Note aux lecteurs : il
s'agit d'un travail personnel et il ne peut faire l'objet d'une publication en
tout ou partie sans l'accord de son auteur.
Institut de formation en soins infirmiers de
Chartres Promotion 2017-2020
UCH David
La qualité du soin
infirmier
« Guérir parfois, soulager souvent,
écouter toujours »
Louis Pasteur
1
Mémoire de fin d'études
UE 3.4 S6 Initiation à la
démarche de recherche
UE 5.6 S6 Analyse de la qualité et
traitement des données scientifiques et professionnelles
Document remis le 11 mai 2020
1 Front de Gauche IDF, rendre dignité à nos
ainés et aux personnels des EHPAD,
http://www.frontdegauche-idf.fr/rendre-dignite-a-nos-aine-e-s-aux-personnels-ehpad/
Remerciements
J'ai écrit mon mémoire à partir de mon
vécu en stage, de mon expérience de vie professionnelle et
personnelle mais aussi à partir de renconcontres enrichissantes lors des
trois années d'études à l'Institut de Formation en Soins
Infirmiers (IFSI) de Chartres. Durant cette formation, avec les formateurs et
les camarades, j'ai pu échanger, confronter mes idées avec les
uns et les autres afin de toujours cheminer vers des pensées positives.
Aussi, je me suis appuyé sur des lectures qui ont été une
grande source d'inspiration.
Riche de tous ces échanges et du retour
d'expérience de chacun, j'ai pu avancer et construire mon projet avec
justesse et impartialité.
Tout au long de mes écrits, j'ai pu solliciter l'aide
de ma formatice guidante qui m'a conseillée, soutenue,
éclairée et guidée avec objectivité. Elle s'est
toujours montrée à l'écoute et disponible à mon
égard, elle m'a épaulée et accompagnée avec une
grande sincérité.
J'ai aussi participé à des ateliers
d'écritures dispensés par notre documentaliste de l'IFSI.
Grâce à son habileté à manier les mots et à
sa vaste connaissance des livres et documents, j'ai pu avancer avec des bases
solides et travailler avec plus de sérénité.
Bien sûr, j'ai remercié directement deux
personnes que j'ai cité ci-dessus mais cependant, il est évident
que cela n'aurait pas été possible sans le soutien,
l'expérience et la bienveillance de toute l'quipe encadrante de
l'IFSI.
Pour finir, je ne peux donner une liste exhaustive, tant les
acteurs qui ont contribués à ma progession dans mon travail de
fin d'études sont nombreux et dont chacune et chacun a eu un rôle
crutial dans mes écrits mais aussi dans ma vision de travailler avec
authenticité et avec « l'esprit soignant », dans une dimension
humaine, éthique, soucieuse du respect de la personne soignée
dans sa singulatité et soucieuse de la qualité du soin
infirmier.
Merci à vous toutes et tous, patients,
infirmières, infirmiers, formateurs, cadres, directeurs, etc., de
m'avoir permis de découvrir et d'apprendre un nouveau métier qui
est celui de prendre soin et de pratiquer l'art de soigner dans une perspective
soignante.
Sommaire
Introduction 1
1 De la situation à la question de départ
2
2 Cadre théorique 6
2.1 Soins palliatifs et fin de vie 6
2.1.1 Définition 6
2.1.2 Cadre législatif 7
2.1.3 Soins palliatifs pour qui, pourquoi 7
2.1.4 Rôle infirmier 8
2.2 L'accompagnement 9
2.2.1 Notion de l'accompagnement 9
2.2.2 Accompagnement physique 9
2.2.3 Accompagnement psychologique 10
2.3 Le soin et le prendre soin 10
2.3.1 Distinction entre le soin et le prendre soin 10
2.3.2 Prendre soin plus qu'un acte, un art 12
2.3.3 Prendre soin en tant que valeur 13
2.4 La qualité du soin infirmier 14
2.4.1 Qu'est-ce la qualité du soin infirmier 14
2.4.2 Les facteurs déterminants de la qualité
16
2.4.3 La qualité du soin, une dimension éthique
20
2.4.4 Qualité et productivité 21
3 Hypothèse de recherche 24
4 Projet de recherche 25
Conclusion 27
Bibliographie 28
1
Introduction
La qualité du soin, présente au quotidien, elle
est une préoccupation de tout professionnel de santé. Que l'on
soit cadre, médecin, infirmier(e), aide-soignant(e) ou
étudiant(e), etc., celle-ci fait partie intégrante de notre
travail.
Elle nous accompagne à chaque instant dans notre
pratique soignante, quelle que soit la situation et quel que soit l'endroit
où l'on dispense les soins. Elle devrait être transposée
dans toutes circonstances afin que les professionnels que nous sommes, ayons la
conscience de faire coexister la maladie que nous traitons avec les personnes
soignées que nous prenons en soin.
Cette démarche s'inscrit naturellement dans une
volonté de se questionner et d'agir dans une perspective soignante en
quête d'un soin de qualité, cette qualité qui est
l'élément moteur de notre métier. De par mon
expérience, j'ai pu constater que la qualité du soin infirmier
que j'estime profondément, se dévalue peu à peu du fait,
des difficultés traversées par le secteur hospitalier.
C'est pourquoi, j'ai choisi d'orienter mon travail de fin
d'études sur ce sujet. Celui-ci aboutirait à un questionnement et
à une réflexion éthique des situations de soins qui
permettraient de faire évoluer et d'améliorer notre pratique
soignante.
Mon projet s'est construit à partir d'une situation qui
m'a interpelée, que j'ai vécu en stage et qui m'a conduite vers
la formulation d'une question de départ après laquelle, j'ai pu
structurer mon cadre théorique. Ensuite, au fur et à mesure de
mes recherches exploratoires, est née l'hypothèse de recherche
grâce à laquelle s'est construit mon projet de recherche.
De par mes écrits, j'ai pu souligner l'importance de la
qualité du soin qui doit nous amener à nous questionner sur notre
pratique soignante. Ils sont sincèrement objectivés et empreints
par une volonté de nous « tenir conseil » afin de
promouvoir la qualité du soin infirmier.
A savoir qu'ils ne critiquent ni ne jugent « l'esprit
soignant » que vous vous êtes, les soignants que nous sommes
dans notre singularité et dans notre pluralité. De plus, la
citation de Philippe Néricault nous rappelle que « la critique
est aisée mais l'art est difficile ».
2
1 De la situation à la question de
départ
Monsieur P est un patient de 81 ans qui vit habituellement de
manière autonome dans sa maison avec sa compagne. Il a deux enfants dont
une fille d'une trentaine d'année. Il est hospitalisé depuis
plusieurs semaines dans le service de cardiologie pour une poussée
d'insuffisance cardiaque causée par sa cardiomyopathie droite et se
manifestant par des dyspnées au moindre effort et au repos.
Monsieur P souffre physiquement et moralement. Il disait
clairement qu'il voulait mourir le plus vite possible car son corps qu'il ne
contrôle plus le faisait terriblement souffrir.
Suite à sa propre volonté de ne plus être
soigné, un STAFF pluriprofessionnel a eu lieu. Une décision
commune a été prise de mettre Monsieur P en procédure LAT
(limitation et arrêt de traitement) avec un arrêt définitif
de son pace maker.
Cela signifiait qu'il recevra désormais que des soins
palliatifs. Plus aucun traitement curatif ne sera dispensé. Cependant,
il bénéficiera bien évidement des traitements et des soins
de confort.
Cela me rappelle une citation concernant les soins palliatifs
du docteur Thérèse Vanier qui disait :
« C'est tout ce qu'il reste à faire, quand il n'y
a plus rien à faire ».
Je comprends son point de vue mais avec ma frêle
expérience d'étudiant et avec sans prétention, je
préfèrerais plutôt comprendre cette phrase dans ce
sens-là :
« Même lorsqu'il n'y a plus rien faire, c'est
là que tout reste à faire ».
Cela fait deux jours que je prends en soins Monsieur P. Je
connais sa situation et c'est pourquoi j'essaie toujours d'avoir une attention
particulière et de la bienveillance envers ce patient malgré le
peu de temps que j'ai à lui accorder lors de la tournée
infirmière.
Le lundi 16 septembre vers 16h00, la sonnette de sa chambre
retentit, n'étant pas très loin, je décide de m'y
rendre.
