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La gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba: analyse sociologique des obstacles


par Zounka LIKOUSSOU
Université de Dschang - Master  2018
  

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    RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
    Paix - Travail - Patrie

    UNIVERSITÉ DE DSCHANG
    Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi

    Cordum

    RECTORAT

    ÉCOLE DOCTORALE

    UNITÉ DE FORMATION ET DE
    RECHERCHE
    DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND
    SOCIAL SCIENCES

    Website: http://www.univ-dschang.org E-mail: udstectorat@univ-dschang.org

    REPUBLIC OF CAMEROON
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    UNIVERSITY OF DSCHANG
    Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi
    Cordum

    CHANCELLERY
    POSTGRADUATE SCHOOL

    TRAINING AND RESEARCH UNIT
    DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND
    SOCIAL SCIENCES

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    Dschang.org

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    dschang.org

    UNITE DE RECHERCHE EN PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOVIALES APPLIQUEES (URPHISSA)

    RESEARCH UNIT IN PHILOSOPHY AND APPLIED SOCIAL SCIENCES

    La gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de

    Koutaba : Analyse sociologique des obstacles

    Mémoire présenté en vue de l'obtention du Master Sociologie

    Option : Sociologie Politique

    Par :

    LIKOUSSOU zounka
    Licencié en sociologie

    MATRICULE : CM-UDS 13LSH1070

    Sous la direction de

    Jean-Émet NODEM (HDR)
    Maître de conférences

    Juillet 2018

    III

    TABLE DES MATIERES

    RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN i

    UNIVERSITÉ DE DSCHANG i

    REPUBLIC OF CAMEROON i

    UNIVERSITY OF DSCHANG i

    TABLE DES MATIERES iii

    REMERCIEMENTS x

    LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES xi

    LISTE DES ANNEXES xi

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xii

    RESUME xiii

    ABSTRACT xiv

    INTRODUCTION GENERALE 1

    1. Contexte et justification de la recherche 2

    2. Problème d'étude 6

    3. Problématique 8

    3.1. Questions de recherches 8

    3.1.1. Question centrale de recherche : 8

    3.1.2. Questions spécifiques : 8

    3.2. Hypothèse de recherche : 8

    3.2.1. Hypothèse générale 8

    3.2.2. Hypothèses spécifiques 9

    3.3. Objectifs de recherche 9

    3.3.1. Objectif général de recherche 9

    3.3.2. Objectif spécifiques 9

    4. Cadre théorique 9

    4.1. Revue de la littérature 9

    iv

    4.2. Théories mobilisées 17

    5. Définition des concepts 20

    Figure I conceptualisation de la GEP 21

    6. Intérêt de l'étude 22

    6.1. Intérêt scientifique 22

    6.2. Intérêt opérationnel 22

    7. Méthodologie de l'étude 22

    7.1. Techniques de collecte des données 22

    7.2. Echantillonnage (Type d'Echantillonnage, Taille de l'échantillon, Champ social,

    Champ spatial de l'étude) 23

    7.3. Les méthodes d'analyse 24

    8. Conduite du travail de collecte des données 24

    9. PLAN D'EXPOSITION ET DIFFICULTES RENCONTREES 25

    9.1. Plan d'exposition 25

    9.2. Difficultés rencontrées et solutions trouvées 25

    PREMIERE PARTIE : 27

    ECOLE PRIMAIRE GRATUITE AU CAMEROUN ET CONSTRUCTION DES FORMES

    D'OBSTACLES 27

    INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE 28

    CHAPITRE I : ECOLE PRIMAIRE AU CAMEROUN ET PRINCIPE DE GRATUITE 29

    INTRODUCTION 30

    1. ORGANISATION ET STRUCTURE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE AU

    CAMEROUN 30

    1.1.Organisation de l'enseignement primaire au Cameroun 30

    1.2. Structure d'une l'école primaire au Cameroun 31

    Graphique N°1 : Structure de l'école primaire au Cameroun 32

    2. LES RESPONSABLES DE L'EDUCATION PRIMAIRE ET LEURS FONCTIONS AU

    NIVEAU LOCAL 33

    2.1. L'inspecteur d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel 33

    2.2. Le directeur d'école primaire 33

    2.2.1. La fonction pédagogique 34

    2.2.2. La gestion du matériel et des infrastructures 34

    2.2.3. La gestion des ressources humaines 34

    2.2.4. La fonction administrative 34

    2.3. Les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) 34

    2.4. Les parents d'élèves 35

    3. L'ECOLE PRIMAIRE GRATUITE ET ENJEUX SOCIAUX AU CAMEROUN 36

    3.1. Analyse de l'école primaire au Cameroun : obligatoire et gratuite 36

    3.2. Les enjeux de l'école primaire gratuite au Cameroun 37

    CONCLUSION 37

    CHAPITRE II : DES FORMES D'OBSTACLES A LA GRATUITE DE

    L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 39

    INTRODUCTION 40

    1. La remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base 40

    1.1. Financement des activités scolaires par les parents d'élèves 41

    Tableau n° 01 : acteurs de la CE et financement des activités scolaires primaires 41

    1.2. Augmentation des dépenses familiales pendant la rentrée scolaire 42

    1.3. La GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire 43

    2. DE LA PERSISTANCE DES TENDANCES PAYANTES DE L'ECOLE PRIMAIRE 45

    2.1. Les frais des évaluations séquentielles et des devoirs : frais illégaux 45

    2.2. Des dépenses scolaires permanentes et obligatoires : entre subvention tardive et

    insuffisante 46

    Tableau n°2 : affectation des ressources dans les établissements d'enseignement maternel

    et primaire publics 47

    Tableau des dépenses sous rubrique dans l'enseignement primaire 48

    2.3. Les frais demandés aux parents d'élèves 49

    CONCLUSION 50

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 51

    vi

    DEUXIEME PARTIE : LES APEE EN CONTEXTE DE GRATUITE D'ECOLAGE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D' ELEVES. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AU MANQUE DES

    RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA 52

    INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE 53

    CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS

    D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE 54

    INTRODUCTION 55

    1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX APEE : UN NON-

    EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE 55

    1.1.Les frais d'APEE dans le sillage des frais exigibles d'autrefois 56

    1.1.1. Les frais d'APEE exigés 56

    1.1.2. Les élèves sont renvoyés à cause des frais d'APEE 57

    1.1.3. Les élèves sont déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de notes 58

    1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba 59

    1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année dans les écoles primaires 59

    1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais d'APEE 60

    1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais d'APEE 60

    Tableau 04 : des modalités d'augmentation des frais d'APEE 60

    1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES RESPONSABLES DES ECOLES

    PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE A KOUTABA 61

    2.1. Les parents d'élèves : partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones

    rurales 61

    2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les écoles primaires 62

    2.3. Les élites et les actions solidaires dans les écoles primaires 64

    CONCLUSION 64

    CHAPITRE 4 : LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AU

    MANQUE DE RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA 66

    INTRODUCTION 67

    1.

    INSUFFISANCE DES RESSOURCES FINANCIERES DANS LES ECOLES

    PRIMAIRES 67

    1.1. Les sources de revenu des écoles primaires à Koutaba 67

    1.1.1. Les parents d'élèves : partenaires principaux des écoles primaires publiques en

    zones rurales 68

    1.1.2. La commune : une appropriation encore insuffisante 69

    1.2. Les fonds des établissements scolaires primaires publics 70

    1.2.1. La caisse des établissements 70

    1.2.2. Le budget de « fonctionnement » : entre inconsistance et retard 71

    2. LE DEFICIT DES PERSONNELS ENSEIGNANTS INTEGRES DANS LES ECOLES

    PRIMAIRES 72

    2.1. Un poids important du financement supporté par les usagers 72

    2.2. Du personnel intégré dans les écoles primaires : des chiffres peu satisfaisants 73

    Tableau n° 03 : synthèse du personnel enseignants dans les écoles primaires de Koutaba 73

    3. LA PROBLEMATIQUE DU PAQUET MINIMUM 75

    3.1. Le paquet minimum toujours en retard 75

    3.2. Du « minimum » du paquet minimum 76

    CONCLUSION 77

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 78

    CONCLUSION GENERALE 80

    1. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 85

    1.1. Ouvrages généraux 85

    1.2. Ouvrages spécialisés 85

    1.3. Articles scientifiques 85

    1.4. Webographie 87

    1.5. Rapports Scientifiques 87

    ANNEXE 90

    1. Outils de collecte des données 91

    1.3. Guide d'entretien pour les responsables des ecoles primaires 91

    2. Autres éléments pertinents pour la recherche 95

    TABLEAU 04 : PROBLEMATIQUE 95

    Les écoles primaires peinent à appliquer la politique de la GEP, dans l'arrondissement de

    Koutaba à cause des obstacles qu'elles rencontrent 95

    Tableau n° 5 Textes réglementaires et leurs contenus 96

    TABLEAU N° 06 : Infrastructures du secteur de l'éducation publiques primaires dans

    l'arrondissement de Koutaba 99

    ix

    A mon très cher FOKOUYA Abdou

    REMERCIEMENTS

    Je remercie tout particulièrement le professeur Jean-EMET NODEM, mon directeur de mémoire, qui a consacré son temps pour examiner mes travaux, faire des observations, des critiques et donner des orientations nécessaires à l'aboutissement de cette recherche.

    Ma gratitude va également à l'endroit de tous les enseignants de la filière sociologie, notamment les Dr BOULLA Alain Roger MEVA'A, ATSATITO Mathias, MELI MELI Vivien, ISMAÏLA DATIDJO et NGOUYAMSA Valentin ; pour leur apport intellectuel et la mise à ma disposition des documents nécessaires à la rédaction de ce mémoire.

    Mes remerciements vont aussi à l'endroit de tous mes promotionnaires de Master 2 pour la collaboration et l'entraide tout au long de mon cursus de master 2 ; à mes aînés et cadets académiques pour leurs encouragements, leurs critiques et leurs suggestions nécessaires à la réalisation de cette étude.

    Tous mes remercîments à tous ceux et celles qui m'ont donné et facilité la collecte des informations indispensables à la rédaction de ce mémoire.

    A mes frères (MOUNCHILI seidou, NGOUYAMSA nourdine, YADIWU arouna, LIKOUSSU zounkaraneni) et à mes soeurs (NSANGOU Réanatou, POUTOUGNIGNI salamatou, KOUMCHEGAM fadimatou, YOUWAFON rachidatou, NGAFE zouliatou et PEMBOURA samira) ; recevez mes sincères remerciements pour toutes les formes de soutien manifesté à mon endroit. Je ne l'oublierai jamais.

    Que tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont contribué à la rédaction de ce mémoire et dont les noms ne sont pas cités, trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.

    xi

    LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES

    Figure n°01 conceptualisation de la GEP 21

    Graphique n°01 : Structure de l'école primaire au Cameroun 32

    Tableau n° 01 : acteurs de la CE et financement des activités scolaires primaires 41

    Tableau n°02 : affectation des ressources dans les établissements d'enseignement

    maternel et primaire publics 47

    Tableau n°03 des dépenses sous rubrique dans l'enseignement primaire 48

    Tableau n°04 : des modalités d'augmentation des frais d'APEE 60
    Tableau n° 05 : synthèse du personnel enseignant dans les écoles primaires de Koutaba

    73

    LISTE DES ANNEXES

    1. Outils de collecte des données

    1.1. Guide d'entretien pour les responsables des écoles primaires 91

    1.2. Guide d'entretien pour les parents d'élèves des écoles primaires 93

    tableau 06 : problematique 95

    tableau n° 07 textes réglementaires et leurs contenus 96

    tableau n° 08 : infrastructures du secteur de l'éducation publique primaire dans

    l'arrondissement de koutaba 99

    1 Conférence des Ministres de l'Education ayant le français en partage.

    XII

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    GEP : Gratuité de l'Enseignement Primaire

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    EPT : Éducation Pour Tous

    PAS : Programme d'Ajustement Structurel

    CE : Communauté Éducative

    CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée

    FAPEO : Fédération des Associations des parents de l'Enseignement Officiel

    QSR : Question Spécifique de Recherche

    HSR : Hypothèse Spécifique de Recherche

    OSR : Objectif Spécifique de Recherche

    DPE : Développement de la Petite Enfance

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture

    APEE : Association des Parents d'Élèves et d'Enseignants.

    PTA : Parents Teachers Association.

    MINEDUB : Ministère de l'Éducation de Base.

    TNS : Taux Net de Scolarisation

    TBS : Taux Brut de Scolarisation

    TS : Taux de Suivi

    CEP : Certificat d'Étude Primaire

    CP : Cours Préparatoire

    CE1 : Cours Élémentaire Première année

    CE2 : Cours Élémentaire Deuxième année

    CM1 : Cours Moyen Première année

    CM2 : Cours Moyen Deuxième année

    ZEP : Zone d'Éducation Prioritaire

    MP : Maîtres des Parents

    MINMAP : Ministère des Marchés Publics

    PASEC : Programme d'Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN1

    FCFA : Francs des Colonies Françaises d'Afrique

    DYCOLEM : Dynamique collective émergente pour le développement durable de Koutaba

    RESUME

    La présente recherche est intitulée : la gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : Analyse sociologique des obstacles. Elle se propose de rendre intelligible la gratuité de l'enseignement primaire suivant une approche fondée sur les difficultés que rencontrent les écoles concernées dans son application. Ce travail découle du constat selon lequel, l'éducation de base est gratuite d'après les normes officielles en vigueur au Cameroun. Cependant, dans les écoles primaires à Koutaba, les parents d'élèves sortent encore de l'argent (directement ou indirectement) pour payer l'éducation de leurs enfants. La politique de la gratuité de l'enseignement primaire adoptée par l'État n'est pas réellement appliquée dans les établissements scolaires primaires. Ainsi, cette recherche pose le problème des obstacles que rencontrent ces établissements dans l'application de cette politique. L'interrogation qui oriente cette recherche est la suivante : Comment comprendre le fait que, les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba ? A cette interrogation, l'hypothèse suivante est formulée : les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba à cause de plusieurs obstacles qu'elles rencontrent. Sur le plan théorique, nous avons fait recours à l'analyse stratégique, la théorie de la gouvernance réelle et la théorie de la reproduction sociale. Ce travail s'inscrit dans une démarche qualitative. Au demeurant, bien qu'elle ne soit pas encore effective, la GEP traine avec elle des enjeux sociaux divers ; nous citerons entre autre la démocratisation de l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité entre les sexes face à l'accès à l'école. Les formes d'obstacles à la GEP se construisent à partir de la remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base et le système de la paie des évaluations et des devoirs dans les écoles primaires. La gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE est un non-événement pour les parents d'élèves2. Notamment avec les frais d'APEE qui vont désormais dans le sillage des frais exigibles d'autres fois et s'augmentent de plus en plus dans les écoles primaires de Koutaba. Compte tenu des difficultés existentielles auxquelles font face les écoles primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces écoles ont fait des parents d'élèves, leurs partenaires principaux en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme des supports matériels et financiers pour assurer la subsistance de leurs établissements respectifs. Le recours aux élites locales n'est pas de reste. Avec l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à Koutaba, celles-ci n'arrivent pas à appliquer une gratuité effective. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et matérielles.

    Mot clé : Gratuité, Enseignement, Primaire, analyse sociologique

    ABSTRACT

    2 L'évènement étant la politique de la GEP

    xiv

    This research is entitled: Free Primary Education in Koutaba District: Sociological Analysis of Obstacles. It aims to make the free of charge of primary education intelligible, based on an approach based on the difficulties encountered by the schools concerned in its application. This work stems from the observation that basic education is free according to the official standards in force in Cameroon. However, in primary schools in Koutaba, parents still raise money (directly or indirectly) to pay for their children's education. The policy of free primary education adopted by the State is not really applied in primary schools. Thus, this research raises the problem of the obstacles that these institutions encounter in the application of this policy. The question that guides this research is as follows: How to understand the fact that primary schools are struggling to implement the policy of the GEP in Koutaba district? To this question, the following hypothesis is formulated: primary schools are struggling to implement the policy of the GEP in the Koutaba district because of several pockets of obstacles they encounter. On the theoretical level, three theories are mobilized namely strategic analysis, the theory of real governance and the theory of social reproduction. At the methodological level, this work is part of a qualitative approach. To do this, the semi-directive interview is the technique used. Thirty-five individuals were interviewed. In particular, primary school principals, parents of pupils, teachers (graduating in the state coffers or not), and municipal agents. Moreover, the results of this research highlight the fact that primary schools are struggling to implement free education effectively because of the obstacles they face. Although not yet effective, the GEP brings with it various social issues. In particular, the democratization of basic school education, parity and gender equality in the face of access to school. The forms of barriers to PEG are constructed from the challenge of the commercial neutrality of basic education and the system of pay assessments and homework in primary schools. Free primary education against APEE is equal to a non-event for parents. Especially with Especially with the expenses of APEE that will now be in the wake of the fees payable other times and their increases in primary schools Koutaba. Given the existential difficulties facing public primary schools today, the principals of these schools have made parents, their main partners in rural areas. Likewise, they use APEE as material and financial support for the livelihoods of their respective institutions. The resort to local elites is not left out. With the lack of resources in primary schools in Koutaba, they are unable to apply an effective free fee. These include financial, human and material resources.

    Keyword : Free, primary, education, sociological analysis.

    xv

    xvi

    xvii

    INTRODUCTION GENERALE

    1

    2

    1. Contexte et justification de la recherche

    Le Cameroun est l'un des pays de l'Afrique centrale qui aujourd'hui sont engagés dans des réformes économiques, sociales et institutionnelles majeures. La plupart de ces réformes sont calquées sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le Cameroun adhère comme bon nombre de pays aux politiques internationales définies dans la majorité par les organismes internationaux (ONU, UNESCO...) et les institutions du bretton-woods3. C'est au sein de ces institutions que l'on décide aujourd'hui de la trajectoire que l'humanité doit emprunter.

    Du 06 au 08 septembre 2000, à la veille du nouveau millénaire, les chefs d'États et de gouvernements réunis à New-York ont décidé des pistes sur lesquelles, les États devront évoluer. Lors de cette réunion historique4, plusieurs résolutions ont étés adoptées, Parmi lesquelles : la réduction d'ici 2015 de la proportion de la population mondiale vivant avec moins d'un (01) dollar par jour et de celle des individus qui souffrent de la faim ; réduire de moitié d'ici 2015, la proportion des populations qui n'ont pas accès à l'eau potable ou qui n'ont pas les possibilités de s'en procurer. Il a été dit que d'ici la même année, la mortalité maternelle serait réduite de 3/4 et que celle des enfants de moins de 5 ans serait réduite de 2/3 par rapport au taux d'alors. Il était aussi prévu que, la propagation du VIH/SIDA devait être arrêté et sa courbe inversée d'ici 2015. Le paludisme et les grandes maladies qui menacent l'humanité devraient être maitrisés. Une assistance spéciale aux orphelins était également prévue. L'éducation n'était pas de reste. Il était dit que d'ici 2015, tous les enfants à travers le monde garçons et filles seraient à mesure d'achever un cycle complet d'étude primaire et que la parité de genre à ce sujet serait assurée à tous les niveaux de l'enseignement5. Déjà le 4 avril 1998, une loi fait de l'éducation au Cameroun une « grande priorité nationale»6, assurée par l'État et les partenaires de l'éducation.

    3 Ensemble constitué de la banque mondiale et du FMI.

    4 Nous qualifions cette réunion d'historique dans la mesure où elle va influencée le vécu des populations à travers le monde et singulièrement les populations vulnérables.

    5 Informations tirées du document sur le cadre d'action de Dakar, établit du 26 au 28 avril 2000 au Sénégal.

    6 Loi n°98/004 du 4 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun, art 2.

    3

    Aujourd'hui, le Cameroun connait d'énormes difficultés en matière d'éducation : la qualité et la parité de l'offre éducative, le libre accès, la consommation de la drogue en milieu scolaire, la sous scolarisation de la jeune fille, l'analphabétisme et les déperditions scolaires entre autres. L'institutionnalisation de la gratuité de l'enseignement primaire (GEP) à travers les pays et au Cameroun en particulier vise à venir à bout de ces phénomènes. Il s'agit avec cette politique de répondre à un besoin social observé et décrié par les organisations non gouvernementales (ONG), les acteurs de la société civile (SC) et les populations pour ne citer que ceux-là. L'augmentation sans cesse de divers frais scolaires au niveau primaire par les établissements scolaires du secteur public constitue une problématique réelle7.

    En période de rentrée scolaire, la vente des fournitures scolaires, le recrutement des élèves et du personnel dans les établissements scolaires, la gestion des fonds dans les établissements à outrance deviennent des valeurs économiques de haut vol. Les groupes des cours de répétition payant se multiplient. La marchandisation de l'éducation bat son plein. Au Cameroun, l'institution scolaire est traversée par une sorte de discours captivant. Pour inscrire un enfant dans un établissement scolaire, que ce soit à la maternelle, dans les classes élémentaires, ou au collège/ lycée, il faut « bien parler8 ». De l'avis de Marine Poulin et al (2007),

    Ce discours ambiant, typique du néolibéralisme, se base sur une approche utilisateur-payeur qui écarte complètement les notions de droit à l'éducation et de solidarité sociale. On individualise une question sociale, en plus de réduire l'éducation à l'état de marchandise de sorte qu'elle soit perçue comme un bien personnel dont on peut tirer profit.

    L'affirmation selon laquelle « l'école est gratuite », nous apprend la Fédération des Associations des Parents de l'Enseignement Officiel (FAPEO : 2008), peut bien s'inscrire dans la lignée des contre-vérités assez fréquentes dans notre société. Car dit-elle, les parents ne s'attendent pas à devoir intervenir financièrement à l'école et le lieu où commence leur implication dans la scolarité de leur enfant est déjà flou au départ. Rappelons qu'ici tout n'obéit pas forcément à la loi. Car le pays souffre d'une sérieuse

    7 Lucie France Dagenais, P.h.D. (sociologue) et Karina Montminy, conseillère juridique. 2007. La gratuité de l'instruction publique et les frais scolaires exigés des parents. 87p

    8 Le langage doit revêtir des allures des négociations pour être crédible.

    pathologie9, dont on situe les origines à l'époque du PAS. Il s'agit en clair de la corruption. À côté de tout cela, l'école est devenu un champ d'expérimentation.

    Les déperditions scolaires, les abandons et bien d'autres phénomènes sociaux très complexes, font que l'école soit aujourd'hui un vaste champ d'expérimentation. Ayant fait cette remarque, François Dubet (2000) pense que « le problème des écoles et des élèves difficiles s'est imposé comme le lieu dans lequel se focalise l'ensemble des problèmes sociaux : banlieues, chômage, immigration, délinquance, violence, refus scolaire...»10. Ces différents maux reflètent généralement les failles de nos systèmes éducatifs. Celui du Cameroun présente de nombreux dysfonctionnements et nécessite des ajustements constants. Cala s'impose à l'État. Car, «par un bon système d'éducation publique, votre édifice deviendra éternel»11. L'éducation reste encore jusqu'à preuve du contraire, l'itinéraire de promotion et de construction sociale par excellence.

    En réalité, l'instruction a toujours été un enjeu politique et social sur l'échiquier national12. C'est ainsi que, le dix février 2010 à la veille de la fête de la jeunesse, le président de la république camerounaise proclame de manière officielle la gratuité de l'enseignement primaire (GEP). Une déclaration qui va se formaliser dans de nombreuses lois, arrêtés et circulaires. En effet, dans le décret n°2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attribution des responsables de l'administration scolaire13, il est clairement dit au niveau de l'art 47 que « les élèves des écoles primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles ». Bien avant cet art, le précédent dans son alinéa 2, deuxième et troisième points font état de ce que les contributions statutaires des collectivités territoriales décentralisées (CTD) sont

    9 Nous nous referons au normal et au pathologique chez Emile Durkheim dans les règles de la méthode sociologique. Les phénomènes normaux sont « ceux qui sont tout ce qu'ils doivent être » et les phénomènes pathologiques sont « ceux qui devraient être autrement qu'ils ne sont »

    10 Dubet F.(n°5/2000).L'école et l'exclusion, in Éducation et Sociétés,

    50p : http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/education-societes/RE005-4.pdf consulté le 12 Octobre 2017.

    11 Déclarait Mirabeau devant l'Assemblée nationale française le 10 septembre 1791. Soulignant par là le rôle central dévolu à l'Etat dans la mise en oeuvre d'une logique éducative. Citer par Jean Michel DUCOMTE professeur à l'institut de sciences politiques de Toulouse ; dans « les déperditions scolaires, un frein à l'éducation en Afrique de l'ouest ».

    12 Luc Ngwé, Hilaire De Prince Pokam, Albert Mandjack et Ernest Folefack. 2006. « L'université et les universitaires dans les mutations politiques et éducatives au Cameroun », Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, 169-191.

