RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix - Travail -
Patrie
UNIVERSITÉ DE DSCHANG
Scholae Thesaurus
Dschangensis Ibi
Cordum
RECTORAT
ÉCOLE DOCTORALE
UNITÉ DE FORMATION ET DE
RECHERCHE
DSCHANG SCHOOL
OF ARTS AND
SOCIAL SCIENCES
Website:
http://www.univ-dschang.org
E-mail:
udstectorat@univ-dschang.org
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace - Work
- Fatherland
UNIVERSITY OF DSCHANG
Scholae Thesaurus
Dschangensis Ibi
Cordum
CHANCELLERY
POSTGRADUATE SCHOOL
TRAINING AND RESEARCH UNIT
DSCHANG SCHOOL OF ARTS
AND
SOCIAL SCIENCES
Website:
http://www.Univ-
Dschang.org
E-mail:
udstectorat@univ-
dschang.org
UNITE DE RECHERCHE EN PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOVIALES
APPLIQUEES (URPHISSA)
RESEARCH UNIT IN PHILOSOPHY AND APPLIED SOCIAL
SCIENCES
La gratuité de l'enseignement primaire dans
l'arrondissement de
Koutaba : Analyse sociologique des obstacles
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Master Sociologie
Option : Sociologie Politique
Par :
LIKOUSSOU zounka
Licencié en
sociologie
MATRICULE : CM-UDS 13LSH1070
Sous la direction de
Jean-Émet NODEM (HDR)
Maître de
conférences
Juillet 2018
III
TABLE DES MATIERES
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN i
UNIVERSITÉ DE DSCHANG i
REPUBLIC OF CAMEROON i
UNIVERSITY OF DSCHANG i
TABLE DES MATIERES iii
REMERCIEMENTS x
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES xi
LISTE DES ANNEXES xi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xii
RESUME xiii
ABSTRACT xiv
INTRODUCTION GENERALE 1
1. Contexte et justification de la recherche
2
2. Problème d'étude 6
3. Problématique 8
3.1. Questions de recherches 8
3.1.1. Question centrale de recherche : 8
3.1.2. Questions spécifiques : 8
3.2. Hypothèse de recherche : 8
3.2.1. Hypothèse générale
8
3.2.2. Hypothèses spécifiques
9
3.3. Objectifs de recherche 9
3.3.1. Objectif général de recherche
9
3.3.2. Objectif spécifiques 9
4. Cadre théorique 9
4.1. Revue de la littérature 9
iv
4.2. Théories mobilisées 17
5. Définition des concepts 20
Figure I conceptualisation de la GEP
21
6. Intérêt de l'étude
22
6.1. Intérêt scientifique 22
6.2. Intérêt opérationnel
22
7. Méthodologie de l'étude
22
7.1. Techniques de collecte des données
22
7.2. Echantillonnage (Type d'Echantillonnage, Taille
de l'échantillon, Champ social,
Champ spatial de l'étude) 23
7.3. Les méthodes d'analyse 24
8. Conduite du travail de collecte des données
24
9. PLAN D'EXPOSITION ET DIFFICULTES RENCONTREES 25
9.1. Plan d'exposition 25
9.2. Difficultés rencontrées et solutions
trouvées 25
PREMIERE PARTIE : 27
ECOLE PRIMAIRE GRATUITE AU CAMEROUN ET CONSTRUCTION
DES FORMES
D'OBSTACLES 27
INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE 28
CHAPITRE I : ECOLE PRIMAIRE AU CAMEROUN ET PRINCIPE DE
GRATUITE 29
INTRODUCTION 30
1. ORGANISATION ET STRUCTURE DE L'ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE AU
CAMEROUN 30
1.1.Organisation de l'enseignement primaire au
Cameroun 30
1.2. Structure d'une l'école primaire au
Cameroun 31
Graphique N°1 : Structure de l'école
primaire au Cameroun 32
2. LES RESPONSABLES DE L'EDUCATION PRIMAIRE ET LEURS
FONCTIONS AU
NIVEAU LOCAL 33
2.1. L'inspecteur d'arrondissement d'enseignement
primaire et maternel 33
2.2. Le directeur d'école primaire
33
2.2.1. La fonction pédagogique 34
2.2.2. La gestion du matériel et des
infrastructures 34
2.2.3. La gestion des ressources humaines
34
2.2.4. La fonction administrative 34
2.3. Les Collectivités Territoriales
Décentralisées (CTD) 34
2.4. Les parents d'élèves 35
3. L'ECOLE PRIMAIRE GRATUITE ET ENJEUX SOCIAUX AU
CAMEROUN 36
3.1. Analyse de l'école primaire au Cameroun :
obligatoire et gratuite 36
3.2. Les enjeux de l'école primaire gratuite au
Cameroun 37
CONCLUSION 37
CHAPITRE II : DES FORMES D'OBSTACLES A LA GRATUITE
DE
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 39
INTRODUCTION 40
1. La remise en cause de la neutralité
commerciale de l'éducation de base 40
1.1. Financement des activités scolaires par
les parents d'élèves 41
Tableau n° 01 : acteurs de la CE et
financement des activités scolaires primaires 41
1.2. Augmentation des dépenses familiales
pendant la rentrée scolaire 42
1.3. La GEP face à la marchandisation de
l'éducation scolaire 43
2. DE LA PERSISTANCE DES TENDANCES PAYANTES DE
L'ECOLE PRIMAIRE 45
2.1. Les frais des évaluations
séquentielles et des devoirs : frais illégaux 45
2.2. Des dépenses scolaires permanentes et
obligatoires : entre subvention tardive et
insuffisante 46
Tableau n°2 : affectation des ressources dans les
établissements d'enseignement maternel
et primaire publics 47
Tableau des dépenses sous rubrique dans
l'enseignement primaire 48
2.3. Les frais demandés aux parents
d'élèves 49
CONCLUSION 50
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 51
vi
DEUXIEME PARTIE : LES APEE EN CONTEXTE DE GRATUITE
D'ECOLAGE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D'
ELEVES. LA
GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AU MANQUE DES
RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA
52
INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE 53
CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET
DES PARENTS
D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE
54
INTRODUCTION 55
1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX
APEE : UN NON-
EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE 55
1.1.Les frais d'APEE dans le sillage des frais
exigibles d'autrefois 56
1.1.1. Les frais d'APEE exigés 56
1.1.2. Les élèves sont renvoyés
à cause des frais d'APEE 57
1.1.3. Les élèves sont
déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de notes
58
1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les
écoles primaires de Koutaba 59
1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année
dans les écoles primaires 59
1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais
d'APEE 60
1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais
d'APEE 60
Tableau 04 : des modalités d'augmentation des
frais d'APEE 60
1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES RESPONSABLES
DES ECOLES
PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE A
KOUTABA 61
2.1. Les parents d'élèves : partenaires
principaux des écoles primaires publiques en zones
rurales 61
2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les
écoles primaires 62
2.3. Les élites et les actions solidaires dans
les écoles primaires 64
CONCLUSION 64
CHAPITRE 4 : LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE
AU
MANQUE DE RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A
KOUTABA 66
INTRODUCTION 67
1.
INSUFFISANCE DES RESSOURCES FINANCIERES DANS LES
ECOLES
PRIMAIRES 67
1.1. Les sources de revenu des écoles
primaires à Koutaba 67
1.1.1. Les parents d'élèves :
partenaires principaux des écoles primaires publiques en
zones rurales 68
1.1.2. La commune : une appropriation encore
insuffisante 69
1.2. Les fonds des établissements scolaires
primaires publics 70
1.2.1. La caisse des établissements
70
1.2.2. Le budget de « fonctionnement »
: entre inconsistance et retard 71
2. LE DEFICIT DES PERSONNELS ENSEIGNANTS INTEGRES
DANS LES ECOLES
PRIMAIRES 72
2.1. Un poids important du financement
supporté par les usagers 72
2.2. Du personnel intégré dans les
écoles primaires : des chiffres peu satisfaisants 73
Tableau n° 03 : synthèse du personnel
enseignants dans les écoles primaires de Koutaba 73
3. LA PROBLEMATIQUE DU PAQUET MINIMUM 75
3.1. Le paquet minimum toujours en retard
75
3.2. Du « minimum » du paquet minimum
76
CONCLUSION 77
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 78
CONCLUSION GENERALE 80
1. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 85
1.1. Ouvrages généraux 85
1.2. Ouvrages spécialisés 85
1.3. Articles scientifiques 85
1.4. Webographie 87
1.5. Rapports Scientifiques 87
ANNEXE 90
1. Outils de collecte des données 91
1.3. Guide d'entretien pour les responsables des
ecoles primaires 91
2. Autres éléments pertinents pour la recherche
95
TABLEAU 04 : PROBLEMATIQUE 95
Les écoles primaires peinent à appliquer la
politique de la GEP, dans l'arrondissement de
Koutaba à cause des obstacles qu'elles rencontrent
95
Tableau n° 5 Textes réglementaires et
leurs contenus 96
TABLEAU N° 06 : Infrastructures du secteur de
l'éducation publiques primaires dans
l'arrondissement de Koutaba 99
ix
A mon très cher FOKOUYA Abdou
REMERCIEMENTS
Je remercie tout particulièrement le professeur
Jean-EMET NODEM, mon directeur de mémoire, qui a consacré son
temps pour examiner mes travaux, faire des observations, des critiques et
donner des orientations nécessaires à l'aboutissement de cette
recherche.
Ma gratitude va également à l'endroit de tous
les enseignants de la filière sociologie, notamment les Dr BOULLA Alain
Roger MEVA'A, ATSATITO Mathias, MELI MELI Vivien, ISMAÏLA DATIDJO et
NGOUYAMSA Valentin ; pour leur apport intellectuel et la mise à ma
disposition des documents nécessaires à la rédaction de ce
mémoire.
Mes remerciements vont aussi à l'endroit de tous mes
promotionnaires de Master 2 pour la collaboration et l'entraide tout au long de
mon cursus de master 2 ; à mes aînés et cadets
académiques pour leurs encouragements, leurs critiques et leurs
suggestions nécessaires à la réalisation de cette
étude.
Tous mes remercîments à tous ceux et celles qui
m'ont donné et facilité la collecte des informations
indispensables à la rédaction de ce mémoire.
A mes frères (MOUNCHILI seidou, NGOUYAMSA nourdine,
YADIWU arouna, LIKOUSSU zounkaraneni) et à mes soeurs (NSANGOU
Réanatou, POUTOUGNIGNI salamatou, KOUMCHEGAM fadimatou, YOUWAFON
rachidatou, NGAFE zouliatou et PEMBOURA samira) ; recevez mes sincères
remerciements pour toutes les formes de soutien manifesté à mon
endroit. Je ne l'oublierai jamais.
Que tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont
contribué à la rédaction de ce mémoire et dont les
noms ne sont pas cités, trouvent ici l'expression de ma profonde
gratitude.
xi
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES
Figure n°01 conceptualisation de la GEP 21
Graphique n°01 : Structure de l'école primaire au
Cameroun 32
Tableau n° 01 : acteurs de la CE et financement des
activités scolaires primaires 41
Tableau n°02 : affectation des ressources dans les
établissements d'enseignement
maternel et primaire publics 47
Tableau n°03 des dépenses sous rubrique dans
l'enseignement primaire 48
Tableau n°04 : des modalités d'augmentation des frais
d'APEE 60
Tableau n° 05 : synthèse du personnel enseignant dans
les écoles primaires de Koutaba
73
LISTE DES ANNEXES
1. Outils de collecte des données
1.1. Guide d'entretien pour les responsables des écoles
primaires 91
1.2. Guide d'entretien pour les parents d'élèves
des écoles primaires 93
tableau 06 : problematique 95
tableau n° 07 textes réglementaires et leurs contenus
96
tableau n° 08 : infrastructures du secteur de
l'éducation publique primaire dans
l'arrondissement de koutaba 99
1 Conférence des
Ministres de l'Education ayant le français en partage.
XII
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
GEP : Gratuité de l'Enseignement Primaire
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
EPT : Éducation Pour Tous
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
CE : Communauté Éducative
CTD : Collectivité Territoriale
Décentralisée
FAPEO : Fédération des Associations des parents
de l'Enseignement Officiel
QSR : Question Spécifique de Recherche
HSR : Hypothèse Spécifique de Recherche
OSR : Objectif Spécifique de Recherche
DPE : Développement de la Petite Enfance
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Éducation, la Science et la Culture
APEE : Association des Parents d'Élèves et
d'Enseignants.
PTA : Parents Teachers Association.
MINEDUB : Ministère de l'Éducation de Base.
TNS : Taux Net de Scolarisation
TBS : Taux Brut de Scolarisation
TS : Taux de Suivi
CEP : Certificat d'Étude Primaire
CP : Cours Préparatoire
CE1 : Cours Élémentaire Première
année
CE2 : Cours Élémentaire Deuxième
année
CM1 : Cours Moyen Première année
CM2 : Cours Moyen Deuxième année
ZEP : Zone d'Éducation Prioritaire
MP : Maîtres des Parents
MINMAP : Ministère des Marchés Publics
PASEC : Programme d'Analyse des Systèmes
Éducatifs de la CONFEMEN1
FCFA : Francs des Colonies Françaises d'Afrique
DYCOLEM : Dynamique collective émergente pour le
développement durable de Koutaba
RESUME
La présente recherche est intitulée : la
gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba :
Analyse sociologique des obstacles. Elle se propose de rendre
intelligible la gratuité de l'enseignement primaire suivant une approche
fondée sur les difficultés que rencontrent les écoles
concernées dans son application. Ce travail découle du constat
selon lequel, l'éducation de base est gratuite d'après les normes
officielles en vigueur au Cameroun. Cependant, dans les écoles primaires
à Koutaba, les parents d'élèves sortent encore de l'argent
(directement ou indirectement) pour payer l'éducation de leurs enfants.
La politique de la gratuité de l'enseignement primaire adoptée
par l'État n'est pas réellement appliquée dans les
établissements scolaires primaires. Ainsi, cette recherche pose le
problème des obstacles que rencontrent ces établissements dans
l'application de cette politique. L'interrogation qui oriente cette recherche
est la suivante : Comment comprendre le fait que, les écoles primaires
peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement
de Koutaba ? A cette interrogation, l'hypothèse suivante est
formulée : les écoles primaires peinent à mettre en place
la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba à cause de
plusieurs obstacles qu'elles rencontrent. Sur le plan théorique, nous
avons fait recours à l'analyse stratégique, la théorie de
la gouvernance réelle et la théorie de la reproduction sociale.
Ce travail s'inscrit dans une démarche qualitative. Au demeurant, bien
qu'elle ne soit pas encore effective, la GEP traine avec elle des enjeux
sociaux divers ; nous citerons entre autre la démocratisation de
l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité
entre les sexes face à l'accès à l'école. Les
formes d'obstacles à la GEP se construisent à partir de la remise
en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base et
le système de la paie des évaluations et des devoirs dans les
écoles primaires. La gratuité de l'enseignement primaire face aux
APEE est un non-événement pour les parents
d'élèves2. Notamment avec les frais d'APEE qui vont
désormais dans le sillage des frais exigibles d'autres fois et
s'augmentent de plus en plus dans les écoles primaires de Koutaba.
Compte tenu des difficultés existentielles auxquelles font face les
écoles primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces
écoles ont fait des parents d'élèves, leurs partenaires
principaux en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme des
supports matériels et financiers pour assurer la subsistance de leurs
établissements respectifs. Le recours aux élites locales n'est
pas de reste. Avec l'insuffisance des ressources dans les écoles
primaires à Koutaba, celles-ci n'arrivent pas à appliquer une
gratuité effective. Il s'agit notamment des ressources
financières, humaines et matérielles.
Mot clé : Gratuité, Enseignement,
Primaire, analyse sociologique
ABSTRACT
2 L'évènement étant la
politique de la GEP
xiv
This research is entitled: Free Primary Education in Koutaba
District: Sociological Analysis of Obstacles. It aims to make the free of
charge of primary education intelligible, based on an approach based on the
difficulties encountered by the schools concerned in its application. This work
stems from the observation that basic education is free according to the
official standards in force in Cameroon. However, in primary schools in
Koutaba, parents still raise money (directly or indirectly) to pay for their
children's education. The policy of free primary education adopted by the State
is not really applied in primary schools. Thus, this research raises the
problem of the obstacles that these institutions encounter in the application
of this policy. The question that guides this research is as follows: How to
understand the fact that primary schools are struggling to implement the policy
of the GEP in Koutaba district? To this question, the following hypothesis is
formulated: primary schools are struggling to implement the policy of the GEP
in the Koutaba district because of several pockets of obstacles they encounter.
On the theoretical level, three theories are mobilized namely strategic
analysis, the theory of real governance and the theory of social reproduction.
At the methodological level, this work is part of a qualitative approach. To do
this, the semi-directive interview is the technique used. Thirty-five
individuals were interviewed. In particular, primary school principals, parents
of pupils, teachers (graduating in the state coffers or not), and municipal
agents. Moreover, the results of this research highlight the fact that primary
schools are struggling to implement free education effectively because of the
obstacles they face. Although not yet effective, the GEP brings with it various
social issues. In particular, the democratization of basic school education,
parity and gender equality in the face of access to school. The forms of
barriers to PEG are constructed from the challenge of the commercial neutrality
of basic education and the system of pay assessments and homework in primary
schools. Free primary education against APEE is equal to a non-event for
parents. Especially with Especially with the expenses of APEE that will now be
in the wake of the fees payable other times and their increases in primary
schools Koutaba. Given the existential difficulties facing public primary
schools today, the principals of these schools have made parents, their main
partners in rural areas. Likewise, they use APEE as material and financial
support for the livelihoods of their respective institutions. The resort to
local elites is not left out. With the lack of resources in primary schools in
Koutaba, they are unable to apply an effective free fee. These include
financial, human and material resources.
Keyword : Free, primary, education, sociological analysis.
xv
xvi
xvii
INTRODUCTION GENERALE
1
2
1. Contexte et justification de la recherche
Le Cameroun est l'un des pays de l'Afrique centrale qui
aujourd'hui sont engagés dans des réformes économiques,
sociales et institutionnelles majeures. La plupart de ces réformes sont
calquées sur les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). Le Cameroun adhère comme bon nombre de pays
aux politiques internationales définies dans la majorité par les
organismes internationaux (ONU, UNESCO...) et les institutions du
bretton-woods3. C'est au sein de ces institutions que l'on
décide aujourd'hui de la trajectoire que l'humanité doit
emprunter.
Du 06 au 08 septembre 2000, à la veille du nouveau
millénaire, les chefs d'États et de gouvernements réunis
à New-York ont décidé des pistes sur lesquelles, les
États devront évoluer. Lors de cette réunion
historique4, plusieurs résolutions ont étés
adoptées, Parmi lesquelles : la réduction d'ici 2015 de la
proportion de la population mondiale vivant avec moins d'un (01) dollar par
jour et de celle des individus qui souffrent de la faim ; réduire de
moitié d'ici 2015, la proportion des populations qui n'ont pas
accès à l'eau potable ou qui n'ont pas les possibilités de
s'en procurer. Il a été dit que d'ici la même année,
la mortalité maternelle serait réduite de 3/4 et que celle des
enfants de moins de 5 ans serait réduite de 2/3 par rapport au taux
d'alors. Il était aussi prévu que, la propagation du VIH/SIDA
devait être arrêté et sa courbe inversée d'ici 2015.
Le paludisme et les grandes maladies qui menacent l'humanité devraient
être maitrisés. Une assistance spéciale aux orphelins
était également prévue. L'éducation n'était
pas de reste. Il était dit que d'ici 2015, tous les enfants à
travers le monde garçons et filles seraient à mesure d'achever un
cycle complet d'étude primaire et que la parité de genre à
ce sujet serait assurée à tous les niveaux de
l'enseignement5. Déjà le 4 avril 1998, une loi fait de
l'éducation au Cameroun une « grande priorité
nationale»6, assurée par l'État et les
partenaires de l'éducation.
3 Ensemble constitué de la banque mondiale et du FMI.
4 Nous qualifions cette réunion d'historique dans la
mesure où elle va influencée le vécu des populations
à travers le monde et singulièrement les populations
vulnérables.
5 Informations tirées du document sur le cadre d'action
de Dakar, établit du 26 au 28 avril 2000 au Sénégal.
6 Loi n°98/004 du 4 avril 1998
portant orientation de l'éducation au Cameroun, art 2.
3
Aujourd'hui, le Cameroun connait d'énormes
difficultés en matière d'éducation : la qualité et
la parité de l'offre éducative, le libre accès, la
consommation de la drogue en milieu scolaire, la sous scolarisation de la jeune
fille, l'analphabétisme et les déperditions scolaires entre
autres. L'institutionnalisation de la gratuité de l'enseignement
primaire (GEP) à travers les pays et au Cameroun en particulier vise
à venir à bout de ces phénomènes. Il s'agit avec
cette politique de répondre à un besoin social observé et
décrié par les organisations non gouvernementales (ONG), les
acteurs de la société civile (SC) et les populations pour ne
citer que ceux-là. L'augmentation sans cesse de divers frais scolaires
au niveau primaire par les établissements scolaires du secteur public
constitue une problématique réelle7.
En période de rentrée scolaire, la vente des
fournitures scolaires, le recrutement des élèves et du personnel
dans les établissements scolaires, la gestion des fonds dans les
établissements à outrance deviennent des valeurs
économiques de haut vol. Les groupes des cours de
répétition payant se multiplient. La marchandisation de
l'éducation bat son plein. Au Cameroun, l'institution scolaire est
traversée par une sorte de discours captivant. Pour inscrire un enfant
dans un établissement scolaire, que ce soit à la maternelle, dans
les classes élémentaires, ou au collège/ lycée, il
faut « bien parler8 ». De l'avis de Marine Poulin et al
(2007),
Ce discours ambiant, typique du
néolibéralisme, se base sur une approche utilisateur-payeur qui
écarte complètement les notions de droit à
l'éducation et de solidarité sociale. On individualise une
question sociale, en plus de réduire l'éducation à
l'état de marchandise de sorte qu'elle soit perçue comme un bien
personnel dont on peut tirer profit.
L'affirmation selon laquelle « l'école est
gratuite », nous apprend la Fédération des Associations des
Parents de l'Enseignement Officiel (FAPEO : 2008), peut bien s'inscrire dans la
lignée des contre-vérités assez fréquentes dans
notre société. Car dit-elle, les parents ne s'attendent pas
à devoir intervenir financièrement à l'école et le
lieu où commence leur implication dans la scolarité de leur
enfant est déjà flou au départ. Rappelons qu'ici tout
n'obéit pas forcément à la loi. Car le pays souffre d'une
sérieuse
7 Lucie France Dagenais, P.h.D. (sociologue) et Karina
Montminy, conseillère juridique. 2007. La gratuité de
l'instruction publique et les frais scolaires exigés des parents. 87p
8 Le langage doit revêtir des allures des
négociations pour être crédible.
pathologie9, dont on situe les origines à
l'époque du PAS. Il s'agit en clair de la corruption. À
côté de tout cela, l'école est devenu un champ
d'expérimentation.
Les déperditions scolaires, les abandons et bien
d'autres phénomènes sociaux très complexes, font que
l'école soit aujourd'hui un vaste champ d'expérimentation. Ayant
fait cette remarque, François Dubet (2000) pense que « le
problème des écoles et des élèves difficiles s'est
imposé comme le lieu dans lequel se focalise l'ensemble des
problèmes sociaux : banlieues, chômage, immigration,
délinquance, violence, refus scolaire...»10. Ces
différents maux reflètent généralement les failles
de nos systèmes éducatifs. Celui du Cameroun présente de
nombreux dysfonctionnements et nécessite des ajustements constants. Cala
s'impose à l'État. Car, «par un bon système
d'éducation publique, votre édifice deviendra
éternel»11. L'éducation reste encore
jusqu'à preuve du contraire, l'itinéraire de promotion et de
construction sociale par excellence.
En réalité, l'instruction a toujours
été un enjeu politique et social sur l'échiquier
national12. C'est ainsi que, le dix février 2010 à la
veille de la fête de la jeunesse, le président de la
république camerounaise proclame de manière officielle la
gratuité de l'enseignement primaire (GEP). Une déclaration qui va
se formaliser dans de nombreuses lois, arrêtés et circulaires. En
effet, dans le décret n°2001/041 portant organisation des
établissements scolaires publics et attribution des responsables de
l'administration scolaire13, il est clairement dit au niveau de
l'art 47 que « les élèves des écoles primaires
publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles ».
Bien avant cet art, le précédent dans son alinéa 2,
deuxième et troisième points font état de ce que les
contributions statutaires des collectivités territoriales
décentralisées (CTD) sont
9 Nous nous referons au normal et au pathologique chez Emile
Durkheim dans les règles de la méthode sociologique. Les
phénomènes normaux sont « ceux qui sont tout ce qu'ils
doivent être » et les phénomènes pathologiques sont
« ceux qui devraient être autrement qu'ils ne sont »
10 Dubet F.(n°5/2000).L'école et
l'exclusion, in Éducation et Sociétés,
50p :
http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/education-societes/RE005-4.pdf
consulté le 12 Octobre 2017.
11 Déclarait Mirabeau devant
l'Assemblée nationale française le 10 septembre 1791. Soulignant
par là le rôle central dévolu à l'Etat dans la mise
en oeuvre d'une logique éducative. Citer par Jean Michel DUCOMTE
professeur à l'institut de sciences politiques de Toulouse ; dans «
les déperditions scolaires, un frein à l'éducation en
Afrique de l'ouest ».
12 Luc Ngwé, Hilaire De Prince Pokam, Albert Mandjack
et Ernest Folefack. 2006. « L'université et les universitaires dans
les mutations politiques et éducatives au Cameroun », Cahiers de la
recherche sur l'éducation et les savoirs, 169-191.
