à ce moment que
les concepts de développement participatif et décentralisé
s'imposent à la communauté internationale.
3. Les stratégies de la Démographie, genre
et développement et les OMD
La stratégie de la démographie, le genre et le
développement s'Inspire des études démographiques
notamment de Malthus et par du postulat selon lequel la démographie joue
un grand rôle dans le développement d'un pays. Pour Malthus, la
population mondiale évolue de manière géométrique
(1, 2, 4,8). Les ressources quant à elles évoluent de
manière arithmétique (1, 2, 3,4). Si rien n'est fait il y aura
manque, d'où la nécessité d'un équilibre. Aussi,
les femmes constituent un grand enjeu démographique et
économique. Il faudrait donc les éduquer au planning familial et
à leur autonomisation.
Concernant les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), elles sont une stratégie internationale de
financement des programmes de développement social et de lutte contre la
pauvreté, tout en plaçant l'homme au centre des activités
de développement. Cette
174Lost Decades for Development : fait
référence à une période de prolongée de
croissance économique lente à négative
175 Consensus de Washington : un corpus de mesures
d'inspiration libérale concernant les moyens de relancer la croissance
économique notamment dans les économies ne difficulté du
fait de leur endettement, elle date de la période Reagan.
- 55 -
stratégie a été adoptée par l'ONU
et regroupe 08 objectifs176à atteindre dans une marge de 1520
ans pour aider les pays sous-développés à
prospérer.
B. Innovation des ODD face aux précédentes
stratégies
Inspirés des précédentes
stratégies, de leurs lacunes et prenant en compte les nouveaux enjeux
mondiaux et désireux de compléter sinon d'achever la vision de
celles-ci, les ODD ont été adoptés comme la nouvelle
stratégie de développement. À ce titre, son calendrier
comprend des innovations par rapport aux précédentes. Ces
innovations entre autres sont :
1. La planification temporelle et la structuration
pointilleuse
Les ODD ont été formulés avec un temps
de réalisation, ce que les précédentes stratégies
n'avaient pas fait, sauf pour les OMD (qui s'étaient donné
15-20ans.) Avec ce mode de planification, les ODD auront des phases. Cela
servira à savoir si les délais se font respecter. Cet aspect
temporel agira également comme une sorte de pression afin de respecter
les périodes allouées.
La structuration pointilleuse constitue une autre innovation
des ODD. À la différence des autres stratégies, les ODD se
veulent plus pragmatiques, à cet effet les 17 objectifs sont
divisés en 169 cibles et indicateurs favorisant un suivi
méticuleux.
2. La complémentarité écologique et
l'universalité
L'un des piliers du DD est l'écologie, ainsi les ODD
7,13 ,14 et 15 expriment à suffisance l'importance de cet aspect. Ce que
les stratégies africaines n'avaient encore prit en compte dans leur
implémentation.
Concernant l'universalité, les stratégies
africaines de développement étaient conçues pour
l'Afrique, où à la limite pour les pays du sud en
général. Les ODD viennent faire du développement une
affaire mondiale, une préoccupation de tous et non plus uniquement pour
l'Afrique ou les pays du Sud.
176 1-Éliminer la pauvreté et la faim ; 2
assurer une éducation pour tous,3-promouvoir l'égalité de
sexes et l'autonomisations des femmes ; 4 réduire la mortalité
infantile ;5- améliorer la santé maternelle ; 6-combattre le
VIH/SIDA, le palu et d'autres maladies ; 7- assurer un environnement durable ;
8- mettre en place en partenariat mondial pour le développement
- 56 -
3. L'étude statistique et la distinction des
objectifs
Le suivi et l'évaluation statistique ne se percevaient
que dans une moindre mesure dans des stratégies africaines de
développement. Les ODD viendront avec une révolution statistique.
Ainsi les données numériques deviennent très importantes
pour le suivi.
Concerne la distinction des objectifs, Les stratégies
africaines regroupaient plusieurs objectifs. C'est le cas de la pauvreté
et de la faim. Les ODD se veulent plus efficaces en distinguant ces deux
objectifs, car la pauvreté est différente de la
sécurité alimentaire177. De plus, les ODD vont
au-delà des symptômes de la pauvreté et s'attaquent aux
causes profondes pour promouvoir la paix, les droits de l'Homme et la
durabilité de l'environnement.
SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN
La République du Cameroun bien qu'étant un
état souverain fait partie de plusieurs Organisations Internationales
notamment l'Organisation des Nations Unies. Le pays a également
ratifié la charte des Nations Unies. A la conférence de Rio 2012,
le Cameroun faisant partie de l'assemblée générale des
nations et a convenu avec les autres que seraient élaborés les
ODD. Cela a abouti à l'adoption des 17 ODD le 25 septembre 2015 qui sont
maintenant le calendrier mondial. Depuis lors, le Cameroun a placé les
ODD à l'attention des acteurs. Des dispositions ont été
prises afin d'arrimer toutes les politiques de développement aux
exigences des ODD. Cette section se veut d'analyser la mise en oeuvre des ODD
au Cameroun. Nous nous attèlerons à répondre aux questions
de savoir qui sont les acteurs de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun
(Paragraphe 1)? Et quelles sont ses défis et recommandations
enregistrés dans la mise en oeuvre des ODD au Cameroun ?
Paragraphe 1 : Les acteurs de la mise en oeuvre des ODD
au Cameroun
De prime abord il convient de noter que les objectifs de
développement concernent l'ensemble des acteurs de la
société. Ainsi, chaque membre, individu, entité quelque
soit l'échelon se retrouve partie prenante dans l'atteinte des ODD. S'il
est vrai que le rôle de plusieurs acteurs n'est pas clairement
défini dans des textes juridiques, il n'en demeure pas moins que tous
les acteurs sont concernés en ce qui concerne leur domaine de
compétence. Par exemple, les structures responsables de
l'éducation de la jeunesse enseignent les jeunes
177La Pauvreté est le fait de ne pas avoir
l'argent suffisamment pour répondre a ses besoins de base en nourriture,
en vêtements et en logement. L'insécurité alimentaire
existe lorsque les hommes n'ont pas la possibilité physique, sociale et
économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive.
Elle repose sur 04 piliers ; la disponibilité, l'accès,
l'utilisation et la stabilité
- 57 -
camerounais sur les ODD, leurs enjeux, leur contenu, leur
importance etc. Ces enseignements se font depuis le plus bas niveau jusqu'au
niveau supérieur par le biais d'unités d'enseignements. Certaines
structures académiques sont allées jusqu'à créer
des filières traitant directement des problématiques des ODD.
C'est le cas par exemple de l'Université Protestante d'Afrique Centrale
(UPAC) avec sa filière Paix et Développement ou encore du Master
en Coopération Internationale, Action Humanitaire et
Développement Durable offert par l'IRIC en partenariat avec
l'Université de Padoue. En dehors des structures éducatives, les
ménages aussi sont tout aussi concernés par les ODD de parleurs
mode de vies et leurs habitudes de consommation et de gestion de leurs
ressources. Nous avons également les femmes, les agriculteurs, les
administrateurs, les militaires etc. En réalité, c'est toute la
société qui forme les acteurs des ODD, de manière directe
ou indirecte. Sur le plan normatif, sur l'étendue du territoire
camerounais, il existe deux types d'acteurs dans la mise en oeuvre des ODD.
D'un côté, nous avons les acteurs institutionnels (A) et d'un
autre les autres acteurs (B).
A. Les Acteurs Institutionnels
1. Le Bureau du Coordonnateur Résident des
Nations Unies au Cameroun
Considérant les ODD comme étant un projet pour
toute l'humanité, ils revêtent également un
caractère supranational. Nonobstant ce caractère supranational,
leur mise en oeuvre s'opère spécifiquement en fonction des
différents pays et leurs contextes, d'où la
nécessité d'un acteur représentant de l'ONU; le
coordonnateur résident des Nations Unies au Cameroun. Le rôle de
l'ONU dans ce cadre est l'accompagnement de l'État, des OSC, du secteur
privé et des partenaires au développement dans la conception et
l'implémentation des activités favorables à la mise en
oeuvre des ODD178.
Le bureau du Coordonnateur résident est la structure
principale d'appui aux actions et activités. Il vise à optimiser
le travail de l'ONU au Cameroun, dans l'optique de répondre de
manière collective et coordonnée, intégrée et
ordonnée aux besoins et aux priorités des nationaux, dans le
cadre des ODD et des autres engagements nationaux.
Le coordonnateur résident est le chef de
l'équipe-pays des Nations Unies au Cameroun. Sa principale mission est
de réunir l'ensemble des agences des Nations Unies pour
l'amélioration et la cohérence de leurs actions au service du DD
au Cameroun, ceci de manière
178 Propos recueillies sur le site des Nations Unies au Cameroun,
cameroon.un.org, consulté le
27/01/2023 à 10 :17
- 58 -
efficace. Au plan opérationnel il assure la
coordination des activités des Nations Unies afin de mettre en symbiose
l'aide qu'offre les Nations Unies et les priorités nationales de
développement et la demande de renforcement des capacités en
conformité avec les traités internationaux et les Objectifs de
développement179.
2. Le Responsable gouvernemental : Le Ministère de
l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire
(MINEPAT)
De manière générale, le MINEPAT est
chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique
économique de la nation ainsi que de l'aménagement du
territoire180. Il est placé sous l'autorité d'un
ministre, assisté d'un ministre délégué et a pour
vision la contribution à l'accélération de la croissance
inclusive et durable pour l'émergence du Cameroun181.Dans le
cadre des ODD plus précisément, au niveau central, le MINEPAT
assure et coordonne la mise en oeuvre et le pilotage technique, la coordination
interministérielle des politiques, programmes, projets et interventions.
Au niveau régional et local, grâce à la
décentralisation, la mise en oeuvre et le suivi sont gérés
par les entités régionales et communales.
Le principal rôle de ce département
ministériel est le rapport d'examen national volontaire sur la mise en
oeuvre des ODD. Son objectif est d'examiner l'état de mise en oeuvre des
ODD et de le présenter au Forum politique de haut niveau182
sur le développement durable. Ce forum qui regroupe entre autres les
organismes du système des nations unies, la société
civile, les administrations publiques et il permet également de voir les
avancées des ODD.
Entre 2016-2021, six fora ont été
organisés et le Cameroun a présenté deux rapports
déjà. Le premier rapport a été
présenté au cours du forum de 2019 intitulé « donner
des moyens d'actions aux populations et assurer l'inclusion et
l'égalité ». Le deuxième a été
présenté au forum de 2022 présidé par le ministre
délégué au MINEPAT intitulé « reconstruire en
mieux après la pandémie du corona virus 2019 tout en
avançant sur la voie d'une mise en oeuvre intégrale du programme
de développement durable à l'horizon 2030 ».
179 Idem
180 Décret n° 2008/220 du 04 juillet 2008
181 Propos recueillis sur le site de MINEPAT ;
minepat.gov.cm, le 27/01/2023
à 11 :03
182 Forum politique de haut niveau ; elle est la principale
plateforme mondiale pour le suivi et l'examen du programme de
développement durable à l'horizon 2030 et des objectifs de
développement durable.
- 59 -
N.B. : la coopération entre ces deux
acteurs a été matérialisée par un plan cadre de
coopération183 entre le MINEPAT et Système des Nations
Unies. Ce plan cadre est en fait un document qui s'appuie sur les succès
fructueux de la coopération entre l'ONU et le Cameroun ayant à
coeur l'agenda 2063 de l'UA, les ODD et la SND30. Il vise à faire du
Cameroun une terre d'opportunités, d'engagement citoyen et de
bien-être des populations. Ce plan permettra aux 22 agences des Nations
Unies au Cameroun de mettre en oeuvre des Interventions pragmatiques
alignés à la SND30 dans le cadre de 04 priorités
stratégiques : Une croissance inclusive et durable ; un
développement humain et social de dualité, inclusif et
équitable ; un appui institutionnel et une participation citoyenne ; et
une durabilité environnementale et gestion efficace des risques
climatiques et des catastrophes.
B. Les autres Acteurs Nationaux 1. La
Société Civile
La société civile est devenue un acteur
incontournable des ODD. son rôle ne fait plus affaire de débat
depuis la conférence de Rio de Janeiro ou sommet de la terre tenue en
juin 1992 qui avait réuni 30 000 personnes provenant des États,
Organisation Internationales et de la société civile. L'ODD 17
insiste sur le rôle du partenariat pour le développement, ce qui
implique une collaboration entre tous les acteurs. Au Cameroun, la
société civile joue un rôle dans la mise en oeuvre des ODD
de part leurs fonctions manifestes (fonction tribunicienne ; production et
diffusion de l'information et de la connaissance ; assistance et capacitation).
Et aussi par des fonctions latentes (fonction supplétive, critique,
contestation et contrepouvoir à l'action, renforcement de l'action
publique et privée). A ce titre, il devient non-envisageable de
concevoir la mise en oeuvre des ODD sans la participation des acteurs de la
société civile. Au Cameroun, il existe deux principales
catégories d'acteurs de la société civile qui ont
été enregistrés. D'une part l'Association Camerounaise
pour les Nations Unies et d'autre part les associations reconnues.
a. L'Association Camerounaise pour les Nations Unies
(ACNU)
L'Association Camerounaise pour les Nations Unies est une
association officiellement reconnue par les pouvoirs publics et agrée
par le MINREX. Elle participe à conduire les populations en
général et les jeunes particulièrement à
s'intéresser aux objectifs des Nations
183Plan cadre de coopération183 des
Nations Unies pour le développement du Cameroun 2022-2026, publié
le 16/09/2021
- 60 -
Unies en général et aux Objectifs de
développement durable en particulier, en vue d'un développement
et du mieux-être des camerounais. L'ACNU fait partie de la
Fédération Mondiale des Associations des Nations
Unies184et en est le principal organisme. On parle encore du
programme de l'ACNU qui est le Parlement Junior Africain pour les Nations
Unies, représentation du Cameroun.
Le Parlement Junior Camerounais pour les Nations Unies est une
structure qui permet aux jeunes de devenir des citoyens qui participent
à la direction des affaires de l'État et d'impliquer les jeunes
à formuler des politiques publiques, tels que requis par l'ONU dans sa
résolution 2250. Elle est une plateforme qui donne aux jeunes la
possibilité de simuler des fonctions politiques. Au sein de ce parlement
l'on retrouve plusieurs chambres ; les diplomates juniors, les
députés juniors, les hauts commissaires et ambassadeurs juniors
ainsi que les sénateurs juniors. Le choix dépendant de
l'âge et du niveau d'étude des membres.
L'ACNU compte plusieurs autres programmes qui sont ; ACNU
média185; Institut Africain pour les Nations
Unies186, le Fonds International d'investissement et de
solidarité187; les programmes Miss master188
b. Les autres associations
La république du Cameroun permet à tous les
camerounais de former des groupements en vue de mener des activités
ayant pour but la réalisation d'intérêts
communs189. Ainsi nous avons entre autres les associations
familiales, culturelles, sportives, touristiques dépendant de la
composition des membres et du but recherché par ceux-ci. Ainsi plusieurs
camerounais désireux d'apporter leurs pierres à l'édifice
de la nation et conscients des enjeux du développement durable ont
rejoint ou crée des associations aidant à la réalisation
des ODD. Les membres desdites associations peuvent donc mener des actions de
visant à réaliser certains
184 La FMANU est une organisation mondiale à but
non-lucratif qui représente et coordonne plus de 100 associations
nationales pour les Nations Unies et leurs milliers de membres avec pour vision
d'accompagner les actions de l'ONU.
185Qui est un programme qui passe par divers canaux
(radio, tv, presse écrite, web etc.) pour la production, diffusion,
traitement, diffusion et vulgarisation et d'influencer l'opinion publique sur
les actions de l'ONU 186Qui éduque les enfants camerounais de
façon générale sans se substituer à l'école
mais plutôt en complément à la formation scolaire et
académique offrant une formation pratique sur les idéaux des
nations unies en générale et les ODD en particulier
187Qui vise à permettre aux jeunes de
développer des idées et conduire leurs recherchas sur les
initiatives qui permettront d'améliorer les conditions de vies dans la
société
188Qui visent à traduire d'une part les us
et coutumes camerounaise dans le langage et la mode d'expression moderne de
l'ONU et vice-versa.
189 La loi de 1990 relatif à la liberté
d'association.
- 61 -
ou la totalité des ODD. Il existe des associations qui
luttent contre la dégradation de l'environnement par le recyclage et la
transformation des ordures tels que l'association « Youth Initiative for
Nature and Development (YIND) ». Nous avons des associations qui oeuvrent
pour l'assistance médicale via l'organisation de campagnes de
santé lors desquelles des vaccins et médicaments sont
distribués. L'une d'entre elles est l'association Médicale«
Take Care ». Nous avons également des associations qui oeuvrent
dans la coopération, la culture ou l'Action Humanitaire tels que
l'Association « Elite Cameroun ».
Nombreuses associations sont enregistrées et oeuvrent
directement ou indirectement à la réalisation des ODD au
Cameroun.
2. Le secteur Privé
Le secteur privé aujourd'hui représente un
acteur stratégique à l'atteinte des ODD. C'est ce qui pense le
coordonnateur résident des Nations unies au Cameroun lorsqu'il place le
partenariat avec le secteur privé comme l'un des trois objectifs
prioritaires au Cameroun.190S'il est vrai que dans une grande
mesure, le principal objectif des entreprises c'est de faire de faire profit,
il n'en demeure pas moins qu'elles contribuent à améliorer les
conditions de vies des citoyens et à résoudre leurs
problèmes par la satisfaction de leurs besoins, des besoins qui
s'avèrent parfois fondamentaux. Les entreprises contribuent à la
réalisation des ODD de manière individuelle mais aussi de
manière collective.