    13 Décret n°2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attributions des responsables de l'administration scolaire. Par le Pr PAUL Biya le 19 février 2001 à Yaoundé. 4

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    obligatoires et les contributions des associations des parents d'élèves (APE)14/ parents teachers association (PTA) sont volontaires. Pour Martin Libre (2014), ces mesures louables semblent être un mythe car, dit-il, des directeurs d'école continuent de percevoir de l'argent chez les parents d'écoliers d'une manière ou d'une autre. Le milieu scolaire est de plus en plus très complexe et n'offre pas une visibilité claire ; aussi bien dans les textes juridiques qui l'encadrent que dans ses réalités quotidiennes. De nombreux textes fondamentaux, nationaux et internationaux, garantissent le droit à l'enseignement et à l'éducation. La gratuité d'accès à l'enseignement obligatoire permet de garantir ce droit, elle est donc elle aussi garantie par ces textes fondamentaux15.

    Cette étude découle du constat selon lequel les politiques éducatives s'implantent différemment en fonction des contextes sociopolitiques. La GEP ici à l'honneur, bien que véhiculant les mêmes valeurs à travers les continents, les pays et à travers les subdivisions administratives ; n'a pas la même consistance par tout. Elle ne rencontre pas non plus les mêmes difficultés et les populations ne s'en approprient pas de la même façon. Dans les zones périphériques, les projets d'envergure internationale et pour le moins nationale n'y écrivent pas leurs lettres de noblesse de manière lisse, marqué de linéarité.

    Entreprendre une étude sur la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba sous l'angle des obstacles, vise à enrichir certainement la littérature sociologique. En rendant compte de ce qui empêche les écoles primaires d'atteindre la gratuité effective de l'enseignement.

    Plusieurs autres mobiles sont à la base de cette étude sur la GEP en contexte local. Si nous avons choisi de nous concentrer sur l'enseignement primaire, c'est aussi au regard de l'intérêt particulier que la communauté internationale lui accorde. Le « SMIC culturel »16 dont parlent Baudelot et Establet(1989) à la conclusion de leur livre (Le niveau monte), justifie profondément cet intérêt porté sur l'EPT.

    14 APE de l'ancienne appellation des associations des parents d'élèves, qui depuis 2003 sous l'initiative du ministère de l'éducation national est devenue APEE.

    15 Plus d'informations dans le portail de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles

    16 « Savoir minimum garanti »

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    En contexte de décentralisation17, il s'agit de mener une analyse sur le modèle « centre-périphéries »18 étant donné que le contexte local a ses réalités économiques, et socioculturelles propres. Ces réalités influencent d'une manière ou d'une autre la viabilité ou non de tout projet de développement y ayant cours. La manière dont les élites locales s'approprient une politique nationale voire internationale, a ainsi motivé le choix d'une collectivité territoriale décentralisée (CTD) comme site de recherche. Le but est de comprendre comment les projets de développement impulsés par le centre s'opérationnalisent dans les périphéries, en se focalisant sur les obstacles. La décentralisation et la déconcentration de la gestion de l'éducation sont incontournables dans le contexte avancé de régionalisation, où les collectivités locales doivent assumer correctement le développement de l'éducation à la base en vertu des pouvoirs qui leurs sont conférés par la loi19. Une autre raison est liée à la problématique de l'EPT comme le souligne Alfred Fernandez (2005),

    Il est clair aussi que le caractère obligatoire de l'éducation primaire va de pair avec sa gratuité. Cependant, une fois cette nécessité reconnue, on s'aperçoit que la notion de gratuité appliquée à un domaine aussi complexe que l'éducation ne va pas de soi, car elle ne rend pas compte par elle-même des frais qu'elle englobe.

    Dasn le sillage de cette observation, l'éducation restera toujopurs difficilement gratuite. D'ailleurs nous verrons plus loin pourquoi. Ainsi, une analyse sociologique des obstacles qui entravent la question nous parait intéressante. Si nous nous proposons de faire une étude sur la politique de la GEP sous son pendant des résistances, c'est aussi parce que la période de mise en oeuvre effective telle que prévue lors des différents forums y relatifs est largement consommée, et l'effectivité n'est toujours pas atteinte. Ainsi, nous cherchons à savoir ce qui entrave sa réalisation effective en situation locale.

    2. Problème d'étude

    L'éducation vise entre autre l'alphabétisation, sur la base du respect et d'une dignité égale pour tous. Elle contribue à tisser les dimensions sociale, économique et

    17 « La décentralisation consiste en un transfert par l'Etat, aux collectivités territoriales

    décentralisées ... de compétences particulières et de moyens appropriés ». La loi d'orientation de la décentralisation, disposition de l'article 02

    18 Notion qui traduit « l'existence dans les structures étatiques d'un appareil central qui dispose du monopole d'impulsion et d'orientation, et d'entités territoriales périphériques qui sont plus ou moins autonomes par rapport au centre ». Source : cours d'Appui institutionnel et question de décentralisation rédigé et dispensé par le Prof Joseph KEUTCHEU, 2016-2017.

    19 Auguste COLY (2014)

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    environnementale du développement durable. C'est là, une vision humaniste de l'éducation considérée comme un bien commun essentiel20. La plupart des États parmi lesquels le Cameroun, entretiennent cette vision de l'éducation. Car, elle traine avec elle la cohésion sociale et le développement.

    Il y'a environ 18 ans, le président de la République Camerounaise proclamait de manière officielle la gratuité de l'enseignement primaire(GEP). Une déclaration qui s'est formalisée dans de nombreuses lois, arrêtés et circulaires. En effet, dans le décret n°2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attribution des responsables de l'administration scolaire21, il est clairement dit au niveau de l'art 47 que « les élèves des écoles primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles ». Cette disposition n'est qu'une conséquence directe parmi tant d'autres relatives à cette politique. Voilà comment de manière officielle, l'éducation des enfants au niveau primaire est censée être effectivement gratuite dans les écoles primaires au Cameroun. Ce fut un moment important de l'évolution du système éducatif22. Et pourtant aujourd'hui, la réalité est toute autre.

    Bon nombre d'enfants aujourd'hui ne peuvent jouir de ce qui est désormais considéré comme un droit de l'Homme. Au Cameroun et à Koutaba notamment, les gens sortent encore de l'argent pour payer l'école (directement ou indirectement), et les enfants sont encore déclarés insolvables. Et comme si celà ne suffisait pas, certains sont souvent privés de leurs bulletins de notes pour n'avoir pas payé les frais d'APEE et autres divers frais. Au Cameroun et à Koutaba en particulier, l'accès à l'éducation reste encore un luxe pour certains enfants, à cause de la pauvreté. La GEP dans cette logique n'est pas encore une évidence et connait des difficultés avec ce que paient les parents dans les écoles primaires. Le constat est tel que la GEP en cours au Cameroun, n'est pas une politique lisse, marquée de linéarité entre son énonciation et sa mise en oeuvre. Car en dépit de tout, les obstacles demeurent. A l'observation, l'effectivité de la gratuité de l'école élémentaire bute sur d'abondantes difficultés. C'est à la suite de toutes ces réalités que nous voulons savoir ce qui bloque la mise sur pied effective de la GEP au Cameroun et singulièrement en contexte local. Cette étude met un accent sur les

    20UNESCO 2015. Repenser l'éducation-vers un bien commun mondial

    21 Décret n°2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attributions des responsables de l'administration scolaire. Par le Président PAUL Biya le 19 février 2001 à Yaoundé.

    22 Philippe Hugot. 2005. La gratuité de l'enseignement secondaire, l'Harmattan. 306p

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    blocages qui empêchent cette politique de s'implanter de manière effective dans l'arrondissement de Koutaba.

    3. Problématique

    La gratuité de l'école primaire est une politique formellement en vigueur au Cameroun. Cela se traduit dans les lois, les décrets, les arrêtés, les circulaires et les engagements internationaux contractés par l'État Camerounais en matière d'éducation. Ainsi, formellement, l'enseignement primaire est gratuit au Cameroun. Cependant, dans les écoles primaires, les parents d'élèves sortent encore de l'argent (directement ou indirectement) pour payer l'éducation de leurs enfants. Les responsables des établissements scolaires primaires peinent à appliquer la politique de la GEP. L'effectivité de ladite politique reste encore problématique. Dans cette logique, ce que prévoit les normes officielles n'ont réellement rien à voir avec ce qui se passe dans les écoles primaires à Koutaba.

    3.1. Questions de recherches

    3.1.1. Question centrale de recherche :

    QCR : Comment comprendre le fait que, les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba ?

    3.1.2. Questions spécifiques :

    Spécifiquement, il s'agit de comprendre :

    QSR 01 : Comment se construisent les formes d'obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire ?

    QSR 02 : Comment comprendre et interpréter les APEE et leurs frais en contexte de gratuité de l'enseignement primaire ?

    OSR 03 : Comment la politique de la GEP est-elle accompagnée en terme de ressources en contexte local ?

    3.2. Hypothèse de recherche :

    3.2.1. Hypothèse générale

    Les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba à cause de plusieurs poches d'obstacles qu'elles rencontrent.

    3.2.2. Hypothèses spécifiques Spécifiquement, cette étude stipule que :

    HSR 01 : Les formes d'obstacles à la gratuité de l'école primaire publique se construisent à travers la remise en cause de la neutralité commerciale et la persistance des tendances payantes de ladite école.

    HSR 02 : les APEE et leurs frais dans les écoles primaires publiques traduisent la Non-gratuité effective de ces écoles pour les parents d'élèves et une possibilité de survie du système scolaire primaire pour le corps administratif de ces écoles.

    HSR 03 : La politique de la GEP n'est pas suffisamment accompagnée de ressources dans les écoles primaires à Koutaba.

    3.3. Objectifs de recherche

    3.3.1. Objectif général de recherche

    Comprendre pourquoi les écoles primaires peinent à appliquer la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.

    3.3.2. Objectif spécifiques

    De manière spécifique, cette étude vise à :

    OSR 01 analyser comment se construisent les formes d'obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire.

    OSR 02 : Comprendre la pertinence des frais d'APEE en contexte de gratuité de l'enseignement primaire.

    OSR 03 : Analyser les moyens avec lesquels la politique de la GEP est accompagnée en contexte local.

    4. Cadre théorique

    Cette section est constituée de deux éléments importants dans les études de sociologie. Il s'agit de la revue de la littérature et des théories mobilisées dans le cadre de ce travail.

    4.1. Revue de la littérature

    L'histoire de l'enseignement en général présente ce dernier comme une activité sociale sujette à débat et d'approches controversées. L'éducation primaire

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    singulièrement, en ressort comme une priorité universelle ou encore comme un droit fondamental de l'Homme. C'est un sujet qui a fait réfléchir aussi bien les hommes politiques, les organismes non gouvernementaux, les syndicalistes que les chercheurs en science de l'éducation. Notre revue de littérature se veut thématique. Elle porte sur les thématiques telles que : la GEP et l'EPT, la GEP et la scolarisation, la GEP et la qualité de l'éducation, la GEP et l'APEE. Ces thématiques ont étés choisies en raison de leur proximité avec notre sujet de recherche. Sinon la littérature sur l'école primaire de manière générale reste très abondante et disparate.

    > La Gratuité de l'Enseignement Primaire et l'Éducation Pour Tous

    Plusieurs pays ont pris le cap de la démocratisation de l'école et la promotion de l'EPT en instituant dans leurs systèmes éducatifs, la gratuité de l'école primaire. Ils se conforment aux résolutions consignées dans les OMD dont nous avons fait mention plus haut. Antoine et Marie Daphnay (2016) estiment que : « En effet, l'accès à l'éducation primaire pour tous constitue un enjeu majeur et un défi permanent dans les pays en voie de développement car la plupart d'entre eux ne disposent pas suffisamment de ressources financières pour mettre en place un système éducatif pour tous les enfants». Cette observation entre en droite ligne avec une partie de cet argumentaire.

    Selon les chiffres du rapport 2015 de l'UNESCO, « en 2012, 58 millions d'enfants n'étaient pas scolarisés dans le monde, en 2015, 14 % des adultes étaient analphabètes ». Dans le même rapport, dans plus de deux tiers des pays, l'égalité d'accès à l'éducation primaire a été atteinte et les enfants les plus défavorisés sont quatre fois moins susceptibles que les enfants les plus riches d'être scolarisés. En d'autres termes, l'EPT n'est pas garantie, encore moins un acquis pour tout le monde. Ce rapport présente un travail évaluatif des progrès réalisés, qui restent à réaliser et fournit des recommandations. L'objectif 2 de Dakar23 portait sur l'enseignement primaire universel. Quinze ans après, le rapport de l'UNESCO fait état de ce que, « En 2012, encore près de 58 millions d'enfants n'étaient pas scolarisés. Les taux nets de scolarisation dans le primaire ont tout de même considérablement progressé : de 84% en 1999, ils sont passés à 93% en 2015, et dans 17 pays, ils se sont accrus d'au moins 20 points de pourcentage entre 1999 et 2012 ».

    23 Forum mondial de Dakar tenu en 2000

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    Malgré les progrès considérables accomplis au cours des deux dernières décennies, la scolarisation dans les pays les plus pauvres est loin d'être universelle. La plus grande partie des populations pauvres du monde vit dans les pays d'Asie de l'Est et du Pacifique, de l'Asie du Sud et d'Afrique subsaharienne (Arye L. Hillman et Eva Jenkner : 2004). Les niveaux de scolarisation constatés dans ces parties du monde correspondent à leurs performances économiques. Les inégalités entre le genre féminin et le genre masculin restent encore plus certaines. L'EPT est loin d'être une réalité en Afrique et au Cameroun en particulier, même en contexte de gratuité d'écolage au niveau élémentaire. Jenkner et Hillman (2004) affirment dans cette logique que, « la scolarisation des filles est incomparablement plus faible que celle des garçons dans les pays à faible revenu ». De leurs points de vue, les filles sont particulièrement désavantagées en Afrique. Soit c'est le défaut l'offre éducative qui pose problème, soit c'est la demande qui fait défaut, soit encore c'est à cause de la pauvreté. De toutes manières, « il y a des obstacles soit du côté de la demande, soit du côté de l'offre » disent-ils. Ils mettent en avant, le coût de la demande d'éducation, le cout des livres et des fournitures scolaires, des frais de transport et d'habillement, le manque d'accès au crédit chez les parents dans les pays pauvres pour expliquer la sous scolarisation ou mieux « la faiblesse de la demande éducative ». La demande d'éducation peut également être déficiente en raison des coûts d'opportunité de l'éducation des enfants : les parents peuvent préférer que leurs enfants travaillent pour compléter le revenu familial, ou qu'ils s'occupent des tâches ménagères ou de personnes malades de la famille. Pour ces deux auteurs, dans les pays africains ou le sida fait des ravages, il arrive que les enfants ne puissent pas aller à l'école parce qu'ils doivent s'occuper de leurs parents malades ou de leurs frères ou soeurs orphelins. Les couts d'opportunité peuvent être tels que l'école, même officiellement gratuite, l'école reste inabordable pour certaines familles. Ces analyses relèvent les difficultés que peut rencontrer tout mécanisme visant à assoir l'EPT dans les pays pauvres.

    Le gouvernement camerounais a bien saisi la nécessité d'un système éducatif ouvert à toutes les catégories sociales. D'après Nzino, Victorine et Vukeh (2016), la politique éducative du Cameroun est centrée autour de deux principaux points : la lutte contre la pauvreté et la question de la parité. Malgré les failles observées, il est

    désormais question de la lutte pour la qualité de l'éducation et l'équité24. La politique de

    la GEP est envisagée dans cette voix comme un mécanisme pour atteindre l'EPT.

    Dans l'esprit de ce qui précède, la politique de la GEP, vient renforcer la démocratisation de l'éducation de base. Elle amenuise les effets de la pauvreté sur la scolarisation des enfants, en facilitant un accès important à un public mixte. Notre recherche entre dans cette dynamique avec une ambition toute autre. Il s'agit d'une analyse qui accentue la réflexion non pas sur les effets de la GEP, mais plutôt sur les obstacles qu'elle rencontre.

    > La Gratuité de l'Enseignement Primaire et la scolarisation

    Face aux problèmes d'accès à l'école et aux inégalités qui l'accompagnent, l'un des défis majeurs de la CE à l'aube du XXIème siècle était de résoudre le problème de la sous-scolarisation. L'Afrique subsaharienne dans les années 1990 présentait le taux net de scolarisation (TNS) le plus faible parmi toutes les autres régions du monde. Derrière l'Asie du Sud et de l'Ouest (forum mondial de DAKAR : 2000). Pendant cette décennie, la sous scolarisation persiste. Entre 1990 et 1998, alors que le nombre d'enfants non scolarisé avait été réduit de plus de la moitié dans la région d'Amérique latine et des caraïbes ; au contraire et à cause de certains facteurs, la situation était difficile une diminution significative du nombre d'enfants en Afrique subsaharienne25. Durant cette période, certains pays, inspirés par le forum de Jomtien ont fait des progrès notoires en matière de la scolarisation. « Cependant, les évolutions positives observées masquent certaines disparités dans l'accès à l'enseignement primaire, entre pays et au sein même des pays » (Dakar : 2000). Cela est encore plus évidant lorsqu'on investit les zones dites d'éducation prioritaire ou mieux les zones rurales.

    L'UNESCO (2006) remarque à cet effet que, « l'intrusion de l'enseignement primaire gratuit au Kenya en 2003 a permis à 1,3million d'enfants pauvres de bénéficier de l'enseignement primaire pour la première fois grâce à la suppression des frais de scolarités ». Avec un taux brut de scolarisation (TBS) qui va évoluer

    24 Nzino, M, Victorine, G et Vukeh, T. 2016. Le système éducatif au Cameroun : de

    l'imposition d'une culture au développement des facultés de la personne humaine

    25 Rapport final sur le forum mondial sur l'éducation : du 26 au 28 Avril 2000 au Sénégal.

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    significativement en passant de 86,8% en 2002 à 101,5% en 2004. Le taux de scolarisation varie d'un pays à l'autre, d'une zone à l'autre en fonction des réalités économiques, politiques et socioculturelles. « Les personnes vivant dans des communautés pauvres, rurales ou isolées, ainsi que les minorités ethniques et les populations indigènes ont réalisées des progrès faibles ou nuls durant la dernière décennie »26. Au cours de ce forum il en ressort que moins de 50% d'enfants arrivent au cours moyen 1ere année (CM1), et n'arrivent à achever leur cycle primaire en Asie du sud et en Afrique subsaharienne. Les participants font remarquer qu' « aucun des objectifs de l'EPT n'a pas été intégralement réalisé, en particulier l'objectif fondamental de l'accès universel à l'éducation de base et de son achèvement à l'an 2000 ».

    En menant une recherche sur l'impact de la mesure de gratuité de l'enseignement primaire sur le phénomène des « vidomégon » (enfants placés) au Benin27, Serge Armel ATTENOUKON, Sylvie A. T. EHAKO et Éric MONTCHO-AGBASSA pensent que « si la mesure de gratuité scolaire est trouvée pertinente, elle concerne davantage plus les filles que les garçons ». La scolarisation de la jeune fille est longtemps restée sous le prisme des conditions socioculturelles des ménages et son effectivité un défi pour le politique. De telle manière que les garçons ont toujours eu plus de chance que les filles dans l'accès à l'école. Ils font remarquer qu'avec la GEP « l'on fait de moins en moins de différence entre les deux sexes ». Puisque disent-ils « les petites filles précocement placées en ville pour y être exploitées comme domestiques peuvent rester près de leurs géniteurs mais aussi se rendre à l'école afin de se doter des fondamentaux nécessaires à la vie en société... ». L'impact de la mesure de la GEP devient ainsi évident. « Cependant, les taux de scolarisation connaissent aujourd'hui une stagnation, et l'abandon scolaire reste très important : en 2015, un enfant sur six n'aura pas achevé l'enseignement primaire » (UNESCO : 2015).

    D'une manière générale, ces études rendent comptent de l'impact que la politique de la GEP a eu sur la scolarisation des enfants. Elles mettent en relation la scolarisation des enfants et la politique de la GEP. Elles montrent comment la mise sur pied de cette politique à booster la scolarisation, avec l'arrivée de nouveaux élèves. La

    26 Rapport final sur le forum mondial sur l'éducation : du 26 au 28 Avril 2000 au Sénégal.

    27 Recherche financée par le réseau ouest et centre africain de recherche en éducation(ROCARE) et réalisée par SERGE Armel ATTENOUKON, SYLVIE.A.T. EHAKO et ERIC MONTCHO AGBASSA.

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    perspective que nous prenons dans cette étude, analyse cette politique à partir de ses obstacles. Nous ferons un diagnostic des entraves que rencontre la politique de la GEP au Cameroun et particulièrement dans l'arrondissement de Koutaba.

    > La Gratuité de l'Enseignement Primaire et la qualité de l'éducation

    La plupart des études réalisées sur la GEP ont évalué la qualité des enseignements offerts gratuitement. Pour Antoine et Marie Daphnay (2016) « Le constat de la détérioration progressive générale du système éducatif depuis de nombreuses années est partagé à l'unanimité par les parents d'élève ».

    Le troisième point du cadre d'action de Dakar (2000) note que la GEP doit buter sur « une éducation qui s'attache à exploiter les talents et le potentiel de chaque personne et à développer la personnalité des apprenants, afin de leur permettre de mener une vie meilleure et de transformer la société dans laquelle ils vivent ». Le constat des chercheurs fait état de ce que, la mesure de gratuité n'a pas conduit au gain du pari, si on s'attache à la qualité des enseignements. Car si déjà « le pourcentage d'enseignants qualifiés au primaire à considérablement baissé »28, ce n'est pas la qualité de l'éducation qui va évoluée positivement.

    En étudiant « l'impact de la gratuité de l'enseignement maternel et primaire sur la pauvreté, le social et les OMD en 2012 au Benin », Laourou et al (2012), pensent que « les indicateurs d'efficacité interne connaissent une évolution erratique avec une tendance globale à la dégradation sauf pour le taux d'achèvement... ». Il s'agit notamment du taux de promotion (TP), du taux de suivi (TS) et le manque de vocation de certains enseignants entre autres. Pour Emile Messi (2010), « la suppression des frais exigibles a entrainé une augmentation considérable des effectifs d'élèves à l'enseignement public ». La conséquence qu'il en tire est que la qualité des apprentissages est fortement entachée ou plutôt compromis. Notamment à cause dit-il « de l'accès d'un plus grand nombre de fils de parents pauvres à l'école ».

    Le fait est que la mesure de la GEP a ouvert les portes de l'institution scolaire à toutes les couches sociales en oubliant d'assurer la pérennité d'une éducation de qualité voulue. Ces dysfonctionnements font l'objet de nombreuses circulaires qui prévoient

    28 Rigobert Laourou et al : 2012

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    une évaluation périodique des performances du personnel enseignant, administratif et des conseillers d'orientation.29

    De l'avis de Gratien Mokonzi Bambanota (2010), « l'application précipitée et non planifiée de la gratuité sera, ni plus ni moins, un ennemi redoutable de la qualité de l'enseignement ». L'accroissement des effectifs d'élèves et de la demande éducative impulsée par la politique de la GEP, sans budget conséquent est de ce fait un solvant de la qualité de l'éducation primaire.

    La perception et la dépréciation s'évaluent ainsi par rapport aux attentes de la CE. Dans cette logique, Franklin Ludovic KAMTCHE (2010) pense que « de manière générale, il y a un écart énorme entre l'offre souhaitée par les populations en matière d'éducation ». On peut donc comprendre pourquoi l'on s'attaque aux conditions des enseignants, à l'absence des ressources humaines qualifiées, à la mauvaise qualité des infrastructures et à la mauvaise gouvernance des fonds dans nos établissements scolaires. Le rapport de l'UNESCO réalisé en 2015 fait état de ce que, « dans un tiers des pays, plus d'un quart des enseignants du primaire n'ont pas reçu une formation conforme aux normes nationales, et la pénurie d'enseignants reste globalement très préoccupante ».

    Ces travaux présentent des analyses de qualité sur l'impact de la gratuité sur l'éducation des enfants. Ils se focalisent sur la qualité de l'éducation en rapport avec son caractère gratuit. En effet, ils ne rendent pas compte de manière substantielle, des difficultés que rencontre la politique de la GEP. Le rapport de l'UNESO à cet effet, est un travail bilanciel et se réduit à une étude d'impact. Fort de tout cela, nous n'avons nullement pour prétention d'analyser la politique de la GEP à partir de ces effets sur quelques faits sociaux que ce soit. Notre travail a dont pour nerf principal, d'analyser les difficultés que rencontre cette politique. En plus, notre site de recherche est tout autre.