13 Décret n°2001/041 portant organisation des
établissements scolaires publics et attributions des responsables de
l'administration scolaire. Par le Pr PAUL Biya le 19 février 2001
à Yaoundé. 4
5
obligatoires et les contributions des associations des parents
d'élèves (APE)14/ parents teachers association (PTA)
sont volontaires. Pour Martin Libre (2014), ces mesures louables semblent
être un mythe car, dit-il, des directeurs d'école continuent de
percevoir de l'argent chez les parents d'écoliers d'une manière
ou d'une autre. Le milieu scolaire est de plus en plus très complexe et
n'offre pas une visibilité claire ; aussi bien dans les textes
juridiques qui l'encadrent que dans ses réalités quotidiennes. De
nombreux textes fondamentaux, nationaux et internationaux, garantissent le
droit à l'enseignement et à l'éducation. La
gratuité d'accès à l'enseignement obligatoire permet de
garantir ce droit, elle est donc elle aussi garantie par ces textes
fondamentaux15.
Cette étude découle du constat selon lequel les
politiques éducatives s'implantent différemment en fonction des
contextes sociopolitiques. La GEP ici à l'honneur, bien que
véhiculant les mêmes valeurs à travers les continents, les
pays et à travers les subdivisions administratives ; n'a pas la
même consistance par tout. Elle ne rencontre pas non plus les mêmes
difficultés et les populations ne s'en approprient pas de la même
façon. Dans les zones périphériques, les projets
d'envergure internationale et pour le moins nationale n'y écrivent pas
leurs lettres de noblesse de manière lisse, marqué de
linéarité.
Entreprendre une étude sur la politique de la GEP dans
l'arrondissement de Koutaba sous l'angle des obstacles, vise à enrichir
certainement la littérature sociologique. En rendant compte de ce qui
empêche les écoles primaires d'atteindre la gratuité
effective de l'enseignement.
Plusieurs autres mobiles sont à la base de cette
étude sur la GEP en contexte local. Si nous avons choisi de nous
concentrer sur l'enseignement primaire, c'est aussi au regard de
l'intérêt particulier que la communauté internationale lui
accorde. Le « SMIC culturel »16 dont parlent
Baudelot et Establet(1989) à la conclusion de leur livre (Le niveau
monte), justifie profondément cet intérêt porté
sur l'EPT.
14 APE de l'ancienne appellation des associations des
parents d'élèves, qui depuis 2003 sous l'initiative du
ministère de l'éducation national est devenue APEE.
15 Plus d'informations dans le portail de
l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles
16 « Savoir minimum garanti »
6
En contexte de décentralisation17, il s'agit
de mener une analyse sur le modèle «
centre-périphéries »18 étant donné
que le contexte local a ses réalités économiques, et
socioculturelles propres. Ces réalités influencent d'une
manière ou d'une autre la viabilité ou non de tout projet de
développement y ayant cours. La manière dont les élites
locales s'approprient une politique nationale voire internationale, a ainsi
motivé le choix d'une collectivité territoriale
décentralisée (CTD) comme site de recherche. Le but est de
comprendre comment les projets de développement impulsés par le
centre s'opérationnalisent dans les périphéries, en se
focalisant sur les obstacles. La décentralisation et la
déconcentration de la gestion de l'éducation sont incontournables
dans le contexte avancé de régionalisation, où les
collectivités locales doivent assumer correctement le
développement de l'éducation à la base en vertu des
pouvoirs qui leurs sont conférés par la loi19. Une
autre raison est liée à la problématique de l'EPT comme le
souligne Alfred Fernandez (2005),
Il est clair aussi que le caractère obligatoire de
l'éducation primaire va de pair avec sa gratuité. Cependant, une
fois cette nécessité reconnue, on s'aperçoit que la notion
de gratuité appliquée à un domaine aussi complexe que
l'éducation ne va pas de soi, car elle ne rend pas compte par
elle-même des frais qu'elle englobe.
Dasn le sillage de cette observation, l'éducation
restera toujopurs difficilement gratuite. D'ailleurs nous verrons plus loin
pourquoi. Ainsi, une analyse sociologique des obstacles qui entravent la
question nous parait intéressante. Si nous nous proposons de faire une
étude sur la politique de la GEP sous son pendant des
résistances, c'est aussi parce que la période de mise en oeuvre
effective telle que prévue lors des différents forums y relatifs
est largement consommée, et l'effectivité n'est toujours pas
atteinte. Ainsi, nous cherchons à savoir ce qui entrave sa
réalisation effective en situation locale.
2. Problème d'étude
L'éducation vise entre autre l'alphabétisation,
sur la base du respect et d'une dignité égale pour tous. Elle
contribue à tisser les dimensions sociale, économique et
17 « La décentralisation consiste en
un transfert par l'Etat, aux collectivités territoriales
décentralisées ... de compétences
particulières et de moyens appropriés ». La loi
d'orientation de la décentralisation, disposition de l'article 02
18 Notion qui traduit «
l'existence dans les structures étatiques d'un appareil central qui
dispose du monopole d'impulsion et d'orientation, et d'entités
territoriales périphériques qui sont plus ou moins autonomes par
rapport au centre ». Source : cours d'Appui institutionnel et question de
décentralisation rédigé et dispensé par le Prof
Joseph KEUTCHEU, 2016-2017.
19 Auguste COLY (2014)
7
environnementale du développement durable. C'est
là, une vision humaniste de l'éducation considérée
comme un bien commun essentiel20. La plupart des États parmi
lesquels le Cameroun, entretiennent cette vision de l'éducation. Car,
elle traine avec elle la cohésion sociale et le développement.
Il y'a environ 18 ans, le président de la
République Camerounaise proclamait de manière officielle la
gratuité de l'enseignement primaire(GEP). Une déclaration qui
s'est formalisée dans de nombreuses lois, arrêtés et
circulaires. En effet, dans le décret n°2001/041 portant
organisation des établissements scolaires publics et attribution des
responsables de l'administration scolaire21, il est clairement dit
au niveau de l'art 47 que « les élèves des écoles
primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles
». Cette disposition n'est qu'une conséquence directe parmi tant
d'autres relatives à cette politique. Voilà comment de
manière officielle, l'éducation des enfants au niveau primaire
est censée être effectivement gratuite dans les écoles
primaires au Cameroun. Ce fut un moment important de l'évolution du
système éducatif22. Et pourtant aujourd'hui, la
réalité est toute autre.
Bon nombre d'enfants aujourd'hui ne peuvent jouir de ce qui
est désormais considéré comme un droit de l'Homme. Au
Cameroun et à Koutaba notamment, les gens sortent encore de l'argent
pour payer l'école (directement ou indirectement), et les enfants sont
encore déclarés insolvables. Et comme si celà ne suffisait
pas, certains sont souvent privés de leurs bulletins de notes pour
n'avoir pas payé les frais d'APEE et autres divers frais. Au Cameroun et
à Koutaba en particulier, l'accès à l'éducation
reste encore un luxe pour certains enfants, à cause de la
pauvreté. La GEP dans cette logique n'est pas encore une évidence
et connait des difficultés avec ce que paient les parents dans les
écoles primaires. Le constat est tel que la GEP en cours au Cameroun,
n'est pas une politique lisse, marquée de linéarité entre
son énonciation et sa mise en oeuvre. Car en dépit de tout, les
obstacles demeurent. A l'observation, l'effectivité de la
gratuité de l'école élémentaire bute sur
d'abondantes difficultés. C'est à la suite de toutes ces
réalités que nous voulons savoir ce qui bloque la mise sur pied
effective de la GEP au Cameroun et singulièrement en contexte local.
Cette étude met un accent sur les
20UNESCO 2015. Repenser l'éducation-vers un
bien commun mondial
21 Décret n°2001/041 portant
organisation des établissements scolaires publics et attributions des
responsables de l'administration scolaire. Par le Président PAUL Biya le
19 février 2001 à Yaoundé.
22 Philippe Hugot. 2005. La gratuité de
l'enseignement secondaire, l'Harmattan. 306p
8
blocages qui empêchent cette politique de s'implanter de
manière effective dans l'arrondissement de Koutaba.
3. Problématique
La gratuité de l'école primaire est une
politique formellement en vigueur au Cameroun. Cela se traduit dans les lois,
les décrets, les arrêtés, les circulaires et les
engagements internationaux contractés par l'État Camerounais en
matière d'éducation. Ainsi, formellement, l'enseignement primaire
est gratuit au Cameroun. Cependant, dans les écoles primaires, les
parents d'élèves sortent encore de l'argent (directement ou
indirectement) pour payer l'éducation de leurs enfants. Les responsables
des établissements scolaires primaires peinent à appliquer la
politique de la GEP. L'effectivité de ladite politique reste encore
problématique. Dans cette logique, ce que prévoit les normes
officielles n'ont réellement rien à voir avec ce qui se passe
dans les écoles primaires à Koutaba.
3.1. Questions de recherches
3.1.1. Question centrale de recherche :
QCR : Comment comprendre le fait que, les écoles
primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans
l'arrondissement de Koutaba ?
3.1.2. Questions spécifiques :
Spécifiquement, il s'agit de comprendre :
QSR 01 : Comment se construisent les formes d'obstacles
à la gratuité de l'enseignement primaire ?
QSR 02 : Comment comprendre et interpréter les APEE et
leurs frais en contexte de gratuité de l'enseignement primaire ?
OSR 03 : Comment la politique de la GEP est-elle
accompagnée en terme de ressources en contexte local ?
3.2. Hypothèse de recherche :
3.2.1. Hypothèse
générale
Les écoles primaires peinent à mettre en place
la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba à cause de
plusieurs poches d'obstacles qu'elles rencontrent.
3.2.2. Hypothèses spécifiques
Spécifiquement, cette étude stipule que :
HSR 01 : Les formes d'obstacles à la gratuité de
l'école primaire publique se construisent à travers la remise en
cause de la neutralité commerciale et la persistance des tendances
payantes de ladite école.
HSR 02 : les APEE et leurs frais dans les écoles primaires
publiques traduisent la Non-gratuité effective de ces écoles pour
les parents d'élèves et une possibilité de survie du
système scolaire primaire pour le corps administratif de ces
écoles.
HSR 03 : La politique de la GEP n'est pas suffisamment
accompagnée de ressources dans les écoles primaires à
Koutaba.
3.3. Objectifs de recherche
3.3.1. Objectif général de
recherche
Comprendre pourquoi les écoles primaires peinent à
appliquer la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.
3.3.2. Objectif spécifiques
De manière spécifique, cette étude vise
à :
OSR 01 analyser comment se construisent les formes d'obstacles
à la gratuité de l'enseignement primaire.
OSR 02 : Comprendre la pertinence des frais d'APEE en contexte de
gratuité de l'enseignement primaire.
OSR 03 : Analyser les moyens avec lesquels la politique de la GEP
est accompagnée en contexte local.
4. Cadre théorique
Cette section est constituée de deux
éléments importants dans les études de sociologie. Il
s'agit de la revue de la littérature et des théories
mobilisées dans le cadre de ce travail.
4.1. Revue de la littérature
L'histoire de l'enseignement en général
présente ce dernier comme une activité sociale sujette à
débat et d'approches controversées. L'éducation
primaire
9
10
singulièrement, en ressort comme une priorité
universelle ou encore comme un droit fondamental de l'Homme. C'est un sujet qui
a fait réfléchir aussi bien les hommes politiques, les organismes
non gouvernementaux, les syndicalistes que les chercheurs en science de
l'éducation. Notre revue de littérature se veut
thématique. Elle porte sur les thématiques telles que : la GEP et
l'EPT, la GEP et la scolarisation, la GEP et la qualité de
l'éducation, la GEP et l'APEE. Ces thématiques ont
étés choisies en raison de leur proximité avec notre sujet
de recherche. Sinon la littérature sur l'école primaire de
manière générale reste très abondante et
disparate.
> La Gratuité de l'Enseignement Primaire et
l'Éducation Pour Tous
Plusieurs pays ont pris le cap de la démocratisation de
l'école et la promotion de l'EPT en instituant dans leurs
systèmes éducatifs, la gratuité de l'école
primaire. Ils se conforment aux résolutions consignées dans les
OMD dont nous avons fait mention plus haut. Antoine et Marie Daphnay (2016)
estiment que : « En effet, l'accès à l'éducation
primaire pour tous constitue un enjeu majeur et un défi permanent dans
les pays en voie de développement car la plupart d'entre eux ne
disposent pas suffisamment de ressources financières pour mettre en
place un système éducatif pour tous les enfants». Cette
observation entre en droite ligne avec une partie de cet argumentaire.
Selon les chiffres du rapport 2015 de l'UNESCO, « en
2012, 58 millions d'enfants n'étaient pas scolarisés dans le
monde, en 2015, 14 % des adultes étaient analphabètes ».
Dans le même rapport, dans plus de deux tiers des pays,
l'égalité d'accès à l'éducation primaire a
été atteinte et les enfants les plus défavorisés
sont quatre fois moins susceptibles que les enfants les plus riches
d'être scolarisés. En d'autres termes, l'EPT n'est pas garantie,
encore moins un acquis pour tout le monde. Ce rapport présente un
travail évaluatif des progrès réalisés, qui restent
à réaliser et fournit des recommandations. L'objectif 2 de
Dakar23 portait sur l'enseignement primaire universel. Quinze ans
après, le rapport de l'UNESCO fait état de ce que, « En
2012, encore près de 58 millions d'enfants n'étaient pas
scolarisés. Les taux nets de scolarisation dans le primaire ont tout de
même considérablement progressé : de 84% en 1999, ils sont
passés à 93% en 2015, et dans 17 pays, ils se sont accrus d'au
moins 20 points de pourcentage entre 1999 et 2012 ».
23 Forum mondial de Dakar tenu en 2000
11
Malgré les progrès considérables
accomplis au cours des deux dernières décennies, la scolarisation
dans les pays les plus pauvres est loin d'être universelle. La plus
grande partie des populations pauvres du monde vit dans les pays d'Asie de
l'Est et du Pacifique, de l'Asie du Sud et d'Afrique subsaharienne (Arye L.
Hillman et Eva Jenkner : 2004). Les niveaux de scolarisation constatés
dans ces parties du monde correspondent à leurs performances
économiques. Les inégalités entre le genre féminin
et le genre masculin restent encore plus certaines. L'EPT est loin d'être
une réalité en Afrique et au Cameroun en particulier, même
en contexte de gratuité d'écolage au niveau
élémentaire. Jenkner et Hillman (2004) affirment dans cette
logique que, « la scolarisation des filles est incomparablement plus
faible que celle des garçons dans les pays à faible revenu
». De leurs points de vue, les filles sont particulièrement
désavantagées en Afrique. Soit c'est le défaut l'offre
éducative qui pose problème, soit c'est la demande qui fait
défaut, soit encore c'est à cause de la pauvreté. De
toutes manières, « il y a des obstacles soit du
côté de la demande, soit du côté de l'offre »
disent-ils. Ils mettent en avant, le coût de la demande
d'éducation, le cout des livres et des fournitures scolaires, des frais
de transport et d'habillement, le manque d'accès au crédit chez
les parents dans les pays pauvres pour expliquer la sous scolarisation ou mieux
« la faiblesse de la demande éducative ». La demande
d'éducation peut également être déficiente en raison
des coûts d'opportunité de l'éducation des enfants : les
parents peuvent préférer que leurs enfants travaillent pour
compléter le revenu familial, ou qu'ils s'occupent des tâches
ménagères ou de personnes malades de la famille. Pour ces deux
auteurs, dans les pays africains ou le sida fait des ravages, il arrive que les
enfants ne puissent pas aller à l'école parce qu'ils doivent
s'occuper de leurs parents malades ou de leurs frères ou soeurs
orphelins. Les couts d'opportunité peuvent être tels que
l'école, même officiellement gratuite, l'école reste
inabordable pour certaines familles. Ces analyses relèvent les
difficultés que peut rencontrer tout mécanisme visant à
assoir l'EPT dans les pays pauvres.
Le gouvernement camerounais a bien saisi la
nécessité d'un système éducatif ouvert à
toutes les catégories sociales. D'après Nzino, Victorine et Vukeh
(2016), la politique éducative du Cameroun est centrée autour de
deux principaux points : la lutte contre la pauvreté et la question de
la parité. Malgré les failles observées, il est
désormais question de la lutte pour la qualité de
l'éducation et l'équité24. La politique de
la GEP est envisagée dans cette voix comme un
mécanisme pour atteindre l'EPT.
Dans l'esprit de ce qui précède, la politique de
la GEP, vient renforcer la démocratisation de l'éducation de
base. Elle amenuise les effets de la pauvreté sur la scolarisation des
enfants, en facilitant un accès important à un public mixte.
Notre recherche entre dans cette dynamique avec une ambition toute autre. Il
s'agit d'une analyse qui accentue la réflexion non pas sur les effets de
la GEP, mais plutôt sur les obstacles qu'elle rencontre.
> La Gratuité de l'Enseignement Primaire et la
scolarisation
Face aux problèmes d'accès à
l'école et aux inégalités qui l'accompagnent, l'un des
défis majeurs de la CE à l'aube du XXIème siècle
était de résoudre le problème de la sous-scolarisation.
L'Afrique subsaharienne dans les années 1990 présentait le taux
net de scolarisation (TNS) le plus faible parmi toutes les autres
régions du monde. Derrière l'Asie du Sud et de l'Ouest (forum
mondial de DAKAR : 2000). Pendant cette décennie, la sous scolarisation
persiste. Entre 1990 et 1998, alors que le nombre d'enfants non
scolarisé avait été réduit de plus de la
moitié dans la région d'Amérique latine et des
caraïbes ; au contraire et à cause de certains facteurs, la
situation était difficile une diminution significative du nombre
d'enfants en Afrique subsaharienne25. Durant cette période,
certains pays, inspirés par le forum de Jomtien ont fait des
progrès notoires en matière de la scolarisation. «
Cependant, les évolutions positives observées masquent certaines
disparités dans l'accès à l'enseignement primaire, entre
pays et au sein même des pays » (Dakar : 2000). Cela est encore
plus évidant lorsqu'on investit les zones dites d'éducation
prioritaire ou mieux les zones rurales.
L'UNESCO (2006) remarque à cet effet que, «
l'intrusion de l'enseignement primaire gratuit au Kenya en 2003 a permis
à 1,3million d'enfants pauvres de bénéficier de
l'enseignement primaire pour la première fois grâce à la
suppression des frais de scolarités ». Avec un taux brut de
scolarisation (TBS) qui va évoluer
24 Nzino, M, Victorine, G et Vukeh, T. 2016. Le
système éducatif au Cameroun : de
l'imposition d'une culture au développement des
facultés de la personne humaine
25 Rapport final sur le forum mondial sur
l'éducation : du 26 au 28 Avril 2000 au Sénégal.
12
significativement en passant de 86,8% en 2002 à 101,5%
en 2004. Le taux de scolarisation varie d'un pays à l'autre, d'une zone
à l'autre en fonction des réalités économiques,
politiques et socioculturelles. « Les personnes vivant dans des
communautés pauvres, rurales ou isolées, ainsi que les
minorités ethniques et les populations indigènes ont
réalisées des progrès faibles ou nuls durant la
dernière décennie »26. Au cours de ce forum
il en ressort que moins de 50% d'enfants arrivent au cours moyen 1ere
année (CM1), et n'arrivent à achever leur cycle primaire en Asie
du sud et en Afrique subsaharienne. Les participants font remarquer qu' «
aucun des objectifs de l'EPT n'a pas été intégralement
réalisé, en particulier l'objectif fondamental de l'accès
universel à l'éducation de base et de son achèvement
à l'an 2000 ».
En menant une recherche sur l'impact de la mesure de
gratuité de l'enseignement primaire sur le phénomène des
« vidomégon » (enfants placés) au
Benin27, Serge Armel ATTENOUKON, Sylvie A. T. EHAKO et Éric
MONTCHO-AGBASSA pensent que « si la mesure de gratuité scolaire
est trouvée pertinente, elle concerne davantage plus les filles que les
garçons ». La scolarisation de la jeune fille est longtemps
restée sous le prisme des conditions socioculturelles des ménages
et son effectivité un défi pour le politique. De telle
manière que les garçons ont toujours eu plus de chance que les
filles dans l'accès à l'école. Ils font remarquer qu'avec
la GEP « l'on fait de moins en moins de différence entre les
deux sexes ». Puisque disent-ils « les petites filles
précocement placées en ville pour y être exploitées
comme domestiques peuvent rester près de leurs géniteurs mais
aussi se rendre à l'école afin de se doter des fondamentaux
nécessaires à la vie en société... ».
L'impact de la mesure de la GEP devient ainsi évident. «
Cependant, les taux de scolarisation connaissent aujourd'hui une stagnation, et
l'abandon scolaire reste très important : en 2015, un enfant sur six
n'aura pas achevé l'enseignement primaire » (UNESCO :
2015).
D'une manière générale, ces études
rendent comptent de l'impact que la politique de la GEP a eu sur la
scolarisation des enfants. Elles mettent en relation la scolarisation des
enfants et la politique de la GEP. Elles montrent comment la mise sur pied de
cette politique à booster la scolarisation, avec l'arrivée de
nouveaux élèves. La
26 Rapport final sur le forum mondial sur l'éducation : du
26 au 28 Avril 2000 au Sénégal.
27 Recherche financée par le réseau ouest et centre
africain de recherche en éducation(ROCARE) et réalisée par
SERGE Armel ATTENOUKON, SYLVIE.A.T. EHAKO et ERIC MONTCHO AGBASSA.
13
14
perspective que nous prenons dans cette étude, analyse
cette politique à partir de ses obstacles. Nous ferons un diagnostic des
entraves que rencontre la politique de la GEP au Cameroun et
particulièrement dans l'arrondissement de Koutaba.
> La Gratuité de l'Enseignement Primaire et la
qualité de l'éducation
La plupart des études réalisées sur la
GEP ont évalué la qualité des enseignements offerts
gratuitement. Pour Antoine et Marie Daphnay (2016) « Le constat de la
détérioration progressive générale du
système éducatif depuis de nombreuses années est
partagé à l'unanimité par les parents
d'élève ».
Le troisième point du cadre d'action de Dakar (2000)
note que la GEP doit buter sur « une éducation qui s'attache
à exploiter les talents et le potentiel de chaque personne et à
développer la personnalité des apprenants, afin de leur permettre
de mener une vie meilleure et de transformer la société dans
laquelle ils vivent ». Le constat des chercheurs fait état de
ce que, la mesure de gratuité n'a pas conduit au gain du pari, si on
s'attache à la qualité des enseignements. Car si
déjà « le pourcentage d'enseignants qualifiés au
primaire à considérablement baissé
»28, ce n'est pas la qualité de l'éducation
qui va évoluée positivement.
En étudiant « l'impact de la gratuité
de l'enseignement maternel et primaire sur la pauvreté, le social et les
OMD en 2012 au Benin », Laourou et al (2012), pensent que «
les indicateurs d'efficacité interne connaissent une évolution
erratique avec une tendance globale à la dégradation sauf pour le
taux d'achèvement... ». Il s'agit notamment du taux de
promotion (TP), du taux de suivi (TS) et le manque de vocation de certains
enseignants entre autres. Pour Emile Messi (2010), « la suppression
des frais exigibles a entrainé une augmentation considérable des
effectifs d'élèves à l'enseignement public ». La
conséquence qu'il en tire est que la qualité des apprentissages
est fortement entachée ou plutôt compromis. Notamment à
cause dit-il « de l'accès d'un plus grand nombre de fils de parents
pauvres à l'école ».
Le fait est que la mesure de la GEP a ouvert les portes de
l'institution scolaire à toutes les couches sociales en oubliant
d'assurer la pérennité d'une éducation de qualité
voulue. Ces dysfonctionnements font l'objet de nombreuses circulaires qui
prévoient
28 Rigobert Laourou et al : 2012
15
une évaluation périodique des performances du
personnel enseignant, administratif et des conseillers
d'orientation.29
De l'avis de Gratien Mokonzi Bambanota (2010), «
l'application précipitée et non planifiée de la
gratuité sera, ni plus ni moins, un ennemi redoutable de la
qualité de l'enseignement ». L'accroissement des effectifs
d'élèves et de la demande éducative impulsée par la
politique de la GEP, sans budget conséquent est de ce fait un solvant de
la qualité de l'éducation primaire.
La perception et la dépréciation
s'évaluent ainsi par rapport aux attentes de la CE. Dans cette logique,
Franklin Ludovic KAMTCHE (2010) pense que « de manière
générale, il y a un écart énorme entre l'offre
souhaitée par les populations en matière d'éducation
». On peut donc comprendre pourquoi l'on s'attaque aux conditions des
enseignants, à l'absence des ressources humaines qualifiées,
à la mauvaise qualité des infrastructures et à la mauvaise
gouvernance des fonds dans nos établissements scolaires. Le rapport de
l'UNESCO réalisé en 2015 fait état de ce que, «
dans un tiers des pays, plus d'un quart des enseignants du primaire n'ont pas
reçu une formation conforme aux normes nationales, et la pénurie
d'enseignants reste globalement très préoccupante ».
Ces travaux présentent des analyses de qualité
sur l'impact de la gratuité sur l'éducation des enfants. Ils se
focalisent sur la qualité de l'éducation en rapport avec son
caractère gratuit. En effet, ils ne rendent pas compte de manière
substantielle, des difficultés que rencontre la politique de la GEP. Le
rapport de l'UNESO à cet effet, est un travail bilanciel et se
réduit à une étude d'impact. Fort de tout cela, nous
n'avons nullement pour prétention d'analyser la politique de la GEP
à partir de ces effets sur quelques faits sociaux que ce soit. Notre
travail a dont pour nerf principal, d'analyser les difficultés que
rencontre cette politique. En plus, notre site de recherche est tout autre.