Lorsque je me présente devant le patient, il est assis
là, sur son fauteuil avec un regard lointain et mélancolique. Il
me dit qu'il en marre et il souhaiterait retourner dans son lit. Ne voyant
aucun inconvénient, je lui demande s'il était en mesure de se
mettre debout avec mon aide afin que nous fassions le transfert ensemble.
3
Avec un grand étonnement, je m'aperçois que cet
homme est encore capable d'effectuer certains gestes de la vie quotidienne
allant même jusqu'à réussir à se lever avec un peu
d'aide et de soutien. Quelques minutes plus tard, nous avions réussi,
Monsieur P était installé dans son lit.
Au moment où je m'apprêtai à partir, d'une
voix calme et posée, Monsieur P m'interpelle en me disant très
clairement qu'il en a assez de cette situation, il souhaitait mourir et il
fallait que je fasse quelque chose pour abréger ses souffrances.
A l'instant où il me fait part personnellement de sa
volonté, je me sentais complètement désarmé. Avec
ma frêle expérience d'étudiant infirmier, J'étais
embarrassé car je n'avais jamais rencontré une telle situation et
probablement aucun mot juste pour lui répondre.
Ce moment singulier me mettait face à un dilemme,
devais-je me hâter de lui répondre au risque d'avoir des mots
maladroits ou bien fuir au risque de ne pas lui apporter de réponse ?
Au fond de moi, j'étais convaincu que cet homme
n'était près de mourir. J'avais bien entendu sa volonté
mais je voyais de toute évidence que son corps certes, meurtri et
portant de nombreux stigmates de la maladie faisait preuve d'une grande
pugnacité et n'était pas décidé à
s'éteindre et à abandonner la vie.
Comment apporter une réponse juste pour ce patient
quand je sais que son esprit veut mourir mais que son corps tient bon et
s'accroche la vie. Cette vie que j'estime que je trouve infiniment
précieuse (jugement de valeur).
La réponse de fuite serait peut-être de lui dire
: « mais non Monsieur P, il ne faut pas dire cela, tenez bon... » au
risque de ne pas considérer cet homme dans toute sa dimension, sa
tristesse, sa souffrance et de ne pas respecter sa volonté.
Que faire à cet instant, fallait-il avoir une
réponse à donner ou avoir une réponse à penser ?
Penser cette réponse comme pour panser une blessure ou
une douleur avec toute l'équipe pluriprofessionnelle afin d'apporter non
la meilleure des réponses mais celle qui semblera la plus juste et la
plus adaptée.
Après quelques secondes de silence, mon regard
tourné vers Monsieur P trahissait certainement le fond de mes
pensées. Ce regard qui ressemblait de toute évidence à un
aveu. Cependant, j'avais décidé de ne pas répondre, j'ai
pris sa main contre la mienne et d'un sourire léger et contenu, je me
suis esquissé.
4
En sortant de cette chambre, j'étais ému. Mon
coeur battait très fort, si fort que j'avais l'impression de l'entendre.
Mes pensées allaient tout azimut car je ne savais pas s'il fallait avoir
de la pitié ou de l'empathie envers ce Monsieur. Cependant, un sentiment
très fort m'envahissait.
« Celui de la compassion, cette compassion qui permet
au soignant de partager la souffrance de l'autre, d'en porter une part de
fardeau et d'alléger celui porté par la personne que l'on a en
face de soi.
Compatir, c'est se laisser habiter par les angoisses et
les blessures de celui qui souffre, c'est être là, écouter
recevoir les cris de révolte et de douleur. Certes, la compassion est
d'une totale inefficacité technique mais elle est empreinte d'une
infinie valeur humaine. » 2
A partir de ce moment-là, j'avais bien compris que les
traitements que je dispensais à Monsieur P ne pouvaient apaiser tous ses
maux.
« Depuis toujours, l'objectif des soins a
été de soulager la personne malade : le célèbre
« guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours »
de Louis Pasteur en est une parfaite illustration. Peut-être pourrait-on
aussi ajouter à cette citation « accompagner tout le temps.
»3
Finalement, l'importance ne consiste pas seulement à
donner une réponse et des médicaments à ce patient mais il
fallait aussi privilégier des soins et une prise en soins de
qualité afin d'apporter un accompagnement singulier et
approprié.
Cet accompagnement que l'on ignore parfois mais que l'on met
en place de manière naturelle et qui fait appel à de nombreux
attributs tels que l'empathie, la compassion, le savoir-faire, le savoir
être, le respect, l'écoute et la bienveillance...
Par ailleurs, dois-je me hâter d'apporter une
réponse à Monsieur P ou dois-je porter de l'importance à
l'accompagnement ?
L'approche de la personne atteinte de maladie ou en fin de vie
ne peut pas seulement se résumer à des actions de soins ou
à apporter des réponses sans réflexions.
2 HESBEEN, W. Prendre soin à l'hôpital,
inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante. MASSON,
1997, p 100.
3 HIRSCH, Godefroy. Les soins palliatifs, une démarche
de soins et philosophie humaniste centrée sur la personne. La revue
infirmière N°139, avril 2008, p 34-36.
5
« Il est important de savoir que le verbe «
accompagner » est formé à partir du mot latin CUM qui
signifie AVEC et PANIS qui veut dire PAIN, ce qui sous-entend manger son pain
avec.
De plus, Accompagner c'est : se joindre à quelqu'un
pour aller où il va, le conduire, l'escorter, le mener, le guider.
» 4
Il est donc essentiel de se centrer sur l'accompagnement car
il est question de présence à l'autre, d'un accueil, d'une
écoute. Il est aussi question de la rencontre entre deux personnes, de
la construction d'une relation. Le respect de ce que vit l'autre, de son
cheminement, de son histoire est une des conditions de cette relation.
De même, dans l'accompagnement, il s'agit «
d'être avec » et pas « à la place de
». Pour le soignant, accompagner l'autre c'est aussi se confronter
à ses propres limites (et en particulier les limites de son savoir), au
doute, à l'incertitude.
Il est souvent déroutant pour les soignants,
d'accepter de ne pas pouvoir faire, de ne pas avoir de réponse à
tout, de se départir d'un rôle centré sur l'action pour
occuper une place d'être humain auprès de l'autre. C'est un champ
difficile, qui nécessite une posture d'humilité en matière
d'accompagnement. Il y a certes des formations, mais certainement pas de
recette miracle, car il s'agit d'oser prendre le risque de la relation avec
l'autre. Dans cette démarche d'accompagnement, face à la
mobilisation des affects, des mouvements intérieurs et des
émotions, il y a nécessité à pouvoir et à
devoir prendre du recul. » 5
Soigner sans accompagner serait peut-être comme faire un
soin sans prendre soin.
Toutes ces interrogations et réflexions m'ont permises
d'aboutir à la question départ ci-dessous :
« Dans les soins palliatifs, en quoi
l'accompagnement réalisé par l'infirmier(e), contribue-t-il au
prendre soin de la personne en fin de vie ? »
4 Site Cairn.info, les concepts en sciences
infirmières,
https://www.cairn.info/concepts-en-sciences-infirmieres-2eme-edition--9782953331134-page-42.htm
5 HIRSCH, Godefroy. Accompagner la fin de vie & principaux
repères des soins palliatifs. Études sur la mort
N°138, février 2010, p 133-144.
6
2 Cadre théorique
2.1 Soins palliatifs et fin de vie
2.1.1 Définition
Le terme palliatif selon le dictionnaire Petit Robert : «
Qui atténue les symptômes d'une maladie sans agir sur sa cause
».
Selon les concepts en sciences
infirmières, la définition donnée aux soins
palliatifs les énonce comme « un ensemble de soins apportés
à une personne en phase évolutive ou terminale d'une maladie
potentiellement mortelle. Ils visent à améliorer le confort
physique et moral du soigné.6
Selon la Loi 99-477 du 9 juin 1999 visant à
garantir le droit d'accès aux soins palliatifs, les soins
palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une
équipe interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils
visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance physique,
à sauvegarder la dignité de la personne malade et à
soutenir son entourage.7
Une définition de 1990 est donnée par
l'organisation mondiale de la santé, Les soins palliatifs sont
des soins actifs et complets donnés aux malades dont l'affection ne
répond plus au traitement curatif. La lutte contre la douleur et les
autres symptômes, ainsi que la prise en considération des
problèmes psychologiques, sociaux et spirituels sont primordiaux. Ils ne
hâtent ni ne retardent le décès. Leur but est de
préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu'à la
mort.8
A l'heure actuelle, les soins palliatifs sont clairement
définis et encadrés avec des textes de lois ainsi qu'un cadre
législatif.