    > La Gratuité de l'Enseignement Primaire et les Association des Parents d'Elèves et d'Enseignants

    29 La circulaire n°27/14/C/MINSEC/CAB du 29 Octobre 2014 rappelant certaines dispositions relatives au travail manuel dans les établissements scolaires d'enseignement secondaire général, technique, professionnel et normal. Certaines dispositions de cette circulaire ont étés réaffirmées dans la circulaire N°13/17/C/MINSEC/SG/CT2/DAJ/CELSUI du 21 Aout 2017 portant instructions relatives à la conduite de l'année scolaire 2017/2018.

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    Révisant l'histoire des APEE dans leur étude sur l'« éducation pour tous » au Cameroun à la croisée des chemins : entre gratuité d'écolage dans les écoles primaires publiques et immixtion des APEE à Dschang », Alain Roger BOULLA Meva'a et KINKEU Georges Robinson (2016) soulignent qu'elles sont devenues des acteurs incontournables du système éducatif. Ils parviennent à identifier quatre bases de l'émergence des APEE au Cameroun et dans l'arrondissement de Dschang en singulier.

    1. « Les années de crise économique et financière comme base de l'émergence des APEE ». Cette base se caractérise par la rareté et l'insuffisance des ressources économiques et financières dans les caisses de l'Etat. Ce qui le poussera à tendre la main aux acteurs privés de la société civile et internationaux. En 1996, la loi sur la décentralisation vient renforcer une libéralisation de l'espace publique naissante.

    2. « Le regroupement sociocommunautaire comme base première de la consolidation des APEE ». Les regroupements ont ici un fondement de solidarité, destiné à apporter « des solutions et des résolutions des difficultés existentielles ». Telle que la défaillance de l'Etat éducateur.

    3. « L'instauration de la gratuité des frais d'écolage comme base seconde de consolidation des APEE ». A cette phase les sociologues relèvent le manque de « moyens multiformes » qui accompagne l'implémentation de la GEP et l'incapacité de l'Etat à assurer le financement (tout seul) du fonctionnement de l'institution scolaire.

    4. « La mutation de l'APE à l'APEE comme base finale de consolidation des APPE ». Ce changement s'opère en 2003 par le Ministère de l'éducation nationale (MINEDUC).

    Les parents d'élèves restent tout de même convaincus d'une chose : « la gratuité de l'enseignement reste d'une importance capitale pour couper court à toute marchandisation de ce secteur... d'autant plus que des abus dans les frais demandés aux parents existent encore aujourd'hui. »30

    Dans leur étude, ils soulignent que « les APEE n'ont toujours pas atteint les objectifs ayant justifiés leur mise en place ». Notamment à cause des conflits internes entre les acteurs, leur mode d'intervention fondé généralement sur « des appétits que

    30 Fédération des Associations de Parents de l'Enseignement Officiel. 2008. « L'école, combien ça coûte ? Les Analyses de la FAPEO »

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    suscitent les fonds des APEE ». Ainsi, les APEE sont dans nos établissements scolaires à l'image « des tribunes pour les acteurs qui veulent s'assurer une visibilité sociopolitique ».

    Quoi qu'il en soit, la mise en place des APEE est encadrer par un certain nombre de textes juridiques. A ce propos il est nécessaire de rappeler avec Franklin Ludovic KAMTCHE (2010), l'ignorance dont certains responsables dans nos établissements scolaires font preuve. Cela au regard de ce que les responsables des APEE « sont déconnectés même des textes régissant leur activité ». Cet état de réalité paralyse ces instances dans les institutions scolaires. A en croire BOULLA MEVA'A et KINKEU (2010), ces responsables n'ont pas pour leitmotiv l'application des textes en vue de la bonne marche des APEE. Les sociologues pensent au contraire que « ceux qui contrôlent les APEE escomptent ...des positions sociales et/ou politiques stratégiques dans l'espace public ». Le constat est tel que, Charles Robert DIMI (1994) parlait déjà d'une instrumentalisation de l'Etat/institution scolaire par les acteurs sociaux.

    Au regard de tout ce qui précède, nous constatons que beaucoup de recherches ont été réalisées sur les APEE avant et après la GEP. Les résultats de ces recherches nous présentent les dysfonctionnements de ces associations, leurs histoires, et les modes d'actions de leurs membres dans les écoles primaires entre autres. Les chercheurs expliquent pourquoi ces associations n'ont toujours pas atteint leurs objectifs. Fort de tout cela, nous voulons contribuer modestement à l'explication et à la compréhension des APEE en contexte de la GEP. Notamment en les abordant sous l'angle des résistances à la GEP.

    4.2. Théories mobilisées

    L'utilisation d'une théorie en situation de recherche répond à un critère méthodologique. Ainsi, pour notre étude, nous avons adopté trois théories. Il s'agit de l'analyse stratégique, la théorie de la gouvernance réelle et la théorie de la reproduction sociale.

    > L'analyse stratégique

    Michel Crozier et Erhard Freidberg (1977) sont les tenants de cette théorie. Selon cette dernière, il faut s'intéresser, non pas à la fonction des acteurs au sein de l'organisation mais plutôt à leurs stratégies individuelles. Le système ne contraint

    18

    jamais totalement un acteur. Ce dernier dispose d'une marge de liberté qu'il utilise pour améliorer ses capacités d'action. L'acteur oriente ses comportements suivant une stratégie dont le but est d'accroitre ses gains personnels. La marge de liberté d'un acteur est source d'incertitude pour ses partenaires comme pour l'organisation dans son ensemble. Elle rend le comportement de celui-ci imprévisible. Les acteurs ne savent donc pas comment et à quel moment tel ou tel acteur peut agir.

    Grâce à cette marge de liberté, chaque acteur dispose ainsi d'un pouvoir sur les autres. Ainsi, chaque acteur dans un système, oriente son comportement de manière à atteindre ses objectifs ou ses buts fixés à l'avance. La GEP est une mesure développée par des acteurs politique, destinée à être appliquer par des acteurs institutionnels et pour l'intérêt des acteurs sociaux. Nous sommes bien dans un système, avec les acteurs dites éducatifs. L'analyse stratégique part du système pour retrouver l'acteur : les comportements sont toujours explicables et rationnels.

    Dans le cadre de notre étude, l'analyse stratégique nous a permis de comprendre les stratégies que développent les acteurs, dans la pratique de la GEP. L'étude de l'école pose la question du contrôle social qui s'exerce à travers elle. A travers ce système on peut étudier les phénomènes de changement et de crise, mais aussi de décision. Les responsables des écoles primaires ne cherchent pas la meilleure solution dans l'absolu, mais celle qui répond le mieux à leurs critères de rationalité. Pour comprendre leurs choix, il faut donc connaître les options qui se présentent à eux et selon quels critères ils en retiennent une. L'analyse stratégique cherche à établir un rapport entre la rationalité des acteurs et celle du système. En effet, chercher à comprendre pourquoi l'enseignement primaire n'est pas effectivement gratuit, nécessite d'analyser la manière dont cette politique est appliquée par les acteurs de la CE. Autrement dit, étudier leurs rapports avec les normes officielles, la manière dont ils s'en servent, les appliquent ou mieux comment ils s'en approprient.

    > La théorie de la gouvernance réelle

    La théorie de la gouvernance réelle est une grille de lecture adaptée à l'étude des politiques publiques, des administrations, des services publics ou mieux des cadres d'interactions sociales règlementés. Elle se dévoue notamment, à l'analyse des actions des agents de l'Etat par rapport aux lois, aux décrets et autres règles officielles de conduite. Le monde des normes est immense, et recouvre des réalités ou des concepts

    d'ordres très variés31. Comme le souligne de Sardan (2008), le décalage très généralement constaté entre normes et pratiques, est ce qui nous intéresse. Il s'agit plus précisément, d'un décalage entre les normes professionnelles publiques et les pratiques professionnelles des acteurs publics.

    Nous abordons la théorie de la gouvernance réelle avec de Sardan (2008), dans son pendant des normes pratiques. Cette dimension de la gouvernance réelle met en exergue l'administration telle qu'elle est, avec les normes sous-jacentes, implicites ou moins visibles qui coordonnent les actions des agents de l'Etat sur le terrain. Elle se démarque ainsi des analyses idéalistes qui nous présentent la gestion de l'administration telle qu'elle devrait être selon la norme officielle.

    De Sardan (2008) souligne que, « s'il est un point commun à l'abondante littérature portant sur l'Etat, les administrations et les services publics en Afrique, c'est bien le constat d'écarts importants entre les normes officielles qui régissent ces institutions et les comportements réels de leurs agents ». Pour comprendre ces écarts, il propose un concept dit-il « exploratoire ». Pour lui ce concept exige un travail empirique pouvant permettre d'avoir une vision plurielle et éclairée des « normes pratiques » auxquelles sont suspendues les actions des agents étatiques. Dans cette logique, les actions de ces derniers ne se conforment pas à une norme unique dite « officielle ».

    > La théorie de la reproduction sociale

    La théorie de la reproduction est un modèle explicatif très édifiant, très riche en idées et en auteurs. Elle identifie les individus qui réussissent à l'école ou non et le pourquoi. Les tenants de cette tradition de la sociologie de l'éducation partagent au moins trois points de vue.

    Ils estiment que : L'école n'est pas un agent vecteur de la mobilité sociale. Malgré son ouverture à toutes les classes sociales, le milieu social de chacun détermine sa position sociale. Ainsi, les individus issus des milieux sociaux privilégiés ont toujours des positions sociales valorisés. Tous affirment l'utilité de la stratégie des familles, des choix qu'elles font en matière d'orientation scolaire et même de continuité des études ou non. Ils mettent un accent sur le lien entre la réussite scolaire et l'origine

    19

    31 JEAN PIERRE OLIVIER DE SARDAN (2008)

    20

    sociale. Ainsi, les étudiants issus des classes populaires n'ont pas les mêmes chances que les étudiants des classes favorisées à l'école.

    BOURDIEU et PASSERON pensent dans cette logique que, l'égalité formelle face à l'école n'est pas l'égalité réelle. L'école à un rôle important dans la reproduction sociale. De l'avis des auteurs, c'est une voix « secrète » qui favorise les inégalités de chances. En donnant l'illusion qu'elle est accessible à tous, elle ne permet pas aux classes défavorisées de prendre conscience de leurs situations. Dans leur ouvrage collectif (les héritiers, les étudiants et la culture. 1964), ils démontrent que l'école transforme une domination sociale en domination méritocratique, notamment avec les concours. Car disent-ils « c'est oublier que l'égalité formelle qu'assure le concours ne fait que transformer le privilège en mérite puisqu'il permet à l'action de l'origine sociale de continuer à s'exercer, mais par des voies plus secrètes » (BOURDIEU et PASSERON :1964 ; p104). Pour eux, les valeurs que véhicule l'école sont conformes aux milieux favorisés. Ce postulat va amener BOURDIEU et PASSERON à penser que les étudiants originaires des milieux favorisés sont des « héritiers » auxquels la famille transmet une culture adéquate aux études et à la réussite universitaire. Pour eux, le « beau langage », et les « belles manières » issus des « beaux quartiers » sont des facteurs qui favorisent la réussite scolaire. Ils font remarquer que quand bien même les étudiants des classes dominées obtiennent des diplômes, ils ne disposent pas d'un réseau social32 et des connaissances du milieu professionnel qui accompagne le rendement des diplômes.

    Déjà avec la théorie de la reproduction, la gratuité officielle n'est pas la gratuité réelle. L'école primaire gratuite au sens strict est un idéal impossible. Cela à cause des obstacles qui empêchent son effectivité. Il s'agit en fait de rendre compte des pratiques qui ont cours au Cameroun et en contexte local singulièrement ; qui au lieu de faciliter l'application de la politique de la GEP, la freinent plutôt et reproduit le système payant de l'école.

    5. Définition des concepts

    Gratuité de l'enseignement : Dans le cadre de cette étude, la notion de gratuité concerne l'ensemble des prestations d'enseignements obligatoires dispensées à l'école. La scolarité

    32 Ensemble des relations humaines construites par l'individu, pouvant lui facilité la mobilité sociale ou l'accès à un emploi. On parle encore de « carnet d'adresse », de capital social pour reprendre Bourdieu.

    ne peut donner lieu au versement de droits d'inscription à l'école. De même, aucune participation financière aux activités obligatoires d'enseignement ne peut être demandée aux familles Car pour nous, le terme renvoi au caractère gracieux de l'instruction scolaire des enfants en âges de scolarité obligatoire.

    Figure I conceptualisation de la GEP

    Indicateurs

    Prestations
    scolaires
    obligatoires

    Scolarité

    Pas de frais

    Obligatoire

    Pas d'insolvabilité

    Pas de renvoi

    Cycle primaire

    6 à 13 ans

    Evaluations

    Trimestrielles

    Séquentielles

    Concept

    Dimensions

    Composantes

    Gratuité de l'enseigneme

    nt

    Devoirs

    A faire à la maison

    21

    22

    6. Intérêt de l'étude 6.1. Intérêt scientifique

    Étant donné que le « problème des écoles » et des « élèves difficiles » s'est imposé comme le lieu dans lequel se focalise l'ensemble des problèmes sociaux33, cela peut être considéré comme une opportunité pour l'exercice de la science, et pour le dynamisme sociologique. Dans cette logique, la question de la GEP se présente comme une réalité qui ne mérite pas moins d'être analysé sociologiquement. Partir de là, ce travail contribue à rendre intelligible le phénomène de la GEP. C'est dans cette logique que nous avons convoqué la théorie de la reproduction sociale et l'analyse stratégique ; afin de mettre en exergue le fait social qui nous interpelle ici.

    6.2. Intérêt opérationnel

    Cette recherche permet d'analyser les obstacles qui empêchent les pouvoirs publics d'atteindre leurs objectifs en matière de l'école gratuite. Etudier ces épines (dans la chaussure pourrait-on dire), permet ainsi de donner relativement une visibilité claire aux pouvoirs publics ; concernant le quotidien de cette politique.

    7. Méthodologie de l'étude

    La méthodologie de la recherche met en exergue quatre éléments : la démarche méthodologique et les techniques de collecte des données ; le champ spatial, la population de l'étude et l'échantillonnage ; la conduite du travail de collecte des données et les techniques d'analyse des données.

    Nous aborderons l'étude de la politique de la GEP suivant une démarche qualitative. Aussi allons-nous recueillir des données en profondeur, les perceptions et les représentations autour de ladite gratuité.

    7.1. Techniques de collecte des données

    Nous avons adopté pour cette étude une technique qualitative. Il est question de recueillir des données de qualité et approfondies sur la politique de la GEP. Nous avons à cet effet collecté les points de vue, les représentations et les perceptions de la

    33 Dubet, F. n° 5/2000.L'école et l'exclusion, in Éducation et Sociétés. 50p.

    23

    communauté éducative (CE) au sujet de la GEP et ses difficultés. Cette technique nous a également permis de mettre la main sur les menaces qui entravent la mise sur pied de manière effective de la GEP. Ainsi, cet argumentaire se base partiellement sur les discours de notre population d'étude. L'intérêt porté sur une telle technique se justifie par la priorité34 accordée aux acteurs de la CE et à leurs points de vue. Cette technique a été choisie aussi parce que nous voulions être flexibles pour suivre de nouvelles pistes qui se présentent au cours des entretiens. Nous avons procédé par entretien semi-directif pour recueillir nos informations. A cet effet, le travail de terrain a été valorisé au moyen des interviews organisées avec nos informateurs. Autrement dit, nos données n'étaient pas préalablement disponibles ; elles ont étés produites.

    Deux guides d'entretien ont étés conçus à cet effet. Un pour les responsables des écoles primaires et un autre pour les parents d'élèves. Nous sommes partis de ce que ces deux catégories d'informateurs ne disposent pas des mêmes données relativement au problème que nous traitons.

    La prise de note n'étant pas aisée, nous avons fait recours à un téléphone portable (Smartphone) qui nous a permis de faire des enregistrements des informations. Ainsi avons-nous évité les pertes des données. C'est donc ainsi que nous avons eu notre base de données.

    7.2. Echantillonnage (Type d'Echantillonnage, Taille de l'échantillon, Champ social, Champ spatial de l'étude)

    Notre recherche est caractérisée par l'absence d'une base de sondage. A cet effet nous avons choisis nos informateurs au moyen de l'échantillonnage à choix raisonné. Nous voulons par-là, maximiser sur les enquêtés qui ont des enfants en âges de scolarité obligatoire, et qui occupent des postes clés dans les écoles primaires.

    La CE constitue une population de recherche très vaste. Cela nous a imposé de choisir un nombre réduit d'unités d'observations. Ainsi la taille de notre échantillon s'élève à 35 enquêtés. Constitué de 10 parents d'élèves (en tant que principaux bénéficiaires de la gratuité d'écolage), de 10 directeurs d'école primaires (en tant que principaux exécutants de la politique de la GEP), de 2 agents de la commune (compte tenu de l'implication des communes dans la gestion des écoles primaires avec la

    34 A cause de leur connaissance, de leur statut et au fait qu'ils disposent d'information auxquelles nous ne pouvons avoir accès autrement.

    24

    décentralisation), de 6 présidents des APEE( en raison de leur titre de représentant des parents d'élèves dans les écoles primaires), de 5 instituteurs et de 2 personnels de bureau de l'inspection de l'enseignement primaire de Koutaba( ces deux catégories d'enquêtés ont été choisies en raison de leur contact permanent avec les réalités des écoles primaires). C'est la partie de l'univers qui a été effectivement étudiée35.

    Cette recherche a eu lieux dans le département du Noun et plus précisément dans l'arrondissement de Koutaba. C'est une CTD qui doit sa notoriété au camp-militaire et l'aviation civile qu'elle regorge. Sa population est essentiellement paysanne. En claire c'est une zone rurale ou mieux une ZEP.

    7.3. Les méthodes d'analyse

    Nous avons procédé par analyse de contenu, vu que nous avons à faire aux données qualitatives. C'est une méthode qui vise à étudier ce qui s'exprime dans un texte, c'est l'étude du sens ou de la manière de voir les choses par une catégorie d'individus, des types et des systèmes de perceptions ou de représentations. « L'analyse de contenu porte sur des messages aussi variées que des oeuvres littéraires, des articles des journaux, des documents officiels, des programmes audiovisuels, des déclarations politiques, des rapports de réunion ou des comptes rendus d'entretiens semi-directif » (Campenhoudt et Quivy : 2013, p206). Généralement la démarche de l'analyse de contenue consiste à lire un texte pour y rechercher des informations qui s'y trouvent, d'en dégager le sens ou, de formuler et de classer tout ce qu'il contient sous la forme d'un savoir scientifique. Cette méthode d'analyse et d'interprétation des données dans la recherche qualitative nous a permis de comprendre comment les individus vivent la GEP.

    8. Conduite du travail de collecte des données

    La collecte des informations s'est fait au moyen des entretiens semi-directifs avec nos enquêtés. La plupart de ces entretiens se sont fait sur rendez-vous planifiés avec les informateurs. Au cours de ces échanges, nous avons utilisé un guide d'entretien contenant une suite de thématiques et de questions non-standard. La conduite de ces échanges fût ainsi flexible d'un entretien à un autre. A cet effet, un Smartphone nous a permis de consigner les informations afin d'en éviter les pertes.

    35 Loubet Del Bayle, J.L. 2000 :92

    9. PLAN D'EXPOSITION ET DIFFICULTES RENCONTREES

    9.1. Plan d'exposition

    Ce travail s'articule autour de deux principales parties, chacune constituée de deux chapitres. La première partie porte sur l'école primaire gratuite au Cameroun et la construction des formes d'obstacles qu'elle rencontre. Dans la deuxième partie, nous avons les APEE en contexte de gratuité d'écolage : regards croisés des instituteurs et des parents d'élèves. La gratuité de l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les écoles primaires à Koutaba.

    9.2. Difficultés rencontrées et solutions trouvées

    La principale difficulté rencontrée au cours de la rédaction de ce mémoire de recherche est d'ordre temporel. En effet, durant la période de cette étude, nous étions aussi soumis à d'autres exercices académiques qui n'étaient pas moins exigeants, ce qui ne nous a pas permis de disposer suffisamment de temps pour nous consacrer à la rédaction de ce travail. Ainsi, nous profitions des moments creux (quand on n'avait pas cours par exemple) pour nous rendre dans notre site de recherche.

    Parallèlement nous avons réalisé cette recherche dans une zone rurale ou certaines personnes n'aiment pas trop se soumettre aux entretien et remplissage des questionnaires. Surtout quand il s'agit des questions sur lesquelles elles n'ont pas assez de connaissance. Pour remédier à cette situation, nous avons dû faire une sorte de sensibilisation en faisant comprendre aux parents d'élèves l'intérêt qu'ils ont à être au courant de tout ce qui se passe dans les écoles primaires. Certains n'étaient pas au courant de la politique de la GEP. Dans les écoles primaires, certains responsables ont refusé de nous recevoir malgré l'attestation de recherche à nous délivré par le département de notre faculté. Pour nous expliquer le pourquoi de ce refus ; un directeur affirme que : « ce n'est pas l'université qui nous commande ici, la porte d'entrée c'est l'inspection. Il faut un mot de l'inspectrice ». C'est donc ainsi que nous nous sommes rendus au niveau de l'inspection des enseignements de base de Koutaba pour entrer en possession d'une autorisation de collecte de données36. Une autre difficulté a été les entretiens effectuer en langue locale, dans les zones périphériques de notre site de

    36 Rappelons que nous y étions déjà pour nous entretenir avec le personnel de l'inspection

    25

    26

    recherche. Il a fallu traduire en français avant de transcrire dans un support papier pour des besoins d'analyses.

    ECOLE PRIMAIRE GRATUITE AU CAMEROUN ET

    CONSTRUCTION DES FORMES D'OBSTACLES

    PREMIERE PARTIE :

    INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE

    27

    28

    L'éducation de base au Cameroun fait l'objet de plusieurs lois d'orientations. La première partie de ce travail est divisée en deux chapitres. Ainsi, le premier entend mettre en exergue l'école primaire au Cameroun et le principe de sa gratuite. Les pistes qu'il emprunte sont orientées vers l'organisation et la structure de l'enseignement primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la gestion de l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local. Ainsi que l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun. Dans le chapitre nous avons les réalités concrètes à partir desquelles émergent les obstacles à la politique de la GEP. En effet, l'une de nos questions spécifiques cherche à savoir Comment se construisent les formes d'obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire. Delà, deux pôles des faits nous ont permis de répondre à cette question. Ainsi, la remise en cause de la neutralité commerciale de l'école primaire est un point majeur de ce chapitre. La GEP face à la persistance des tendances payantes de l'école primaire est un second point majeur de ce chapitre.

    CHAPITRE I : ECOLE PRIMAIRE AU CAMEROUN ET

    PRINCIPE DE GRATUITE

    INTRODUCTION

    29

    30

    On observe une convergence de certains pays vers un modèle de l'éducation de base qui implique une offre des prestations scolaires gratuites. Le Cameroun n'est pas indifférent face à cette dynamique. Depuis la dernière révision constitutionnelle de 1996, l'éducation est sans cesse l'objet de plusieurs discours politiques, des circulaires, des arrêtés, des décrets et lois divers. L'enseignement primaire se complexifie au fil des ans. Aujourd'hui avec la politique de la gratuité, il n'offre plus une visibilité nette et claire à première vue. Mais en confrontant les dispositions officielles au sujet de sa gratuité et ce que vivent les populations, nous pouvons comprendre ce qu'il est concrètement. Ainsi, ce chapitre entend mettre en exergue l'école primaire au Cameroun et le principe de sa gratuite. Les pistes empruntées pour arriver à cette fin sont orientées vers l'organisation et la structure de l'enseignement primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la gestion de l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local. La dernière partie porte sur l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun.

    1. ORGANISATION ET STRUCTURE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

    AU CAMEROUN

    L'enseignement primaire au Cameroun obéit à une organisation complexe. Cette partie est axée sur deux points essentiels : l'organisation et la structure de l'éducation de base au Cameroun.

    1.1. Organisation de l'enseignement primaire au Cameroun

    Le système éducatif camerounais est dualiste dans son organisation. Il traduit la coexistence de deux cultures politico-éducatives. Hérité de l'histoire coloniale du pays, le système éducatif Camerounais est orienté vers la culture anglophone d'une part et la culture francophone d'autre part. A la dualité des langues d'enseignement et des modalités y afférentes (l'anglais dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, le français dans les autres régions), s'ajoute un mixage de l'un et de l'autre sous-système à travers le pays.