> La Gratuité de l'Enseignement Primaire et les
Association des Parents d'Elèves et d'Enseignants
29 La circulaire n°27/14/C/MINSEC/CAB du
29 Octobre 2014 rappelant certaines dispositions relatives au travail manuel
dans les établissements scolaires d'enseignement secondaire
général, technique, professionnel et normal. Certaines
dispositions de cette circulaire ont étés
réaffirmées dans la circulaire
N°13/17/C/MINSEC/SG/CT2/DAJ/CELSUI du 21 Aout 2017 portant instructions
relatives à la conduite de l'année scolaire 2017/2018.
16
Révisant l'histoire des APEE dans leur étude sur
l'« éducation pour tous » au Cameroun à la
croisée des chemins : entre gratuité d'écolage dans les
écoles primaires publiques et immixtion des APEE à Dschang
», Alain Roger BOULLA Meva'a et KINKEU Georges Robinson (2016)
soulignent qu'elles sont devenues des acteurs incontournables du système
éducatif. Ils parviennent à identifier quatre bases de
l'émergence des APEE au Cameroun et dans l'arrondissement de Dschang en
singulier.
1. « Les années de crise économique et
financière comme base de l'émergence des APEE ». Cette
base se caractérise par la rareté et l'insuffisance des
ressources économiques et financières dans les caisses de l'Etat.
Ce qui le poussera à tendre la main aux acteurs privés de la
société civile et internationaux. En 1996, la loi sur la
décentralisation vient renforcer une libéralisation de l'espace
publique naissante.
2. « Le regroupement sociocommunautaire comme base
première de la consolidation des APEE ». Les regroupements ont
ici un fondement de solidarité, destiné à apporter
« des solutions et des résolutions des difficultés
existentielles ». Telle que la défaillance de l'Etat
éducateur.
3. « L'instauration de la gratuité des frais
d'écolage comme base seconde de consolidation des APEE ». A
cette phase les sociologues relèvent le manque de « moyens
multiformes » qui accompagne l'implémentation de la GEP et
l'incapacité de l'Etat à assurer le financement (tout seul) du
fonctionnement de l'institution scolaire.
4. « La mutation de l'APE à l'APEE comme base
finale de consolidation des APPE ». Ce changement s'opère en
2003 par le Ministère de l'éducation nationale (MINEDUC).
Les parents d'élèves restent tout de même
convaincus d'une chose : « la gratuité de l'enseignement reste
d'une importance capitale pour couper court à toute marchandisation de
ce secteur... d'autant plus que des abus dans les frais demandés aux
parents existent encore aujourd'hui. »30
Dans leur étude, ils soulignent que « les APEE
n'ont toujours pas atteint les objectifs ayant justifiés leur mise en
place ». Notamment à cause des conflits internes entre les
acteurs, leur mode d'intervention fondé généralement sur
« des appétits que
30 Fédération
des Associations de Parents de l'Enseignement Officiel. 2008. «
L'école, combien ça coûte ? Les Analyses de la FAPEO
»
17
suscitent les fonds des APEE ». Ainsi, les APEE
sont dans nos établissements scolaires à l'image « des
tribunes pour les acteurs qui veulent s'assurer une visibilité
sociopolitique ».
Quoi qu'il en soit, la mise en place des APEE est encadrer par
un certain nombre de textes juridiques. A ce propos il est nécessaire de
rappeler avec Franklin Ludovic KAMTCHE (2010), l'ignorance dont certains
responsables dans nos établissements scolaires font preuve. Cela au
regard de ce que les responsables des APEE « sont
déconnectés même des textes régissant leur
activité ». Cet état de réalité paralyse
ces instances dans les institutions scolaires. A en croire BOULLA MEVA'A et
KINKEU (2010), ces responsables n'ont pas pour leitmotiv l'application des
textes en vue de la bonne marche des APEE. Les sociologues pensent au contraire
que « ceux qui contrôlent les APEE escomptent ...des positions
sociales et/ou politiques stratégiques dans l'espace public ».
Le constat est tel que, Charles Robert DIMI (1994) parlait
déjà d'une instrumentalisation de l'Etat/institution scolaire par
les acteurs sociaux.
Au regard de tout ce qui précède, nous
constatons que beaucoup de recherches ont été
réalisées sur les APEE avant et après la GEP. Les
résultats de ces recherches nous présentent les
dysfonctionnements de ces associations, leurs histoires, et les modes d'actions
de leurs membres dans les écoles primaires entre autres. Les chercheurs
expliquent pourquoi ces associations n'ont toujours pas atteint leurs
objectifs. Fort de tout cela, nous voulons contribuer modestement à
l'explication et à la compréhension des APEE en contexte de la
GEP. Notamment en les abordant sous l'angle des résistances à la
GEP.
4.2. Théories mobilisées
L'utilisation d'une théorie en situation de recherche
répond à un critère méthodologique. Ainsi, pour
notre étude, nous avons adopté trois théories. Il s'agit
de l'analyse stratégique, la théorie de la gouvernance
réelle et la théorie de la reproduction sociale.
> L'analyse stratégique
Michel Crozier et Erhard Freidberg (1977) sont les tenants de
cette théorie. Selon cette dernière, il faut s'intéresser,
non pas à la fonction des acteurs au sein de l'organisation mais
plutôt à leurs stratégies individuelles. Le système
ne contraint
18
jamais totalement un acteur. Ce dernier dispose d'une marge de
liberté qu'il utilise pour améliorer ses capacités
d'action. L'acteur oriente ses comportements suivant une stratégie dont
le but est d'accroitre ses gains personnels. La marge de liberté d'un
acteur est source d'incertitude pour ses partenaires comme pour l'organisation
dans son ensemble. Elle rend le comportement de celui-ci imprévisible.
Les acteurs ne savent donc pas comment et à quel moment tel ou tel
acteur peut agir.
Grâce à cette marge de liberté, chaque
acteur dispose ainsi d'un pouvoir sur les autres. Ainsi, chaque acteur dans un
système, oriente son comportement de manière à atteindre
ses objectifs ou ses buts fixés à l'avance. La GEP est une mesure
développée par des acteurs politique, destinée à
être appliquer par des acteurs institutionnels et pour
l'intérêt des acteurs sociaux. Nous sommes bien dans un
système, avec les acteurs dites éducatifs. L'analyse
stratégique part du système pour retrouver l'acteur : les
comportements sont toujours explicables et rationnels.
Dans le cadre de notre étude, l'analyse
stratégique nous a permis de comprendre les stratégies que
développent les acteurs, dans la pratique de la GEP. L'étude de
l'école pose la question du contrôle social qui s'exerce à
travers elle. A travers ce système on peut étudier les
phénomènes de changement et de crise, mais aussi de
décision. Les responsables des écoles primaires ne cherchent pas
la meilleure solution dans l'absolu, mais celle qui répond le mieux
à leurs critères de rationalité. Pour comprendre leurs
choix, il faut donc connaître les options qui se présentent
à eux et selon quels critères ils en retiennent une. L'analyse
stratégique cherche à établir un rapport entre la
rationalité des acteurs et celle du système. En effet, chercher
à comprendre pourquoi l'enseignement primaire n'est pas effectivement
gratuit, nécessite d'analyser la manière dont cette politique est
appliquée par les acteurs de la CE. Autrement dit, étudier leurs
rapports avec les normes officielles, la manière dont ils s'en servent,
les appliquent ou mieux comment ils s'en approprient.
> La théorie de la gouvernance
réelle
La théorie de la gouvernance réelle est une
grille de lecture adaptée à l'étude des politiques
publiques, des administrations, des services publics ou mieux des cadres
d'interactions sociales règlementés. Elle se dévoue
notamment, à l'analyse des actions des agents de l'Etat par rapport aux
lois, aux décrets et autres règles officielles de conduite. Le
monde des normes est immense, et recouvre des réalités ou des
concepts
d'ordres très variés31. Comme le
souligne de Sardan (2008), le décalage très
généralement constaté entre normes et pratiques, est ce
qui nous intéresse. Il s'agit plus précisément, d'un
décalage entre les normes professionnelles publiques et les pratiques
professionnelles des acteurs publics.
Nous abordons la théorie de la gouvernance
réelle avec de Sardan (2008), dans son pendant des normes pratiques.
Cette dimension de la gouvernance réelle met en exergue l'administration
telle qu'elle est, avec les normes sous-jacentes, implicites ou moins visibles
qui coordonnent les actions des agents de l'Etat sur le terrain. Elle se
démarque ainsi des analyses idéalistes qui nous présentent
la gestion de l'administration telle qu'elle devrait être selon la norme
officielle.
De Sardan (2008) souligne que, « s'il est un point
commun à l'abondante littérature portant sur l'Etat, les
administrations et les services publics en Afrique, c'est bien le constat
d'écarts importants entre les normes officielles qui régissent
ces institutions et les comportements réels de leurs agents ».
Pour comprendre ces écarts, il propose un concept dit-il «
exploratoire ». Pour lui ce concept exige un travail empirique
pouvant permettre d'avoir une vision plurielle et éclairée des
« normes pratiques » auxquelles sont suspendues les actions
des agents étatiques. Dans cette logique, les actions de ces derniers ne
se conforment pas à une norme unique dite « officielle
».
> La théorie de la reproduction
sociale
La théorie de la reproduction est un modèle
explicatif très édifiant, très riche en idées et en
auteurs. Elle identifie les individus qui réussissent à
l'école ou non et le pourquoi. Les tenants de cette tradition de la
sociologie de l'éducation partagent au moins trois points de vue.
Ils estiment que : L'école n'est pas un agent vecteur
de la mobilité sociale. Malgré son ouverture à toutes les
classes sociales, le milieu social de chacun détermine sa position
sociale. Ainsi, les individus issus des milieux sociaux
privilégiés ont toujours des positions sociales valorisés.
Tous affirment l'utilité de la stratégie des familles, des choix
qu'elles font en matière d'orientation scolaire et même de
continuité des études ou non. Ils mettent un accent sur le lien
entre la réussite scolaire et l'origine
19
31 JEAN PIERRE OLIVIER DE SARDAN (2008)
20
sociale. Ainsi, les étudiants issus des classes
populaires n'ont pas les mêmes chances que les étudiants des
classes favorisées à l'école.
BOURDIEU et PASSERON pensent dans cette logique que,
l'égalité formelle face à l'école n'est pas
l'égalité réelle. L'école à un rôle
important dans la reproduction sociale. De l'avis des auteurs, c'est une voix
« secrète » qui favorise les inégalités
de chances. En donnant l'illusion qu'elle est accessible à tous, elle ne
permet pas aux classes défavorisées de prendre conscience de
leurs situations. Dans leur ouvrage collectif (les héritiers, les
étudiants et la culture. 1964), ils démontrent que
l'école transforme une domination sociale en domination
méritocratique, notamment avec les concours. Car disent-ils «
c'est oublier que l'égalité formelle qu'assure le concours ne
fait que transformer le privilège en mérite puisqu'il permet
à l'action de l'origine sociale de continuer à s'exercer, mais
par des voies plus secrètes » (BOURDIEU et PASSERON :1964 ;
p104). Pour eux, les valeurs que véhicule l'école sont conformes
aux milieux favorisés. Ce postulat va amener BOURDIEU et PASSERON
à penser que les étudiants originaires des milieux
favorisés sont des « héritiers » auxquels la
famille transmet une culture adéquate aux études et à la
réussite universitaire. Pour eux, le « beau langage »,
et les « belles manières » issus des «
beaux quartiers » sont des facteurs qui favorisent la réussite
scolaire. Ils font remarquer que quand bien même les étudiants des
classes dominées obtiennent des diplômes, ils ne disposent pas
d'un réseau social32 et des connaissances du milieu
professionnel qui accompagne le rendement des diplômes.
Déjà avec la théorie de la reproduction,
la gratuité officielle n'est pas la gratuité réelle.
L'école primaire gratuite au sens strict est un idéal impossible.
Cela à cause des obstacles qui empêchent son effectivité.
Il s'agit en fait de rendre compte des pratiques qui ont cours au Cameroun et
en contexte local singulièrement ; qui au lieu de faciliter
l'application de la politique de la GEP, la freinent plutôt et reproduit
le système payant de l'école.
5. Définition des concepts
Gratuité de l'enseignement : Dans le cadre de
cette étude, la notion de gratuité concerne l'ensemble des
prestations d'enseignements obligatoires dispensées à
l'école. La scolarité
32 Ensemble des relations humaines construites
par l'individu, pouvant lui facilité la mobilité sociale ou
l'accès à un emploi. On parle encore de « carnet d'adresse
», de capital social pour reprendre Bourdieu.
ne peut donner lieu au versement de droits d'inscription
à l'école. De même, aucune participation financière
aux activités obligatoires d'enseignement ne peut être
demandée aux familles Car pour nous, le terme renvoi au caractère
gracieux de l'instruction scolaire des enfants en âges de
scolarité obligatoire.
Figure I conceptualisation de la GEP
Indicateurs
Prestations
scolaires
obligatoires
Scolarité
Pas de frais
Obligatoire
Pas d'insolvabilité
Pas de renvoi
Cycle primaire
6 à 13 ans
Evaluations
Trimestrielles
Séquentielles
Concept
Dimensions
Composantes
Gratuité de l'enseigneme
nt
Devoirs
A faire à la maison
21
22
6. Intérêt de l'étude 6.1.
Intérêt scientifique
Étant donné que le « problème des
écoles » et des « élèves difficiles » s'est
imposé comme le lieu dans lequel se focalise l'ensemble des
problèmes sociaux33, cela peut être
considéré comme une opportunité pour l'exercice de la
science, et pour le dynamisme sociologique. Dans cette logique, la question de
la GEP se présente comme une réalité qui ne mérite
pas moins d'être analysé sociologiquement. Partir de là, ce
travail contribue à rendre intelligible le phénomène de la
GEP. C'est dans cette logique que nous avons convoqué la théorie
de la reproduction sociale et l'analyse stratégique ; afin de mettre en
exergue le fait social qui nous interpelle ici.
6.2. Intérêt opérationnel
Cette recherche permet d'analyser les obstacles qui
empêchent les pouvoirs publics d'atteindre leurs objectifs en
matière de l'école gratuite. Etudier ces épines (dans la
chaussure pourrait-on dire), permet ainsi de donner relativement une
visibilité claire aux pouvoirs publics ; concernant le quotidien de
cette politique.
7. Méthodologie de l'étude
La méthodologie de la recherche met en exergue quatre
éléments : la démarche méthodologique et les
techniques de collecte des données ; le champ spatial, la population de
l'étude et l'échantillonnage ; la conduite du travail de collecte
des données et les techniques d'analyse des données.
Nous aborderons l'étude de la politique de la GEP
suivant une démarche qualitative. Aussi allons-nous recueillir des
données en profondeur, les perceptions et les représentations
autour de ladite gratuité.
7.1. Techniques de collecte des
données
Nous avons adopté pour cette étude une technique
qualitative. Il est question de recueillir des données de qualité
et approfondies sur la politique de la GEP. Nous avons à cet effet
collecté les points de vue, les représentations et les
perceptions de la
33 Dubet, F. n° 5/2000.L'école et
l'exclusion, in Éducation et Sociétés. 50p.
23
communauté éducative (CE) au sujet de la GEP et
ses difficultés. Cette technique nous a également permis de
mettre la main sur les menaces qui entravent la mise sur pied de manière
effective de la GEP. Ainsi, cet argumentaire se base partiellement sur les
discours de notre population d'étude. L'intérêt
porté sur une telle technique se justifie par la
priorité34 accordée aux acteurs de la CE et à
leurs points de vue. Cette technique a été choisie aussi parce
que nous voulions être flexibles pour suivre de nouvelles pistes qui se
présentent au cours des entretiens. Nous avons procédé par
entretien semi-directif pour recueillir nos informations. A cet effet, le
travail de terrain a été valorisé au moyen des interviews
organisées avec nos informateurs. Autrement dit, nos données
n'étaient pas préalablement disponibles ; elles ont
étés produites.
Deux guides d'entretien ont étés conçus
à cet effet. Un pour les responsables des écoles primaires et un
autre pour les parents d'élèves. Nous sommes partis de ce que ces
deux catégories d'informateurs ne disposent pas des mêmes
données relativement au problème que nous traitons.
La prise de note n'étant pas aisée, nous avons
fait recours à un téléphone portable (Smartphone) qui nous
a permis de faire des enregistrements des informations. Ainsi avons-nous
évité les pertes des données. C'est donc ainsi que nous
avons eu notre base de données.
7.2. Echantillonnage (Type d'Echantillonnage, Taille de
l'échantillon, Champ social, Champ spatial de
l'étude)
Notre recherche est caractérisée par l'absence
d'une base de sondage. A cet effet nous avons choisis nos informateurs au moyen
de l'échantillonnage à choix raisonné. Nous voulons
par-là, maximiser sur les enquêtés qui ont des enfants en
âges de scolarité obligatoire, et qui occupent des postes
clés dans les écoles primaires.
La CE constitue une population de recherche très vaste.
Cela nous a imposé de choisir un nombre réduit d'unités
d'observations. Ainsi la taille de notre échantillon
s'élève à 35 enquêtés. Constitué de 10
parents d'élèves (en tant que principaux
bénéficiaires de la gratuité d'écolage), de 10
directeurs d'école primaires (en tant que principaux exécutants
de la politique de la GEP), de 2 agents de la commune (compte tenu de
l'implication des communes dans la gestion des écoles primaires avec
la
34 A cause de leur connaissance, de leur statut et au
fait qu'ils disposent d'information auxquelles nous ne pouvons avoir
accès autrement.
24
décentralisation), de 6 présidents des APEE( en
raison de leur titre de représentant des parents d'élèves
dans les écoles primaires), de 5 instituteurs et de 2 personnels de
bureau de l'inspection de l'enseignement primaire de Koutaba( ces deux
catégories d'enquêtés ont été choisies en
raison de leur contact permanent avec les réalités des
écoles primaires). C'est la partie de l'univers qui a été
effectivement étudiée35.
Cette recherche a eu lieux dans le département du Noun
et plus précisément dans l'arrondissement de Koutaba. C'est une
CTD qui doit sa notoriété au camp-militaire et l'aviation civile
qu'elle regorge. Sa population est essentiellement paysanne. En claire c'est
une zone rurale ou mieux une ZEP.
7.3. Les méthodes d'analyse
Nous avons procédé par analyse de contenu, vu
que nous avons à faire aux données qualitatives. C'est une
méthode qui vise à étudier ce qui s'exprime dans un texte,
c'est l'étude du sens ou de la manière de voir les choses par une
catégorie d'individus, des types et des systèmes de perceptions
ou de représentations. « L'analyse de contenu porte sur des
messages aussi variées que des oeuvres littéraires, des articles
des journaux, des documents officiels, des programmes audiovisuels, des
déclarations politiques, des rapports de réunion ou des comptes
rendus d'entretiens semi-directif » (Campenhoudt et Quivy : 2013, p206).
Généralement la démarche de l'analyse de contenue consiste
à lire un texte pour y rechercher des informations qui s'y trouvent,
d'en dégager le sens ou, de formuler et de classer tout ce qu'il
contient sous la forme d'un savoir scientifique. Cette méthode d'analyse
et d'interprétation des données dans la recherche qualitative
nous a permis de comprendre comment les individus vivent la GEP.
8. Conduite du travail de collecte des
données
La collecte des informations s'est fait au moyen des
entretiens semi-directifs avec nos enquêtés. La plupart de ces
entretiens se sont fait sur rendez-vous planifiés avec les informateurs.
Au cours de ces échanges, nous avons utilisé un guide d'entretien
contenant une suite de thématiques et de questions non-standard. La
conduite de ces échanges fût ainsi flexible d'un entretien
à un autre. A cet effet, un Smartphone nous a permis de consigner les
informations afin d'en éviter les pertes.
35 Loubet Del Bayle, J.L. 2000 :92
9. PLAN D'EXPOSITION ET DIFFICULTES
RENCONTREES
9.1. Plan d'exposition
Ce travail s'articule autour de deux principales parties,
chacune constituée de deux chapitres. La première partie porte
sur l'école primaire gratuite au Cameroun et la construction des formes
d'obstacles qu'elle rencontre. Dans la deuxième partie, nous avons les
APEE en contexte de gratuité d'écolage : regards croisés
des instituteurs et des parents d'élèves. La gratuité de
l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les écoles
primaires à Koutaba.
9.2. Difficultés rencontrées et solutions
trouvées
La principale difficulté rencontrée au cours de
la rédaction de ce mémoire de recherche est d'ordre temporel. En
effet, durant la période de cette étude, nous étions aussi
soumis à d'autres exercices académiques qui n'étaient pas
moins exigeants, ce qui ne nous a pas permis de disposer suffisamment de temps
pour nous consacrer à la rédaction de ce travail. Ainsi, nous
profitions des moments creux (quand on n'avait pas cours par exemple) pour nous
rendre dans notre site de recherche.
Parallèlement nous avons réalisé cette
recherche dans une zone rurale ou certaines personnes n'aiment pas trop se
soumettre aux entretien et remplissage des questionnaires. Surtout quand il
s'agit des questions sur lesquelles elles n'ont pas assez de connaissance. Pour
remédier à cette situation, nous avons dû faire une sorte
de sensibilisation en faisant comprendre aux parents d'élèves
l'intérêt qu'ils ont à être au courant de tout ce qui
se passe dans les écoles primaires. Certains n'étaient pas au
courant de la politique de la GEP. Dans les écoles primaires, certains
responsables ont refusé de nous recevoir malgré l'attestation de
recherche à nous délivré par le département de
notre faculté. Pour nous expliquer le pourquoi de ce refus ; un
directeur affirme que : « ce n'est pas l'université qui nous
commande ici, la porte d'entrée c'est l'inspection. Il faut un mot de
l'inspectrice ». C'est donc ainsi que nous nous sommes rendus au niveau de
l'inspection des enseignements de base de Koutaba pour entrer en possession
d'une autorisation de collecte de données36.
Une autre difficulté a été les entretiens effectuer en
langue locale, dans les zones périphériques de notre site de
36 Rappelons que nous y étions
déjà pour nous entretenir avec le personnel de l'inspection
25
26
recherche. Il a fallu traduire en français avant de
transcrire dans un support papier pour des besoins d'analyses.
ECOLE PRIMAIRE GRATUITE AU CAMEROUN ET
CONSTRUCTION DES FORMES D'OBSTACLES
PREMIERE PARTIE :
INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE
27
28
L'éducation de base au Cameroun fait l'objet de
plusieurs lois d'orientations. La première partie de ce travail est
divisée en deux chapitres. Ainsi, le premier entend mettre en exergue
l'école primaire au Cameroun et le principe de sa gratuite. Les pistes
qu'il emprunte sont orientées vers l'organisation et la structure de
l'enseignement primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la
gestion de l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local.
Ainsi que l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun. Dans
le chapitre nous avons les réalités concrètes à
partir desquelles émergent les obstacles à la politique de la
GEP. En effet, l'une de nos questions spécifiques cherche à
savoir Comment se construisent les formes d'obstacles à la
gratuité de l'enseignement primaire. Delà, deux pôles des
faits nous ont permis de répondre à cette question. Ainsi, la
remise en cause de la neutralité commerciale de l'école primaire
est un point majeur de ce chapitre. La GEP face à la persistance des
tendances payantes de l'école primaire est un second point majeur de ce
chapitre.
CHAPITRE I : ECOLE PRIMAIRE AU CAMEROUN ET
PRINCIPE DE GRATUITE
INTRODUCTION
29
30
On observe une convergence de certains pays vers un
modèle de l'éducation de base qui implique une offre des
prestations scolaires gratuites. Le Cameroun n'est pas indifférent face
à cette dynamique. Depuis la dernière révision
constitutionnelle de 1996, l'éducation est sans cesse l'objet de
plusieurs discours politiques, des circulaires, des arrêtés, des
décrets et lois divers. L'enseignement primaire se complexifie au fil
des ans. Aujourd'hui avec la politique de la gratuité, il n'offre plus
une visibilité nette et claire à première vue. Mais en
confrontant les dispositions officielles au sujet de sa gratuité et ce
que vivent les populations, nous pouvons comprendre ce qu'il est
concrètement. Ainsi, ce chapitre entend mettre en exergue l'école
primaire au Cameroun et le principe de sa gratuite. Les pistes
empruntées pour arriver à cette fin sont orientées vers
l'organisation et la structure de l'enseignement primaire au Cameroun ; les
acteurs qui interviennent dans la gestion de l'éducation de base avec
leurs fonctions au niveau local. La dernière partie porte sur
l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun.
1. ORGANISATION ET STRUCTURE DE L'ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE
AU CAMEROUN
L'enseignement primaire au Cameroun obéit à une
organisation complexe. Cette partie est axée sur deux points essentiels
: l'organisation et la structure de l'éducation de base au
Cameroun.
1.1. Organisation de l'enseignement primaire au
Cameroun
Le système éducatif camerounais est dualiste
dans son organisation. Il traduit la coexistence de deux cultures
politico-éducatives. Hérité de l'histoire coloniale du
pays, le système éducatif Camerounais est orienté vers la
culture anglophone d'une part et la culture francophone d'autre part. A la
dualité des langues d'enseignement et des modalités y
afférentes (l'anglais dans les régions du Nord-ouest et du
Sud-Ouest, le français dans les autres régions), s'ajoute un
mixage de l'un et de l'autre sous-système à travers le pays.