6 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Les concepts en sciences
infirmières. Editions Mallet Conseil, 2009, P 210
7 Légifrance, Loi 99-477 du 9 juin 1999 visant à
garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs - article 1,
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000212121&categorieLien=id
8 Organisation mondiale de la santé, soins palliatifs,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/palliative-care
7
2.1.2 Cadre législatif
LOI n° 2016-87 du 2 février 2016 créant
de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie.
Chaque individu peut décider par lui-même
d'accepter ou non un traitement. Cependant, l'accompagnement de la personne
soignée reste de la responsabilité du médecin qui a le
devoir de considérer les volontés du soigné tout en
l'ayant au préalable renseigné sur les répercussions
liées à ses décisions.
Si, par sa volonté de refuser ou d'interrompre toute
thérapeutique, le soigné met en péril son existence, il
devra renouveler dans un délai convenable son choix. Il peut aussi
solliciter un autre membre du corps médical et cette instruction sera
mentionnée dans son dossier médical.
Le médecin a le devoir selon l'article L.
1110-10, de préserver la dignité, d'assurer la fin de
vie de la personne mourante en délivrant les soins palliatifs qui
doivent être dispensés dans la continuité et de
manière active par une équipe pluriprofessionnelle en institution
ou au domicile du patient. L'objectif est d'atténuer les souffrances
physiques et psychiques, ils visent aussi à préserver la
dignité de la personne soignée et à accompagner son
entourage familial.
2.1.3 Soins palliatifs pour qui, pourquoi
Les soins palliatifs concernent les individus atteints d'une
affection grave, chronique, en phase évolutive ou terminale qui met le
pronostic vital en jeu. Chacun personne sans distinction, peut recevoir un
traitement de soins palliatifs (nouveau-né, enfant, adolescent, adulte,
quel que soit son âge).
Ce sont des soins qui ont pour intention principale de
promouvoir la qualité de vie des patients, de soulager la douleur,
d'apaiser les souffrances physiques et psychiques et d'accompagner les malades
et leur famille tout en considérant leur choix et en respectant leur
dignité.
C'est pourquoi, nous avons une place et un rôle crucial
en tant que soignant, en tant qu'infirmier dans l'accompagnement des personnes
et de leur entourage.
2.1.4 Rôle infirmier
« Le rôle infirmier dans les soins palliatifs
est de prendre soin, en équipe, la personne dans toutes ses dimensions
afin de promouvoir sa qualité de vie. L'approche infirmière
individualisée privilégie les soins de confort, les soins
techniques, la relation d'aide et l'accompagnement. »9
Il est important de faire la distinction entre le malade et sa
maladie. La personne malade est celle qui souffre, qui supporte et endure une
situation de vie qui lui est difficile. Cette souffrance longue et durable est
à mettre en lien avec le cops que le patient « est ». Toute
affection, même douloureuse, n'aboutit pas systématiquement sur de
la souffrance de la personne.
L'affection ne doit pas être perçue de la
même façon que le malade, c'est pourquoi il est important d'avoir
une approche différente entre les deux. Le patient est celui qui «
est » alors que l'affection avec elle, la douleur, est le corps que le
patient « a ».
« La maladie, et avec elle, la douleur
relèvent du corps que le patient a. La souffrance, quant à elle,
relève du corps que le patient est ». 10
De ce fait, il est primordial de ne pas se tromper d'objectif
et de s'assurer que la douleur, la maladie n'ont pas éclipsé la
place du soigné dans cette souffrance qui est la sienne.
Notre place de soignant accompagnée des meilleures
intentions peut parfois nous pousser à nous centrer uniquement sur la
douleur sans pour autant, prendre soin du malade en tant que personne à
part entière.
Accompagner ne s'improvise pas et ne résulte pas du
hasard mais bien d'une volonté d'aller vers l'autre.
8
9 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 211
10 HESBEEN, W. Op. Cit., p 27.
9
2.2 L'accompagnement
2.2.1 Notion de l'accompagnement
Selon Walter Hesbeen, accompagner, c'est faire un bout de
chemin avec l'autre en difficulté de santé. Un mouvement qui
porte vers l'autre pour aller à sa rencontre sur le
chemin qui est le sien.
Accompagner c'est respecter la personne dans
ce qu'elle a à vivre, c'est reconnaître son
existence en tant que telle avec ses différences. C'est aussi tenir
compte de la complexité et de l'individualité de chaque personne,
c'est respecter ses conditions de vie, son entourage, son environnement, sa
spiritualité, son engagement ou non engagement.
Il s'agit surtout de comprendre et de trouver
du sens à cet accompagnement quelle que soit la situation de la
personne.11
Comme cité précédemment, il est important
de distinguer l'accompagnement physique qui consiste à prendre en charge
la maladie et avec elle, la douleur qui relève du corps que le patient
« a » de celui de l'accompagnement psychologique qui nécessite
de prendre soin la souffrance et avec elle, le corps que le patient « est
».
2.2.2 Accompagnement physique
L'accompagnement physique à l'instar de
l'accompagnement psychologique vise à promouvoir la qualité de
vie et à assurer le confort du patient.
C'est un soin technique qui est réalisé selon un
protocole et qui a pour objectif de soulager les douleurs somatiques aigues ou
chroniques en effectuant des soins de confort tels que, le toucher-massage, la
toilette, les traitements médicaux ou bien encore, la prévention
des escarres, etc. Il requiert nécessairement une expérience des
soins et des qualités techniques pour accompagner la personne de la
manière la plus conventionnelle et adaptée possible.
Dans cet accompagnement, l'expression du corps que le patient
a, nous renvoie directement à sa douleur physique qui peut être
justifiée par des blessures apparentes, des stigmates de sa maladie.
Cependant, il peut subsister une souffrance moins visible qu'il faut aussi
prendre en considération et qui nécessite tout autant que
l'accompagnement physique, un accompagnement psychologique.
11 HESBEEN, W. Ibid. P 11.
10
2.2.3 Accompagnement psychologique
L'accompagnement psychologique nécessite tout d'abord
une évaluation de la personne et de prendre en considération son
entourage familial et social afin de bien identifier ses ressources et ses
besoins.
Il consiste à effectuer une prise en charge qui passe
par des soins relationnels tels que l'entretien motivationnel, l'entretien
d'écoute ou de soutien et ils doivent nécessairement s'inscrire
dans un projet de soins.
Aussi, il peut être proposé une thérapie
familiale afin d'accompagner dans les meilleures conditions, le malade et sa
famille.
De plus, il est nécessaire de mettre en place des
techniques de commutations comme la proxémie, la symétrie,
l'écoute active...
Les soins relationnels sont de toute évidence au centre de
l'accompagnement psychologique.
Les douleurs somatiques et les douleurs psychiques doivent
être prises en compte de manière distincte. Cependant, il faut
avoir conscience qu'une prise en soins ne peut être
considérée comme complète si l'on traite la douleur quelle
qu'elle soit, de manière non appropriée et non
équilibrée au point d'en occulter les réelles attentes du
patient. De même qu'il est indispensable de distinguer clairement le soin
du prendre soin.
2.3 Le soin et le prendre soin
2.3.1 Distinction entre le soin et le prendre
soin
Tout d'abord, définissons le mot soin selon le
dictionnaire Larousse : « actes thérapeutiques qui visent
à la santé de quelqu'un, de son corps : les premiers soins
à un blessé. »12
Dans cette définition, il est notion d'actes
thérapeutiques, de corps et de blessures. Cependant, le soin ne
réside pas simplement à traiter ces seuls
éléments.
Analysons le verbe prendre afin d'essayer de
comprendre le concept du prendre soin. Ce verbe transitif vient du
latin « prehendere » qui signifie saisir. Le sens peut
être différent et multiple selon le contexte dans lequel nous
l'utilisons.
Prendre peut vouloir dire de manière un peu
délétère, attraper, conquérir, arracher,
confisquer, prélever, agripper, empoigner ou bien encore accaparer...