    De même, on a d'un côté, l'ordre d'enseignement public et de l'autre l'ordre privé (comprenant le privé laïc, le privé confessionnel catholique, le privé confessionnel protestant et le privé confessionnel musulman). Rappelons que malgré cette complexité

    du système éducatif camerounais, son encadrement reste une tâche impérieuse de l'Etat. Ainsi donc, l'Etat : définit le régime de l'enseignement ; arrête les programmes et les manuels scolaires ; fixe les modalités de création, d'ouverture, de fonctionnement et de financement des établissements et institutions privées de formation ; contrôle les établissements et institutions privées de formation ; régit les systèmes et les modalités d'évaluation des élèves et organise les examens officiels nationaux, délivre les diplômes (CEP) et planifie l'année académique à travers le pays.

    En définitive, au-dessus de cette mixité du système éducatif camerounais, l'Etat est la principale entité qui organise tout. Par ses orientations et ses décisions, il influence plus que tout autre agent ou institution, l'offre éducative scolaire dans notre pays.

    1.2. Structure d'une l'école primaire au Cameroun

    Un établissement primaire est fait de niveau. Le niveau est l'ensemble des compétences susceptibles d'être acquises au terme de deux années de scolarité. Le graphique ci-après présente la structuration de l'éducation de base au Cameroun.

    31

    Graphique N°1 : Structure de l'école primaire au Cameroun

    CYCLE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE : 6 ans

    32

    Ce graphique permet de visualiser la structure globale du cycle primaire du système éducatif camerounais. Il s'applique tant au secteur public que privé. L'enseignement primaire dure 6 ans dans le sous-système francophone et dans le sous-système anglophone. Le cycle de l'Enseignement Primaire comprend trois (3) niveaux.

    Le « level one » du sous-système anglophone comprend la « class one » et la « Class two ». Le « level two » du sous-système anglophone comprend la « Class tree » et la « Class four ». Le « level tree » du sous-système anglophone comprend la « Class five » et la « Class Six ».

    Le niveau 1 du sous-système francophone comprend la Section d'Initiation au Langage, en abrégé SIL, et le Cours Préparatoire, en abrégé CP. Le niveau 2 du sous-système francophone comprend le Cours Elémentaire Première Année, en abrégé CE1, et le Cours Elémentaire Deuxième Année en abrégé CE2. Le niveau 3 du sous-système francophone comprend le Cours Moyen Première Année, en abrégé CMI, et le Cours Moyen Deuxième Année en abrégé CM2.

    Ainsi, les deux sous-systèmes de l'éducation de base ont chacun une durée de six (06) ans. A la fin du cycle, l'élève est soumis à un examen officiel qui lui permet en cas de réussite d'obtenir un Certificat d'Etude Primaire (CEP). De même un concours

    33

    d'entrer en classe de sixième permet également à ce dernier de poursuivre ses études au secondaire (bien sûr en cas de réussite). La politique de la GEP s'applique aux deux sous-systèmes de l'éducation de base.

    2. LES RESPONSABLES DE L'EDUCATION PRIMAIRE ET LEURS FONCTIONS AU NIVEAU LOCAL.

    Définies par les acteurs dans un système connu, les normes sont appliquées par les agents qui le composent. Dans les écoles primaires, les acteurs qui doivent appliqués les normes sont multiples. Il s'agit de l'inspecteur d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel, le directeur d'école, le président du conseil d'établissement, le président d'APEE et la CTD. Chacun de ces acteurs est investi en ce qui le concerne, d'un certain nombre de pouvoirs et de compétences au sein de l'établissement de son ressort. Ils travaillent en collaboration dans l'optique d'offrir aux enfants un cadre favorable à leurs instructions.

    2.1. L'inspecteur d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel.

    Au niveau de l'arrondissement, l'inspecteur d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel est la plus haute hiérarchie de l'éducation de base. Il supervise les activités pédagogiques et administratives des directeurs d'écoles primaires. Ainsi, il dispose de la carte scolaire et le fichier de son territoire. Il nomme sur proposition du directeur d'école primaire, l'animateur de niveau. Parallèlement, il gère le personnel enseignant et administratif mis à sa disposition par le MINDUB, la délégation régionale et départementale.

    Ces compétences peuvent être résumées comme suit : inspection, évaluation et supervision des activités du personnel sous son autorité. Il interagit avec d'autres acteurs dans l'exercice de ses compétences.

    2.2. Le directeur d'école primaire

    Le directeur d'école primaire remplie plusieurs fonctions au sein de son établissement. On peut ainsi dénombrer la fonction pédagogique, la gestion du matériel et des infrastructures, la gestion des ressources humaines et la fonction administrative entre autres.

    34

    2.2.1. La fonction pédagogique

    Au sein de l'école primaire le directeur est la plus haute personnalité. Il assure la gestion pédagogique, organise, et coordonne les cellules et conseils pédagogiques. De plus, est chargé de supervision et de l'évaluation pédagogiques des enseignants de son école. Il préside les conseils de classe, coordonne et supervise les évaluations des élèves. Ajoutons que celui-ci contrôle également le suivi des programmes d'enseignement par les enseignants et organise les recrutements au regard des textes y relatifs. Il est assisté dans ses fonctions par un directeur adjoint.

    2.2.2. La gestion du matériel et des infrastructures

    Le directeur d'école primaire représente son école dans tous les actes civils et administratifs. Il a la charge de l'intégrité de son établissement. Notamment sa sécurité et son entretien (bâtiments et matériels). Il veille à la sécurité des élèves, du personnel de son établissement et des biens qui y sont.

    2.2.3. La gestion des ressources humaines

    Cette fonction est caractérisée par le suivi, l'encadrement, la position aux postes de responsabilités et le recrutement du personnel à la charge des parents. Il délivre des autorisations d'absences, repartit les heures de cours et de pause.

    2.2.4. La fonction administrative

    Le directeur d'école primaire dresse les rapports, exécute les instructions de l'inspecteur d'arrondissement, préside le conseil d'école et signe les certificats de présence et de prise de fonction du personnel. Il note également le personnel sous sa charge et conserve les procès-verbaux des différentes réunions qui engagent la vie de l'école.

    2.3. Les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD)

    Avec la décentralisation survenue en janvier 1996, les CTD sont devenues des acteurs clés de la CE, en contexte local. Les compétences éducatives leurs ont étés transférées. Dans les écoles primaires, ces collectivités sont désormais appelées à recruter et à prendre en charge les personnels dans leurs différents territoires. Elles ont

    35

    des contributions obligatoires à faire dans les écoles primaires. En clair, le fonctionnement des écoles primaires repose en partie sur les épaules des CTD.

    En effet, il est généralement admis qu'une décentralisation adéquate comporte des bénéfices, dont une meilleure gestion des ressources locales. Par l'adoption de multiples textes juridiques (loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004, décret n°2010/0247/PM du 26 février 2010, Arrêté n° 2010/246/B1/1464/A/MINEDUB/CAB du 31 décembre 2010) le gouvernement a transféré des compétences dans le domaine de l'Education de base aux communes. L'arrêté du 31 décembre 2010 précise à cet effet en son article 3 que, dans le cadre de l'exercice des compétences à elle transférées, «la commune assure la continuité de l'offre publique d'éducation ainsi qu'une qualité croissante de ce service public en insistant notamment sur ces principes de gratuité ».

    Notons tout de même que, l'implication des CTD dans la gestion des écoles primaire (tel que disposer dans ces lois) ne nous renseignent pas sur la provenance des fonds nécessaires à cet effet. Chemin faisant, nous reviendrons sur les actions (concrètes et non plus juridiques ou officielles) de ces collectivités dans les écoles primaires à Koutaba. Car tout ce qui est mention dans ce chapitre, relève de l'ordre de l'énonciation, du discours juridique et non de ce qui est effectivement/totalement vécu sur le terrain.

    2.4. Les parents d'élèves

    Socialement, les parents sont les premiers éducateurs des enfants. Dans la cellule familiale, l'éducation des enfants leurs revient. Cependant, dans un cadre régit par les lois et autres normes officielles tel que l'Etat, ils deviennent des partenaires dans l'éducation de leurs propres enfants. Au Cameroun, les parents d'élèves ont officiellement une place au sein des institutions scolaires. Les contributions de ces derniers dans les établissements scolaires sont volontaires, tel que prévue dans les textes. Cela veut dire par exemple qu'un parent d'élève peut décider de payer les frais d'APEE ou pas. Et sans que son enfant soit exclu de l'établissement scolaire primaire public. Ainsi, qu'il s'agisse des moyens financiers, matériels ou humains, les contributions des parents d'élèves dans les écoles publiques au Cameroun ne sont pas obligatoires.

    A côté de ces acteurs, on peut ajouter les Organisation Non Gouvernementales (ONG), les associations locales de développement, les Organisations de la Société Civile (OSC) opérant dans le milieu.37

    3. L'ECOLE PRIMAIRE GRATUITE ET ENJEUX SOCIAUX AU

    CAMEROUN

    Les dispositions légales relatives à la prise en charge de certaines activités et prestations scolaires primaires au Cameroun insistent sur la gratuité. En effet, la gratuité d'écolage, c'est d'abord la prise en charge de manière effective des prestations et activités scolaires primaires. Elle est ainsi garantie par une variété de dispositions officielles38.

    3.1. Analyse de l'école primaire au Cameroun : obligatoire et gratuite

    Le dispositif normatif de l'école primaire gratuite peut-être caractérisé par les traits essentiels. En effet, la Constitution Nationale fait de l'éducation une mission fondamentale de l'Etat. Ainsi, l'Etat assure à l'enfant le droit à l'instruction scolaire primaire. L'enseignement primaire est obligatoire et l'organisation et le contrôle de l'enseignement à tous les niveaux est une responsabilité de l'Etat39. L'éducation est connue au Cameroun comme une priorité nationale40. Le caractère obligatoire et gratuit de l'école primaire publique obéit aux engagements internationaux contractés par l'Eta camerounais et à ses normes éducatives. Tout ceci interpelle de ce fait au plus haut point les pouvoirs publics et les autres acteurs de la CE ; qui se doivent de mettre en place sur l'ensemble du territoire national les conditions d'application effective de cette prescription constitutionnelle.

    Avec l'arrivée de la politique de la GEP, le nouveau format du cadre réglementaire de l'école primaire, prévoit une infirmerie pour administrer les premiers

    37 Instructions n°07/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP DU 22 AUG2014 Portant application de certaines dispositions de l'arrêté N°367/B1/1464/MINEDUC/064/CF/MINEFI du 19 septembre 2001 relative à l'organisation et au fonctionnement des établissement publics d'enseignement maternel et primaire.

    38 Circulaire n°08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 portant modalités d'exécution du budget du fonctionnement des écoles maternelles et primaires publiques

    39 Disposition du préambule de la Constitution du 16 janvier 1996

    40 : la loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de l'éducation nationale au Cameroun et la loi n° 2001/005 du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur comportent des dispositions explicites sur ce point dans leurs articles 2 et 3 respectifs

    36

    37

    soins aux élèves ; l'équipement, de l'entretien et de la maintenance des écoles primaires par la commune. La suppression des frais scolaires annuels exigibles dans les écoles primaires entre aussi dans cette dynamique. Derrière la politique de gratuité d'écolage il y a des enjeux sociaux importants.

    3.2. Les enjeux de l'école primaire gratuite au Cameroun

    Les lois de la GEP constituent des avancées indéniables, permettant aux enfants de bénéficier en plus grand nombre de l'instruction. Elles comportent des voies à l'expansion de la diffusion des savoirs. En effet, la gratuité de l'enseignement primaire exprime une volonté politique visant à garantir une éducation de base ouverte à tous. Cette école gratuite permet ainsi aux élèves ayant un niveau scolaire jugé suffisant, de poursuivre leurs études dans l'enseignement secondaire. La proclamation de la GEP, apparait comme la plus grande avancée de toutes les réformes éducatives orientées vers l'EPT depuis 199841. L'école gratuite a pour principal objectif de répondre à une préoccupation : Comment faire en sorte que l'instruction scolaire soit l'affaire de tous ? Une fois cette préoccupation résolue, l'Etat camerounais peut se dégager des discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs socioéconomiques42. Ainsi, l'enjeu de la GEP est d'autoriser les élèves à s'émanciper des déterminismes familiaux. Cela en offrant une possibilité d'accès à tous les enfants de 6 à 13 ans à l'école primaire.

    CONCLUSION

    Ce chapitre qui arrivé à son terme, a présenté l'école primaire au Cameroun et le principe de gratuité. Les pistes empruntées pour arriver à cette fin sont orientées vers l'organisation et la structure de l'enseignement primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la gestion de l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local. La dernière partie portait sur l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun. En effet, l'éducation de base est une priorité nationale assurée par l'Etat. Héritée de l'histoire coloniale du pays, l'éducation est dualiste dans son organisation. Le cycle primaire dure six ans dans les sous-systèmes francophone et anglophone. Il est constitué

    41 Loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun

    42 Dans les rangs des discriminations scolaires, nous pouvons citer le cas de la sous scolarisation des filles et le cas des enfants issus des familles pauvres. Des cas que l'on observe dans les zones rurales.

    38

    de trois niveaux de deux ans chacun. Il ressort clairement de ce chapitre que l'école primaire est officiellement obligatoire et gratuite au Cameroun. La politique de la GEP en court de réalisation au Cameroun comporte des enjeux sociaux. Notamment la démocratisation de l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité entre les sexes face à l'accès à l'école. Une fois ces objectifs atteints, l'Etat camerounais peut se dégager des discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs socioéconomiques et élitistes. Ainsi, théoriquement, l'enseignement primaire gratuit est une politique amorcée au Cameroun.

    DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

    CHAPITRE II : DES FORMES D'OBSTACLES A LA GRATUITE

    39

    INTRODUCTION

    Les obstacles à la politique de la GEP ne sont pas des configurations sociales sans fondements. Dans cette logique, il est nécessaire d'analyser les conditions dans lesquelles elles se développent. Il s'agit des facteurs pouvant nous donner une visibilité plus claire de ceux-ci. Autrement dit, ce chapitre présente les réalités concrètes à partir desquelles émergent les obstacles à la politique de la GEP. En effet, l'une de nos questions spécifiques cherche à savoir Comment se construisent les formes d'obstacles

    à la gratuité de l'enseignement primaire. Ainsi, deux pôles des faits nous ont permis de répondre à cette question. Ainsi, la remise en cause de la neutralité commerciale de l'école primaire est un point majeur de ce chapitre. De manière détaillée, ils se développent en trois sous points. Notamment le financement des activités scolaires par les parents d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales en période de rentrée scolaire et la GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire. La GEP face à la persistance des tendances payantes de l'école primaire est un second point majeur de ce chapitre. Il se décline également en trois sous points. Il s'agit des frais demandés aux parents d'élèves, les frais des évaluations séquentielles et des devoirs (frais illégaux) et les dépenses scolaires permanentes et obligatoires (entre subvention formelle et tardive voire insuffisante). Ainsi, ce chapitre entend exposer ces différents facteurs de construction des formes d'obstacles à la GEP observés dans l'arrondissement de Koutaba.

    1. La remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base

    Il est difficile de parler de la GEP quand la neutralité commerciale de cet enseignement n'est pas un acquis43. La remise en cause de ladite neutralité est désormais une réalité à partir de laquelle se construisent les formes d'obstacles à la politique de la GEP. Ainsi, trois sites d'observations peuvent être explorés pour en rendre compte : le financement des activités scolaires primaires par les parents d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales pendant les rentrées scolaires et la GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire.

    1.1. Financement des activités scolaires par les parents d'élèves

    En tant que partenaires éducatifs de l'Etat, on peut comprendre que les parents d'élèves aient des fonctions dans les écoles primaires. Cependant les obstacles à la politique de la GEP se construisent en partie à partir du moment où ces derniers sont contraints sous la pression des directeurs d'écoles primaires, de financer les activités scolaires obligatoires. Encore quand il s'agit d'un financement sans limite, ou les

    43 La neutralité commerciale de l'éducation est un principe contre toutes pratiques visant à faire d'une prestation scolaire un objet marchand. La gratuité de l'école primaire en est un exemple pratique.

    40

    41

    parents d'élèves interviennent à tous les niveaux. Le tableau suivant récapitule les niveaux d'implication financière des acteurs dans les écoles primaires à Koutaba.

    Tableau n° 01 : acteurs de la CE et financement des activités scolaires primaires

    Rubriques

    Dimensions

    Indicateurs

    acteurs et implication financière

    dans le système scolaire

    Parents d'élèves

    Etat

    CT D

    Autre s

    Locaux

    Infrastructures

    et leurs
    entretiens

    Construction,

    Réparation, achat des matériels d'entretien

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Ressources humaines

    Intégrés, personnel

    d'appoint et MP

    Oui

    Oui

    Oui

    Non

    Meubles

    Bancs, chaises et

    tables d'enseignant

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Projet d'école

    Activités sportives

    Jeu FENASCO et

    interclasses

    Non

    Oui

    Non

    Non

    Fêtes

    11 février et 20 mai

    Oui

    Oui

    Non

    Non

    Outils de l'école

    Matériel de

    nettoyage

    Sauts, balais et

    raclettes

    Oui

    Non

    Non

    Non

    Matériels sportifs

    Ballon, maillot et

    sifflet

    Non

    Oui

    Non

    Non

    Papeterie

    Rames de formats, carton et stylos

    Oui

    Oui

    Non

    Non

    Documentatio n

    Livres, cahier

    d'appel et cahiers de préparation

    Oui

    Oui

    Non

    Non

     

    Stylos

    Crayons, feutres

    Oui

    Non

    Non

    Oui

    42

    Outils élèves

     

    Petits matériels

    Règle, taille-crayons,

    gomme, ciseaux,
    compas, équerres

    Oui

    Non

    Non

    Oui

    Sac

    Sac d'école, trousse

    Oui

    Non

    Non

    Oui

    Affaires personnelles

    Tenue de sports,

    tenue de classe,

    chaussures

    Oui

    Non

    Non

    Non

    Nourritures

    Goutés et boisons

    Oui

    Non

    Non

    Non

    Source : données enquête de terrain (Mars-Mai 2018)

    La gratuité concerne l'ensemble des prestations d'enseignements dispensés à l'école. Elle regroupe l'ensemble des rubriques de dépenses résumées dans le tableau ci-dessus. Ce tableau nous permet de constater qu'en matière d'éducation de base dans les zones (telle que l'arrondissement de Koutaba), les parents dépenses à tous les niveaux. Cela de manière involontaires ; mais par nécessité pour l'avenir des enfants qui est en jeu. Ils sont constamment sous la pression des directeurs d'école. Ils financent la construction des infrastructures, la prise en charge des personnels enseignants et fournissent les matériels didactiques entre autre. Une situation qui ne permet pas à la politique de la GEP de s'épanouir et de soulager ces bénéficiaires.

    1.2. Augmentation des dépenses familiales pendant la rentrée scolaire

    Pour quelques parents approchés, les dépenses des établissements scolaires leur reviennent depuis l'annonce de la gratuité de l'enseignement primaire. Les directeurs d'écoles primaires trouvent toujours un moyen pour leur réclamer de l'argent. Les parents payent encore des tôles, des houes et autres matériels didactiques. L'augmentation sans cesse de divers frais scolaires aux niveaux primaire par les établissements scolaires du secteur public constitue une entrave pratique pour la GEP en contexte camerounais et local en particulier. Cependant, des familles vivant dans la précarité économique, particulièrement les familles monoparentales, sont confrontées quotidiennement au défi d'arbitrer la satisfaction entre d'autres besoins et l'éducation de leurs enfants. Dans ces conditions, la part croissante des coûts de l'éducation sur le budget familial est manifeste non seulement pour les familles monoparentales, les plus

    43

    défavorisées, mais également pour les familles biparentales disposant d'un revenu faible, et ce, malgré les mesures d'aide auxquelles elles peuvent parfois avoir droit de la part des élites locales ou même de la politique de la GEP. En période de rentrée scolaire au Cameroun et en contexte local en particulier, les ménages vivent un moment de transition des dépenses familiales. Notamment les ménages qui ont des enfants inscrits dans des écoles. Parlant des dépenses scolaires, l'informatrice Bernadette dit :

    Chaque matin je dois leurs donner de l'argent pour qu'ils aillent à l'école. Cela après avoir donné leurs petits déjeuners. A midi je fais l'effort de préparer quelque chose pour eux. Sans compter ceux qui sont aux lycées, et à qui je paie le transport aller et retour chaque jour. C'est difficile surtout parce que je suis dans un foyer polygamique [...]. Mon mari a cinq enfants à l'école primaire sous sa responsabilité et il est difficile pour lui de leurs donner tout ce dont ils ont besoins (entretien réalisé avec Bernadette le 12 Mai 2018).

    En plus de l'augmentation des dépenses familiales en période de scolarité, nous notons dans cette affirmation une autre réalité qui empêche les familles de ressentir la politique de la GEP. En effet, il y a dans l'arrondissement de Koutaba, des parents qui ont plus de cinq enfants en âges de scolarité obligatoire. Il y a également des foyers polygamiques ou l'homme seul doit payer le nécessaire pour la scolarisation des enfants. Avec le nombre d'enfants (dans les familles comme celle de Bernadette) et les situations économiques instables qui prévalent, les dépenses augmentent significativement. Le fait que les dépenses familiales augmentent témoigne de ce que la GEP souffre encore de quelques difficultés.

    1.3. La GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire

    Le vécu des parents d'élèves dans l'arrondissement de Koutaba permet d'affirmer que la marchandisation est une réalité en zone rurale. Compte tenu des transactions économiques qui traversent les institutions publiques d'enseignement primaires. Dans cette dynamique des faits, Oumarou nous affirme que :

    En plus du niveau des élèves qui a drastiquement baissé, je vous avoue que l'école est devenue doublement chère qu'avant [...] ce que vous appelez gratuité là, nous ici on ne connait pas ça. Il n'y a rien qui soit gratuit à l'école. Pour mes enfants qui fréquentent je paye tout. Même les ballais pour nettoyer leurs salles de classes, j'achète (entretien réalisé le 16 Avril 2018 avec Oumarou).

    Il ressort de cette déclaration que non seulement rien n'est gratuit à l'école, mais aussi que les parents d'élèves sont dubitatifs par rapport à la politique de la GEP. Evidemment du fait qu'ils ont l'habitude de tout payer en matière de l'éducation

    scolaire de leurs enfants. Ils restent très nostalgiques par rapport à l'ancien système éducatif, qui pourtant était payant. Ils souhaitent bien une école primaire réellement gratuite. Mais dans les écoles primaires de Koutaba, tout est payant. Le « ballais » que l'enfant utilise pour balayer l'école, il l'achète.

    En période de rentrée scolaire, la vente des fournitures scolaires, le recrutement des élèves et du personnel dans les établissements scolaires, la gestion des fonds dans les établissements à outrance deviennent des valeurs économiques de haut vol dans l'arrondissement de Koutaba. Les instituteurs organisent dans les établissements scolaires des cours du soir. Cela s'observe dans presque toutes les écoles primaires. Les animateurs sont les maîtres des classes de CM1 et de CM2. C'est en réalités autant d'indicateurs de la marchandisation de l'éducation scolaire dans notre contexte. L'éducation scolaire est traversée par une sorte de discours captivant. Pour inscrire un enfant dans un établissement scolaire, que ce soit à la maternelle, dans les classes élémentaires, ou au collège/ lycée, il faut « bien parler ». Le langage doit revêtir des allures de négociations pour être crédible. Aujourd'hui, toutes les réalités sociétales sont traversées par des normes capitalistes. Plus rien n'échappe à la logique du marché ; selon laquelle la notion de gratuité est vide de sens ou encore n'existe tout simplement pas. Dès lors, l'éducation devient ainsi une valeur marchande dans la cité. Martine Poulin et al (2007) étaient arrivés au même résultat. Quand ils parlent de « l'approche utilisateur-payeur » qui écarte la conception du droit à l'éducation. Autrement dit, non seulement l'école n'est pas effectivement gratuite, mais c'est à chacun d'assumer les charges liées à la scolarité des enfants dont les charges lui reviennent. Dans ces conditions, certaines familles orientent leurs enfants vers l'apprentissage des petits métiers44. Pour elles, « l'école est aujourd'hui un investissement incertain, notamment avec toutes les dépenses qu'elle entraine » (entretien réalisé le 29 Avril 2018 avec Youssouf).

    2. DE LA PERSISTANCE DES TENDANCES PAYANTES DE L'ECOLE PRIMAIRE.

    Par GEP on entend l'absence des frais obligatoires relatifs à tout ce qui concerne l'ensemble de la prestation d'enseignement dispensée à l'école. Et non pas seulement

    44 Tout ceci malgré leurs bases âges ou mieux leurs âges de scolarité obligatoire. Ils sont pleins dans les ateliers du centre-ville de Koutaba. Les petits garçons sont dans des garages, des ateliers de soudures, de menuiseries et la majorité des petites filles sont dans les ateliers de coutures.