De même, on a d'un côté, l'ordre
d'enseignement public et de l'autre l'ordre privé (comprenant le
privé laïc, le privé confessionnel catholique, le
privé confessionnel protestant et le privé confessionnel
musulman). Rappelons que malgré cette complexité
du système éducatif camerounais, son encadrement
reste une tâche impérieuse de l'Etat. Ainsi donc, l'Etat :
définit le régime de l'enseignement ; arrête les programmes
et les manuels scolaires ; fixe les modalités de création,
d'ouverture, de fonctionnement et de financement des établissements et
institutions privées de formation ; contrôle les
établissements et institutions privées de formation ;
régit les systèmes et les modalités d'évaluation
des élèves et organise les examens officiels nationaux,
délivre les diplômes (CEP) et planifie l'année
académique à travers le pays.
En définitive, au-dessus de cette mixité du
système éducatif camerounais, l'Etat est la principale
entité qui organise tout. Par ses orientations et ses décisions,
il influence plus que tout autre agent ou institution, l'offre éducative
scolaire dans notre pays.
1.2. Structure d'une l'école primaire au
Cameroun
Un établissement primaire est fait de niveau. Le niveau
est l'ensemble des compétences susceptibles d'être acquises au
terme de deux années de scolarité. Le graphique ci-après
présente la structuration de l'éducation de base au Cameroun.
31
Graphique N°1 : Structure de l'école primaire
au Cameroun
CYCLE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE : 6 ans
32
Ce graphique permet de visualiser la structure globale du
cycle primaire du système éducatif camerounais. Il s'applique
tant au secteur public que privé. L'enseignement primaire dure 6 ans
dans le sous-système francophone et dans le sous-système
anglophone. Le cycle de l'Enseignement Primaire comprend trois (3) niveaux.
Le « level one » du sous-système anglophone
comprend la « class one » et la « Class two ». Le «
level two » du sous-système anglophone comprend la « Class
tree » et la « Class four ». Le « level tree » du
sous-système anglophone comprend la « Class five » et la
« Class Six ».
Le niveau 1 du sous-système francophone comprend la
Section d'Initiation au Langage, en abrégé SIL, et le Cours
Préparatoire, en abrégé CP. Le niveau 2 du
sous-système francophone comprend le Cours Elémentaire
Première Année, en abrégé CE1, et le Cours
Elémentaire Deuxième Année en abrégé CE2. Le
niveau 3 du sous-système francophone comprend le Cours Moyen
Première Année, en abrégé CMI, et le Cours Moyen
Deuxième Année en abrégé CM2.
Ainsi, les deux sous-systèmes de l'éducation de
base ont chacun une durée de six (06) ans. A la fin du cycle,
l'élève est soumis à un examen officiel qui lui permet en
cas de réussite d'obtenir un Certificat d'Etude Primaire (CEP). De
même un concours
33
d'entrer en classe de sixième permet également
à ce dernier de poursuivre ses études au secondaire (bien
sûr en cas de réussite). La politique de la GEP s'applique aux
deux sous-systèmes de l'éducation de base.
2. LES RESPONSABLES DE L'EDUCATION PRIMAIRE ET LEURS
FONCTIONS AU NIVEAU LOCAL.
Définies par les acteurs dans un système connu,
les normes sont appliquées par les agents qui le composent. Dans les
écoles primaires, les acteurs qui doivent appliqués les normes
sont multiples. Il s'agit de l'inspecteur d'arrondissement d'enseignement
primaire et maternel, le directeur d'école, le président du
conseil d'établissement, le président d'APEE et la CTD. Chacun de
ces acteurs est investi en ce qui le concerne, d'un certain nombre de pouvoirs
et de compétences au sein de l'établissement de son ressort. Ils
travaillent en collaboration dans l'optique d'offrir aux enfants un cadre
favorable à leurs instructions.
2.1. L'inspecteur d'arrondissement d'enseignement
primaire et maternel.
Au niveau de l'arrondissement, l'inspecteur d'arrondissement
d'enseignement primaire et maternel est la plus haute hiérarchie de
l'éducation de base. Il supervise les activités
pédagogiques et administratives des directeurs d'écoles
primaires. Ainsi, il dispose de la carte scolaire et le fichier de son
territoire. Il nomme sur proposition du directeur d'école primaire,
l'animateur de niveau. Parallèlement, il gère le personnel
enseignant et administratif mis à sa disposition par le MINDUB, la
délégation régionale et départementale.
Ces compétences peuvent être
résumées comme suit : inspection, évaluation et
supervision des activités du personnel sous son autorité. Il
interagit avec d'autres acteurs dans l'exercice de ses compétences.
2.2. Le directeur d'école primaire
Le directeur d'école primaire remplie plusieurs
fonctions au sein de son établissement. On peut ainsi dénombrer
la fonction pédagogique, la gestion du matériel et des
infrastructures, la gestion des ressources humaines et la fonction
administrative entre autres.
34
2.2.1. La fonction pédagogique
Au sein de l'école primaire le directeur est la plus
haute personnalité. Il assure la gestion pédagogique, organise,
et coordonne les cellules et conseils pédagogiques. De plus, est
chargé de supervision et de l'évaluation pédagogiques des
enseignants de son école. Il préside les conseils de classe,
coordonne et supervise les évaluations des élèves.
Ajoutons que celui-ci contrôle également le suivi des programmes
d'enseignement par les enseignants et organise les recrutements au regard des
textes y relatifs. Il est assisté dans ses fonctions par un directeur
adjoint.
2.2.2. La gestion du matériel et des
infrastructures
Le directeur d'école primaire représente son
école dans tous les actes civils et administratifs. Il a la charge de
l'intégrité de son établissement. Notamment sa
sécurité et son entretien (bâtiments et matériels).
Il veille à la sécurité des élèves, du
personnel de son établissement et des biens qui y sont.
2.2.3. La gestion des ressources humaines
Cette fonction est caractérisée par le suivi,
l'encadrement, la position aux postes de responsabilités et le
recrutement du personnel à la charge des parents. Il délivre des
autorisations d'absences, repartit les heures de cours et de pause.
2.2.4. La fonction administrative
Le directeur d'école primaire dresse les rapports,
exécute les instructions de l'inspecteur d'arrondissement,
préside le conseil d'école et signe les certificats de
présence et de prise de fonction du personnel. Il note également
le personnel sous sa charge et conserve les procès-verbaux des
différentes réunions qui engagent la vie de l'école.
2.3. Les Collectivités Territoriales
Décentralisées (CTD)
Avec la décentralisation survenue en janvier 1996, les
CTD sont devenues des acteurs clés de la CE, en contexte local. Les
compétences éducatives leurs ont étés
transférées. Dans les écoles primaires, ces
collectivités sont désormais appelées à recruter et
à prendre en charge les personnels dans leurs différents
territoires. Elles ont
35
des contributions obligatoires à faire dans les
écoles primaires. En clair, le fonctionnement des écoles
primaires repose en partie sur les épaules des CTD.
En effet, il est généralement admis qu'une
décentralisation adéquate comporte des bénéfices,
dont une meilleure gestion des ressources locales. Par l'adoption de multiples
textes juridiques (loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004, décret
n°2010/0247/PM du 26 février 2010, Arrêté n°
2010/246/B1/1464/A/MINEDUB/CAB du 31 décembre 2010) le gouvernement
a transféré des compétences dans le domaine de l'Education
de base aux communes. L'arrêté du 31 décembre 2010
précise à cet effet en son article 3 que, dans le cadre
de l'exercice des compétences à elle transférées,
«la commune assure la continuité de l'offre publique
d'éducation ainsi qu'une qualité croissante de ce service public
en insistant notamment sur ces principes de gratuité ».
Notons tout de même que, l'implication des CTD dans la
gestion des écoles primaire (tel que disposer dans ces lois) ne nous
renseignent pas sur la provenance des fonds nécessaires à cet
effet. Chemin faisant, nous reviendrons sur les actions (concrètes et
non plus juridiques ou officielles) de ces collectivités dans les
écoles primaires à Koutaba. Car tout ce qui est mention dans ce
chapitre, relève de l'ordre de l'énonciation, du discours
juridique et non de ce qui est effectivement/totalement vécu sur le
terrain.
2.4. Les parents d'élèves
Socialement, les parents sont les premiers éducateurs
des enfants. Dans la cellule familiale, l'éducation des enfants leurs
revient. Cependant, dans un cadre régit par les lois et autres normes
officielles tel que l'Etat, ils deviennent des partenaires dans
l'éducation de leurs propres enfants. Au Cameroun, les parents
d'élèves ont officiellement une place au sein des institutions
scolaires. Les contributions de ces derniers dans les établissements
scolaires sont volontaires, tel que prévue dans les textes. Cela veut
dire par exemple qu'un parent d'élève peut décider de
payer les frais d'APEE ou pas. Et sans que son enfant soit exclu de
l'établissement scolaire primaire public. Ainsi, qu'il s'agisse des
moyens financiers, matériels ou humains, les contributions des parents
d'élèves dans les écoles publiques au Cameroun ne sont pas
obligatoires.
A côté de ces acteurs, on peut ajouter les
Organisation Non Gouvernementales (ONG), les associations locales de
développement, les Organisations de la Société Civile
(OSC) opérant dans le milieu.37
3. L'ECOLE PRIMAIRE GRATUITE ET ENJEUX SOCIAUX
AU
CAMEROUN
Les dispositions légales relatives à la prise en
charge de certaines activités et prestations scolaires primaires au
Cameroun insistent sur la gratuité. En effet, la gratuité
d'écolage, c'est d'abord la prise en charge de manière effective
des prestations et activités scolaires primaires. Elle est ainsi
garantie par une variété de dispositions
officielles38.
3.1. Analyse de l'école primaire au Cameroun :
obligatoire et gratuite
Le dispositif normatif de l'école primaire gratuite
peut-être caractérisé par les traits essentiels. En effet,
la Constitution Nationale fait de l'éducation une mission fondamentale
de l'Etat. Ainsi, l'Etat assure à l'enfant le droit à
l'instruction scolaire primaire. L'enseignement primaire est obligatoire et
l'organisation et le contrôle de l'enseignement à tous les niveaux
est une responsabilité de l'Etat39. L'éducation est
connue au Cameroun comme une priorité nationale40. Le
caractère obligatoire et gratuit de l'école primaire publique
obéit aux engagements internationaux contractés par l'Eta
camerounais et à ses normes éducatives. Tout ceci interpelle de
ce fait au plus haut point les pouvoirs publics et les autres acteurs de la CE
; qui se doivent de mettre en place sur l'ensemble du territoire national les
conditions d'application effective de cette prescription constitutionnelle.
Avec l'arrivée de la politique de la GEP, le nouveau
format du cadre réglementaire de l'école primaire, prévoit
une infirmerie pour administrer les premiers
37 Instructions n°07/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP DU
22 AUG2014 Portant application de certaines dispositions de
l'arrêté N°367/B1/1464/MINEDUC/064/CF/MINEFI du 19 septembre
2001 relative à l'organisation et au fonctionnement des
établissement publics d'enseignement maternel et primaire.
38 Circulaire n°08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014
portant modalités d'exécution du budget du fonctionnement des
écoles maternelles et primaires publiques
39 Disposition du préambule de la Constitution du 16
janvier 1996
40 : la loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de
l'éducation nationale au Cameroun et la loi n° 2001/005 du 16 avril
2001 portant orientation de l'enseignement supérieur comportent des
dispositions explicites sur ce point dans leurs articles 2 et 3 respectifs
36
37
soins aux élèves ; l'équipement, de
l'entretien et de la maintenance des écoles primaires par la commune. La
suppression des frais scolaires annuels exigibles dans les écoles
primaires entre aussi dans cette dynamique. Derrière la politique de
gratuité d'écolage il y a des enjeux sociaux importants.
3.2. Les enjeux de l'école primaire gratuite au
Cameroun
Les lois de la GEP constituent des avancées
indéniables, permettant aux enfants de bénéficier en plus
grand nombre de l'instruction. Elles comportent des voies à l'expansion
de la diffusion des savoirs. En effet, la gratuité de l'enseignement
primaire exprime une volonté politique visant à garantir une
éducation de base ouverte à tous. Cette école gratuite
permet ainsi aux élèves ayant un niveau scolaire jugé
suffisant, de poursuivre leurs études dans l'enseignement secondaire. La
proclamation de la GEP, apparait comme la plus grande avancée de toutes
les réformes éducatives orientées vers l'EPT depuis
199841. L'école gratuite a pour principal objectif de
répondre à une préoccupation : Comment faire en sorte que
l'instruction scolaire soit l'affaire de tous ? Une fois cette
préoccupation résolue, l'Etat camerounais peut se dégager
des discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs
socioéconomiques42. Ainsi, l'enjeu de la GEP est d'autoriser
les élèves à s'émanciper des déterminismes
familiaux. Cela en offrant une possibilité d'accès à tous
les enfants de 6 à 13 ans à l'école primaire.
CONCLUSION
Ce chapitre qui arrivé à son terme, a
présenté l'école primaire au Cameroun et le principe de
gratuité. Les pistes empruntées pour arriver à cette fin
sont orientées vers l'organisation et la structure de l'enseignement
primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la gestion de
l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local. La
dernière partie portait sur l'école primaire gratuite et ses
objectifs au Cameroun. En effet, l'éducation de base est une
priorité nationale assurée par l'Etat. Héritée de
l'histoire coloniale du pays, l'éducation est dualiste dans son
organisation. Le cycle primaire dure six ans dans les sous-systèmes
francophone et anglophone. Il est constitué
41 Loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de
l'éducation au Cameroun
42 Dans les rangs des discriminations scolaires, nous
pouvons citer le cas de la sous scolarisation des filles et le cas des enfants
issus des familles pauvres. Des cas que l'on observe dans les zones rurales.
38
de trois niveaux de deux ans chacun. Il ressort clairement de
ce chapitre que l'école primaire est officiellement obligatoire et
gratuite au Cameroun. La politique de la GEP en court de réalisation au
Cameroun comporte des enjeux sociaux. Notamment la démocratisation de
l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité
entre les sexes face à l'accès à l'école. Une fois
ces objectifs atteints, l'Etat camerounais peut se dégager des
discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs
socioéconomiques et élitistes. Ainsi, théoriquement,
l'enseignement primaire gratuit est une politique amorcée au
Cameroun.
DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
CHAPITRE II : DES FORMES D'OBSTACLES A LA
GRATUITE
39
INTRODUCTION
Les obstacles à la politique de la GEP ne sont pas des
configurations sociales sans fondements. Dans cette logique, il est
nécessaire d'analyser les conditions dans lesquelles elles se
développent. Il s'agit des facteurs pouvant nous donner une
visibilité plus claire de ceux-ci. Autrement dit, ce chapitre
présente les réalités concrètes à partir
desquelles émergent les obstacles à la politique de la GEP. En
effet, l'une de nos questions spécifiques cherche à savoir
Comment se construisent les formes d'obstacles
à la gratuité de l'enseignement primaire. Ainsi,
deux pôles des faits nous ont permis de répondre à cette
question. Ainsi, la remise en cause de la neutralité commerciale de
l'école primaire est un point majeur de ce chapitre. De manière
détaillée, ils se développent en trois sous points.
Notamment le financement des activités scolaires par les parents
d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales en
période de rentrée scolaire et la GEP face à la
marchandisation de l'éducation scolaire. La GEP face à la
persistance des tendances payantes de l'école primaire est un second
point majeur de ce chapitre. Il se décline également en trois
sous points. Il s'agit des frais demandés aux parents
d'élèves, les frais des évaluations séquentielles
et des devoirs (frais illégaux) et les dépenses scolaires
permanentes et obligatoires (entre subvention formelle et tardive voire
insuffisante). Ainsi, ce chapitre entend exposer ces différents facteurs
de construction des formes d'obstacles à la GEP observés dans
l'arrondissement de Koutaba.
1. La remise en cause de la neutralité
commerciale de l'éducation de base
Il est difficile de parler de la GEP quand la
neutralité commerciale de cet enseignement n'est pas un
acquis43. La remise en cause de ladite neutralité est
désormais une réalité à partir de laquelle se
construisent les formes d'obstacles à la politique de la GEP. Ainsi,
trois sites d'observations peuvent être explorés pour en rendre
compte : le financement des activités scolaires primaires par les
parents d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales
pendant les rentrées scolaires et la GEP face à la
marchandisation de l'éducation scolaire.
1.1. Financement des activités scolaires par les
parents d'élèves
En tant que partenaires éducatifs de l'Etat, on peut
comprendre que les parents d'élèves aient des fonctions dans les
écoles primaires. Cependant les obstacles à la politique de la
GEP se construisent en partie à partir du moment où ces derniers
sont contraints sous la pression des directeurs d'écoles primaires, de
financer les activités scolaires obligatoires. Encore quand il s'agit
d'un financement sans limite, ou les
43 La neutralité commerciale de
l'éducation est un principe contre toutes pratiques visant à
faire d'une prestation scolaire un objet marchand. La gratuité de
l'école primaire en est un exemple pratique.
40
41
parents d'élèves interviennent à tous les
niveaux. Le tableau suivant récapitule les niveaux d'implication
financière des acteurs dans les écoles primaires à
Koutaba.
Tableau n° 01 : acteurs de la CE et
financement des activités scolaires primaires
Rubriques
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
acteurs et implication financière
dans le système scolaire
|
Parents d'élèves
|
Etat
|
CT D
|
Autre s
|
Locaux
|
Infrastructures
et leurs entretiens
|
Construction,
Réparation, achat des matériels d'entretien
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Ressources humaines
|
Intégrés, personnel
d'appoint et MP
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Meubles
|
Bancs, chaises et
tables d'enseignant
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Projet d'école
|
Activités sportives
|
Jeu FENASCO et
interclasses
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Fêtes
|
11 février et 20 mai
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Outils de l'école
|
Matériel de
nettoyage
|
Sauts, balais et
raclettes
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Non
|
Matériels sportifs
|
Ballon, maillot et
sifflet
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Papeterie
|
Rames de formats, carton et stylos
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Documentatio n
|
Livres, cahier
d'appel et cahiers de préparation
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Non
|
|
Stylos
|
Crayons, feutres
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Oui
|
42
Outils élèves
|
Petits matériels
|
Règle, taille-crayons,
gomme, ciseaux, compas, équerres
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Sac
|
Sac d'école, trousse
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Affaires personnelles
|
Tenue de sports,
tenue de classe,
chaussures
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Non
|
Nourritures
|
Goutés et boisons
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Non
|
Source : données enquête de terrain
(Mars-Mai 2018)
La gratuité concerne l'ensemble des prestations
d'enseignements dispensés à l'école. Elle regroupe
l'ensemble des rubriques de dépenses résumées dans le
tableau ci-dessus. Ce tableau nous permet de constater qu'en matière
d'éducation de base dans les zones (telle que l'arrondissement de
Koutaba), les parents dépenses à tous les niveaux. Cela de
manière involontaires ; mais par nécessité pour l'avenir
des enfants qui est en jeu. Ils sont constamment sous la pression des
directeurs d'école. Ils financent la construction des infrastructures,
la prise en charge des personnels enseignants et fournissent les
matériels didactiques entre autre. Une situation qui ne permet pas
à la politique de la GEP de s'épanouir et de soulager ces
bénéficiaires.
1.2. Augmentation des dépenses familiales pendant
la rentrée scolaire
Pour quelques parents approchés, les dépenses
des établissements scolaires leur reviennent depuis l'annonce de la
gratuité de l'enseignement primaire. Les directeurs d'écoles
primaires trouvent toujours un moyen pour leur réclamer de l'argent. Les
parents payent encore des tôles, des houes et autres matériels
didactiques. L'augmentation sans cesse de divers frais scolaires aux niveaux
primaire par les établissements scolaires du secteur public constitue
une entrave pratique pour la GEP en contexte camerounais et local en
particulier. Cependant, des familles vivant dans la précarité
économique, particulièrement les familles monoparentales, sont
confrontées quotidiennement au défi d'arbitrer la satisfaction
entre d'autres besoins et l'éducation de leurs enfants. Dans ces
conditions, la part croissante des coûts de l'éducation sur le
budget familial est manifeste non seulement pour les familles monoparentales,
les plus
43
défavorisées, mais également pour les
familles biparentales disposant d'un revenu faible, et ce, malgré les
mesures d'aide auxquelles elles peuvent parfois avoir droit de la part des
élites locales ou même de la politique de la GEP. En
période de rentrée scolaire au Cameroun et en contexte local en
particulier, les ménages vivent un moment de transition des
dépenses familiales. Notamment les ménages qui ont des enfants
inscrits dans des écoles. Parlant des dépenses scolaires,
l'informatrice Bernadette dit :
Chaque matin je dois leurs donner de l'argent pour qu'ils
aillent à l'école. Cela après avoir donné leurs
petits déjeuners. A midi je fais l'effort de préparer quelque
chose pour eux. Sans compter ceux qui sont aux lycées, et à qui
je paie le transport aller et retour chaque jour. C'est difficile surtout parce
que je suis dans un foyer polygamique [...]. Mon mari a cinq enfants à
l'école primaire sous sa responsabilité et il est difficile pour
lui de leurs donner tout ce dont ils ont besoins (entretien
réalisé avec Bernadette le 12 Mai 2018).
En plus de l'augmentation des dépenses familiales en
période de scolarité, nous notons dans cette affirmation une
autre réalité qui empêche les familles de ressentir la
politique de la GEP. En effet, il y a dans l'arrondissement de Koutaba, des
parents qui ont plus de cinq enfants en âges de scolarité
obligatoire. Il y a également des foyers polygamiques ou l'homme seul
doit payer le nécessaire pour la scolarisation des enfants. Avec le
nombre d'enfants (dans les familles comme celle de Bernadette) et les
situations économiques instables qui prévalent, les
dépenses augmentent significativement. Le fait que les dépenses
familiales augmentent témoigne de ce que la GEP souffre encore de
quelques difficultés.
1.3. La GEP face à la marchandisation de
l'éducation scolaire
Le vécu des parents d'élèves dans
l'arrondissement de Koutaba permet d'affirmer que la marchandisation est une
réalité en zone rurale. Compte tenu des transactions
économiques qui traversent les institutions publiques d'enseignement
primaires. Dans cette dynamique des faits, Oumarou nous affirme que :
En plus du niveau des élèves qui a
drastiquement baissé, je vous avoue que l'école est devenue
doublement chère qu'avant [...] ce que vous appelez gratuité
là, nous ici on ne connait pas ça. Il n'y a rien qui soit gratuit
à l'école. Pour mes enfants qui fréquentent je paye tout.
Même les ballais pour nettoyer leurs salles de classes, j'achète
(entretien réalisé le 16 Avril 2018 avec Oumarou).
Il ressort de cette déclaration que non seulement rien
n'est gratuit à l'école, mais aussi que les parents
d'élèves sont dubitatifs par rapport à la politique de la
GEP. Evidemment du fait qu'ils ont l'habitude de tout payer en matière
de l'éducation
scolaire de leurs enfants. Ils restent très
nostalgiques par rapport à l'ancien système éducatif, qui
pourtant était payant. Ils souhaitent bien une école primaire
réellement gratuite. Mais dans les écoles primaires de Koutaba,
tout est payant. Le « ballais » que l'enfant utilise pour
balayer l'école, il l'achète.
En période de rentrée scolaire, la vente des
fournitures scolaires, le recrutement des élèves et du personnel
dans les établissements scolaires, la gestion des fonds dans les
établissements à outrance deviennent des valeurs
économiques de haut vol dans l'arrondissement de Koutaba. Les
instituteurs organisent dans les établissements scolaires des cours du
soir. Cela s'observe dans presque toutes les écoles primaires. Les
animateurs sont les maîtres des classes de CM1 et de CM2. C'est en
réalités autant d'indicateurs de la marchandisation de
l'éducation scolaire dans notre contexte. L'éducation scolaire
est traversée par une sorte de discours captivant. Pour inscrire un
enfant dans un établissement scolaire, que ce soit à la
maternelle, dans les classes élémentaires, ou au collège/
lycée, il faut « bien parler ». Le langage doit
revêtir des allures de négociations pour être
crédible. Aujourd'hui, toutes les réalités
sociétales sont traversées par des normes capitalistes. Plus rien
n'échappe à la logique du marché ; selon laquelle la
notion de gratuité est vide de sens ou encore n'existe tout simplement
pas. Dès lors, l'éducation devient ainsi une valeur marchande
dans la cité. Martine Poulin et al (2007) étaient arrivés
au même résultat. Quand ils parlent de « l'approche
utilisateur-payeur » qui écarte la conception du droit
à l'éducation. Autrement dit, non seulement l'école n'est
pas effectivement gratuite, mais c'est à chacun d'assumer les charges
liées à la scolarité des enfants dont les charges lui
reviennent. Dans ces conditions, certaines familles orientent leurs enfants
vers l'apprentissage des petits métiers44. Pour elles,
« l'école est aujourd'hui un investissement incertain,
notamment avec toutes les dépenses qu'elle entraine »
(entretien réalisé le 29 Avril 2018 avec Youssouf).
2. DE LA PERSISTANCE DES TENDANCES PAYANTES DE L'ECOLE
PRIMAIRE.
Par GEP on entend l'absence des frais obligatoires relatifs
à tout ce qui concerne l'ensemble de la prestation d'enseignement
dispensée à l'école. Et non pas seulement
44 Tout ceci malgré leurs bases âges ou mieux
leurs âges de scolarité obligatoire. Ils sont pleins dans les
ateliers du centre-ville de Koutaba. Les petits garçons sont dans des
garages, des ateliers de soudures, de menuiseries et la majorité des
petites filles sont dans les ateliers de coutures.
44
45
l'absence des frais de scolarité exigibles. De
même, aucune participation financière aux activités
obligatoires d'enseignement ne peut être exigée aux familles. A
l'épreuve des réalités dans l'arrondissement de Koutaba,
nous avons observé des pratiques évoluant en sens inverse avec la
GEP. Certaines pratiques illégales et payantes émergent de plus
en plus dans les écoles primaires.