Cependant, il peut aussi avoir un
12 Dictionnaire Larousse, dictionnaire
français,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
11
sens tel que prendre sur soi, prendre du recul ou bien encore
au sens figuré, prendre la main de quelqu'un pour lui venir en aide.
De ce fait, en associant le verbe « prendre
» avec le mot « soin », cela donnerait-il une
définition clairement différente entre le soin et le «
prendre soin » et qui nous conduirait vers le concept du prendre
soin.
Ce concept est apparu en France dans les années 80
où il est question d'un ensemble complexe de soins qui visent à
promouvoir la vie et à entretenir le corps et l'esprit. Cependant,
quelle est la différence que l'on doit faire entre « faire des
soins » et « prendre soin ».
Dans la notion de « faire », il est
question d'agir, d'accomplir un acte millimétré,
protocolisé, standardisé alors que le prendre soin est un concept
beaucoup plus subjectif dans lequel il est beaucoup plus difficile de le
préméditer car à chaque fois que l'on entreprend de
prendre soin, cela nous mettra toujours dans une situation unique tout autant
que l'individu qui recevra notre attention.
Si les soins en général relèvent d'une
profession consistant à réaliser des « tâches
à faire » dont seuls les professionnels sont habilités
à les dispenser dans une situation donnée, le « prendre
soin » quant à lui ne requiert d'aucun métier. Il est
à la portée de tout un chacun et s'inscrit dans un cadre de
bientraitance, de bienveillance et d'une attention particulière de
l'humain dans son unicité.
Il ne fait appel à aucune qualification ou profession,
il nécessite cependant, d'un état d'être, d'une
volonté, d'une intention d'aller vers l'autre, de l'entendre, de
l'accompagner et d'être à ce juste titre, à ses
côtés.
Il est vrai que les compétences techniques et
scientifiques ont leur importance dans les soins mais quand il s'agit d'aller
à la rencontre de l'humain qui peut être occulté par son
affection, ces compétences technicoscientifiques sont bien
évidement insuffisants voire insignifiants dans la prise en compte de
l'individu en tant qu'être humain unique autant dans sa maladie que dans
son histoire de vie qui est la sienne. C'est pourquoi, confondre soin et
prendre soin serait fortement préjudiciable à la qualité
du soin infirmier.
Ceci nous conduit à avoir une approche bien
spécifique du « prendre soin » dans laquelle il est
fondamental de tenir compte de toute la spécificité de
l'être humain, autant dans la prise en soin physique que psychologique de
part sa maladie, sa culture, ses convictions, son entourage familial et social
et qui représente bien plus que la somme de tous ses besoins.
12
Cela dans le but de respecter son autonomie, ses choix et
d'identifier ce qui est important pour la personne, ce qui pourrait lui
apporter de la sérénité et lui serait profitable dans la
maladie et dans ce qu'elle a à vivre.
« Le malade n'est donc pas à confondre avec la
maladie. Celui qui est malade, est celui qui souffre, c'est-à-dire celui
qui doit supporter, endurer, subir quelque chose qui lui est pénible.
»13
Le soin et le prendre soin sont indissociables et
complémentaires. On ne peut amputer une prise en charge de l'une de ses
composantes au risque de traiter seulement une pathologie et de
considérer la personne telle un « corps-objet » ou la maladie
prend une place tellement importante que le malade en est effacé. C'est
pourquoi, prendre soin ne s'improvise pas et cela au-delà d'un acte,
c'est un art.
2.3.2 Prendre soin plus qu'un acte, un art
Faire un soin nécessite obligatoirement de respecter un
protocole et d'avoir des connaissances institutionnelles afin de mener à
bien l'acte que l'on entreprend de faire auprès d'un patient.
Cependant, lorsque l'on associe le soin au prendre soin, cela
donne une tout autre dimension dans notre façon de soigner les
personnes.
Le prendre soin, c'est la combinaison des connaissances
pratiques et institutionnelles mais aussi des connaissances individuelles que
l'on acquiert de part notre parcours personnel, notre état d'être
et notre façon singulière de nous approprier un soin afin de le
rendre unique.
Le prendre soin ne s'inscrit peut-être pas dans un
protocole ou tout est millimétré, ajusté et
coordonné comme un scénario que l'on apprend par coeur et que
l'on jouerait sans y mettre d'émotion, de variation et de
singularité.
C'est pourquoi, prendre soin est plus qu'un acte mais un art
car cela nécessite de l'habileté de la part l'artiste ou
devrais-je plutôt dire du thérapeute qui doit savoir et pouvoir
associer ses connaissances avec son état d'être (ce qu'il est)
ainsi que son savoir-faire et son savoir-être afin de soigner la personne
dans toute sa dimension.
13 HESBEEN, Walter. Op. Cit., p 27.
13
Selon Walter Hesbeen, Prendre soin est un art, il s'agit de
l'art du thérapeute, celui qui réussit à combiner des
éléments de connaissance, d'habileté, de
savoir-être, d'intuition qui vont permettre de venir en aide à
quelqu'un, dans sa situation qui est la sienne.14
Aussi, le « prendre soin » doit s'inscrire en tant
que valeur, cette valeur qui nous rattache à la morale et à notre
conscience professionnelle.
2.3.3 Prendre soin en tant que valeur
Pour l'expliquer, je vais rappeler certaines valeurs de la
profession infirmière qui me semblent fondamentales dans notre
travail.
« L'intégrité
», cette intégrité qui fait
référence à notre sincérité, notre
honnêteté et à notre franchise. Être tel que l'on
est, ne pas surjouer et se comporter avec l'autre de la manière la plus
sincère possible.
« L'altruisme », il se
traduit par une attitude désintéressée, la
solidarité et la générosité que l'on porte à
quelqu'un. Il permet d'avoir une attention particulière, de l'empathie
et une certaine bientraitance envers celui qui souffre et qui se distingue de
part son unicité.
Aussi, au-delà de l'altruisme, il est indispensable
d'avoir quelque peu une « âme de
philanthrope » où il est notion
d'humanité, cette humanité qui ne se limite pas seulement
à
l'individu de par sa couleur, son origine, sa culture ou sa
religion...
|
|
respect du patient », c'est
l'établissement d'une relation de confiance, de la
|
« Le
|
|
|
|
reconnaissance de la personne dans sa singularité, dans
son droit à l'autonomie et à pouvoir
faire des choix ainsi que d'être informé.
« La qualité des soins
», c'est le fer de lance et la raison d'être dans
notre profession car
elle porte une grande attention à la vie humaine.
L'objectif est la bienveillance et la
bientraitance de la personne quelle qu'elle soit et à
toutes les étapes de la maladie. C'est pour
ainsi dire notre devoir ultime qui doit nous amener à
chaque instant à repenser les soins afin
de tendre vers « la qualité du soin infirmier
».
14 HESBEEN, Walter. Op. Cit., P35.
14
2.4 La qualité du soin infirmier
2.4.1 Qu'est-ce la qualité du soin
infirmier
Tout d'abord, il est important de noter que notre pratique
professionnelle est faite de subtilité qui ajoute aux soins une certaine
complexité et unicité qui ne facilitent en rien leur conception
et leur évaluation.
Il n'est pas aisé de définir la qualité
quand elle concerne un métier, notre métier d'infirmier au
contenu riche et complexe. Cette qualité tellement difficile à
mesurer tant elle est peu observable et faite de tâches à faire
allant des actes les plus pointus aux petites choses les plus simples mais
aussi lorsqu'elle concerne la qualité humaine qui reste encore bien plus
subjective.
Cependant, chacune de ses tâches à faire,
importantes ou banales ont un impact non négligeable sur les personnes
soignées lorsqu'elle est en lien avec la prise en charge. Elles
contribuent de toute évidence à la qualité du soin
infirmier.
Définissons le mot « qualité » dans un
sens plus large : Cela peut se définir comme la
supériorité de quelque chose à l'exemple d'un produit de
qualité ou bien encore une bonne ou mauvaise manière d'être
de quelque chose ou de quelqu'un...15
Introduite au sein du système de santé
français par l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme
hospitalière, la qualité est une approche organisationnelle
permettant un progrès permanant dans la résolution des non
qualités. Elle se traduit par la certification des établissements
de soins, procédure évaluant l'ensemble du fonctionnement et des
pratiques des structures de soins, afin de mettre en place des mesures
correctives.16
Selon l'OMS, la qualité doit permettre de garantir
à chaque patient l'assortiment d'actes diagnostiques et
thérapeutiques qui leur assurera le meilleur résultat en termes
de santé, conformément à l'état actuel de la
science médicale, au meilleur coût pour un même
résultat, au moindre risque iatrogène, et pour sa grande
satisfaction, en termes de procédures, de résultats et de
contacts humains à l'intérieur du système de
soins.17
15 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 230
16 Ibid. P 230
17 Ministère des Solidarités et de la santé,
Qualité et sécurité des soins dans les
établissements de santé,
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/
SSP 2013 DP conference 28-11-13.pdf
15
Pour compléter la définition de l'OMS, la Haute
Autorité de Santé (HAS) ajoute, « garantir la qualité
des soins est un objectif ambitieux. La complexité des processus de
soins, la diversité de l'offre de soins, la variabilité des
pratiques constatées, la mise à jour continuelle des
connaissances et l'amélioration des technologies médicales, la
nécessité de maîtriser les risques des pratiques et enfin
la dimension économique des soins permettent de comprendre pourquoi la
qualité est difficile à atteindre et pourquoi l'atteinte de cet
objectif rend indispensable une démarche structurée
d'évaluation et d'amélioration ».18
En regroupant ces définitions, plusieurs mots
clés tels que, certification, procédure, coût,
résultat et économie peuvent attirer notre attention. De ce fait,
nous pouvons constater que la qualité du soin relève bien
évidement d'accréditations par l'intermédiaire de grilles
d'évaluation qui permettent de quantifier, qualifier la qualité
du soin.
Cette certification de la qualité conforte et rassure
certainement les dirigeants des structures hospitalières car elle met en
avant de manière pragmatique cette notion de qualité. Cependant,
la mise en exergue de cette qualité aussi fiable soit-elle car
basée sur des éléments quantifiables et mesurables, ne
risque-t-elle pas d'occulter des dysfonctionnements majeurs lorsque l'on se
situe du point de vue des usagers, voire des soignants eux-mêmes.
Selon Walter Hesbeen, Il est vrai que certains
établissements de santé ont bâti leur
notoriété sur la médiatisation de leurs moyens techniques,
des résultats spectaculaires obtenus dans les traitements de telle ou
telle affection et de la valeur de leurs publications scientifiques. Or, cela
laisse parfois un goût amer aux malades et à leurs proches qui
auraient apprécié un peu plus d'intérêt pour la
singularité de leur situation et de la réalité de leur
souffrance. En bref, un peu plus d'humanité et de qualité
humaine.19
Pour réussir à donner une définition de
la qualité de manière adaptée à notre métier
d'infirmier et surtout celle la plus pertinente possible, il est indispensable
de prendre en compte toutes les données via des outils de mesures
parfois très sophistiqués, indéniablement utiles pour
apprécier et lister de façon exhaustive cette qualité qui
est fondée sur des aspects macroscopiques, les actes
réalisés et éventuellement la satisfaction des
patients.
18 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 231
19 Hesbeen, W. La qualité du soin infirmier. De la
réflexion éthique à une pratique de qualité.
Elsevier Masson, 2017, P 53
16
Cependant, ces données tiennent compte que d'une seule
partie seulement de la qualité. Elle ne met pas en avant l'autre partie,
celle de la qualité humaine du soignant, qui l'essence même de
notre métier.
Cette qualité qui s'inscrit dans une démarche
soignante ou il est question de la rencontre et de l'accompagnement de la
personne dans toute sa dimension.
Selon la définition conceptuelle de Walter Hesbeen, la
qualité du soin est celle qui prend du sens dans la situation de vie de
la personne soignée et qui a pour perspective le déploiement de
la santé pour elle et pour son entourage. Elle relève d'une
attention particulière aux personnes et est animée par le souci
du respect de celles-ci et de la prise en compte de leur dignité. Elle
procède de la mise en oeuvre cohérente et complémentaire
des ressources diverses dont dispose une équipe de professionnels et
témoignent des talents de ceux-ci. Elle s'inscrit dans un contexte
politique, économique et organisationnel aux orientations, moyens et
limites et clairement identifiés.20
De ce fait, il est indispensable de prendre en compte tous les
facteurs déterminants de la qualité afin de ne pas nuire à
celle-ci.
2.4.2 Les facteurs déterminants de la
qualité
Avant de développer ce thème, je voudrais dans
un premier temps analyser le mot « déterminant ».
Cet adjectif est composé du verbe transitif «
déterminer » qui signifie : influer, établir, définir
ou bien encore influencer quelque chose et le faire aller de tel ou tel
côté.
Le mot déterminant signifie ici
élément qui participe à la production d'un
résultat.21 Tout en sachant que le résultat est
la finalité de ce que l'on recherche dans cette qualité.
Aussi, il n'est pas aisé de réussir à
lister de manière exhaustive tous les déterminants qui pourraient
influer sur la qualité car il y a bien évidement d'innombrables
facteurs et de situations qui rentrent en compte.
20 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 65
21 Ibid. P 66
17
C'est pourquoi, je vais retenir sept grandes classes, soit les
déterminants liés :
1. Aux aspects politiques et économiques
2. A l'organisation concrète des structures
3. Aux réflexions philosophiques et connaissances
techniques et scientifiques
4. A la formation des professionnels
5. Au comportement et à la compétence des
acteurs
6. A la personne soignée et à ses
proches
7. Aux méthodes de recueil d'informations sur les
pratiques et aux démarches d'évaluation
Je n'aborderai pas toutes les classes citées ci-dessus
même si celles-ci ont chacune leur importance et sont
indéniablement liées. Cependant, deux thèmes retiennent
mon attention, le déterminant lié au comportement et à la
compétence des acteurs et le déterminant lié à la
personne soignée et à ses proches.
Commençons par le déterminant lié
au comportement et à la compétence des acteurs.
Selon Walter Hesbeen, le comportement définit une
attitude, une disposition de l'esprit orientant l'intention d'une personne, il
est l'expression concrète d'une réaction dans une situation
donnée.
Le comportement de nombreux soignants ne reflète pas
réellement leur attitude car les personnes peuvent être
influencées par une situation ou par l'environnement qui les conduit
à avoir une réaction différente de ce à quoi serait
leur réelle intention.
Le comportement évolue sans cesse et peut conduire vers
un certain équilibre lorsqu'il ne fausse pas l'attitude authentique et
sincère de la personne. Ainsi, la qualité du soin en sera
très fortement impactée par cette attitude soignante.
Le désir de qualité, un désir absolu de
« prendre soin » son prochain au-delà des actes
posés, sera le fil conducteur de cette intention de la qualité
qui nous anime.
Pour guider sa réflexion sur l'évolution des
attitudes et comportements, Walter Hesbeen retiendra un certain nombre de mots
clés qui peuvent servir d'indicateurs, de références
à ce que serait un comportement soignant adéquat.
18
Bien sûr, ces mots n'ont pas de valeur de prescription
mais d'indication. Entre ces mots, aucune hiérarchie ne s'impose, chacun
a son importance et prend des degrés différents selon comment on
y porte attention.
« La simplicité »
à ne pas confondre avec le mot « simpliste ».
C'est une manière d'être qui témoigne d'un soignant
conscient de ses limites qui, tout en ayant l'ambition d'aider l'autre, n'a pas
la prétention de tout dominer, de tout savoir ou de tout comprendre de
la vie de la personne. Elle se traduit par le recours à un langage
intelligible et accessible.
« Le respect » n'est pas
de la sympathie que l'on pourrait ressentir envers quelqu'un. Il s'inscrit dans
une volonté de voir en chacun, quels que soit son histoire, ses
différences, un individu égal en dignité et qui fait
partie de notre humanité.
« L'écoute »,
elle permet de recevoir la parole de l'autre, de l'entendre. C'est n'est
en aucun cas un discours centré sur soi narrant notre petite vie.
Ecouter ne consiste pas à dicter une conduite ou à dire ce
que la personne a à faire mais permet de faire exprimer ses
incertitudes, ses souffrances et ses difficultés.