    44

    45

    l'absence des frais de scolarité exigibles. De même, aucune participation financière aux activités obligatoires d'enseignement ne peut être exigée aux familles. A l'épreuve des réalités dans l'arrondissement de Koutaba, nous avons observé des pratiques évoluant en sens inverse avec la GEP. Certaines pratiques illégales et payantes émergent de plus en plus dans les écoles primaires.

    2.1. Les frais des évaluations séquentielles et des devoirs : frais illégaux

    Les évaluations séquentielles et les devoirs que les enseignants donnent aux enseignés sont des prestations scolaires obligatoires. A partir de là, ils ne sont pas censés faire l'objet d'un quelconque solde. Or avec l'irrégularité et l'inconsistance du fonctionnement et des primes des instituteurs, les enseignants ont développé des stratégies compensatoires de ces fonds et primes. Notamment l'argent perçu à chaque séquence chez les élèves en guise de frais d'épreuves de compositions. Dans les écoles primaires à Koutaba, le phénomène est devenu vulgaire. Même au niveau un du cycle primaire, chaque élève doit donner au minimum un cahier de 32 pages à son maitre ou à sa maitresse. Lequel cahier sera utilisé pour son évaluation. Si ce n'est pas le cahier, c'est l'argent du cahier que le parent doit donner pour des fins ainsi établies. Ces faits traduisent le fait que l'école primaire reste payante. A la limite, ils traduisent les difficultés de la gratuité des prestations scolaires dans nos écoles primaires. Mais ce n'est pas tout. Il y'a un système qui émerge dans les écoles primaires aujourd'hui. Nous le qualifions : le « système de la paye des devoirs ». Ce sont des devoirs que les maitres et les maitresses dans les écoles primaires donnent aux enfants dont leurs parents ont payé. A défaut de faire des cours de remise à niveau certains optent pour cela. Avec ce système de la paie des évaluations et des devoirs à faire à la maison, la gratuité de l'éducation de base ne peut être que formelle. C'est en considération de cet état des faits qu'un parent d'élève rapporte que :

    Les enseignants quant à eux ne cessent d'imposer pour une raison ou pour une autre, des sommes que nous devons payer régulièrement tout au long de l'année. Ils disent que c'est pour les épreuves. A ceux de la SIL, tu leurs donnes à chacun ses fournitures personnellement et tu donnes encore l'autre à leurs enseignants. Vraiment je ne comprends pas le fonctionnement de l'école primaire aujourd'hui. Même l'instituteur qui est payé par le gouvernement demande d'être motiver.

    Les seules évaluations qui jusqu'ici restent encore officiellement payantes dans les écoles primaires au Cameroun, sont le concours d'entrée en 6e et le CEP. Or dans les faits, mêmes les examens de classes sont payants dans ces institutions publiques

    Ainsi donc, il résulte de notre recherche que dans les écoles primaires publiques, les parents payent pour les évaluations séquentielles et les devoirs que les instituteurs/institutrices donnent à leurs enfants. Une situation qui dans l'esprit de ce travail ne permet qu'il y est une GEP effective. Il en résulte des plaintes constantes venant des parents d'élèves qui ne savent plus en réalité à qui et comment demander des comptes. La résignation est leur principal choix.

    2.2. Des dépenses scolaires permanentes et obligatoires : entre

    subvention tardive et insuffisante

    Nous analysons ici, des dépenses éducatives que supportent les parents d'élèves en dehors et dans les écoles primaires. Lesquelles dépenses sont formellement subventionnées par l'Etat. Mais qui dans les faits sont totalement prise en charge par les parents d'élèves. Cela à cause du retard ou mieux la quasi-absence de ces subventions dans les zones rurales. « l'Etat met à la disposition des Délégués Départementaux de l'Education de base les fonds destinés au fonctionnement des écoles primaires publiques 45». Ce sont des fonds qui doivent participer d'une manière ou d'une autre à la mise en oeuvre effective de la politique de la GEP. Cependant qu'en est-il réellement dans les CTD comme Koutaba ?

    Dans les écoles primaires, on distingue deux catégorie de ressources financières : celles affectées aux dépenses permanentes et obligatoires et les ressources affectées au projet d'école. Mais nous parlerons ici juste de la première catégorie, au regard de ce qu'elle pose comme problème dans un contexte marqué par la GEP. Les ressources affectées aux dépenses permanentes et obligatoires sont censés être à la disposition des directeurs d'école par le truchement des fonds débloqués par l'Etat à cet effet46. Elles sont ainsi censées couvrir les dépenses orientées vers les primes de rendements au corps enseignant, personnel administratif et d'appui (25% desdits fonds), dépenses de

    45 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires

    46 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires.

    46

    47

    fondement (10% desdits fonds) et les dépenses sous rubriques (50% desdits fonds). Ces ressources sont récapitulées dans le tableau suivant :

    Tableau n°2 : affectation des ressources dans les établissements d'enseignement maternel et primaire publics

    Rubriques

    Nature de la dépense

    Niveau d'engagement

    Maternel (contributions exigibles)

    Primaire (subvention de l'Etat)

    Quotité exigibles

    /

    7500

    0

    Dépenses
    permanentes et
    obligatoires

    Fonds de solidarité et de promotion de l'éducation

    5%

    0

    Primes de rendement au

    corps enseignant, personnel administratif et d'appui

    20%

    25%

    Dépenses de fonctionnement

    10%

    10%

    Dépenses sous rubrique

    40%

    50%

    Dépenses projet

    d'école

    Fraction non affectée

    25%

    15%

    Source : CIRCULAIRE n°08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 Aout 2014 portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles primaires et maternel.

    Le tableau ci-dessus montre que l'Etat subventionne les écoles primaires. Mais concrètement, les directeurs d'écoles ne disposent pas de cet argent de manière intégrale et à temps. Car en réalité il s'agit des ressources inconsistantes et qui n'arrive que

    tardivement dans les écoles primaires47. « le tableau ci (indexant dans une circulaire48 le tableau ci-dessus)montre bien que le MINEDUB débloque beaucoup d'argent au bénéfice des écoles primaires. Mais est-ce que nous recevons intégralement cet argent ? Et quand bien même ça arrive c'est souvent combien et à quel moment ? une série des questions qui renseignent à suffisance sur le retard et l'inconsistance des subventions que l'Etat apporte aux écoles primaires. L'absence de ces fonds contraint les parents d'élèves à assumer à eux seuls les charges afférentes. Dans ces conditions la GEP rencontre d'énormes difficultés.

    Dans cette dynamique des subventions formelles, 50% des fonds alloués aux établissements sont destinés aux dépenses sous rubriques. Ces dépenses concernent notamment l'assurance scolaire, la bibliothèque de l'école, l'animation culturelle, la pharmacie les activités sportives et les cartes d'identités scolaires des élèves entre autre. Cela tel que récapitulé dans le tableau suivant :

    Tableau des dépenses sous rubrique dans l'enseignement primaire

    47 Les subventions dont il est question arrive « généralement vers le milieu du troisième trimestre » (Entretien réalisé le 14 Avril avec Abdou)

    48 Circulaire n°08/B1/144/MINEDUB/SG/DEMP/ du 22AUG 2014 portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires publiques

    48

    49

    Rubriques

    Montant

    1-

    Assurance scolaire

    100

    2-

    Bibliothèque

    100

    3-

    Animation culturelle

    50

    4-

    Pharmacie

    75

    5-

    Fonds d'appui à la santé scolaire

    75

    6-

    Activités sportives FENASCO

    300

    7-

    Carnet de correspondance

    200

    8-

    Carte d'identité scolaire

    100

     

    TOTAL

    1000

    Source : Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires.

    La préoccupation avec ces subventions c'est leur quasi-absence dans les écoles primaires en contexte local. Puisque déjà à Koutaba, aucune école n'a de pharmacie, ni de bibliothèque exploitable (aussi bien par les élèves que par les enseignants) et en réalité c'est chaque élève qui paie pour sa carte d'identité scolaire49. « Quand un élève tombe malade ou fait un quelconque accident à l'école, nous demandons à ses parents de le soigner et de faire un dossier que nous acheminons au niveau de la hiérarchie. Puisque nous n'avons pas les moyens de lui administrer ne serait-ce que les premiers soins » (entretien réalisé le 18 Avril avec Idriss). Ce manque aux responsabilités est, à l'observation dûe à l'absence de pharmacie et des fonds d'appui à la santé scolaire opérationnels. La gratuité de l'école primaire, passe aussi par ces subventions. Si bien que leur défaillance impact d'une manière ou d'une autre sur l'effectivité de la politique

    49 On rencontre ci et là des rares écoles avec des livres hors programme et dont la majorité des pages ont disparues. De même les élèves paient en moyenne 600 FCFA pour leurs cartes d'identités scolaires.

    de la GEP. Par conséquent le circuit par lequel transite ces « subventions effectuées par l'Etat au bénéfice des écoles primaires doit être suivi jusqu'à destination » (Entretien réalisé le 07 Mai avec Jonas). Faute de quoi, les parents d'élèves continueront de prendre en charge seuls des activités scolaires qui sont pourtant subventionnées par l'Etat.

    2.3. Les frais demandés aux parents d'élèves

    La situation socioéconomique des familles de Koutaba caractérisée par une précarité aiguë pour les familles, n'est pas significativement apaisée par la politique de l'instruction publique gratuite. En effet, alors que les revenus stagnent ou déclinent pour un grand nombre de familles, la portion du budget familial devant être consacrée aux frais scolaires, ne cesse d'augmenter année après année. De fait, les données que nous avons recueillies sur les situations socioéconomiques des familles appliquées aux éléments constitutifs du droit à l'égalité nous permettent d'affirmer que les frais scolaires demandés aux parents compromettent l'exercice du droit à l'instruction publique gratuite de leurs enfants. Une distinction dans certains cas voire une exclusion existe entre les enfants issus de familles défavorisées et ceux plus nantis du fait de leur condition sociale et des effets préjudiciables qui en découlent, ce qui a pour conséquence de porter atteinte à leur droit à l'instruction publique gratuite.

    CONCLUSION

    En somme ce chapitre portait sur les éléments de construction des formes d'obstacles à la GEP. Ainsi, pouvons-nous dire que les formes d'obstacles à la GEP se construisent à partir de la remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base et le système de la paie des évaluations et des devoirs dans les écoles primaires. A l'observation, les parents d'élèves sont très enclins dans le financement des activités scolaires dans l'arrondissement de Koutaba. Cela sous la pression des directeurs des écoles primaires. Une situation qui rehausse les dépenses familiales pendant les périodes de rentrée scolaires et au courant des années académiques. La marchandisation de

    50

    certaines prestations scolaires pouvant ainsi justifier aussi la montée étincelante des formes d'obstacles à la GEP50. De fait, les données que nous avons recueillies sur les situations socioéconomiques des familles appliquées aux éléments constitutifs du droit à l'égalité nous permettent d'affirmer que les frais scolaires demandés aux parents compromettent l'exercice du droit à l'instruction publique gratuite de leurs enfants. Quand on ajoute à cela les fonds que l'Etat prévoit pour les dépenses scolaires permanentes et obligatoires, mais qui arrivent souvent très tard et même insuffisants, l'école primaire peine à devenir effectivement gratuite. C'est autant d'éléments qui sont à l'origine des obstacles à la GEP en zone rurale.

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

    En dernière analyse, il ressort de la première partie de ce travail que l'éducation de base est une priorité nationale assurée par l'Etat. Héritée de l'histoire coloniale du pays, l'éducation est dualiste dans son organisation au Cameroun. Le cycle primaire dure six ans dans les sous-systèmes francophone et anglophone. Il est constitué de trois niveaux de deux ans chacun. Il ressort clairement de ce chapitre que l'école primaire est officiellement obligatoire et gratuite au Cameroun. De même, l'éducation de base est formellement gratuite au Cameroun. La GEP traine avec elle des enjeux sociaux divers. Notamment la démocratisation de l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité entre les sexes face à l'accès à l'école. Une fois ces objectifs atteints, l'Etat camerounais peut se dégager des discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs socioéconomique et élitistes. Dans l'arrondissement de Koutaba, on note des formes d'obstacles à cette gratuité. A partir de là, cette recherche postule que les formes d'obstacles à la GEP se construisent à partir de la remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base et le système de la paie des évaluations et des devoirs dans les écoles primaires. A l'observation, les parents d'élèves, sont très enclins dans le financement des activités scolaires dans l'arrondissement de Koutaba. Cela sous la pression des directeurs des écoles primaires. Une situation qui rehausse les dépenses familiales pendant les périodes de rentrée scolaires et au courant des années académiques. La marchandisation de certaines prestations scolaires pouvant ainsi justifier aussi la montée étincelante des

    50 Telle que la paie des évaluations séquentielles et des devoirs à faire à la maison

    51

    DEUXIEME PARTIE : LES APEE EN CONTEXTE DE GRATUITE D'ECOLAGE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D' ELEVES. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AU MANQUE DES RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA.

    52

    formes d'obstacles à la GEP. Dans les écoles primaires les frais exigibles des examens officiels sont porteurs d'arnaques ou mieux d'abus. Les sommes officiellement connus à ces fins ne sont pas celles qui sont perçues chez les parents d'élèves. Les parents d'élèves paient prêt de 6 500 FCFA au lieux de 5 100 par examens officiels (CEP et concours d'entrée en 6e). Quand on ajoute à cela les fonds que l'Etat prévoit pour les dépenses scolaires permanentes et obligatoires, mais qui arrivent souvent très tard et même insuffisants, l'école primaire peine à devenir effectivement gratuite. C'est autant d'éléments qui sont à l'origine des obstacles à la GEP en zone rurale.

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    INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE

    Aujourd'hui, dans l'arrondissement de Koutaba, les APEE font l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et les responsables des écoles primaires. Pour les premiers, les APEE et leurs frais dans les écoles primaires entrainent la non-gratuité effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations et leurs frais marquent aujourd'hui (plus que jamais) une possibilité de survie du système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba. Ainsi, cette partie de notre analyse présente les APEE en contexte de la GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une étude sur la gratuité de l'école primaire aujourd'hui, le premier obstacle de cette politique chez les parents d'élèves s'avère être les frais d'APEE. A cet effet, le premier chapitre de cette partie du travail présente d'abord la gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour les parents d'élèves. Car les frais d'APEE sont partie intégrante des frais exigibles d'autres fois et ne cessent de s'augmenter dans les écoles primaires de Koutaba. Ensuite, il présente l'appropriation des APEE par les responsables des écoles primaires. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents d'élèves, les partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba.

    Le dernier chapitre développé dans cette partie du travail présente la politique de la gratuité de l'enseignement primaire, face au manque d'un certain nombre de prérequis vitaux dans les zones rurales. Les responsables des établissements scolaires

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    primaires dans la commune de Koutaba s'échinent dans la mise sur pied de cette politique. La question des ressources vitales se posent avec acuité dans les écoles primaires dans cette localité. Ainsi, le chapitre en question s'attarde sur la gratuité de l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les écoles primaires à Koutaba. Il présente les obstacles à la politique de la gratuité de l'école primaire, en partant d'un manque flagrant des ressources financières, humaines et matérielles dans lesdites écoles. D'abord les difficultés liées au manque et à l'insuffisance des moyens financiers dans les écoles primaires. Ensuite, le chapitre met en exergue le déficit des personnels instituteurs intégrés dans l'arrondissement de Koutaba. Enfin, le dernier point porte sur un déficit observé des ressources matérielles dans les établissements scolaires primaires à Koutaba.

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    INTRODUCTION

    L'inclusion des parents d'élèves dans le management des établissements scolaires entre dans une logique de gouvernance participative. Aujourd'hui dans l'arrondissement de Koutaba, les APEE font l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et les responsables des écoles primaires. Pour les uns, les APEE et leurs frais dans les écoles primaires entraine la Non-gratuité effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations et leurs frais marquent aujourd'hui une possibilité de survie du système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba. Ainsi, le propos de chapitre s'attèle de présenter les APEE en contexte de la GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une

    CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE

    étude sur la gratuité de l'école primaire aujourd'hui, le premier souci de cette politique chez les parents d'élèves s'avère être les frais d'APEE. A cet effet, ce chapitre présente dans sa première partie, la gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour les parents d'élève. Notamment avec les frais d'APEE inscrits désormais dans le sillage des frais exigibles d'autrefois et de l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba. La deuxième partie de ce chapitre présente l'appropriation des APEE par les responsables des écoles primaires et survie du système scolaire primaire à Koutaba. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents d'élèves, les partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba.

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    1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX APEE : UN NON-EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE.

    Jusqu'aujourd'hui, la GEP est une politique ailleurs pour les zones rurales51. Les parents d'élèves vivent dans la routine des pratiques payantes de l'éducation de base à Koutaba. Généralement ébahis lorsque nous leurs parlions de la GEP, les parents d'élèves sont convaincus que l'écoles primaire n'est pas gratuite. Ils croient à la non-gratuité de l'école primaire. Cela à raison, compte tenu des frais qu'ils paient volontairement ou non dans les écoles primaires.

    1.1. Les frais d'APEE dans le sillage des frais exigibles d'autrefois

    Cette partie analyse les faits qui rendent les frais d'APEE obligatoires dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba en particulier. En réalité, ce n'est pas la loi qui pose problème mais son application. Car elle est claire à ce propos52. Dans les faits ; les frais d'APEE sont exigés, les enfants sont renvoyés, privés de leurs bulletins de notes et lesdits frais augmentent suivant certaines modalités dans les écoles primaires.

    1.1.1. Les frais d'APEE exigés

    Si dans les textes officiels les frais d'APEE sont volontaires, dans les établissements scolaires cela est loin d'être le cas. Dans les écoles primaires à Koutaba, ces frais sont réclamés vigoureusement des parents d'élèves. Notons qu'en contexte local, les responsables d'écoles primaires parlent de frais de scolarité53. Cela peut traduire leur ignorance en matière de la GEP et un attachement au système payant de l'éducation de base. Ce qui du point de vue des parents d'élèves ne change rien par rapport à l'ancien système. « D'abord moi j'ai toujours payer la scolarité de mes enfants. Donc avec la gratuité dont vous me parlez là, ça ne change rien, vue que les frais d'APEE sont là. On nous demande de les payer donc... » (entretien réalisé le 9 Mai avec Alassa).

    51 Comme pour dire que ça se passe partout sauf ici. Car, ici, l'éducation scolaire primaire se paie directement ou indirectement.

    52 Décret n° 2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attributions des responsables de l'administration scolaire. Disposition de l'article 46, alinéa 2.

    53 Au début de nos entretiens, nous pris cela comme une manifestation de l'inconscient. Mais chemin faisant, nous avons constaté que c'était très fréquent autant chez les responsables d'écoles que chez les parents d'élèves.

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    Le fait que l'on exige les frais d'APEE dans les écoles primaires constitue pour les parents une forme de pérennisation de l'école primaire payante et donc la non-gratuité de cet ordre d'enseignement. Car non seulement les textes officiels ne sont pas respectés mais aussi les parents se retrouvent dans l'exigence d'assumer certaines charges qui ne leur incombent pourtant pas. On peut bien parler de la violation des textes officiels ou tout simplement de l'obstruction de la politique de la GEP. Face à cette situation, certains parents d'élèves sont réduits au silence. Ceux qui essaient de dénoncer ou d'exprimer leurs indignations sont taxer de fauteurs de troubles ou d'incitateurs de violences dans les écoles. Cela par la classe dirigeante des écoles primaires à Koutaba. A titre illustratif, prenons deux faits que l'on pensait avoir disparus dans les écoles primaires sous l'effet de la politique de la GEP. Il s'agit des renvois et de la privatisation des élèves de leurs bulletins de notes.

    1.1.2. Les élèves sont renvoyés à cause des frais d'APEE

    Aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba, ce phénomène perdure. En réalité, nous le devons aux frais d'APEE. L'ensemble des parents d'élève que nous avons interrogé témoignent avoir reçu au moins une fois au cours de l'année académique 2017/2018, une menace de renvoi de leurs enfants si ces frais n'étaient pas payés. Plus encore d'autres confirment qu'il ne s'agit pas uniquement des menaces de renvoi, mais tout simplement de renvoi après le premier trimestre. Cela se traduit dans les discours des directeurs d'écoles primaires. Lors de nos échanges avec ces derniers, il leur arrivait de parler encore (de manière inconsciente ou non) des frais de scolarité exigibles. On peut bien croire à une ignorance des lois qui abrogent lesdits frais. Mais cela nous permet tout de même de comprendre pourquoi les frais d'APEE ne sont pas volontaires ou mieux pourquoi ils sont imposés dans les écoles primaires à Koutaba.

    A plusieurs reprises nous avons rencontré les élèves du primaire entre 8h et 9h du matin, qui étaient déjà de retour des classes. Ce qui en situation de recherche avaient toujours aiguisé notre curiosité. Comme on s'y attendait, ce n'était pas un retour dû à la sortie ou marquant la fin de la journée. A la question de savoir pourquoi ils rentraient aussi tôt, ces enfants des écoles primaires, nous donnaient pour la majorité la même réponse : « on m'a chassé pour les frais de scolarité ». Rappelons qu'en contexte local, on ne distingue pas frais d'APEE et frais de scolarité autrefois exigé. En début du 3e trimestre entre 8h et 9h 30m partout dans les villages, les enfants en uniformes de

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    classes jouaient, d'autres sur les chemins de retour à la maison. Le motif de cette errance était commun à tous : les frais d'APEE.

    Le cas qui nous a marqué lors de nos enquêtes de terrain fut celui d'un petit garçon de la SIL. Ce dernier fréquente à l'école publique de KOUMELAP. Redoublant dans sa classe, l'année précédente, il n'avait pas payé les frais d'APEE. Ce qui lui avait couté une année académique. Arrivé dans son école le mercredi de la première semaine de rentrée de 3e trimestre, nous avons assisté à son renvoi pour les mêmes motifs. Avec un pied nu, il était frustré ; car entouré par ses encadreurs de l'école. Une des maitresses de l'école disait : « l'enfant ci est entrain de redoubler la SIL comme ça pour les frais d'APEE. Trois mille FCFA ? Ah ! » (Déclaration d'une institutrice à l'école publique de Koumelap, en notre présence). Finalement le petit fut renvoyé de l'école.

    Cette pratique scolaire est très rependue dans l'arrondissement de Koutaba. Elle est utilisée par les responsables d'écoles primaires comme un moyen de pression sur les parents d'élèves. Cela sans un minimum de réflexion sur sa légitimité encore moins sur ce que ça représente dans un contexte éducatif marqué par la gratuité formelle. Cela traduit au final, le caractère obligatoire des frais d'APEE au Cameroun et à Koutaba plus précisément.

    1.1.3. Les élèves sont déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de notes

    Dans les stratégies adoptées par les établissements scolaires primaires à Koutaba pour prendre de l'argent aux parents d'élèves, on note la rétention des bulletins de notes de certains élèves. Ces derniers sont, (soit par méconnaissance des textes relatifs à la GEP par les responsables des écoles, soit par nécessité), encore déclarés insolvables. C'est pratiquement une réalité courante dans les écoles primaires dans les ZEP comme l'arrondissement de Koutaba. L'insolvabilité est liée au fait que l'enfant ou ses parents ne se sont pas acquitté d'un ensemble de frais directs parmi lesquels : les frais d'APEE. Or l'insolvabilité connote la non-gratuité de l'école élémentaire. Car elle a trait au caractère payant de la scolarité. C'est une stratégie pour réclamer de l'argent aux parents d'élèves, qui pour certains déjà, ne savent même pas que l'enseignement primaire est gratuit ou n'en savent que peu de choses.

    Parmi les parents d'élèves que nous avons interviewés, certains affirment et dénoncent ce phénomène scolaire. Certains responsables l'avouent et estiment que « c'est une pratique anodine dans le parcours scolaire de l'enfant » (Entretien effectué le 11 Avril 2018 avec Bertrand). Or même sans gravité comme ils le pensent, c'est à la

    limite un souci pour la GEP, car c'est une pratique hors-norme. Voici le témoignage de Michel qui déplore ce phénomène :

    J'ai trois enfants à l'école publiques de Njiyit. Un au CP et les deux autres sont au CM2. Après un mois de classe, ils me dérangeaient déjà pour leurs pensions. Celui du CP n'a pas encore eu son bulletin de notes. Comme je n'ai pas encore payé sa scolarité [...]. J'ai d'abord payer pour ses ainés parce qu'ont les chassait à l'école. Il fallait payer leurs dossiers de concours d'entrée en 6e et de CPE. (Entretien réalisé avec Michel le 18 Avril 2018)

    La population de l'arrondissement de Koutaba est majoritairement musulmane. Ce qui fait que la polygamie y est très rependue. Certains parents comme ce dernier, ont parfois prêt de cinq à six enfants dans un cycle d'enseignement scolaire. Avec la pauvreté qu'ils déplorent, ils n'arrivent pas à débourser les sommes à eux exigés dans les écoles primaires

    1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba

    Les frais d'APEE évoluent significativement dans les zones rurales. Dans l'arrondissement de Koutaba, ces frais augmentent chaque année suivant une variété de modalités pratiques.