2.1. Les frais des évaluations
séquentielles et des devoirs : frais illégaux
Les évaluations séquentielles et les devoirs que
les enseignants donnent aux enseignés sont des prestations scolaires
obligatoires. A partir de là, ils ne sont pas censés faire
l'objet d'un quelconque solde. Or avec l'irrégularité et
l'inconsistance du fonctionnement et des primes des instituteurs, les
enseignants ont développé des stratégies compensatoires de
ces fonds et primes. Notamment l'argent perçu à chaque
séquence chez les élèves en guise de frais
d'épreuves de compositions. Dans les écoles primaires à
Koutaba, le phénomène est devenu vulgaire. Même au niveau
un du cycle primaire, chaque élève doit donner au minimum un
cahier de 32 pages à son maitre ou à sa maitresse. Lequel cahier
sera utilisé pour son évaluation. Si ce n'est pas le cahier,
c'est l'argent du cahier que le parent doit donner pour des fins ainsi
établies. Ces faits traduisent le fait que l'école primaire reste
payante. A la limite, ils traduisent les difficultés de la
gratuité des prestations scolaires dans nos écoles primaires.
Mais ce n'est pas tout. Il y'a un système qui émerge dans les
écoles primaires aujourd'hui. Nous le qualifions : le «
système de la paye des devoirs ». Ce sont des devoirs que les
maitres et les maitresses dans les écoles primaires donnent aux enfants
dont leurs parents ont payé. A défaut de faire des cours de
remise à niveau certains optent pour cela. Avec ce système de la
paie des évaluations et des devoirs à faire à la maison,
la gratuité de l'éducation de base ne peut être que
formelle. C'est en considération de cet état des faits qu'un
parent d'élève rapporte que :
Les enseignants quant à eux ne cessent d'imposer
pour une raison ou pour une autre, des sommes que nous devons payer
régulièrement tout au long de l'année. Ils disent que
c'est pour les épreuves. A ceux de la SIL, tu leurs donnes à
chacun ses fournitures personnellement et tu donnes encore l'autre à
leurs enseignants. Vraiment je ne comprends pas le fonctionnement de
l'école primaire aujourd'hui. Même l'instituteur qui est
payé par le gouvernement demande d'être motiver.
Les seules évaluations qui jusqu'ici restent encore
officiellement payantes dans les écoles primaires au Cameroun, sont le
concours d'entrée en 6e et le CEP. Or dans les faits,
mêmes les examens de classes sont payants dans ces institutions
publiques
Ainsi donc, il résulte de notre recherche que dans les
écoles primaires publiques, les parents payent pour les
évaluations séquentielles et les devoirs que les
instituteurs/institutrices donnent à leurs enfants. Une situation qui
dans l'esprit de ce travail ne permet qu'il y est une GEP effective. Il en
résulte des plaintes constantes venant des parents
d'élèves qui ne savent plus en réalité à qui
et comment demander des comptes. La résignation est leur principal
choix.
2.2. Des dépenses scolaires permanentes et
obligatoires : entre
subvention tardive et insuffisante
Nous analysons ici, des dépenses éducatives que
supportent les parents d'élèves en dehors et dans les
écoles primaires. Lesquelles dépenses sont formellement
subventionnées par l'Etat. Mais qui dans les faits sont totalement prise
en charge par les parents d'élèves. Cela à cause du retard
ou mieux la quasi-absence de ces subventions dans les zones rurales. «
l'Etat met à la disposition des Délégués
Départementaux de l'Education de base les fonds destinés au
fonctionnement des écoles primaires publiques 45».
Ce sont des fonds qui doivent participer d'une manière ou d'une
autre à la mise en oeuvre effective de la politique de la GEP. Cependant
qu'en est-il réellement dans les CTD comme Koutaba ?
Dans les écoles primaires, on distingue deux
catégorie de ressources financières : celles affectées aux
dépenses permanentes et obligatoires et les ressources affectées
au projet d'école. Mais nous parlerons ici juste de la première
catégorie, au regard de ce qu'elle pose comme problème dans un
contexte marqué par la GEP. Les ressources affectées aux
dépenses permanentes et obligatoires sont censés être
à la disposition des directeurs d'école par le truchement des
fonds débloqués par l'Etat à cet effet46. Elles
sont ainsi censées couvrir les dépenses orientées vers les
primes de rendements au corps enseignant, personnel administratif et d'appui
(25% desdits fonds), dépenses de
45 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du
22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de
fonctionnement des écoles maternelles et primaires
46 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du
22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de
fonctionnement des écoles maternelles et primaires.
46
47
fondement (10% desdits fonds) et les dépenses sous
rubriques (50% desdits fonds). Ces ressources sont récapitulées
dans le tableau suivant :
Tableau n°2 : affectation des ressources dans les
établissements d'enseignement maternel et primaire publics
Rubriques
|
Nature de la dépense
|
Niveau d'engagement
|
Maternel (contributions exigibles)
|
Primaire (subvention de l'Etat)
|
Quotité exigibles
|
/
|
7500
|
0
|
Dépenses permanentes et obligatoires
|
Fonds de solidarité et de promotion de
l'éducation
|
5%
|
0
|
Primes de rendement au
corps enseignant, personnel administratif et d'appui
|
20%
|
25%
|
Dépenses de fonctionnement
|
10%
|
10%
|
Dépenses sous rubrique
|
40%
|
50%
|
Dépenses projet
d'école
|
Fraction non affectée
|
25%
|
15%
|
Source : CIRCULAIRE n°08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22
Aout 2014 portant modalités d'exécution du budget de
fonctionnement des écoles primaires et maternel.
Le tableau ci-dessus montre que l'Etat subventionne les
écoles primaires. Mais concrètement, les directeurs
d'écoles ne disposent pas de cet argent de manière
intégrale et à temps. Car en réalité il s'agit des
ressources inconsistantes et qui n'arrive que
tardivement dans les écoles primaires47.
« le tableau ci (indexant dans une circulaire48 le tableau
ci-dessus)montre bien que le MINEDUB débloque beaucoup d'argent au
bénéfice des écoles primaires. Mais est-ce que nous
recevons intégralement cet argent ? Et quand bien même ça
arrive c'est souvent combien et à quel moment ? une série
des questions qui renseignent à suffisance sur le retard et
l'inconsistance des subventions que l'Etat apporte aux écoles primaires.
L'absence de ces fonds contraint les parents d'élèves à
assumer à eux seuls les charges afférentes. Dans ces conditions
la GEP rencontre d'énormes difficultés.
Dans cette dynamique des subventions formelles, 50% des fonds
alloués aux établissements sont destinés aux
dépenses sous rubriques. Ces dépenses concernent notamment
l'assurance scolaire, la bibliothèque de l'école, l'animation
culturelle, la pharmacie les activités sportives et les cartes
d'identités scolaires des élèves entre autre. Cela tel que
récapitulé dans le tableau suivant :
Tableau des dépenses sous rubrique dans
l'enseignement primaire
47 Les subventions dont il est question
arrive « généralement vers le milieu du troisième
trimestre » (Entretien réalisé le 14 Avril avec
Abdou)
48 Circulaire
n°08/B1/144/MINEDUB/SG/DEMP/ du 22AUG 2014 portant modalités
d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et
primaires publiques
48
49
N°
|
Rubriques
|
Montant
|
1-
|
Assurance scolaire
|
100
|
2-
|
Bibliothèque
|
100
|
3-
|
Animation culturelle
|
50
|
4-
|
Pharmacie
|
75
|
5-
|
Fonds d'appui à la santé scolaire
|
75
|
6-
|
Activités sportives FENASCO
|
300
|
7-
|
Carnet de correspondance
|
200
|
8-
|
Carte d'identité scolaire
|
100
|
|
TOTAL
|
1000
|
Source : Circulaire n°
08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités
d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et
primaires.
La préoccupation avec ces subventions c'est leur
quasi-absence dans les écoles primaires en contexte local. Puisque
déjà à Koutaba, aucune école n'a de pharmacie, ni
de bibliothèque exploitable (aussi bien par les élèves que
par les enseignants) et en réalité c'est chaque
élève qui paie pour sa carte d'identité
scolaire49. « Quand un élève tombe malade ou
fait un quelconque accident à l'école, nous demandons à
ses parents de le soigner et de faire un dossier que nous acheminons au niveau
de la hiérarchie. Puisque nous n'avons pas les moyens de lui administrer
ne serait-ce que les premiers soins » (entretien réalisé le
18 Avril avec Idriss). Ce manque aux responsabilités est, à
l'observation dûe à l'absence de pharmacie et des fonds d'appui
à la santé scolaire opérationnels. La gratuité de
l'école primaire, passe aussi par ces subventions. Si bien que leur
défaillance impact d'une manière ou d'une autre sur
l'effectivité de la politique
49 On rencontre ci et là des rares
écoles avec des livres hors programme et dont la majorité des
pages ont disparues. De même les élèves paient en moyenne
600 FCFA pour leurs cartes d'identités scolaires.
de la GEP. Par conséquent le circuit par lequel
transite ces « subventions effectuées par l'Etat au
bénéfice des écoles primaires doit être suivi
jusqu'à destination » (Entretien réalisé le 07
Mai avec Jonas). Faute de quoi, les parents d'élèves continueront
de prendre en charge seuls des activités scolaires qui sont pourtant
subventionnées par l'Etat.
2.3. Les frais demandés aux parents
d'élèves
La situation socioéconomique des familles de Koutaba
caractérisée par une précarité aiguë pour les
familles, n'est pas significativement apaisée par la politique de
l'instruction publique gratuite. En effet, alors que les revenus stagnent ou
déclinent pour un grand nombre de familles, la portion du budget
familial devant être consacrée aux frais scolaires, ne cesse
d'augmenter année après année. De fait, les données
que nous avons recueillies sur les situations socioéconomiques des
familles appliquées aux éléments constitutifs du droit
à l'égalité nous permettent d'affirmer que les frais
scolaires demandés aux parents compromettent l'exercice du droit
à l'instruction publique gratuite de leurs enfants. Une distinction dans
certains cas voire une exclusion existe entre les enfants issus de familles
défavorisées et ceux plus nantis du fait de leur condition
sociale et des effets préjudiciables qui en découlent, ce qui a
pour conséquence de porter atteinte à leur droit à
l'instruction publique gratuite.
CONCLUSION
En somme ce chapitre portait sur les
éléments de construction des formes d'obstacles à la GEP.
Ainsi, pouvons-nous dire que les formes d'obstacles à la GEP se
construisent à partir de la remise en cause de la neutralité
commerciale de l'éducation de base et le système de la paie des
évaluations et des devoirs dans les écoles primaires. A
l'observation, les parents d'élèves sont très enclins dans
le financement des activités scolaires dans l'arrondissement de Koutaba.
Cela sous la pression des directeurs des écoles primaires. Une situation
qui rehausse les dépenses familiales pendant les périodes de
rentrée scolaires et au courant des années académiques. La
marchandisation de
50
certaines prestations scolaires pouvant ainsi justifier aussi
la montée étincelante des formes d'obstacles à la
GEP50. De fait, les données que nous avons recueillies sur
les situations socioéconomiques des familles appliquées aux
éléments constitutifs du droit à l'égalité
nous permettent d'affirmer que les frais scolaires demandés aux parents
compromettent l'exercice du droit à l'instruction publique gratuite de
leurs enfants. Quand on ajoute à cela les fonds que l'Etat
prévoit pour les dépenses scolaires permanentes et obligatoires,
mais qui arrivent souvent très tard et même insuffisants,
l'école primaire peine à devenir effectivement gratuite. C'est
autant d'éléments qui sont à l'origine des obstacles
à la GEP en zone rurale.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
En dernière analyse, il ressort de la première
partie de ce travail que l'éducation de base est une priorité
nationale assurée par l'Etat. Héritée de l'histoire
coloniale du pays, l'éducation est dualiste dans son organisation au
Cameroun. Le cycle primaire dure six ans dans les sous-systèmes
francophone et anglophone. Il est constitué de trois niveaux de deux ans
chacun. Il ressort clairement de ce chapitre que l'école primaire est
officiellement obligatoire et gratuite au Cameroun. De même,
l'éducation de base est formellement gratuite au Cameroun. La GEP traine
avec elle des enjeux sociaux divers. Notamment la démocratisation de
l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité
entre les sexes face à l'accès à l'école. Une fois
ces objectifs atteints, l'Etat camerounais peut se dégager des
discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs
socioéconomique et élitistes. Dans l'arrondissement de Koutaba,
on note des formes d'obstacles à cette gratuité. A partir de
là, cette recherche postule que les formes d'obstacles à la GEP
se construisent à partir de la remise en cause de la neutralité
commerciale de l'éducation de base et le système de la paie des
évaluations et des devoirs dans les écoles primaires. A
l'observation, les parents d'élèves, sont très enclins
dans le financement des activités scolaires dans l'arrondissement de
Koutaba. Cela sous la pression des directeurs des écoles primaires. Une
situation qui rehausse les dépenses familiales pendant les
périodes de rentrée scolaires et au courant des années
académiques. La marchandisation de certaines prestations scolaires
pouvant ainsi justifier aussi la montée étincelante des
50 Telle que la paie des évaluations
séquentielles et des devoirs à faire à la maison
51
DEUXIEME PARTIE : LES APEE EN CONTEXTE DE GRATUITE
D'ECOLAGE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D'
ELEVES. LA
GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AU MANQUE DES RESSOURCES DANS LES
ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA.
52
formes d'obstacles à la GEP. Dans les écoles
primaires les frais exigibles des examens officiels sont porteurs d'arnaques ou
mieux d'abus. Les sommes officiellement connus à ces fins ne sont pas
celles qui sont perçues chez les parents d'élèves. Les
parents d'élèves paient prêt de 6 500 FCFA au lieux de 5
100 par examens officiels (CEP et concours d'entrée en 6e). Quand on
ajoute à cela les fonds que l'Etat prévoit pour les
dépenses scolaires permanentes et obligatoires, mais qui arrivent
souvent très tard et même insuffisants, l'école primaire
peine à devenir effectivement gratuite. C'est autant
d'éléments qui sont à l'origine des obstacles à la
GEP en zone rurale.
53
INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE
Aujourd'hui, dans l'arrondissement de Koutaba, les APEE font
l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et les
responsables des écoles primaires. Pour les premiers, les APEE et leurs
frais dans les écoles primaires entrainent la non-gratuité
effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations
et leurs frais marquent aujourd'hui (plus que jamais) une possibilité de
survie du système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba.
Ainsi, cette partie de notre analyse présente les APEE en contexte de la
GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de
compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une étude
sur la gratuité de l'école primaire aujourd'hui, le premier
obstacle de cette politique chez les parents d'élèves
s'avère être les frais d'APEE. A cet effet, le premier chapitre de
cette partie du travail présente d'abord la gratuité de
l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour les
parents d'élèves. Car les frais d'APEE sont partie
intégrante des frais exigibles d'autres fois et ne cessent de
s'augmenter dans les écoles primaires de Koutaba. Ensuite, il
présente l'appropriation des APEE par les responsables des écoles
primaires. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents
d'élèves, les partenaires principaux des écoles primaires
publiques en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE pour assurer
la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba.
Le dernier chapitre développé dans cette partie
du travail présente la politique de la gratuité de l'enseignement
primaire, face au manque d'un certain nombre de prérequis vitaux dans
les zones rurales. Les responsables des établissements scolaires
54
primaires dans la commune de Koutaba s'échinent dans la
mise sur pied de cette politique. La question des ressources vitales se posent
avec acuité dans les écoles primaires dans cette localité.
Ainsi, le chapitre en question s'attarde sur la gratuité de
l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les écoles
primaires à Koutaba. Il présente les obstacles à la
politique de la gratuité de l'école primaire, en partant d'un
manque flagrant des ressources financières, humaines et
matérielles dans lesdites écoles. D'abord les difficultés
liées au manque et à l'insuffisance des moyens financiers dans
les écoles primaires. Ensuite, le chapitre met en exergue le
déficit des personnels instituteurs intégrés dans
l'arrondissement de Koutaba. Enfin, le dernier point porte sur un
déficit observé des ressources matérielles dans les
établissements scolaires primaires à Koutaba.
55
INTRODUCTION
L'inclusion des parents d'élèves dans le
management des établissements scolaires entre dans une logique de
gouvernance participative. Aujourd'hui dans l'arrondissement de Koutaba, les
APEE font l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et
les responsables des écoles primaires. Pour les uns, les APEE et leurs
frais dans les écoles primaires entraine la Non-gratuité
effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations
et leurs frais marquent aujourd'hui une possibilité de survie du
système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba. Ainsi, le
propos de chapitre s'attèle de présenter les APEE en contexte de
la GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de
compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une
CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS
ET DES PARENTS D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE
étude sur la gratuité de l'école primaire
aujourd'hui, le premier souci de cette politique chez les parents
d'élèves s'avère être les frais d'APEE. A cet effet,
ce chapitre présente dans sa première partie, la gratuité
de l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour
les parents d'élève. Notamment avec les frais d'APEE inscrits
désormais dans le sillage des frais exigibles d'autrefois et de
l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba. La
deuxième partie de ce chapitre présente l'appropriation des APEE
par les responsables des écoles primaires et survie du système
scolaire primaire à Koutaba. Les directeurs des écoles primaires
ont fait des parents d'élèves, les partenaires principaux des
écoles primaires publiques en zones rurales. De même, ils
utilisent les APEE comme pour assurer la subsistance des écoles
primaires publiques à Koutaba.
56
1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX
APEE : UN NON-EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE.
Jusqu'aujourd'hui, la GEP est une politique ailleurs pour les
zones rurales51. Les parents d'élèves vivent dans la
routine des pratiques payantes de l'éducation de base à Koutaba.
Généralement ébahis lorsque nous leurs parlions de la GEP,
les parents d'élèves sont convaincus que l'écoles primaire
n'est pas gratuite. Ils croient à la non-gratuité de
l'école primaire. Cela à raison, compte tenu des frais qu'ils
paient volontairement ou non dans les écoles primaires.
1.1. Les frais d'APEE dans le sillage des frais exigibles
d'autrefois
Cette partie analyse les faits qui rendent les frais d'APEE
obligatoires dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba
en particulier. En réalité, ce n'est pas la loi qui pose
problème mais son application. Car elle est claire à ce
propos52. Dans les faits ; les frais d'APEE sont exigés, les
enfants sont renvoyés, privés de leurs bulletins de notes et
lesdits frais augmentent suivant certaines modalités dans les
écoles primaires.
1.1.1. Les frais d'APEE exigés
Si dans les textes officiels les frais d'APEE sont
volontaires, dans les établissements scolaires cela est loin
d'être le cas. Dans les écoles primaires à Koutaba, ces
frais sont réclamés vigoureusement des parents
d'élèves. Notons qu'en contexte local, les responsables
d'écoles primaires parlent de frais de scolarité53.
Cela peut traduire leur ignorance en matière de la GEP et un attachement
au système payant de l'éducation de base. Ce qui du point de vue
des parents d'élèves ne change rien par rapport à l'ancien
système. « D'abord moi j'ai toujours payer la scolarité
de mes enfants. Donc avec la gratuité dont vous me parlez là,
ça ne change rien, vue que les frais d'APEE sont là. On nous
demande de les payer donc... » (entretien réalisé le 9 Mai
avec Alassa).
51 Comme pour dire que ça se passe partout sauf
ici. Car, ici, l'éducation scolaire primaire se paie directement ou
indirectement.
52 Décret n° 2001/041 portant organisation
des établissements scolaires publics et attributions des responsables de
l'administration scolaire. Disposition de l'article 46, alinéa 2.
53 Au début de nos entretiens, nous pris
cela comme une manifestation de l'inconscient. Mais chemin faisant, nous avons
constaté que c'était très fréquent autant chez les
responsables d'écoles que chez les parents d'élèves.
57
Le fait que l'on exige les frais d'APEE dans les écoles
primaires constitue pour les parents une forme de pérennisation de
l'école primaire payante et donc la non-gratuité de cet ordre
d'enseignement. Car non seulement les textes officiels ne sont pas
respectés mais aussi les parents se retrouvent dans l'exigence d'assumer
certaines charges qui ne leur incombent pourtant pas. On peut bien parler de la
violation des textes officiels ou tout simplement de l'obstruction de la
politique de la GEP. Face à cette situation, certains parents
d'élèves sont réduits au silence. Ceux qui essaient de
dénoncer ou d'exprimer leurs indignations sont taxer de fauteurs de
troubles ou d'incitateurs de violences dans les écoles. Cela par la
classe dirigeante des écoles primaires à Koutaba. A titre
illustratif, prenons deux faits que l'on pensait avoir disparus dans les
écoles primaires sous l'effet de la politique de la GEP. Il s'agit des
renvois et de la privatisation des élèves de leurs bulletins de
notes.
1.1.2. Les élèves sont renvoyés
à cause des frais d'APEE
Aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba,
ce phénomène perdure. En réalité, nous le devons
aux frais d'APEE. L'ensemble des parents d'élève que nous avons
interrogé témoignent avoir reçu au moins une fois au cours
de l'année académique 2017/2018, une menace de renvoi de leurs
enfants si ces frais n'étaient pas payés. Plus encore d'autres
confirment qu'il ne s'agit pas uniquement des menaces de renvoi, mais tout
simplement de renvoi après le premier trimestre. Cela se traduit dans
les discours des directeurs d'écoles primaires. Lors de nos
échanges avec ces derniers, il leur arrivait de parler encore (de
manière inconsciente ou non) des frais de scolarité exigibles. On
peut bien croire à une ignorance des lois qui abrogent lesdits frais.
Mais cela nous permet tout de même de comprendre pourquoi les frais
d'APEE ne sont pas volontaires ou mieux pourquoi ils sont imposés dans
les écoles primaires à Koutaba.
A plusieurs reprises nous avons rencontré les
élèves du primaire entre 8h et 9h du matin, qui étaient
déjà de retour des classes. Ce qui en situation de recherche
avaient toujours aiguisé notre curiosité. Comme on s'y attendait,
ce n'était pas un retour dû à la sortie ou marquant la fin
de la journée. A la question de savoir pourquoi ils rentraient aussi
tôt, ces enfants des écoles primaires, nous donnaient pour la
majorité la même réponse : « on m'a chassé pour
les frais de scolarité ». Rappelons qu'en contexte local, on ne
distingue pas frais d'APEE et frais de scolarité autrefois exigé.
En début du 3e trimestre entre 8h et 9h 30m partout dans les villages,
les enfants en uniformes de
58
classes jouaient, d'autres sur les chemins de retour à
la maison. Le motif de cette errance était commun à tous : les
frais d'APEE.
Le cas qui nous a marqué lors de nos enquêtes de
terrain fut celui d'un petit garçon de la SIL. Ce dernier
fréquente à l'école publique de KOUMELAP. Redoublant dans
sa classe, l'année précédente, il n'avait pas payé
les frais d'APEE. Ce qui lui avait couté une année
académique. Arrivé dans son école le mercredi de la
première semaine de rentrée de 3e trimestre, nous
avons assisté à son renvoi pour les mêmes motifs. Avec un
pied nu, il était frustré ; car entouré par ses encadreurs
de l'école. Une des maitresses de l'école disait : «
l'enfant ci est entrain de redoubler la SIL comme ça pour les frais
d'APEE. Trois mille FCFA ? Ah ! » (Déclaration d'une institutrice
à l'école publique de Koumelap, en notre présence).
Finalement le petit fut renvoyé de l'école.
Cette pratique scolaire est très rependue dans
l'arrondissement de Koutaba. Elle est utilisée par les responsables
d'écoles primaires comme un moyen de pression sur les parents
d'élèves. Cela sans un minimum de réflexion sur sa
légitimité encore moins sur ce que ça représente
dans un contexte éducatif marqué par la gratuité formelle.
Cela traduit au final, le caractère obligatoire des frais d'APEE au
Cameroun et à Koutaba plus précisément.
1.1.3. Les élèves sont
déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de
notes
Dans les stratégies adoptées par les
établissements scolaires primaires à Koutaba pour prendre de
l'argent aux parents d'élèves, on note la rétention des
bulletins de notes de certains élèves. Ces derniers sont, (soit
par méconnaissance des textes relatifs à la GEP par les
responsables des écoles, soit par nécessité), encore
déclarés insolvables. C'est pratiquement une
réalité courante dans les écoles primaires dans les ZEP
comme l'arrondissement de Koutaba. L'insolvabilité est liée au
fait que l'enfant ou ses parents ne se sont pas acquitté d'un ensemble
de frais directs parmi lesquels : les frais d'APEE. Or l'insolvabilité
connote la non-gratuité de l'école élémentaire. Car
elle a trait au caractère payant de la scolarité. C'est une
stratégie pour réclamer de l'argent aux parents
d'élèves, qui pour certains déjà, ne savent
même pas que l'enseignement primaire est gratuit ou n'en savent que peu
de choses.
Parmi les parents d'élèves que nous avons
interviewés, certains affirment et dénoncent ce
phénomène scolaire. Certains responsables l'avouent et estiment
que « c'est une pratique anodine dans le parcours scolaire de l'enfant
» (Entretien effectué le 11 Avril 2018 avec Bertrand). Or
même sans gravité comme ils le pensent, c'est à la
limite un souci pour la GEP, car c'est une pratique
hors-norme. Voici le témoignage de Michel qui déplore ce
phénomène :
J'ai trois enfants à l'école publiques de
Njiyit. Un au CP et les deux autres sont au CM2. Après un mois de
classe, ils me dérangeaient déjà pour leurs pensions.