Sur le plan individuel, c'est-à-dire que si l'on prend
les entreprises opérant au Cameroun quelque soit leur domaine
d'activité, chacune d'entre elle contribue à accomplir au moins
quatre des ODD. Notamment; la création de l'emploi décent (ODD
8), la lutte contre la pauvreté par la création des richesses
(ODD 1), la réduction des inégalités par l'inclusion de
toutes les couches de la société (ODD 10),
l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes par la
création d'entreprises par celles-ci et/ou leur recrutement dans les
entreprises existantes (ODD 5).
Concernant le plan collectif, au Cameroun, les entreprises
agissent aussi de manière collective par les actions communes avec
d'autres entreprises locales et internationales. Ces partenariats
reflètent en quelque sorte l'ODD17 qui vise un partenariat au
développement. Il
190 Matthias Z. NAAB lors de sa rencontre avec le
président du GICAM Célestin TAWANBA le 22/09/2021 au siège
du GICAM, dans le cadre de sa tournée dans la capitale économique
du pays. Propos recueillis sur le site du GICAM «
legicam.cm » consulté le
29/01/2023 à 11 :40
- 62 -
existe une entité représentative du secteur
privé au Cameroun ; le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM).Le
GICAM est le porte-parole des entreprises. Il est membre de la majorité
des instances qui traitent des problèmes de celles-ci. Il assure des
fonctions économiques, des fonctions juridiques et des fonctions
sociales. Le GICAM par ailleurs contribue à rallier les entreprises
à l'atteinte des ODD.
De manière plus pratique le GICAM contribue aux ODD par
l'amélioration du climat des affaires au Cameroun, la croissance
économique et la révision du code de travail et plaidoyer sur le
travail décent (ODD 8), la promotion de l'entreprenariat et du
leadership féminin (ODD 5), le partenariat avec le Bureau International
du Travail, sur les ODD (ODD 17), le code de la bonne gouvernance des
entreprises (ODD 16).
Jadis, la logique voulait que pour se développer il
fallait produire, et pour produire il fallait détruire191,
mais avec l'avènement du DD, les entreprises deviennent de plus en plus
soucieuses des effets néfastes de leurs productions. Cette
volonté se traduit au plan juridique et politique par le principe de la
Responsabilité Sociale et Environnementale des Organisations. Par ce
principe, même si les entreprises veulent gagner, il faudrait
néanmoins que cela se fasse suivant le respect de certaines normes
sociales et environnementales.
Paragraphe 2 : Défis et recommandations pour
l'atteinte des objectifs du développement Durable au
Cameroun
Les Objectifs de développement durable constituent la
nouvelle politique de développement de la planète, du continent
africain et du Cameroun. L'application d'une politique avec une aussi grande
envergure ne pourrait se faire sans affronter certains défis. Si au plan
national, la SND30 malgré son efficacité fait face à des
défis, l'agenda 2063 de l'UA ne s'en sort pas non plus au plan
continental. Il est donc compréhensible que les ODD des Nations Unies
affrontent également à leur tour des défis dans la mise en
oeuvre des ODD au Cameroun comme dans tous les pays. Ces défis peuvent
êtres communs dans tous les pays dépendamment des conditions
particulières de chaque pays. Dans ce paragraphe il sera question de
ressortir les défis liés à la mise en oeuvre des ODD au
Cameroun et quelques recommandations.
191Gilbert RIST, « le développement :
Histoire d'une croyance occidentale. Paris/ Presses de Sciences Po.
», 2001 page 29.
- 63 -
A. Les défis théoriques
1. La généralisation des objectifs vs la
singularisation des territoires
La mise en oeuvre des ODD passe par le défi de La
généralisation des objectifs vs la singularisation des
territoires. L'agenda 2030 est une série d'objectifs fixés pour
l'ensemble des peuples et pays du monde, quelque soit leurs régions,
climats, conditions, contexte. Le but est de rallier toutes les nations
à la même cause avec les mêmes critères, ambitions et
modalités. Le problème est que les réalités sur le
terrain ne sont jamais pareilles, elles diffèrent de pays en pays
dépendant des conditions spécifiques de ceux-ci. Ainsi la
réalisation de certains objectifs peut être favorable dans un pays
et non-favorable dans un autre. C'est le cas par exemple l'ODD 15 qui vise la
protection des forêts. Il est compliqué car les populations de
certaines localités se retrouvent face aux exigences d'habitation, du
besoin de source d'énergie et besoin de terre à cultiver. Nous
savons que les forêts servent comme source d'énergie, les bois
comme matériaux de construction, ce qui rend cet objectif un peu
compliqué à atteindre, faute de moyen de substitution accessible
aux populations.
2. L'élément culturel et le
caractère irréaliste de certains ODD
Au plan culturel, l'une des particularités du Cameroun
est l'attachement profond de son peuple à ses us et coutumes. Les
peuples camerounais revêtent un attachement culturel très profond,
ce qui les rend capables de rejeter certaines lois qui n'entrent pas en accord
avec leurs pratiques habituelles. Cet attachement constitue un défi pour
les ODD dans le sens où certains d'entre eux ne soient pas en total
accord avec les cultures des peuples, ou alors en contradiction avec celles-ci.
C'est le cas de l'ODD 5 qui vise l'égalité des sexes, un objectif
qui ne se conçoit pas chez les peuples patriarcaux comme ceux du grand
Nord Cameroun.
Concernant le caractère irréaliste de certains
ODD, ce que nous voulons dire ici est que considérant la marge de temps
allouée à l'atteinte de l'ensemble des ODD (qui est de 15 ans),
il est improbable que certains des ODD soient atteints à cette
période. C'est d'ailleurs ce qui pousse le président du
GICAM192 à qualifier certains d'entre eux
d'irréalistes. C'est le cas de ODD 9 (innovation et infrastructures
durables) ou encore l'ODD 11 (villes et communautés durables).
192 Célestin TAWAMBA, Rencontre avec le
représentant résident des Nations Unies 22/09/21 , op cit
- 64 -
B. Les défis pratiques
1. L'instabilité sociopolitique
La paix est la condition sine qua non au
développement d'un pays. Lorsque cette paix est affectée, cela
constitue un frein à son élan de développement. Bien que
jouissant de plus d'une décennie de paix, le Cameroun depuis quelques
années fait l'objet de certaines incursions sporadiques. Les plus
fulgurantes d'entre elles étant la crise de Boko Haram193dans
le Nord du pays et le conflit anglophone dans les régions du Nord-Ouest
et du Sud-Ouest. Ces conflits ont eu des conséquences dans le pays tels
que les pertes en vies humaines, la perte en ressources matérielles et
financières, la fuite des investissements, la migration, la paralysie de
l'économie. Tous ces fléaux constituent un frein à la mise
en oeuvre des ODD car compromettant la paix, le développement ne
pourrait qu'être affecté.
2. La pandémie de la Corona virus
(COVID-19)
Elle a été l'un des plus gros défis des
ODD au Cameroun en particulier mais aussi partout ailleurs. Elle a causé
plusieurs effets néfastes au plan politique, social, économique,
environnemental, sanitaire. Au plan éducatif (ODD 4), elle a
affecté environs 6.3 millions d'élèves et environs 40 000
apprenants194. En matière d'autonomisation des femmes (ODD
5), l'on a assisté à une vulnérabilité plus accrue
de femmes et filles aux effets socio-économiques de la
pandémie195. Aussi l'écotourisme a subi une chute
considérable, qui constituait une bonne partie des finances des
opérations au projet d'écosystèmes ; cette chute est
quittée de 211.4 millions de francs en 2017 et a diminué de 74%
en 2019196. C'est autant de choses qui démontrent à
suffisance que la COVID-19 a constitué un gros défi, car
jusqu'à présent ses effets se font encore ressentir.
193 Voir chapitre 1 paragraphe 1 pour les détails
194 Examen National volontaire des ODD au Cameroun : ODD 4
195 BUCREPP, évaluation rapide de l'impact genre de la
covid19 sur les conditions des hommes et femmes au Cameroun, 2020.
196 Examen National Volontaire des ODD Cameroun ODD 15
- 65 -
CONCLUSION PARTIELLE
Cette première partie dont l'ossature était
constituée du cadre configurationnel des deux pièces maitresses
de notre travail arrive à sa fin. Il était question pour nous de
procéder à une analyse de praxis des concepts, ceci en
prélude à la deuxième partie qui se focalisera sur une
analyse plus interactive.
Il en ressort que le lien armée nation est
manifesté au Cameroun par le concept de défense populaire. Ce
lien ne repose pas sur des ressources techniques, technologiques,
financières, économiques mais essentiellement sur
l'adhésion du peuple tout entier et la contribution de tous et de chacun
quel que soit son niveau ou son domaine. Elle est bien élaborée
sur le plan juridique et a parfois eu l'occasion de se réaffirmer lors
de mises à l'épreuve circonstancielles en contextes de crise.
Bien que ce concept date de plusieurs décennies et fasse face à
une multitude de défis, il est encore d'actualité malgré
la mobilisation qui se dégrade progressivement. Il serait
peut-être temps de remédier à cela et de l'adapter à
l'évolution des menaces.
D'un autre côté, une préoccupation
universelle, la problématique mondiale visant à rallier tous les
peuples à une seule et même vision se dessine, tirant ses
fondements de l'extérieur de l'Afrique et des carences liées aux
multiples stratégies africaines pour le développement. Nous avons
exploré son cadre normatif mais aussi et surtout sa re-contextualisation
sur le plan national avec les acteurs de sa mise en application. Il est vu que
comme le lien armée-nation, le développement durable est une
préoccupation qui interpelle l'ensemble des acteurs de la
société civile et concerne tout le monde. Elle aussi ne
s'applique pas sans défis, des challenges qu'il faudra sans doute
surmonter pour le bien être des peuples.
- 66 -
DEUXIÈME PARTIE :
LA NÉCESSITE D'INTÉGRER LA DÉFENSE
POPULAIRE A L'ATTEINTE DES ODD
Notre première partie avait pour but de nous fournir
les rudiments nécessaires à la maîtrise de nos deux
concepts clés. Cette partie portera donc sur un autre angle de vue. Il y
sera question de semer les fondements d'une alliance novatrice. Si les
chapitres précédents nous ont permis de constater les forces et
faiblesses de chacun des concepts, ceux-ci nous permettront d'affiner
l'utilisation de ces données. Il est temps de pousser la
réflexion vers une vision conciliatrice, tout en considérant la
double exigence de paix et de développement que les pays se veulent
d'assurer en garantissant par la même occasion la sécurité
des populations et l'amélioration des conditions de vies de celles-ci
;elles-mêmes étant au centre de la pleine réalisation du
processus. Mener à bien un tel projet n'est pas facile mais pas
impossible d'où la nécessité de commencer le plus
promptement possible. Cela dit, cette partie sera donc divisée en deux
principaux chapitres. Dans un premier temps, nous mènerons une
étude statistique pour situer le niveau de connaissances et la
perception de la population sur notre problématique (Chapitre 3). Dans
un second temps, nous allons étudier la corrélation existant
entre nos deux concepts, les ressemblances et les divergences tout en explorant
les pistes de réflexion sur la possibilité d'une interaction
innovatrice (chapitre 4).
CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE LA
DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE VERS SA MOBILISATION AUX
ODD
Si les premiers chapitres avaient pour objet d'élucider
la communauté sur la défense populaire ainsi que les objectifs de
développement durable, ce chapitre aura tout un autre objet. Ce travail
se voulant à la fois pertinent et pragmatique, nous avons pensé
à réaliser une enquête. Cette enquête porte sur la
perception des camerounais de la réalité de la défense
populaire. L'objectif premier étant d'évaluer le niveau de
connaissance voire de compréhension de ceux-ci sur leur politique de
défense. On part du postulat idéologique de la défense
camerounaise selon lequel, le socle de la défense au Cameroun repose sur
les populations faisant de cette défense l'affaire de
tous197. En rappel, sont concernés par les
problématiques de défense populaire tous les acteurs de la
société, partant du paysan ou du simple citoyen lambda en passant
par la jeunesse, par les commerçants et entrepreneurs jusqu'au plus
hauts cadres, responsables et autorités. Mener donc une étude du
genre saurait recueillir la perception générale que les
populations ont de la défense populaire ainsi que de leur apport
à l'atteinte des objectifs de développement durable. Il s'agira
de décrire cette perception de manière à la rendre
opérationnellement exploitable par des concepts et
procédés statistiques de manière à faciliter
l'accès et ses analyses, interprétations et présentations.
Ce chapitre sera structuré en deux principales sections. Dans un premier
temps, nous allons présenter le cadre méthodologue et le
matériel (SECTION I) et après suivra une présentation et
une interprétation des résultats obtenus. (SECTION II).
- 67 -
197 Selon la Constitution de la République du Cameroun,
préambule.
- 68 -
SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET
MATÉRIEL
D'un côté, nous présenterons
l'environnement (cadre, population et période d'étude, technique
d'échantillonnage et échantillon d'étude qui constitueront
le paragraphe 1). Ensuite nous présenterons le matériel, la
procédure de collecte et de traitement des données (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : L'environnement
Dans cette partie sera présenté les
circonstances de notre étude. Seront présentés la zone
d'étude, la population étudiée ainsi que la période
durant laquelle notre étude a été menée (A).
Ensuite sera présenté l'échantillon et les techniques
utilisées pour l'obtenir (B). Pour une meilleure visualisation de
l'étude, quelques figures seront présentées en
complément aux explications.
A. Cadre, population et période
1. Cadre
- Le Cameroun étant notre zone d'étude,
l'enquête s'est déroulée dans ce pays. L'étude
s'est menée principalement dans la ville de Yaoundé
pour les raisons suivantes ;
- Elle est la capitale politique, à ce titre elle est
le siège de la majorité des institutions politiques, militaires
et académiques.
- Sa situation géographique et de métropole
concentre un effectif considérable et un mélange
hétérogène de la composante humaine198. On y
retrouve chacun des acteurs de la défense populaire. Et sa position la
rend au centre des autres régions.
- C'est aussi dans cette ville que s'est
déroulée notre stage académique ; au Ministère de
la défense.
N.B. : Néanmoins, grâce aux
NTIC199 nous avons pu étendre notre recherche vers les autres
régions. Des questionnaires numériques ont étés
remplis par des personnes résidents dans les autres localités du
Cameroun via une plateforme dédiée à cet effet.
198 Aux plans Professionnels, Sociaux, Religieux et mêmes
Culturels.
199 Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
- 69 -
2. Population et période
a. Population
Notre étude concerne les populations camerounaises en
général, et les acteurs de la défense populaire
camerounaise.
b .Période
Notre étude s'est passée en deux temps. D'abord un
stage académique au ministère de la défense en septembre
et octobre 2021. Ensuite la phase entretiens et passage aux questionnaires
s'est déroulée en janvier et février 2023.
B. Technique d'échantillonnage
Considérant les facteurs tels que l'importance
démographique, la partition géographique, la mobilité dans
l'espace et le temps, et surtout les ressources physiques, matérielles
et financières, contacter l'ensemble des populations s'est
avéré non-faisable. Nous avons opté dans le cadre de cette
étude pour un échantillon probabiliste200, et plus
précisément un échantillon aléatoire
simple201. Nous avons pensé que toutes les personnes
accessibles représenteront l'ensemble des acteurs de la défense
populaire, c'est-à-dire notre population cible.
Nous avons distribués 50 questionnaires physiques et 70
questionnaires numériques, soit un total de 120 questionnaires pour
cette enquête.
Sur les 120, deux répondants ont interrompu leurs
réponses avec pour raison le caractère sociopolitique sur
lesquelles ils n'ont pas de position à exprimer. Nous avons donc exclus
ces deux questionnaires.
L'effectif total de notre échantillon s'est donc
réduit à 118 sujets.
200Elle fait référence à la
sélection d'un échantillon d'une population lorsque cette
sélection repose sur le principe de la randomisation,
c'est-à-dire la sélection au hasard ou aléatoire
201Dans un échantillonnage aléatoire
simple, chaque unité d'échantillonnage de la population a une
chance égale d'être incluse dans l'échantillon. Par
conséquent, chaque échantillon possible a aussi une chance
égale d'être sélectionné
- 70 -
1. Répartition en fonction de sexe et de
l'âge
a. Répartition en fonction du sexe
Figure 1: Répartition de l'échantillon
selon le sexe
Sur les 118 personnes interrogées, nous avons eu 50
hommes répondants (42%) et 68 répondantes femmes (58%).
b. Répartition en fonction de
l'âge
6
10
80
70
60
50
Distribution selon l'âge (An) Distribution selon
l'âge (An)
40
30
21
20
12
2 2 2
0
<17 18-25 26-34 35-43 44-52 53-60 >60
73
Figure 2: Distribution de l'échantillon selon
l'âge
- 71 -
Parmi les 118 sujets enquêtés, la tranche la plus
représentée est celle de 18-25ans avec 73 répondants
(62%), suivie par celle de 26-34ans avec 21 répondants (18%), en
troisième lieu nous avons la tranche 35-43ans avec 12 répondants.
en quatrième nous avons les personnes de 17ans en descendant
représentées par 6 répondants (5%). les tranches avec le
moins de répondants sont celles de 44-52 ( 2 répondants), 53-60
(2 répondants) et les plus de 60ans (2 répondants).
2. Répartition en fonction de la profession, du
niveau d'études et de la langue parlée
a. Répartition socioprofessionnelle
50
45
40
35
nombre de sujets
30
25
20
15
10
5
0
|
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43
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Catégorie socio
professionnelle
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12 12
|
11
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|
10
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|
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7
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|
|
7
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|
|
6
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|
5
|
5
|
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|
|
|
5
|
|
|
|
|
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|
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|
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|
3
|
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|
2
|
Figure 3: Répartition de l'échantillon
selon la catégorie socioprofessionnelle
Parmi les 118 sujets, nous avons eu 06 élèves,
43 étudiants, 05 chômeurs, 12 entrepreneurs/homme d'affaires, 07
enseignants, 02 commerçants, 05 militaires, 02 transporteurs, 11
fonctionnaires/agents de l'état, 10 employés privés, 07
personnels de santé, 03 cultivateurs et 05 personnes se situant dans des
catégories autres que celles citées.
b. - 72 -
Répartition en fonction du niveau
d'études
35
30
25
20
15
10
0
5
4
12
22
4
Nombre
32 32
4
8
Nombre
Figure 4: Répartition de l'échantillon
selon le niveau d'étude
Parmi nos 118 sujets, le niveau regroupant les plus grands
nombre de répondants sont ceux titulaires du Master et de la licence
avec 32 répondants chacun. Vient ensuite les titulaires du
baccalauréat avec 22 répondants. Les titulaires du BEPC sont 12.
Les personnes ayant un niveau autre que ceux cités sont 08. Les
répondants titulaires du doctorat et du BTS ont étés
composés de 04 répondants chacun.
c. Répartition en Fonction de la langue
parlée
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Français uniquement
30
anglais uniquement
2
Nombre
francais et anglais
84
autres
2
Nombre
Figure 5: Répartition de l'échantillon
selon la langue parlée
- 73 -
L'échantillon était constitué
majoritairement de répondants bilingues, constituants 84 personnes sur
118. Les répondants parlant uniquement le français étaient
au nombre de 30, ceux parlant uniquement l'anglais étaient 2 et les
personnes ne parlant aucune des deux langues officielles étaient au
nombre de 2.
Paragraphe 2 : Matériel, procédure de
collecte et traitement de données
Cette étude relève de l'approche mixte.
C'est-à-dire un jumelage des analyses quantitatives et des analyses
qualitatives. Dans le domaine qualitatif nous avons eu recours à la
recherche documentaire, l'observation et les entretiens (A). Et de l'analyse
quantitative nous avons eu recours aux questionnaires (B).
A. La recherche documentaire, l'observation et les
entretiens, Mode
d'administration de questionnaire
1. La recherche documentaire
Notre thème porte sur la défense populaire et
les Objectifs de développement durable, nous avons donc eu recours
à certains travaux en rapport avec chacun de ces concepts. Nous avons
été dans des bibliothèques202. Nous avons
également consulté internet.
2. L'observation et les entretiens,
Nous avons effectué un stage académique au
Ministère de la Défense. Nous avons également
procédé à des entretiens semi-directifs à questions
ouvertes et réponses libres aux autorités, aux élites
comprises par la défense populaire camerounaise. Nous avons notamment
obtenu des entretiens avec des personnes ressources tels que ;
- Le Colonel, sous-chef études générales
et relations internationales à l'État Major des armées
(autorité militaire)203
- Le Secrétaire Général de l'Église
Presbytérienne Camerounaise (autorité
religieuse)204
- Un Ancien Ministre de la défense du Cameroun et
également ancien secrétaire d'État à la
défense en charge de la gendarmerie (autorité
administrative)205
202 Notamment celles de l'institut de Relations Internationales
du Cameroun, de l'Université Protestante d'Afrique Centrale, de
l'Université de Yaoundé II et du Centre de Recherche en Politique
et Stratégie.
203 Colonel EKWAINGEN Michael entretien pendant le stage, le
04/10/2021 à Yaoundé 204Rev. ABESSOLO ZE
Célestin, entretien obtenu le 07/02/2023 a Yaoundé
205 M. ZE MEKA Rémy, entretien obtenu le 21/02/2023 a
Yaoundé
- 74 -
- Un ancien Délégué Général
à la Sureté Nationale, ancien Secrétaire d'État
à la défense, et ancien Ministre délégué au
ministère de l'Administration Territoriale et également ancien
Sénateur206
- Une Député de la Nation, ancienne
Vice-présidente de l'Assemblée Nationale 207
- Un Officier de Police, chef du poste d'identification
CE73208
-Un adjoint au Sous-préfet de l'arrondissement de
Yaoundé 7 (chef de circonscription administrative)209
- Une Sénatrice Junior du Cameroun pour les Nations Unies
(parlementaires et jeunes) 210.
3. Mode d'administration de questionnaire
Le questionnaire a été distribué de deux
manières. En ce qui concerne les questionnaires physiques, nous nous
sommes rendus dans des espaces publics tels que le supermarché playce,
le carrefour poste centrale et la station total Olezoa pour multiplier nos
chances de croiser toutes les couches sociales et acteurs de la défense
populaire. Pour les questionnaires numériques, nous les avons
partagés via les réseaux sociaux tels que WhatsApp et les boites
e-mail.
B. Le traitement de données et les
difficultés rencontrées
1. Traitement
Après la récupération des questionnaires,
nous avons opéré un dépouillement manuel afin de ne
pouvoir retenir que les spécimens exploitables. Après ce
traitement, nous avons utilisé le logiciel Microsoft office Excel pour
le traitement.
2. Difficultés rencontrées
En ce qui concerne les entretiens, nous avons
été confrontés à la difficulté de rencontrer
les personnes ressources étant donné leurs différentes
occupations et le contexte actuel.
Aussi, le caractère muet et le droit de réserve de
la défense ont constitué un défi.
En ce qui concerne les questionnaires, certains des citoyens
était réticents et hésitants. D'autres n'étaient
pas intéressé.
Aussi, considérant le vaste champ de la population cible,
il a été compliqué de toucher tous les acteurs de la
défense populaire.
206 M. EDOU Emmanuel, entretien obtenu le 22/02/2023 a
Yaoundé 207Honorable ABUNAW Rose, entretien obtenu le
24/02/2023 à Yaoundé
208 OP2 EVEZO'O EVEZO'O Pierre Germain, entretien obtenu le
20/20/2023 à Yaoundé
209 Mme EBALE Nancy Esther entretien obtenu le 20/02/2023
à Yaoundé
210 Honorable FEUYEM Charline, entretien obtenue le 09/02/2023
à Yaoundé
- 75 -
Enfin, le fait que cette étude constitue notre premier
travail de recherche à été un défi, car
étant néophyte de la science, nous ne maîtrisons pas encore
toutes les astuces.
SECTION II : PRÉSENTATION ET
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
La présentation des travaux a été
précédée par le dépouillement des questionnaires
que nous allons voir en annexe de ce document. L'analyse statistique a permis
d'interpréter les résultats obtenus dans les différentes
questions. Dans un premier temps nous allons exposés les
résultats relatifs à la connaissance du concept défense
populaire (paragraphe 1) et dans un deuxième temps nous allons
présenter les résultats relatifs à la relation
armée-nation et la problématique de développement
(paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Connaissances
générales
Ce paragraphe sera constitué de deux parties. Nous
allons commencer par la présentation du niveau de connaissance propre du
concept (A) ensuite nous allons présenter la perception sociale de
l'armée (B).
A. Connaissance du concept de défense populaire
Pour ce faire nous avons formulé 03 questions qui
étaient ; avez-vous déjà entendu parler du concept de
défense populaire ? ; De quelle manière avez-vous entendu parler
de ce concept ? ; à quel niveau pensez-vous connaitre la défense
populaire ?
1. Connaissance du concept de défense
populaire
40%
non
60%
oui
Figure 6: Connaissance du concept de défense
populaire
- 76 -
Sur un effectif total de 118 répondants, 71 (soit 60%)
sujets affirment avoir entendu parler du concept de défense populaire et
47 (soit 40%) affirment n'avoir jamais entendu parler du ce concept. Ce qui
signifie que ce concept est connu de la majorité de la population,
même si une partie considérable ne le connait pas.
2. Moyen de connaissance du concept de défense
Considérant le fait qu'il n'y ait que 71 sujets qui ont
entendu parler du concept, cette question s'est adressée uniquement
à ceux-ci.
internet/autres
23%
conversations
39%
TV/Radio
27%
cours
3%
livres/journaux
8%
Figure 7: Moyen de connaissance du concept de
défense populaire
Sur les 71 sujets ayant entendu parler du concept de
défense populaire, la majorité soit 26 personnes affirment avoir
ouï-dire de ce sujet dans les conversations. 19 personnes affirment avoir
connu le concept à la télévision ou à la radio. 16
sujets affirment avoir connu le concept d'un moyen autre que ceux cités.
06 sujets ont connu le concept dans les journaux et livres. Et 02
répondants affirment avoir connu le concept dans les cours.
- 77 -
3. Niveau de maitrise du concept de défense
populaire
faible maitrise 1 2 maitrise moyenne 3 4 forte maitrise 5
4% 3%
16%
28%
49%
Figure 8: Niveau de maitrise du concept de
défense populaire
Cette question s'est également adressée aux 71
sujets ayant affirmés avoir entendu parler du concept de défense
populaire. Sur les 71 interrogés, 35 personnes ont affirmés avoir
une faible maitrise du concept (soit 49%). 20 personnes (28%) ont
affirmé avoir une maitrise en dessous de la moyenne. 11 personnes (16%)
ont affirmé avoir une maitrise moyenne. 03 personnes (4%) des personnes
ont affirmée connaitre le concept au-dessus de la moyenne et 2 (3%) ont
affirmé avoir une parfaite maitrise.
B. De la perception sociale de l'armée
Pour se faire nous avons retenu 03 des questions que nous
avons posé à nos répondants à savoir ; Savez-vous
que la loi camerounaise prévoit la participation des populations civils
à la de défense ? À quel niveau vous sentez vous
intéressé par les problèmes de défense ? Comment
vous sentez-vous en présence d'un militaire ?
1. Connaissance du fait de la participation des civils
à la défense
savez vous que la loi camerounaise
prévoit la participation des
civils a la
défense?...
47%
Non
53%
Oui
Figure 9: Connaissance du fait de la participation des
civils à la défense
- 78 -
Sur les 118 répondants, 62 personnes affirment savoir
que la loi camerounaise prévoit la participation des populations civils
à la de défense soit 53% de l'échantillon. Et 56 Affirment
ne pas savoir soit 47% de l'échantillon.
2. Niveau d'intérêt à la
défense
1 (faible implication)
2
moyenne (3)
4
5 (forte implication)
14%
5% 8%
25%
48%
Figure 10: Niveau d'intérêt à la
défense
Sur les 118 sujets, 56 (48%) affirment avoir un faible
intérêt pour la défense, 30 personnes (25%) affirment une
implication au-dessous de la moyenne, 17 répondants (14%) affirment
avoir une implication moyenne ; 09 personnes (8%) affirment avoir une
implication au-dessus de la moyenne et 06 personnes (5%) affirment avoir une
forte implication.
3. Sentiment en présence d'un
militaire
10%
51%
9%
24%
6%
indifférence panique confiance crainte pas de
réponse
Figure 11: Sentiment en présence d'un
militaire
- 79 -
Sur nos 118 sujets, 60 (51 %) affirment être en confiance,
28 (24 %) affirment être indifférents, 12 répondants (10 %)
sont dans la crainte, 7 personnes (6%) sont pris par la panique et le reste des
répondants (11 personnes soit 9 %) n'ont pas donné de
réponse.
Paragraphe 2 : La relation armée-nation
(armée population) et la problématique des Objectifs de
Développement Durable.
Nous avons consacré ce paragraphe à l'analyse de la
perception sociale sur la relation entre les populations militaires et les
populations civiles (A). Ensuite nous avons poussé la réflexion
sur la perception sociale de ce lien en rapport avec les ODD (B).
A. La relation armée-nation
Pour se faire, nous avons retenus 02 principales questions
posées à nos répondants. A savoir ; avez-vous
déjà participé à une activité regroupant
civils et militaires ? ; À quel niveau percevez-vous
l'effectivité de la relation armée et la population ?
1. Participation à une activité regroupant
civils et militaires
66%
non
34%
oui
Figure 12: Participation à une activité
regroupant civils et militaires
78 personnes (66%) sur les 118 affirment n'avoir jamais
participé à une activité regroupant civils et
militaires. et 40 répondants
(34%) affirment avoir déjà participé à une
activité regroupant civils et militaires.
- 80 -
2. Perception de l'effectivité de la relation
armée-population
8%
9%
20% 1 (pas effectif)
25%
38%
2
3 (moyen)
4
5 (très éffectif)
Figure 13: Perception de l'effectivité de la
relation armée-population
Sur les 118 sujets, 75 d'entre eux (63%) conçoivent
l'effectivité de la relation entre les populations civils et militaires
entre comme n'étant pas effective. De manière plus
précise, 45 personnes (38%) la situe à 1/5. 30 personnes (25%) la
situe à 2/5. 10 personnes (9%) considèrent cette relation
moyenne. 10 personnes (8%) la situe au-dessus de la moyenne et 23 personnes
(20%) considèrent cette relation comme étant très
effective.
B. Vers la problématique des Objectifs du
Développement Durable
Afin de recueillir la perception sociale sur cette
problématique nous avons retenus 03 principales questions posées
à nos répondants notamment ; comment percevez-vous les militaires
en temps de paix ; Pensez- vous que le lien armée-population devrait
servir a l'atteinte des ODD ? ; Pensez- vous que le lien
armée-population devrait servir a l'atteinte des ODD ?
1. Perception des militaires en temps de paix
inutiles nécéssaires indispensables pas de
réponse
7%
7%
24%
62%
Figure 14: Perception des militaires en temps de
paix
- 81 -
73 personnes (62%) sur les 118 voient les militaires de
nécessaires même en temps de paix. 29 personnes (24%) les voient
comme indispensables et seulement 08 répondants les voient comme
inutiles. le reste des 8 répondants (7%) se sont abstenues de
répondre.
2. Participation de l'armée au ODD
10%
22%
30%
11%
27%
1 (faible)
2
3 (moyen)
4
5 (fort)
Figure 15: Participation de l'armée aux
ODD
Plus de la moitié de nos répondants
conçoivent l'armée comme participant à l'atteinte des ODD.
35 répondants (30%) voient une participation moyenne de l'armée
à l'atteinte des ODD. 30 répondants (27%) voient une
participation au-dessous de la moyenne. 26 personnes (22%) déclarent une
très forte participation. 13 personnes (11%) déclarent une faible
participation. et les 12
répondants restants (11%) déclarent une participation au-dessus
de la moyenne de l'armée a l'atteinte des ODD.
3. Opinion sur l'orientation du lien
armée-nation à l'atteinte des ODD
9%
91%
oui
non
Figure 16: Opinion sur l'orientation du lien
armée-nation à l'atteinte des ODD
- 82 -
Comme la figure le démontre à suffisance, une
majorité écrasante de répondants soit 107 personnes (91%)
pensent que le lien armée-nation devrait servir à l'atteinte des
Objectifs de Développement durable. Néanmoins, 18
répondants (9%) ne sont pas d'accord pour que ce lien serve à
l'atteinte des ODD.
- 83 -
CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE
ENTRE DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT
DURABLE
Ne dit-on pas qu'afin de démontrer l'existence d'une
relation entre deux éléments, l'on doit prouver qu'au moins deux
composantes de chacun de ces éléments ont un lien entre
elles.211 Ainsi notre objectif étant de vouloir concilier
deux concepts, une étude préalable de l'interaction entre les
deux concepts est indispensable. Cette étude traitant de deux concepts
élaborés dans différents lieux, dans de différents
contextes en vue d'atteindre de différents objectifs, il est donc normal
que ceux-ci présentent des convergences et des divergences tant sur le
plan théorique que pratique. Le présent chapitre
s'attèlera principalement à l'analyse de celles-ci. Nous verrons
quels sont les aspects où la défense populaire camerounaise et
les objectifs de développement durable se rejoignent. Mais
également sur quels aspects ils présentent des divergences
(SECTION I). Ensuite, nous proposerons des axes de réflexion en vue
d'une alliance entre les deux politiques (SECTION II).
SECTION I : L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE
DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE ET LES ODD
Nous verrons d'une part les similitudes (Paragraphe I),
Ensuite nous les verrons sur les points divergents entre défense
populaire et les ODD (Paragraphe II).
Paragraphe I : Les points communs entre la
défense populaire camerounaise et les ODD
Pour envisager une alliance entre deux concepts quelque soit
la discipline, il faudrait que ces concepts présentent au moins deux
aspects de similitudes tant au plan pratique que théorique. Si ce n'est
le cas, il serait impossible de les allier. Nous allons ressortir tous les
aspects sur lesquels la défense populaire camerounaise et les objectifs
de développement durable se rejoignent. Pour une facilité dans la
démonstration, on présentera d'abord ; l'une présentant
les convergences au plan normatif ou théorique (A) et ensuite les
convergences au plan pratique (B).
211J.P MELOUPOU, Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement, Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013 page 53.
- 84 -
A. Les similitudes au plan théorique
1. La lutte contre les fléaux au
développement
Lorsque nous parcourons les deux politiques
simultanément, le premier point de convergence que nous notons c'est
leur vision commune de combattre les fléaux au développement.
D'un côté, nous avons la défense
populaire camerounaise qui est non seulement la base de la politique de
défense du Cameroun mais elle vise aussi et surtout à combattre
les obstacles au développement. Le premier obstacle au
développement est l'insécurité des populations. De par la
définition de la politique de défense du Cameroun comme vu, elle
vise principalement à assurer la sécurité et le
bien-être des camerounais. En garantissant la sécurité, le
bien-être et le développement ne feront que suivre car ne le
dit-on pas assez que la paix est une condition sine qua non au
développement. Sans la paix, aucun pays ne pourrait prétendre
aspirer au développement.
De l'autre côté, les ODD qui sont la
manifestation de la volonté d'annihiler tous les fléaux du
sous-développement ; la pauvreté, la faim, les
inégalités, la mortalité, l'hygiène pour n'en citer
que ceux-ci sont entre autres les fronts de combat menés par les ODD
contre le sous-développement.
Ce qui renvoie à dire que les deux concepts visent
à améliorer le bien-être des populations, le premier dans
une logique de répression et le second dans une logique
d'évolution.
2. L'aspect sécuritaire
Généralement, l'insécurité peut se
définir comme le sentiment de vivre dans un environnent physique social
favorisant l'atteinte aux personnes et aux biens212. Nous
distinguons entre autres l'insécurité alimentaire, sociale,
politique et économique.
Pour revenir à nos politiques, si nous prenons d'une
part la défense populaire camerounaise, l'un de ses mots clé est
la « sécurité ». L'objectif de la défense
populaire est principalement d'assurer la sécurité de ses
populations. La sécurité ici comprenant multiples dimensions
telles que vu plus haut.
212 Définition recueillie dans le dictionnaire sur le site
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/
consulté le 13/02/2022 à 19 :45
- 85 -
De l'autre côté, les ODD sont également
très sensibles à l'aspect sécuritaire. Cela peut
être illustré par l'ODD16 qui vise la paix et la justice, ce qui
renvoie à garantir la sécurité politique. Ce qui fait
appel dans la cadre organisationnel de la défense populaire à la
défense civile213
Nous voyons également l'ODD 1 (éradication de la
pauvreté), l'ODD 2 (lutte contre la faim) et l'ODD 6 (accès
à l'eau potable) qui sont en réalité la traduction de la
lutte contre l'insécurité alimentaire.
En outre, l'ODD 3 (accès à la santé),
l'ODD 11 (villes et communautés durables) sont l'expression de la lutte
contre l'insécurité sociale. Cette insécurité fait
aussi appel à la sécurité civile
L'ODD 8 (croissance économique, accès aux
emplois décents), ODD 5 (égalité des sexes et
autonomisation des femmes), ODD 12 (consommation et production durables) sont
l'expression de la lutte contre l'insécurité économique.
Et cela fait appel à défense économique214,
telle que prévue par la défense populaire camerounaise.
L'ODD 7 (énergies renouvelables), ODD 13 (changement
climatique), l'ODD 14 (protection de la faune et flore aquatique), l'ODD 15
(protection de la faune et flore terrestres) sont la manifestation de la lutte
contre l'insécurité environnementale.
En bref, la sécurité dans toutes ses dimensions
est une préoccupation majeure bien ancrée, sinon la plus
importante de la défense populaire camerounaise et des ODD. En
Voilà un grand point en commun que se partagent nos deux politiques.
3. Autres similitudes théoriques
D'autres similitudes peuvent être observées en
effectuant une étude de contenu des textes de nos deux politiques.
Si nous prenons les deuxièmes (totalité et
universalité) et quatrième principes de la défense
populaire camerounaise (décentralisation), nous voyons que la logique
est la même que dans l'ODD 17 qui vise le partenariat pour les objectifs
globaux. En effet les deux visent la fédération des efforts,
l'interdépendance et la répartition des tâches.
213 Qui a pour objectif de développer les capacités
morales des populations, de diminuer leur vulnérabilité.
214 Différent de la guerre économique, qui est la
pratique concurrentielle ou déloyale dont le but est le gain
économique, industriel ou commercial.
- 86 -
Aussi, d'un côté si nous prenons la
définition du développement durable telle que proposée par
le rapport Brundtland, nous retenons l'aspect durable, c'est-à-dire le
fait de penser aux générations futures. De l'autre
côté, nous retenons le cinquième principe de la
défense populaire camerounaise qui est celui de la prévention, et
nous pouvons observer que la défense populaire camerounaise partage la
même vision des choses. Par ce principe, elle entend que les mesures
psychologiques et techniques sont prises à l'avance, non pas pour
assurer la sécurité des populations présentes seulement,
mais également de celles à venir.
Les points communs entre la défense populaire
camerounaise et les ODD ne se font pas uniquement au plan théorique.
B. Les points communs au plan pratique
Ici, nous pouvons noter la mobilisation de la
société, la présence des mêmes acteurs et les
mêmes défis.
1. La mobilisation entière de la
société
Un autre point que nous observons lors de l'analyse de nos
deux concepts est qu'ils s'appuient tous les deux sur la combinaison des
efforts de tous les acteurs, telle qui décrite par la théorie
fonctionnaliste dans notre introduction générale.
La particularité de la politique de défense du
Cameroun est qu'elle tire sa base de la population. De par ses sources
juridiques, en partant de la Constitution qui insiste sur la participation de
tous les citoyens215 à la défense populaire, en
passant par la loi numéro 67/LF/09 du 12/06/1967 qui est le manuel de la
défense populaire camerounaise, et qui insiste sur le concours de tous
à l'effort de défense et qui définit le rôle des
principaux acteurs de la défense populaire partant du Chef de
l'État jusqu'aux populations locales216. Cette loi insiste
également sur la participation active de tous. Et enfin l'instruction
numéro 16/CAB/PRU du 01/09/1772 qui fixe les principes directeurs de
cette politique notamment le principe d'universalité qui repose sur
l'adhésion et la participation active de tous.
De l'autre côté, les ODD et contrairement aux
politiques et stratégies précédentes proposées en
Afrique, reposent sur les efforts de tous les acteurs quels que soit leurs
échelons.
215 Loi n° 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et
complétée par la loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3.
216Comprend 11 Titres et 40 Articles, tous détaillants la
politique de défense et ses modalités et comprend les
différentes attributions des différents acteurs de la
défense en commençant par le chef de l'État, les ministres
et autres acteurs
- 87 -
En commençant par les États et faisant des ODD
une préoccupation pour tous les pays, qu'ils soient
développés ou pas, de toutes les structures (États,
organisations, entreprises) et de toutes les personnes (hommes, femmes,
paysans, entrepreneurs, personnes a mobilités réduites).
De manière générale, en parcourant les
deux concepts nous voyons que chacun des acteurs de la société se
retrouve d'une manière ou d'une autre impliqué dans la mise en
oeuvre des deux politiques de manière indépendante.
2. La présence des mêmes acteurs
Un autre fait marquant au plan pratique que nous pouvons noter
est la mobilisation des mêmes acteurs pour les deux politiques. Nous
observons dans les deux politiques des entités qui se voient
attribué des missions précisent dans chacune de ces politiques.
Nous pouvons citer dans ce cas des exemples tels que ; le MINEPAT, le MINREX,
le Service Civique de Participation au Développement.
Le MINEPAT
Le ministère de l'Économie, de la Planification
et de l'Aménagement du territoire est chargé de la mise en oeuvre
pratique de la défense populaire camerounaise sur l'étendue du
territoire. Ce même ministère est également le responsable
gouvernemental de la mise en oeuvre des ODD au Cameroun. Il est à ce
titre chargé d'assurer et de coordonner la mise en oeuvre et le pilotage
technique, la coordination interministérielle des politiques,
programmes, projets et interventions.
Le MINREX
C'est le cas également du ministère des
relations extérieurs qui est chargé de mettre en oeuvre la
politique étrangère et d'assurer les relations avec les
États étrangers qui se voit confié un rôle dans
chacune des deux politiques.
Le Service Civique National de Participation au
Développement
Les deux politiques se partagent également le Service
Civique National de Participation au Développement (SCNPD) qui est un
acteur de la défense populaire camerounaise mais aussi de la mise en
oeuvre des ODD. Initialement le SCNPD est un organisme de la défense
camerounaise. Il avait été créé en 1973 pour
répondre aux impératifs de développement économique
et social du pays et inculquer aux jeunes le sentiment national, la discipline,
la
- 88 -
dignité, le travail et l'esprit civique. Mais plus
tard, en 2007 il se verra confier la mission de contribuer à la
mobilisation des énergies pour répondre aux impératifs du
développement économique social du pays et promouvoir chez tous
les citoyens le sentiment national, le sens de la discipline, de la
tolérance, de l'intérêt général, du travail,
ainsi que l'esprit civique et la culture de la
paix.217.
De manière générale, les deux politiques
dans leur mise en oeuvre et suivi se partagent plusieurs acteurs.
3. Les mêmes défis
Un autre point commun sur le plan pratique que partagent la
défense populaire et les ODD est le fait qu'ils font face à
quelques mêmes défis notamment ; le rôle non défini
de certains acteurs ; la condition morale des camerounais entre autres.
En ce qui concerne le rôle non défini de certains
acteurs, l'étude nous a démontré que les deux concepts
reposent sur les mobilisations de tous les acteurs de la société
et les efforts conjoints de ceux-ci à leurs visions. Néanmoins
nous observons dans l'un comme dans l'autre l'absence d'une répartition
prosaïque des taches aux différents acteurs. Dans le domaine de la
défense populaire, nous avons vu plusieurs départements
ministériels qui ont vu le jour, qui se sentent concernés par la
problématique mais ne savent pas exactement quoi faire faute
d'attributions concrètes. Les ODD font face au même défi,
ou ils se sentent concernés mais ne se voient pas dotés de
missions précises dans le cadre de la mise en oeuvre ODD. C'est le cas
des autorités religieuses entre autres.
En ce qui concerne la condition morale des camerounais, les
deux concepts font face aux défis liés à la condition
psychique des camerounais. La société camerounaise est
caractérisée par des fléaux sociaux tels que l'incivisme,
le vol, la corruption entre autres. Une société ou les
intérêts individuels priment sur l'intérêt
général. On observe plusieurs personnes qui n'ont pas de honte
à se déroger ouvertement à la norme
générale. Une société ou les membres ont perdu tout
gout à l'effort. Une société marquée par un
sentiment de doute, de pessimisme, d'incivisme. Cette condition psychique
constitue un gros challenge auquel tant la défense populaire que les ODD
font face dans leurs mises en oeuvre.
217Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 instituant
le Service Civique National de Participation au Développement (SCNPD)
- 89 -
Paragraphe 2 : L'existence de quelques points de
divergence
L'analyse traitant de deux concepts élaborés
à des lieux, moments et circonstances différentes, il est normal
qu'ils présentent aussi des points de divergence. Si le premier
paragraphe était focalisé essentiellement sur la mise en
évidence des points communs, celui-ci sera en revanche
dédié à ressortir les aspects sur lesquels la
défense populaire camerounaise et les ODD ne se rejoignent. Pour une
explication plus efficace, d'une part seront présentés les
aspects théoriques (A) et d'autre part seront présentés
les divergences pratiques (B).
A. Les divergences Théoriques
Les divergences théoriques concernent le champ de
juridiction et le socle théorique.
1. Le champ de discipline
Le premier point de divergence entre la défense
populaire camerounaise et les objectifs de développement durable est
leur champ de discipline. En effet, si l'on a vu précédemment que
les deux concepts sont des politiques qui partagent une vision et des points
communs, il n'en demeure pas moins que les deux politiques ne revêtent
pas de la même discipline.
La défense populaire est une politique
élaborée au Cameroun, par le Cameroun et pour le Cameroun avec
des objectifs spécifiques fixés pour le camerounais et soumis au
droit interne camerounais. Elle tire sa source des textes camerounais notamment
de la constitution, la loi numéro 67/LF/09 du 12/06/1967, l'instruction
présidentielle numéro 16/CAB/PRU du 01/03/1972 entre autres.
C'est alors une politique essentiellement nationale, avec des objectifs
nationaux et dépendent des disciplines et des juridictions du droit
camerounais.
Ce n'est pas le cas avec les objectifs de développement
durable car ils sont en fait le calendrier 2030 des Nations Unies. Les ODD sont
une série d'objectifs adoptés par les membres de
l'assemblée générale de l'Organisation des Nations le 25
septembre 2015. Même s'ils ont été fixés beaucoup
plus en faveur des pays du sud en particulier et pour la planète en
générale, ils concernent tous les pays et peuples du monde. Ils
ne dépendent alors nullement du droit interne d'un pays en particulier
mais sont du ressort du droit international, même si les modalités
de leur application et mise en oeuvre sont adaptés en fonction des
pays.
C'est donc dire que bien que visant quelques mêmes
objectifs, la défense populaire camerounaise ne relèvent pas de
la même sous discipline.
- 90 -
2. Une différence dans leurs socles
théoriques
En analysant les deux politiques sous le prisme des
théories en Relation Internationales, l'on se rend compte qu'elles ne
tirent pas leurs fondements de la même théorie.
En parcourant les politiques de défense de
manière générale et celle du Cameroun en particulier par
l'étude de ses textes et ses principes, elles sont principalement
fondées sur la théorie réaliste des Relations
Internationales. L'objet de la théorie réaliste est
d'interpréter les faits tels qu'ils sont en non tels qu'ils devraient
être. Pour eux, la norme est la guerre et la paix est l'exception. Aussi
il n'existe ni amis ni ennemis mais les États ne sont que des monstres
froids cherchant leurs intérêts. Pour les réalistes
l'intérêt et la puissance sont des facteurs très
importants. Pour faire une analogie avec la défense populaire, le simple
fait de vouloir en définir une traduit le désir de puissance. De
surcroit, l'idéologie sur laquelle repose cette défense populaire
est celle du « si vis pacem para bellum »
c'est-à-dire, « si tu veux la paix tu prépares la
guerre. Ces deux arguments au moins démontèrent à
suffisance le socle théorique de la défense populaire ».
Du coté des objectifs de développement durable,
nous observons une tendance libérale voire idéaliste. En effet
ces théories de manière générale prônent une
société fondée sur la liberté d'expression des
individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre-échange
des idées. On observe alors un monde fait d'hommes naturellement bons et
disposés à coopérer les uns et les autres en vue d'une
meilleure société. C'est à peu près de cette
idéologie que les objectifs du développement durable se fondent,
en visant un monde meilleur par un partenariat et une interdépendance
pour l'atteinte des objectifs comme le souligne l'ODD17.
B. Les divergences pratiques
Sur le plan pratique, les divergences concernent la nature des
rapports entre les acteurs ainsi que le mode de planification.
1. La nature des rapports entre les différents
acteurs
S'il est vrai que la défense populaire et les ODD dans
leur mise en oeuvre et leur exécution dépendent de la
mobilisation de tous les acteurs de la société, il convient
néanmoins de noter un aspect très important sur la défense
populaire. La défense populaire repose basiquement et
premièrement sur le lien entre les forces de défense et les
populations encore appelé le lien « Armée-Nation. » Le
lien armée-nation est la relation qui existe entre les militaires et
les
- 91 -
populations, lien qui doit être marqué par une
complémentarité, une confiance réciproque, une
interdépendance, et une solidarité.
Aussi, la défense populaire est d'abord et avant tout
une politique de défense, c'est-à-dire une série de
principes adoptés par l'État pour assurer la
sécurité de ses populations. Donc elle concerne d'abord les
forces de sécurité. Et puisqu'au Cameroun la politique de
défense repose sur la participation de tous les citoyens à la
défense218, c'est alors qu'intervient la
relation armée nation.
De l'autre côté, les objectifs de
développement durable eux reposent sur les efforts conjoints de tous les
acteurs de la société à quelque échelon et domaines
soient-ils, sans distinction ou insistance particulière faite entre
militaires et civils. Dans cette politique, chacun est considéré
comme acteur de la mise en oeuvre des ODD. C'est dire que bien que s'appuyant
sur la mobilisation des acteurs, il existe néanmoins des
particularités entre les rapports de ceux-ci.
2. Une différence dans le mode de planification
Un autre point de différence entre les ODD et la
défense populaire est leurs planifications. La défense populaire
repose sur une série des règles définissant les principes,
orientations et rôles de certains acteurs en vue d'assurer la
sécurité et créer les conditions au bien-être des
populations sans toutefois avoir un instrument de mesure ou d'examen.
Quant aux ODD, ils sont une série de buts
préalablement fixés et schématisés
méthodiquement. Il existe une planification détaillée de
169 cibles bien précises, avec des outils de mesure sans oublier
l'aspect temporel et la révolution statistique.
Cette différence pourrait s'expliquer par l'aspect
pérenne de la défense populaire. Celle-ci n'est pas uniquement un
calendrier d'objectifs spécifiques à atteindre mais un mode de
vie, une philosophie, une doctrine ou idéologie visant à assurer
aux populations une sécurité contre toute forme de menace
à long terme. En outre, il faut relever le caractère plus
sensible des questions de défense sans oublier que l'armée est
d'abord caractérisée par le devoir de réserve.
218Préambule de la Constitution de la
République du Cameroun
- 92 -
SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE MOBILISER
LA DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD
Après s'être donné à l'analyse de
l'interaction entre la défense populaire camerounaise et les Objectifs
de développement durable, ressortant tour à tour leurs points de
convergences ou de similitudes tant au plan théorique que pratique et
faisant de même pour leurs aspects divergents, il convient tout d'abord
de rappeler notre objectif ; qui est celui de démontrer comment utiliser
la défense populaire camerounaise pour atteindre les ODD.
Mais comme le préconise le fameux adage philosophique
« le comment n'est jamais aussi important que le pourquoi »,
Il faut donc se faire une raison. C'est dans cette optique que se situe
notre deuxième section de ce chapitre. Dans un premier temps, nous
allons exposer des arguments justifiant la nécessité de mobiliser
la défense populaire afin d'atteindre les ODD (paragraphe 1). Dans un
second temps, loin de rester au pourquoi, nous allons tenter de poser des axes
de réflexion en vue d'une mobilisation de celle-ci pour l'atteinte des
ODD (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les facteurs d'une mobilisation de la
défense populaire camerounaise pour l'atteinte des ODD
Nous essayerons de démontrer quels sont les facteurs ou
les raisons valables pour envisager une alliance entre défense populaire
camerounaise et les objectifs de développement durable. Nous allons
commencer par présenter les facteurs théoriques (A) et par la
suite seront présentés les facteurs pratiques (B).
A. Les Facteurs théoriques
Dans la première section de ce chapitre, son premier
paragraphe a été consacré à ressortir les points
communs entre la défense populaire camerounaise et les ODD. Il en est
ressorti plusieurs points de convergence tant au plan théorique que
pratique, notamment la présence des mêmes acteurs, l'aspect
sécuritaire, la vision tournée vers le même objectif etc.
Ce qui prouve l'existence d'un potentiel lien entre les deux politiques. Pour
cette raison, il serait judicieux de canaliser les efforts conjoints
dédies a la mise en oeuvre de ces deux politiques en vue de créer
une alliance stratégique, plus coopérative et plus efficace.
De surcroit, au-delà de l'existence de ces points
communs nous avons ressortis d'autres facteurs théoriques. Ces facteurs
sont ;
1. - 93 -
Le pourcentage du budget alloué au secteur de la
défense
Le secteur de la défense dans tous les pays occupe une
place prépondérante. Plusieurs États allouent de gros
écrantages de leurs budgets au secteur de la défense. Beaucoup
dépensent en moyenne 20%219 de leur budget pour
l'armée et ce depuis très longtemps. D'autres et même ceux
des pays dits sous-développées vont jusqu'à en consacrer
environs 50%220. Au Cameroun, la part du budget alloué
à la défense est de 11% de l'enveloppe budgétaire
globale221. De surcroit, selon une étude, l'estimation des
privilèges due à la fonction de militaire, l'intervention
permanente des forces de défense dans le maintien de l'ordre est un
grand sujet de débat au sein des populations
camerounaises222. Le fait que la défense camerounaise
consomme un pourcentage aussi significatif et donc un important potentiel
économique est l'une des raisons pour lesquelles l'on doit la consacrer
aux services de développement surtout en période de paix, comme
c'est le cas actuellement. Les populations pourraient alors percevoir qu'en
temps de paix, qu'il existe aussi une défense populaire,
véritable expression du lien armée nation et ce lien pourrait
être canalisé en vue de réaliser les objectifs de
développement durable.
2. La non-perception de la défense comme un
acteur participatif au développement
Selon une étude réalisée par
Meloupou223, le rôle de l'armée en tant qu'acteur
participatif n'est pas perçu par les populations camerounaises. Elle ne
constitue pas une composante institutionnelle participant au
développement. S'il est vrai que la défense protège le
développement autant que celui-ci met à la disposition de la
défense de moyens dont elles ont besoin.
Ce n'est pas dire que l'armée ne participe pas
effectivement au développement, car déjà il est illusoire
de parler d'une société ou de son développement dans
l'absence de l'ordre et la présence de paix, ce qui est la
première mission de la défense, qu'elle remplit bien, la
perfection de l'ordre consistant au concours de la force et de la loi, domaine
par excellence de la défense224. Ce serait plutôt
affirmer qu'au-delà de ses missions régaliennes de
sécurité et de sauvegarde de
219 World defense almanach, military technology, 1987 vol XII
issue no 1, 1988
220 C'est le cas de l'Éthiopie
221MELOUPOU op cit « Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement », Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013 page 19
222 Il est important de noter que selon cette étude, le
métier de militaire est considéré par la population
camerounaise comme étant celui avec le plus d'avantages.
223J.P MELOUPOU op cit , Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement , Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013 page 155
224 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations,
Calmann Levy, Paris, 1985 page 1
- 94 -
l'intégrité du territoire et tournée
beaucoup plus vers des actions participatives au développement, la
plupart des camerounais ne perçoivent par la contribution de la
défense. Cela pourrait être vrai dans la mesure où par
rapport et ce qui lui ai donné, le rendement n'est pas proportionnel, ou
encore que sa main d'oeuvre est considérée comme en chômage
pendant la période de paix et donc devrait travailler à
développer le pays ; ou encore ce serait parce que les actions de
l'armée dans le domaine du développement sont peu connus de
tous.
Quoi qu'il en soit, les attentes populaires vis à vis
de l'armée sont multiples. Elles sont entre autres la participation
à la recherche scientifique, l'enseignement scolaire et les soins de
santé.
B. Les Facteurs pratiques
1. La défense comme un bon modèle de
système social et la citoyenneté militaire
Connue de tous et ce dans tous les pays, les forces de
défense sont surtout connues pour les valeurs qu'elles
développent et inculquent à leurs membres : le sens du devoir, la
discipline, le respect de la hiérarchie, le gout de l'effort, la
justice, l'esprit du sacrifice, de l'intérêt
général, la solidarité, la dignité, la
responsabilité, le travail, la ponctualité et l'esprit civique.
Dans une société marquée par une décadence morale
et ou les valeurs chez les jeunes se détériorent progressivement,
dans la logique d'une aspiration à l'atteinte des ODD en 2030, le
modèle de système social de la défense serait un exemple
à suivre par les populations camerounaises en général et
les jeunes en particulier qui pour se développer vers l'atteinte des ODD
ont besoin de conduites à tenir, de principes directeurs. Ainsi, il
serait judicieux de copier des valeurs et de les inculquer et de les
développer aux jeunes.
En ce qui concerne la citoyenneté militaire, un autre
facteur est le fait que les militaires avant de l'être sont d'abord des
citoyens camerounais. À ce titre, ils ont des droits et obligations
prévus par le droit interne. Ils doivent donc bénéficier
des droits des citoyens et aussi remplir leurs devoir notamment la contribution
au développement.
2. L'analogie entre développement et taux
d'infractions
Selon une étude menée par l'ONU225,
plus une société tend à se développer,
c'est-à-dire au fur et à mesure que sa croissance
économique et le changement de ses structures s'amplifie,
225 « Politiques de défense sociale et
planification du développement », Quatrième
congrès des nations unies pour la prévention du crime et le
traitement des délinquants, Kyoto japon 17-26 aout 1970
- 95 -
elle devient plus urbaine, plus industrialisée, plus
complexe et plus ouverte. Cette ouverture incite ses populations à
commettre de plus en plus de délits et crimes. Ces délits peuvent
êtres d'ordre social (effractions) ou d'ordre économique (vols,
détournements, corruption). Il existe une évolution
parallèle entre le niveau de développement et le niveau de
criminalité. Lorsqu'un pays se dote de structures industrielles
avancées faisant entrer en jeu de gros intérêts, on
pourrait s'attendre à une augmentation dans le taux de
criminalité.
À l'observation, le Cameroun dans son aspiration au
développement en général et aux ODD en particulier, sera
confronté à la difficulté de comment anticiper ce
problème, comment atteindre les ODD sans augmenter son taux de
criminalité. C'est là que la défense populaire entre en
jeu, en ce sens que, traduisant le lien entre l'armée et la nation, les
uns pourraient être là pour canaliser les autres. Si d'un
côté on observe une augmentation dans les infractions des civils,
les forces de sécurité seront pour les canaliser. Et si d'un
autre coté les forces de défense se voient abuser, ils pourront
la signaler à la haute hiérarchie. Ce serait donc une relation
d'interdépendance et de surveillance réciproque.
3. Le facteur de cohésion civilo-militaire en temps
de paix
La défense populaire camerounaise, c'est-à-dire
le lien entre l'armée et la nation a été instaurée
en cas d'une éventuelle agression. Il est prévu qu'en cas
d'avènement d'une menace extérieure, les peuples et
l'armée s'uniront pour former un bloc solide et c'est une bonne
politique. Considérant la situation sécuritaire du Cameroun, elle
bénéficie depuis des décennies d'une situation
plutôt pacifique, ce qui ne donne pas beaucoup d'occasions de mettre
à l'épreuve cette relation armée-nation. Puisque son
objectif est de vouloir développer le lien entre les peuples et la
défense, en cas de manque de crise sécuritaire, cette
cohésion reste en suspens en période de paix, ce qui pourrait la
fragiliser. Dans une optique donc de raviver cette cohésion
civilo-militaire, les énergies de la défense populaire pourraient
être canalisées vers l'atteinte des ODD. Loin d'en être les
seules, il existe une myriade de facteurs en faveur d'une alliance entre
défense populaire camerounaise et les objectifs de développement
durable.
Paragraphe 2 : Axes de réflexion en vue d'une
mobilisation de la défense populaire camerounaise vers l'atteinte des
ODD.
Après avoir tenté de ressortir les facteurs en
faveur d'une mobilisation de la défense populaire en vue d'atteindre les
objectifs de développement durable, nous voilà confrontés
au problème du comment. Il sera question de fournir des propositions sur
comment cette
- 96 -
mobilisation pourrait être faite. Dans un premier temps,
des propositions seront faites au plan normatif (A) et ensuite au plan pratique
(A).
A. Au plan théorique
1. Actualiser le cadre juridique de la défense
populaire
L'une des premières propositions que nous pouvons faire
serait un réaménagement de la politique de défense
camerounaise. En effet, comme nous l'avons vu plus haut, cette politique depuis
son élaboration depuis 1967 n'a été ni revue ni
modifiée. Et pourtant entre cette année et 2023 beaucoup de
données ont changé. Nous vivons dans un monde en constante
mutation, avec l'avènement de nouveaux enjeux. Les préoccupations
environnementales, sociales, économiques humaines de l'époque ne
sont plus ce qu'elles étaient. Le changement reste et demeure constant.
Si auparavant, la préoccupation majeure relevait de la
sécurité beaucoup plus politique, maintenant ce n'est plus le
cas. Il existe de nouveau fléaux à combattre notamment le
sous-développement. On devrait pouvoir le combattre sur tous les fronts
car plus que jamais, les conditions de vies des populations se voient
contraintes par celui-ci.
De surcroit, la défense populaire telle que
prévue dans son manuel ne prend plus en compte tous ses acteurs.
Certains d'entre ces acteurs ont été dissouts, par exemple la
fonction de Secrétaire permanent à la défense Nationale
qui était censé coordonner les efforts de défense entre
les départements ministériels civils entre ceux-ci et le MINDEF.
D'autres ont été dispersés comme par exemple le
ministère de l'éducation qui s'est vu sous divisé entre
trois ministères qui sont le ministère de l'éducation de
base, le ministère des enseignements secondaires et le ministère
de l'enseignement supérieur.
Par ailleurs, en considérant que tous les
départements ministériels doivent contribuer chacun à la
défense, nous avons assisté à la création de
nouveaux ministères qui pourraient être concernés par la
problématique de défense populaire mais le dispositif normatif
actuel ne les prend toujours pas en compte. C'est le cas du MINDDEVEL.
De manière générale, le dispositif
juridique de la défense populaire devient de plus en plus
vétuste. La première étape pour la mobilisation de
celle-ci à l'atteinte des ODD serait d'aménager un cadre
juridique propice et adapté à l'évolution du contexte
camerounais et du monde contemporain.
- 97 -
2. Connaitre et faire connaitre la défense populaire
ainsi que ses enjeux
Cette proposition vient de deux remarques. La première
vient de Général NKOA lorsqu'il pense que les questions
défense en général et de défense populaire ne
figurent sur aucun document accessible à l'homme lambda226.
Et la deuxième du Général KOTOKO qui constate qu'aucune
institution civile n'enseigne les problématiques de la politique de
défense, même dans les grandes écoles227. Ceci
est d'autant plus étonnant au vu de son caractère populaire
(c'est-à-dire l'affaire du peuple). Tous les citoyens, quelque soit
leurs échelons social, leurs activités ou leur lieux doivent
contribuer. Le premier problème comme le souligne le
Général NKOA est le manque d'information.
À ce problème, nous proposons des
mécanismes de communication sur la défense populaire
destinés à tout le monde. Une option pourrait être
l'introduction des unités d'enseignements aux élèves et
étudiants. Ces enseignements serviront à rappeler aux
élèves les enjeux du pays. Ils permettront en outre de rappeler
l'histoire du pays, ses ressources, ses institutions, ses valeurs d'avantage
d'estimer les possibilités économiques,
géostratégiques, sociales, environnementales,
développementales surtout comme le rappelle le Chef de l'État
face à l'ampleur des besoins de notre pays en voie
d'émergence228. Une fois cela maitrisé, les
populations ne pourront que tous s'unir vers l'atteinte des ODD.
B. Au plan pratique
1. Revigorer la relation entre les militaires et les
civils
Comme le préconise Clausewitz, la relation
militaire-civils et donc la défense populaire exige une confiance
réciproque, cela afin d'animer une volonté commune229.
Comme le dit la loi camerounaise, la défense n'est pas uniquement du
ressort des forces de défense. Elle concerne également les
administrations responsables de grandes catégories de fonctions. C'est
ce qu'on affirme lorsqu'on implique les paysans, les commerçants, des
agriculteurs etc. C'est dire que la défense populaire repose bien
évidement d'une part sur des forces armées bien entrainées
et équipées, mais aussi et surtout d'autre part sur la nation.
Dans notre contexte actuel, il existe un mur invisible entre les militaires et
les civils. Ces derniers perçoivent leurs forces de défense avec
beaucoup de préjugés. Un exemple est bien décrit plus haut
lorsque
226 Général NKOA, Les armées
africaines à l'heure de la démocratie et des droits de
l'homme, Edicef ,1996 page 7
227Mahamat KOTOKO op cit« La
défense populaire au Cameroun : comprendre un concept»,
l'Harmattan Cameroun, 2020 page 155
228 Allocution à l'occasion du triomphe de la promotion
rigueur et moralisation, 09/11/1985
229 Raymond ARON, sur Clausewitz, éditions complexe,
1987.
- 98 -
l'étude du colonel Meloupou230
révèle l'image que la société civile camerounaise a
de son armée. Selon elle, un pourcentage significatif de la population
pense que l'armée n'est pas utile. Ou encore beaucoup ne
perçoivent pas son apport au processus de développement de la
nation. Ce qui révèle en fait un manque de connaissance d'actions
civilo-militaires menées par l'armée camerounaise.
Nous proposons alors que des mécanismes soient mis en
place afin de revigorer la relation militaire-civile afin que celle-ci soit
basée sur une confiance réciproque, un respect, une
interdépendance.
Cette volonté pourrait être mise en oeuvre
d'abord par une volonté politique. Cette volonté politique a
déjà été manifestée par la loi créant
une commission parlementaire de la défense nationale à
l'assemblée nationale231. Elle a aussi été
manifestée par l'organisation d'événements par le MINDEF
tels que les journées portes ouvertes annuelles232 . Cela
contribue à briser les barrières entre les civils et les
militaires. Ou encore les émissions telles que l'émission «
honneur et fidélité233 ». De pareilles
initiatives devraient être multipliées afin que les civils voient
que la défense est là pour eux et vice versa.
2. Raviver le rôle des élites
Comme vu plus haut, dans la mise en oeuvre de la
défense populaire, un accent particulier est mis sur la sensibilisation
des élites, sur leur rôle. Les élites constituent en
réalité l'interface entre les populations et les pouvoirs de
conception de la politique de défense. Ce sont eux les leaders
d'opinions, les « influenceurs » des populations dans leurs
domaines respectifs. Nous en entendons par élite ici les
autorités religieuses, les responsables des partis politiques, les
responsables des grandes écoles, les parlementaires, les
autorités municipales et régionales.
Afin de remobiliser la défense populaire et surtout
pour l'atteinte des ODD, il serait très judicieux de s'appuyer sur
ceux-ci. Afin de mieux les impliquer, des taches précises leur pourront
être confiées selon les attentes des pouvoirs de conception et de
direction et vice-versa. Cela en plus de lubrifier la relation civil-militaire
servira à booster les populations vers ce qui est attendu d'eux. Cette
relation entre les élites et les pouvoirs devra être synchronique
c'est-à-
230J.P MELOUPOU op cit , Armée et
développement : de la réalité psychologique a la
perception sociale du développement , Éditions ASVA
Éducation, Yaoundé, 2013
231 Loi numéro 2002/005 du 2/12/2002 modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi numéro 73/1 du
08/06/1973
232Ce sont des journées organisées
durant la Semaine de l'Unité à la base militaire 101 lors
desquelles un aperçu est donnée aux civils sur les forces de
défense, leurs missions, leurs actions, équipements..
233 Une émission de radiodiffusion au poste national de
la CRTV qui est le diapason radiophonique du lien armée-nation.
dire aller des deux sens. Si d'une part les élites
serviront à appliquer ce qui leur est donné par les pouvoirs, ces
derniers devront aussi écouter ces élites.
3. Une distribution méthodique des taches dans le
domaine des ODD
Dans ce point, nous nous inspirons de la pensée du
Maréchal Bernard Montgomery234 selon laquelle pour atteindre
un objectif, il faut clairement expliquer aux agents ce qui est attendu d'eux,
et comment ils procéderont pour atteindre leur objectif. C'est dans ce
sens que nous proposons une planification intelligente et stratégique,
c'est-à-dire un processus de gestion visant à assurer, d'une
manière continue, une concordance entre organisation et circonstances
internes et externes favorables.
Les ODD étant déjà le produit d'une
planification stratégique, il suffit de dire clairement aux acteurs ce
qui est attendu d'eux selon les ODD. Par exemple qu'en ce qui concerne
l'accès à la santé ODD3, nous pouvons dire à chaque
acteur exactement ce qui est attendu de lui de manière pratique. Une
entité indépendante qui pourrait être appelée «
comité développemental de défense populaire »
pourrait être mise en place afin de mettre en place, coordonner et suivre
ce plan.
- 99 -
234Maréchal MONTGOMERY, The path to
leadership (les voies du pouvoir) , Hachette, 1962 page 17
- 100 -
CONCLUSION PARTIELLE
Cette deuxième partie dont l'ossature était
consacrée à démontrer la nécessite
d'intégrer la défense populaire a l'atteinte des ODD arrive
à sa fin. Il était question de procéder à une
analyse de praxis. Afin de rendre l'étude plus pertinente, le premier
chapitre de cette partie a été consacré à une
étude de perception. Le but de cette étude était d'une
part de recueillir la perception des populations concernant la relation
armée-nation en général et son apport aux ODD en
particulier. Cette étude nous a permis de faire un bon nombre de
constats, à savoir qu'un pourcentage significatif de la population
n'avait jamais entendu parler du concept de défense populaire,
même si la plus grande partie en a entendu parler. Nous avons
également pu recueillir la perception sociale de l'armée et
surtout de son opinion concernant l'interaction entre armée nation et
les ODD.
D'autre part cette étude nous a permis de recueillir
les attentes de populations, de détecter certains de points de
convergence entre nos deux thématiques afin de schématiser les
enjeux d'une remobilisation de la défense populaire. Un autre aspect de
cette partie est que, considérant l'approche mixe de notre travail, nous
avons, grâce aux différents entretiens avec plusieurs
autorités, pu recueillir des témoignages et des données
importantes pour cette étude.
Les données étant recueillies et
présentées au chapitre 3, nous avons consacré notre
dernier chapitre à la prospective d'une alliance entre la défense
populaire et les objectifs de développement durable. Il était
question, grâce aux informations obtenues de diverses sources et
analyses, de procéder à une perspective. Nous avons
ébauché d'une part l'interaction entre les deux concepts tant au
plan théorique que pratique, et d'autre part nous avons essayé de
ressortir les enjeux ainsi que quelques pistes de réflexions innovantes,
d'une remobilisation du lien armée-nation pour l'atteinte des ODD.
CONCLUSION GÉNÉRALE
- 101 -
- 102 -
Notre étude traitait de la problématique de la
contribution du lien armée-nation à l'atteinte des objectifs de
Développement Durable avec un cas d'étude sur la défense
populaire au Cameroun. Le problème que posait notre sujet était
celui de la remobilisation de la défense populaire pour l'atteinte des
ODD. Afin de mieux circonscrire notre étude, nous l'avons divisé
en deux principales parties.
La première visait à fournir des
généralités sur les concepts moteurs. Le premier chapitre
s'est attelé à décrire et disséquer la
défense populaire camerounaise en commençant par ses fondements,
les motivations de son adoption, les sources juridiques, ses acteurs ainsi
qu'un cas pratique de sa manifestation en contexte de crise. Le deuxième
chapitre visait à analyser la mise en oeuvre des ODD en Afrique en
général avec un accent mit le Cameroun. Dans ce chapitre nous
avons brièvement présenté les ODD de manière
générale, examiné quelques raisons et facteurs de leur
adoption, les innovations que ceux-ci auront apporté par rapport aux
politiques précédentes ainsi que les acteurs de leur mise en
oeuvre au Cameroun particulièrement et les défis auxquels ils
sont confrontés.
La deuxième partie a été plus praxis.
Deux chapitres ont été consacrés à cette partie.
Dans le premier, nous avons réalisé une étude de
perception populaire sur la défense populaire. L'objectif étant
de vouloir évaluer le niveau de perception des populations sur la
défense populaire ainsi que sa contribution aux ODD. Ce chapitre s'est
donc beaucoup plus focalisé sur le cadre méthodologique, la
description, la présentation et l'interprétation des
résultats obtenus dans cette étude. Le dernier chapitre a
été constitué de restitutions et propositions. Une
étude de l'interaction entre la défense populaire et ODD a
été faite de manière approfondie en ressortant leurs
points communs et leurs aspects divergents tant au plan théorique que
pratique. Dans ce même chapitre, nous avons également ressorti les
enjeux d'une mobilisation du lien armée-nation ainsi que des pistes de
réflexions en vue d'une mobilisation de la défense populaire pour
l'atteinte des Objectifs de Développement Durable au Cameroun.
En définitive, notre thème traitait de la
problématique du la contribution du lien armée nation à
l'atteinte des Objectifs de développement Durable. Il était
principalement question de démontrer pour quelle raison et de quelle
manière le lien armée-nation devrait et pourrait contribuer
à l'atteinte des ODD. Toutes nos analyses et recherches obtenues nous
ont permis d'arriver aux constats suivants :
- 103 -
Le lien Armée-nation au Cameroun est
matérialisé par le concept de défense populaire. Le choix
de cette matérialisation ne s'est pas fait au hasard mais il a
été la résultante de divers facteurs d'ordres politiques,
géographiques, économiques et culturels. La défense
populaire camerounaise a des sources juridiques, partant de la constitution
jusqu'aux lois. Elle a su se mobiliser en contexte de crise. Et surtout, elle
repose sur la mobilisation de tous les acteurs de la société.
Deuxièmement, les ODD qui sont avant tout une politique
internationale sont bien ancrés au Cameroun et sont coordonnés
principalement par le ministère de l'Économie, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire. Les MINEPAT est
épaulé par une multitude d'autres acteurs tels que l'Association
Camerounaise pour les Nations Unies. Mais surtout, les ODD reposent sur la
mobilisation entière des acteurs de la société.
Troisièmement, la défense populaire n'est pas un
concept connu de tous. Ainsi, la moitié de la population
enquêtée a avoué n'avoir qu'une faible connaissance du
concept. De plus, la relation armée-nation n'est pas perçue comme
effective, fluide par la majorité de personnes, même si la
plupart, sinon la totalité des gens conçoivent les militaires
comme nécessaires sinon indispensables, même en temps de paix. Et
surtout nous avons trouvé que la majorité des personnes
enquêtées sont pour une mobilisation de la défense
populaire vers l'atteinte des ODD.
Le dernier constat est que le concept de défense
populaire et les ODD présentent des aspects convergents (tels que les
mobilisations de tous les acteurs de la société, les mêmes
buts, l'affrontement de mêmes défis) mais aussi des aspects
divergents (la portée, la schématisation). Néanmoins, il
existe des enjeux (sécurité, environnement, pourcentage
alloué à la défense, exemple de système sociale de
la défense) qui devraient conduire à une mobilisation de la
défense populaire à l'atteinte des ODD. Pour se faire, il
faudrait une prise de conscience préalable ainsi que l'adoption de
lignes directrices tant au plan théorique que pratique.
BIBLIOGRAPHIE
XIII
I- OUVRAGES
A- OUVRAGES GÉNÉRAUX
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paris, économisa, 1991. -Rapport de l'Examen national volontaire de mise
en oeuvre des ODD Cameroun, 2021
IV- TRAVAUX UNIVERSITAIRES
Thèses
-FOUDA (J) La politique de défense du Cameroun :
permanences et perspectives, République populaire de chine, 2013
-MASSINGA (E.C) Les forces armées camerounaises face
aux nouvelles formes de menaces à la sécurité ; d'une
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Université de Yaoundé II, doctorat Ph.D en Sciences
Politiques, 2011
V- PÉRIODIQUES
-Cameroun Tribune de 03/02/2014
-journal quotidien Le Jour, numéro 1865 du 05/02/2015
VI- XVII
TEXTES OFFICIELS
- Constitution du Cameroun
- Décret n° 2008/220 du 04 juillet 2008
- Instruction présidentielle n°3/CAB/PRU du 19 mars
1975
- Les 21 textes du PRC du Décret n° 2001/177 du 25
Juillet 2001 portant organisation
du Ministère de la Défense
- Loi numéro 67/LF/9 et l'instruction
n°03/CAB/PRU
- Loi numéro 96/06 du 02 juin 1972, modifiée et
complétée par la moi n° 2008/001 du 14 avril 2008 page 3.
- Loi numéro 2002/005 du 2/12/2002 modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi numéro 73/1 du
08/06/1973
- Loi numéro 2007/003 du 13/07/2007 instituant le Service
Civique National de Participation au Développement (SCNPD)
- Organisation des Nations Unies, Charte des Nations Unies
VII- RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES
- Déclaration de S.E.M. Paul Biya, 72eme Session de
l'Assemblée Générale des Nations
Unies, New York, 22/09/2017
- Document de la SND30
- Document Stratégique pour la Réduction de la
pauvreté
- Document stratégique pour la croissance et l'emploi
- Discours de S.E.M Paul Biya à la nation 31/12/2022.
- Discours du Dr Paul FOKAM aux PKFOKAM awards, 2015
- La patrie d'abord, film réalisé par Thierry
NTAMACK, 2016
- Livre d'or de l'armée camerounaise
- le livre blanc de la défense, de Léotard
François
- MULLER JP, GAVAUD M, Carte Pédologique du Cameroun
1979
- Plan cadre de coopération des Nations Unies pour le
développement du Cameroun 2022-
2026, publié le 16/09/2021
- Politiques de défense sociale et planification du
développement », Quatrième congrès
des nations unies pour la prévention du crime et le
traitement des délinquants,
- Pr ABANEENGOLO Patrick Edgard, Cours de droit constitutionnel
licence 2 Paix et
Développement, UPAC 2020.
XVIII
- Pr MANDJEM Yves, Cours de résolution pacifique des
conflits en Afrique, outils et
instruments IRIC 2021.
- Pr NGWANZA Stéphane, Cours sur les Enjeux
Stratégiques de l'Afrique
Contemporaine, IRIC 2021
- Robert MCNAMARA, Address to the board of Directors, Nairobi,
1973
- Vision 2035, République du Cameroun
- World Defense Almanac, Military Technology, 1987, vol XII,
issue no 1, 1988
VIII- WEBOGRAPHIE
-
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/
-
https://www.lhl-databases.icrc.org
- https:/
www.cnrtl.fr
- https:/
dictionnaire.reverso.net
- https:/
doi.org /10.4000/conflits.1526
- https : //
prc.cm
- https : //carin.info
-
https://scholar.google.fr
-
minepat.gov.cm
- site https:/
banquemondiale.org
ANNEXES
XIX
XX
ANNEXE 1 :
QUESTIONNAIRE DE PERCEPTION
Par NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL
Master II, Coopération Internationale, Action Humanitaire
et Développement Durable.
Institut des Relations Internationales du Cameroun.
THÈME: LA CONTRIBUTION DU LIEN
ARMÉE-NATION DE A L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT
DURABLE : CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN
Ce questionnaire porte sur le niveau de connaissance de la
défense populaire ainsi que de son rôle dans l'atteinte des ODD.
Nous vous prions de bien vouloir répondre de manière objective
car la qualité scientifique en dépend. Nous précisons a
cet effet que toutes les informations relatives à votre identité
personnelle resterons strictement confidentielles.
Veuillez cocher la réponse qui correspond à votre
cas.
A- IDENTIFICATION DU SUJET
1. Sexe ; Masculin n Féminin n
2. Age; = 17 ans n 18-25ans n 26-34ans n 35-43ans n 44-52ans n
53-60ans n
3. 60ans n
4. Catégorie socio-professionnelle
Élève n étudiant n Chômeur n
Entrepreneur / Homme d'affaires n
Enseignant n Commerçant n Militaire n Transporteur n
Agent de l'état n Employé
privé n Personnel de santé n Cultivateur,
planteur, éleveur n Autre n
5. Langue parlée: Français uniquement n Anglais
uniquement n Français et anglais n Aucune
n
6. Niveau d'études : Primaire n BEPC/GCE O ou
équivalent n Baccalauréat/GCE A ou
équivalent n BTS n Licence n Master n Doctorat n Autre
n
B-QUESTIONNAIRE DE MESURE
1. Avez-vous déjà entendu parler du concept de
défense populaire? Si oui, passez à la question 2, si non
passez directement à la question 5
2. De quelle manière avez-vous entendu parler de
défense populaire? TV/radio n livres/ journaux n cours n conversations n
internet n autre n
3. A quel niveau connaissez-vous la défense populaire?
(Faible maitrise) 1n 2 n 3n 4 n 5 n (Parfaite maitrise)
4.
XXI
Avez-vous déjà participé à un effort
de la défense populaire? Oui n Non n
5. Savez vous que la loi prévoit la participation des
populations civils à la defense?
Oui n Non n
6. A quel niveau vous sentez-vous impliqué dans la
défense?
(Faible implication) 1 n 2n 3 n 4n 5 n (Forte implication)
7. Comment vous sentez-vous lorsque vous entendez le mot
défense ou lorsque vous êtes en présence d'un militaire?
Indifférence n Panique n confiance n crainte n pas de
réponse n
8. Avez-vous déjà participé à une
activité regroupant civils et militaires Oui n Non n
9. A quel niveau percevez-vous l'effectivité de la
relation entre les populations et les militaires?
(Pas effective) 1n 2 n 3 n 4 n 5 n (Très effective)
10. Comment percevez-vous les militaires en temps de paix?
Inutile n nécessaires n Indispensables n pas de
réponse n
11. A quel niveau pensez-vous que l'armée participe au
développement?
(Faible participation) 1 n 2 n 3n 4n 5n (Forte participation)
12. Pensez-vous que le lien armée et nation devrait
servir au développement? Oui n Non n
13. Comment souhaiterez-vous que les efforts conjoints de
l'armée et les populations servent à atteindre le
développement?
14. Si vous avez des contributions concernant la
thématique, merci de nous les donner.
Merci pour votre collaboration !
XXII
ANNEXE 2 :
GUIDE D'ENTRETIEN
Par NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL
Master II, Coopération Internationale, Action Humanitaire
et Développement Durable. Institut des Relations Internationales du
Cameroun. THÈME: LA CONTRIBUTION DU LIEN ARMÉE-NATION A
L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS UN PAYS AFRICAIN
: CAS DE LA DÉFENSE POPULAIRE AU CAMEROUN
1- Introduction
Dans le cadre de la réalisation d'un mémoire de
fin d'études, ce travail traite de la problématique de la
défense populaire à l'atteinte des Objectifs de
Développement Durable (ODD). Favorisant l'approche qualitative, cet
entretien sera semi-directif et à questions ouvertes et réponses
libres. Dans cet exercice, il vous sera posé quelques questions et vous
aurez la liberté d'exprimer votre point de vue.
Ce travail se veut de recueillir votre perception du lien
armée-nation au Cameroun, Sa pertinence, son actualité dans le
contexte actuel, et son apport à d'atteinte des Objectifs de
Développement Durable. Votre avis sera d'une grande importance car vous
êtes une personne ressource pour la réalisation de cette
étude. Bien entendu, vos réponses seront utilisées
essentiellement à des fins scientifiques.
Cette étude se déroulera en deux temps. Nous
allons commencer par vous faire un débriefing sur la thématique
et ensuite on procédera à l'entretien proprement dit.
2. Coordonnées de l'interviewé
Nom: Fonction:
3. Questions
1- Que pensez-vous du lien armée-nation au Cameroun?
2-
XXIII
Que pensez-vous du lien armée-nation au regard de notre
contexte sociopolitique actuel?
3- Comment optimiser le lien armée-nation pour assurer la
paix au Cameroun?
4- Que pensez-vous de l'apport du lien armée-nation
à l'atteinte des Objectifs de Développement Durable ?
5- Si vous avez des contributions sur la thématique,
merci de nous les donner.
Date de l'interview :
Signature de l'interviewé
XXIV
ANNEXE 3 : Photo avec le SCEGRI, Colonel EKWAINGEN
Michael
XXV
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE II
AVERTISSEMENT III
DÉDICACE IV
REMERCIEMENTS V
SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES IX
LISTE DES ANNEXES X
RÉSUMÉ XI
ABSTRACT XII
INTRODUCTION GÉNÉRALE - 1 -
I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION - 2 -
II. DÉLIMITATION DU SUJET - 5 -
III. CLARIFICATION DES CONCEPTS CLÉS - 7 -
IV. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE - 12 -
A.REVUE DE LA LITTÉRATURE - 12 -
B.LES QUESTIONS DE RECHERCHE - 18 -
1.)COMMENT UTILISER LA DEFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE POUR
ATTEINDRE LE
DEVELOPPEMENT DURABLE? - 19 -
V. HYPOTHÈSES - 19 -
HYPOTHÈSE CENTRALE - 19 -
1.)LA REDYNAMISATION THEORIQUE ET PRATIQUE DE LA DEFENSE
POPULAIRE
CAMEROUNAISE POURRAIT CONDUIRE AU DEVELOPPEMENT DURABLE.
- 19 -
VI. CADRE THÉORIQUE - 19 -
VII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE - 24
- PREMIÈRE PARTIE : LA MATÉRIALISATION DU LIEN
ARMÉE-NATION AU CAMEROUN ET LA
PLACE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE - 27
-
CHAPITRE I : MATÉRIALISATION DU LIEN
ARMÉE-NATION AU CAMEROUN : LA DÉFENSE
POPULAIRE - 29 -
SECTION I : UNE POLITIQUE DE DÉFENSEBASÉE SUR LA
DÉFENSE POPULAIRE - 30 -
PARAGRAPHE 1 : MODE DE PLANIFICATION DE LA DEFENSE POPULAIRE
- 30 -
A. Les Facteurs déterminant l'adoption de la
défense populaire - 30 -
1. Les Facteur Politiques et Géographiques - 30 -
2. Les Facteurs économiques et culturels - 31 -
B. Les Sources Juridiques de la défense populaire - 33
-
1. La Constitution - 33 -
2. La loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation de
la défense - 33 -
3. L'instruction présidentielle n° 16/CAB/PRU du 1er
septembre 1972 - 34 -
Paragraphe 2 : Les Institutionsresponsables de la défense
populaire camerounaise - 34 -
A. Les organes en charge des pouvoirs de conception, de
direction et les structures
gouvernementales - 35 -
1. Le Président de la République (PR) - 35 -
XXVI
2. Le Gouvernement
|
- 35 -
|
B.LES DEPARTEMENTS MINISTERIELS ECONOMIQUES;
|
- 36 -
|
C.LES DEPARTEMENTS MINISTERIELS SOCIAUX
|
- 36 -
|
B. Les structures déconcentrées et les
élites
|
- 37 -
|
1. Les chefs des circonscriptions administratives et militaires
|
- 37 -
|
2. Les élites
|
- 37 -
|
SECTION II: MANIFESTATION DU LIEN ARMÉE-NATION AU
CAMEROUN
|
- 37 -
|
Paragraphe 1 : Mise à l'épreuve du lien
armée nation au Cameroun dans contexte de crise : Cas
des incursions de la secte Boko-Haram (BH)
|
- 38 -
|
A. Un aperçu de la crise
|
- 38 -
|
1. Nature, acteurs et manifestation du conflit
|
- 38 -
|
2. Intérêts et Conséquences
|
- 39 -
|
B. Les efforts consentis par la défense populaire
|
- 40 -
|
1. 1. Les Forces de Défense et le gouvernement
Camerounais
|
- 40 -
|
2. Les populations locales, les médias et les
entreprises
|
- 41 -
|
|
3. Les groupes religieux
|
- 42 -
|
Paragraphe 2 : Défis et Perspectives
|
- 42 -
|
A. Les Facteurs théoriques
|
- 42 -
|
1. La vétusté de son élaboration
|
- 42 -
|
2. Le rôle non défini de certains
départements ministériels
|
- 43 -
|
3. Perception de la défense par la société
|
- 43 -
|
B. Les Facteurs pratiques
|
- 44 -
|
1. La composante humaine du Cameroun
|
- 45 -
|
2. L'actualité des menaces
|
- 45 -
|
3. La condition morale des Camerounais
|
- 46 -
|
|
CHAPITRE 2 : LA PLACE DES OBJECTIFS DE
DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
|
- 47 -
|
SECTION I : L'ÉMERGENCE DES ODD EN AFRIQUE
|
- 47 -
|
Paragraphe 1 : Les Objectifs de Développement Durable
|
- 48 -
|
A. Illustration des 17 Objectifs du Développement Durable
|
- 48 -
|
Source : Organisation des Nations Unies
|
- 48 -
|
B. Explication des ODD
|
- 49 -
|
Paragraphe 2 : L'émergence des Objectifs de
Développement Durable en Afrique
|
- 52 -
|
A. Des stratégies de développement en Afrique
|
- 53 -
|
1. Ujama'aet la théorie satisfaction des besoins
fondamentaux
|
- 53 -
|
2. Les approches ONG et développement local et celles de
la Démocratisation, droit de
l'homme et développement participatif - 54 -
|
3. Les stratégies de la Démographie, genre et
développement et les OMD
|
- 54 -
|
|
B. Innovation des ODD face aux précédentes
stratégies
|
- 55 -
|
1. La planification temporelle et la structuration pointilleuse
|
- 55 -
|
2. La complémentarité écologique et
l'universalité
|
- 55 -
|
3. L'étude statistique et la distinction des objectifs
|
- 56 -
|
SECTION II : MISE EN OEUVRE DES ODD AU CAMEROUN
|
- 56 -
|
Paragraphe 1 : Les acteurs de la mise en oeuvre des ODD au
Cameroun
|
- 56 -
|
A. Les Acteurs Institutionnels
|
- 57 -
|
1. Le Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies
au Cameroun
|
- 57 -
|
2. Le Responsable gouvernemental : Le Ministère de
l'Économie, de la Planification et
|
de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT)
|
- 58 -
|
B. Les autres Acteurs Nationaux
|
- 59 -
|
1. La Société Civile
|
- 59 -
|
A.L'ASSOCIATION CAMEROUNAISE POUR LES NATIONS UNIES (ACNU)
|
- 59 -
|
B.LES AUTRES ASSOCIATIONS
|
- 60 -
|
2. Le secteur Privé
|
- 61 -
|
Paragraphe 2 : Défis et recommandations pour l'atteinte
des objectifs du développement
- - - - - - - -
Durable au Cameroun
|
- 62
|
A. Les défis théoriques
|
- 63
|
1. La généralisation des objectifs vs la
singularisation des territoires
|
- 63
|
2. L'élément culturel et le caractère
irréaliste de certains ODD
|
- 63
|
B. Les défis pratiques
|
- 64
|
1. L'instabilité sociopolitique
|
- 64
|
2. La pandémie de la Corona virus (COVID-19)
|
- 64
|
CONCLUSION PARTIELLE
|
- 65
|
DEUXIÈME PARTIE : LA NÉCESSITE
D'INTÉGRER LA DÉFENSE POPULAIRE A L'ATTEINTE DES
ODD - 66 -
CHAPITRE 3 : DE LA PERCEPTION SOCIALE DE LA
DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE VERS SA
MOBILISATION AUX ODD - 67 -
SECTION I : CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET MATÉRIEL -
68 -
Paragraphe 1 : L'environnement - 68 -
|
A. Cadre, population et période
|
- 68 -
|
1. Cadre
|
- 68 -
|
2. Population et période
|
- 69 -
|
A. POPULATION
|
- 69 -
|
B .PERIODE
|
- 69 -
|
B.Technique d'échantillonnage
|
- 69 -
|
1.Répartition en fonction de sexe et de l'âge
|
- 70 -
|
A.REPARTITION EN FONCTION DU SEXE
|
- 70 -
|
B.REPARTITION EN FONCTION DE L'AGE
|
- 70 -
|
2.Répartition en fonction de la profession, du niveau
d'études et de la langue parlée- 71 -
A.REPARTITION SOCIOPROFESSIONNELLE
|
- 71 -
|
B.REPARTITION EN FONCTION DU NIVEAU D'ETUDES
|
- 72 -
|
C.REPARTITION EN FONCTION DE LA LANGUE PARLEE
|
- 72 -
|
Paragraphe 2 : Matériel, procédure de collecte et
traitement de données
|
- 73 -
|
A. La recherche documentaire, l'observation et les entretiens,
Mode d'administration de
questionnaire
|
- 73 -
|
1. La recherche documentaire
|
- 73 -
|
2. L'observation et les entretiens,
|
- 73 -
|
3. Mode d'administration de questionnaire
|
- 74 -
|
B. Le traitement de données et les difficultés
rencontrées
|
- 74 -
|
1. Traitement
|
- 74 -
|
2. Difficultés rencontrées
|
- 74 -
|
SECTION II : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS
|
- 75 -
|
|
XXVII
|
Paragraphe 1 : Connaissances générales
|
- 75 -
|
A. Connaissance du concept de défense populaire
|
- 75 -
|
1. Connaissance du concept de défense populaire
|
- 75 -
|
2. Moyen de connaissance du concept de défense
|
- 76 -
|
3.NIVEAU DE MAITRISE DU CONCEPT DE DEFENSE POPULAIRE
|
- 77 -
|
B. De la perception sociale de l'armée
|
- 77 -
|
1. Connaissance du fait de la participation des civils à
la défense
|
- 77 -
|
2. Niveau d'intérêt à la défense
|
- 78 -
|
3. Sentiment en présence d'un militaire
|
- 78 -
|
Paragraphe 2 : La relation armée-nation (armée
population) et la problématique des Objectifs
- - - - - - - -
CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE D'UNE ALLIANCE ENTRE
DÉFENSE POPULAIRE ET DÉVELOPPEMENT
de Développement Durable.
|
- 79
|
A.
|
|
La relation armée-nation
|
- 79
|
|
1.
|
Participation à une activité regroupant civils et
militaires
|
- 79
|
|
2.
|
Perception de l'effectivité de la relation
armée-population
|
- 80
|
B.
|
|
Vers la problématique des Objectifs du
Développement Durable
|
- 80
|
|
1.
|
Perception des militaires en temps de paix
|
- 80
|
|
2.
|
Participation de l'armée au ODD
|
- 81
|
|
3.
|
Opinion sur l'orientation du lien armée-nation à
l'atteinte des ODD
|
- 81
|
XXVIII
DURABLE - 83 -
SECTION I : L'INTERACTION ENTRE LE CONCEPT DE DÉFENSE
POPULAIRE CAMEROUNAISE ET LES
ODD - 83 -
Paragraphe I : Les points communs entre la défense
populaire camerounaise et les ODD - 83 -
A. Les similitudes au plan théorique - 84 -
|
1. La lutte contre les fléaux au développement
|
- 84 -
|
2. L'aspect sécuritaire
|
- 84 -
|
3. Autres similitudes théoriques
|
- 85 -
|
B. Les points communs au plan pratique
|
- 86 -
|
1. La mobilisation entière de la société
|
- 86 -
|
2. La présence des mêmes acteurs
|
- 87 -
|
|
3. Les mêmes défis
|
- 88 -
|
Paragraphe 2 : L'existence de quelques points de divergence
|
- 89 -
|
A. Les divergences Théoriques
|
- 89 -
|
1. Le champ de discipline
|
- 89 -
|
2. Une différence dans leurs socles théoriques
|
- 90 -
|
B. Les divergences pratiques
|
- 90 -
|
1. La nature des rapports entre les différents acteurs
|
- 90 -
|
2. Une différence dans le mode de planification
|
- 91 -
|
SECTION II : LA NÉCESSITÉ DE MOBILISER LA
DÉFENSE POPULAIRE CAMEROUNAISE AUX ODD- 92
Paragraphe 1 : Les facteurs d'une mobilisation de la
défense populaire camerounaise pour
- - -
2.La non-perception de la défense comme un acteur
participatif au développement - 93 -
-
l'atteinte des ODD
|
- 92
|
A. Les Facteurs théoriques
|
- 92
|
1.Le pourcentage du budget alloué au secteur de la
défense
|
- 93
|
XXIX
B. Les Facteurs pratiques - 94 -
1. La défense comme un bon modèle de
système social et la citoyenneté militaire - 94 -
2. L'analogie entre développement et taux d'infractions -
94 -
3. Le facteur de cohésion civilo-militaire en temps de
paix - 95 - Paragraphe 2 : Axes de réflexion en vue d'une
mobilisation de la défense populaire
camerounaise vers l'atteinte des ODD. - 95 -
A. Au plan théorique - 96 -
1. Actualiser le cadre juridique de la défense populaire
- 96 -
2. Connaitre et faire connaitre la défense populaire
ainsi que ses enjeux - 97 -
B. Au plan pratique - 97 -
1. Revigorer la relation entre les militaires et les civils - 97
-
2. Raviver le rôle des élites - 98 -
3. Une distribution méthodique des taches dans le domaine
des ODD - 99 -
CONCLUSION PARTIELLE - 100 -
CONCLUSION GÉNÉRALE - 101 -
BIBLIOGRAPHIE XIII
ANNEXES XIX
TABLE DES MATIÈRES XXV
UNIVERSITÉ DE YAOUNDE II THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II
- 1 -
Project-Work
RAPPORT DE STAGE ACADÉMIQUE EFFECTUÉ AU
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DU CAMEROUN
Rédigé par:
NKO'O NKO'O PRINCY SAMUEL
Sous l'Encadrement de :
Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA SOULEMANOU
Chef Division Afrique à la Sous-Chefferie Études
Générales et Relations Internationales de l'État-major des
Armées
Sous la supervision de :
Colonel EKWAINGEN MICHAEL
Sous-chef Études Générales et Relations
Internationales de l'État-major des Armées
- 2 -
SOMMAIRE
DÉDICACE - 3 -
REMERCIEMENTS - 4 -
SIGLES ET ABRÉVIATIONS - 5 -
AVANT PROPOS - 6 -
RÉSUME - 7 -
ABSTRACT - 8 -
INTRODUCTION GÉNÉRALE - 9 -
CHAPITRE I : DESCRIPTION DU CADRE - 11 -
SECTION I : LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
DU CAMEROUN - 11 -
Paragraphe 1 : Description
géographique - 11 -
Paragraphe 2 : Présentation
Institutionnelle - 11 -
SECTION II : L'ÉTAT MAJOR DES
ARMÉES - 12 -
Paragraphe 1 : Présentation de L'État
major des Armées - 12 -
Paragraphe 2 : La Sous-Chefferie Études
Générales et Relations Internationales - 13 -
CHAPITRE II : EXPÉRIENCE OBTENUE AU COURS DU STAGE
- 14 -
SECTION I : IMPRÉGNATIONS ET DÉCOUVERTES -
14 -
Paragraphe 1 : Découvertes
Théoriques - 14 -
Paragraphe 2 : Imprégnations
pratiques - 16 -
SECTION II : DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ET
PROPOSITIONS - 16 -
Paragraphe 1 : Difficultés
rencontrées - 16 -
Paragraphe 2 : Suggestions - 17 -
CONCLUSION - 19 -
ANNEXES - 21 -
ANNEXE A : Photo avec le Sous-Chef EGRI, Colonel
EKWAINGEN Michael - 21 -
ANNEXE B : Photo avec le Chef DIAF, Lieutenant-Colonel
MBOUMOH NJOYA - 22 -
3.
4.
5.
DÉDICACE
- 3 -
Au Peuple Camerounais
- 4 -
REMERCIEMENTS
J'exprime mon immense gratitude à Monsieur le Ministre
Délégué à la Présidence chargé de la
Défense, Monsieur BETI ASSOMO Joseph de m'avoir
autorisé à effectuer mon stage au sein son département
ministériel dans de bonnes conditions.
Mes remerciements vont également à l'endroit du
Général de Corps d'Armée Chef d'État-major des
Armées, le Général René Claude
MEKA.
Je n'oublie pas le reste du personnel du Ministère de
la Défense et particulièrement celui de la Sous-Chefferie
Études Générales et des Relations Internationales pour
l'accueil chaleureux et les conseils qui m'ont permis d'effectuer mon stage
dans une atmosphère sereine.
Des remerciements particuliers :
- Au Colonel EKWENGAIN Michael, Sous-chef
Études Générales et Relations Internationales
- Au Colonel ABANE MBOM Jean-Philippe, chef Division Afrique
sortant
- Au Lieutenant-Colonel MBOUMOH NJOYA
SOULEMANOU, Chef Division Afrique entrant
- Au Colonel ESSOME MBENDA pour ses
précieux conseils
- À Tous les enseignants de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun en général et du Master CA2D en
particulier pour l'encadrement et les connaissances mises à la
disposition des étudiants ;
- À tous ceux que j'ai oubliés de citer, mais
qui ont contribué de manière directe ou indirecte à la
rédaction de ce rapport.
- 5 -
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
BATCAM : Bataillon Camerounais
CA2D : Coopération Internationale, Action Humanitaire
et Développement Durable
CEMA : Chef d'État-Major des Armées
DIAF : Division Afrique
DSCE : Document Stratégique pour la Croissance et
l'Emploi
DRM : Division Reste du monde
EGRI : Études Générales et Relations
Internationales
EMA : État-Major des Armées
IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun
MINDEF : Ministère de la Défense
MINREX : Ministère des Relations Extérieures
ODD : Objectifs du développement Durable
OMD : Objectifs du millénaire pour le
développement
OMP : Opérations de Maintien de la paix
ONU : Organisation des Nations Unies
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RCA : République Centrafricaine
SCEGRI : Sous-chef Études Générales et
Relations Internationales
SCO : Sous-Chefferie Opérations
SCP : Sous-Chefferie Plans
SND : Stratégie Nationale pour le
développement
- 6 -
AVANT PROPOS
En 2021, L'institut des Relations Internationales du Cameroun
fête ses 50 ans. En effet, elle a été créé en
1971 par le décret numéro 71/DF/195/BIS du 24 avril 1971.
L'IRIC est un Établissement professionnel d'enseignement
supérieur sous tutelle de l'université de Yaoundé II. Il
est dirigé par un comité directeur dont la présidence est
assurée par le Ministère des Relations Extérieures.
L'institut est en effet l'image de la diplomatie camerounaise
et offre des formations uniquement au cycle master. Les filières
ouvertes sont : Diplomatie, Banque Monnaie et Finances Internationales,
Marketing International, Contentieux International, Communication et Action
Publique Internationales, Intégration Régionale et Management des
Institutions Communautaires, Francophonie, Mondialisation et Coopération
Internationale Action Humanitaire et Développement Durable. Elle forme
également en stage diplomatique et protocolaire.
La formation à l'IRIC vise une optimisation du
marché de l'emploi. Cependant cette formation s'accompagne de stages
académiques avec pour but de permettre aux étudiants de pratiquer
et d'apprécier la qualité des enseignements mais également
de s'imprégner du monde professionnel dans les domaines ou les
étudiants voudront exercer.
C'est dans ce cadre que nous avons effectué notre stage
académique au Ministère de la Défense du Cameroun durant
la période allant du 06 septembre au 05 Octobre 2021.
- 7 -
RÉSUME
Ce document fait un rapport des activités menées
et des connaissances acquises durant le stage au MINDEF et plus
précisément à la Sous-Chefferie des Études
Générales et Relations Internationales du 06 septembre au 05
octobre 2021. Le cadre empirique de ce rapport repose sur deux principaux axes.
Nous allons préalablement restituer de cadre d'exercice du stage.
Ensuite seront présentées les expériences professionnelles
acquises sur le plan théorique et pratique.
- 8 -
ABSTRACT
This document reports on the activities and the knowledge
acquired during the academic internship at the Ministry of Defense at the Under
Chiefdom of General Studies and International Relations during the period
lasting from 06 September to 05 October 2021. The empirical interest of this
report lays on two principal axes. We will start by describing the environment.
Then, we will also present the skills acquired both theoretically and
practically.
- 9 -
INTRODUCTION GÉNÉRALE
- 10 -
Les attentats du 11 septembre 2001 aux États Unis
d'Amérique marquent un tournant décisif dans l'évolution
des concepts de Paix et Sécurité. En effet, les États vont
prendre conscience que l'inexistence ou la baisse des guerres au sens classique
du terme, n'était pas forcément synonyme de paix. D'autres
menaces dites protéiformes constituent désormais des sources
crédibles d'instabilité et de sous-développement des
États, d'où la nécessité de faire évoluer le
rôle et les missions des Armées Nationales. Au plan
théorique, nombreux auteurs ont soutenue changement de paradigmes dans
le rôle des forces de défenses. C'est ce constat qui nous a
conduit à la problématique de notre rapport qui traite de la
contribution des Forces Armées Camerounaises dans un monde en pleine
mutation et face aux nouveaux enjeux mondiaux tels que le développement.
Au-delà de ses missions régaliennes de défense des
intérêts et de sauvegarde de l'intégrité du
territoire, nous nous appliquerons à déceler quel rôle joue
les forces armées dans le processus de développement. Le stage
effectué au MINDEF s'inscrit donc en bonne place dans ce contexte.
- 11 -
CHAPITRE I : DESCRIPTION DU CADRE
L'organisation et le fonctionnement du MINDEF sont
encadrés par divers décrets donc les plus récents
trivialement connus sous l'appellation des « 21 décrets ».
Dans ce chapitre seront clairement vu les rôles et les missions à
la fois du ministère en général (I) et de l'EMA(II).
SECTION I : LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
DU CAMEROUN
Paragraphe 1 : Description géographique
Le MINDEF du Cameroun est situé à Yaoundé
au quartier Ngoa-Ekelle, plus précisément sur le plateau
Atemengue, près du Quartier Général. Il occupe le
côté droit de la rue allant du Monument de la Réunification
jusqu'à la voirie municipale. Quelques édifices à
proximité sont ; le Monument de la Réunification, l'Ambassade de
la France au Cameroun, l'Hôpital Militaire, le Mess des Officiers.
L'accès au ministère s'effectue plus haut,
à l'ouverture tout près du monument de la réunification et
la sortie s'effectue plus bas à l'ouverte situé à
côté du Mess. Le ministère compte également une
entrée réservée exclusivement au ministre.
L'intérieur du ministère est structuré
selon un plan en domino organisé autour d'une route principale avec des
routes secondaires à gauche et à droite menant à des
bâtiments abritant divers directions du ministère.
Paragraphe 2 : Présentation
Institutionnelle
Le Ministère de la Défense est placé sous
l'autorité d'un Ministre Délégué à la
Présidence de la République. Il est chargé de :
? l'étude des plans de défense ;
? la mise en oeuvre de la politique de défense ;
? la coordination et du contrôle des Forces de
Défense ;
? l'organisation et du fonctionnement des Juridictions
Militaires.
Il est assisté de deux Secrétaires d'État
chargés respectivement de la Gendarmerie nationale et des Anciens
Combattants et Victimes de Guerre. Les Forces de défense et de
sécurité au Cameroun sont constituées de cinq forces : la
Gendarmerie nationale, de l'Armée de terre, de l'Armée de l'air
et de la Marine nationale.
Le Ministère de la Défense comprend :
- 12 -
- une Administration centrale constitué à la
fois des services rattachés au ministre délégué
(à l'instar de ; le Secrétariat particulier du
Ministre ; le Secrétariat militaire ; la Réserve
ministérielle ; l'Administration centrale de la Gendarmerie ; les
états-majors; le Contrôle général des Forces
Armées ; l'Inspection générale des armées ; le
Conseiller logistique ; les Conseillers techniques ; les Attachés de
défense ; la Division de la coopération militaire ; la Division
de la sécurité militaire ;la Division de la communication ; la
Direction centrale des productions militaires, des ateliers industriels des
armées et de la réinsertion) des services rattachés au
Secrétariat Général a l'instar de la cellule organisation
et méthodes, la Direction des affaires administratives et
réglementaires, la Direction du budget et des équipements, la
Direction du domaine militaire et des infrastructures , la Direction des
ressources humaines, la Direction de la justice militaire, la Direction de la
santé militaire, la Direction des sports, des activités
culturelles et artistiques.
- Des services extérieurs tels que ; les commandements
territoriaux de la Gendarmerie, les commandements territoriaux des Armes,
les commandements territoriaux du Corps National de Sapeurs-Pompiers, les
juridictions militaires, les formations hospitalières militaires, les
organismes sociaux, les services et établissements militaires.
SECTION II : L'ÉTAT MAJOR DES ARMÉES
Paragraphe 1 : Présentation de L'Etat-major des
Armées
Les Forces de Défense sont dirigées par
L'État-major des Armées et respectivement par :
l'état-major de l'Armée de Terre ; l'état-major de
l'Armée de l'Air ; l'état-major de la Marine nationale. Chaque
état-major est placé sous l'autorité d'un Chef
d'état-major. Les Chefs d'état-major relèvent de
l'autorité directe du Ministre chargé de la Défense. La
Gendarmerie nationale fait l'objet d'un texte particulier.
L'État-major des Armées assure la coordination
des activités des états-majors de l'Armée de Terre, de
l'Armée de l'Air et de la Marine pour l'organisation,
l'équipement et l'entraînement des Forces. L'état-major des
Armées est placé sous l'autorité d'un Officier
Général nommé par décret du Président de la
République. Le Chef d'état-major des Armées est
assisté du Major Général de l'état-major des
Armées, chargé de la coordination des 03 sous-chefferies ; la
SCP, la SCO, et la SCEGRI dans laquelle nous avons effectué notre stage)
officier nommé par décret du Président de la
République. Les attributions du Chef d'état-major des
Armées et celles des états-majors des différentes
Armées sont fixées par des textes particuliers.
- 13 -
Paragraphe 2 : La Sous-Chefferie Études
Générales et Relations Internationales
Le « Sous-chefferie Études Générales
et Relations Internationales » est chargée des études
prospectives en matière de défense et d'emploi des Forces. Elle
suit la Coopération militaire internationale et évalue son
influence sur les Forces Armées nationales. Elle a à sa
tête un sous-chef EGRI, officier supérieur nommé par
décret.
Sont placées sous l'autorité du «Sous-chef
études générales et relations internationales» : La
Division « Afrique » ; et La Division « Reste du Monde
».
La Division Afrique est placée sous l'autorité
d'un Chef de Division, officier nommé par décret du
Président de la République ; il est assisté de
chargés d'études et de chargés d'études assistants,
officiers nommés par arrêté du Président de la
République. La Division Afrique est chargée : des études
polémologiques et stratégiques intéressant l'Afrique en
général et l'Afrique Centrale en particulier ; du suivi des
conséquences éventuelles sur la Défense Camerounaise ; de
la coopération militaire avec les États Africains.
La Division Reste du Monde est chargée : des
études polémologiques générales et
stratégiques intéressant les autres Continents et de leurs
interférences sur la politique de défense du Cameroun ; de la
coopération militaire internationale en liaison avec les services
concernés du Ministère de la Défense.
- 14 -
CHAPITRE II : EXPÉRIENCE OBTENUE AU COURS DU
STAGE
Le stage académique donne la possibilité aux
apprenants de s'imprégner de l'environnement socioprofessionnel dans
lequel ils pourraient être intégrés au terme de leurs
formations. Le nôtre s'est effectué du 06 septembre au 05 octobre
2021 au sein de la SCEGRI de l'EMA, séjour ou nous avons acquis de
nombreuses connaissances à la fois théoriques et pratiques
(SECTION I), mais cela ne s'est pas fait sans difficulté (SECTION
II).
SECTION I : IMPRÉGNATIONS ET
DÉCOUVERTES
Paragraphe 1 : Découvertes
Théoriques
1. Les différents grades de
l'armée
Au plan théorique, nous avons appris à
distinguer les différents gardes de l'Armée ainsi qu'en quoi
consiste la professionnalisation de l'Armée Camerounaise. La
hiérarchie militaire est contenue dans le titre III du Règlement
de Discipline Générale dans les forces de défense de
défense, celui-ci précise les grades et les appellations. Ceci
pourrait être vu dans le tableau suivant ;
GENDARMERIE
|
ARMÉE DE
|
ARMÉE DE
|
MARINE
|
|
TERRE
|
L'AIR
|
NATIONALE
|
OFFICIERS GÉNÉRAUX
Général Corps d'Armée
Général Division
|
de
|
Général Division
|
de
|
Général Aérienne
|
de Division
|
Vice-amiral
|
Général Brigade
|
de
|
Général Brigade
|
de
|
Général Aérienne
|
de Brigade
|
Contre-amiral
|
OFFICIERS SUPÉRIEURS
Colonel
|
Colonel
|
Colonel
|
Capitaine de Vaisseau
|
Lieutenant-colonel
|
Lieutenant-colonel
|
Lieutenant-colonel
|
Capitaine de Frégate
|
Chef d'Escadron
|
Chef de Bataillon
|
Commandant
|
Capitaine de Corvette
|
- 15 -
OFFICIERS SUBALTERNES
Capitaine
|
Capitaine
|
Capitaine
|
Lieutenant de Vaisseau
|
Lieutenant
|
Lieutenant
|
Lieutenant
|
Enseigne de
Vaisseau de 1° classe
|
Sous-lieutenant
|
Sous-lieutenant
|
Sous-lieutenant
|
Enseigne de
Vaisseau de 2° classe
|
S'agissant des grades, nous avons également appris que
;
- Le titre de Maréchal de la République, les
rangs et appellations de Général d'Armée ou d'Amiral d'
Escadre et de Général de Corps d'Armée ou Vice-amiral
d'Escadre ne constituent pas des grades, mais peuvent être
décernés par le Président de la République.
- La hiérarchie militaire générale
comporte le grade d'aspirant qui se situe entre le dernier grade des
sous-officiers et celui de sous-lieutenant. Le grade d'aspirant est
assimilé à celui de sous-lieutenant en ce qui concerne le droit
au commandement, à la discipline, à la notation et l'accès
aux cercles et mess.
-Chaque grade est subdivisé en échelons. Les
grades comportent trois échelons. Toutefois, le grade de Capitaine ou
lieutenant de vaisseau comporte quatre échelons, le grade de
sous-lieutenant ou d'enseigne de vaisseau de 2ème classe
comporte un échelon, Les grades d'Officiers Généraux ne
comportent pas d'échelon.
-Les officier féminins sont appelés directement
par leurs grades sans que son énoncé ne se précède
par « ma »
2. La Professionnalisation de
l'armée
Depuis l'année 2001, l'Armée Camerounaise s'est
lancée sous l'impulsion de son chef qu'est le Président de la
République du Cameroun dans un projet de professionnalisation. Celui
porte sur le tryptique rajeunissement, formation, équipement.
Les principales réformes adoptés dans ce point sont entre autres
l'instruction des conditions d'Age dans les concours ; l'intégration de
médecins, techniciens, juristes, cuisiniers.
- 16 -
2. Activité dynamique de
l'armée
Nous avons découvert que l'armée est très
impliquée dans domaines qui constituent des enjeux majeurs pour le
Cameroun. Elle a contribué à la construction de nombreuses
infrastructures tels que ; le parcours Vita de Yaoundé. Aussi, elle
participe à travers les casques bleus de l'ONU, les casques blancs de
l'UA etc. En gros le lien Armée-Nation existe bel et bien au sein de
l'armée Camerounaise.
Paragraphe 2 : Imprégnations pratiques
Au plan pratique, ce stage nous a permis d'acquérir de
nouvelles compétences dans les forces de défense dans les OMP
ainsi que dans la gestion et le traitement de dossiers de
coopération.
1. Les OMP
Le Cameroun étant un pays de l'ONU et donc logiquement a
des casques bleus, il intervient dans des pays en crises. C'est dans le cadre
que le BATCAM intervient en RCA, intervention que nous avons aidé
à préparer.
2. Traitement des données
Nous avons participé au fonctionnement et la gestion de
la division. Nous avons travaillé à la saisie, enregistrement et
classification des dossiers (lettres, fiches, correspondances, compte rendus)
tout en respectant le devoir de réserve et la confidentialité
prescrites.
SECTION II : DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ET
PROPOSITIONS
Pendant le déroulement de notre stage nous avons
obtenues plusieurs découvertes et imprégnations mais nous avons
également fait face à quelques difficultés (A) qui nous
ont conduits à formuler quelques propositions. (B)
Paragraphe 1 : Difficultés
rencontrées
1. Le devoir de réserve et la
confidentialité
L'une des plus grandes caractéristiques de
l'Armée réside dans sa discrétion souvent qualifié
de secret professionnel, ce qui lui a value le terme de « grande muette
» Tout au long de notre stage au MINDEF, nous avons eu des
difficultés d'accès à certaines informations souvent
qualifiées de confidentielles. Les sujets étaient abordés
de manière globale et superficielle, tout ceci rendant notre recherche
difficile. Nous avons certes été grandement édifié
au MINDEF, mais nous restons curieux, ce qui nous pousse à vouloir
intégrer le corps afin de mieux performer nos études.
2. - 17 -
L'insuffisance de personnel encadrant
Compte tenu de la sensibilité et de l'importance de la
DIAF qui entre autres s'occupe de la formation et du suivi de stagiaires
étrangers, du suivi des soldats des OMP, le suivi du personnel
déployé dans le BATCAM en RCA. Les responsables très
occupés dans l'exercice de leurs fonctions ont parfois eu très
peu de temps à nous accorder dans le cadre de notre stage.
Ensuite, la particularité de notre Stage est qu'il
s'est déroulé durant la période de nominations de nouveaux
responsables. Nous avons vécu l'affectation d'un nouveau chef au sein de
la DIAF. Et le nouveau une fois venu a été confronté
à plusieurs obligations ce qui lui laissait peu de temps pour les
stagiaires. Malgré cela, il a quand même pu trouver des moments
à nous accorder dans le cadre du suivi et de la rédaction de
notre rapport.
3. L'intégration
L'Armée est un corps particulier avec des cultures,
habitudes et pratiques particulières. Compte tenu de contexte spatial de
notre stage au MINDEF, la majorité du personnel présent dans les
services était constitué de militaires et gendarmes et
considérant leur mode de vie particulier, au début nous avons
été confrontés aux défis d'insertion et
d'acclimatation. Mais progressivement, nous nous sommes adaptés.
4. L'incompréhension
L'IRIC dans le cadre de sa formation au master CA2D
professionnel, a inclus des stages académiques visant à rendre
pratique les enseignements théoriques reçu durant l'année,
d'où l'institution de stages complémentaires obligatoires. La
difficulté au MINDEF est que nous avons été traité
beaucoup plus comme des chercheurs scientifiques, plutôt que des
stagiaires ou des travailleurs d'où la présence de plus de
découvertes théoriques que pratiques. Nous aurions voulu
participer aux actions civilo-militaires, explorer les différentes
infrastructures construites par de l'armée camerounaise dans la ville et
même au-delà.
Paragraphe 2 : Suggestions
1. Une prise en compte de l'objectif du stage
Généralement, il existe deux types de stages
académiques. Le premier vise à offrir une formation pratique aux
futurs afin de faciliter leur imprégnation au monde professionnel dans
le domaine de leur choix. Le second concerne les chercheurs et vise
exclusivement la
- 18 -
consultation et le traitement des données et
d'informations. Nous suggérons alors une consultation
préliminaire des stagiaires afin de cerner l'objectif de leur stage.
2. Immersion des stagiaires
Les stagiaires admis au sein de cette sous-chefferie sont le
plus souvent des apprenants en Relations, ainsi ils peuvent apporter un plus
considérable dans l'analyse dans des faits d'actualité ou dans
l'approche de traitement de dossiers a l'instar des fiches pays.
3. Augmentation des ressources et optimisation à
l'outil informatique
Nous avons remarqué que le secrétariat du DIAF
n'avait qu'un seul ordinateur malgré le volume des taches à
mener. Nous avons également remarqué que certains documents
étaient encore traités de manière manuscrite. Nous
suggérons alors une augmentation et une vulgarisation de l'outil
informatique de nouvelle technologie au secrétariat DIAF. Nous
suggérons également la nomination de plusieurs chargées
d'étude afin d'alléger le travail.
- 19 -
CONCLUSION
Au terme de rapport qui portait sur le déroulement du
stage, dans le premier chapitre, nous avons présenté le cadre de
déroulement du stage. Nous avons d'abord présenté le
MINDEF dans sa généralité. Après avoir
présenté avec la situation géographique, il en ressort
qu'il est situé au quartier Ngoa-Ekelle. Ses principales missions sont ;
l'étude des plans de défense ; de la mise en oeuvre de la
politique de défense ; de la coordination et du contrôle des
Forces de Défense ; de l'organisation et du fonctionnement des
Juridictions Militaires. Ensuite nous avons présenté l'EMA et
plus précisément la SCEGRI, lieu d'affectation de notre stage. Il
en est ressorti que la SCEGRI est chargée des études prospectives
en matière de défense et d'emploi des Forces. Elle suit la
Coopération militaire internationale et évalue son influence sur
les Forces Armées nationales. Sont placées sous son
autorité La Division Afrique et La Division Reste du Monde.
Puis dans le deuxième chapitre nous avons relaté
les expériences obtenues. Notre expérience a été
subdivisée en deux parties ; les acquis théoriques et les
imprégnations pratiques. Force est donnée de constater quel
apport de l'armée à la société est
multidisciplinaire et s'avère même fondamental pour le
bien-être de la Nation. Les axes d'apprentissage à son sujet sont
légion et à cet effet, des efforts considérables
s'imposent pour une meilleure immersion des stagiaires dans le milieu. Un
accent doit également être mis sur l'automatisation des
tâches et l'amélioration de la fourniture en matériel
informatique pour une gestion optimale de la charge de travail.
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ANNEXES
ANNEXE A : Photo avec le Sous-Chef EGRI, Colonel
EKWAINGEN Michael
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ANNEXE B : Photo avec le Chef DIAF, Lieutenant-Colonel
MBOUMOH NJOYA
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