    1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année dans les écoles primaires

    Ceux qui à Koutaba savent quelques choses de la GEP, pensent que ses principaux obstacles sont les frais d'APEE. Le fait est que ces frais ont dépassés de loin les frais de scolarité exigibles annuels qui ont étés suspendus avec la politique de la GEP. Les frais d'APEE ont compensés de toutes les manières, les frais exigibles dans les écoles primaires. A chaque année académique, la majorité des établissements scolaires primaires revoient leurs frais d'APEE à la hausse. Certains augment 200 FCFA, d'autres 300 FCFA parfois même 500 FCFA. On peut penser que c'est négligeable. Mais aujourd'hui ces augmentations ont donné lieu à une situation dans laquelle, l'école primaire coûte aux parents d'élèves au moins deux fois chère qu'avant la GEP. Puisqu'auparavant, les frais exigibles et les frais d'APEE combinés s'évaluaient à hauteur de 3000 FCFA par élève et dans la totalité de ces mêmes écoles. A cette époque, on avait couramment 1500 FCFA de frais exigibles et 1200 FCFA ou 1500 FCFA au plus de frais d'APEE.

    Mais au cours de cette année académique (2017/2018), aucune école primaire n'est à moins de 3000 FCFA de frais d'APEE. La moyenne est de 3500 dans les écoles primaires publiques (ou la GEP est sensée réduire les dépenses chez les usagers). Les

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    causes de cette augmentation drastique ces dix-huit dernières années sont multiples et complexes. A titre illustratif, voici la déclaration d'une institutrice que nous avons interviewée :

    On a beau dire que l'école est gratuite ; mais l'établissement où j'enseigne les parents déboursent 4200 pour s'acquitter des frais d'APEE. Ce qui fait deux fois les frais exigibles d'autres fois. Dans cette école, d'abord l'effectif des élèves est faible et en plus les MP sont au nombre de quatre. Ce qui fait que les frais d'APEE augmentent. Parfois le directeur est obligé de convoquer les parents d'élèves pour qu'ils cotisent encore pour les salaires des MP [...]. Ça c'est généralement vers la fin d'année, à partir de mars et avril. Quand il n'y a plus d'argent dans les caisses (Entretien effectué le 13 Avril 2018 avec Cécile).

    Il ressort de ces propos que les parents dépensent encore directement dans les écoles primaires, mais aussi que ces derniers sont constamment sollicités financièrement par les directeurs desdites écoles. Quand une école compte quatre MP, dont la rémunération incombe aux élèves et à leurs parents ; la gratuité ne peut être qu'entravée. Prendre en charge ces instituteurs non-intégrés pendant neuf mois est de prime à bord ce qui booste les frais d'APEE dans les écoles primaires en situation locale.

    1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais d'APEE

    Les frais d'APEE ne sont pas des sommes statiques et forfaitaires. Ce sont des frais qui varient d'abord d'une école primaire à une autre et en fonction du projet de chaque école. Un directeur d'écoles primaires retrace l'itinéraire desdits frais en ces termes :

    Quand on sort le projet d'école, on définit un budget qui peut couvrir ce projet. Par exemple on évalue le nombre des MP. On dit par exemple que chaque MP aura 20 000 FCFA de salaire mensuel. On multiplie par neuf mois pour voir son salaire annuel. Ça donne 180 000 FCFA par an et par MP. Si l'école compte 4 MP, on multiplie encore 180 000 FCFA par 4. Pour avoir la masse salariale des MP. On dit encore qu'en attendant le paquet minimum on peut acheter cinq boites de craies, de même pour les autres matériels didactiques. On budgétise tout ça. En fin de compte, on voit ce que ça donne et on divise le montant total par l'effectif de tous les élèves de l'école. C'est donc à partir de là, qu'on dit que chaque enfant doit payer telle ou telle somme en guise des frais d'APEE (Entretien réalisé le 17 Avril avec Blaise).

    Compte tenu de tout ce qui ressort de cette description, on peut dire que les frais d'APEE augmentent simultanément avec les besoins des écoles primaires en zones rurales. Surtout nous notons que rien n'est gratuit dans cette dynamique. Car tout est facturé aux parents d'élèves. Cela dans les moindres détails.

    1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais d'APEE

    61

    Les frais d'APEE ne sont pas des sommes forfaitaires. Ils croissent au même rythme que les besoins exprimés par les écoles primaires. Ceci en fonction de certaines modalités que nous avons récapitulé dans le tableau suivant :

    Tableau 04 : des modalités d'augmentation des frais d'APEE

    Modalités

    Coût

    Responsables Principaux

    Taux des frais d'PEE

    Salaires annuels des
    personnels n'émargeant pas
    dans les caisses de l'Etat

    En fonction du
    nombre du
    personnel considéré

    Les parents
    d'élèves

    En dépend

    Les matériels didactiques

    Forfaitaires

    Les besoins infrastructurels

    En fonction des
    salles à construire

    L'entretien des locaux

    Forfaitaire

    Source : données enquête de terrain (Mars-Mai 2018)

    Ce tableau permet de visualiser les facteurs de l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires. De même il permet de donner une visibilité plus ou moins nette des niveaux d'action des parents d'élèves dans les écoles primaires. A partir de là, nous pouvons dire que les APEE sont de plus en plus surchargées et ne permettent pas aux parents d'élèves de ressentir la gratuité d'écolages en situation rurale.

    1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES RESPONSABLES

    DES ECOLES PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE A KOUTABA

    Face aux nombreuses difficultés que rencontrent les responsables des écoles primaires à Koutaba, ceux-ci ont développés des stratégies de survie du système scolaire. Dans les rangs de ces stratégies, nous avons la convergence des directeurs d'écoles primaires vers les APEE et les élites locales. Les faits que nous présentons dans cette sous-partie nous permettent de comprendre comment les responsables des

    écoles primaires s'organisent pour assurer la survie du système scolaire en contexte de gratuité. Notamment en s'appuyant sur les APEE et les élites locales.

    2.1. Les parents d'élèves : partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales

    Les parents d'élèves sont les principaux partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des infrastructures et de leurs entretiens. En effet, 59,07% des instituteurs qui ont tenu les enfants pour le compte de l'année académique 2017/2018 sont payés par les parents d'élèves. Il est presque impossible de penser le fonctionnement des écoles primaires aujourd'hui sans les parents d'élèves. A cet effet, « les parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas toujours favorablement » (Entretien réalisé le 13 Avril avec Jules).

    De cette déclaration, on note le fait que les directeurs font constamment appel aux parents d'élèves. En effet, l'appel auxdits parents est dans l'arrondissement de Koutaba, la voix rapide et sûr pour résoudre les difficultés et pour maintenir le fonctionnement des écoles primaires. La majorité des directeurs des établissements scolaires primaires avouent que sans les parents d'élèves, les rentrées scolaires seraient presque impossibles dans leurs écoles. Ainsi, pour Paulin : « les parents d'élèves sont nos sources de revenus. Voilà les partenaires qui brillent en zones rurales. Quand c'est difficile, on les convoque et on leurs présente la situation. » (Entretien réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos mettent en exergue non seulement le fait que les directeurs des écoles primaires se sont tournés vers les parents d'élèves pour faire fonctionner lesdites écoles. Désormais, seuls les frais d'APEE permettent aux établissements de tenir debout et de fonctionner tant bien que mal. A l'exemple de l'école publique de Manzom, au rang desquelles, seul le directeur émarge dans les caisses de l'Etat54.

    2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les écoles primaires

    54 Manzom est une école publique à cycle complet créée en 2001, qui compte aujourd'hui 335 élèves. 62

    Les responsables des établissements scolaires primaires, considèrent les APEE comme les principaux moyens de subsistances des écoles primaires. Parfois même après avoir payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des financements, et des biens matériels. C'est généralement en cas de catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents d'élèves sont ceux qui s'en chargent. Cela à cause de l'absence des fonds de solidarité et de promotion de l'éducation : à la réhabilitation en urgence des infrastructures scolaires sinistrées ; au secours d'urgence aux personnels éducatifs victimes de sinistres avérés prévu par la loi. Dans cette dynamique de fait, Claude nous rapporte que :

    Pendant les congés le vent a enlevé le toit du CE2 là (indexant un vieux bâtiment). Il a fallu que j'appelle le président de l'APEE pour qu'il vienne le réparer. Donc c'est toujours l'argent de l'APEE. Quand les bancs sont cassés, c'est l'APEE. Puisque le fonctionnement n'est pas encore là. Le premier partenaire c'est l'APEE (Entretien effectué le 9 Mai avec Claude).

    De cette affirmation nous comprenons que dans les écoles primaires, désormais la majorité des charges incombent aux APEE. Parallèlement ces associations sont devenues les premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité de leurs actions à divers niveaux. Les APEE compensent ainsi la lenteur, le retard du « fonctionnement », et assure la survie des écoles primaires à Koutaba.

    En bref, les frais d'APEE permettent aux directeurs d'écoles primaires de Koutaba, l'achat du matériel didactique pour démarrer l'école, le payement des salaires des maîtres des parents, le renforcement de la prime de rendement des enseignants, l'entretien des locaux, le salaire des gardiens et des agents d'entretien, et la distribution des prix en fin d'année. On trouve les enseignants qui ont pas de livres pour les préparations. Ils sont obligés de faire recours aux élèves pour obtenir les livres pour la préparation, acheter la craie, apporter le matériel d'entretien et de nettoyage des salles de classe, entre autres. Tout cela pour le bien-être de l'éducation de base dans l'arrondissement de Koutaba. Parfois même après avoir payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des financements, et des biens matériels. C'est généralement en cas de

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    catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents d'élèves sont ceux qu'on appelle en premier lieux.

    Parallèlement les APEE sont devenues les premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité de leurs actions à divers niveaux.

    2.3. Les élites et les actions solidaires dans les écoles primaires.

    Dans l'arrondissement de Koutaba, les élites sont intéressées par l'éducation des jeunes et surtout l'éducation des enfants du primaire. Ayant pris acte de nombreuses difficultés que rencontrent les parents d'élèves dans la scolarisation de leurs enfants, ces élites mènent des petites actions solidaires dans les écoles primaires. Cette prise de conscience est le résultat d'une sensibilisation menée conjointement au quotidien par des directeurs d'écoles et des présidents des APEE. Ainsi, individuellement ou à travers les associations locales, les élites fonds des dons des tables bancs, des kits scolaires, des tableaux... les élites font aussi des remises de kits scolaires aux meilleurs élèves de chaque école. Le témoignage d'un enfant (qui nous entends parler avec son père) est très évocateur à ce sujet : « Cette année, j'ai commencé l'école avec mes cadeaux que père Jonas m'avait donné l'année passée. J'étais sorti troisième au CE1 et j'avais eu deux stylos, deux cahiers de 200pages et un autre de 50 pages » (lors de l'entretien réalisé le 18 Avril avec Ledoux). Ces gestes viennent en appui aux écoles primaires dans le cadre de la survie de ce système en pleine crise. Une crise qui se traduit par le manque des ressources et des difficultés à appliquer la GEP. Pour atteindre facilement les élites locales, les responsables des écoles primaires font souvent des communiqués qu'ils envoient dans les mosquées et les églises pour faire part de leurs situations. C'est ainsi que, « ils nous ont fait part de la maigreur de leur budget et demandent une petite aide. Nous avons aussi remarqué que les parents d'élèves avaient commencé la construction d'un bâtiment de trois salles de classes. Très prochainement, une aide sera

    faite dans cette école pour finaliser ce bâtiment. (Entretien réalisé le 15 Avril avec Arouna. Membre de DYCOLEM)

    De tout ce qui précède, il en ressort que les élites individuellement ou à travers les associations locales, constituent non seulement un moyen de subsistance pour les écoles primaires, mais aussi de véritables parrains pour les écoliers à Koutaba. Les directeurs ne manquent pas de solliciter leurs aides.

    CONCLUSION

    D'une manière générale, la question à laquelle répondait ce chapitre est de savoir comment comprendre et interpréter les frais d'APEE en contexte de gratuité de l'enseignement primaire. A partir des réalités concrètes collectées dans l'arrondissement de Koutaba et après analyse, nous validons l'hypothèse selon laquelle : les frais d'APEE traduisent la non-gratuité effective pour les parents d'élèves et des voix de survie du système scolaire primaire pour les directeurs de ces écoles. De ce fait, la gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE est égale à un non-évènement pour les parents d'élève55. Notamment avec les frais d'APEE qui ont pris le sillage des frais exigibles d'autres fois et de leurs augmentations dans les écoles primaires de Koutaba. La deuxième partie de ce chapitre présentait l'appropriation des APEE par les responsables des écoles primaires et survie du système scolaire primaire à Koutaba. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents d'élèves leurs partenaires en zones rurales. De même ils utilisent les APEE comme des supports matériels et financiers pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba. Le recourt aux élites locales n'est pas de reste. C'est aussi une stratégie pour assurer le fonctionnement des écoles primaires, surtout dans un contexte éducatif traversé par une gratuité qui manque des ressources.

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    55 L'évènement étant la politique de la GEP

    CHAPITRE 4 : LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT

    PRIMAIRE FACE AU MANQUE DE RESSOURCES DANS LES ECOLES PRIMAIRES A KOUTABA

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    INTRODUCTION

    Quand l'Etat adopte la politique de la GEP, cela suppose que les charges afférentes lui reviennent. Ainsi il est censé mettre des moyens financiers à la disposition des écoles primaires publiques56. Cela afin de garantir leurs fonctionnements et parallèlement pour que l'école soit effectivement gratuite. Autrement dit, lorsque nous posons une telle problématique sur la table, la réflexion s'oriente vers les conditions de sa faisabilité. C'est-à-dire, les conditions à réunir pour qu'il y ait gratuité de l'éducation dans les faits. Il s'agit notamment des ressources nécessaires : financières, humaines et matérielles etc. Ce chapitre présente les difficultés que rencontre la politique de la GEP relativement au manque et à l'insuffisance des ressources sus-évoquées dans les écoles primaires de Koutaba. D'abord, les difficultés liées au manque et à l'insuffisance des moyens financiers suffisants dans les écoles primaires. Dans sa deuxième partie, le présent chapitre met en exergue le déficit des personnels instituteurs intégrés dans l'arrondissement de Koutaba. La dernière partie ici, porte sur un déficit observé des ressources matérielles dans les établissements scolaires primaires à Koutaba.

    1. INSUFFISANCE DES RESSOURCES FINANCIERES DANS LES ECOLES PRIMAIRES

    Les ressources sont de véritables moteurs de fonctionnement de tout système. Or la politique de la gratuité du sous-système éducatif camerounais ici à l'honneur, connait

    56 Circulaire n°08/B1/144/MINEDUB du 22 AUG 2014 portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires.

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    d'énorme déficit des ressources financières. Qui se manifeste avec acuité en zones rurales ou mieux en ZEP. Cette partie présente l'insuffisance des ressources financières dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba. Elle s'articule autour des sources de revenus concrètes, et des budgets desdites écoles.

    1.1. Les sources de revenu des écoles primaires à Koutaba

    En dehors du paquet minimum et du fonctionnement que l'Etat met à la disposition des écoles primaires, les textes prévoient une gamme complexe d'acteurs sociaux qui doivent fournirent à ces écoles tout ce dont elles ont besoin. Mais dans les faits, seuls quelques-uns sont et agissent inlassablement dans les écoles primaires. Il s'agit principalement des parents d'élèves. La commune et les élites agissent aussi sporadiquement.

    1.1.1. Les parents d'élèves : partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales

    Les parents d'élèves sont les principaux partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des infrastructures et de leur entretien. En effet, 59,07% des instituteurs qui ont tenu les enfants pour le compte de l'année académique 2017/2018 sont payés par les parents d'élèves. Il est presque impossible de penser le fonctionnement de écoles primaires aujourd'hui sans les parents d'élèves. Cela traduit dans les faits le manque d'accompagnement consistant des écoles primaires en contexte dit de gratuité avec les ressources suffisantes. A cet effet, « les parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas toujours favorablement »57 (Entretien réalisé le 13 Avril avec Jules).

    La majorité des directeurs des établissements scolaires primaires avouent que sans les parents d'élèves, les rentrées scolaires seraient presque impossibles dans leurs écoles. Ainsi, pour Paulin : « les élites et les parents d'élèves sont nos sources de

    57 Ce en fournissant des ressources de toutes sortes à ces institutions

    68

    69

    revenus. Voilà les deux partenaires qui brillent en zones rurales. Cependant, les parents viennent en premiers ; parce que les élites interviennent quand ils veulent et où ils veulent » (entretien réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos mettent en exergue non seulement le fait que les parents sont devenus les principaux supports des écoles primaires, mais aussi le caractère sporadique des actions des autres acteurs de la CE dans ces institutions.

    La GEP a été proclamée en faveur des parents d'élèves. Le fait qu'ils soient désormais les acteurs principaux dans les écoles primaires, traduit d'une certaine manière les difficultés de cette politique. Ils existent dans les zones rurales comme l'arrondissement de Koutaba, d'autres acteurs prioritaires qui doivent fournir les ressources aux écoles primaires. Il s'agit notamment des CTD.

    1.1.2. La commune : une appropriation encore insuffisante

    « Transferts des compétences sans ressources conséquentes » ; voilà les maitres mots des agents communaux dans l'arrondissement de Koutaba. Bien qu'au courant des besoins criards dans les écoles primaires, la commune de Koutaba agit de manière inattendue. Or en contexte de décentralisation, l'application de la GEP dépend en partie de la consistance et de la régularité de ses interventions dans les écoles concernées. Compte tenu de ce que les contributions statutaires des collectivités territoriales décentralisées sont obligatoires dans les écoles primaires58. Cependant dans cette localité, les actions de la commune se dénombrent au bout des doigts. En effet, « la commune porte de lourdes responsabilités depuis 1996 avec les transferts de compétences. Mais il y a encore des aspects qui freinent ses actions sur le terrain. Notamment l'aspect ressources » (Entretien réalisé le 18 Avril 2018 avec Ousmane). Les actions de la commune sont irrégulières compte tenu de ses nombreuses responsabilités. Les déclarations d'Abdoulaye décrivent les actions communales de la manière suivante :

    Depuis la rentrée nous sommes partis voir le maire ; il nous a promis les bancs sans rien donner. Il m'avait promis arranger le bâtiment là (indexant un vieux bâtiment de l'école, rien. [...]il fut une année ou il nous avait donner trois tables bancs. Il est descendu ici à plusieurs reprises ; mais rien. A la rentrée, le toit était déchiqueté. Le maire avait dit qu'on devait refaire le

    58 Décret n°2001/041portant organisation des établissements scolaires publics et attribution des responsables de l'administration scolaire

    70

    toit, mais jusqu'ici, rien. C'est l'APEE qui a couvert ça comme vous voyez là (Entretien réalisé le 18 Avril avec Abdoulaye).

    De cette déclaration nous pouvons comprendre que la commune brille par des actes isolés dans les écoles primaires. En plus, faire une doléance à la commune n'est pas d'emblée une cause gagnée. Bien qu'étant au courant des besoins, la commune n'agit pas toujours. En déplorant cette manière avec laquelle la commune mène des actions dans les écoles primaires ; Mohamed affirme que : « l'action de la commune dans mon école est unique depuis pratiquement huit ans que je suis là-bas. La commune est venue uniquement donner les bancs, par le truchement du conseiller qui est du quartier de l'école en question » (Entretien réalisé le 5 Mai 2018 avec Mohamed). Ainsi donc, on peut comprendre que les actions de la commune ne sont pas de nature à garantir la GEP. Quand on analyse d'avantages ses actions, à la limite elles sont politisées. Roger BOULLA MEVA'A et KINKEU George (2016) étaient parvenus à une telle conclusion. Pour eux les acteurs sont parfois à la recherche d'une « visibilité sociopolitique ».

    Dans les dispositions légales, les fonds des écoles primaires peuvent venir aussi des dons et des aides effectués par les élites. Ainsi, elles interviennent dans ces institutions. La difficulté se retrouve dans leur mode d'intervention.

    1.2. Les fonds des établissements scolaires primaires publics

    Cet élément présente une difficulté que rencontre la politique de la GEP ; en liaison aux fonds des écoles primaires publiques.

    1.2.1. La caisse des établissements

    Les institutions scolaires primaires en contexte de gratuité manque de caisses propres et indépendantes. Il est difficile de penser une institution d'une telle envergure que l'école primaire, sans un fond ou une caisse propre, permanente et opérationnelle. Or c'est une réalité que nous a appris cette étude. Ces institutions fonctionnent sans fonds et sans caisses propres et indépendantes. Les caisses des établissements scolaires ont disparu avec les frais annuels exigibles. Ce qui fait que d'un point de vue des fonds, ces institutions n'ont pas une autonomie financière. Dans cette dynamique, les propos de Stéphane permettent de comprendre que :

    Quand avec la gratuité on a suspendu les frais exigibles, ces derniers n'ont plus étés remplacés avec des ressources matérielles et financières conséquentes. Quand on payait par exemple 2500 FCFA, 1000 ou 500 FCFA partaient dans les caisses de l'Etat et le reste

    71

    l'inspecteur et le directeur s'en chargeaient pour gérer les écoles primaires. Maintenant cet argent n'existe plus. Ce qui fait que les écoles jouent à la survie en se rabattant sur les parents d'élèves. Donc les seules caisses permanentes et opérationnelles dans lesquelles les écoles

    primaires retirent de l'argent maintenant sont celles des APEE. (Entretien réalisé le 7 Avril avec Stéphane)

    Compte tenu de tout ce qui précède, nous pouvons comprendre que les difficultés de la GEP ont commencé dès son adoption. Notamment avec la suppression des frais qui contribuaient au fonctionnement desdites écoles et cela sans compensation financière conséquente. Ainsi, non seulement les écoles primaires sont sans caisses propres, mais surtout certaines prestations scolaires manquent des fonds nécessaires pour leurs exercices. Ce qui fait qu'en fin de compte tout revient à la charge des parents d'élèves. Dans cette situation, il est difficile de mettre sur pied une école primaire concrètement gratuite. On peut bien parler du « fonctionnement », mais qu'en est-il réellement aujourd'hui dans les écoles primaires en zones rurales ?

    1.2.2. Le budget de « fonctionnement » : entre inconsistance et retard

    Le budget de « fonctionnement » est un argent que le gouvernement camerounais donne généralement aux institutions scolaires pour l'exercice de leurs activités. Comme son nom l'indique, c'est un fonds destiné au fonctionnement, voire à la bonne marche des écoles primaires. Mais aujourd'hui les écoles primaires connaissent d'énormes difficultés financières à cause de l'inconsistance et du retard qu'accuse ledit argent. En déplorant la corruption et la lenteur administrative dont est victime ledit « fonctionnement », Idriss décrit la voix par laquelle il leur arrive en prenant l'image d'un entonnoir. Il s'exprime en ces termes :

    Le « fonctionnement » arrive dans les écoles primaires suivant un canal en forme d'entonnoir. C'est beaucoup d'argent que l'Etat débloque pour distribuer aux écoles primaires à titre de « fonctionnement ». Mais ce qui arrive effectivement entre les mains des directeurs ne peut même pas permettre à une école de passer un trimestre [...]. Quand c'est beaucoup c'est 100 mille FCFA pour une année académique. Je rappelle qu'on donne parfois même 21 mille FCFA. (Entretien réalisé le 18 Avril avec Idriss)

    Cette affirmation met en exergue l'insuffisance ou mieux l'inconsistance du budget de « fonctionnement » alloué effectivement aux écoles primaires. Ce malaise, pourrait-on dire est dû aux détournements incessant qui amenuisent ces fonds. Au point

    72

    ou, ce qui arrive entre les mains des directeurs des écoles primaires, n'est pas assez pour qu'ils puissent appliquer les dispositions de la GEP. De même, Alex déclare aussi qu'

    Il y a le « fonctionnement » de l'école, c'est vrai mais ça n'aide pas assez. Voilà ici, normalement il fallait que je recrute encore cinq enseignants. J'ai vu que c'est lourd, on a pris quatre. Rien que le petit traitement de 20 mille pour chacun, le « fonctionnement » ne peut même

    pas. On nous donne un taux forfaitaire. (Entretien réalisé le 18 Avril avec Alex)

    L'inconsistance n'est pas la seule difficulté que nous avons observée sur le terrain avec le « fonctionnement ». A côté, nous avons constaté que le « fonctionnement » est un élément très retardataire dans les écoles primaires à Koutaba. En effet, jusqu'en fin deuxième trimestre début troisième trimestre, lesdites écoles n'avaient pas encore perçu ledit « fonctionnement »59. Un directeur d'école primaire se prononçant sur la question déclare : « je puis même te dire que depuis la rentrée de 2017/2018, on a rien (claquement des mains) jusqu'à l'heure où nous parlons, le « fonctionnement » n'est même pas encore là. Tu auras à passer dans d'autres écoles, on n'a rien ». Du coté des responsables administratifs du système éducatif à Koutaba, « les écoles primaires auront le fonctionnement, ça ne peut pas manquer. Il faut juste attendre un peu »60. Avec ce retard et l'exigence de fonctionnement des écoles primaires, l'éducation de base ne peut pas être gratuite. Les parents continuent d'assumer les charges financières liées à l'éducation de leurs enfants. Encore qu'à cela s'ajoute d'autres blocages à la GEP.