Celui du CP n'a pas encore eu son bulletin de notes. Comme je n'ai pas encore
payé sa scolarité [...]. J'ai d'abord payer pour ses ainés
parce qu'ont les chassait à l'école. Il fallait payer leurs
dossiers de concours d'entrée en 6e et de CPE.
(Entretien réalisé avec Michel le 18 Avril 2018)
La population de l'arrondissement de Koutaba est
majoritairement musulmane. Ce qui fait que la polygamie y est très
rependue. Certains parents comme ce dernier, ont parfois prêt de cinq
à six enfants dans un cycle d'enseignement scolaire. Avec la
pauvreté qu'ils déplorent, ils n'arrivent pas à
débourser les sommes à eux exigés dans les écoles
primaires
1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les
écoles primaires de Koutaba
Les frais d'APEE évoluent significativement dans les
zones rurales. Dans l'arrondissement de Koutaba, ces frais augmentent chaque
année suivant une variété de modalités
pratiques.
1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année
dans les écoles primaires
Ceux qui à Koutaba savent quelques choses de la GEP,
pensent que ses principaux obstacles sont les frais d'APEE. Le fait est que ces
frais ont dépassés de loin les frais de scolarité
exigibles annuels qui ont étés suspendus avec la politique de la
GEP. Les frais d'APEE ont compensés de toutes les manières, les
frais exigibles dans les écoles primaires. A chaque année
académique, la majorité des établissements scolaires
primaires revoient leurs frais d'APEE à la hausse. Certains augment 200
FCFA, d'autres 300 FCFA parfois même 500 FCFA. On peut penser que c'est
négligeable. Mais aujourd'hui ces augmentations ont donné lieu
à une situation dans laquelle, l'école primaire coûte aux
parents d'élèves au moins deux fois chère qu'avant la GEP.
Puisqu'auparavant, les frais exigibles et les frais d'APEE combinés
s'évaluaient à hauteur de 3000 FCFA par élève et
dans la totalité de ces mêmes écoles. A cette
époque, on avait couramment 1500 FCFA de frais exigibles et 1200 FCFA ou
1500 FCFA au plus de frais d'APEE.
Mais au cours de cette année académique
(2017/2018), aucune école primaire n'est à moins de 3000 FCFA de
frais d'APEE. La moyenne est de 3500 dans les écoles primaires publiques
(ou la GEP est sensée réduire les dépenses chez les
usagers). Les
59
60
causes de cette augmentation drastique ces dix-huit
dernières années sont multiples et complexes. A titre
illustratif, voici la déclaration d'une institutrice que nous avons
interviewée :
On a beau dire que l'école est gratuite ; mais
l'établissement où j'enseigne les parents déboursent 4200
pour s'acquitter des frais d'APEE. Ce qui fait deux fois les frais exigibles
d'autres fois. Dans cette école, d'abord l'effectif des
élèves est faible et en plus les MP sont au nombre de quatre. Ce
qui fait que les frais d'APEE augmentent. Parfois le directeur est
obligé de convoquer les parents d'élèves pour qu'ils
cotisent encore pour les salaires des MP [...]. Ça c'est
généralement vers la fin d'année, à partir de mars
et avril. Quand il n'y a plus d'argent dans les caisses (Entretien
effectué le 13 Avril 2018 avec Cécile).
Il ressort de ces propos que les parents dépensent
encore directement dans les écoles primaires, mais aussi que ces
derniers sont constamment sollicités financièrement par les
directeurs desdites écoles. Quand une école compte quatre MP,
dont la rémunération incombe aux élèves et à
leurs parents ; la gratuité ne peut être qu'entravée.
Prendre en charge ces instituteurs non-intégrés pendant neuf mois
est de prime à bord ce qui booste les frais d'APEE dans les
écoles primaires en situation locale.
1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais
d'APEE
Les frais d'APEE ne sont pas des sommes statiques et
forfaitaires. Ce sont des frais qui varient d'abord d'une école primaire
à une autre et en fonction du projet de chaque école. Un
directeur d'écoles primaires retrace l'itinéraire desdits frais
en ces termes :
Quand on sort le projet d'école, on définit
un budget qui peut couvrir ce projet. Par exemple on évalue le nombre
des MP. On dit par exemple que chaque MP aura 20 000 FCFA de salaire mensuel.
On multiplie par neuf mois pour voir son salaire annuel. Ça donne 180
000 FCFA par an et par MP. Si l'école compte 4 MP, on multiplie encore
180 000 FCFA par 4. Pour avoir la masse salariale des MP. On dit encore qu'en
attendant le paquet minimum on peut acheter cinq boites de craies, de
même pour les autres matériels didactiques. On budgétise
tout ça. En fin de compte, on voit ce que ça donne et on divise
le montant total par l'effectif de tous les élèves de
l'école. C'est donc à partir de là, qu'on dit que chaque
enfant doit payer telle ou telle somme en guise des frais d'APEE (Entretien
réalisé le 17 Avril avec Blaise).
Compte tenu de tout ce qui ressort de cette description, on
peut dire que les frais d'APEE augmentent simultanément avec les besoins
des écoles primaires en zones rurales. Surtout nous notons que rien
n'est gratuit dans cette dynamique. Car tout est facturé aux parents
d'élèves. Cela dans les moindres détails.
1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais
d'APEE
61
Les frais d'APEE ne sont pas des sommes forfaitaires. Ils
croissent au même rythme que les besoins exprimés par les
écoles primaires. Ceci en fonction de certaines modalités que
nous avons récapitulé dans le tableau suivant :
Tableau 04 : des modalités d'augmentation des frais
d'APEE
Modalités
|
Coût
|
Responsables Principaux
|
Taux des frais d'PEE
|
Salaires annuels des personnels n'émargeant
pas dans les caisses de l'Etat
|
En fonction du nombre du personnel
considéré
|
Les parents d'élèves
|
En dépend
|
Les matériels didactiques
|
Forfaitaires
|
Les besoins infrastructurels
|
En fonction des salles à construire
|
L'entretien des locaux
|
Forfaitaire
|
Source : données enquête de
terrain (Mars-Mai 2018)
Ce tableau permet de visualiser les facteurs de l'augmentation
des frais d'APEE dans les écoles primaires. De même il permet de
donner une visibilité plus ou moins nette des niveaux d'action des
parents d'élèves dans les écoles primaires. A partir de
là, nous pouvons dire que les APEE sont de plus en plus
surchargées et ne permettent pas aux parents d'élèves de
ressentir la gratuité d'écolages en situation rurale.
1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES
RESPONSABLES
DES ECOLES PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE
PRIMAIRE A KOUTABA
Face aux nombreuses difficultés que rencontrent les
responsables des écoles primaires à Koutaba, ceux-ci ont
développés des stratégies de survie du système
scolaire. Dans les rangs de ces stratégies, nous avons la convergence
des directeurs d'écoles primaires vers les APEE et les élites
locales. Les faits que nous présentons dans cette sous-partie nous
permettent de comprendre comment les responsables des
écoles primaires s'organisent pour assurer la survie du
système scolaire en contexte de gratuité. Notamment en s'appuyant
sur les APEE et les élites locales.
2.1. Les parents d'élèves : partenaires
principaux des écoles primaires publiques en zones rurales
Les parents d'élèves sont les principaux
partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils
sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement
du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des
infrastructures et de leurs entretiens. En effet, 59,07% des instituteurs qui
ont tenu les enfants pour le compte de l'année académique
2017/2018 sont payés par les parents d'élèves. Il est
presque impossible de penser le fonctionnement des écoles primaires
aujourd'hui sans les parents d'élèves. A cet effet, « les
parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de
soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles
primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les
établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas
toujours favorablement » (Entretien réalisé le 13 Avril avec
Jules).
De cette déclaration, on note le fait que les
directeurs font constamment appel aux parents d'élèves. En effet,
l'appel auxdits parents est dans l'arrondissement de Koutaba, la voix rapide et
sûr pour résoudre les difficultés et pour maintenir le
fonctionnement des écoles primaires. La majorité des directeurs
des établissements scolaires primaires avouent que sans les parents
d'élèves, les rentrées scolaires seraient presque
impossibles dans leurs écoles. Ainsi, pour Paulin : « les
parents d'élèves sont nos sources de revenus. Voilà les
partenaires qui brillent en zones rurales. Quand c'est difficile, on les
convoque et on leurs présente la situation. » (Entretien
réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos mettent en
exergue non seulement le fait que les directeurs des écoles primaires se
sont tournés vers les parents d'élèves pour faire
fonctionner lesdites écoles. Désormais, seuls les frais d'APEE
permettent aux établissements de tenir debout et de fonctionner tant
bien que mal. A l'exemple de l'école publique de Manzom, au rang
desquelles, seul le directeur émarge dans les caisses de
l'Etat54.
2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les
écoles primaires
54 Manzom est une école publique à cycle
complet créée en 2001, qui compte aujourd'hui 335
élèves. 62
Les responsables des établissements scolaires
primaires, considèrent les APEE comme les principaux moyens de
subsistances des écoles primaires. Parfois même après avoir
payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans
bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des
financements, et des biens matériels. C'est généralement
en cas de catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les
bâtiments sont dans un état de délabrement avancé.
Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et
renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents
d'élèves sont ceux qui s'en chargent. Cela à cause de
l'absence des fonds de solidarité et de promotion de l'éducation
: à la réhabilitation en urgence des infrastructures scolaires
sinistrées ; au secours d'urgence aux personnels éducatifs
victimes de sinistres avérés prévu par la loi. Dans cette
dynamique de fait, Claude nous rapporte que :
Pendant les congés le vent a enlevé le toit
du CE2 là (indexant un vieux bâtiment). Il a fallu que j'appelle
le président de l'APEE pour qu'il vienne le réparer. Donc c'est
toujours l'argent de l'APEE. Quand les bancs sont cassés, c'est l'APEE.
Puisque le fonctionnement n'est pas encore là. Le premier partenaire
c'est l'APEE (Entretien effectué le 9 Mai avec Claude).
De cette affirmation nous comprenons que dans les
écoles primaires, désormais la majorité des charges
incombent aux APEE. Parallèlement ces associations sont devenues les
premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de
leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la
régularité de leurs actions à divers niveaux. Les APEE
compensent ainsi la lenteur, le retard du « fonctionnement
», et assure la survie des écoles primaires à
Koutaba.
En bref, les frais d'APEE permettent aux directeurs
d'écoles primaires de Koutaba, l'achat du matériel didactique
pour démarrer l'école, le payement des salaires des maîtres
des parents, le renforcement de la prime de rendement des enseignants,
l'entretien des locaux, le salaire des gardiens et des agents d'entretien, et
la distribution des prix en fin d'année. On trouve les enseignants qui
ont pas de livres pour les préparations. Ils sont obligés de
faire recours aux élèves pour obtenir les livres pour la
préparation, acheter la craie, apporter le matériel d'entretien
et de nettoyage des salles de classe, entre autres. Tout cela pour le
bien-être de l'éducation de base dans l'arrondissement de Koutaba.
Parfois même après avoir payé les frais desdites
associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des
situations qui nécessitent des financements, et des biens
matériels. C'est généralement en cas de
63
64
catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles
ou les bâtiments sont dans un état de délabrement
avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains
toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les
parents d'élèves sont ceux qu'on appelle en premier lieux.
Parallèlement les APEE sont devenues les premiers
acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs
promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité
de leurs actions à divers niveaux.
2.3. Les élites et les actions solidaires dans les
écoles primaires.
Dans l'arrondissement de Koutaba, les élites sont
intéressées par l'éducation des jeunes et surtout
l'éducation des enfants du primaire. Ayant pris acte de nombreuses
difficultés que rencontrent les parents d'élèves dans la
scolarisation de leurs enfants, ces élites mènent des petites
actions solidaires dans les écoles primaires. Cette prise de conscience
est le résultat d'une sensibilisation menée conjointement au
quotidien par des directeurs d'écoles et des présidents des APEE.
Ainsi, individuellement ou à travers les associations locales, les
élites fonds des dons des tables bancs, des kits scolaires, des
tableaux... les élites font aussi des remises de kits scolaires aux
meilleurs élèves de chaque école. Le témoignage
d'un enfant (qui nous entends parler avec son père) est très
évocateur à ce sujet : « Cette année, j'ai
commencé l'école avec mes cadeaux que père Jonas m'avait
donné l'année passée. J'étais sorti
troisième au CE1 et j'avais eu deux stylos, deux cahiers de 200pages et
un autre de 50 pages » (lors de l'entretien réalisé le
18 Avril avec Ledoux). Ces gestes viennent en appui aux écoles primaires
dans le cadre de la survie de ce système en pleine crise. Une crise qui
se traduit par le manque des ressources et des difficultés à
appliquer la GEP. Pour atteindre facilement les élites locales, les
responsables des écoles primaires font souvent des communiqués
qu'ils envoient dans les mosquées et les églises pour faire part
de leurs situations. C'est ainsi que, « ils nous ont fait part de la
maigreur de leur budget et demandent une petite aide. Nous avons aussi
remarqué que les parents d'élèves avaient commencé
la construction d'un bâtiment de trois salles de classes. Très
prochainement, une aide sera
faite dans cette école pour finaliser ce
bâtiment. (Entretien réalisé le 15 Avril avec Arouna.
Membre de DYCOLEM)
De tout ce qui précède, il en ressort que les
élites individuellement ou à travers les associations locales,
constituent non seulement un moyen de subsistance pour les écoles
primaires, mais aussi de véritables parrains pour les écoliers
à Koutaba. Les directeurs ne manquent pas de solliciter leurs aides.
CONCLUSION
D'une manière générale, la question
à laquelle répondait ce chapitre est de savoir comment comprendre
et interpréter les frais d'APEE en contexte de gratuité de
l'enseignement primaire. A partir des réalités concrètes
collectées dans l'arrondissement de Koutaba et après analyse,
nous validons l'hypothèse selon laquelle : les frais d'APEE traduisent
la non-gratuité effective pour les parents d'élèves et des
voix de survie du système scolaire primaire pour les directeurs de ces
écoles. De ce fait, la gratuité de l'enseignement primaire face
aux APEE est égale à un non-évènement pour les
parents d'élève55. Notamment avec les frais d'APEE qui
ont pris le sillage des frais exigibles d'autres fois et de leurs augmentations
dans les écoles primaires de Koutaba. La deuxième partie de ce
chapitre présentait l'appropriation des APEE par les responsables des
écoles primaires et survie du système scolaire primaire à
Koutaba. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents
d'élèves leurs partenaires en zones rurales. De même ils
utilisent les APEE comme des supports matériels et financiers pour
assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba.
Le recourt aux élites locales n'est pas de reste. C'est aussi une
stratégie pour assurer le fonctionnement des écoles primaires,
surtout dans un contexte éducatif traversé par une
gratuité qui manque des ressources.
65
55 L'évènement étant la politique de la
GEP
CHAPITRE 4 : LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE FACE AU MANQUE DE RESSOURCES DANS LES ECOLES
PRIMAIRES A KOUTABA
66
INTRODUCTION
Quand l'Etat adopte la politique de la GEP, cela suppose que
les charges afférentes lui reviennent. Ainsi il est censé mettre
des moyens financiers à la disposition des écoles primaires
publiques56. Cela afin de garantir leurs fonctionnements et
parallèlement pour que l'école soit effectivement gratuite.
Autrement dit, lorsque nous posons une telle problématique sur la table,
la réflexion s'oriente vers les conditions de sa faisabilité.
C'est-à-dire, les conditions à réunir pour qu'il y ait
gratuité de l'éducation dans les faits. Il s'agit notamment des
ressources nécessaires : financières, humaines et
matérielles etc. Ce chapitre présente les difficultés que
rencontre la politique de la GEP relativement au manque et à
l'insuffisance des ressources sus-évoquées dans les écoles
primaires de Koutaba. D'abord, les difficultés liées au manque et
à l'insuffisance des moyens financiers suffisants dans les écoles
primaires. Dans sa deuxième partie, le présent chapitre met en
exergue le déficit des personnels instituteurs intégrés
dans l'arrondissement de Koutaba. La dernière partie ici, porte sur un
déficit observé des ressources matérielles dans les
établissements scolaires primaires à Koutaba.
1. INSUFFISANCE DES RESSOURCES FINANCIERES DANS LES
ECOLES PRIMAIRES
Les ressources sont de véritables moteurs de
fonctionnement de tout système. Or la politique de la gratuité du
sous-système éducatif camerounais ici à l'honneur,
connait
56 Circulaire n°08/B1/144/MINEDUB du 22 AUG 2014
portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des
écoles maternelles et primaires.
67
d'énorme déficit des ressources
financières. Qui se manifeste avec acuité en zones rurales ou
mieux en ZEP. Cette partie présente l'insuffisance des ressources
financières dans les écoles primaires dans l'arrondissement de
Koutaba. Elle s'articule autour des sources de revenus concrètes, et des
budgets desdites écoles.
1.1. Les sources de revenu des écoles primaires
à Koutaba
En dehors du paquet minimum et du fonctionnement que l'Etat
met à la disposition des écoles primaires, les textes
prévoient une gamme complexe d'acteurs sociaux qui doivent fournirent
à ces écoles tout ce dont elles ont besoin. Mais dans les faits,
seuls quelques-uns sont et agissent inlassablement dans les écoles
primaires. Il s'agit principalement des parents d'élèves. La
commune et les élites agissent aussi sporadiquement.
1.1.1. Les parents d'élèves : partenaires
principaux des écoles primaires publiques en zones rurales
Les parents d'élèves sont les principaux
partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils
sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement
du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des
infrastructures et de leur entretien. En effet, 59,07% des instituteurs qui ont
tenu les enfants pour le compte de l'année académique 2017/2018
sont payés par les parents d'élèves. Il est presque
impossible de penser le fonctionnement de écoles primaires aujourd'hui
sans les parents d'élèves. Cela traduit dans les faits le manque
d'accompagnement consistant des écoles primaires en contexte dit de
gratuité avec les ressources suffisantes. A cet effet, « les
parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de
soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles
primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les
établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas
toujours favorablement »57 (Entretien
réalisé le 13 Avril avec Jules).
La majorité des directeurs des établissements
scolaires primaires avouent que sans les parents d'élèves, les
rentrées scolaires seraient presque impossibles dans leurs
écoles. Ainsi, pour Paulin : « les élites et les parents
d'élèves sont nos sources de
57 Ce en fournissant des
ressources de toutes sortes à ces institutions
68
69
revenus. Voilà les deux partenaires qui brillent en
zones rurales. Cependant, les parents viennent en premiers ; parce que les
élites interviennent quand ils veulent et où ils veulent »
(entretien réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos
mettent en exergue non seulement le fait que les parents sont devenus les
principaux supports des écoles primaires, mais aussi le caractère
sporadique des actions des autres acteurs de la CE dans ces institutions.
La GEP a été proclamée en faveur des
parents d'élèves. Le fait qu'ils soient désormais les
acteurs principaux dans les écoles primaires, traduit d'une certaine
manière les difficultés de cette politique. Ils existent dans les
zones rurales comme l'arrondissement de Koutaba, d'autres acteurs prioritaires
qui doivent fournir les ressources aux écoles primaires. Il s'agit
notamment des CTD.
1.1.2. La commune : une appropriation encore
insuffisante
« Transferts des compétences sans ressources
conséquentes » ; voilà les maitres mots des agents
communaux dans l'arrondissement de Koutaba. Bien qu'au courant des besoins
criards dans les écoles primaires, la commune de Koutaba agit de
manière inattendue. Or en contexte de décentralisation,
l'application de la GEP dépend en partie de la consistance et de la
régularité de ses interventions dans les écoles
concernées. Compte tenu de ce que les contributions statutaires des
collectivités territoriales décentralisées sont
obligatoires dans les écoles primaires58. Cependant
dans cette localité, les actions de la commune se dénombrent au
bout des doigts. En effet, « la commune porte de lourdes
responsabilités depuis 1996 avec les transferts de compétences.
Mais il y a encore des aspects qui freinent ses actions sur le terrain.
Notamment l'aspect ressources » (Entretien réalisé le
18 Avril 2018 avec Ousmane). Les actions de la commune sont
irrégulières compte tenu de ses nombreuses
responsabilités. Les déclarations d'Abdoulaye décrivent
les actions communales de la manière suivante :
Depuis la rentrée nous sommes partis voir le maire
; il nous a promis les bancs sans rien donner. Il m'avait promis arranger le
bâtiment là (indexant un vieux bâtiment de l'école,
rien. [...]il fut une année ou il nous avait donner trois tables bancs.
Il est descendu ici à plusieurs reprises ; mais rien. A la
rentrée, le toit était déchiqueté. Le maire avait
dit qu'on devait refaire le
58 Décret n°2001/041portant
organisation des établissements scolaires publics et attribution des
responsables de l'administration scolaire
70
toit, mais jusqu'ici, rien. C'est l'APEE qui a couvert
ça comme vous voyez là (Entretien réalisé le
18 Avril avec Abdoulaye).
De cette déclaration nous pouvons comprendre que la
commune brille par des actes isolés dans les écoles
primaires. En plus, faire une doléance à la commune
n'est pas d'emblée une cause gagnée. Bien qu'étant au
courant des besoins, la commune n'agit pas toujours. En déplorant cette
manière avec laquelle la commune mène des actions dans les
écoles primaires ; Mohamed affirme que : « l'action de la
commune dans mon école est unique depuis pratiquement huit ans que je
suis là-bas. La commune est venue uniquement donner les bancs, par le
truchement du conseiller qui est du quartier de l'école en question
» (Entretien réalisé le 5 Mai 2018 avec Mohamed). Ainsi
donc, on peut comprendre que les actions de la commune ne sont pas de nature
à garantir la GEP. Quand on analyse d'avantages ses actions, à la
limite elles sont politisées. Roger BOULLA MEVA'A et KINKEU George
(2016) étaient parvenus à une telle conclusion. Pour eux les
acteurs sont parfois à la recherche d'une « visibilité
sociopolitique ».
Dans les dispositions légales, les fonds des
écoles primaires peuvent venir aussi des dons et des aides
effectués par les élites. Ainsi, elles interviennent dans ces
institutions. La difficulté se retrouve dans leur mode
d'intervention.
1.2. Les fonds des établissements scolaires
primaires publics
Cet élément présente une
difficulté que rencontre la politique de la GEP ; en liaison aux fonds
des écoles primaires publiques.
1.2.1. La caisse des établissements
Les institutions scolaires primaires en contexte de
gratuité manque de caisses propres et indépendantes. Il est
difficile de penser une institution d'une telle envergure que l'école
primaire, sans un fond ou une caisse propre, permanente et
opérationnelle. Or c'est une réalité que nous a appris
cette étude. Ces institutions fonctionnent sans fonds et sans caisses
propres et indépendantes. Les caisses des établissements
scolaires ont disparu avec les frais annuels exigibles. Ce qui fait que d'un
point de vue des fonds, ces institutions n'ont pas une autonomie
financière. Dans cette dynamique, les propos de Stéphane
permettent de comprendre que :
Quand avec la gratuité on a suspendu les frais
exigibles, ces derniers n'ont plus étés remplacés avec des
ressources matérielles et financières conséquentes. Quand
on payait par exemple 2500 FCFA, 1000 ou 500 FCFA partaient dans les caisses de
l'Etat et le reste
71
l'inspecteur et le directeur s'en chargeaient pour
gérer les écoles primaires. Maintenant cet argent n'existe plus.
Ce qui fait que les écoles jouent à la survie en se rabattant sur
les parents d'élèves. Donc les seules caisses permanentes et
opérationnelles dans lesquelles les écoles
primaires retirent de l'argent maintenant sont celles des
APEE. (Entretien réalisé le 7 Avril avec Stéphane)
Compte tenu de tout ce qui précède, nous pouvons
comprendre que les difficultés de la GEP ont commencé dès
son adoption. Notamment avec la suppression des frais qui contribuaient au
fonctionnement desdites écoles et cela sans compensation
financière conséquente. Ainsi, non seulement les écoles
primaires sont sans caisses propres, mais surtout certaines prestations
scolaires manquent des fonds nécessaires pour leurs exercices. Ce qui
fait qu'en fin de compte tout revient à la charge des parents
d'élèves. Dans cette situation, il est difficile de mettre sur
pied une école primaire concrètement gratuite. On peut bien
parler du « fonctionnement », mais qu'en est-il réellement
aujourd'hui dans les écoles primaires en zones rurales ?
1.2.2. Le budget de « fonctionnement »
: entre inconsistance et retard
Le budget de « fonctionnement » est un
argent que le gouvernement camerounais donne généralement aux
institutions scolaires pour l'exercice de leurs activités. Comme son nom
l'indique, c'est un fonds destiné au fonctionnement, voire à la
bonne marche des écoles primaires. Mais aujourd'hui les écoles
primaires connaissent d'énormes difficultés financières
à cause de l'inconsistance et du retard qu'accuse ledit argent. En
déplorant la corruption et la lenteur administrative dont est victime
ledit « fonctionnement », Idriss décrit la voix par
laquelle il leur arrive en prenant l'image d'un entonnoir. Il s'exprime en ces
termes :
Le « fonctionnement » arrive dans les
écoles primaires suivant un canal en forme d'entonnoir. C'est beaucoup
d'argent que l'Etat débloque pour distribuer aux écoles primaires
à titre de « fonctionnement ». Mais ce qui arrive
effectivement entre les mains des directeurs ne peut même pas permettre
à une école de passer un trimestre [...]. Quand c'est beaucoup
c'est 100 mille FCFA pour une année académique. Je rappelle qu'on
donne parfois même 21 mille FCFA. (Entretien réalisé le 18
Avril avec Idriss)
Cette affirmation met en exergue l'insuffisance ou mieux
l'inconsistance du budget de « fonctionnement »
alloué effectivement aux écoles primaires. Ce malaise,
pourrait-on dire est dû aux détournements incessant qui amenuisent
ces fonds. Au point
72
ou, ce qui arrive entre les mains des directeurs des
écoles primaires, n'est pas assez pour qu'ils puissent appliquer les
dispositions de la GEP. De même, Alex déclare aussi qu'
Il y a le « fonctionnement » de l'école,
c'est vrai mais ça n'aide pas assez. Voilà ici, normalement il
fallait que je recrute encore cinq enseignants. J'ai vu que c'est lourd, on a
pris quatre. Rien que le petit traitement de 20 mille pour chacun, le «
fonctionnement » ne peut même
pas. On nous donne un taux forfaitaire. (Entretien
réalisé le 18 Avril avec Alex)
L'inconsistance n'est pas la seule difficulté que nous
avons observée sur le terrain avec le « fonctionnement ».