« La compassion »
très souvent confondue avec la pitié, est
un terme difficile à utiliser de part sa connotation religieuse. Dans
une définition plus neutre, la compassion est le souci d'alléger
la souffrance, le fardeau d'autrui. Elle est l'accueil de l'autre en
état de souffrance, accueil de ses angoisses et de ses cris par lesquels
nous nous laissons pénétrer, toucher et éprouver.
Ces plaintes que nous entendons et recevons, permettent de
soulager l'autre car il sait que quelqu'un les entend et qu'il n'est plus seul
à en porter le fardeau. Cela suffit pour qu'elles prennent un autre
sens.
« La laïcité »
c'est l'acceptation de toutes les opinions et de tous les
comportements qui permet de respecter l'autre. Le soignant est confronté
à la singularité de chacun mais aussi à la
pluralité de tous, il est au contact de la vie et de ses innombrables
situations. La laïcité n'empêche pas les croyances de chacun
mais en aucun cas, ces croyances personnelles doivent servir de
référence pour juger ou asservir l'autre.
« L'humour », il permet
d'alléger une situation, de la relativiser même quand celle-ci est
éprouvante. Il est nécessaire de l'employer avec justesse,
délicatesse et de manière adéquat pour ne pas que celle-ci
soit utilisée de façon erronée.
19
« La capacité de s'indigner »
est celle qui permet de dire son indignation voire son
étonnement face à ce qui se passe, dans le milieu familial,
professionnel et qui n'est pas attaché au respect d'autrui. Elle permet
de ne pas être passif ou de rester indifférent voire
consentant.
Être incapable de s'indigner dans notre métier
peut conduire à des situations paradoxales qui seraient décrites
comme subies par les soignants du fait de leur silence qui apparait parfois
comme des « complices bienveillants » de ces situations.
Cependant, il est important que cette capacité de
s'indigner ne mène pas à des faits calomnieux ou à de la
délation. S'indigner n'est pas dénoncer telle ou telle pratique
mais plutôt « tenir conseil » de manière
efficiente pour aborder une situation préjudiciable et trouver des axes
d'amélioration.
« La compétence »
quant à elle, ne résulte pas de la formation
contrairement à ce que l'on pourrait croire. La formation donne des
acquis, des connaissances qui doivent être par la suite
transformées en compétences.
La compétence est relative à chaque situation de
vie, qu'elle soit familiale ou professionnelle. Avant tout, elle se distingue
par la faculté du soignant, quel que soit son niveau de formation,
à aller à la rencontre de la personne et de faire un bout de
chemin avec elle.
Chacun de nous est entrepreneur de ses compétences,
nous pouvons avoir des connaissances mais pour autant, éprouver des
difficultés à les adapter à celles des autres ou à
les combiner avec la réalité de notre environnement.
Il est donc nécessaire de transformer nos ressources en
compétences tout en sachant que nous ne pouvons pas être
compétents dans toutes situations car chacune d'elle reste complexe et
singulière. C'est pourquoi, il convient d'évaluer ses
compétences, sa faculté d'associer ses ressources dans chaque
situation rencontrée.
Pour finir, Walter Hesbeen nous éclaircie sur la partie
concernant le déterminant lié à la personne
soignée et à ses proches.
Acteur de sa santé, le soigné fait partie
intégrante dans la qualité de la pratique soignante, compte tenu
que celle-ci est basée sur une rencontre et un accompagnement.
L'avenir de la personne, la compréhension de sa
maladie, l'intérêt de ses traitements, son projet de vie, l'envie
de vaincre son affection qui n'est pas acquise de manière
systématique
20
sont tout autant des facteurs qui vont influer sur sa
motivation, son acception à la démarche entreprise. C'est la
motivation d'elle-même qui va l'objectiver à atteindre son but.
Nous n'avons pas le pouvoir de motiver les autres, nous
pouvons simplement leur donner ou leur faire entrevoir des raisons
désirables tel un message d'espoir afin qu'ils parviennent à se
motiver par leur propre initiative.
Quant aux proches, leur propre vécu de la situation et
leur souffrance éventuelle sont autant d'éléments
déterminants. La reconnaissance de cette douleur qui n'est pas celle du
malade est primordiale dans une prise en soin de qualité.
Avoir une affection et voir ses proches souffrir,
s'émouvoir ou éprouver des difficultés ne participe pas
à un état d'équilibre. Cela conduit fortement à la
culpabilité du malade qui ne peut être négligée.
C'est pourquoi, le soignant doit tenir compte de tout
l'environnement du soigné et de toutes les personnes qui gravitent
autour afin d'accomplir de façon éthique son devoir de
prendre soin et d'aspirer à un but ultime, qui est la
qualité du soin infirmier.
2.4.3 La qualité du soin, une dimension
éthique
« Le terme éthique vient du grec «
ethikos » qui signifie morale et de « ethos » qui signifie
moeurs. Dans la philosophie grecque, « l'éthique est une partie de
la philosophie qui concerne la conduite de la vie humaine en tant qu'elle est
orientée par la recherche du bien. Elle désigne la science de la
morale ».22
Parler d'éthique sans définir au
préalable le sens de la morale nous induirait en erreur et nous
conduirait à confondre les deux concepts qui se distinguent l'un et
l'autre mais qui sont pour autant, complémentaire.
La morale stipule les règles de conduites qui permet
aux individus de vivre en communauté. Elle illustre la différence
entre le bien et le mal et rappelle les règles de grands principes, les
références et les valeurs qui dictent l'agissement de l'homme.
L'éthique quant à elle, s'appuie sur les
fondements de la morale, à partir d'une réflexion et d'un
raisonnement établi dans le but de mettre en oeuvre un agissement en
commun ne laissant aucune place à la déraison, un agissement
empreint de sens et de justesse.
22 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 176
21
Dans notre discipline, il est le droit et le devoir de tout un
chacun de s'interroger sur sa pratique soignante afin de se remettre en
question, d'oeuvrer en équipe pluriprofessionnelle sur les
difficultés de la prise en soin et cela, toujours dans
l'intérêt des personnes soignées.
« Cela permet d'une part, de susciter la
réflexion et de contribuer à mettre la pensée en mouvement
et, d'autre part, d'aider à prendre conscience qu'une pratique qui n'est
pas questionnée est une pratique qui ne peut pas évoluer
».23
L'éthique s'appuie toujours sur des fondements moraux
afin de préserver dans toutes les circonstances la vie humaine, c'est
pourquoi au regard de cela, des droits ont été établies et
explicités tels que :
? Le droit au respect de la personne humaine, de son
intégrité et de sa dignité
? Le droit à l'information
? Le droit à la liberté et au respect de la vie
privée
? Le droit au traitement équitable
? Le droit de refuser l'obstination déraisonnable
Toute cette liste de droits non exhaustive suggère une
prise en soin de l'individu dans toute sa dimension humaine et dans le respect
de son unicité. Si l'éthique évoque cet aspect, il en va
du devoir de l'appliquer quelles que soient les circonstances afin d'atteindre
au maximum cette qualité tant recherchée. Cependant, en ce temps
de tumultes hospitaliers, la qualité du soin ne pourrait-elle pas cacher
une autre notion un peu moins avouable de productivité.
2.4.4 Qualité et productivité
Dans notre métier, il serait embarrassant voire
inconcevable d'assimiler la qualité à la productivité,
c'est pourquoi il est nécessaire de bien comprendre la notion de «
productivité ».
Dans le mot « productivité », il y a bien
entendu le verbe « produire » qui, dans un sens plus large signifie :
créer, fabriquer, concevoir, fournir des produits et des services.
La productivité pourrait nous faire rappeler les
objectifs des industries, des petites, moyennes et grandes entreprises
puisqu'elle contribue fortement aux résultats de celles-ci.
23 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 17
22
Il y a un rapport entre la production et les différents
moyens et facteurs déterminants qui ont permis de l'obtenir comme par
exemple, la quantité de travail fournie, le nombre d'hommes jour, les
dépenses engendrées, etc.
Aussi, dans la productivité, il y a bien sûr la
notion de « qualité » (qualité des machines, des
matériaux, des procédures, qualité du travail rapide et
efficace...) qui fait partie intégrante et participe pleinement à
la production et concourt au résultat final.
Pour autant, si la qualité est visiblement un facteur
déterminant de la productivité, peut-on l'associer au même
titre à notre métier d'infirmier ou il est surtout question de
qualité humaine, cette qualité non mesurable, non qualifiable et
qui nécessite par ailleurs de prendre soin, d'écouter et d'aller
vers l'autre. Ces paramètres indéfinissables, tant ils restent
abstraits, jouent pourtant un rôle fondamental dans la finalité du
soin.
Cependant la notion de productivité existerait-elle
dans notre travail au quotidien ? prenons comme exemple une infirmière
qui travaille dans un service hospitalier quelconque.
Elle a en charge un secteur complet qui représente
20 lits donc potentiellement 20 patients à prendre en soins. Dans son
travail, tout est planifié car il est nécessaire de dispenser les
soins à des heures précises. La charge de travail est lourde et
les traitements aussi. Aujourd'hui, les 20 lits sont pris, donc la cadence est
donnée.
Elle donne les traitements au premier patient, ils
discutent ensemble, elle s'attarde un peu et quinze longues minutes se passent,
elle est en retard sur son planning et ne pas le respecter sous-entend avoir
moins de temps pour les autres patients.
Aussi, dans son travail quotidien, elle doit
répondre à des impératifs, remplir des données qui
serviront certainement d'indicateurs (pour la qualité ou pour la
productivité ?).
Le temps passe, elle doit toujours donner des soins et
elle n'a plus le temps de prendre soin. Malgré son envie de consacrer du
temps aux patients, elle ne peut se le permettre car l'heure tourne. De ce
fait, l'infirmière devient contre son gré, « un donneur de
soin » au risque de banaliser l'humain. Cet humain qui devrait-être
considéré dans toute sa dimension.
23
Pour respecter ce temps précieux, elle doit
impérativement répondre aux exigences du planning ou tout est
millimétré, chronométré, systématisé
tel un modèle sorti du taylorisme qui conduit vers des «
tâches à faire » ou le soignant devient un « technicien
spécialisé » abordant le patient comme « un corps objet
».24
Les tâches à faire, les actes à poser font
bien partie de notre activité au quotidien et sont d'autant plus
mesurables et qualifiables. Ils sont planifiés,
systématisés et répondent à des plages horaires
précises dont il serait compliqué de ne pas les respecter. Ce
systématisme oblige les professionnels que nous sommes à
effectuer des soins tels des « exécutants de tâches
standardisées » répondant à des protocoles
tracés et prédéfinis à l'avance.
Notre pratique est objectivée par cette organisation
qui nous contraint à aller de chambre en chambre, de pathologie en
pathologie pour exécuter des actes bien déterminés par le
plan de soins qui lui est basé sur le « faire » et
principalement centré sur le corps que le patient « a
». Ce « corps-objet » qu'il s'agit de nourrir,
laver, manipuler, panser, piquer laissant peu de place à nos affects et
à nos intentions personnelles.
Pour autant, procéder de la sorte permet
indéniablement de respecter le temps et de ne pas empiéter sur le
plan de travail qui pourrait-être considéré comme «
contre-productif ». Cela pourrait porter à croire que l'on
participe pleinement à la qualité du soin infirmier. Or, ici la
qualité en est réduite à la « productivité
», occultant déplorablement l'autre dimension de cette
qualité, celle de « prendre soin » de l'autre qui
souffre, de l'entendre, de l'escorter, de l'accompagner dans ce qu'il a
à vivre et à nous offrir qui l'essence même de notre
métier.
Force est de constater que cette notion de productivité
est belle et bien présente quel que soit le domaine. Que l'on exerce
dans un secteur primaire, secondaire, tertiaire ou en l'occurrence dans le
domaine de la santé, notre travail gravitera toujours autour de cette
productivité car elle est l'élément moteur de la «
production ».
Cette rationalisation légitimée par la
quête du rendement concourt certainement à la santé
économique et à la pérennité de l'entreprise ou de
l'institution mais certainement au détriment du talent et de la
qualité humaine de tout un chacun. C'est pourquoi cela m'a conduit vers
une hypothèse de recherche.
24 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 29
24
3 Hypothèse de recherche
Chaque jour, nous pouvons déplorer l'épuisement
de notre système de santé. La dotation financière,
matérielle et humaine se réduit d'année en année
comme « une peau de chagrin ». Pour preuve, les
médias nous interpellent très souvent, en nous diffusant des
images de soignantes et soignants descendant dans les rues pour manifester leur
mécontentement justifiant celui-ci par une charge de travail
exponentielle, des effectifs réduits, un manque de matériel
manifeste et une augmentation croissante de patients.
C'est pourquoi, le domaine hospitalier s'est vu repenser
légitimement son organisation et ses pratiques, telle une entreprise de
biens et de services. Ceci, afin d'optimiser au maximum le travail et pour
pouvoir ainsi, réduire les coûts et supporter au mieux la charge
financière et pérenniser son activité dans la
durée. La difficulté sera de réussir à concilier la
réduction des moyens avec la qualité.
La remise en question de notre pratique qui, dans le but de
réduire les dépenses aura irrémédiablement un
impact sur la qualité des soins. Toutes les tâches et en
l'occurrence, Les actes infirmiers sont minutés, repensés,
recalibrés, planifiés, quantifiés, et viennent alimenter
des indicateurs qui vont permettre d'améliorer et d'optimiser les soins.
Hélas, cela laisse que peu de place à la réflexion et
à l'initiative individuelle de chacun.
Cette démarche quelque peu
délétère et coercitive conduit inexorablement les
soignants à aller de plus en plus vite dans « le faire
» et à déprécier la réalisation des soins
en exécutant « des tâches à faire ».
Cela offre peu d'espace à la relation humaine et au
prendre soin qui nécessitent quant à eux, de consacrer du temps
et de donner un peu de notre « esprit soignant » et qui
pourtant, valorise notre pratique.
Afin de palier à la problématique de la
qualité, cela m'amène à l'hypothèse suivante, celle
de la mise en place d'une instance de « réflexion
éthique des situations de soins ». Elle contribuerait
à préserver et promouvoir la qualité du soin infirmier.
Les acteurs présents seront invités sur la base du volontariat.
Ce volontarisme qui permettrait de réfléchir librement et
d'émettre des opinions positives contrairement à la contrainte
où les pensées de l'esprit sont obtuses avec un renfermement de
ses idées et de ses valeurs.
25
Cette réflexion mettrait en synergie, les
pensées individuelles avec celle de la conscience collective au profit
d'un questionnement positif sur nos pratiques. Chacun pourrait s'exprimer
librement sans jugement et en toute impartialité afin de faire valoir
« sa capacité de s'indigner ». Comme cité
précédemment, cela dans un but de « tenir conseil
». Tout en sachant, qu'il y a toujours nécessité et le
devoir de se questionner sur nos pratiques.
« Une pratique qui n'est pas questionnée est une
pratique qui ne peut pas évoluer ».
Cette réflexion éthique doit être
menée loin des tumultes de l'action et de l'agitation, loin de «
l'agir » et du « faire ». Elle nous
accorderait un moment de sérénité et de neutralité
ou les professionnels pourraient mettre en exergue leur humanité,
rediscuter et interagir ensemble sur les situations de soins. Ils se
questionneraient sur la notion du « mal faire » et celui du
« bien faire » et cela, toujours en quête de cette
qualité.
4 Projet de recherche
« La réflexion éthique des
situations de soins » s'adresse à tous les acteurs de
santé (directeur des soins, cadres, médecins, infirmières,
aides-soignants, etc.) qui gravitent autour des femmes et des hommes auxquels
sont destinées les soins.
Elle n'est pas objectivée par l'intention de donner des
directives mais plutôt de « tenir conseil » aux
professionnels qui sont eux-mêmes les acteurs dans cette
réflexion. Elle permettrait d'aboutir à une évolution de
notre pratique grâce à des personnes empreintes par cette
préoccupation éthique qui est, me semble -il, le fil conducteur
de la qualité.
L'instance se tiendrait une fois par mois et peut être
adaptée à tous les domaines de soins quels qu'ils soient
(hospitalier, institution, etc.). Elle permettrait, d'analyser à froid,
de relire à distance des situations de soins.
A partir de la réflexion individuelle et collective et
de la prise de conscience de tout un chacun, il sera élevé
ensemble, une réflexion éthique qui contribuera à trouver
un consensus sur notre façon de faire, d'agir et notre manière
d'être auprès des personnes soignées.
26
Elle s'appuierait sur plusieurs questions
élémentaires mais non exhaustives :
? Quels sont les éléments interpellant dans
cette situation ? Y-a-il des éléments positifs ou négatifs
? Pourquoi ?
? En quoi la prise en soin de la personne soignée
vous a-t-elle semblée adaptée ou non adaptée ? Pourquoi
?
? Dans cette situation, est-il notion de soin dans toute
sa globalité ? Pourquoi ?
? En quoi la personne soignée a-t-elle
été satisfaite ou insatisfaite par notre pratique ? pourquoi
?
? En quoi les besoins et les attentes de la personne
soignée ont-ils été satisfaits ? Pourquoi ?
? En quoi notre façon de faire, d'agir et notre
manière d'être vous ont-elles semblées congruentes ?
Pourquoi ?
? Avec de recul, devrions-nous de repenser ce soin ? Pourquoi
?
Cette démarche devra s'inscrire dans une
évaluation positive et qualitative de notre savoir-faire et
savoir-être. Elle mettra en exergue notre réflexivité au
bénéfice de la qualité relative à nos pratiques.
Elle laissera présager des professionnels impliqués, soucieux du
« bien faire » et soucieux de l'être humain dans toute
sa dimension.
Dans une atmosphère de travail où le «
faire vite » peut-être assimilé au « bien
faire », il y a nécessité à mettre en
éveil notre capacité de réflexion. Celle-ci nous
amènerait vers un questionnement éthique sur nos pratiques
où notre principale préoccupation sera centrée sur une
prise en soin de qualité pour les femmes et les hommes qui ont fait
appel à notre « devoir » et à notre «
esprit soignant ».
27
Conclusion
La qualité du soin infirmier, une préoccupation
du quotidien propre à la discipline infirmière mais qui en
réalité, concerne tous les acteurs de la santé. Cela
comprend toute l'équipe pluriprofessionnelle qui oeuvre pour la
santé des femmes et des hommes.
Cette dernière est mise en avant par des
évaluations qualitatives, quantitatives et élaborée
à partir d'indicateurs sophistiqués qui se basent principalement
sur des données macroscopiques. Elle ne met pourtant pas en exergue
l'autre partie de la qualité. Celle de la qualité humaine qui
nécessite d'aller à la rencontre de l'autre qui souffre, de
l'entendre et de l'accompagner dans ce qu'il a à vivre en le
considérant en tant qu'être humain dans son unicité.
Cette rétrospective quelque peu
délétère à l'image du soignant, peut être
influencée par telles ou telles données et ne reflète pas
l'exactitude de la pratique infirmière.
Il est vrai que les soignants que nous sommes exerçons
un métier qui nécessite diverses compétences
technicoscientifiques qui nous autorisent à réaliser certains
actes techniques. Pour autant, notre profession est faite de subtilité
caractérisée par des missions de conseil, de soutien et d'aide
aux patients et à leur entourage. Ces caractéristiques sont
difficilement mesurables et qualifiables.
L'habileté et le talent de tout un chacun,
éveillé par la préoccupation éthique du « bien
faire » permet une prise en soin de qualité. Or, cette
qualité est mise à rude épreuve tant les soins ont
été repensés mais légitimés du fait des
difficultés traversées par le secteur hospitalier.
Retenons que la qualité du soin dépend bien
évidement de certains déterminants comme par exemple ceux
liés aux aspects économiques et politiques ou bien encore ceux
liés à l'organisation des structures. Pourtant, il indispensable
d'avoir en tête que la qualité du soin tient compte aussi de notre
« esprit soignant », celui d'une intention et d'une
volonté de réfléchir et de pratiquer dans une dimension
soignante.
28
Bibliographie
Ouvrages :
FORMARIER, Monique (dir.). JOVIC, Ljiljana (dir.). Les
concepts en sciences infirmières. Mallet Conseil édition.
Tignieu-Jameyzieu : Imprimerie ICA, 2009, 291 pages.
HESBEEN, Walter. La qualité du soin infirmier.
Masson édition. Pologne : Dimograf, 2017, 156
pages.
HESBEEN, Walter. Prendre soin à l'hôpital,
inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante. Masson
édition. Pologne : Dimograf, 2016, 184 pages.
Articles :
HIRSCH, Godefroy. Les soins palliatifs, une démarche de
soins et philosophie humaniste centrée sur la personne. La revue
infirmière N°139, avril 2008, p 34-36.
HIRSCH, Godefroy. Accompagner la fin de vie & principaux
repères des soins palliatifs. Études sur la mort
N°138, février 2010, p 133-144.
Sites internet :
Cairn.info. Site de revues d'ouvrages et de magazines
[en ligne]. (Créé en 2005). Disponible sur :
https://www.cairn.info/ (consulté le 20/12/19).
Dictionnaire Larousse, dictionnaire français
[en ligne]. Disponible sur :
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
(consulté le 7/02/20).
FONDS POUR LES SOINS PALLIATIFS. Entreprendre pour
soutenir l'innovation en soins palliatifs [en ligne]. (Créé
en 2011). Disponible sur : https://www.fondssoinspalliatifs.fr/
(consulté le 29/12/19).
LEGIFRANCE. Le service public de la diffusion du droit
[en ligne]. (Créé en 2002). Disponible sur :
https://www.legifrance.gouv.fr/ (consulté le 28/12/19).
Ministère des Solidarités et de la santé,
[en ligne]. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/
(consulté le 20/03/20
OMS. Organisation mondiale de la santé [en
ligne]. Disponible sur :
https://www.who.int/fr
(consulté le 4/02/20).
Titre du document
La qualité du soin infirmier ; Quality of nursing
care
Type de document
Travail de fin d'études : rédaction du
résumé en français et de l'abstract en anglais
Mots-clés : Soin, prendre soin,
éthique, pratique soignante, qualité du soin infirmier.
Résumé
Au quotidien, notre pratique soignante s'inscrit naturellement
dans une démarche qualité. Etablie selon des indicateurs
spécifiques, elle permet d'atteindre la qualité institutionnelle
exigée. Cependant, l'analyse approfondie de celle-ci ne met en
lumière que la partie quantifiable et mesurable. L'autre
côté beaucoup plus conceptuel en est occulté. Celui qui
résulte d'une volonté du soignant à prendre soin et
à accompagner la personne dans toute sa dimension et sa
singularité. Après m'être occupé d'un patient en
soins palliatifs, une question m'est venue à l'esprit : Dans
les soins palliatifs, en quoi l'accompagnement réalisé par
l'infirmier(e), contribue-t-il au prendre soin de la personne en fin de vie
?
Peut-être que mon questionnement résulte
simplement d'une quête de qualité des soins. C'est pourquoi, j'ai
dédié mon mémoire à ce sujet et au terme de
celui-ci, j'en ai établi qu'il serait valorisant d'instaurer une «
réflexion éthique des situations de soins
». Elle permettrait de mettre en synergie les pensées
individuelles avec celle de la conscience collective au profit d'un
questionnement positif et éthique sur nos pratiques. Cela dans une
recherche permanente de la qualité du soin infirmier. Celle qui
représente l'essence même de notre métier et qui permet de
s'interroger et de travailler dans une perspective soignante.
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Keywords : the caring, to take care,
ethics, nursing practice, quality of nursing care
Abstract
On a daily basis, our care practice is naturally part of a
quality approach. Established according to specific indicators, it allows us to
achieve the required institutional quality. However, an in-depth analysis of
this approach highlights only the quantifiable and measurable part. The other,
much more conceptual side is overshadowed. The one that results from the
carer's willingness to care for and accompany the person in all his or her
dimension and singularity. After taking care of a palliative care patient, a
question came to my mind : In palliative care, how does the support
provided by the nurse contribute to caring for the person at the end of life
?
Perhaps my questioning is simply the result of a quest for
quality care. This is why I dedicated my dissertation to this subject and at
the end of it, I established that it would be rewarding to establish an «
ethical reflection of care situations ». It
would allow for the synergy of individual thoughts with the collective
conscience in order to raise positive and ethical questions about our
practices. This in a permanent search for the quality of nursing care. The
quality that represents the very essence of our profession and which allows us
to question ourselves and work from a caring perspective.
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