    2. LE DEFICIT DES PERSONNELS ENSEIGNANTS INTEGRES DANS LES ECOLES PRIMAIRES

    Le déficit est dans ce point, l'absence de proportionnalité entre les instituteurs intégrés et les besoins en enseignants observés dans les écoles primaires. Dans l'arrondissement de Koutaba, on note un déficit réel du personnel enseignant intégrés dans les écoles primaires. Une situation qui ne permet pas à ces écoles de pouvoir garantir aux enfants et à leurs parents une scolarité effectivement gratuite. A l'absence des personnels complets qui émargent dans les caisses de l'Etat, la politique de la gratuité reste un slogan éducatif. Car ne peut être effective. Le déficit du personnel intégré (166) que nous avons constaté dans les établissements scolaires primaires à

    59 Deux semaines après la rentrée du troisième trimestre, les écoles primaires n'avaient pas encore perçues le « fonctionnement ».

    60 Entretien effectué avec un agent de bureau de l'inspection d'arrondissement d'enseignement primaire et maternel de Koutaba

    73

    Koutaba, obligent parfois les responsables de ces institutions à s'écarter des normes officielles relatives à la GEP.

    2.1. Un poids important du financement supporté par les usagers

    On observe que, suite aux contraintes macroéconomiques fortes qu'a supportées le pays au début des années 90, il reste des séquelles encore très visibles des défaillances de l'Etat dans la fourniture des services éducatifs. Ainsi, observe-t-on le développement du nombre des maîtres des parents dans les écoles primaires. Ce qui au fond constitue une charge considérable pour les élèves et leurs parents ; et de ce fait une entrave à la gratuité effective de l'éducation de base au Cameroun et dans les zones rurales en particulier. Aucun établissement scolaire primaire aujourd'hui n'a un effectif complet des instituteurs qui émarge dans les caisses de l'Etat. Sur un total de 281 instituteurs qui enseignent dans les établissements scolaires primaires dans l'arrondissement de Koutaba, 166 n'émargent pas dans les caisses de l'Etat. Ce chiffre représente environ 59,07% des personnes qui enseignent dans les écoles primaires publiques au cours de l'année académique 2017/2018 dans l'arrondissement de Koutaba. C'est en réalité un indicateur des charges que supportent les usagers de l'éducation de base dans cette localité. Un poids qui ne permet pas une école véritablement gratuite. Le fait est qu'ils ne sont pas rémunérés par l'Etat, mais par les associations de parents d'élèves et d'enseignants. Une réalité qui alourdie les dépenses qu'effectuent les parents d'élèves dans un contexte éducatif dit de « gratuité ».

    Ce phénomène est particulièrement pénalisant pour les familles rurales, généralement plus pauvres, qui doivent payer davantage pour l'éducation de leurs enfants. Cela entrave non seulement la politique de la GEP, mais accentue les inégalités et les facteurs dissuadant les parents de scolariser leurs enfants.

    La gratuité dans un tel contexte n'est qu'un slogan éducatif. Les enseignants et les parents d'élèves déplorent d'énormes obstacles à la GEP. A ce sujet, le constat de Benjamin est très clair : « le principal obstacle de la gratuité, c'est le manque du personnel enseignant intégrés » (Entretien réalisé le 9 Avril avec Benjamin). Pour lui, la GEP peut être effective à condition que le personnel intégré soit suffisant dans les écoles primaires. D'autres vont même jusqu'à croire qu'on pourrait « catégoriquement rayer les frais d'APEE du vocabulaire scolaire primaire ». Mais encore faut-il d'abord doter les établissements scolaires primaires des ressources suffisantes.

    74

    2.2. Du personnel intégré dans les écoles primaires : des chiffres peu

    satisfaisants

    Il est très peu aisé de concevoir une gratuité d'écolage avec des personnels dont peu émarge et dont la majorité sont des MP. Pour donner une visibilité claire des instituteurs intégrés dans les écoles primaires de Koutaba, nous avons réalisé le tableau suivant :

    Tableau n° 03 : synthèse du personnel enseignants dans les écoles primaires de Koutaba

    Ordre

    d'enseignemen t

     

    Effectif d'élèves

    Personnels enseignants

    Total

    Emargeant dans

    les caisses de
    l'Etat

    N'émargeant

    pas dans les
    caisses de l'Etat

    H

    F

    T

    H

    F

    T

    H

    F

    T

    Total des

    écoles publiques

    46

    808 4

    777 5

    158

    59

    62

    56

    118

    56

    11 0

    16 6

    281

    Total des

    écoles

    catholiques

    2

    143

    164

    307

    0

    0

    0

    4

    2

    6

    6

    Total des

    écoles

    protestantes

    4

    156

    157

    313

    0

    0

    0

    7

    15

    22

    22

    Total des

    écoles privées

    islamiques

    6

    391

    425

    816

    0

    0

    0

    20

    5

    25

    25

    Total des

    écoles privées

    laïques

    4

    389

    380

    769

    0

    0

    0

    14

    8

    22

    22

    Total général

    62

    916

    890

    186

    62

    56

    118

    101

    14

    24

    356

    75

     
     

    3

    1

    4

     
     
     
     

    0

    1

     

    Source : données enquête de terrain (Mars-Mai 2018)

    Ce tableau montre que sur 356 instituteurs que comptent les écoles primaires, 75 sont dans le privé. De la même manière, sur 281 instituteurs qu'on rencontre dans les écoles publiques à Koutaba, 166 n'émargent pas dans les caisses de l'Etat. Si on ajoute à ce dernier chiffre, le deuxième, on peut donc comprendre que 241 enseignants du primaire contre 115 sont à la charge des parents d'élèves. Avec ces chiffres la GEP, est compromise et obstruée.

    Un autre fait n'est pas à négliger dans ce tableau : les écoles privées en contexte de la GEP. 2205 enfants sont dans les écoles privées, soit 41,10% de leur effectif total dans les écoles primaires à Koutaba. Voilà des charges qui reviennent pratiquement aux parents d'élèves. Le fait est que les écoles privées d'enseignement primaire, ne facilitent pas l'encrage de la politique de la GEP au Cameroun et dans les ZEP singulièrement. D'ailleurs voici ce que pensent certains acteurs de la CE : « la gratuité est une notion constitutionnelle. C'est la loi qui dit que l'école publique primaire est gratuite. Ce qui fait qu'il ne devrait même pas avoir d'école primaire privée. Ça n'a pas de sens ». Cela donne lieu à un poids, deux mesures.

    3. LA PROBLEMATIQUE DU PAQUET MINIMUM

    Cette partie traite des obstacles à la GEP en rapport avec le fameux paquet minimum. Ce paquet qui aujourd'hui constitue avec le « fonctionnement », l'essentiel des ressources matérielles et financières que l'Etat met à la disposition des écoles primaires. La problématique du paquet minimum est telle que désormais, il n'est plus que le minimum de lui-même.

    3.1. Le paquet minimum toujours en retard

    Le paquet minimum est un ensemble de matériels didactiques que l'Etat met souvent à la disposition des écoles primaires pour le démarrage de l'année académique. Aujourd'hui la disponibilité de ce paquet est très problématique. Jusqu'au mois de mai, les écoles primaires de Koutaba n'avaient pas encore le paquet minimum. Le matériel didactique était jusque-là fourni par les APEE. Ce retard est dû en partie à la mauvaise procédure d'achat des matériels constituants ce paquet. En effet, quand on passe le

    76

    marché d'achat de ces matériels, ça prend beaucoup de temps. A côté de cela, il y a des tractations qui s'y mêlent.

    Pour passer le marché, il y a des tractations qui font en sorte qu'on regarde le coté familial. On prend le marché, on donne à quelqu'un qui n'a pas les moyens. Un truc de huit million, il part acheter ce qui coute trois millions. Résultat, on lui demande un stylo de 100 (cents) FCFA, il acheté ce qui coute 50 (cinquante) FCFA. Maintenant quand ça arrive, l'inspecteur qui est le technicien et qui avait passer la commande, vérifie. Quand il constate que tout est faux, et bien il refuse de les réceptionné. C'est ainsi que d'autres négociations commencent avec lui. En fin de compte, c'est le temps qui passe, jusqu'à ce qu'on se retrouve sans paquet minimum au début du troisième trimestre (Entretien réalisé avec Franck le 7 Mai 2018).

    Il ressort de cette déclaration, plusieurs facteurs qui construisent le retard du paquet minimum. D'abord on note le processus de passation de marché d'achat des matériels constituant ce paquet. C'est une opération administrative qui prend beaucoup de temps. Car le technicien passe la commande des matériels et le ministère des marchés publics (MINMAP) lance l'appel à candidature. Pour que ce paquet arrive au niveau des CTD, c'est après des mois de scolarité. Quand ça arrive, l'inspecteur prend encore du temps pour vérifier sa conformité. Un autre facteur du retard du paquet minimum est liée aux nouvelles négociation causées par la non-conformité des matériels achetés. On peut comprendre ainsi pourquoi à Koutaba, on n'a pas eu le paquet minimum à temps. Sans ce paquet dès le mois de septembre de chaque année, les écoles primaires continueront de facturer les matériels didactiques aux parents d'élèves.

    Le retard du paquet minimum le rend inutile et périssable. On donne ces paquets aux directeurs vers la fin d'année scolaire, ils deviennent de potentiels commerçants pour l'année suivante. Dans l'arrondissement de Koutaba, certains instituteurs et certains directeurs des écoles primaires en particulier, vendent des boites de craies, des paquets de stylos et des cahiers travaux pratiques entre autre au « potto »61. Le fait est que personne ne viendra l'année suivante leur demander des comptes à rendre. Or ces paquets n'ont pas véritablement servi l'année où ils ont étés distribués. Compte tenu de leur retard. Parallèlement à ce retard, il y a aussi l'inconsistance de ce paquet.

    3.2. Du « minimum » du paquet minimum

    Les paquets minimums que perçoivent les écoles primaires sont vraiment minimums. Ils sont assez minimums pour ne pas pouvoir participer à la promotion d'une école primaire réellement gratuite. Désormais, c'est même le minimum du paquet

    61 Terme utiliser couramment pour désigner les vendeurs des livres en pleine aire, généralement installer sur les petits contoirs en bordures de routes.

    77

    minimum qui est mis à la disposition de ces institutions. Le fait est que dès le départ, les bénéficiaires ne savent pas à quoi s'attendre de manière qualitative et quantitative. Ce qui fait qu'ils sont obligés de prendre sans droit de murmure, ce qu'on leurs donne. A ce sujet, Suzanne rapporte que : « quand le carton arrive, il est déjà cassé. On te donne juste le nécessaire (un cahier de 288pages, deux stylos et peut être une boite de craie) en fonction du temps qui reste pour l'année en cours » (Entretien effectué le 11 Mai avec Suzanne). Compte tenu du temps scolaire et du vide juridique concernant sa consistance, les responsables du paquet minimum ne donnent plus que le minimum de ce paquet aux écoles primaires. Le retard dont nous avons parlé plus haut y est pour quelque chose. Puisque ceux qui donnent savent souvent que l'année scolaire est presque finie.

    CONCLUSION

    La politique de la GEP nécessite une variété de ressources pour son effectivité. De manière générale, ce chapitre met en exergue le manque ou mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP. Ces institutions publiques manquent des ressources financières nécessaires à l'exercice de leurs activités. Les seuls fonds opérationnels sont ceux des APEE. Or avec ces fonds, l'école ne peut pas être gratuite. Dans ce sillage, les parents d'élèves sont devenus les premiers partenaires desdites écoles. Une réalité qui ne fait qu'augmenter leurs charges éducatives. Dans l'arrondissement de Koutaba, les parents d'élèves prennent à eux seuls en charge 59,07% des personnels enseignants dans les écoles primaires. Un poids quoi va contre l'effectivité de la politique de la GEP. Cela en considération du fait que les parents d'élèves ne ressentent pas concrètement ladite politique. Dans les rangs de ces difficultés, nous avons notés celles relatives au paquet minimum. Un paquet sur quoi les écoles primaires ne peuvent plus compter pour l'exercice de leurs activités. Compte tenu de son inconsistance, mais surtout de son retard. En clair, l'insuffisance de ces ressources dans les écoles primaires à Koutaba ne permet pas une école effectivement

    gratuite. Autrement dit, La gratuité de l'école primaire manque d'un certain nombre de prérequis (économiques, humains et matériels) qui puissent la permettre de se réaliser.

    78

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

    D'une manière générale, la deuxième partie de ce travail portait sur les APEE : regards croisés des instituteurs et des parents d'élèves et la gratuite de l'enseignement primaire face au manque des ressources dans les écoles primaires à Koutaba. En effet, dans un contexte éducatif comme celui que nous vivons aujourd'hui, les APEE sont interprétées différemment. Cela selon qu'on soit parent d'élèves ou alors responsables direct d'une école primaire. Cette recherche nous a permis de comprendre que la gratuite de l'enseignement primaire face aux APEE est égale à un non-évènement pour les parents d'élève62. Notamment avec les frais d'APEE qui vont désormais dans le sillage des frais exigibles d'autres fois et de leurs augmentations dans les écoles primaires de Koutaba. Compte tenu des difficultés existentielles auxquelles font face les écoles primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces écoles ont fait des parents d'élèves, leurs partenaires principaux en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme des supports matériels et financiers pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques. Le recours aux élites locales n'est pas de reste. C'est aussi une stratégie pour assurer le fonctionnement des écoles primaires, surtout dans un contexte éducatif traversé par une gratuité qui peine à s'effectuée.

    62 L'évènement étant la politique de la GEP

    79

    Le second chapitre de la partie a mis en exergue le manque ou mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP. Les seuls fonds opérationnels et permanents sont ceux des APEE. Or avec ces fonds, l'école ne peut pas être gratuite pour les parents d'élèves. Dans ce sillage, ces parents sont devenus les premiers partenaires desdites écoles. Une réalité qui ne fait qu'augmenter leurs charges éducatives. Dans l'arrondissement de Koutaba, les parents d'élèves prennent à eux seuls en charge 59,07% des personnels enseignants dans les écoles primaires. Un poids qui va contre l'effectivité de la politique de la GEP. Ceci en considération du fait que, les parents d'élèves ne ressentent pas ladite politique. Dans les rangs des obstacles à la GEP, nous avons notés ceux relatifs au paquet minimum. Un paquet sur quoi les écoles primaires ne peuvent plus compter pour l'exercice de leurs activités. Compte tenu de son inconsistance, mais surtout de son retard. En claire, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires de l'arrondissement de Koutaba, ne permet pas une école effectivement gratuite. Autrement dit, La gratuité de l'école primaire manque d'un certain nombre de prérequis (économiques, humains et matériels) qui puissent la permettre de s'effectuer.

    CONCLUSION GENERALE

    80

    81

    Le sujet de cette recherche s'intitule : « la gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : analyse sociologique des obstacles ». Cette étude s'inscrit dans un contexte traversé par la gratuité d'écolage ; aussi bien au niveau international que national. A l'échelle internationale, nous pensons ainsi à la déclaration mondiale sur l'EPT. Adoptée en Thaïlande en 1990. De même, dans le cadre d'action de Dakar, la politique de la GEP y est adoptée. Le Cameroun a contracté des engagements relatifs à ces différentes politiques et est tenu de les observer. Ainsi au niveau national, l'éducation est formellement une priorité et surtout celle de base. Déjà au cours de l'année 2000 (février), le président de la république proclamait de manière imposante la GEP. Une déclaration qui se traduit aujourd'hui dans les décrets, circulaire, arrêtés et lois. Formellement c'est une politique éducative qui fait tache d'huile dans les dispositions juridiques au pays. Dans ce travail, elle concerne l'ensemble des prestations scolaires obligatoires dispensées dans les établissements élémentaires publics.

    Le problème de cette recherche tourne autour des obstacles à la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba. Compte tenu du fait que son application en zone rurale rencontre d'énormes difficultés et les écoles primaires peinent à la mettre sur pied de manière effective. Car on observe encore des réalités qui renouent avec le système payant de l'éducation de base en contexte local en particulier. Ainsi, la question principale de cette étude est la suivante : Comment comprendre le fait que les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP dans l'arrondissement de

    Koutaba ? L'hypothèse provisoire à cette question est formulée comme suit : Les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP, dans l'arrondissement de Koutaba à cause de plusieurs obstacles qu'elles rencontrent. Cette recherche a pour objectif de Comprendre pourquoi les écoles primaires peinent à mettre en place de manière effective ladite politique dans l'arrondissement de Koutaba.

    La revue de littérature sur la thématique de la GEP a permis de constater un creux de connaissance sociologique à son sujet. Dans la mesure où les approches avec lesquelles la thématique a été abordées jusqu'ici sont fondée sur les droits (ALPFRED Fernandez. 2005), l'impact ou le bilan de cette politique (les rapports de l'UNESCO, du PASSEC, LAOUROU et al.2012, MESSI.E. 2010). Certains sociologues ont abordé la question de la GEP ; à l'instar des travaux de BOULLA MEVA'A. A. R et KINKEU. G. R( 2016)63. Cependant leur objectif n'est pas celui de cette étude. Car ils cherchaient plutôt à « savoir pourquoi la prétention des APEE, dans leur projet de suppléer aux défaillances de l'Etat, n'a pas été atteinte ». C'est ainsi que cet argumentaire n'est ni une étude juridique, ni un recueil bilanciel, encore moins une étude d'impact. La posture adoptée dans cette étude est fondée sur les conditions d'existences ou mieux les difficultés de la GEP en situation locale.

    Ce travail s'appuie sur trois théories notamment l'analyse stratégique, la théorie de la gouvernance réelle et la théorie de la reproduction sociale. Dans le cadre de notre étude, l'analyse stratégique nous a permis de comprendre les stratégies que développent les acteurs, dans la pratique de la GEP. L'étude de l'école pose la question du contrôle social qui s'exerce à travers elle. A travers ce système on peut étudier les phénomènes de changement et de crise, mais aussi de décision. Les responsables des écoles primaires ne cherchent pas la meilleure solution dans l'absolu, mais celle qui répond le mieux à leurs critères de rationalité. Pour comprendre leurs choix, il faut donc connaître les options qui se présentent à eux et selon quels critères ils en retiennent une. Dans cette dynamique, la théorie de la gouvernance réelle de Sardan (2008), dans son pendant des normes pratiques nous a permis de mettre en exergue les réalités de la GEP telle qu'elles sont. Ainsi sommes-nous arrivés à des résultats qui se démarquent des analyses idéalistes. De même, la théorie de la reproduction sociale nous a également permis de rendre compte d'un ensemble de réalités scolaires qui renouent encore avec l'ancien

    63L' « EDUCATION POUR TOUS » au Cameroun à la croisée des chemins : entre gratuité des frais d'écolage dans les écoles primaires publiques et immixtion des APEE à Dschang. Nkà' Lumière

    82

    système payant de l'éducation de base. Lesquelles réalités se situent à l'antipode de l'effectivité de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.

    Au niveau de la méthodologie, cette recherche s'inscrit dans une démarche qualitative. La technique utilisée est l'entretien semi-directif. Elle était importante parce qu'elle a permis de recueillir les opinions et jugements que les acteurs de la CE ont de la GEP. Afin de comprendre comment ils servent et se servent de la politique en question. Par ailleurs, l'échantillon est constitué des parents d'élèves, des directeurs d'école primaires, des agents de la commune, des instituteurs et des personnels de bureau de l'inspection de l'enseignement primaire de Koutaba. La sélection de ces informateurs s'est faite à travers un échantillonnage par choix raisonné. Ainsi, l'échantillon a été constitué en veillant à la diversification des répondants en fonction du genre et de leurs statuts socioprofessionnels. Trente-cinq personnes ont été interrogées

    Au terme des analyses, divers résultats sont obtenus sur la Gratuité de l'Enseignement Primaire dans l'Arrondissement de Koutaba : analyse sociologique des obstacles. Il ressort de ce travail que les formes d'obstacles à la gratuité de l'école primaire se construisent à travers la remise en cause de la neutralité commerciale et la persistance des tendances payantes de ladite école. A l'observation, les parents d'élèves, sont contraints sous la pression des directeurs des écoles primaires à financer les activités scolaires obligatoires dans l'arrondissement de Koutaba. Une situation qui rehausse les dépenses familiales pendant les périodes de rentrée scolaires et au courant des années académiques. La marchandisation de certaines prestations scolaires pouvant ainsi justifier aussi la montée étincelante des formes d'obstacles à la GEP. Dans cette localité, les évaluations séquentielles et les devoirs à faire à la maison sont de plus en plus payants. Les frais exigibles des examens officiels sont porteurs d'arnaques ou mieux d'abus aujourd'hui dans les écoles primaires. Les sommes officiellement connus à ces fins ne sont pas celles qui sont perçues chez les parents d'élèves. Quand on ajoute à cela les dépenses scolaires permanentes et obligatoires formellement subventionnées et qui dans les faits sont insuffisantes et retardataires, l'école primaire peine à devenir effectivement gratuite en zones rurale.

    Cette recherche nous a permis de noter que les APEE sont interprétées différemment en contexte de la GEP, selon qu'on est parent d'élèves ou alors responsable direct d'une école primaire. Cette recherche nous a également permis de

    83

    84

    comprendre que la gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE est égale à un non-évènement pour les parents d'élèves64. Compte tenu des difficultés existentielles auxquelles font face les écoles primaires publiques aujourd'hui, les directeurs de ces écoles ont fait des parents d'élèves leurs partenaires principaux en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba. Le recours aux élites locales n'est pas en reste. C'est aussi une stratégie pour assurer le fonctionnement des écoles primaires, surtout dans un contexte éducatif traversé par une gratuité qui peine à s'effectuer. Le dernier résultat de ce travail met en évidence le manque ou mieux, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires à Koutaba. Il s'agit notamment des ressources financières, humaines et matérielles. Avec l'insuffisance des ressources, les écoles primaires peinent à mettre en place la politique de la GEP. Ces institutions publiques manquent des ressources financières nécessaires à l'exercice de leurs activités. Les seuls fonds opérationnels sont ceux des APEE. Or avec ces fonds, l'école ne peut pas être gratuite sur le terrain. Dans ce sillage, les parents d'élèves sont devenus les premiers partenaires desdites écoles. Une réalité qui ne fait qu'augmenter les charges éducatives chez les élèves et leurs parents. Dans l'arrondissement de Koutaba, les parents d'élèves prennent à eux seuls en charge 59,07% des personnels enseignants dans les écoles primaires. Un poids qui va contre l'effectivité de la politique de la GEP. Ceci en considération du fait que, les parents d'élèves ne ressentent pas ladite politique. Dans les rangs des obstacles à la GEP, nous avons notés ceux relatifs au paquet minimum. Un paquet sur quoi les écoles primaires ne peuvent plus compter pour l'exercice de leurs activités. Compte tenu de son inconsistance, mais surtout de son retard. En clair, l'insuffisance des ressources dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba ne permet pas une école primaire publique effectivement gratuite. Autrement dit, La gratuité de l'école primaire publique manque d'un certain nombre de pré requis (économiques, humains et matériels) qui puissent lui permettre de se réaliser.

    64 L'évènement étant la politique de la GEP

    85

    1. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1.1. Ouvrages généraux

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    - SIMARD, D., CARDIN, J.F. et LEVASSEUR, L. (2016). Éducation et humanisme, Variations, Québec, Presses de l'Université Laval.

    1.3. Articles scientifiques

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    1.5. Rapports Scientifiques

    87

    88

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    - Institut National de la Statistique (2010) « Annuaire Statistique du Cameroun 2010 » Yaoundé.

    - Institut National de la Statistique (2010) « 2e enquête sur le suivi des dépenses publiques et le niveau de satisfaction des bénéficiaires dans les secteurs de l'éducation et de la sante au Cameroun ; rapport principal : volet éducation ». Yaoudé.122p

    - KAMTCHE, F. Septembre (2010) « Étude diagnostique du secteur de l'éducation dans les communes de BANGANGTE, MBOUDA et NKONGSAMBA 1er ». 55p.