A côté, nous avons constaté que le «
fonctionnement » est un élément très
retardataire dans les écoles primaires à Koutaba. En effet,
jusqu'en fin deuxième trimestre début troisième trimestre,
lesdites écoles n'avaient pas encore perçu ledit «
fonctionnement »59. Un directeur d'école primaire
se prononçant sur la question déclare : « je puis
même te dire que depuis la rentrée de 2017/2018, on a rien
(claquement des mains) jusqu'à l'heure où nous parlons, le «
fonctionnement » n'est même pas encore là. Tu auras à
passer dans d'autres écoles, on n'a rien ». Du coté des
responsables administratifs du système éducatif à Koutaba,
« les écoles primaires auront le fonctionnement, ça ne
peut pas manquer. Il faut juste attendre un peu »60. Avec
ce retard et l'exigence de fonctionnement des écoles primaires,
l'éducation de base ne peut pas être gratuite. Les parents
continuent d'assumer les charges financières liées à
l'éducation de leurs enfants. Encore qu'à cela s'ajoute d'autres
blocages à la GEP.
2. LE DEFICIT DES PERSONNELS ENSEIGNANTS INTEGRES DANS
LES ECOLES PRIMAIRES
Le déficit est dans ce point, l'absence de
proportionnalité entre les instituteurs intégrés et les
besoins en enseignants observés dans les écoles primaires. Dans
l'arrondissement de Koutaba, on note un déficit réel du personnel
enseignant intégrés dans les écoles primaires. Une
situation qui ne permet pas à ces écoles de pouvoir garantir aux
enfants et à leurs parents une scolarité effectivement gratuite.
A l'absence des personnels complets qui émargent dans les caisses de
l'Etat, la politique de la gratuité reste un slogan éducatif. Car
ne peut être effective. Le déficit du personnel
intégré (166) que nous avons constaté dans les
établissements scolaires primaires à
59 Deux semaines après la rentrée du
troisième trimestre, les écoles primaires n'avaient pas encore
perçues le « fonctionnement ».
60 Entretien effectué avec un agent de bureau
de l'inspection d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel de
Koutaba
73
Koutaba, obligent parfois les responsables de ces institutions
à s'écarter des normes officielles relatives à la GEP.
2.1. Un poids important du financement supporté
par les usagers
On observe que, suite aux contraintes macroéconomiques
fortes qu'a supportées le pays au début des années 90, il
reste des séquelles encore très visibles des défaillances
de l'Etat dans la fourniture des services éducatifs. Ainsi, observe-t-on
le développement du nombre des maîtres des parents dans les
écoles primaires. Ce qui au fond constitue une charge
considérable pour les élèves et leurs parents ; et de ce
fait une entrave à la gratuité effective de l'éducation de
base au Cameroun et dans les zones rurales en particulier. Aucun
établissement scolaire primaire aujourd'hui n'a un effectif complet des
instituteurs qui émarge dans les caisses de l'Etat. Sur un total de 281
instituteurs qui enseignent dans les établissements scolaires primaires
dans l'arrondissement de Koutaba, 166 n'émargent pas dans les caisses de
l'Etat. Ce chiffre représente environ 59,07% des personnes qui
enseignent dans les écoles primaires publiques au cours de
l'année académique 2017/2018 dans l'arrondissement de Koutaba.
C'est en réalité un indicateur des charges que supportent les
usagers de l'éducation de base dans cette localité. Un poids qui
ne permet pas une école véritablement gratuite. Le fait est
qu'ils ne sont pas rémunérés par l'Etat, mais par les
associations de parents d'élèves et d'enseignants. Une
réalité qui alourdie les dépenses qu'effectuent les
parents d'élèves dans un contexte éducatif dit de
« gratuité ».
Ce phénomène est particulièrement
pénalisant pour les familles rurales, généralement plus
pauvres, qui doivent payer davantage pour l'éducation de leurs enfants.
Cela entrave non seulement la politique de la GEP, mais accentue les
inégalités et les facteurs dissuadant les parents de scolariser
leurs enfants.
La gratuité dans un tel contexte n'est qu'un slogan
éducatif. Les enseignants et les parents d'élèves
déplorent d'énormes obstacles à la GEP. A ce sujet, le
constat de Benjamin est très clair : « le principal obstacle de
la gratuité, c'est le manque du personnel enseignant
intégrés » (Entretien réalisé le 9 Avril avec
Benjamin). Pour lui, la GEP peut être effective à condition
que le personnel intégré soit suffisant dans les écoles
primaires. D'autres vont même jusqu'à croire qu'on pourrait
« catégoriquement rayer les frais d'APEE du vocabulaire
scolaire primaire ». Mais encore faut-il d'abord doter les
établissements scolaires primaires des ressources suffisantes.
74
2.2. Du personnel intégré dans les
écoles primaires : des chiffres peu
satisfaisants
Il est très peu aisé de concevoir une
gratuité d'écolage avec des personnels dont peu émarge et
dont la majorité sont des MP. Pour donner une visibilité claire
des instituteurs intégrés dans les écoles primaires de
Koutaba, nous avons réalisé le tableau suivant :
Tableau n° 03 : synthèse du personnel enseignants
dans les écoles primaires de Koutaba
Ordre
d'enseignemen t
|
|
Effectif d'élèves
|
Personnels enseignants
|
Total
|
Emargeant dans
les caisses de l'Etat
|
N'émargeant
pas dans les caisses de l'Etat
|
H
|
F
|
T
|
H
|
F
|
T
|
H
|
F
|
T
|
Total des
écoles publiques
|
46
|
808 4
|
777 5
|
158
59
|
62
|
56
|
118
|
56
|
11 0
|
16 6
|
281
|
Total des
écoles
catholiques
|
2
|
143
|
164
|
307
|
0
|
0
|
0
|
4
|
2
|
6
|
6
|
Total des
écoles
protestantes
|
4
|
156
|
157
|
313
|
0
|
0
|
0
|
7
|
15
|
22
|
22
|
Total des
écoles privées
islamiques
|
6
|
391
|
425
|
816
|
0
|
0
|
0
|
20
|
5
|
25
|
25
|
Total des
écoles privées
laïques
|
4
|
389
|
380
|
769
|
0
|
0
|
0
|
14
|
8
|
22
|
22
|
Total général
|
62
|
916
|
890
|
186
|
62
|
56
|
118
|
101
|
14
|
24
|
356
|
75
Source : données enquête de terrain
(Mars-Mai 2018)
Ce tableau montre que sur 356 instituteurs que comptent les
écoles primaires, 75 sont dans le privé. De la même
manière, sur 281 instituteurs qu'on rencontre dans les écoles
publiques à Koutaba, 166 n'émargent pas dans les caisses de
l'Etat. Si on ajoute à ce dernier chiffre, le deuxième, on peut
donc comprendre que 241 enseignants du primaire contre 115 sont à la
charge des parents d'élèves. Avec ces chiffres la GEP, est
compromise et obstruée.
Un autre fait n'est pas à négliger dans ce
tableau : les écoles privées en contexte de la GEP. 2205 enfants
sont dans les écoles privées, soit 41,10% de leur effectif total
dans les écoles primaires à Koutaba. Voilà des charges qui
reviennent pratiquement aux parents d'élèves. Le fait est que les
écoles privées d'enseignement primaire, ne facilitent pas
l'encrage de la politique de la GEP au Cameroun et dans les ZEP
singulièrement. D'ailleurs voici ce que pensent certains acteurs de la
CE : « la gratuité est une notion constitutionnelle. C'est la
loi qui dit que l'école publique primaire est gratuite. Ce qui fait
qu'il ne devrait même pas avoir d'école primaire privée.
Ça n'a pas de sens ». Cela donne lieu à un poids, deux
mesures.
3. LA PROBLEMATIQUE DU PAQUET MINIMUM
Cette partie traite des obstacles à la GEP en rapport
avec le fameux paquet minimum. Ce paquet qui aujourd'hui constitue avec le
« fonctionnement », l'essentiel des ressources
matérielles et financières que l'Etat met à la disposition
des écoles primaires. La problématique du paquet minimum
est telle que désormais, il n'est plus que le minimum de
lui-même.
3.1. Le paquet minimum toujours en retard
Le paquet minimum est un ensemble de matériels
didactiques que l'Etat met souvent à la disposition des écoles
primaires pour le démarrage de l'année académique.
Aujourd'hui la disponibilité de ce paquet est très
problématique. Jusqu'au mois de mai, les écoles primaires de
Koutaba n'avaient pas encore le paquet minimum. Le matériel didactique
était jusque-là fourni par les APEE. Ce retard est dû en
partie à la mauvaise procédure d'achat des matériels
constituants ce paquet. En effet, quand on passe le
76
marché d'achat de ces matériels, ça prend
beaucoup de temps. A côté de cela, il y a des tractations qui s'y
mêlent.
Pour passer le marché, il y a des tractations qui
font en sorte qu'on regarde le coté familial. On prend le marché,
on donne à quelqu'un qui n'a pas les moyens. Un truc de huit million, il
part acheter ce qui coute trois millions. Résultat, on lui demande un
stylo de 100 (cents) FCFA, il acheté ce qui coute 50 (cinquante) FCFA.
Maintenant quand ça arrive, l'inspecteur qui est le technicien et qui
avait passer la commande, vérifie. Quand il constate que tout est faux,
et bien il refuse de les réceptionné. C'est ainsi que d'autres
négociations commencent avec lui. En fin de compte, c'est le temps qui
passe, jusqu'à ce qu'on se retrouve sans paquet minimum au début
du troisième trimestre (Entretien réalisé avec Franck le 7
Mai 2018).
Il ressort de cette déclaration, plusieurs facteurs qui
construisent le retard du paquet minimum. D'abord on note le processus de
passation de marché d'achat des matériels constituant ce paquet.
C'est une opération administrative qui prend beaucoup de temps. Car le
technicien passe la commande des matériels et le ministère des
marchés publics (MINMAP) lance l'appel à candidature. Pour que ce
paquet arrive au niveau des CTD, c'est après des mois de
scolarité. Quand ça arrive, l'inspecteur prend encore du temps
pour vérifier sa conformité. Un autre facteur du retard du paquet
minimum est liée aux nouvelles négociation causées par la
non-conformité des matériels achetés. On peut comprendre
ainsi pourquoi à Koutaba, on n'a pas eu le paquet minimum à
temps. Sans ce paquet dès le mois de septembre de chaque année,
les écoles primaires continueront de facturer les matériels
didactiques aux parents d'élèves.
Le retard du paquet minimum le rend inutile et
périssable. On donne ces paquets aux directeurs vers la fin
d'année scolaire, ils deviennent de potentiels commerçants pour
l'année suivante. Dans l'arrondissement de Koutaba, certains
instituteurs et certains directeurs des écoles primaires en particulier,
vendent des boites de craies, des paquets de stylos et des cahiers travaux
pratiques entre autre au « potto »61. Le fait est
que personne ne viendra l'année suivante leur demander des comptes
à rendre. Or ces paquets n'ont pas véritablement servi
l'année où ils ont étés distribués. Compte
tenu de leur retard. Parallèlement à ce retard, il y a aussi
l'inconsistance de ce paquet.
3.2. Du « minimum » du paquet
minimum
Les paquets minimums que perçoivent les écoles
primaires sont vraiment minimums. Ils sont assez minimums pour ne pas pouvoir
participer à la promotion d'une école primaire réellement
gratuite. Désormais, c'est même le minimum du paquet
61 Terme utiliser couramment pour
désigner les vendeurs des livres en pleine aire,
généralement installer sur les petits contoirs en bordures de
routes.
77
minimum qui est mis à la disposition de ces
institutions. Le fait est que dès le départ, les
bénéficiaires ne savent pas à quoi s'attendre de
manière qualitative et quantitative. Ce qui fait qu'ils sont
obligés de prendre sans droit de murmure, ce qu'on leurs donne. A ce
sujet, Suzanne rapporte que : « quand le carton arrive, il est
déjà cassé. On te donne juste le nécessaire (un
cahier de 288pages, deux stylos et peut être une boite de craie) en
fonction du temps qui reste pour l'année en cours » (Entretien
effectué le 11 Mai avec Suzanne). Compte tenu du temps scolaire et
du vide juridique concernant sa consistance, les responsables du paquet minimum
ne donnent plus que le minimum de ce paquet aux écoles primaires. Le
retard dont nous avons parlé plus haut y est pour quelque chose. Puisque
ceux qui donnent savent souvent que l'année scolaire est presque
finie.
CONCLUSION
La politique de la GEP nécessite une
variété de ressources pour son effectivité. De
manière générale, ce chapitre met en exergue le manque ou
mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à
Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et
matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les écoles
primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP. Ces
institutions publiques manquent des ressources financières
nécessaires à l'exercice de leurs activités. Les seuls
fonds opérationnels sont ceux des APEE. Or avec ces fonds,
l'école ne peut pas être gratuite. Dans ce sillage, les parents
d'élèves sont devenus les premiers partenaires desdites
écoles. Une réalité qui ne fait qu'augmenter leurs charges
éducatives. Dans l'arrondissement de Koutaba, les parents
d'élèves prennent à eux seuls en charge 59,07% des
personnels enseignants dans les écoles primaires. Un poids quoi va
contre l'effectivité de la politique de la GEP. Cela en
considération du fait que les parents d'élèves ne
ressentent pas concrètement ladite politique. Dans les rangs de ces
difficultés, nous avons notés celles relatives au paquet minimum.
Un paquet sur quoi les écoles primaires ne peuvent plus compter pour
l'exercice de leurs activités. Compte tenu de son inconsistance, mais
surtout de son retard. En clair, l'insuffisance de ces ressources dans les
écoles primaires à Koutaba ne permet pas une école
effectivement
gratuite. Autrement dit, La gratuité de l'école
primaire manque d'un certain nombre de prérequis (économiques,
humains et matériels) qui puissent la permettre de se
réaliser.
78
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
D'une manière générale, la
deuxième partie de ce travail portait sur les APEE : regards
croisés des instituteurs et des parents d'élèves et la
gratuite de l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les
écoles primaires à Koutaba. En effet, dans un contexte
éducatif comme celui que nous vivons aujourd'hui, les APEE sont
interprétées différemment. Cela selon qu'on soit parent
d'élèves ou alors responsables direct d'une école
primaire. Cette recherche nous a permis de comprendre que la gratuite de
l'enseignement primaire face aux APEE est égale à un
non-évènement pour les parents
d'élève62. Notamment avec les frais
d'APEE qui vont désormais dans le sillage des frais exigibles d'autres
fois et de leurs augmentations dans les écoles primaires de Koutaba.
Compte tenu des difficultés existentielles auxquelles font face les
écoles primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces
écoles ont fait des parents d'élèves, leurs partenaires
principaux en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme des
supports matériels et financiers pour assurer la subsistance des
écoles primaires publiques. Le recours aux élites locales n'est
pas de reste. C'est aussi une stratégie pour assurer le fonctionnement
des écoles primaires, surtout dans un contexte éducatif
traversé par une gratuité qui peine à
s'effectuée.
62 L'évènement étant la
politique de la GEP
79
Le second chapitre de la partie a mis en exergue le manque ou
mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à
Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et
matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les écoles
primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP. Les seuls
fonds opérationnels et permanents sont ceux des APEE. Or avec ces fonds,
l'école ne peut pas être gratuite pour les parents
d'élèves. Dans ce sillage, ces parents sont devenus les premiers
partenaires desdites écoles. Une réalité qui ne fait
qu'augmenter leurs charges éducatives. Dans l'arrondissement de Koutaba,
les parents d'élèves prennent à eux seuls en charge 59,07%
des personnels enseignants dans les écoles primaires. Un poids qui va
contre l'effectivité de la politique de la GEP. Ceci en
considération du fait que, les parents d'élèves ne
ressentent pas ladite politique. Dans les rangs des obstacles à la GEP,
nous avons notés ceux relatifs au paquet minimum. Un paquet sur quoi les
écoles primaires ne peuvent plus compter pour l'exercice de leurs
activités. Compte tenu de son inconsistance, mais surtout de son retard.
En claire, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires de
l'arrondissement de Koutaba, ne permet pas une école effectivement
gratuite. Autrement dit, La gratuité de l'école primaire manque
d'un certain nombre de prérequis (économiques, humains et
matériels) qui puissent la permettre de s'effectuer.
CONCLUSION GENERALE
80
81
Le sujet de cette recherche s'intitule : « la
gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba :
analyse sociologique des obstacles ». Cette étude
s'inscrit dans un contexte traversé par la gratuité
d'écolage ; aussi bien au niveau international que national. A
l'échelle internationale, nous pensons ainsi à la
déclaration mondiale sur l'EPT. Adoptée en Thaïlande en
1990. De même, dans le cadre d'action de Dakar, la politique de la GEP y
est adoptée. Le Cameroun a contracté des engagements relatifs
à ces différentes politiques et est tenu de les observer. Ainsi
au niveau national, l'éducation est formellement une priorité et
surtout celle de base. Déjà au cours de l'année 2000
(février), le président de la république proclamait de
manière imposante la GEP. Une déclaration qui se traduit
aujourd'hui dans les décrets, circulaire, arrêtés et lois.
Formellement c'est une politique éducative qui fait tache d'huile dans
les dispositions juridiques au pays. Dans ce travail, elle concerne l'ensemble
des prestations scolaires obligatoires dispensées dans les
établissements élémentaires publics.
Le problème de cette recherche tourne autour des
obstacles à la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.
Compte tenu du fait que son application en zone rurale rencontre
d'énormes difficultés et les écoles primaires peinent
à la mettre sur pied de manière effective. Car on observe encore
des réalités qui renouent avec le système payant de
l'éducation de base en contexte local en particulier. Ainsi, la question
principale de cette étude est la suivante : Comment comprendre le fait
que les écoles primaires peinent à mettre en place la politique
de la GEP dans l'arrondissement de
Koutaba ? L'hypothèse provisoire à cette
question est formulée comme suit : Les écoles primaires peinent
à mettre en place la politique de la GEP, dans l'arrondissement de
Koutaba à cause de plusieurs obstacles qu'elles rencontrent. Cette
recherche a pour objectif de Comprendre pourquoi les écoles primaires
peinent à mettre en place de manière effective ladite politique
dans l'arrondissement de Koutaba.
La revue de littérature sur la thématique de la
GEP a permis de constater un creux de connaissance sociologique à son
sujet. Dans la mesure où les approches avec lesquelles la
thématique a été abordées jusqu'ici sont
fondée sur les droits (ALPFRED Fernandez. 2005), l'impact ou le bilan de
cette politique (les rapports de l'UNESCO, du PASSEC, LAOUROU et al.2012,
MESSI.E. 2010). Certains sociologues ont abordé la question de la GEP ;
à l'instar des travaux de BOULLA MEVA'A. A. R et KINKEU. G. R(
2016)63. Cependant leur objectif n'est pas celui de
cette étude. Car ils cherchaient plutôt à « savoir
pourquoi la prétention des APEE, dans leur projet de suppléer aux
défaillances de l'Etat, n'a pas été atteinte ».
C'est ainsi que cet argumentaire n'est ni une étude juridique, ni
un recueil bilanciel, encore moins une étude d'impact. La posture
adoptée dans cette étude est fondée sur les conditions
d'existences ou mieux les difficultés de la GEP en situation locale.
Ce travail s'appuie sur trois théories notamment
l'analyse stratégique, la théorie de la gouvernance réelle
et la théorie de la reproduction sociale. Dans le cadre de notre
étude, l'analyse stratégique nous a permis de comprendre les
stratégies que développent les acteurs, dans la pratique de la
GEP. L'étude de l'école pose la question du contrôle social
qui s'exerce à travers elle. A travers ce système on peut
étudier les phénomènes de changement et de crise, mais
aussi de décision. Les responsables des écoles primaires ne
cherchent pas la meilleure solution dans l'absolu, mais celle qui répond
le mieux à leurs critères de rationalité. Pour comprendre
leurs choix, il faut donc connaître les options qui se présentent
à eux et selon quels critères ils en retiennent une. Dans cette
dynamique, la théorie de la gouvernance réelle de Sardan (2008),
dans son pendant des normes pratiques nous a permis de mettre en exergue les
réalités de la GEP telle qu'elles sont. Ainsi sommes-nous
arrivés à des résultats qui se démarquent des
analyses idéalistes. De même, la théorie de la reproduction
sociale nous a également permis de rendre compte d'un ensemble de
réalités scolaires qui renouent encore avec l'ancien
63L' « EDUCATION POUR TOUS » au
Cameroun à la croisée des chemins : entre gratuité des
frais d'écolage dans les écoles primaires publiques et immixtion
des APEE à Dschang. Nkà' Lumière
82
système payant de l'éducation de base.
Lesquelles réalités se situent à l'antipode de
l'effectivité de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.
Au niveau de la méthodologie, cette recherche s'inscrit
dans une démarche qualitative. La technique utilisée est
l'entretien semi-directif. Elle était importante parce qu'elle a permis
de recueillir les opinions et jugements que les acteurs de la CE ont de la GEP.
Afin de comprendre comment ils servent et se servent de la politique en
question. Par ailleurs, l'échantillon est constitué des parents
d'élèves, des directeurs d'école primaires, des agents de
la commune, des instituteurs et des personnels de bureau de l'inspection de
l'enseignement primaire de Koutaba. La sélection de ces informateurs
s'est faite à travers un échantillonnage par choix
raisonné. Ainsi, l'échantillon a été
constitué en veillant à la diversification des répondants
en fonction du genre et de leurs statuts socioprofessionnels. Trente-cinq
personnes ont été interrogées
Au terme des analyses, divers résultats sont obtenus
sur la Gratuité de l'Enseignement Primaire dans l'Arrondissement
de Koutaba : analyse sociologique des obstacles. Il ressort de ce
travail que les formes d'obstacles à la gratuité de
l'école primaire se construisent à travers la remise en cause de
la neutralité commerciale et la persistance des tendances payantes de
ladite école. A l'observation, les parents d'élèves, sont
contraints sous la pression des directeurs des écoles primaires à
financer les activités scolaires obligatoires dans l'arrondissement de
Koutaba. Une situation qui rehausse les dépenses familiales pendant les
périodes de rentrée scolaires et au courant des années
académiques. La marchandisation de certaines prestations scolaires
pouvant ainsi justifier aussi la montée étincelante des formes
d'obstacles à la GEP. Dans cette localité, les évaluations
séquentielles et les devoirs à faire à la maison sont de
plus en plus payants. Les frais exigibles des examens officiels sont porteurs
d'arnaques ou mieux d'abus aujourd'hui dans les écoles primaires. Les
sommes officiellement connus à ces fins ne sont pas celles qui sont
perçues chez les parents d'élèves. Quand on ajoute
à cela les dépenses scolaires permanentes et obligatoires
formellement subventionnées et qui dans les faits sont insuffisantes et
retardataires, l'école primaire peine à devenir effectivement
gratuite en zones rurale.
Cette recherche nous a permis de noter que les APEE sont
interprétées différemment en contexte de la GEP, selon
qu'on est parent d'élèves ou alors responsable direct d'une
école primaire. Cette recherche nous a également permis de
83
84
comprendre que la gratuité de l'enseignement primaire
face aux APEE est égale à un non-évènement pour les
parents d'élèves64. Compte tenu des
difficultés existentielles auxquelles font face les écoles
primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces écoles ont fait
des parents d'élèves leurs partenaires principaux en zones
rurales. De même, ils utilisent les APEE pour assurer la subsistance des
écoles primaires publiques à Koutaba. Le recours aux
élites locales n'est pas en reste. C'est aussi une stratégie pour
assurer le fonctionnement des écoles primaires, surtout dans un contexte
éducatif traversé par une gratuité qui peine à
s'effectuer. Le dernier résultat de ce travail met en évidence le
manque ou mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires
à Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières,
humaines et matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les
écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la
GEP. Ces institutions publiques manquent des ressources financières
nécessaires à l'exercice de leurs activités. Les seuls
fonds opérationnels sont ceux des APEE. Or avec ces fonds,
l'école ne peut pas être gratuite sur le terrain. Dans ce sillage,
les parents d'élèves sont devenus les premiers partenaires
desdites écoles. Une réalité qui ne fait qu'augmenter les
charges éducatives chez les élèves et leurs parents. Dans
l'arrondissement de Koutaba, les parents d'élèves prennent
à eux seuls en charge 59,07% des personnels enseignants dans les
écoles primaires. Un poids qui va contre l'effectivité de la
politique de la GEP. Ceci en considération du fait que, les parents
d'élèves ne ressentent pas ladite politique. Dans les rangs des
obstacles à la GEP, nous avons notés ceux relatifs au paquet
minimum. Un paquet sur quoi les écoles primaires ne peuvent plus compter
pour l'exercice de leurs activités. Compte tenu de son inconsistance,
mais surtout de son retard. En clair, l'insuffisance des ressources dans les
écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba ne permet pas une
école primaire publique effectivement gratuite. Autrement dit, La
gratuité de l'école primaire publique manque d'un certain nombre
de pré requis (économiques, humains et matériels) qui
puissent lui permettre de se réaliser.
64 L'évènement étant la politique de la
GEP
85
1. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1.1. Ouvrages
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84p
-UNESCO (2000) « Rapport Final Forum mondial sur
l'éducation, Dakar », Paris, UNESCO. 86p
1.6. Mémoires
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primaire et qualité des apprentissages au Cameroun : une perception des
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89
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Site consulté le 17 Décembre 2017 ; 121p.
1.7. Thèses
- COLY, A (2014) « Les associations de parents
d'élèves à travers l'histoire de l'éducation au
Sénégal : pour une nouvelle définition de la politique
éducative. Le cas de la Casamance », TOME 2 : Annexes.
Université de Limoges, Education. 2019p
1.8. Textes législatifs et
règlementaires
- Arrêté n°315/b1/1414/minedub du 21
fév. 2006 fixant les modalités de promotion des
élèves du cycle de l'enseignement primaire
- Cadre d'action de Dakar.2000. L'Education Pour tous : Tenir
nos engagements collectifs. Sénégal. 79p.
- Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
adoptée par la dix-huitième Conférence des Chefs
d'état et de Gouvernement Nairobi, Kenya, juin
19811265.Article 17
- Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant Addis-Abeba, Ethiopie, juillet 199066. Article 11 :
EDUCATION
- Circulaire n° 22/a/220/mineduc/cab portant
modalités de fonctionnement du
conseil d'école et
d'établissement de la commission permanente et du conseil des
délégués d'élèves dans les
établissements scolaires publics
- Décret n° 2001/041 portant organisation des
établissements scolaires publics et attributions des responsables de
l'administration scolaire
- Extrait de la circulaire n°
045/b1/1464/mineduc/sg/dsapps du 13 septembre 1996 portant modalités de
gestion des activités post et périscolaires dans les
établissements scolaires publics
65 [En ligne], Disponible sur
http://www.afrimap.org/english/images/treaty/file423993be06203.
PDF, consulté le 10/02/2018.
66[enligne],CAB/LEG/153/Rev.2.Disponiblesur
http://www.africancourt.org/fr/images/
documents/fr gen
docs/Charte%20africaine%20des%20droit%20de%20enfant.pdf, consulté le
10/02/2018.
90
- La Conférence mondiale sur l'éducation pour tous,
JOMTIEN, Thaïlande. 5-9 mars
1990. Déclaration mondiale sur l'éducation pour
tous et cadre d'action pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux.
Publié par l ' U N E S C O. 42p - Loi n° 2004/018 du 22 juillet
2004 fixant les règles applicables aux communes - Loi n° 98/004 du
14 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun
91
1. Outils de collecte des données
ANNEXE
1.3.Guide d'entretien pour les
responsables
des ecoles primaires
Je m'appelle LIKOUSSOU Zounka. Dans le cadre de mon
mémoire de master marquant la fin de ma formation en sociologie à
l'Université de Dschang, je travaille sur la gratuité de
l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : analyse sociologique
des obstacles.
Je voudrai m'entretenir avec vous à ce propos pendant
quelques minutes. J'aimerai connaître vos expériences sur cette
question afin d'amélioration mes connaissances sur ce sujet. Sentez-vous
libre et dites exactement ce que vous savez. Tout ce que vous allez me fournir
comme informations resterons sous l'anonymat et servirons uniquement pour un
intérêt scientifique. La prise de note n'étant pas
aisé et efficace dans ces genres de situations, je souhaite aussi
enregistrer la conversation afin d'éviter la perte des données.
Une fois ces informations transcrites après l'entretien,
l'enregistrement sera détruit. Si vous êtes d'accord, nous
lançons l'enregistrement.
92
SECTION 01 : appropriation et connaissance de la
politique de la gratuité de l'enseignement primaire
Quelles sont vos points de vue sur le fonctionnement de
l'enseignement primaire aujourd'hui ?
Pouvez-vous nous parlez un peu de la GEP ?
Qui sont vos partenaires clés dans la gestion de
l'établissement ?
Quels sont leurs actions au sein de l'école ? Et pourquoi
?
Quelles sont les principales sources de revenus de votre
établissement ?
Pouvez-vous nous parlez des actions de la commune dans votre
école ?
Pouvez-vous nous parler des dons dans votre école ?
SECTION 2 : les formes d'obstacles à la
gratuité de l'enseignement primaire
Que prévoit les dispositions légales en
matières de la gratuité de l'école primaire ?
Que pensez-vous de la gratuité de l'enseignement primaire
à Koutaba ?
Quelles sont les dispositions de l'établissement par
rapport à la gratuité de l'éducation des enfants ?
Quelles sont les différentes difficultés que vous
rencontrez avec cette gratuité ? Selon vous, d'où proviennent les
obstacles à cette gratuité ?
Avant la gratuité de l'école, les frais exigibles
étaient de combien dans votre établissement ?
Quels frais l'école est-elle autorisée à
réclamer aux parents et lesquels sont interdits ?
Comment l'Etat accompagne-t-il la gratuité de
l'éducation des enfants ?
Pourquoi les gens payent encore les frais de l'école
primaire ?
Parlez-nous du budget de l'établissement, d'où
vient-il et par quel moyen ?
Quelles sont les différents services que votre
établissement offre aux élèves ?
Sont-ils prévus par les lois ?
Que faut-il pour en bénéficier ?
Que pensez-vous du paquet minimum et peut-il résoudre les
problèmes de votre école ?
Quand est-ce qu'il arrive généralement à
votre niveau ?
Quel est son contenu et est-il consistant ?
SECTION 3 : Les APEE en contexte de gratuité de
l'enseignement primaire
Que pensez-vous des APEE en contexte de la gratuité de
l'école primaire ?
Les Frais d'APEE sont-ils volontaires dans votre école
?
Quel est son montant dans votre établissement ? Et
pourquoi ce taux ?
Ils étaient de combien avant la GEP ?
Pourquoi son leurs montants augmentation ?
Tous les enfants réussissent ils à les payés
?
Quelle différence faites-vous, entre les frais d'APEE et
la gratuité de l'école primaire ?
Que pensez-vous de l'APEE dans les écoles primaires ?
Quel est son frais dans votre établissement ?
Comment êtes-vous arrivé à ce montant ?
Pensez-vous que les frais d'APEE constituent un frein pour la
gratuité de l'école primaire ?
Les autres partenaires contribuent-ils au fonctionnement de
l'établissement ? Que pensent les parents d'élèves par
rapport à l'APEE ?
1.4. Guide d'entretien pour les parents
d'élèves des écoles primaires
Je m'appelle LIKOUSSOU Zounka. Dans le cadre de mon
mémoire de master marquant la fin de ma formation en sociologie à
l'Université de Dschang, je travaille sur la gratuité de
l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : analyse sociologique
des obstacles.
Je voudrai m'entretenir avec vous à ce propos pendant
quelques minutes. J'aimerai connaitre vos expériences sur cette question
afin d'améliorer mes connaissances sur ce sujet. Sentez-vous libre et
dites exactement ce que vous savez. Tout ce que vous allez
93
94
me fournir comme informations resterons sous l'anonymat et
servirons uniquement pour un intérêt scientifique.
La prise de note n'étant pas aisé et efficace
dans ces genres de situations, je souhaite aussi enregistrer la conversation
afin d'éviter la perte des données. Une fois ces informations
transcrites après l'entretien, l'enregistrement sera détruit. Si
vous êtes d'accord, nous lançons l'enregistrement.
SECTION 01 : connaissance de la politique de la
gratuité de l'enseignement primaire par les acteurs de la
communauté éducative
Quelles sont vos points de vue sur le fonctionnement de
l'enseignement primaire aujourd'hui ?
Savez-vous que l'école primaire est gratuite au Cameroun
?
Quels frais l'école est-elle autorisée à
réclamer aux parents d'élèves ?
Quelles sont les dispositions que vous prenez pour faire
respecter cette loi dans les écoles primaires ?
SECTION 2 : les formes d'obstacles à la
gratuité de l'enseignement primaire Que pensez-vous de la
gratuité de l'enseignement primaire ? Selon vous, d'où
proviennent les obstacles à cette gratuité ?
Avant la gratuité de l'école, les frais
exigibles étaient de combien dans votre établissement ?
Selon vous, pourquoi les gens payent encore certains frais
à l'école ?
Pourquoi l'école n'est-elle pas effectivement gratuite
selon vous ?
Quelles sont les différents services que votre
établissement offre aux élèves ?
Que faut-il pour en bénéficier ?
SECTION 3 : Les APEE en contexte de gratuité de
l'enseignement primaire
Que pensez-vous des APEE en contexte de la gratuité de
l'école primaire ?
Les Frais d'APEE sont-ils volontaires dans votre école
?
Quel est le montant des frais d'APEE dans votre
établissement ?
95
Ils étaient de combien avant la GEP ?
Tous les enfants réussissent ils à les payés
? Si non pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe quand vous ne payez pas ces frais
?
Les parents d'élèves ressentent-ils vraiment la
gratuité de l'école primaire ? Si non pourquoi ?
Quelle est la différence que vous faites, entre les frais
d'APEE et la gratuité de l'école primaire ?
Que pensent les parents d'élèves par rapport
à l'APEE ?
Entend que parent d'élève, avez-vous l'habitude
d'assister aux réunions d'APEE ? A quand remonte la dernière fois
que vous avez assisté à une réunion d'APEE ?
Pensez-vous que les frais d'APEE constituent un frein pour la
gratuité de l'école primaire ?
Pensez-vous que les responsables appliquent la politique de la
gratuité de l'enseignement primaire, Si non, pourquoi ?
Avez-vous généralement des dons dans les
établissements scolaires primaires ? Selon vous, pourquoi l'école
n'est toujours pas gratuite ?
2. Autres éléments pertinents pour la
recherche
TABLEAU 04 : PROBLEMATIQUE
|
|
Questions
|
Hypothèses
|
Objectifs
|
Sites
d'observat ion
|
QCR
|
Comment comprendre le fait que, les
écoles primaires peinent à appliquer la politique de la
GEP dans l'arrondissement de
|
Les écoles primaires peinent à appliquer la
politique de la GEP, dans l'arrondissement
de Koutaba à cause des obstacles qu'elles
rencontrent
|
Comprendre pourquoi
les écoles primaires peinent à appliquer la
politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.
|
Applicatio n de la politique de la GEP dans
les écoles
|
96
|
Koutaba ?
|
|
|
primaires
|
QSR
01
|
Comment se construisent les formes d'obstacles
à la gratuité de l'enseignement primaire ?
|
Les formes d'obstacle à la gratuité de
l'école primaire se
construisent à travers la
remise en cause de la neutralité commerciale et la
persistance des tendances payantes de celle-ci.
|
Comprendre comment se construisent les formes d'obstacles
à la gratuité de l'enseignement primaire.
|
Les formes d'obstacle s à la GEP
|
QSR
02
|
Comment comprendre et interpréter la pertinence
des APEE en contexte de gratuité
de l'enseignement primaire?
|
les APEE et leurs frais dans
les écoles primaires publiques, traduisent la Non-
gratuité effective de ces
écoles pour les parents d'élèves et une
possibilité de
survie du système scolaire
primaire pour le corps administratif de ces écoles.
|
Comprendre la
pertinence des frais d'APEE en contexte
de gratuité de l'enseignement primaire
|
Les réalités des APEE
|
QSR
03
|
Comment la politique
de la GEP est-elle
accompagnée enpas terme des ressources dans
l'arrondissement de Koutaba ?
|
La politique de la GEP n'est suffisamment accompagnée des
ressources dans les écoles primaires à Koutaba.
|
Analyser les moyens
avec lesquels la politique de la GEP est accompagnée en
contexte local
|
Les ressources des écoles primaires
|
Source : enquête de terrain 2018
Tableau n° 5 Textes réglementaires et leurs
contenus
Textes réglementaires
|
Contenus
|
97
Extrait de la circulaire
|
Assurance scolaire : une liste d'assurés dressée
par classe et
|
n°045/b1/1464/mineduc/sg/
|
estampillée par l'assureur, garantit l'assurance des
élèves dès
|
dsapps du 13 septembre
|
payement effectif par l'établissement. Au niveau de
|
1996 portant modalités de
|
l'arrondissement, l'inspecteur (trésorier) est
chargé de la collecte
|
gestion des activités post et
|
des fonds dans tous les établissements primaires. Il
dépose auprès
|
périscolaires dans les
|
du Délégué Départemental les
quotes-parts qui reviennent à la
|
établissements scolaires
|
délégation provinciale et au trésorier
national. Chaque élève a droit
|
publics
|
à une carte d'identité scolaire aux frais de
l'établissement délivrée par le chef de
l'établissement ; le chef d'établissement délivre à
chaque élève un badge sans contrepartie financière
|
|
L'Education est une grande priorité nationale. Elle est
assurée par l'Etat. Des partenaires privés concourent à
l'offre d'éducation.
|
|
L'Etat assure à l'enfant le droit à
l'éducation. L'enseignement primaire est obligatoire. Le financement de
l'Education est assuré
|
LOI N° 98/004 DU 14
|
par : les dotations budgétaires de l'Etat ; les
allocations budgétaires
|
AVRIL 1998
|
des collectivités territoriales
décentralisées ; les contributions des
|
D'ORIENTATION DE
|
partenaires de l'Education ; les dons et legs ; toute autre
|
L'EDUCATION AU
|
contribution prévue par la loi. L'organisation et le
contrôle de
|
CAMEROUN
|
l'enseignement à tous les degrés sont des
devoirs impérieux de l'Etat.
|
|
Art06 : (1) il est créé un fonds de
solidarité et de promotion de
|
|
l'éducation : à la réhabilitation en
urgence des infrastructures scolaires sinistrées ; au secours d'urgence
aux personnels éducatifs
victimes de sinistres avérés. (2) ce fonds est
assis sur les contributions exigibles. Il est constitué à
hauteur de 5% desdites contributions.
|
|
Art 17 : (1) le directeur d'école représente
l'établissement scolaire
|
Décret n° 2001/041 portant
|
maternel et primaire dans tous les actes de la vie civile et
en
|
organisation des
|
justice. Il est l'ordonnateur des dépenses de
l'établissement
|
établissements scolaires publics et attributions des
|
scolaire et a pour le rôle de : élaborer le
projet d'école et le projet de budget après consultation des
organes prévus à l'Art.16 alinéa
|
responsables de
l'administration scolaire
|
2 ; assurer la gestion pédagogique, administrative,
financière et matérielle de l'école ; procéder au
recrutement des personnels vacataires et d'appoint, après avis conforme
du conseil d'école... Art 43 : (1) placé sous l'autorité
d'un médecin assisté par un assistant social, le service social
et de médecine scolaire est chargé de veiller sur la santé
physique, mentale et morale des élèves. (2) il dispose à
cet effet d'une infirmerie pour apporter les premiers soins aux
élèves malades.
98
Art 46 : (1) les ressources financières des
établissements scolaires publics sont des derniers publics. (2) elles
comprennent : les dotations budgétaires de fonctionnement et
d'investissement inscrits au budget du ministère chargé de
l'éducation Nationale ;les contributions statutaires obligatoires des
collectivités territoriales décentralisées ; des
contributions volontaires des APE/PTA ; les contributions des autres
partenaires de la CE ; des frais d'inscription aux concours officiels ; des
pénalités résultant des dommages occasionnés par
les élèves , les personnels et les usagers ; les dons et
legs...
Art 47 : les élèves des écoles primaires
publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles.
Art 49 : toutes les ressources financières
prévues à l'article 46 ci-dessus sont inscrites au budget de
l'école ou de l'établissement.
Art 52 : sous les responsabilités du chef
d'établissement scolaire, les droits d'examen sont collectés et
reverses suivant les modalités définies par les textes
particuliers.
99
LOI N° 2004/018 DU 22 JUILLET 2004 FIXANT LES
REGLESAPPLICABLES AUX COMMUNES
|
Art 20 - Les compétences suivantes sont
transférées aux
communes: a) en matière d'éducation: la
création conformément à
la carte scolaire, la gestion, l'équipement, l'entretien
et la
maintenance des écoles maternelles et primaires et
des établissements préscolaires de la commune; le recrutement
et la
prise en charge du personnel d'appoint desdites écoles;
la participation à l'acquisition des matériels et fournitures
scolaires
|
Les engagements
|
Adoptée à la Conférence mondiale sur
l'éducation pour tous
|
internationaux.
|
(Jomtien, Thaïlande, 5-9 mars 1990) qui a convenu
d'universaliser l'enseignement fondamental et de réduire radicalement
l'illettrisme
|
Au niveau international, le
|
avant la fin de la décennie 90 ;
|
Cameroun adhère à un certain nombre
d'initiatives en matière d'éducation
|
2. adopté au Forum mondial sur l'éducation (Dakar,
Sénégal,
|
parmi lesquels figurent en2000)
|
qui réaffirme l'engagement des pays participants, dont
le
|
bonne place : la
|
Cameroun, à réaliser les objectifs de
l'éducation pour tous au plus
|
Déclaration mondiale sur l'éducation pour
tous(1) ; le Cadre d'action de Dakar(2) ;
|
tard en 2015
|
Source : données documentaires
TABLEAU N° 06 : INFRASTRUCTURES DU SECTEUR DE
L'ÉDUCATION PUBLIQUES PRIMAIRES DANS L'ARRONDISSEMENT DE
KOUTABA
|
ECOLES
|
Zone
|
Anné
e de créati on
|
Effectifs totaux des élèves
|
Nombre et équipement des salles de classe
|
Fill es
|
Garço ns
|
Tota l
|
M P
|
Personn els
intégrés
|
planch es
|
Se mi dur
|
du r
|
Tabl es banc s
|
EP BAFOLE
|
Rural e
|
1956
|
174
|
226
|
400
|
4
|
3
|
1
|
0
|
6
|
144
|
100
EP
NJINGBANJA
|
Rural e
|
1995
|
220
|
248
|
468
|
4
|
4
|
0
|
0
|
7
|
92
|
EP
MAGNITGOU EN
|
Rural e
|
1997
|
208
|
211
|
419
|
3
|
4
|
0
|
0
|
6
|
44
|
GBPS
|
Rural e
|
2011
|
89
|
121
|
2010
|
1
|
2
|
1
|
0
|
0
|
30
|
EP
NJINGWEN- KOUMENKE
|
Rural e
|
1980
|
121
|
128
|
249
|
4
|
1
|
0
|
0
|
5
|
90
|
EP MAMOVO
|
Rural e
|
1978
|
99
|
106
|
205
|
2
|
2
|
0
|
0
|
4
|
73
|
EP KOUPA-
KAGAM 01
|
Rural e
|
1951
|
139
|
134
|
273
|
4
|
3
|
0
|
3
|
3
|
110
|
EP YOLO-
BORORO
|
Rural e
|
1980
|
66
|
57
|
132
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
25
|
EP
PONDIMOUN 02
|
Rural e
|
2001
|
187
|
188
|
375
|
6
|
2
|
0
|
0
|
7
|
150
|
EP PLATEAU KOUMENKE
|
Rural e
|
1995
|
280
|
308
|
588
|
11
|
4
|
0
|
0
|
6
|
170
|
EP
KOUTOUKO UOP
|
Rural e
|
1997
|
182
|
173
|
355
|
4
|
4
|
0
|
0
|
6
|
90
|
GOVERNME
NT BIL PRIMARY SCHOOL KOUTABA
|
Urbai ne
|
1995
|
260
|
245
|
505
|
5
|
5
|
0
|
0
|
6
|
156
|
GOVERNME
NT BIL PRIMARY SCHOOL KOUTCHANK AP
|
Rural e
|
2017
|
88
|
70
|
158
|
2
|
1
|
0
|
0
|
2
|
10
|
GOVERNME
NT BIL PRYMARY SCHOOL
|
Rural
|
2012
|
110
|
95
|
205
|
2
|
1
|
0
|
4
|
0
|
32
|
101
GOUNDOUP KOUTABA
|
e
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
GOVERNME
NT BIL PRIMARY SCHOOL NJITAM
|
Rural e
|
2017
|
51
|
36
|
87
|
2
|
1
|
0
|
0
|
2
|
22
|
GOVERNME
NT BIL PRIMARY SCHOOL KOUTOUGO UEN
|
Urbai ne
|
2015
|
94
|
67
|
161
|
2
|
2
|
0
|
0
|
3
|
36
|
GOERNMENT BIL
PRIMARY SCHOOL(GBP S)KOUTABA-LEPROSERIE
|
Rural e
|
2012
|
45
|
51
|
96
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
14
|
EP KOUNDJA
|
Rural e
|
1957
|
202
|
198
|
400
|
3
|
4
|
0
|
0
|
6
|
93
|
GBS
KOUMENKE
|
Rural e
|
2007
|
278
|
310
|
588
|
7
|
3
|
0
|
1
|
9
|
147
|
EP PRIMAIRE NJISSEN
|
Rural e
|
2003
|
166
|
200
|
366
|
3
|
1
|
0
|
0
|
5
|
73
|
EP NJIKWET 02
|
Rural e
|
2001
|
83
|
86
|
171
|
3
|
1
|
0
|
1
|
3
|
100
|
EP KOUTABA GP 01 B
|
Urbai ne
|
1991
|
174
|
200
|
374
|
1
|
8
|
0
|
0
|
6
|
84
|
EP
KOUONCHA 02
|
Urbai ne
|
2002
|
133
|
173
|
306
|
2
|
4
|
6
|
0
|
0
|
101
|
EP JIYIT
|
Rural e
|
2002
|
101
|
107
|
208
|
3
|
2
|
0
|
0
|
4
|
42
|
EP DIDANGO
|
Rural e
|
1968
|
172
|
186
|
358
|
5
|
2
|
0
|
0
|
6
|
123
|
102
EP PRIMAIRE KOUTABA LEPROSERIE
|
Rural e
|
1959
|
177
|
205
|
382
|
4
|
3
|
0
|
2
|
4
|
62
|
EP
MASSOUESS OUE
|
Rural e
|
2009
|
219
|
207
|
426
|
7
|
2
|
2
|
2
|
2
|
56
|
EP GOUEN-
MOGNY
|
Rural e
|
1999
|
125
|
141
|
266
|
2
|
2
|
0
|
0
|
4
|
125
|
EP KOUTABA GP 02
|
Urbai ne
|
1986
|
220
|
231
|
451
|
4
|
3
|
0
|
0
|
6
|
95
|
EP
PONDIMOUN
|
Rural e
|
1990
|
188
|
213
|
401
|
4
|
3
|
0
|
1
|
6
|
135
|
EP
NGOUNDOUP
|
Rural e
|
1995
|
175
|
167
|
342
|
3
|
3
|
0
|
0
|
6
|
160
|
EP
KOUMENKE 01 B
|
Rural e
|
2004
|
232
|
236
|
468
|
3
|
4
|
0
|
0
|
6
|
95
|
EP
KOUMENKE
01 A
|
Rural e
|
1958
|
237
|
224
|
461
|
4
|
3
|
0
|
0
|
6
|
105
|
EP MANZOM
|
Rural e
|
2001
|
163
|
172
|
335
|
4
|
1
|
0
|
0
|
5
|
72
|
EP NJIKWET- KAGNAM GP
02
|
Rural e
|
2011
|
196
|
190
|
386
|
5
|
2
|
1
|
3
|
2
|
101
|
EP NJINWET- KAGNAM GP
01
|
Rural e
|
1978
|
230
|
255
|
485
|
5
|
3
|
1
|
0
|
6
|
237
|
EP KOUTABA GP 01 A
|
Urbai ne
|
1991
|
231
|
226
|
458
|
2
|
7
|
0
|
0
|
7
|
106
|
EP:KOUPA- KAGNAM GP
02
|
Rural e
|
2011
|
261
|
222
|
483
|
3
|
4
|
0
|
0
|
6
|
145
|
EP
KOUMBOUO
|
Rural e
|
1992
|
119
|
130
|
249
|
4
|
1
|
0
|
0
|
5
|
95
|
EP PRIMAIRE MAPARE
|
Rural e
|
1965
|
162
|
148
|
310
|
4
|
2
|
0
|
0
|
7
|
104
|
103
EP
KOUMELAP
|
Rural e
|
1950
|
262
|
300
|
562
|
6
|
2
|
0
|
0
|
7
|
98
|
EP KOUTI
|
Rural e
|
1958
|
223
|
225
|
448
|
4
|
2
|
0
|
3
|
3
|
106
|
EP
NJIMONOUN
|
Rural e
|
1997
|
119
|
135
|
254
|
3
|
1
|
0
|
0
|
4
|
77
|
EP:KOUPOUO LOUM
|
Rural e
|
2003
|
122
|
153
|
275
|
3
|
3
|
3
|
0
|
0
|
10
|
EP:KOUCHA KAP 02
|
Rural e
|
2011
|
230
|
203
|
433
|
4
|
1
|
0
|
0
|
5
|
62
|
EP:KOUCHA NKAP 01
|
Rural e
|
1958
|
175
|
166
|
341
|
4
|
1
|
0
|
0
|
5
|
55
|
46 ECOLES PRIMAIRES
|
86,95 % en zone rurale
|
Créer entre
[1950 -
2017]
|
Fille s
7 78
8
|
Garço ns
7 173
|
Elèv es
15 8 61
|
M P
16
7
|
Personne ls
intégrés 117
|
15 S.C.P
|
20 Se mi dur
|
20
6 du r
|
Table s
bancs
4 152
|
Source : construit à partir des
données disponibles à l'inspection d'arrondissement de
l'éducation de base de Koutaba, Avril 2018.