    - LAOUROU, R et al (2012) « Impacts de la gratuit de l'enseignement maternel et primaire sur la pauvreté, le social et les OMD ». Cotonou, Giz. 95p.

    - Nations-Unies (2016) « Annuaire statistiques 2016 édition ; cinquante-neuvième édition ». New-York, publication des nations unies numéro de vente : b.16.xvii.1.h. 388p.

    - PASEC (1998) « L'enseignement primaire au Cameroun ; investigation et diagnostic pour l'amélioration de la qualité du système éducatif ». Yaoundé. 136p

    -Rapport mondial UNESCO (2015) « Éducation pour tous 2000-2015 : progrès et enjeu ». Paris, édition UNESCO. 84p

    -UNESCO (2000) « Rapport Final Forum mondial sur l'éducation, Dakar », Paris, UNESCO. 86p

    1.6. Mémoires

    - Martine, P et al (2007) « Mémoire sur la gratuité scolaire ». Québec, PUL. 85p.

    - Messi, E (2010) « Gratuité de l'enseignement primaire et qualité des apprentissages au Cameroun : une perception des enseignants et des parents ». Université de

    89

    Yaound1, MEMOIREonline. http://www.memoireonline.com. Site consulté le 17 Décembre 2017 ; 121p.

    1.7. Thèses

    - COLY, A (2014) « Les associations de parents d'élèves à travers l'histoire de l'éducation au Sénégal : pour une nouvelle définition de la politique éducative. Le cas de la Casamance », TOME 2 : Annexes. Université de Limoges, Education. 2019p

    1.8. Textes législatifs et règlementaires

    - Arrêté n°315/b1/1414/minedub du 21 fév. 2006 fixant les modalités de promotion des élèves du cycle de l'enseignement primaire

    - Cadre d'action de Dakar.2000. L'Education Pour tous : Tenir nos engagements collectifs. Sénégal. 79p.

    - Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, adoptée par la dix-huitième Conférence des Chefs d'état et de Gouvernement Nairobi, Kenya, juin 19811265.Article 17

    - Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant Addis-Abeba, Ethiopie, juillet 199066. Article 11 : EDUCATION

    - Circulaire n° 22/a/220/mineduc/cab portant modalités de fonctionnement du
    conseil d'école et d'établissement de la commission permanente et du conseil des délégués d'élèves dans les établissements scolaires publics

    - Décret n° 2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attributions des responsables de l'administration scolaire

    - Extrait de la circulaire n° 045/b1/1464/mineduc/sg/dsapps du 13 septembre 1996 portant modalités de gestion des activités post et périscolaires dans les établissements scolaires publics

    65 [En ligne], Disponible sur http://www.afrimap.org/english/images/treaty/file423993be06203. PDF, consulté le 10/02/2018. 66[enligne],CAB/LEG/153/Rev.2.Disponiblesur http://www.africancourt.org/fr/images/ documents/fr gen docs/Charte%20africaine%20des%20droit%20de%20enfant.pdf, consulté le 10/02/2018.

    90

    - La Conférence mondiale sur l'éducation pour tous, JOMTIEN, Thaïlande. 5-9 mars

    1990. Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous et cadre d'action pour

    répondre aux besoins éducatifs fondamentaux. Publié par l ' U N E S C O. 42p - Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes - Loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun

    91

    1. Outils de collecte des données

    ANNEXE

    1.3.Guide d'entretien pour les responsables

    des ecoles primaires

    Je m'appelle LIKOUSSOU Zounka. Dans le cadre de mon mémoire de master marquant la fin de ma formation en sociologie à l'Université de Dschang, je travaille sur la gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : analyse sociologique des obstacles.

    Je voudrai m'entretenir avec vous à ce propos pendant quelques minutes. J'aimerai connaître vos expériences sur cette question afin d'amélioration mes connaissances sur ce sujet. Sentez-vous libre et dites exactement ce que vous savez. Tout ce que vous allez me fournir comme informations resterons sous l'anonymat et servirons uniquement pour un intérêt scientifique. La prise de note n'étant pas aisé et efficace dans ces genres de situations, je souhaite aussi enregistrer la conversation afin d'éviter la perte des données. Une fois ces informations transcrites après l'entretien, l'enregistrement sera détruit. Si vous êtes d'accord, nous lançons l'enregistrement.

    92

    SECTION 01 : appropriation et connaissance de la politique de la gratuité de l'enseignement primaire

    Quelles sont vos points de vue sur le fonctionnement de l'enseignement primaire aujourd'hui ?

    Pouvez-vous nous parlez un peu de la GEP ?

    Qui sont vos partenaires clés dans la gestion de l'établissement ?

    Quels sont leurs actions au sein de l'école ? Et pourquoi ?

    Quelles sont les principales sources de revenus de votre établissement ?

    Pouvez-vous nous parlez des actions de la commune dans votre école ?

    Pouvez-vous nous parler des dons dans votre école ?

    SECTION 2 : les formes d'obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire

    Que prévoit les dispositions légales en matières de la gratuité de l'école primaire ?

    Que pensez-vous de la gratuité de l'enseignement primaire à Koutaba ?

    Quelles sont les dispositions de l'établissement par rapport à la gratuité de l'éducation des enfants ?

    Quelles sont les différentes difficultés que vous rencontrez avec cette gratuité ? Selon vous, d'où proviennent les obstacles à cette gratuité ?

    Avant la gratuité de l'école, les frais exigibles étaient de combien dans votre établissement ?

    Quels frais l'école est-elle autorisée à réclamer aux parents et lesquels sont interdits ?

    Comment l'Etat accompagne-t-il la gratuité de l'éducation des enfants ?

    Pourquoi les gens payent encore les frais de l'école primaire ?

    Parlez-nous du budget de l'établissement, d'où vient-il et par quel moyen ?

    Quelles sont les différents services que votre établissement offre aux élèves ?

    Sont-ils prévus par les lois ?

    Que faut-il pour en bénéficier ?

    Que pensez-vous du paquet minimum et peut-il résoudre les problèmes de votre école ?

    Quand est-ce qu'il arrive généralement à votre niveau ?

    Quel est son contenu et est-il consistant ?

    SECTION 3 : Les APEE en contexte de gratuité de l'enseignement primaire

    Que pensez-vous des APEE en contexte de la gratuité de l'école primaire ?

    Les Frais d'APEE sont-ils volontaires dans votre école ?

    Quel est son montant dans votre établissement ? Et pourquoi ce taux ?

    Ils étaient de combien avant la GEP ?

    Pourquoi son leurs montants augmentation ?

    Tous les enfants réussissent ils à les payés ?

    Quelle différence faites-vous, entre les frais d'APEE et la gratuité de l'école primaire ?

    Que pensez-vous de l'APEE dans les écoles primaires ?

    Quel est son frais dans votre établissement ?

    Comment êtes-vous arrivé à ce montant ?

    Pensez-vous que les frais d'APEE constituent un frein pour la gratuité de l'école primaire ?

    Les autres partenaires contribuent-ils au fonctionnement de l'établissement ? Que pensent les parents d'élèves par rapport à l'APEE ?

    1.4. Guide d'entretien pour les parents d'élèves des écoles primaires

    Je m'appelle LIKOUSSOU Zounka. Dans le cadre de mon mémoire de master marquant la fin de ma formation en sociologie à l'Université de Dschang, je travaille sur la gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba : analyse sociologique des obstacles.

    Je voudrai m'entretenir avec vous à ce propos pendant quelques minutes. J'aimerai connaitre vos expériences sur cette question afin d'améliorer mes connaissances sur ce sujet. Sentez-vous libre et dites exactement ce que vous savez. Tout ce que vous allez

    93

    94

    me fournir comme informations resterons sous l'anonymat et servirons uniquement pour un intérêt scientifique.

    La prise de note n'étant pas aisé et efficace dans ces genres de situations, je souhaite aussi enregistrer la conversation afin d'éviter la perte des données. Une fois ces informations transcrites après l'entretien, l'enregistrement sera détruit. Si vous êtes d'accord, nous lançons l'enregistrement.

    SECTION 01 : connaissance de la politique de la gratuité de l'enseignement primaire par les acteurs de la communauté éducative

    Quelles sont vos points de vue sur le fonctionnement de l'enseignement primaire aujourd'hui ?

    Savez-vous que l'école primaire est gratuite au Cameroun ?

    Quels frais l'école est-elle autorisée à réclamer aux parents d'élèves ?

    Quelles sont les dispositions que vous prenez pour faire respecter cette loi dans les écoles primaires ?

    SECTION 2 : les formes d'obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire Que pensez-vous de la gratuité de l'enseignement primaire ? Selon vous, d'où proviennent les obstacles à cette gratuité ?

    Avant la gratuité de l'école, les frais exigibles étaient de combien dans votre établissement ?

    Selon vous, pourquoi les gens payent encore certains frais à l'école ?

    Pourquoi l'école n'est-elle pas effectivement gratuite selon vous ?

    Quelles sont les différents services que votre établissement offre aux élèves ?

    Que faut-il pour en bénéficier ?

    SECTION 3 : Les APEE en contexte de gratuité de l'enseignement primaire

    Que pensez-vous des APEE en contexte de la gratuité de l'école primaire ?

    Les Frais d'APEE sont-ils volontaires dans votre école ?

    Quel est le montant des frais d'APEE dans votre établissement ?

    95

    Ils étaient de combien avant la GEP ?

    Tous les enfants réussissent ils à les payés ? Si non pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe quand vous ne payez pas ces frais ?

    Les parents d'élèves ressentent-ils vraiment la gratuité de l'école primaire ? Si non pourquoi ?

    Quelle est la différence que vous faites, entre les frais d'APEE et la gratuité de l'école primaire ?

    Que pensent les parents d'élèves par rapport à l'APEE ?

    Entend que parent d'élève, avez-vous l'habitude d'assister aux réunions d'APEE ? A quand remonte la dernière fois que vous avez assisté à une réunion d'APEE ?

    Pensez-vous que les frais d'APEE constituent un frein pour la gratuité de l'école primaire ?

    Pensez-vous que les responsables appliquent la politique de la gratuité de l'enseignement primaire, Si non, pourquoi ?

    Avez-vous généralement des dons dans les établissements scolaires primaires ? Selon vous, pourquoi l'école n'est toujours pas gratuite ?

    2. Autres éléments pertinents pour la recherche

    TABLEAU 04 : PROBLEMATIQUE

     

    Questions

    Hypothèses

    Objectifs

    Sites

    d'observat ion

    QCR

    Comment
    comprendre le fait
    que, les écoles
    primaires peinent à
    appliquer la politique
    de la GEP dans
    l'arrondissement de

    Les écoles primaires peinent
    à appliquer la politique de la
    GEP, dans l'arrondissement

    de Koutaba à cause des
    obstacles qu'elles rencontrent

    Comprendre pourquoi

    les écoles primaires
    peinent à appliquer la politique de la GEP dans l'arrondissement de Koutaba.

    Applicatio
    n de la
    politique
    de la GEP
    dans les
    écoles

    96

     

    Koutaba ?

     
     

    primaires

    QSR

    01

    Comment se
    construisent les
    formes d'obstacles à
    la gratuité de
    l'enseignement
    primaire ?

    Les formes d'obstacle à la gratuité de l'école primaire se

    construisent à travers la

    remise en cause de la
    neutralité commerciale et la

    persistance des tendances
    payantes de celle-ci.

    Comprendre comment
    se construisent les
    formes d'obstacles à
    la gratuité de
    l'enseignement
    primaire.

    Les
    formes
    d'obstacle
    s à la GEP

    QSR

    02

    Comment
    comprendre et
    interpréter la
    pertinence des APEE
    en contexte de
    gratuité de
    l'enseignement
    primaire?

    les APEE et leurs frais dans

    les écoles primaires
    publiques, traduisent la Non-

    gratuité effective de ces

    écoles pour les parents
    d'élèves et une possibilité de

    survie du système scolaire

    primaire pour le corps
    administratif de ces écoles.

    Comprendre la

    pertinence des frais
    d'APEE en contexte

    de gratuité de
    l'enseignement primaire

    Les
    réalités
    des APEE

    QSR

    03

    Comment la politique

    de la GEP est-elle

    accompagnée enpas
    terme des ressources dans l'arrondissement de Koutaba ?

    La politique de la GEP n'est suffisamment accompagnée des ressources dans les écoles primaires à Koutaba.

    Analyser les moyens

    avec lesquels la
    politique de la GEP est accompagnée en contexte local

    Les ressources des écoles primaires

    Source : enquête de terrain 2018

    Tableau n° 5 Textes réglementaires et leurs contenus

    Textes réglementaires

    Contenus

    97

    Extrait de la circulaire

     

    Assurance scolaire : une liste d'assurés dressée par classe et

    n°045/b1/1464/mineduc/sg/

    estampillée par l'assureur, garantit l'assurance des élèves dès

    dsapps du 13 septembre

    payement effectif par l'établissement. Au niveau de

    1996 portant modalités de

    l'arrondissement, l'inspecteur (trésorier) est chargé de la collecte

    gestion des activités post et

    des fonds dans tous les établissements primaires. Il dépose auprès

    périscolaires dans les

    du Délégué Départemental les quotes-parts qui reviennent à la

    établissements scolaires

    délégation provinciale et au trésorier national. Chaque élève a droit

    publics

    à une carte d'identité scolaire aux frais de l'établissement délivrée par le chef de l'établissement ; le chef d'établissement délivre à chaque élève un badge sans contrepartie financière

     

    L'Education est une grande priorité nationale. Elle est assurée par l'Etat. Des partenaires privés concourent à l'offre d'éducation.

     

    L'Etat assure à l'enfant le droit à l'éducation. L'enseignement primaire est obligatoire. Le financement de l'Education est assuré

    LOI N° 98/004 DU 14

    par : les dotations budgétaires de l'Etat ; les allocations budgétaires

    AVRIL 1998

    des collectivités territoriales décentralisées ; les contributions des

    D'ORIENTATION DE

    partenaires de l'Education ; les dons et legs ; toute autre

    L'EDUCATION AU

    contribution prévue par la loi. L'organisation et le contrôle de

    CAMEROUN

    l'enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l'Etat.

     

    Art06 : (1) il est créé un fonds de solidarité et de promotion de

     

    l'éducation : à la réhabilitation en urgence des infrastructures scolaires sinistrées ; au secours d'urgence aux personnels éducatifs

    victimes de sinistres avérés. (2) ce fonds est assis sur les
    contributions exigibles. Il est constitué à hauteur de 5% desdites contributions.

     

    Art 17 : (1) le directeur d'école représente l'établissement scolaire

    Décret n° 2001/041 portant

    maternel et primaire dans tous les actes de la vie civile et en

    organisation des

    justice. Il est l'ordonnateur des dépenses de l'établissement

    établissements scolaires publics et attributions des

    scolaire et a pour le rôle de : élaborer le projet d'école et le projet de budget après consultation des organes prévus à l'Art.16 alinéa

    responsables de

    l'administration scolaire

    2 ; assurer la gestion pédagogique, administrative, financière et matérielle de l'école ; procéder au recrutement des personnels vacataires et d'appoint, après avis conforme du conseil d'école... Art 43 : (1) placé sous l'autorité d'un médecin assisté par un assistant social, le service social et de médecine scolaire est chargé de veiller sur la santé physique, mentale et morale des élèves. (2) il dispose à cet effet d'une infirmerie pour apporter les premiers soins aux élèves malades.

    98

    Art 46 : (1) les ressources financières des établissements scolaires publics sont des derniers publics. (2) elles comprennent : les dotations budgétaires de fonctionnement et d'investissement inscrits au budget du ministère chargé de l'éducation Nationale ;les contributions statutaires obligatoires des collectivités territoriales décentralisées ; des contributions volontaires des APE/PTA ; les contributions des autres partenaires de la CE ; des frais d'inscription aux concours officiels ; des pénalités résultant des dommages occasionnés par les élèves , les personnels et les usagers ; les dons et legs...

    Art 47 : les élèves des écoles primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles.

    Art 49 : toutes les ressources financières prévues à l'article 46 ci-dessus sont inscrites au budget de l'école ou de l'établissement.

    Art 52 : sous les responsabilités du chef d'établissement scolaire, les droits d'examen sont collectés et reverses suivant les modalités définies par les textes particuliers.

    99

    LOI N° 2004/018 DU 22 JUILLET 2004 FIXANT LES REGLESAPPLICABLES AUX COMMUNES

     

    Art 20 - Les compétences suivantes sont transférées aux

    communes: a) en matière d'éducation: la création conformément à

    la carte scolaire, la gestion, l'équipement, l'entretien et la

    maintenance des écoles maternelles et primaires et des
    établissements préscolaires de la commune; le recrutement et la

    prise en charge du personnel d'appoint desdites écoles; la
    participation à l'acquisition des matériels et fournitures scolaires

    Les engagements

    Adoptée à la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous

    internationaux.

    (Jomtien, Thaïlande, 5-9 mars 1990) qui a convenu d'universaliser l'enseignement fondamental et de réduire radicalement l'illettrisme

    Au niveau international, le

    avant la fin de la décennie 90 ;

    Cameroun adhère à un
    certain nombre d'initiatives
    en matière d'éducation

    2. adopté au Forum mondial sur l'éducation (Dakar, Sénégal,

    parmi lesquels figurent en2000)

    qui réaffirme l'engagement des pays participants, dont le

    bonne place : la

    Cameroun, à réaliser les objectifs de l'éducation pour tous au plus

    Déclaration mondiale sur
    l'éducation pour tous(1) ;
    le Cadre d'action de
    Dakar(2) ;

    tard en 2015

    Source : données documentaires

    TABLEAU N° 06 : INFRASTRUCTURES DU SECTEUR DE L'ÉDUCATION PUBLIQUES PRIMAIRES DANS L'ARRONDISSEMENT DE KOUTABA

    ECOLES

    Zone

    Anné

    e de
    créati on

    Effectifs totaux des élèves

    Nombre et équipement des salles de classe

    Fill es

    Garço ns

    Tota l

    M P

    Personn els

    intégrés

    planch es

    Se mi dur

    du r

    Tabl es banc s

    EP BAFOLE

    Rural e

    1956

    174

    226

    400

    4

    3

    1

    0

    6

    144

    100

    EP

    NJINGBANJA

    Rural e

    1995

    220

    248

    468

    4

    4

    0

    0

    7

    92

    EP

    MAGNITGOU EN

    Rural e

    1997

    208

    211

    419

    3

    4

    0

    0

    6

    44

    GBPS

    Rural e

    2011

    89

    121

    2010

    1

    2

    1

    0

    0

    30

    EP

    NJINGWEN- KOUMENKE

    Rural e

    1980

    121

    128

    249

    4

    1

    0

    0

    5

    90

    EP MAMOVO

    Rural e

    1978

    99

    106

    205

    2

    2

    0

    0

    4

    73

    EP KOUPA-

    KAGAM 01

    Rural e

    1951

    139

    134

    273

    4

    3

    0

    3

    3

    110

    EP YOLO-

    BORORO

    Rural e

    1980

    66

    57

    132

    1

    1

    0

    0

    1

    25

    EP

    PONDIMOUN 02

    Rural e

    2001

    187

    188

    375

    6

    2

    0

    0

    7

    150

    EP PLATEAU KOUMENKE

    Rural e

    1995

    280

    308

    588

    11

    4

    0

    0

    6

    170

    EP

    KOUTOUKO UOP

    Rural e

    1997

    182

    173

    355

    4

    4

    0

    0

    6

    90

    GOVERNME

    NT BIL
    PRIMARY SCHOOL KOUTABA

    Urbai ne

    1995

    260

    245

    505

    5

    5

    0

    0

    6

    156

    GOVERNME

    NT BIL
    PRIMARY SCHOOL KOUTCHANK AP

    Rural e

    2017

    88

    70

    158

    2

    1

    0

    0

    2

    10

    GOVERNME

    NT BIL
    PRYMARY SCHOOL

    Rural

    2012

    110

    95

    205

    2

    1

    0

    4

    0

    32

    101

    GOUNDOUP KOUTABA

     

    e

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    GOVERNME

    NT BIL
    PRIMARY SCHOOL NJITAM

    Rural e

    2017

    51

    36

    87

    2

    1

    0

    0

    2

    22

    GOVERNME

    NT BIL
    PRIMARY SCHOOL KOUTOUGO UEN

    Urbai ne

    2015

    94

    67

    161

    2

    2

    0

    0

    3

    36

    GOERNMENT BIL

    PRIMARY SCHOOL(GBP S)KOUTABA-LEPROSERIE

    Rural e

    2012

    45

    51

    96

    1

    1

    0

    0

    1

    14

    EP KOUNDJA

    Rural e

    1957

    202

    198

    400

    3

    4

    0

    0

    6

    93

    GBS

    KOUMENKE

    Rural e

    2007

    278

    310

    588

    7

    3

    0

    1

    9

    147

    EP PRIMAIRE NJISSEN

    Rural e

    2003

    166

    200

    366

    3

    1

    0

    0

    5

    73

    EP NJIKWET 02

    Rural e

    2001

    83

    86

    171

    3

    1

    0

    1

    3

    100

    EP KOUTABA GP 01 B

    Urbai ne

    1991

    174

    200

    374

    1

    8

    0

    0

    6

    84

    EP

    KOUONCHA 02

    Urbai ne

    2002

    133

    173

    306

    2

    4

    6

    0

    0

    101

    EP JIYIT

    Rural e

    2002

    101

    107

    208

    3

    2

    0

    0

    4

    42

    EP DIDANGO

    Rural e

    1968

    172

    186

    358

    5

    2

    0

    0

    6

    123

    102

    EP PRIMAIRE KOUTABA LEPROSERIE

     

    Rural e

    1959

    177

    205

    382

    4

    3

    0

    2

    4

    62

    EP

    MASSOUESS OUE

    Rural e

    2009

    219

    207

    426

    7

    2

    2

    2

    2

    56

    EP GOUEN-

    MOGNY

    Rural e

    1999

    125

    141

    266

    2

    2

    0

    0

    4

    125

    EP KOUTABA GP 02

    Urbai ne

    1986

    220

    231

    451

    4

    3

    0

    0

    6

    95

    EP

    PONDIMOUN

    Rural e

    1990

    188

    213

    401

    4

    3

    0

    1

    6

    135

    EP

    NGOUNDOUP

    Rural e

    1995

    175

    167

    342

    3

    3

    0

    0

    6

    160

    EP

    KOUMENKE 01 B

    Rural e

    2004

    232

    236

    468

    3

    4

    0

    0

    6

    95

    EP

    KOUMENKE

    01 A

    Rural e

    1958

    237

    224

    461

    4

    3

    0

    0

    6

    105

    EP MANZOM

    Rural e

    2001

    163

    172

    335

    4

    1

    0

    0

    5

    72

    EP NJIKWET- KAGNAM GP

    02

    Rural e

    2011

    196

    190

    386

    5

    2

    1

    3

    2

    101

    EP NJINWET- KAGNAM GP

    01

    Rural e

    1978

    230

    255

    485

    5

    3

    1

    0

    6

    237

    EP KOUTABA GP 01 A

    Urbai ne

    1991

    231

    226

    458

    2

    7

    0

    0

    7

    106

    EP:KOUPA- KAGNAM GP

    02

    Rural e

    2011

    261

    222

    483

    3

    4

    0

    0

    6

    145

    EP

    KOUMBOUO

    Rural e

    1992

    119

    130

    249

    4

    1

    0

    0

    5

    95

    EP PRIMAIRE MAPARE

    Rural e

    1965

    162

    148

    310

    4

    2

    0

    0

    7

    104

    103

    EP

    KOUMELAP

    Rural e

    1950

    262

    300

    562

    6

    2

    0

    0

    7

    98

    EP KOUTI

    Rural e

    1958

    223

    225

    448

    4

    2

    0

    3

    3

    106

    EP

    NJIMONOUN

    Rural e

    1997

    119

    135

    254

    3

    1

    0

    0

    4

    77

    EP:KOUPOUO LOUM

    Rural e

    2003

    122

    153

    275

    3

    3

    3

    0

    0

    10

    EP:KOUCHA KAP 02

    Rural e

    2011

    230

    203

    433

    4

    1

    0

    0

    5

    62

    EP:KOUCHA NKAP 01

    Rural e

    1958

    175

    166

    341

    4

    1

    0

    0

    5

    55

    46 ECOLES
    PRIMAIRES

    86,95 % en zone rurale

    Créer entre

    [1950 -

    2017]

    Fille s

    7 78

    8

    Garço ns

    7 173

    Elèv es

    15 8 61

    M P

    16

    7

    Personne ls

    intégrés 117

    15 S.C.P

    20 Se mi dur

    20

    6 du r

    Table s

    bancs

    4 152

    Source : construit à partir des données disponibles à l'inspection d'arrondissement de l'éducation de base de Koutaba, Avril 2018.






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille