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La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisation


par Gautier DE CHANTERAC
Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017
  

Disponible en mode multipage

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Gautier de CHANTERAC

La doctrine Monroe après la fin de la Bipolarisation.



Volume I/I

Mémoire de Master 2Sécurité-Défense.

Mention : Carrières Publiques
Spécialité : Sécurité et défense
Parcours : Professionnel


Sous la direction de monsieur Louis BALMOND

Année universitaire 2016-2017

Remerciements

Je remercie ma famille et ma belle-famille pour son aide précieuse.

Enfin, je remercie Monsieur Louis BALMOND, directeur de ce mémoire pour ses conseils et sa bienveillance.

Sommaire

PARTIE 1 -L'ADMINISTRATION REPUBLICAI NE : DE L'HEGEMONISME A L'UNILATERALISME

CHAPITRE 1 - A l'heure de l'hyperpuissance : le courant hégémoniste, George H. W. Bush. 20 janvier 1989 -20 janvier 1993

CHAPITRE 2 - L'unilatéralisme, George W. Bush -20 janvier 2001- 20 janvier 2009.

PARTIE 2-L'ADMINISTRATION DEMOCRATE : CONSENSUS BIPARTISAN OU NOUVELLE STRATEGIE POUR L'AMERIQUE ?

CHAPITRE 1 - De la « Démocratie en Amérique » ? William Clinton- 20 janvier 1993 -20 janvier 2001.

CHAPITRE 2 - Un espoir déçu ? Barack Obama -20 janvier 2009-20 janvier 2017.
Introduction

En 1815, les Etats-Unis d'Amérique sortaient « d'une seconde guerre d'indépendance » contre le Royaume -Uni 1(*)qui avait affaibli son économie.

L'Union devait faire face à un double danger qui pouvait menacer sa sécurité et sa volonté d'atteindre le Pacifique pour consolider ses frontières.

D'une part, les craintes relatives à une possible intervention de la Sainte Alliance 2(*) contre les nouveaux Etats qui venaient de s'émanciper de l'Espagne (Venezuela, Argentine, Chili et Mexique)3(*) .

D'autre part la Russie installée en Alaska, venait d'étendre sa zone d'influence jusqu'en Oregon, une zone revendiquée à la fois par les Américains et les Britanniques.

.

C'est dans ce contexte d'un retour du colonialisme européen que James Monroe devînt le cinquième président des Etats-Unis en 1817.

Monroe était un vétéran de la guerre d'indépendance4(*) et avait donc de la sympathie pour la lutte des colonies espagnoles.

Le 2 décembre 1823, Monroe tînt un discours devant le congrès qui deviendrait avec le temps, la Doctrine Monroe. La politique étrangère américaine était sans doute née ce jour-là et ce discours majeur aurait des répercussions sur le développement politique et économique du reste de l'Amérique.

« Le moment est venu d'affirmer, comme un principe touchant aux droits et intérêts des Etats unis, que le continent Américain, par suite de la condition libre et indépendante qu'il a acquise et conservée, n'est pas susceptible d'être dans l'avenir un objet de colonisation de la part d'un Etat Européen. La politique que nous avons adoptée à l'égard de l'Europe , dès le commencement même des guerres qui ont si longtemps agite cette partie du globe , est toujours, y est-il dit, restée la même .Elle consiste à ne jamais nous interposer dans les affaires intérieures d'aucunes des puissances de l'ancien monde ; à considérer le gouvernement de fait comme légitime par rapport à nous ; à établir avec ce gouvernement des relations amicales , à les conserver par une politique franche , ferme et courageuse , en admettant sans distinction les justes réclamations de toutes les puissances et en ne souffrant les injures d'aucune. Mais lorsqu'il s'agit de notre continent, les choses changent tout à fait de face, car, si les puissances alliées voulaient faire prévaloir leur système politique dans l'une ou l'autre partie de l'Amérique, elles ne le pourraient pas sans qu'il en résultât un danger imminent pour notre bonheur et notre tranquillité. Aucune d'elles, d'ailleurs, ne peut croire que les frères du sud l'adopteraient de leur propre gré, si on les abandonnait à eux-mêmes. Il nous serait également impossible de demeurer spectateurs indifférents de cette intervention, sous quelque forme qu'elle eut lieu. »4(*)

Monroe posait ainsi les bases de l'interventionnisme des Etats unis sur le continent, et d'un point de vue marxiste de son aliénation.

« Si nous envisageons la force et les ressources de l'Espagne et des nouveaux gouvernements de l'Amérique, aussi bien la distance qui les sépare, il est évident que l'Espagne ne pourra jamais parvenir à les soumettre. La véritable politique des Etats-Unis est toujours de laisser à elles-mêmes les parties contendantes, dans l'espoir que les autres puissances suivront le même système » 5(*)

Monroe sous-entendait donc que l'Espagne perdrait le reste de ses colonies et que les puissances européennes n'étaient plus les maîtres du jeu en Amérique.

L'exceptionnalisme américain6(*)avait remplacé la vieille Europe et cette nation bénie des dieux devait guider le reste du continent et du monde.

Désormais, le continent américain représentait l'arrière-cour des Etats-Unis et en tant que telle une zone d'exclusivité.

La guerre contre le Mexique7(*) fût le premier signe de cette pensée expansionniste qu'était la doctrine Monroe. On rejetait le colonialisme européen tout en inventant une forme plus détournée de contrôle des peuples du continent : une hégémonie sans possessions ni colons.

Dans une Histoire populaire des Etats unis, Howard Zinn8(*)cite John O Sullivan9(*) rédacteur en chef de la Democratic Review qui expliquait ainsi les tensions avec le Mexique« c'est la destinée manifeste du peuple américain que de se répandre sur le continent que la Providence lui a assigné afin de permettre le libre développement de notre population qui croit annuellement de plusieurs millions d'individus »

Cette doctrine a servi de principe directeur à la politique étrangère des Etats-Unis sur le continent et l'affaire du Venezuela en est un autre parfait exemple.

 Ce litige frontalier entre la Guyane Anglaise et le Venezuela donna lieu à un vif échange de notes entre le sous-secrétaire d'Etat américain Olney et lord Salisbury. Les Etats Unis prétendirent alors que les Etats américains du Sud comme du Nord, étaient commercialement et politiquement leurs alliés : « Permettre à un Etat européen de mettre la main sur l'un d'eux serait bouleverser cet état de choses et sacrifier tous les avantages que les Etats Unis retirent de ces relations naturelles »10(*).

Lord Salisbury répondit «  que la doctrine Monroe ne dérivait pas d'un principe de droit international fondé sur le consentement universel »11(*). Olney répliqua « que les Etats-Unis pouvaient se prévaloir légitimement de cette doctrine, consacrée par de nombreux précédents et qui avait sa place dans le Code international, comme si elle y avait été spécifiquement mentionnée »12(*).

En fin de compte, le président Cleveland proposa au Congrès de Washington de nommer une commission pour procéder à une délimitation de la frontière qui faisait l'objet du litige entre la République du Venezuela et la Guyane Anglaise (17 décembre 1895) : « une fois le rapport établi et accepté par le Congrès, ce sera un devoir pour les Etats Unis de résister à toute usurpation, par la Grande Bretagne, d'un territoire quelconque ou d'une juridiction quelconque sur un territoire que nous aurions regardé comme appartenant au Venezuela. »Une déclaration anticipée de guerre et une affirmation de la doctrine : « l'Amérique aux américains ».

Après avoir atteint le Pacifique et établi définitivement ses frontières, l'Union décida d'étendre son influence au continent américain voire au monde.

La guerre américano-espagnole de 189814(*) dont l'un des objectifs était de chasser définitivement l'Espagne illustre cette volonté de domination politique et économique unilatérale.

Les colonies Espagnoles passèrent sous dominations américaine en 1898 mais l'Union ne se retira pas pour autant après la guerre. Ils imitèrent donc les Européens en se constituant à leur tour des colonies.

La fin du XIX siècle et surtout le XX siècle constituèrent une période durant laquelle les Etats-Unis considérèrent les autres pays du continent comme un espace où ils pouvaient agir en fonction de leurs seuls objectifs15(*) au mépris de la volonté et de l'aspiration de ces pays.

Ainsi, Washington exerça pendant longtemps, un contrôle serré sur les régimes au pouvoir sur le continent américain : soutien à l'indépendance du Panamá pour en contrôler le canal, occupation d'Haïti ; l'Amérique centrale, Cuba et les Caraïbes devinrent les zones d'investissement des grands groupes industriels tels qu'United Fruits ou la Standard Fruit Company. Ces deux sociétés exploitants la filière bananière ont eu une telle emprise sur ces pays que leurs agissements ont inspiré le concept de« république bananière », inventé par l'écrivain américain O. Henry16(*).

Pratiquement aucun gouvernement ne pouvait se maintenir sans l'aval de Washington (Arbenz17(*), Allende).

Cette mainmise fût exacerbée par le contexte de la guerre Froide (1947 -1990) et atteignit son apogée avec la perte de Cuba en 1959. Cuba serait le premier et le dernier pays à pouvoir s'émanciper du joug américain. Il en paiera d'ailleurs un lourd tribut.

La politique de « containment » ou d'endiguement18(*)fût une époque de lutte acharnée contre les mouvements ou groupuscules de gauche considérés comme les agents de la propagation du communisme ; et à ce titre, des ennemis dangereux et irréductibles pour les intérêts vitaux américains. Cette politique entraîna de nombreux coups d'Etat dans les pays du continent avec l'implication visible ou cachée de divers services et officines américaines (C. I. A : Central Intelligence Agency, International Telephone and Telegraph). Le plus célèbre étant le coup d'Etat contre Allende au Chili en 197319(*).

Ces régimes dictatoriaux ont pu compter sur le soutien et le consensus bipartisan des différentes administrations états-uniennes pour se maintenir au pouvoir. Tout en étant conscients qu'il s'agissait de régimes répressifs, les dirigeants américains les ont utilisés comme un rempart contre tout enracinement du communisme dans les Amériques.

Truman aurait dit à propos du dictateur Samoza20(*) : « He's a bastard, but heisour bastard »

La fin de la guerre froide (1990) marqua un véritable tournant dans les relations entre les Etats-Unis et le reste du continent. Dès lors que la puissance de l'U. R. R. S eût diminué dans la décennie 1980, la doctrine Monroe et la politique d'endiguement s'amenuisèrent et les Etats-Unis appuyèrent le processus de démocratisation sur le continent (Argentine, Brésil, Paraguay, Guatemala).

En effet, le communisme ne représentait plus une menace pour les Etats Unis. Les régimes dictatoriaux avaient donc perdu leur utilité.

Avec la fin de la Bipolarisation, la doctrine Monroe avait-elle encore un sens, n'était-ce pas selon Francis Fukuyama21(*) « la fin de l'histoire » ?

A travers l'étude des administrations Républicaines (I) et Démocrates (II) de janvier 1989 à janvier 2017, nous démontrerons que la doctrine Monroe n'a pas disparu avec la fin de la guerre froide mais a évolué en différents avatars et malgré une intensité différente selon les présidences, elle guide toujours l'action des Etats-Unis dans la région.

Partie 1
-
ADMINISTRATION REPUBLICAINE : DE l'HYPERPUISSANCE A L'UNILATERALISME.

Chapitre 1 - A l'heure de l'hyperpuissance22(*): le courant hégémoniste, George H. W. Bush. 20 janvier 1989 -20 janvier 1993.

George Bush fût le premier président depuis cinquante ans à devoir adapter la politique étrangère américaine basée sur la bipolarisation à un nouveau contexte mondial. Ainsi l'Amérique devenait l'Hyperpuissance.

Bush lança le nouvel ordre mondial23(*), se rapprocha de la Russie et déclara vouloir se baser sur le droit international et les grandes institutions de coopération.

« Nous nous devons aujourd'hui, en tant que peuple, d'avoir une intention de rendre meilleure la face de la nation et plus douce la face du monde »24(*)

L'administration Bush semblait avec l'initiative pour les Amériques de 1990 avoir une nouvelle approche pour le continent américain.

Cependant, l'invasion du Panamá et l'intensification de la guerre contre la drogue prouvèrent que la doctrine Monroe n'avait pas disparu mais avait évolué. La lutte n'était plus le communisme mais la guerre contre la drogue et la domination économique.

Section 1. De l'hégémonie militaire à l'hégémonie économique.

Depuis une décennie, les Etats Latino-américains souffraient de la crise de la dette.

L'agonie de l'URSS avait bouleversé l'équilibre géopolitique.

Le « containment » de l'ennemi soviétique était désormais derrière et la politique extérieure des Etats-Unis devait être repensée.

Ainsi, l'Amérique Latine devenait un enjeu majeur pour l'économie américaine.

De plus, deux autres facteurs menaçaient la sécurité des Etats-Unis.

Comme évoqué précédemment, la crise économique avait entrainé au sud du Rio Grande une poussée migratoire et l'explosion de consommation de drogues avait déstabilisé la société américaine.

C'est donc dans ce contexte que Bush lança l'initiative pour les Amériques en juin 1990.

§1. L'Initiative pour les Amériques (EAI juin 1990)

L'Union se devait de stabiliser la région et de trouver des débouchés à une économie américaine en stagnation.

La nouvelle stratégie américaine allait donc transformer la doctrine Monroe : primauté à l'approche politico-économique.

Une Amérique latine stable ne pouvait que bénéficier à Washington.

L'initiative Bush (Entreprise for the Americas Initiative (EAI) - Initiative pour les

Amériques) annoncée au cours du sommet des sept pays les plus industrialisés à Houston en juin 1990, ouvrait la perspective d'une zone de libre-échange des Amériques pour les trente-quatre pays du continent. A la différence de l'Alliance pour le progrès, lancée dans les années 1960 par le président Kennedy, l'Initiative pour les Amériques rejetait le schéma classique de coopération nord-sud.

Ainsi, le commerce, le développement des investissements privés et la réduction de la dette constituaient les trois piliers de l'Initiative.

Ce modèle visait à mettre en place des accords de libre-échange et à ouvrir davantage les économies latino-américaines et caribéennes aux multinationales en échange d'une réduction limitée de la dette.

L'un de ses principaux objectifs était de relancer les exportations, des Etats-Unis vers ces régions, qui avaient baissées entre 1982 et 1988 de quelques centre trente milliards de dollars.

« La prospérité dans notre hémisphère dépend du commerce, non de l'aide », avait souligné le président Bush, le 27 juin 1990, en proposant aux pays latino-américains et caribéens une « association authentique pour la réforme du marché libre »

En ce qui concerne le commerce, G. Bush proposa la création d'une zone hémisphérique de libre-échange qui verrait une croissance des échanges commerciaux sur la base de protocoles d'accord (Framework Agreements) précisant les conditions d'un démantèlement progressif des barrières douanières.

Cette Initiative pour les Amériques se concrétisa à partir de février 1991 par le dépôt au Congrès d'un projet de loi « Enterprise for the Americas Initiative Act »

Soucieux de concrétiser cette démarche, l'administration Bush signa un projet de libre-échange avec le Mexique et le Canada. L'A. L. E. N.A (North American Free Trade

Agreement) ou (Tratado de libre comercio de Américadel Norte), définissait une zone de libre-échange de quelques quatre cent cinquante millions d'habitants formée par les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Signé par les dirigeants de ces trois pays, George Bush, Brian Mulroney et Carlos Salinas de Gortari le 7 octobre 1992 à San Antonio cet accord était aussi une réponse à l'Union Européenne et une perspective de débouchés pour l'industrie agro-alimentaire américaine qui perdait des marchés en Europe.

De plus, l'administration Bush espérait que l'exemple du Mexique allait inciter les autres nations à faire de même.

§2. La vision américaine de la démocratie : libéralisation au profit des firmes américaines

Du point de vue américain, la liberté du commerce favorise la prospérité dont découlent la liberté et la paix

La politique étrangère devait être repensée et l'Amérique latine était un enjeu majeur pour l'économie américaine en déclin et privée de marchés par « la forteresse Europe »

La crise de la dette était une opportunité d'appliquer la vision américaine de la démocratie : une démocratie de marché. L'Amérique Latine était la principale source d'exportation d'énergie fossiles et de minerais des Etats-Unis. Avec le consensus de Washington, les Etats-Unis purent appliquer leur nouvelle politique de domination économique.

A. La crise de la dette et le consensus de Washington

L'expression « consensus de Washington » trouva son origine dans un article de l'économiste John Williamson en 1989 qui définît dix recommandations adressées aux pays en voie de développement et notamment aux pays d'Amériques latines en proie à une crise de la dette25(*) .

Le modèle économique sud-américain était dans une impasse ce qui conduisit Williamson à proposer une approche libérale en parfaite adéquation avec la politique américaine.

Cette doctrine libérale comprenait donc les dix propositions suivantes :

· Une discipline budgétaire stricte avec un équilibre des dépenses et des recettes.

· Une réorientation de la dépense publique (vers des secteurs de forts retours économiques sur investissements)

· Une réforme fiscale (élargissement de l'assiette fiscale).

· Une stabilité monétaire : faible inflation, réduction des déficits du marché, contrôle des réserves d'argent.

· L'adoption d'un taux de change unique et compétitif.

· Une libéralisation du commerce extérieur.

· L'élimination des barrières à l'investissement direct à l'étranger.

· Une privatisation des entreprises publiques afin de réduire l'endettement

· Une déréglementation des marchés avec la fin des barrières à l'entrée ou à la sortie.

· Prise en compte des droits de propriété notamment la propriété intellectuelle.

Le Chili lors de la dictature de Pinochet avait mis en place ces préceptes issus de l'école de Chicago de Milton Friedman26(*) qui influencèrent les propositions de Williamson.

Le « Consensus de Washington » désignait donc un accord tacite du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, avec le soutien du Trésor américain, pour n'accorder des aides financières aux pays en développement en difficulté qu'à la condition sine qua non que ceux-ci adoptent des politiques libérales.

L'effondrement du système socialiste et la crise de la dette prouvaient bien aux yeux des américains et des institutions internationales que le libéralisme économique était la seule voie à suivre.

Le développement ne pouvait s'opérer que dans le cadre d'échanges marchands de nature privée et qui plus est dans un marché libéralisé et sans entraves.

L'Argentine et la Colombie suivirent l'exemple du Chili en privatisant voire en bradant leurs entreprises publiques et en dérégulant le marché.

L'Argentine connaîtra une grave crise en 2002 ce qui tend aussi à affirmer que l'ouverture à outrance n'était pas non plus la meilleure solution pour des économies basées sur l'exportation de matières premières.

Ces propositions d'ouverture économique ne sont pas issues d'une concertation mais bien imposées par les Etats Unis. La domination économique a remplacé la domination politique.

Section2. Le retour de l'interventionnisme.

La diplomatie américaine semblait se tourner vers une volonté d'hégémonie économique au début des années 90.

Cependant, l'intensification de la guerre contre la drogue et l'invasion de Panamá montrent bien que la doctrine Monroe était toujours un précepte de la politique étrangère américaine.

§1. La guerre contre la drogue : vassalisation des Etats producteurs de drogue et retour de l'impérialisme américain ?

Trois pays andins, la Bolivie, la Colombie et le Pérou, assuraient la quasi-totalité de l'offre mondiale de cocaïne.

Les cartels colombiens notamment le cartel de Medellin de Pablo Escobar inondaient les Etats-Unis depuis les années 80.

L'administration américaine considérait ce problème comme un facteur pouvant déstabiliser la sécurité intérieure des Etats Unis : En effet, le pays subissait une hausse de la criminalité et de la consommation de produits illicites.

Bush décida d'accentuer l'aide militaire à la Colombie. La Colombie se vît octroyer une aide militaire et financière afin d'éradiquer les cartels et les guérillas27(*). Les bérets verts et la DEA28(*) assistèrent le gouvernement Colombien. C'était aussi un moyen de maintenir la présence et l'hégémonie américaine dans la région (présence de bases américaines).

Une politique de fumigation fût mise en place afin là aussi d'éradiquer la production en Bolivie, au Pérou et en Colombie. La production diminua au prix de graves dommages causés à l'environnement et à la santé humaine.

Ce fût lors de la déclaration de Carthagène le 15 février 1990 que la lutte contre les cartels fût intensifiée. Ainsi, l'ennemi communiste avait été remplacé par les narco-trafiquants.

A. La déclaration de Carthagène29(*)

Comme évoqué précédemment, la Colombie était dans une période de troubles. Les cartels semaient la terreur et le pays sombrait dans le chaos. Les Etats-Unis se devaient d'intervenir en Colombie pour deux raisons. Limiter le flux de drogue vers les Etats-Unis et secourir un allié dans la région. La guérilla et les cartels avaient affaibli les institutions colombiennes et l'administration Bush ne voulait pas d'un état fantôme dans son arrière-cour.

L'approche des Etats-Unis était avant tout coercitive et cette vision fût imposée aux Etats andins.

La déclaration de Carthagène reposait sur deux piliers :

· Le premier pilier était économique : si les pays Andins remettaient en cause l'économie de la drogue en éradiquant les plans de Coca, les Etats-Unis s'engageaient à soutenir la reconversion des « paysans » en débloquant des fonds et en soutenant des programmes sociaux.

La déclaration de Carthagène semblait se soucier de l'impact de l'éradication de la coca dans les pays Andins ou de l'impact écologique des fumigations mais l'histoire a démontré que ce n'était que des intentions. Primauté à l'action militaire et à la coercition. L'agent orange n'a jamais été un produit écologique.

L'ouverture des marchés aux entreprises était encouragée pour ces trois pays.

On voit donc la volonté d'hégémonie voire de vassalisation économique des Etats-Unis à travers ces accords : une aide financière et militaire contre l'application des préceptes américains.

· Le second pilier était coercitif : Les forces de polices, les armées, la justice des trois pays andins s'engageaient à collaborer avec les Etats-Unis afin d'améliorer la lutte contre le trafic de drogue. Dans la pratique, les Etats-Unis allaient installer des bases et déployer la DEA contre les trafiquants. Les armées andines ne seraient que des supplétifs.

Cet accord fût signé par les trois présidents Andins Virgilien Barco Vargas pour la Colombie, Jaime Paz Zamora pour la Bolivie, et Alan Garcia Perez pour le Pérou et le président américain Bush.

Bush déclara qu'avec cet accord, ils avaient créé le premier cartel antidrogue

«We, in fact, created the first antidrug cartel»31(*)

Les Etats Unis ont imposé leur vision de la lutte contre la drogue sans concertation avec les trois pays Andins. Cette forme d'asservissement montre encore que la doctrine n'a pas disparu.

Le président Bush n'avait pas attendu la déclaration de Carthagène pour montrer la volonté américaine dans sa lutte contre la drogue.

Un an auparavant, les Etats-Unis avaient envahi le Panamá pour arrêter le Général Noriega.

§2. Panamá : la dernière intervention militaire sur le continent

Le Panamá a toujours eu une importance essentielle pour les Américains.

A. Panamá : le 51ème Etat ?

Depuis le projet de percement d'un canal reliant l'Atlantique au Pacifique, Panamá ; province de la Colombie ; était devenue une zone essentielle et vitale de la géopolitique américaine.

Panama avec l'appui des Etats Unis fît sécession le 3 novembre 1903 après un conflit de trois ans. Après deux semaines d'indépendance le gouvernement Panaméen signa le traité Hay-Bunau-Varilla32(*) qui offrait la concession perpétuelle du canal contre dix millions de dollars et une rente annuelle de deux cent cinquante mille dollars.

La doctrine Monroe est ici pleinement appliquée : l'emprise américaine sur le canal était un frein à toute tentative d'émancipation. Le Panama était un pays « inféodé ».

Dans les années 70, un mouvement de contestation contre la mainmise américaine mené par le dirigeant panaméen Torrijos apparût.

Des négociations aboutirent, le 7 septembre 1977, aux traités de Torrijos-Carter signés par le président américain Jimmy Carter et OmarTorrijos33(*) : les Etats-Unis rendraient le contrôle complet du canal, qui demeurerait neutre, au Panamá le 31 décembre 1999.

A la mort de Torrijos34(*) dans un accident d'avion en 1981, le général Noriega prît le pouvoir. Cet ancien collaborateur de la Drug Enforcement administration et de la CIA fût avec la fin de la guerre froide « lâché » par les Etats-Unis.

Dans sa guerre contre la drogue, Noriega devînt le nouvel ennemi.

1. l'intervention militaire au Panamá : une libération ?

Sous le prétexte de protéger les intérêts américains (assassinat d'un officier américain et état de guerre contre les Etats-Unis déclaré par Noriega), de rétablir la démocratie et de lutter contre le trafic de drogue, Bush lança l'opération Just Cause.

Depuis la chute du mur en novembre 1989, les Etats-Unis demeuraient la seule Super puissance et n'avaient donc plus à craindre une réaction soviétique.

En décembre 1989 Bush s'adressa à la nation35(*).

Dans son discours à la nation le 20 décembre 1989, Bush justifiait donc l'intervention ou invasion en quatre points :

· La sauvegarde de la vie des citoyens des États-Unis au Panamá. Dans sa déclaration, Bush fît valoir que Noriega avait déclaré que l'état de guerre existait entre les États-Unis et le Panamá. Celui-ci avait également menacé la vie des quelque trente-cinq mille citoyens américains qui y vivaient. Il indiqua aussi qu'il y avait eu de nombreux incidents entre les États-Unis et les forces de Panamá, un marine américain avait été tué quelques jours plus tôt, et que plusieurs incidents de harcèlement de citoyens américains avaient eu lieu.

· La défense de la démocratie et les droits de l'homme au Panamá.

· Lutte contre le trafic de drogue. Panamá étant devenu un pôle du blanchiment d'argent de la drogue et un point de transit pour le trafic de drogue aux États-Unis et en Europe.

· Protection de l'intégrité des traités de Torrijos-Carter : Noriega menaçait la neutralité du canal.

Ainsi le 20 décembre 1989, neuf mille soldats appuyés par les douze mille soldats présents au Panamá lancèrent l'opération « Just cause. »

Le 3 janvier Noriega fût arrêté par la DEA et extradé aux Etats-Unis. Cette opération entraîna la mort de vingt-cinq soldats américains et de milliers de civils.

2. L'intervention militaire au Panamá : une invasion ?

Le point de vue de « l'invasion » de Panamá par Howard Zinn ne reflète pas l'argumentation de Bush.

« A son arrivée au pouvoir en 1989, Bush ne fût pas satisfait par la nouvelle attitude du dictateur du panama, le général Manuel Noriega. Le régime de Noriega était corrompu, brutal, autoritaire, toutes « qualités » qui n'avaient pas dérangé le président Reagan ni son vice-président George Bush tant que Noriega était resté utile aux Etats unis. Il avait coopéré avec la CIA dans bien des domaines. En particulier, nous l'avons dit, lors des opérations des Contras contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua. Rappelons également que Bush, lorsqu'il était directeur de la CIA entre 1976 et 1977, avait protégé le général Noriega.

Quoi qu'il en soit, en 1987, Noriega avait perdu toute utilité et ses activités dans le commerce de la drogue éclataient au grand jour. Il devint une cible parfaite pour une administration soucieuse de prouver que les Etats-Unis, apparemment incapables de détruire le régime castriste à Cuba ou les sandinistes au Nicaragua, n'en gardaient pas moins la main sur l'Amérique centrale et les Antilles.

Sous prétexte de traîner Noriega devant les tribunaux pour trafic de drogue et de protéger quelques citoyens américains (un militaire et sa femme avait été menacés par les soldats panaméens), vingt-six mille soldats américains envahirent Panama en décembre 1989.La victoire fut rapide. Noriega fut capturé et ramené en Floride pour y être jugé. Au cours de l'invasion, la banlieue de Panamá city fut bombardée et plusieurs centaines de civils, peut-être des milliers, trouvèrent la mort.

Quatorze mille panaméens se retrouvèrent sans abri. Un gouvernement plus loyal vis-à-vis des Etats -Unis fût instauré »37(*)

Cette vision certes orientée montre bien que quand les intérêts vitaux sont menacés (ici le canal), la doctrine Monroe et ses corollaires sont toujours appliquées.

Noriega, ancien agent de la CIA, était certes un dictateur mais l'intervention s'est faite non pas pour rétablir la démocratie mais reprendre la main sur une zone stratégique de l'Amérique centrale, le canal de Panama, et pour l'administration Bush, obtenir une victoire symbolique sur la guerre contre la drogue. D'un point de vue légaliste, l'opération « Just Cause » n'était pas légale38(*).

Panamá sera la dernière intervention armée des Etats-Unis sur le continent jusqu'à aujourd'hui.

Bush perdra les élections contre Bill Clinton en 1992.Les deux guerres menées par Bush n'auront pas fait oublier les difficultés de l'économie Américaine.

Après huit ans d'administration Démocrate, George Walker Bush arriva au pouvoir.

Chapitre 2 - L'unilatéralisme, George W. Bush -20 janvier 2001- 20 janvier 2009.

 « Si je suis élu président, je regarderai vers le Sud, et pas seulement de temps en temps, en passant. Ce sera un engagement fondamental de ma présidence », promet le candidat George W. Bush, le 25 août 2000 à Miami, lors d'une allocution entièrement consacrée aux Amériques.

Section 1. Une diminution de l'influence Américaine ?

Au départ Bush se revendiquait du courant isolationniste modéré mais le 11 septembre changea la donne et laissa le champ libre aux « faucons » tels que Donald Rumsfeld, Ministre de la défense et Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint à la Défense.

Le politiste Pierre Hassner parle de « Wilsonien botté ».39(*)

Le 11 septembre avait permis aux faucons, formés dans le contexte de la guerre froide, de relancer la course à la supériorité et à la puissance, ce qui ne se justifiait plus dans les années 90. Ils cherchaient à façonner le monde selon les valeurs américaines : instaurer la démocratie par la force. Ils déclenchèrent deux guerres en Afghanistan en réponse au 11 septembre et en Irak pour renverser Saddam Hussein. Cette dernière a été menée en toute impunité et sans respect du droit international.

La guerre contre la terreur et l'axe du mal40(*) allaient devenir les leitmotivs de l'administration Bush.

 

Selon le Sénateur Kerry, l'administration Bush a mené « la politique étrangère la plus inepte, la plus arrogante et la plus idéologique de l'histoire moderne »41(*)

Nonobstant, la partialité du Sénateur Kerry pour des raisons politiques, l'administration Bush du fait du 11 septembre se détourna en partie du continent américain.

On assista durant une décennie à l'émergence de gouvernements socialistes et anti capitalistes ainsi qu'à l'érosion de l'influence américaine.

Toutefois, le fameux « axe du mal » était lui aussi présent en Amérique par l'intermédiaire des narco trafiquants et Bush amplifia la guerre contre la drogue avec le durcissement du plan Colombie. Cette politique agressive allait elle réveiller la vieille doctrine ?

§1. L'émancipation de l'Amérique latine.

La décennie 2000-2010 vît l'affirmation et l'émancipation de pays majeurs de la zone andine. Le rejet du libéralisme de la décennie 90 entraîna l'émergence de gouvernement de gauche tels ceux de Chavez, Correa, Morales et Lula.

A. Le Venezuela.

En 1999 au Venezuela, Hugo Chavez accéda au pouvoir par les urnes. Ce dernier était farouchement anti-impérialiste et grâce à la manne des hydrocarbures définît une diplomatie pétrolière visant à accroître son autonomie et celle des pays qui bénéficiaient de ses livraisons à prix concurrentiels.

Chavez rebaptisa le nom du pays en République Bolivarienne42(*) et prôna le socialisme comme dogme économique.

L'administration Clinton contrairement à l'époque de la Bipolarisation se montra assez indifférente à l'égard du Venezuela.

Cependant, l'arrivée à la Maison-Blanche de George W. Bush en 2000 modifia durablement les relations qu'entretenaient ces deux pays. Effectivement, le fait qu'Hugo Chavez fût idéologiquement proche de Fidel Castro inquiéta les Etats-Unis. Par ailleurs, Hugo Chavez n'hésita pas à critiquer les bombardements américains en Afghanistan, consécutifs aux attentats du 11 septembre 2001.

Egalement, sur le plan économique, la peur de perdre l'accès au pétrole vénézuélien, dont la production était destinée en premier lieu à l'économie américaine, poussa l'administration Bush à entamer une guerre économique contre la république Bolivarienne.

La riposte n'était pas militaire mais bien économique.

La doctrine Monroe n'était pas, lors du premier mandat de Bush, une priorité. D'ailleurs la tentative coup d'état de l'opposition en 200243(*) fût reconnue par les Etats-Unis mais pas appuyée.

Chavez entendait exporter sa révolution bolivarienne et unifier l'Amérique latine.

D'un point de vue économique, Chavez s'opposant au libre échangisme américain, proposa la création de L'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique - Traité de commerce des Peuples.44(*)

L'objectif revendiqué était avant tout politique : il s'agissait de former un bloc régional hostile aux logiques néolibérales. D'un point de vue économique, plutôt que le libre-échange, l'Alba promouvait une intense coopération dans divers domaines. Pour s'affranchir du dollar dans les échanges entre ses membres, l'ALBA créa le SUCRE en 2009, système monétaire de compensation (sur le modèle de l'ex ECU européen), dont l'utilisation reste mitigée. Parallèlement, le Venezuela  continua de vendre son pétrole à des tarifs subventionnés aux pays amis à travers, par exemple, l'organisation Petrocaribe45(*) qu'il avait créée avec dix-huit pays caribéens.

Le Venezuela était donc le chef de fil de l'opposition aux Etats-Unis et grâce au cours du pétrole élevé, pouvait mener une politique agressive vis-à-vis de l'administration Bush.

De plus, Chavez dénonçait la tradition de forte présence et d'influence dans la région andine des Etats-Unis. En effet, les différentes administrationsaméricaines avaient par le passé et le contexte de la guerre froide exercé une ingérence politique par l'intermédiaire de nombreuses firmes ou agences (DEA, CIA, SHELL), La doctrine Monroe et ses corollaires étaient à l'origine d'une rancoeur dans la région.

Le Venezuela ne fût pas le seul Etat à s'émanciper de l'influence Etats-Unienne. L'équateur de Correa et la Bolivie de Morales franchirent à leur tour le « Rubicon ».

B.L'Equateur.

Rafael Correa arriva au pouvoir le 15 janvier 2007.Cet économiste était opposé aux politiques d'austérité et grâce là aussi aux revenus du pétrole, celui-ci lança une politique de relance par une réhabilitation des infrastructures et une augmentation du salaire minimum.

De surcroît,Il entendait redonner le « pouvoir au peuple », qui approuva en 2008 la rédaction d'une nouvelle constitution46(*).

Durant sa présidence, Il refuse systématiquement les programmes d'ajustement structurel (mesures d'austérité) imposés par le FMI.

La grande mesure de sa présidence fût l'audit de la dette publique équatorienne. Il créa en 2007 la commission pour l'audit intégral de l'endettement public, qui jugea illégitime la totalité de la dette publique. Le président Correa refusa alors d'en payer la majeure partie, ce qui vaudrait à l'Equateur de ne plus pouvoir avoir recours au marché international, et de se replier sur des financements plus régionaux, notamment à travers la banque du Sud47(*).

Correa appliquait le programme que n'avait jamais pu faire Allende : un socialisme progressiste.

Son refus de renouveler la concession de la base antidrogue de Manta montrait la perte d'influence des Etats-Unis et sa défiance vis-à-vis de l'administration Bush puis Obama.

Sylvain48(*) Biville49(*) illustre bien l'importance des répercussions engendrées par cette décision. Les Etats-Unis allaient devoir redéfinir leur stratégie dans la guerre contre la drogue.

La Colombie restait le seul allié des Etats-Unis dans la région Andine.

La géopolitique latino-américaine avait changé en une décennie. Un bloc hostile aux Etats-Unis, mené par le Venezuela, l'équateur et la Bolivie remettait ouvertement en cause l'hégémonie politique et économique des Etats-Unis.

C. La Bolivie

nationalisation 

Evo Morales devînt président le 22 janvier 2006. Le  1er mai  2006, le président annonça par décret la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours.

L'objectif était que 82 % des revenus des hydrocarbures soient réservés à l'Etat. De plus, comme Correa, il augmenta le salaire minimum et lança une grande campagne d'alphabétisation.

Morales se dressa contre la politique américaine de lutte contre la drogue.

Il pensait que sous couvert de cette lutte, les Etats-Unis installaient des bases en Amérique latine pour asseoir leur hégémonie. Morales autorisa la culture de la coca 50(*)et décida de se passer de l'aide des Etats-Unis en matière de lutte contre la production de cocaïne.

L'administration Bush se contentera de soutenir et de peut-être financer51(*) les velléités séparatistes des provinces de l'Est. En d'autres temps, le gouvernement Morales aurait été renversé mais l'administration Bush était engluée en Irak et en Afghanistan. La stratégie était la même que pour le Venezuela : isoler diplomatiquement le pays et mener une guerre économique.

En 2008 l'Est du pays riche en minerais et gaz tenta de faire sécession. L'administration Bush soutînt timidement cette tentative. A la différence de la guerre froide qui avait laissé très peu de chance à Allende et sa transition vers un socialisme « doux », Morales sortît renforcé par cette crise. La priorité n'était plus l'Amérique latine.

Lamia Oualalou52(*) illustre parfaitement la division du pays en deux entités antagonistes53(*).

Morales avec l'appui du Brésil et du Venezuela surmonta le conflit. L'intervention de puissances régionales indique la baisse d'influence américaine.

Le  10 septembre  2008, le président Morales expulsa l'ambassadeur des États-Unis  Philip Goldberg qu'il accusait d'alimenter le séparatisme en Bolivie.

Le  1er novembre  2008, il rompît sa collaboration avec la Drug Enforcement, l'accusant d'espionner le gouvernement.

L'administration Bush en représailles demanda au Congrès de retirer à la Bolivie le bénéfice de l' Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act54(*) , décision qui affecta l'économie bolivienne.

L'émergence de puissances régionales d'obédience socialiste est une des caractéristiques de la présidence Bush. Les attentats du 11 septembre 2001 ont engendré un mouvement de repli sur soi et de durcissement de la politique migratoire des États-Unis.

§2. Retour à une politique isolationniste

La ratification du Secure Fence Act traduit bien l'esprit de retrait des Etats-Unis de l'après 11 septembre.

A. Le Secure Fence Act

Le problème migratoire était perçu comme un danger pour l'administration Républicaine. Le Secure Fence Act traduisait une volonté isolationniste et un traitement dur du problème migratoire.

Le 26 octobre 2006 Bush, signa la loi sur la sécurité des clôtures en déclarant : « Ce projet de loi aidera à protéger le peuple américain. Ce projet de loi rendra nos frontières plus sécurisées. C'est une étape importante vers la réforme de l'immigration. »55(*)

Cette loi fût également votée par Obama et Hilary Clinton. En matière de politique étrangère, les deux partis se rejoignent.

Cette loi prévoyait la construction d'une barrière longue de mille cent kilomètres pour séparer les Etats-Unis du Mexique. Le but était de lutter contre l'immigration clandestine, le trafic de drogue et le terrorisme.

Le problème de l'immigration clandestine le long de la frontière américano-mexicaine remonte à 1965 et à la suppression des autorisations de travail temporaire pour les paysans mexicains. Cette suppression changea la donne et fît croître le nombre de migrants illégaux. Emergea alors la question de l'immigration clandestine et avec elle, les mesures mises en place par les Etats-Unis pour tenter de la freiner.

Dans les années 1980-1990, le nombre d'immigrants en provenance du Mexique augmenta nettement aux Etats-Unis ; par exemple, en 1992 le nombre de clandestins arrêtés et emprisonnés s'éleva à un million. Si bien qu'à la fin des années 1980, le contrôle frontalier s'accentua encore par la construction de pans de mur en tôles métalliques.

Georges Bush en tant qu'ancien gouverneur du Texas, connaissait l'importance grandissante de la communauté hispanique aux Etats-Unis (la population hispanique présente sur le sol américain en 2006 était de quarante-trois millions d'individus, dont 65,5 % de Mexicains.) et envisageait une ouverture plus importante des flux migratoires en provenance du Mexique. Mais les évènements terroristes du onze septembres survinrent et la politique d'ouverture vers l'Amérique latine fût reconsidérée.

La Fence Act suscita des réactions virulentes de la part de l'ensemble de l'Amérique latine et même de la Colombie et du Chili ses plus fidèles alliés.

Ainsi lors du sommet Ibéro-américain du 3 novembre 2006 à Montevideo, les vingt-deux ministres des affaires étrangères déclarèrent :

«Convinced that cooperation and dialogue should prevail in order to find just and balanced solutions to the phenomenon of international migration, the heads of state and governments of the Ibero-American countries consider that constructing walls is a practice that is incompatible with friendly relations and cooperation among states. The construction of walls doesn't stop undocumented migration nor the trafficking of migrants... it incites discrimination and xenophobia and favors the formation of trafficking groups that endanger people... We express our profound concern at the decision adopted by the United States government to build a wall on its border with Mexico, which constitutes a unilateral measure contrary to the spirit of understanding that ought to characterize attention to common problems between neighboring countries...» 56(*)

Michelle Bachelet n'approuvait pas cette loi

"As a country, we join in the serious questioning of the construction of walls to address migration" Chilean President Michelle Bachelet 57(*)

«President Bachelet Attends 16th

Ibero-American Leaders' Summit, Presidency of the Republic of Chile.

Même le plus fidèle allié désapprouvait cette politique.

«When my generation was studying at university, we felt sad that it seemed unthinkable that the Berlin Wall would fall, and when it fell we were very happy; at that moment, we thought that the world would never again have these walls»

La réaction la plus virulente fût celle du président Calderon.

«It is a deplorable decision by the Congress and the United States to go forward with the decision

to build a wall. Nothing is solved by this»

Devant l'isolationnisme américain, le Brésil devînt une puissance régionale sous l'égide de LuizInácio Lula da Silva.

B. L'émergence du Brésil

Le Brésil ne cachait pas ses ambitions et aspirait à devenir une puissance régionale et internationale. Conscient de ses atouts (ressources naturelles et système institutionnel stabilisé), il mettait en avant ses attributs de puissance.

Sa volonté d'acquérir une place au Conseil de sécurité des Nations Unies et la mise à jour de sa doctrine nationale de dissuasion, destinée à renforcer son industrie de défense et à renouveler l'équipement de son armée témoignaient de cette volonté.

Stuart Grudgings étaye parfaitement cette montée en puissance.

« L'attribution, vendredi 2 octobre, des Jeux olympiques d'été 2016 à Rio de Janeiro consacre la rapide montée en puissance du Brésil. Tout comme les JO 2008 de Pékin marquaient l'entrée de la Chine sur la scène internationale en tant que puissance mondiale, ceux de 2016 à Rio sont le symbole de l'émergence du Brésil sous la houlette de Luiz Inacio Lula da Silva, premier président du pays issu de la classe ouvrière. Son arrivée au pouvoir, en 2002, a coïncidé avec le début d'un boom économique qui a sorti des millions de ses concitoyens de la pauvreté et a fait de lui l'un des chefs d'Etat les plus populaires au monde. La crise financière mondiale n'a pas réussi à renverser longtemps la tendance et l'économie brésilienne est sortie rapidement de la récession pour renouer cette année avec la croissance. »58(*)

Alain Rouqué souligne le potentiel économique du Brésil.

« Aucun pays sur le sous-continent Amérique du Sud n'a les capacités, les moyens, la richesse du Brésil. Fort de ses 8,5 millions de kilomètres carrés et de ses 190 millions d'habitants, le Brésil est à la fois un grand producteur de produits agricoles et un pays industrialisé. Le premier exportateur du Brésil est Embraer, quatrième avionneur mondial. Évidemment, le Brésil est premier pour le jus d'orange, premier pour le café et dans maints autres domaines. Il est très difficile à d'autres pays d'Amérique du sud de rivaliser avec ce pays qui représente 50% du PIB de l'Amérique du sud. Le PIB de São Paulo est à peu près égal au PIB de l'Argentine ! L'Argentine a d'autres capacités, dans le domaine intellectuel, dans le domaine de la formation des élites, mais il est très difficile d'équilibrer le poids du Brésil »59(*).

Le sociologue Laurent Delcourt souligne l'émergence de son rôle de leader régional et son émancipation vis-à-vis des entre Etats-Unis.

« Fort de son rôle de leader en Amérique latine, considéré comme « naturel », le Brésil de Lula se posera enfin en garant de l'unité régionale, de l'intégrité territoriale et de la démocratie. Aussi, relancera-t-il le processus d'intégration régionale (Mercosur), jouera-t-il le rôle d'arbitre dans plusieurs pays de la région (Venezuela, Bolivie) en proie à des conflits internes, et condamnera-t-il de manière virulente le coup d'Etat du 28 juin 2009 au Honduras, quitte à entamer un bras de fer avec Washington, tout ceci en dépit d'un principe jusqu'alors sacré de non intervention de sa politique extérieure. Malgré d'inévitables tensions et la méfiance de ses voisins, lesquels le soupçonnent de poursuivre un projet de domination, le Brésil de Lula s'est finalement révélé être un allié de poids pour les autres régimes de gauche latino-américains. » 60(*)

Le Brésil de Lula n'était plus le relais de la puissance américaine en Amérique du Sud mais un acteur émergeant dans la diplomatie mondiale (coopération avec l'Inde, l'Afrique du Sud et relations avec l'Iran).

Mais, en dépit de ses récents succès économiques, le pays demeurait fragile économiquement car les inégalités sociales persistaient. La crise Argentine de 2002 reflète là aussi le peu d'intérêt pour la région de l'administration Bush.

C. L'abandon de l'Argentine.

En appliquant à l'extrême et sans véritable fil conducteur une politique ultra libérale, l'Argentine fît faillite en 2002.Les États-Unis n'intervinrent pas et le FMI prît le relais61(*).

L'Argentine était pourtant un fidèle allié dans la région. Instaurer par la force la démocratie en Irak et en Afghanistan était beaucoup plus important que de sauver un allié.

La « dynastie Kirchner » n'oublia pas et l'Argentine se détourna pour un temps de l'influence américaine et refusa de rembourser les prêteurs américains.

La crise argentine amena le FMI à reconsidérer le bien fondé des politiques économiques ultra libérales.

La politique étrangère américaine était donc tournée vers le Moyen Orient ce qui explique le faible intérêt de l'Administration Bush pour l'Amérique latine.

Toutefois, la présence Américaine demeurait grâce à la « guerre contre la drogue » et la fin du second mandat de Bush vît un regain d'intérêt pour la région.

Section 2. Un interventionnisme modéré

La Colombie en collaborant avec les Etats-Unis dans la guerre contre la drogue était considérée comme une interface américaine dans la région par les « Chavo-Bolivaristes ». L'annonce de la fermeture prochaine de la base de Manta en novembre 2009 obligea l'administration Bush à planifier un redéploiement en Colombie (l'administration Obama validera le projet.)

L'arrivée au pouvoir d'Uribe en 2002 permît de trouver un allié de circonstance contre l'Union Bolivarienne.

§1. Le durcissement du plan Colombie.

Initialement prévu pour lutter contre le trafic de drogue, Georges Bush demanda au Congrès de renouveler le plan Colombie62(*)et d'étendre le plan à la lutte contre la guérilla et le terrorisme. La présence américaine passa de huit cents à mille quatre cents militaires et civils.Bush appuya le plan Patriota63(*) d'Alvaro Uribe en envoyant cent conseillers militaires.

Dans un discours proféré le 13 juin 2002, le sénateur américain John McCain établissait clairement le rapport entre trafic de drogues et terrorisme comme un élément clé dans les futures politiques des États-Unis en Colombie. 

« American policy has dispensed with the illusion that the Colombian government is fighting two separate wars, one against drug trafficking and another against domestic terrorists. The democratic government of Colombia has long insisted that it is the nexus of terrorists involved in the drug trade that threatens Colombian society. American policy now recognizes that reality, and abandons any fictional distinctions between counter-narcotic and counter-insurgency operations».

Après le 11 septembre l'administration Bush qualifiait la guérilla colombienne et les narco trafiquants de terroristes. La définition du Terrorisme était avec l'administration Bush devenue « unilatérale », un fourretout sémantique.

Malgré des millions de déplacés, une pollution des sols due à la fumigation des plans de coca, Uribe affaiblît considérablement la guérilla et les trafiquants.

Le problème allait se déplacer au Mexique avec des ramifications entre les cartels colombiens et les cartels mexicains.

D'un point de vue politique, Uribe en acceptant d'être inféodé à l'administration Bush ramena un semblant de paix dans le pays après quarante ans de guerre.

L'article du monde illustre parfaitement la victoire politique d'Uribe64(*).

Sous les mandats de George Bush l'hégémonie économique n'était plus la priorité. Seule la lutte contre les narco-trafiquants, assimilés à des terroristes, importait. L'idéologie des terroristes et des narco-trafiquants n'est pourtant pas la même.

En 2004 l'administration Bush et la France intervinrent en Haïti. Ce fût la seule fois que l'administration Bush intervînt directement en Amérique. Paradoxalement, cette intervention n'était pas unilatérale mais sous couvert des Institutions Internationales.

§2. La situation en Haïti

En 1991, le Président Aristide avait été chassé par un coup d'Etat. L'administration Clinton rétablît Aristide au pouvoir en 199665(*).

En 2004 le pays, en proie à une énième crise économique, était au bord de la guerre civile.

Haïti n'avait pas d'importance économique ou stratégique.

Toutefois, une opération militaire afin de restaurer la paix restaurerait l'image des Etats-Unis. Une image sérieusement écornée par la guerre en Irak.

En s'adressant aux Nations-Unies, Bush s'efforça de donner un nouveau signal. Les Etats-Unis ne tournaient plus le dos aux instances internationales.

Ainsi, en menaçant d'intervenir et avec le concours de la France, Bush obtînt le départ d'Aristide66(*).

Sous couvert d'une opération de paix, Bush a appliqué la doctrine Monroe en menaçant Aristide d'une intervention militaire. Toutefois, l'intervention Française, contraire aux principes de la doctrine, montre bien le peu d'importance d'Haïti aux yeux de Bush.

Lors de l'invasion de l'Irak, Bush avait fait fi des résolutions de l'O. N. U mais s'agissant d'un petit pays pauvre sans grande importance aux yeux de son administration, le droit international fût respecté.

A la fin de son second mandat, Bush semblait se soucier un peu plus de l'Amérique Latine.

En rétablissant la IV flotte et en signant le plan Merida, les Etats-Unis voulaient réaffirmer à leurs ennemis (Chavez, les cartels Mexicains) qu'ils étaient toujours là.

§3. Le redéploiement de la IV67(*) flotte et le plan Merida : vers un retour de la présence américaine ?

A. Le redéploiement de la IV flotte.

Le 24 avril 2008, le chef des opérations navales, l' amiral Gary Roughead annonça le rétablissement de la IV flotte.

Dans sa lutte globale contre la terreur et sa conception élargie du terrorisme (terroristes et cartels sont traités de la même manière), Bush et son état-major prétendaient que ce redéploiement avait une importance stratégique vitale. Ainsi l'amiral Gary Roughead, chef des opérations navales du Pentagone, déclara : « En rétablissant la IVe Flotte, nous reconnaissons l'immense importance de la sécurité maritime dans cette région »68(*).

Ce redéploiement était un message très clair au Venezuela et à tous les Etats hostiles aux USA. On peut donc y voir un retour de la doctrine Monroe et la politique du « big stick » chère au président Roosevelt.

Les relations avec le Venezuela se dégradèrent fortement. Chavez déclara
«el envío de la Cuarta Flota a patrullar las aguaslatinoamericanas es unaamenaza »69(*)

Et ajouta que la question du pétrole en était sans doute la cause.

Il ajouta que «no tienedudas de que se trata de unaamenaza, y señaló que una de las razones para ellosería la granreservapetrolera de Venezuela.70(*) »

Le soutien au gouvernement Uribe avait permis un affaiblissement des cartels et des Guérillas en Colombie ainsi qu'une baisse de la production de coca.

Cependant, les cartels Mexicains avaient pris le relais et le problème s'était donc déplacé plus au nord, aux portes des Etats-Unis.

Le Mexique sous les présidences de Vicente Calderon et de Vicente Fox (2006-2012) mena une guerre sanglante contre les cartels.
Le président Calderon puis son successeur Fox mobilisèrent très fortement l'armée, la marine et les forces de police. En 2009, trente-six mille militaires et policiers, dont huit mille cinq cents dans la seule ville de Juarez71(*), luttaient contre environ cent mille membres des cartels de la drogue mexicains et leurs unités paramilitaires. Au Mexique, au total, environ soixante mille personnes moururent à causes des cartels (exécutions, affrontements entre bandes rivales) Un climat d'insécurité globale régnait au Mexique. Le pays était parmi l'un des plus violents au monde.

C'est dans ce contexte que fût établi le plan Merida.

B. L'initiative de Mérida.

Cet accord signé entre le président Calderon et Bush en 2008 avait pour but de renforcer l'aide financière et militaire au Mexique dans sa lutte contre les narcotrafiquants. La majorité des fonds accordés visaient à moderniser les forces militaires engagées dans les opérations contre le trafic de stupéfiants et les cartels.

Contrairement à la Colombie, le Mexique a une frontière terrestre avec les Etats-Unis. La sécurité intérieure était menacée car les cartels opéraient aux Etats-Unis.

Les détails du plan étaient détaillés sur le site officiel du gouvernement Américain 72(*) . On peut le résumer en quatre points :

· Renforcer la surveillance des frontières terrestres et maritimes : Quatre avions de surveillance, évalués à cinquante millions de dollars chacun, pour la surveillance des eaux territoriales ; Entraînement d'environ trois cents chiens pour la recherche de drogues ; Développement de système de surveillance des frontières ; Système électronique pour mieux sécuriser la frontière et permettre la détection de voitures volées.

· Moderniser le système judiciaire et pénitentiaire mexicain : Inauguration de l'académie nationale d'administration pénitentiaire ; huit millions investis dans un système de recherches d'antécédents judiciaires, pour lutter contre la corruption et «construire des institutions fiables».

· Sensibiliser la population à la lutte contre la drogue et ses méfaits : Développement d'un cours de «Culture de la légalité» dans l'enseignement secondaire. Huit cent mille huit élèves ont été concernés jusqu'à maintenant. Développement de tribunaux spécialisés dans le traitement de personnes dépendantes des drogues.

Ce plan Colombie bis n'était pas désintéressé pour les raisons évoquées précédemment. Le Mexique devenait encore plus dépendant des fondsaméricains et comme laColombie, onpeut affirmer qu'il devenait le vassal de l'administration Bush. L'influencedes cartelsdiminua au prix de terribles pertes au Mexique73(*) mais ils n'ont pas disparu et se sont réorganisés. L'approche uniquement sécuritaire est peut-être à réévaluer74(*).

Sans les attentats du 11 septembre 2001, l'administration Bush aurait accordé une plus grande importance à l'Amérique Latine. Il aurait lutté avec plus grande vigueur contre la montée de gouvernements anti-impérialistes qui remettaient en cause le libéralisme et l'hégémonie américaine. Sous les deux mandats de Bush, la guerre contre la drogue assimilée à la guerre contre le terrorisme pourrait rappeler la présence américaine.

Quand Obama arriva au pouvoir, l'influence américaine avait diminué politiquement et économiquement en Amérique latine.

Les présidences Bush ont pour point commun d'avoir mené deux guerres.

Concernant la doctrine Monroe, il n'y a pas de point commun. Bush Senior en intervenant militairement au Panamá et en faisant évoluer la doctrine vers une politique d'hégémonie économique a démontré que Monroe était toujours une pierre angulaire de la diplomatie américaine.

George Bush se détourna jusqu'en 2008 des affaires américaines. L'ascendance des cartels mexicains et la véhémence d'Hugo Chavez et l'importance stratégique du pétrole vénézuélien obligèrent Bush à remettre l'Amérique latine au centre de l'échiquier.

George Bush Senior initia la mutation de la doctrine Monroe. L'Hégémonie économique devenait l'objectif prioritaire.

L'opération Just Cause rappela tout de même à tout le continent que la doctrine Monroe était toujours présente.

Georges Bush junior délaissa lors de son premier mandat l'Amérique latine. La doctrine n'avait pas pour autant disparu comme le montre l'implication de l'administration Bush dans la guerre contre la drogue et le retour lors du second mandat d'une politique économique agressive.

L'administration Démocrate allait-elle suivre la même politique ou prendre une voie différente ?

Partie 2
-
L'ADMINISTRATION DEMOCRATE : CONSENSUS BIPARTISAN OU NOUVELLE STRATEGIE POUR L'AMERIQUE ?

L'image de Bill Clinton et de Barack Obama était bien meilleure que celles des présidents Bush à leur arrivée au pouvoir.

Il est vrai qu'ils succédaient à des présidents bellicistes ayant mené deux guerres et faisant fi des institutions internationales.

Allaient-ils mener une politique extérieure différente vis-à-vis des pays d'Amérique latine ?

L'espoir était donc de mise mais les administrations démocrates appliquèrent in fine la même politique que leurs prédécesseurs républicains à l'égard de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Richard Hofstader75(*) décrivait le peu de différences idéologiques entre les Républicains et les Démocrates dans son livre « The American Political Tradition » :

« La position adoptée par les différents candidats s'est toujours limitée à l'horizon défini par les notions de propriété et d'entreprise. Ils acceptaient l'idée que les vertus économiques de la culture capitaliste étaient inhérentes à la nature humaine. Et cette culture a toujours été fondamentalement nationaliste. »

Howard Zinn en se référant à Hofstader parle de consensus bipartisan pour décrire la politique extérieure américaine : « le pouvoir politique a beau basculer des républicains vers les démocrates et vice versa, aucun des deux partis ne semblent en mesure de dépasser cet horizon »76(*)

Clinton poursuivît la politique d'hégémonie économique initiée par Bush : expansion de la « démocratie de marché » sur le continent et continuité du « tout militaire » dans la guerre contre la drogue.

Obama semblait dans un premier temps proposer une autre politique vis-à-vis de l'Amérique Latine mais l'accord sur les bases colombiennes et la gestion de la guerre des cartels mexicains refroidît cet espoir.

Chapitre 1 - De la « Démocratie en Amérique 77(*)» ?

William Clinton- 20 janvier 1993 -20 janvier 2001.

Bill Clinton fût élu en novembre 1992.Quelle serait sa politique étrangère et notamment sa position vis-à-vis de l'Amérique dans un monde multipolaire ?

La chute de l'Union soviétique et les incertitudes de l'après-guerre froide produisirent un certain nombre de crises politiques que Clinton en tant que chef d'Etat dû gérer (Rwanda, Haïti, Yougoslavie).

Clinton promît le changement mais en l'espace de deux mandats, mena plus ou moins la même politique que Bush : patriotisme économique et propagation de la « démocratie » afin de gagner de nouveaux marchés pour les entreprises américaines.

« La politique étrangère de Clinton obéissait globalement au consensus bipartisan classique qui consiste à maintenir des relations amicales et des liens commerciaux rentables avec les gouvernements au pouvoir, quels qu'ils soient et quelle que soit leur attitude à l'égard des droits de l'homme »78(*)

Cette vision cynique d'Howard Zinn ; que l'on peut appliquer à de nombreux gouvernements ; s'est-elle vérifiée ?

Section 1. La continuité de l'impérialisme économique de l'administration Bush.

La primauté économique était désormais la nouvelle forme de la doctrine Monroe. Le leitmotiv du « libre-échange » était au coeur de la politique de l'administration Clinton.

§1. Imposer le modèle libéral et la « démocratie »

L'effondrement des économies socialistes à la fin des années 80 était la preuve irréfutable aux yeux des américains que l'économie libérale était le seul chemin à suivre pour les pays en voie de développement.

A. La doctrine Clinton :

La doctrine de l'« enlargement » (élargissement) consistait à étendre les démocraties de marché, le libre-échange et la vision occidentale du commerce.

Le second point était de maintenir la paix et les alliances internationales pour intervenir dans les crises sans trop de coûts pour les Etats-Unis.

La vision de Clinton, était que les Etats-Unis devaient garder leur rôle de gendarme du monde tout en promouvant les droits de l'homme et l'économie de marché.

1. Les Etats Unis comme une entreprise à protéger : la doctrine Monroe devient économique.

L'administration Clinton s'efforça d'imposer le libre-échange sur tout le continent.

Lors des différents National Security Council79(*) entre 1994 et 1996 Clinton et Anthony Late définirent leur vision du monde : « Sans notre leadership et notre engagement à l'extérieur, les menaces vont empirer et nos opportunités se réduire. Pour tous les risques qu'il comporte, ce nouveau monde nous offre une chance immense, la chance d'adapter et de construire des institutions globales qui aideront à assurer la sécurité » et à fortifier la croissance économique pour l'Amérique et le monde »

Clinton définît la nouvelle approche américaine initiée par Bush : démocratie de marché et des institutions internationales aux ordres de Washington (FMI, Banque mondiale)

« Promouvoir la démocratie fait plus que satisfaire nos idéaux. Cela avance nos intérêts, parce que nous savons que, plus les démocraties sont nombreuses, meilleure est notre situation, et celle de la communauté internationale. Les démocraties créent des marchés libres qui multiplient les opportunités économiques. »80(*)

Dans les années 70 et 80, les dictatures favorisaient les intérêts américains. En 1994, la démocratie sur le Continent devait être la nouvelle norme. Clinton ne parlait pas des droits de l'homme mais des opportunités économiques pour les Etats-Unis. L'impérialisme militaire était devenu un impérialisme économique.

Les Etats américains devaient ouvrir leur marché. Le libéralisme économique avait triomphé mais les problèmes structurels de pauvreté inhérents à l'Amérique Latine ne furent jamais traités. L'enrichissement ne profita qu'à une élite. Ce qui expliquera la montée en puissance des idées de Chavez et de Morales.

« Plus la démocratie et la libéralisation politique et économique s'imposent et dans le monde, notamment dans le pays d'importance stratégique pour nous, plus notre nation sera en sécurité et plus notre peuple sera susceptible de progrès »81(*)

La sécurité du pays passait par un libéralisme mondial qui profiterait avant tout aux Etats-Unis.

Une continuité de la politique de Bush et cette idée prégnante que les Etats-Unis étaient « un phare dans la nuit ».

Clinton exposait ainsi les trois piliers de sa politique

« Dans le cadre de cet objectif général, les 3 composantes centrales sont :

· nos efforts pour fortifier notre sécurité grâce au maintien d'une forte capacité de défense

· notre travail pour ouvrir des marchés étrangers et stimuler la croissance économique globale

· notre promotion de la démocratie »82(*)

Cette « hégémonie bienveillante » de la part de la « République impériale »83(*) n'était qu'une version déguisée de la doctrine Monroe.

2. La ratification de l'ALENA

Initié par l'Administration Bush, L'A.L. E. N. A84(*) fût ratifiée en janvier 1994 par Bill Clinton et le Congrès. Les obstacles régulant la circulation des biens et des capitaux entre le Mexique, le Canada et les Etats-Unis étaient ainsi levés.

L'économie américaine avait accès au marché mexicain et ses cent millions d'habitants.

Cependant, les économistes étaient divisés quant au bien fait de cet accord.

Cela ne pouvait que bénéficier à l'économie américaine en ouvrant encore plus largement le marché mexicain aux produits américains (Le Mexique est le premier consommateur mondial de Coca Cola) mais d'autres pensaient que cela augmenterait le chômage pour les travailleurs américains puisque les entreprises seraient libres de délocaliser leur activité au Mexique pour y chercher une main d'oeuvre à moindre coût.

En 1995, une étude dressait le bilan de la première année de l'ALENA : « un an après, deux économistes découvrirent qu'il avait entrainé la disparition de quelques dix mille emplois aux Etats-Unis. En outre, un nombre accru de mexicains travaillaient avec des salaires très bas pour des entreprises américaines qui s'étaient installées au Mexique (maquiladoras) ; ce processus s'accompagna d'un relâchement certain dans l'application du droit du travail et des règles environnementales »85(*)

Dans la revue Chroniques financières du 16 janvier 2014, les conséquences de l'accord sont parfaitement expliquées : « Avec l'ALENA, de multiples industries manufacturières états-uniennes et canadiennes ont migré vers le Mexique pour y exploiter une main d'oeuvre bon marché et peu qualifiée, se prêtant bien aux travaux répétitifs. En 1995, le salairemanufacturier moyen en taux horaire était aux Etats-Unis de 17.20 dollars et au Mexique de 1.50 dollars »86(*)Les entreprises américaines avaient trouvé de nouveaux débouchés.

L'Election de Donald Trump en novembre 2016 prouve que cet accord n'a pas été accepté par une partie des américains et notamment ceux de la Rust Belt.

La domination économique est ici évidente. L'administration américaine cherchait des débouchés et une main -d'oeuvre bon marché pour les entreprises américaines.

B. L'interventionnisme économique : le sauvetage du Mexique

« En 1994, le Mexique plongeait dans une crise, celle du peso mexicain, appelée couramment crise « Tequila », et considérée par l'ancien directeur du FMI, Michel Camdessus, comme la première crise financière du XX° siècle, présageant des crises thaïlandaise (1997), russe (1998), brésilienne (1999), argentine (2000) et turque (2001). »87(*)

1.Les Origines de la crise

Après plusieurs années d'efforts d'ajustement ayant abouti à la résorption des déficits publics, un niveau bas d'inflation et à la résolution du problème de la dette extérieure, le Mexique connût en 1995 une importante crise de change liée à la surévaluation du peso et à des troubles politiques88(*).

La rébellion du Chapias89(*) et l'effondrement de l'économie Mexicaine inquiétaient Washington et Wall Street. Ils craignaient officiellement une propagation aux autres économies émergentes mais craignaient surtout une propagation à l'économie américaine.

En effet, les banques américaines et les fonds de pension ; et par ricochets les épargnants américains ; avaient investi au Mexique et se trouvaient donc fragilisés.

De plus, les économies Canadiennes, Américaines et Mexicaines du fait de l'ALENA étaient imbriquées.

Le Mexique pouvait donc entraîner les Etats-Unis dans sa chute.

2. Le plan de Sauvetage

Le 12 janvier 1995, le président Clinton demanda au Congrès des Etats-Unis d'accorder au Mexique 40 milliards de dollars sous forme de garanties de prêt, pour permettre au pays de rouler la dette et de restaurer la confiancedes investisseurs. Mais la proposition de Clinton souleva de fortes protestations au Congrès notamment de la part des anti-Alena. Clintondû se résoudre à réduire l'aide de moitié.

Néanmoins, par l'intermédiaire du FMI, l'administration Clinton pût augmenter l'aide au Mexique. L'aide apportée par le FMI fût d'une ampleur exceptionnelle (cinquante milliards) contribuant à redonner confiance à la communauté internationale et limitant les conséquences internationales de la crise.

En échange le Mexique dû réduire ses dépenses publiques et libéraliser encore un peu plus son économie. Les banques mexicaines passèrent sous contrôle d'institutions étrangères.

Le taux de chômage tripla, le PIB mexicain chuta de sept pourcents et la pauvreté augmenta.

En sauvant l'économie mexicaine, l'administration Clinton imposa une domination économique unilatérale.

« Cette limitation de la souveraineté mexicaine pousse certains observateurs à qualifier le pays de « semi-colonie » ».90(*)

Ernesto Zedillo serrant la main de Bill Clinton, accueilli en visite officielle le 6 mai 199591(*)

C. le triomphe de l'industrie d'armement

L'industrie d'armement a toujours été la pierre angulaire de la puissance américaine. La fin de la guerre froide laissait présager une baisse du budget de la défense mais il n'en fût rien

Clinton décida de maintenir le budget (400 milliards en 2016) pour l'armement à un haut niveau comme sous l'administration Bush car la « démocratie » de marché permettrait d'équiper de nouveaux alliés.

« L'année prochaine, les Etats -Unis produiront pour la première fois plus d'avions de combat pour les marchés extérieurs que pour le Pentagone lui-même. A l'évidence, les Etats-Unis ont définitivement ravi à l'Union Soviétique le titre de champion du monde des ventes d'armes. Soutenue par l'administration Clinton, l'industrie américaine de l'armement a connu l'an dernier sa meilleure année de toute son histoire en termes d'exportation. Elle a en effet vendu pour 32 milliards de dollars d'armes à l'étranger »92(*)

Clinton poursuivit donc la politique de Bush. En 1999, il leva l'interdiction sur les armes de haute technologie qui pesait sur l'Amérique latine. Grâce au plan Colombie, Lockheed Martin et Mc Donnel Douglas trouvèrent de nouveaux débouchés.

Clinton ne se contenta pas d'établir une hégémonie économique aux Etats d'Amérique latine et des Caraïbes, il intervînt directement ou indirectement via les institutions internationales en Haïti, Colombie et Cuba.

§2. Le retour de l'interventionnisme

L'intervention en Haïti en 1994 montrait bien que la politique étrangère était bipartisane et que rien ne changeait : la doctrine Monroe avait toujours court dans la relation entre Haïti et les Etats-Unis. L'utilisation de la force armée sous prétexte d'objectifs humanitaires

A. Haïti : l'utilisation de la force armée sous prétexte d'objectifs humanitaires ?

L'intervention en Haïti avait pour principale mission de restaurer la démocratie et de chasser la junte au pouvoir. Etait-elle la seule raison ?

1. Les origines de l'opération « UpholdDemocraty »

Après le soutien du coup d'état militaire en 1991 du général Cédras par l'administration Bush, Clinton s'efforça de rattraper cette faute morale. La dictature devenait de plus en plus répressive et le drame des réfugiés93(*) donnait une mauvaise image des Etats-Unis.

En octobre 1993, Clinton échoua dans sa tentative de renverser Cédras. Clinton mandata pour négocier l'ancien président Carter accompagné de Collin Powell et du sénateur Sam Nunn . Si le général ne se retirait pas, il aurait à subir une invasion. Ainsi, Cédras se retira et l'administration Clinton réinstalla Aristide au pouvoir avec l'intervention des troupes américaines et polonaises sous mandat de l'ONU94(*)

2.Intervention humanitaire ou économique? Operation Uphold Democracy.

USS America enroute to Haiti in September 1994, with a unique complement of U.S. Army Special Forces and the 160th Army Special Aviation Regiment embarked.95(*)

Le 19 septembre 1994, les Etats-Unis, avec l'aval du Conseil de Sécurité des Nations Unies, lancèrent l'opération « Restaurer la démocratie ». Pour la première fois, une intervention était ainsi justifiée, sous l'égide de l'ONU, par la nécessité de rétablir la démocratie dans un pays. 16.000 soldats débarquèrent en Haïti et, le 15 octobre, le président Aristide, renversé trois ans plus tôt par un coup d'Etat sanglant, rentrait. Le 15 mars 1995, la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA) prît le relais des forces américaines.

L'administration Clinton profita de l'intervention pour restructurer le marché du riz Haïtien. Le président Aristide baissa la taxe d'importation du riz américain de 50% à 3%.

Dès lors, le riz américain inonda Haïti et l'agriculture Haïtienne fût sacrifiée.

Il semblerait que cette opération humanitaire sous mandat de l'ONU ait eu un objectif plus cynique : trouver un débouché au riz américain.

B.Le durcissement des relations avec Cuba en 1996

Depuis la disparition de l'URSS, Cuba subissait de plein fouet l'embargo américain mis en place en 1960.

1.La résilience Cubaine.

Cuba avant la prise de pouvoir de Fidel Castro en 1959 était surnommée le « bordel de l'Amérique »96(*).Castro remis en cause l'hégémonie américaine sur Cuba dès les premiers jours et nationalisa tous les biens américains.

L'échec de la Baie des cochons poussa Castro dans le camp des Soviétiques.

Malgré l'embargo des Etats-Unis et l'isolement politique, Cuba pût exporter son sucre en URSS. Les Etats-Unis pensaient qu'avec la disparition de leur principal allié, le régime Castriste allait disparaître.

Malgré une grave crise économique, Castro procéda à une ouverture économique (pas démocratique) de l'ile et en 1996 le régime était toujours en place.

2. La montée des tensions

En février 1996, deux avions de l'association anti castriste « Brothers to the rescue » furent abattus par l'armée de l'air cubaine à une trentaine de kilomètres au nord de Cuba. Ces avions tentaient de repérer des balseros, des exilés quitentaient de gagner la côte américaine depuis Cuba sur des embarcations de fortune.

Les autorités de La Havane affirmèrent que les avions se trouvaient dans l'espace aérien cubain, ce que contestait l'administration américaine. Le 26 février sous la pression de la communauté américano-cubaine de Floride et du Congrès à majorité républicain, le président Clinton annonça un renforcement des sanctions imposées à Cuba depuis 1960.

3. La loi Helms-Burton

La loi Helms-Burton signée le 12 mars 1996, se voulait une réponse à l'agression Castriste.

Le Congrès américain et l'administration Clinton savaient que la situation économique de l'ile était fragile.

Le but de la loi était la chute du régime castriste, le retour à la démocratie et remboursement des biens nationalisés par Cuba.

Les Etats-Unis procédèrent avec la loi Helms-Burton à une extension de leur politique d'embargo à l'ensemble de la communauté internationale en espérant une chute rapide de Castro.

La doctrine Monroe est ici pleinement appliquée : ingérence dans les affaires internes d'un pays souverain « la politique des Etats-Unis est la suivante : reconnaître que l'auto détermination du peuple cubain est un droit souverain et national des citoyens cubains qui doit s'exercer sans ingérence du gouvernement d'aucun autre pays »97(*) .

Les Etats-Unis ne toléraient aucune ingérence à part la leur.

La communauté internationale « a crié, à juste titre ; à l'unilatéralisme et à l'extra territorialité »98(*).

Les gouvernements et les firmes99(*) devaient donc composer avec cette loi digne de l'époque de la guerre froide.

La mort de Pablo Escobar fût considérée pour beaucoup comme la victoire définitive contre les cartels de la drogue. Toutefois, l'histoire démontra que l'hégémonie des cartels allait au-delà d'une personnalité. Des anciens collaborateurs de Pablo Escobar héritèrent d'une partie de son pouvoir. D'autres cartels se développèrent dans d'autres zones du pays, comme le Cartel de Cali ou le Cartel del Norte del Valle. La guérilla était aux portes du pouvoir.

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C. Le plan Colombie

C'est ainsi qu'en 1998, pour faire face aux FARC d'obédience marxiste-léniniste et au problème du trafic de drogue, le « plan Colombia pour la paix, la prospérité et le renforcement de l'Etat » fût lancé à la fin de l'année 1999 par le président Pastrana en liaison avec l'administration américaine.

Le plan Colombie n'était que la continuité du plan de Carthagène : empêcher l'entrée de drogue aux Etats Unis et rétablir la sécurité en Colombie en luttant contre les cartels et la Guérilla. L'administration Clinton trouvait aussi avec ce plan des débouchés pour l'industrie d'armement américaine.

1. Les objectifs du plan : continuité de la vassalisation ou début d'une coopération bilatérale ?

Le « plan Colombia » était assorti d'une enveloppe financière de 7,5 milliards de dollars, dont 4 milliards de dollars à charge de la Colombie et le restant apporté par des bailleurs de fonds internationaux. Cependant, seuls les Etats-Unis répondirent à l'appel des autorités colombiennes. Ainsi, l'Union européenne et les autres bailleurs trouvaient le plan trop sécuritaire. On sentait le poids de l'administration américaine dans la conception du plan.

Il prévoyait de couvrir, en trois phases successives de deux ans chacune, l'ensemble du territoire colombien avec l'objectif de réduire de 50 % la production et la commercialisation de la drogue.

Le Plan Colombie était composé de différents volets100(*) :

· un volet économique et financier : Le plan Colombie prévoyait la signature d'un traité de libre-échange censé inciter la création d'emplois en Colombie et l'encouragement aux investissements étrangers surtout américains. Une Colombie pacifiée était une aubaine pour les entreprises américaines. De plus, le plan prévoyait la privatisation de la banque publique avec l'objectif que les marchés internationaux récupèrent la confiance en Colombie. Les premiers objectifs étaient donc économiques et avantageaient les Etats-Unis. La lutte contre la drogue ou les Farc passait après.

· un volet sur le processus de paix : Le plan encourageait des accords de paix de l'état colombien avec les groupes illégaux. La communauté internationale devait appuyer ces accords diplomatiquement et financièrement. Les pourparlers de paix avec la guérilla furent rompus quelques mois après le plan.

· un volet sur la défense, la stratégie antidrogue et l'externalisation de la lutte. Pastrana voulait moderniser la Police Nationale afin que l'État de droit soit garanti. Les Etats-Unis gagnaient ainsi un marché colossal. L'Etat Colombien pourrait intervenir sur tout le territoire et renforcer sa présence. Avec la collaboration des autres pays impliqués dans la commercialisation des stupéfiants, le plan Colombie cherchait à combattre la production de drogues à toutes ses étapes. Son objectif était de réduire de 50% les surfaces destinées aux cultures de coca. Le plan cherchait aussi à générer une prise de conscience au sein de la communauté internationale sur la « co-responsabilité » concernant le problème de la drogue. Le plan ne parlait pas des conséquences écologiques des fumigations.

· un volet sur la défense des droits de l'homme et la réforme de la justice : Le plan Colombie en appelait au respect des droits de l'homme de la part des forces de police et à une réforme de la justice. La différence entre la théorie et la pratique prend ici toute sa mesure. En effet les droits de l'homme n'étaient pas la priorité des protagonistes du conflit Colombien.

· un volet sur le développement alternatif et le développement humain : Le plan Colombie cherchait à encourager les cultures d'autres produits aussi rentables que les cultures de coca par les familles et communautés paysannes. Les fumigations empêchèrent pour un temps de replanter. L'État devait financer les services de santé et d'éducation dans les communautés vulnérables ainsi que donner une assistance humanitaire aux groupes de déplacés, victimes de la violence. Il n'en fût rien.

Le plan n'avait rien de bilatéral et consacrait surtout l'hégémonie économique et militaire Etats-unienne envers la Colombie.

2. Un bilan contraste

La Colombie était encore plus dépendante des Etats-Unis, une sorte d'Etat satellite.

« Le lancement du « plan Colombia » a donc marqué un accroissement considérable de l'aide américaine destinée essentiellement aux forces de sécurité (armée et police) - plaçant la Colombie, de 2000 à 2002, au troisième rang des pays bénéficiaires après Israël et l'Egypte. Un important appui en matériel (livraison d'aéronefs destinés aux aspersions des cultures illicites et d'une soixantaine d'hélicoptères de protection et de combat) a permis un renforcement spectaculaire des forces de sécurité intérieure. L'aide américaine au Plan Colombia inclut également la présence d'environ 600 conseillers civils et militaires. Encadrée par une loi adoptée en 1999 par le Congrès, cette aide américaine ne pouvait, en principe, être utilisée que dans le cadre de la lutte contre la drogue, même si dans la réalité il est difficile de la distinguer de la lutte contre la guérilla, cette dernière étant l'un des acteurs principaux du narcotrafic. »101(*)

Le rapport du sénat montre bien le bilan contrasté du plan et de la guerre contre la drogue en général : une victoire militaire indéniable.

« Sur le plan des chiffres,les résultats sont incontestables. En l'espace de deux ans, il a été procédé à davantage d'aspersions chimiques de cultures illicites que durant toutes les années précédentes. Les cultures de coca seraient passées de 100 000 hectares fin 2002 à 86 000 hectares fin 2003. Des quantités considérables de cocaïne, de feuilles de coca, de cannabis et de précurseurs ont été saisies. 400 laboratoires de production de pâte base de coca, 170 laboratoires de raffinage de la cocaïne et 4 laboratoires de raffinage de l'héroïne ont été détruits. »102(*)

Cependant la Colombie paya un lourd tribut écologique (pollution, malformations) et civil (160 000 morts en un demi-siècle) La problématique du trafic de drogue ne pouvait pas se résumer au tout militaire.

« Toutefois, ce plan demeure controversé. Le développement de cultures de substitution s'effectue lentement et se heurte aux difficultés de commercialisation, faute de circuits commerciaux ou de moyens de communication vers des régions isolées. La politique d'éradication chimique est critiquée par des organisations non gouvernementales, en raison de son impact sur l'environnement et les cultures vivrières. Combinée aux actions militaires, elle aurait pour effet d'accentuer les déplacements de population. Par ailleurs, les groupes illégaux ont réagi en recherchant des zones de repli, soit sur le territoire colombien, en mettant en culture des espaces jusqu'alors vierges, notamment en opérant des déforestations, soit en jouant sur la porosité des frontières et en débordant sur des pays voisins, comme le Panama et, à une échelle moindre, le Brésil et le Venezuela. Le déplacement des cultures, la fragmentation des parcelles de coca ou de pavot, les techniques de régénération des plants après aspersion, la recherche agronomique qui met au point des plants de coca produisant davantage de feuillage avec une concentration accrue d'alcaloïde, font que la production colombienne de cocaïne reste stable, autour de 600 tonnes, alors que la production d'héroïne est en accroissement et se situerait autour de 5 tonnes. »103(*)

L'article du monde diplomatique exprime bien le scepticisme sur ce bilan contrasté 104(*)

La dernière année du mandat Bill Clinton se termina avec le scandale Lewinsky.

En janvier 2001, Bush devînt le 43-ème président des Etats-Unis.

Après huit années de présidence Bush marquées par la guerre contre le terrorisme et la déstabilisation du Moyen Orient, l'élection d'Obama suscita un espoir notamment en Amérique latin.

Allait-on assister à une nouvelle donne dans les relations interaméricaines ?

Chapitre 2 - Un espoir déçu ? Barack Obama -20 janvier 2009-20 janvier 2017.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'Amérique latine n'apparaissait plus comme une priorité pour les Etats-Unis à l'exception de la lutte contre le trafic de drogue. Devant le recul de l'influence américaine, des puissances régionales telles que le Brésil, le Venezuela s'étaient affirmées et voulaient assumer un rôle de leadership au sein de l'échiquier régional.

Après les années Bush, la région espérait des relations basées sur un respect mutuel et la fin d'une relation unilatérale.

Barack Obama semblait initialement disposé à inscrire sa politique étrangère dans cette dynamique.

Il apparaissait aux yeux des gouvernements du continent comme un progressiste soucieux d'équité et de justice sociale.

Mais ce changement de cap fût bref et la politique étrangère d'Obama se distingua par le prolongement, voire l'accentuation des politiques antérieures (installation de bases américaines en Colombie, intensification de la lutte contre les cartels mexicains, hégémonie économique)


Section 1. Une approche nouvelle des relations avec l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. Vers la fin de la doctrine Monroe ?

Le président Obama et son équipe cherchèrent dès le départ à se dissocier de leur prédécesseur en indiquant clairement leur souhait de rompre avec le passé. L'administration démocrate avait la volonté de recourir à une politique étrangère animée par le dialogue, la concertation, la diplomatie ainsi que par le respect du droit international et des institutions multilatérales.

La nouvelle politique étrangère de Barack Obama s'inspirait de la notion de « pouvoir intelligent » ou Smart Power, une conception différente du « Dumb power » de Georges Bush.

§1.La doctrine du smart power

Cette doctrine guida le début de son premier mandat en matière de politique étrangère.

Le concept de smart power exprime la volonté des États-Unis de restaurer son image tout en conservant son leadership.

A. Définition :

Théorisé par Joseph Nye, le soft power est en géopolitique un mélange de soft power105(*) et de hard power106(*) : un pouvoir « intelligent » ou le smart power.

 Stricto sensu, le soft power est la capacité d'un Etat à obtenir ce qu'il souhaite de la part d'un autre Etat sans que celui-ci n'en soit même conscient « Co-opt people ratherthan coerce them »107(*) 

L'idée de domination économique reste présente comme pour les présidences Bush et Clinton mais la manière est plus sournoise.

L'American way of life via la globalisation allait « dominer » le monde. L'exemple de l'implantation exponentielle de Mac Donald en Chine illustre bien cette idée.

B. Le Smart Power pour remplacer la doctrine Monroe ?

Comme mentionné précédemment le concept de smart power apparût dans un rapport de Joseph Nye et Richard Armitage en vue d'adapter le modèle du leadership américain aux crises du XXIe siècle. Hilary Clinton, secrétaire des affaires étrangères mit en place le smart power qui devait permettre aux États-Unis de restaurer leur leadership et de le maintenir.

Le smart power ressemblait à un ersatz plus présentable de la doctrine Monroe : Capacité d'influence et recours à de nouvelles armes : drones, cybers offensives.

Pour le politologue Sebastian Santander, «?ce pouvoir de l'intelligence fut défini comme le résultat du mariage productif entre le hard et le soft power américain. Alors que le premier type de pouvoir est incarné par celui de la coercition physique du Pentagone, le deuxième renvoie au pouvoir d'attraction que peut exercer la culture américaine au travers de la cinématographie hollywoodienne, des centres universitaires d'excellence (Ivy League), des innovations technologiques ou l'alimentation du fast-food. Le concept de smart power exprime la volonté des États-Unis d'amener le reste du monde à partager leur point de vue, en recourant d'abord à la carotte et de manière secondaire au bâton »108(*)

Lorsque Barack Obama prît ses fonctions à la Maison-Blanche en 2008, les relations interaméricaines étaient encore marquées par l'attitude indifférente de l'administration Bush. Il proposa le concept de nouveau partenariat (new partnership) et appela lors du sixième sommet des Amériques à initier une nouvelle ère de relations entre les États-Unis et l'Amérique latine?: «?Nous ne pouvons pas traiter l'Amérique latine et les Caraïbes comme un partenaire mineur. Une alliance des Amériques sera un succès seulement si elle se base sur un respect mutuel?».109(*)

§2. Le discours sur les Amériques de 2009 : une relation d'égal à égal.

« Les Etats-Unis veulent nouer un "nouveau partenariat" avec l'Amérique latine, parler"avec" elle, et non plus "pour" elle, "écouter, échanger, consulter", d'égal à égal, et non plus "dicter" ses choix, "apprendre d'elle" aussi, afin de poursuivre ensemble des objectifs communs.110(*) »

Les propos du Vice-Président Biden montraient bien cette volonté de tourner la page de « l'ère Monroe »

En avril 2009 se tînt le sommet des Amériques de Trinité -et -Tobago

La première de l'administration Obama. Il mît en application sa « nouvelle approche » basée sur une relation bilatérale. Depuis une décennie, l'étoile avait pali et les Etats-Unis étaient confrontés à phénomène inédit : les gouvernements de gauche si longtemps combattus étaient au pouvoir sur le continent : Correa, Chavez, Morales, Lula et Bachelet, Kirchner. Les Etats-Unis étaient isolés.

C'est dans ce contexte qu'Obama proposa une nouvelle approche des relations inter américaines.111(*)

A. Les raisons de cette nouvelle approche :

Selon Abraham Lowenthal?quatre raisons permettent d'expliquer cette nouvelle stratégie «. La première est liée à la présence de plus en plus massive de Latinos aux États-Unis. Une présence qui ne doit pas être simplement analysée en termes de flux migratoires, mais qui recouvre des aspects aussi divers que l'éducation bilingue, l'envoi d'argent, l'homologation des permis de conduire, la lutte contre le trafic de drogue, d'armes ou d'êtres humains. La seconde est due à la position commerciale stratégique de l'Amérique latine comme pays importateur des produits états-uniens. La troisième provient de l'acceptation par Obama de s'inscrire dans une logique de coopération avec l'Amérique latine pour régler des problèmes aussi cruciaux que la sécurité énergétique, les impacts de la pollution, la délinquance et le narcotrafic. La dernière raison concerne la consolidation d'un discours commun aux deux régions en faveur des droits de l'Homme. »112(*)

Derrière des idées nobles, le pragmatisme économique était toujours présent. La méthode Bush avait rebuté le monde latino-américain alors une approche plus conciliatrice permettrait d'ouvrir des marchés aux multinationales américaines. Les Etats-Unis avaient besoin d'exporter en Amérique latine et avaient besoin du pétrole Vénézuélien (40% de la production est achetée par les Etats-Unis.)
Les chefs d'État latino-américains furent indubitablement séduits ou dupés par cette approche résolument volontariste et espèrent que des relations saines puissent s'installer.

La fameuse poignée de main entre Chavez et Obama était le symbole de ce « new Deal »

B.Les Objectifs

La doctrine conciliatrice à l'égard de l'Amérique latine exprimée au sommet des Amériques par Barack Obama pouvait se résumer en cinq points essentiels :

· Partenariat "d'égal à égal".

« While the United States has done much to promote peace and prosperity in the hemisphere, we have at times been disengaged, and at times we sought to dictate our terms. But I pledge to you that we seek an equal partnership »113(*)

· Tirer des enseignements de l'histoire, sans se laisser enfermer par elle.

« I didn't come here to debate the past -- I came here to deal with the future. (Applause.) I believe, as some of our previous speakers have stated, that we must learn from history, but we can't be trapped by it »114(*)

· Changer, mais d'autres pays doivent changer aussi.

« As has already been noted, and I think my presence here indicates, the United States has changed over time. It has not always been easy, but it has changed. And so, I think it's important to remind my fellow leaders that it's not just the United States that has to change. All of us have responsibilities to look towards the future.»115(*)

· Repentance : Les Etats-Unis ont mal agi par le passé mais il ne faut pas leur imputer la responsabilité de tous les problèmes intérieurs des pays du continent.

« I think it's important to recognize, given historic suspicions, that the United States' policy should not be interference in other countries, but that also means that we can't blame the United States for every problem that arises in the hemisphere»116(*)

· Lutter aux Etats-Unis contre la demande de drogue afin de diminuer le triptyque infernal qu'elle engendre : culture et transformation de la coca, cartels, trafic d'armes.

« And let me add that I recognize that the problem will not simply be solved by law enforcement if we're not also dealing with our responsibilities in the United States. And that's why we will take aggressive action to reduce our demand for drugs, and to stop the flow of guns and bulk cash south across our borders»117(*)

C.Bilan

Les Etats latino-américains étaient en position de force et exigèrent le retour de Cuba au prochain sommet ainsi que la fin de l'embargo. Obama promît ce changement et de surcroit, il admît que la politique menée pendant cinquante ans par les Etats-Unis à l'égard de Cuba était un échec. Toutefois, Cuba devait aussi faire un geste.

« Les questions relatives aux prisonniers politiques, à la liberté d'expression et la démocratie sont importantes, et ne sauraient être simplement mises de côté »118(*)

Les chefs de gouvernement étaient pour une fois satisfaits.

119(*)

« C'est le début d'une nouvelle ère très intéressante dans la relation entre l'Amérique du Sud et les États-Unis », déclarait Rafael Correa.120(*)

Christina Kirchner, dont les relations avec les Etats-Unis étaient rendues difficiles par le problème du remboursement des épargnants depuis la crise de 2002, se félicita qu'un « dialogue différent (ait) été ouvert, plus horizontal », mais n'était pas dupe pour autant. Les paroles devaient être suivies par des actes concrets.

« Nous espérons que ses intentions pourront se traduire en politiques concrètes ».121(*)

La levée de restrictions sur les voyages et les transferts d'argent d'Américano-Cubains vers Cuba en 2009 laissait augurer d'une nouvelle approche de l'administration Obama.

Cuba malgré l'embargo avait tenu bon et avait su toujours trouver des alliés de circonstance pour sauver son économie : l'URSS ou le Venezuela de Chavez.

§3. Le rapprochement historique avec Cuba

« Les temps où les États-Unis pouvaient commettre des actes d'ingérence dans l'impunité en Amérique latine sont révolus »122(*).

A. Origines du rapprochement

Obama était convaincu de la résilience de Cuba et pensaitque le changement passerait par un dialogue : « Il est évident que ces décennies d'isolation ont échoué à atteindre notre objectif, à savoir l'émergence d'une démocratie. Nous ne voulons pas que les sanctions américaines s'ajoutent au fardeau des citoyens cubains, que nous cherchons à aider. »

Un réchauffement permettrait aussi de trouver de futurs débouchés. Si la force n'avait pas vaincu le Castrisme, l'ouverture du pays au monde le ferait.

Comme mentionné précédemment, la levée de certaines restrictions était un pas en avant.

L'arrivée de Raul Castro changea la donne. Plus pragmatique que son illustre frère, il était conscient d'une nécessaire ouverture de l'ile.

De plus l'exemple de la République de Chine prouvait bien qu'une dictature pouvait changer son système économique sans perdre le pouvoir politique.

B. Les étapes du rapprochement

La détente fût le fruit de négociations secrètes, menées dix-huit mois durant, sous l'impulsion du Canada et du pape François.

La libération d'Alan Gross, un Américain écroué depuis cinq ans à Cuba impulsa ce rapprochement. Cet ancien contractuel du gouvernement américain purgeait une peine de quinze ans pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire, interdit dans l'île. En échange, Washington libéra trois Cubains, incarcérés aux Etats-Unis depuis une quinzaine d'années. Puis, à la demande de Washington, Raul Castro a également libéré une cinquantaine de prisonniers politiques.

Obama ne pouvait pas lever l'embargo sur Cuba sans un vote du Congrès.

En attendant, il imposa une série d'ordonnances afin d'alléger autant que possible les sanctions.

L'ambassade allait réouvrir à Cuba, les voyages seraient permis pour les journalistes, professeurs, sportifs et artistes.

L'administration Obama rétablît aussi une partie des relations commerciales entre les deux pays. Un nouveau marché s'ouvrait pour l'exportation de matériaux de construction et d'engins agricoles. Le célèbre cigare pouvait être exporté.

Dans un pays où internet ne s'était pas développé (5% des cubains), les opérateurs télécoms avaient trouvé leur « eldorado ». Ils auraient désormais le droit d'étendre leurs réseaux et d'exporter tablettes et téléphones.

Le soft power est ici à son firmament. Tel Ulysse et le stratagème du cheval de Troie, Washington pensait distiller subrepticement la démocratie par le biais des échanges commerciaux et le désenclavement de l'Ile.

En marge du septième sommet des Amériques le onze avril 2015 à Panamá, Raul Castro et Obama officialisèrent le rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis.

123(*)

« Après cinquante sans changement de la politique américaine à l'égard de Cuba, j'ai pensé qu'il était temps de tenter autre chose ».124(*)

Néanmoins, des points de friction subsistèrent mais la nouvelle politique serait le dialogue et le respect mutuel.

« Washington continuera à évoquer la démocratie et les droits de l'homme et le discours passionné du président Raul Castro au sommet montre qu'il ne manquera pas de faire part de ses préoccupations sur la politique américaine. »125(*)

« Tout peut se discuter si cela se fait avec beaucoup de respect pour les idées de l'autre »126(*)

L'ingérence américaine avait certes faibli mais n'avait pas pour autant disparu.

Section 2. La continuité de la politique extérieure américaine sur le continent.

Le discours d'Obama ne résista pas à la réalité de la politique étrangère américaine.

Il avait suscité l'illusion de voir émerger une diplomatie américaine animée par le

respect du droit international et les pratiques de concertation et de négociation.

Cependant, l'installation de sept bases américaines en Colombie en 2009 afin d'intensifier la lutte contre le trafic de drogue provoqua un tollé dans la région. De plus, la faible récrimination contre le coup d'Etat institutionnel au Honduras fût condamné.

Obama poursuivait la même politique coercitive voire d'ingérence.

§1. L'intensification de la lutte contre la drogue en Colombie

Les tensions commencèrent avec l'installation de bases en Colombie.

A. Uribe : un allié belliciste.

Uribe voulait affaiblir le trafic de drogue ainsi que les guérillas avant toutes négociations. Le Venezuela et l'Equateur autorisaient le repli des guérillas sur leur territoire. Uribe avec l'aval de Washington ordonna le bombardement d'un camp des Farc en Equateur en février 2008. Au mépris de la souveraineté nationale et du droit international, Uribe avait ordonné cette opération. La non condamnation de Washington avait décrédibilisé les discours d'Obama.

La fermeture des bases américaines en Equateur avait obligé Washington à revoir sa stratégie dans la région Andine.

Uribe, fidèle allié de Washington, accepta l'installation de bases américaines.

B. Déploiement de troupes en Colombie : Un tollé sur le continent

Les américains installèrent sept bases : 3 terrestres, 2 navales et 2 aériennes

L'annonce provoqua un tollé, le Venezuela gela ses relations diplomatiques avec la Colombie. Le président Correa condamna également.

Lula et Bachelet, plus modérées dans leur relation avec la Maison Blanche, condamnèrent.

Le redéploiement de troupes était perçu par les autres Etats de la région comme une réminiscence des sombres heures du passé.

C.Continuité d'une stratégie guerrière.

Les sept bases permettaient une intensification de la lutte contre les cartels et des guérillas selon Uribe et les Etats-Unis

« Le Pentagone investira 31,6 millions d'euros pour l'aménagement de Palanquero, au bord du río Magdalena. L'installation disposera d'une piste de trois mille cinq cents mètres pouvant accueillir des avions C-17 (Galaxy) capables d'emporter soixante-dix tonnes et possédant une autonomie de plus de huit mille kilomètres sans réapprovisionnement en carburant. D'Apiay opéreront des appareils de reconnaissance et des Awacs (radars volants de longue portée). »127(*)

Les Etats de la région y voyaient surtout un prétexte pour espionner et continuer la vieille politique d'ingérence de la doctrine Monroe.

Le département d'Etat expliquait cette stratégie « un spectre complet d'opérations dans une sous-région critique de notre hémisphère où la sécurité et la stabilité sont sous la constante menace d'insurrections narcoterroristes, de gouvernements antiaméricains, d'une pauvreté endémique et de constants désastres naturels ».128(*)

Obama continuait donc la même politique que ses prédécesseurs.

Les cartels et les Farc furent durablement affaiblis mais le problème se déplaça ailleurs plus au Nord.

Les cartels colombiens s'étaient alliés aux cartels mexicains.

La menace était donc aux frontières.

§2. La nouvelle menace des cartels mexicains.

A. Les causes de l'avènement des cartels

Le début des années 80 marqua le début de l'essor des cartels mexicains.

De petits clans familiaux mafieux de connivence avec le PRI129(*), au pouvoir pendant un siècle, devinrent de grandes organisations en collaborant avec les cartels colombiens. La position stratégique du Mexique et l'intensification de la lutte en Colombie, accentuèrent cette montée en puissance.

Initiée par le président Fox puis généralisée par le gouvernement Calderon, la guerre contre les cartels atteignit une violence, une sauvagerie sans précèdent pour un pays en paix.

Le déploiement de l'armée provoqua une situation de quasi guerre civile avec les cartels.

En effet, les ramifications de ces derniers touchaient toutes les strates de la société : la politique, la police et la justice.

La guerre avait provoqué la mort de 7200 personnes en 2008 (105000 en six ans) mais le trafic vers les Etats-Unis ne diminuait pas.

Les cartels commençaient de plus en plus à intervenir directement aux Etats-Unis.

La sécurité intérieure était menacée.

La première visite d'Obama fût le Mexique.

B. Intensification de la guerre contre les cartels au Mexique

Cette visite suggéra l'inquiétude accrue que suscitaient aux Etats-Unis les éruptions de violence liées au narcotrafic mexicain, qui débordait sur leur territoire. A cet égard, l'Amérique latine a accueilli favorablement les propos de Mme Clinton reconnaissant, au Mexique même, que son pays avait une responsabilité dans cette poussée de violence, notamment en ne contrôlant pas assez étroitement le commerce des armes, et que la drogue "était un problème commun".

L'administration Obama aida donc le gouvernement Calderon mais cette assistance était militaire.

L'administration Obama voulait circonscrire le problème au Mexique.

L'Administration Obama comptait renforcer le plan Merida en octroyant 700 millions de dollars d'aide aux forces de sécurité mexicaines.

Parallèlement, les États-Unis envisageaient de placer des troupes en état d'alerte, probablement des réservistes de la Garde nationale, qui seraient envoyés à la frontière en cas d'urgence.

De plus, les agents de la DEA intervenaient directement au Mexique.

Ainsi, Obama menait la même politique « guerrière » que les précédentes administrations.

C.BILAN :

Les cartels se morcelèrent et la violence s'accrût. La stratégie (inspirée par les Etats-Unis) d'élimination systématique des chefs de cartels afin de les désorganiser fût un échec. Les cartels se réorganisaient sans cesse et malgré le déploiement de 400 000 policiers et 50 000 soldats, ils menaçaient l'Etat et ses institutions du nord au sud du Mexique.

De 2006 à 2012, 50000 personnes furent tuées.

Le tout répressif semble dans l'impasse et certaines voix appellent à une dépénalisation de certaines drogues et des petits consommateurs.

La dépénalisation du cannabis en Californie et au Colorado est peut-être une réponse.

« La violence empire à mesure que des cartels de plus en plus fragmentés étendent leur emprise territoriale, et les autres activités criminelles »130(*) .

131(*)

§3. Une politique étrangère génératrice de tensions.

Les paroles de Barack Obama ne furent pas suivies d'effets à l'exception de Cuba.

Il décida même de mener une politique offensive contre l'expansion des populismes de gauche.

La menace n'était pus idéologique mais économique. L'économie américaine devait regagner des marchés dans la région andine.

Le sous-secrétaire d'Etat des Etats-Unis pour l'Amérique latine, Arturo Valenzuela annonça que l'administration américaine avait l'intention « d'être clairvoyante et proactive » à l'encontre des tentatives d'expansion de l'autoritarisme ou du populisme dans les Amériques.

A. Les conséquences des révélations Snowden.

Le 6 juin 2013, Edouard Snowden132(*) révélait que depuis une quinzaine d'années les agences de renseignements américaines et britanniques surveillaient les communications mondiales ainsi que des chefs d'Etat ou des diplomates.

L'affaire Snowden eût un retentissement mondial et dans le cas de l'Amérique, compliqua les relations déjà tendues par l'installation des bases américaines en Colombie.

L'espionnage des pays d'Amérique Latine décrédibilisa l'image des Etats-Unis et d'Obama.

« Le  7  juillet  2013, à la suite des révélations d'Edward Snowden concernant l'espionnage des entreprises et particuliers  brésiliens, le porte-parole du  ministère des Affaires étrangères brésilien, Tovar Nunes, a qualifié ces révélations « d'extrêmement graves »133(*)

La présidente Dilma Roussef annula son voyage officiel aux Etats-Unis.

Trois Etats Latino-américains proposèrent l'asile à Snowden : Le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua.

Les Etats-Unis menacèrent de sanctions économiques ces trois pays. La politique de la « carotte et du bâton » était de retour et la déclaration de John Kerry134(*) en décembre 2013 ne serait qu'une supercherie.

Les relations devinrent donc conflictuelles avec de nombreux Etats notamment le Venezuela, la Bolivie ou l'Argentine. La politique d'hégémonie économique était de retour.

B. Le soutien à l'opposition et la lutte économique contre le Venezuela.

Le Venezuela entra en récession en 2013 avec la chute brutale des cours du pétrole. Le gouvernement Maduro n'était plus en capacité de maintenir les politiques sociales misesen placedepuis 1999 ainsi que sa « diplomatie pétrolière ». En effet, une partie de la manne pétrolière n'avait pas été réinvestie dans la diversification de l'économie. Le Venezuela dépendait des cours du pétrole. En 2015, l'opposition remporta les élections législatives. La cohabitation entre un président « chaviste » et un parlement « libéral » paralysa le fonctionnement du gouvernement et de sa diplomatie. Le pays était donc dans une situation de blocage institutionnel et le régime Maduro se durcît.

L'administration américaine prît des sanctions contre certains dirigeants. Maduro demanda à l'OPEP d'augmenter le prix du baril mais l'Arabie refusa. Le gouvernement Maduro pensait que les Etats-Unis étaient derrière ce refus et avaient provoqué cette crise économique.

L'administration Obama était certes en « guerre économique » contre le Chavisme mais la mauvaise gestion économique et la dérive autoritaire du régime ne sont pas du fait des Etats-Unis.

« Après les sanctions de décembre contre 53 fonctionnaires vénézuéliens accusés de corruption ou d'atteinte aux droits de l'homme, Barack Obama a pris lundi, par décret, de nouvelles mesures contre sept généraux, directeurs des services d'intelligence et procureur vénézuéliens. Inculpés pour « abus de force » lors des manifestations de 2014, ils voient leurs avoirs gelés aux Etats-Unis et sont interdits d'entrée sur le territoire.

« L'érosion des garanties de respect des droits de l'homme au Venezuela [...] constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis », s'est justifié le président américain. »135(*)

C.Bolivie

La Bolivie du président Morales refusait toute coopération militaire pour lutter contre le narcotrafic et la culture de coca.

En 2008, la DEA avait été expulsée. En 2011 Evo Morales annonçait l'expulsion de Bolivie de l'USAID, l'agence américaine pour le développement international, en l'accusant de conspiration et d'ingérence dans la politique intérieure bolivienne.

Les Etats-Unis s'efforçaient d'isoler diplomatiquement la Bolivie et en juillet 2013 imposa un blocus aérien contre l'avion du président Morales.

Plusieurs pays de l'UE avaient fermé leur espace aérien (sur demande de l'administration Obama) à l'avion présidentiel en raison de soupçons que l'ancien employé de la CIA Edward Snowden était à bord

Morales tînt un discours offensif sur la politique américaine à l'ONU. La rhétorique anti impérialiste confortait aussi son pouvoir d'autocrate.

« Où il y a des bases militaires, où on investit des milliards de dollars. Quels sont les résultats ? Inexistants, voire une augmentation du trafic de drogue. Et là, nous avons nationalisé la lutte de trafic de drogue et en Bolivie, la situation s'est améliorée, sans base militaire, sans l'aide des États-Unis, sans les ressources économiques et du fait de la responsabilité partagée, devraient être fournie par les États-Unis, nous ne les réclamons pas, même si je salue la contribution de l'Europe non assortie de conditions qui voit le succès de notre lutte contre les stupéfiants. Je puis une fois de plus, dire aux pays avec des gouvernements anti-impérialistes que l'on nous accuse de ne pas respecter les normes et d'être nous-même des trafiquants de drogue. Dans les pays où les gouvernements sont pro-capitalistes où s'est développé le trafic de drogue, on les félicite de leurs efforts. Mais quels mensonges. Je vous demande d'examiner les données. Penchez-vous sur les données des Nations Unies sur la lutte contre le trafic de drogue. Heureusement, d'autres pays ont bien compris les résultats que nous avons obtenus en Bolivie. Et l'on parle actuellement du modèle de lutte contre le trafic de drogue en Bolivie. On n'a jamais dit que l'on allait éradiquer la culture de la feuille de coca, mais on ne permet pas une libre culture de la coca, si on avait davantage de technologies, la situation serait bien meilleure qu'actuellement. Sachez-le : les anciens gouvernements m'ont laissé plus de 30 000 hectares de coca. Et cette année, sans que le moindre paysan ne meure nous sommes parvenus à 20 400 hectares de coca. Sachez, connaissez ces données des Nations Unies. »136(*)

D.Uruguay et Argentine.

1.Uruguay

La guerre contre la drogue était un échec selon le président uruguayen Mujica137(*) .Il décida donc une autre approche et légalisa la marijuana pas selon certains dirigeants. L'initiative de l'Uruguay fît des émules. L'administration Obama bloquera toute initiative sur le continent. En effet, l'industrie d'armement serait perdante si l'administration changeait de politique sur la drogue.

2. les pressions judiciaires sur l'Argentine au sujet de sa dette

Depuis la crise économique de 2002, l'Argentine refusait de régler une dette de 1.5 milliards de dollars à des fonds américains. Selon les argentins, ces « fonds vautours » avait une part de responsabilité dans l'effondrement de l'économie argentine138(*).

Les Etats-Unis exercèrent une pression économique sur le pays grâce aux agences de notation ainsi que la justice américaine. Le pays s'enfonça dans la crise et le parti de Christina Kirchner perdît les élections. La guerre économique avait donc bien fonctionné.

L'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri, plus favorable à Washington, permît de renégocier la dette.

Obama après avoir suscité l'espoir d'une nouvelle ère, mena la même politique que ses prédécesseurs. L'hégémonie économique était la pierre angulaire de la politique étrangère américaine.

La reprise de relations avec Cuba fut le seul point positif des deux mandats de Barack Obama.

Cette ouverture à l'égard de Cuba n'était pas sans intérêt. La guerre contre la drogue n'avait pas diminué le trafic pour autant mais la violence avait explosé au Mexique.

Bâties sur l'espoir d'un changement, les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la plupart des pays latino-américains se détériorèrent dès le premier mandat d'Obama. Les beaux discours ne furent pas suivis d'effets.

Conclusion

La fin de la bipolarisation a modifié la doctrine Monroe mais l'influence des Etats-Unis est restée la même et plus encore la culture américaine et le libéralisme se sont ancrés sur le continent.

La destitution de Dilma Roussef, l'effondrement du Venezuela et l'affaiblissement du socialisme du xxi siècle conforte Washington dans sa volonté d'hégémonie économique.

La fin de la guerre froide a obligé les administrations américaines à repenser leur approche de l'Amérique. Le communisme n'était plus un danger et l'étau politique se desserra. .

La doctrine Monroe n'a pas pour autant disparu, son intensité, sa visibilité ont décliné mais son ADN de domination est resté. La fin de la bipolarisation a entrainé le basculement vers une stratégie de domination économique.

De plus la guerre contre la drogue a remplacé la guerre contre le communisme, offrant encore et toujours de nouveaux marchés à l'industrie d'armement américaine.

L'administration Trump et sa volonté d'isolationnisme « makeamericagreatagain » est une nouvelle ère de tous les dangers.

Sa volonté d'ériger un mur le long de la frontière mexicaine et la remise en cause de la réconciliation avec Cuba ne sont pas des actes encourageants pour la suite. Le caractère erratique de Donald Trump ouvre une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et le reste du continent.

Bibliographie

Format papier

-Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis, Agone 2002

-Jose delPozo, Histoire de l'Amérique latine et des caraïbes, de 1825 à nos jours, nouveau monde éditions.

-Pierre Chaunu, Que sais-je, Histoire de l'Amérique latine,Presses Universitaires de France.

-Maxime Lefebvre, Que sais-je, La politique étrangère américaine,Presses Universitaires de France

- Georges Coufignal, l'Amérique latine est bien partie,la Documentation française.

-Pierre Kalfon, Allende Chili : 1971-1973 Chronique, Atlantica eds.

-La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896

- Pierre Hassner ,Washington et le Monde, dilemmes d'une SuperpuissanceEditions Autrement

Textes légaux et officiels

-Déclaration de Carthagène,15 février 1991 

http://www.presidency.ucsb.edu/ws/?pid=18155

-Résolution 940 du Conseil de sécurité des Nations Unies

http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/940(1994)

-Initiative Merida

https://www.state.gov/j/inl/merida/

Documents de type thèse, mémoire ou rapport

-Loi américaine Helms-Burton

Question écrite n° 17434 de M. Xavier de Villepin (Français établis hors de France - UC) publiée dans le JO Sénat du 12/09/1996 - page 2315

https://www.senat.fr/questions/base/1996/qSEQ960917434.html

-Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Colombie relatif à la coopération en matière de sécurité intérieure

https://www.senat.fr/rap/l04-214/l04-2143.html

Discours et auditions

-Georges Bush, discours du 20 décembre 1989.

https://greatspeeches.wordpress.com/category/twentieth-century-speeches/george-h-w-bush/

-Discours d'Evo Morales à l'ONU en 2015.

https://lesbrindherbes.org/2015/10/22/evo-morales-president-de-la-bolivie-discours-a-lonu/

Format électronique

Site WEB

La documentation Française

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/argentine/chronologie.shtml

Article de périodique ou revue en ligne

Le Figaro

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/08/09/97002-20140809FILWWW00027-dette-un-juge-us-veut-poursuivre-l-argentine.php

 Le conflit en Bolivie préoccupe ses voisins Lamia Oualou

http://www.lefigaro.fr/international/2008/09/15/01003-20080915ARTFIG00298-le-conflit-en-bolivie-preoccupe-ses-voisins-.php

Dette : un juge US veut poursuivre l'Argentine

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/08/09/97002-20140809FILWWW00027-dette-un-juge-us-veut-poursuivre-l-argentine.php

Le Monde

Le triomphe d'Alvaro Uribe

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/03/16/en-colombie-tous-derriere-alvaro-uribe_1023335_3222.html

Le Monde Diplomatique 

L'Initiative pour les Amériques fait des inquiets, septembre 1991

https://www.monde-diplomatique.fr/1991/09/CAROIT/43838

Plan Colombie, passeport pour la guerre

http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/plancolombie-intro

Libération

Venezuela : Obama voit rouge

Par  Simon Pellet-Recht, Correspondant à Caracas -- 12 mars 2015 à 19 :06

http://www.liberation.fr/planete/2015/03/12/venezuela-obama-voit-rouge_1219543

RFI

Les Etats-Unis se retirent de Manta, dernière base américaine en Amérique du Sud

par Sylvain BivilleArticle publié le 17/07/2009 

http://www1.rfi.fr/actufr/articles/115/article_82802.asp

Les Yeux du Monde : La crise du peso mexicain, première crise financière du XX° siècle ?

Charles LARUE 10 avril 2013

http://les-yeux-du-monde.fr/histoires/12319-la-crise-du-peso-mexicain-premiere

Le point

Pépé" Mujica, le président qui ose légaliser le cannabis

Olivier UbertalliPublié le 09/08/2013

http://www.lepoint.fr/monde/pepe-mujica-le-president-qui-ose-legaliser-le-cannabis-09-08-2013-1712724_24.php

La Croix

Sommet des Amériques : Barack Obama teste une nouvelle relation avec ses voisins d'Amérique du Sud, La Croix, le 19/04/2009

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Sommet-des-Ameriques-Barack-Obama-teste-une-nouvelle-relation-avec-ses-voisins-d-Amerique-du-Sud-_NG_-2009-04-19-533812

La Tribune

23 décembre 2001 : quand l'Argentine fit défaut sur sa dette.

http://www.latribune.fr/economie/international/23-decembre-2001-quand-l-argentine-fit-defaut-sur-sa-dette-485901.html

Table des annexes139(*)

Annexe 1
Titre 34

Annexe 2
Titre 35

Annexe 3
Titre 36



PARTIE 1 - L'ADMINISTRATION REPUBLICAI NE : DE L'HEGEMONISME A L'UNILATERALISME ...........................................................................11

CHAPITRE 1 - A l'heure de l'hyperpuissance : le courant hégémoniste, George H. W. Bush. 20 janvier 1989 -20 janvier 1993 ..................................................................11

Section 1. De l'hégémonie militaire à l'hégémonie économique ..............................11

§1. L'Initiative pour les Amériques (EAI juin 1990) .............................................12

§2. La vision américaine de la démocratie : libéralisation au profit des firmes américaines.13

A- La crise de la dette et le consensus de Washington ..........................................13

Section 2. Le retour de l'interventionnisme......................................................15

§1. La guerre contre la drogue : vassalisation des Etats producteurs de drogue et retour de l'impérialisme américain ?....................................................................................................15

A- La déclaration de Carthagène..................................................................16

§2Panamá : la dernière intervention militaire sur le continent ..............................17

A- Panamá : le 51ème Etat ? ..................................................................... 18

1. l'intervention militaire au Panamá : une libération ?......................................................18

2. L'intervention militaire au Panamá : une invasion ? .......................................19

CHAPITRE 2 - L'unilatéralisme, George W. Bush -20 janvier 2001- 20 janvier 2009...20

Section 1. Une diminution de l'influence Américaine ?.......................................................21

§1 L'émancipation de l'Amérique latine.........................................................21

A- Le Venezuela....................................................................................21

B- L'Equateur.......................................................................................23.

C-La Bolivie....................................................................................... 24

§2 Retour à une politique isolationniste......................................................... 25

A- Le Secure Fence Act........................................................................... 25

B-L'émergence du Brésil............................................................................27

C- L'abandon de l'Argentine............................................................29

Section 2. Un interventionnisme modéré.........................................................29

§1 Le durcissement du plan Colombie..............................................................30

§2 La situation en Haïti...............................................................................31

§3 Le redéploiement de la IVflotte et le plan Merida : vers un retour de la présence américaine ?..........................................................................................................................32

A- Le redéploiement de la IV flotte..................................................................32

B- L'initiative de Mérida.............................................................................33

PARTIE 2-L'ADMINISTRATION DEMOCRATE : CONSENSUS BIPARTISAN OU NOUVELLE STRATEGIE POUR L'AMERIQUE ?........................................................36

CHAPITRE 1 - De la « Démocratie en Amérique » ? William Clinton- 20 janvier 1993 -20 janvier 2001.............................................................................37

Section 1. La continuité de l'impérialisme économique de l'administration Bush.....37

§1 Imposer le modèle libéral et la « démocratie »...........................................37

A-La doctrine Clinton .............................................................................38

1. Les Etats Unis comme une entreprise à protéger : la doctrine Monroe devient économique........................................................................................38

2. La ratification de l'ALENA....................................................................39

B-L 'interventionnisme économique : le sauvetage du Mexique..............................39

1 Les Origines de la crise ..........................................................................40

2 Le plan de Sauvetage..............................................................................40

C. le triomphe de l'industrie d'armement .........................................................41

§2 Le retour de l'interventionnisme.................................................................42

A. Haïti : l'utilisation de la force armée sous prétexte d'objectifs humanitaires ?...............42

1. Les origines de l'opération « UpholdDemocraty »..........................................42

2.Intervention humanitaire ou économique? OperationUpholdDemocracy.................43

B. Le durcissement des relations avec Cuba en 1996.............................................44

1.La résilience Cubaine...............................................................................44

2. La montée des tensions............................................................................44

3 La loi Helms-Burton..............................................................................44

C. Le plan Colombie.................................................................................45

1. Les objectifs du plan : continuité de la vassalisation ou début d'une coopération bilatérale ?..........................................................................................................................45

2. Un bilan contraste................................................................................46

Chapitre 2 - Un espoir déçu ? Barack Obama -20 janvier 2009-20 janvier 2017....................................................................................48

Section 1. Une approche nouvelle des relations avec l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. Vers la fin de la doctrine Monroe ?............................................................................48

§ 1 La doctrine du smart power.....................................................................48

A) Définition ..........................................................................48

B) Le Smart Power pour remplacer la doctrine Monroe ?.....................................................49

§2. Le discours sur les Amériques de 2009 : une relation d'égal à égal.........................49

A) Les raisons de cette nouvelle approche .......................................................50

B Les Objectifs....................................................................................50
C) Bilan................................................................................................51

§3 Le rapprochement historique avec Cuba..................................

A) Origines du rapprochement

B) Les étapes du rapprochement

Section 2. La continuité de la politique extérieure américaine sur le continent.

§1° L'intensification de la lutte contre la drogue en Colombie

A Uribe : un allié belliciste.

B Déploiement de troupes en Colombie : Un tollé sur le continent

C Continuité d'une stratégie guerrière.

§2. La nouvelle menace des cartels mexicains.....................................................56

A Les causes de l'avènement des cartels...........................................................56

B) Intensification de la guerre contre les cartels au Mexique....................................56

C) Bilan.................................................................................................56

§3. Une politique étrangère génératrice de tensions.

A Les conséquences des révélations Snowden.

B Le soutien à l'opposition et la lutte économique contre le Venezuela.

C Bolivie

D Uruguay et Argentine...........................................................................60

1 Uruguay.............................................................................................60

2 les pressions judiciaires sur l'Argentine au sujet de sa dette..................................60

Table des matièresDédicace, Épigraphe, etc. 2

Avant-propos, Préface, Avertissement 3

Remerciements 4

Sommaire 5

Introduction 6

PARTIE 1
-
TITRE NIVEAU 1 7

CHAPITRE 1 - TITRE NIVEAU 2 8

Titre niveau 3 8

Titre niveau 4 8

Titre niveau 4 8

Titre niveau 4 9

Titre niveau 5 9

Titre niveau 5 9

Titre niveau 5 9

Titre niveau 3 9

Titre niveau 4 9

Titre niveau 4 9

Titre niveau 4 9

Titre niveau 3 10

Titre niveau 4 10

Titre niveau 4 10

Titre niveau 4 10

CHAPITRE 2 - TITRE NIVEAU 2 11

Titre niveau 3 11

Titre niveau 4 11

Titre niveau 4 11

Titre niveau 4 11

Titre niveau 3 11

Titre niveau 4 11

Titre niveau 4 11

Titre niveau 4 12

Titre niveau 3 12

Titre niveau 4 12

Titre niveau 4 12

Titre niveau 4 12

CHAPITRE 3 - TITRE NIVEAU 2 13

Titre niveau 3 13

Titre niveau 4 13

Titre niveau 4 13

Titre niveau 4 13

Titre niveau 3 13

Titre niveau 4 13

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Titre niveau 4 14PARTIE 2
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PARTIE 3
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CHAPITRE 7 - TITRE NIVEAU 2 23

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Conclusion 29

Postface 30

Sources 31

Bibliographie 32

Table des annexes 33

Table des illustrations (dans le texte) 37

Table des illustrations 38

Table des cartes 42

Table des figures 46

Table des tableaux 50

Sigles et abréviations utilisés 54

Glossaire 55

Index des noms de lieux, de personnes, etc. 56

Table des matières 57 RESUME

La Doctrine Monroe a été la pierre angulaire de la politique extérieure des Etats-Unis en Amérique jusqu'en 1989.

Avec la fin de la Bipolarisation, cette doctrine avait-elle encore un sens ?

A travers l'étude des différentes administrations Républicaines et Démocrates qui se sont succédées depuis l'effondrement de l'URSS, ce mémoire s'attachera à démontrer que la doctrine Monroe a changé mais n'a pas disparu.

* 1 La guerre anglo-américaine de 1812 a opposé les États-Unis à l' Empire britannique, entre juin 1812 et février 1815. Cette guerre est aussi connue sous les noms de guerre de 1812 ou de seconde guerre d'indépendance.

* 2 Le 26 septembre 1815, le tsar de Russie Alexandre 1er, l'empereur d'Autriche François 1er et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III signent à Paris le pacte de la Sainte-Alliance.

* 3 Les guerres d'indépendance en Amérique du Sud sont un ensemble de mouvements indépendantistes qui entre ,1810 à 1825, ont mis fin à la domination espagnole.

* 4 La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896

* 5 La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896 

* 6 L'exceptionnalisme américain est une théorie politique et philosophique qui considère que les États-Unis occupent une place spéciale parmi les nations du monde en termes de sentiment national, d'évolution historique, d'institutions politiques et religieuses, et parce que c'est un pays qui a été construit par des immigrés

* 7 La guerre américano-mexicaine (1846- 1848) a opposé les États-Unis au Mexique. Elle est déclenchée lorsque le Congrès américain vote l'annexion du Texas en 1845.

* 8 Estimant que le point de vue traditionnellement adopté par les ouvrages d'histoire de États-Unis était assez limité, Zinn décida à la fin des années 1970 de rédiger lui-même un ouvrage sur ce thème afin de renouveler la perspective sur l'histoire de son pays. Son Histoire populaire des États-Unis constitue ainsi une « contre-histoire » prenant à rebours les grands mythes américains.

* 9John L. O'Sullivan ( 15 novembre 1813- 24 mars 1895) est un journaliste et homme politique américain, auteur de l'expression «  Destinée manifeste » en 1845 lorsqu'il qualifiait l'annexion du Texas et du comté de l' Oregon aux États-Unis.

* 10 Sous-secrétaire d'Etat Olney La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896

* 11 La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896

* 1213 La Doctrine de Monroe à la fin du XIXe siècle /de Merignhac, Alexandre-Geraud-Jacques-Antoine - 1896

* 14 La guerre hispano-américaine est un conflit armé qui se déroula d'avril à août 1898 entre les États-Unis et l' Espagne, et qui eût pour conséquence la confirmation (à la suite de la guerre d'indépendance cubaine) de l'indépendance de Cuba jusqu'en 1901, et la prise de contrôle d'anciennes colonies espagnoles dans les Caraïbes et l'océan Pacifique par les États-Unis( Guam, Porto Rico, les Philippines )

* 15Corollaire Roosevelt est une interprétation expansionniste de la doctrine de Monroe (1823) exposée par le président américain Theodore Roosevelt dans un discours prononcé le 6 décembre 1904 au début de la troisième session du 58e Congrès des États-Unis.

* 16O. Henry Cabbages and Kings : Henry a été inspiré de ce qu'il a vu au Honduras, un pays envahi en 1910 par la compagnie américaine Cuyamel Fruit, qui finit par se mettre en guerre contre le Guatemala voisin en raison des rivalités entre Cuyamel et la United Fruit Company.

* 17Jacobo Árbenz Guzmán fut président du Guatemala de 1951 à 1954, lorsqu'il fut renversé par un coup d'État organisé par la CIA. Il fit campagne, en se présentant comme un réformateur en promettant de rendre le Guatemala économiquement indépendant et de le débarrasser de la dépendance des États-Unis

* 18 L'endiguement (« containment » en anglais) est la stratégie de politique étrangère adoptée par les États-Unis après-guerre. L'endiguement visait à stopper l'extension de la zone d'influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947 et à contrer les États susceptibles d'adopter le communisme.

* 19Salvador Allende Gossens ( 26 juin 1908 - 11 septembre 1973), est président de la République du Chili du 3 novembre 1970 au 11 septembre 1973.Il devient ainsi le premier président socialiste en Occident à être parvenu au pouvoir par des élections dans un État de droit. Le gouvernement de Salvador Allende, soutenu par l'Unité populaire, une coalition de partis de gauche, a tenté de mettre en place un État socialiste de façon non-violente etlégale, la « voie chilienne vers le socialisme », par des projets tels que la nationalisation des secteurs clés de l'économie et la réforme agraire. Allende a fait face à la polarisation politique internationale de la Guerre froide et à une grave crise politique, économique et financière au Chili. Le coup d'État du 11 septembre 1973 mené par Augusto Pinochet met fin à son mandat par la force, renverse le gouvernement et instaure une dictature militaire

* 20 Les Somoza sont une famille influente du Nicaragua qui exercera une dictature pendant 43 ans (1937-1979)

* 21La Fin de l'histoire et le Dernier Homme :il y soutient que le modèle occidental de démocratie libérale ne serait pas seulement le vainqueur de la guerre froide mais constituerait également le stade idéologique ultime dans la longue marche de l'histoire.

* 22Hubert Védrine, est Ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002 et définit la notion et l'utilisation du terme d' « hyperpuissance » pour qualifier les États-Unis

* 23 Utilisée lors d'un discours prononcé au Congrès des États-Unis le 11 septembre 1990 par le président George H. W. Bush 3, l'expression « nouvel ordre mondial » s'inscrit dans la lignée des formules exprimant l'idée de nouveauté dans la diplomatie américaine, après la « nouvelle donne » de 1932 et la « nouvelle frontière » de 1960.« Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s'orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. »

* 24  Discours du président américain George H. W. Bush au Congrès le 11 septembre 1990

* 25Article de Charles LARUE 16 octobre 2010 Analyses, Tiers-Monde et émergents, Un peu d'histoire qui explique la crise de la dette : « Dans les années 1960 et 1970, l'Amérique latine connaît un développement important, fondé sur les investissements étrangers (majoritairement en provenance des banques occidentales, où les pays arabes producteurs de pétrole plaçaient leur argent) qui permettent un décollage industriel important, au Mexique par exemple. C'est également le cas du Brésil, dont les taux de croissance ont justifié l'expression de « miracle brésilien » au tournant des années 1970.

Cependant, à la fin des années 1970, alors que la crise économique pousse les pays occidentaux à réduire leurs importations, notamment de produits de base tels que le cacao qu'ils achetaient aux pays du Sud, on assiste à un retour en force du libéralisme, en particulier aux Etats-Unis. Ainsi, lorsqu'aux Etats-Unis Ronald Reagan arrive au pouvoir, celui-ci reconduit à son poste Paul Volcker, alors président de la banque centrale américaine (FED). Les taux directeurs américains dépassent à cette époque les 20% pour combattre l'inflation. Ceci entraîne une raréfaction du crédit pour les paysdu Sud et une hausse de la valeur dudollar.En conséquence, le crédit devient d'une part plus chère pour les pays d'Amérique latine, mais aussi plus difficile à rembourser, si bien que les intérêts non-payés se sont ajoutés à la dette qui existait déjà, rendant la situation insupportable pour nombre de pays.

En 1982, le Mexique annonce ainsi qu'il est en incapacité de rembourser ses dettes. Dès lors, la dette apparaît clairement aux yeux du monde. Par conséquent, l'instabilité économique menaçait également nombre d'économies occidentales, créditrices auprès de l'Amérique latine. Avec l'aide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale (BIRD), les gouvernements occidentaux ont donc dû prendre ce problème à bras le corps. Deux organismes ont notamment contribué à rééchelonner les dettes non-remboursables : le Club de Paris pour les créanciers publics, le Club de Londres pour les créanciers privés. En octobre 1985, le plan Baker est mis en place mais ses effets seront peu visibles, d'autant qu'il ne s'attaque pas aux sources du problème. Finalement, c'est le plan Brady qui, en 1989, permet de mettre fin à la crise par l'émission d'obligations et des réductions partielles de dettes. En échange d'un réaménagement de leur dette, les pays d'Amérique latine s'engagent ainsi à ouvrir leur économie par des réformes libérales : les Plans d'Ajustement Structurels (PAS).

Ces PAS, mis en place par le FMI ou la BIRD, ont pour but d'ouvrir les économies des pays endettés, d'engager un processus de libéralisation, par exemple par des privatisations, et de mener une politique d'austérité, souvent accompagnée d'une dévaluation de la monnaie. Ces plans s'inspirent de ce que John Williamson a appelé, en 1989, le Consensus de Washington, qui préconise des réformes fiscales, des restrictions budgétaires et une libéralisation des économies. Mais ceux-ci ont aussi été décriés car ils ont entrainé une réduction des dépenses publiques notamment pour l'éducation et la santé. Ceci a été à l'origine d'un recul important des politiques sociales et d'une paupérisation des populations, à l'origine de l'élection de nombreux gouvernements de gauche à partir de la fin des années 1990 ».

* 26 Milton Friedman est un économiste Américain fervent défenseur du libéralisme et fondateur de l'école de Chicago. Ses idées sur le monétarisme, la fiscalité, les privatisations et la dérèglementation ont directement ou indirectement inspiré les politiques économiques de nombreux gouvernements à travers le monde, notamment ceux de Ronald Reagan aux États-Unis, de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, d'Augusto Pinochet au Chili.

* 27 Depuis les années 1960, l'Armée nationale colombienne, les insurgés de gauche (FARC, ELN) et les paramilitaires sont engagés dans le plus long conflit armé du continent alimenté par le narcotrafic qui a pris son essor dans les années 1980.

* 28 Cree en 1973 la Drug Enforcement Administration est présente sur presque tout l'ensemble du continent américain, et plus particulièrement en Colombie, en Bolivie, au Pérou, au Panama et au Mexique.

* ANNEXE 29

Sommet de Carthagène sur la drogue

« La coopération économique et les initiatives internationales ne peuvent être efficaces que s'il existe des programmes concomitants et dynamiques de lutte contre la production, le traitement et la demande de drogues illicites. 30Il est clair que pour être pleinement efficace, les efforts de réduction de l'offre doivent s'accompagner d'une réduction significative de la demande. Les Parties reconnaissent que l'échange d'informations sur les programmes de contrôle de la demande profitera à leurs pays.

Les Parties reconnaissent que la nature et l'impact du trafic et de l'interdiction des drogues

illicites varie dans chacun des trois pays andins et ne peut pas être entièrement abordé dans

ce document. Les Parties négocieront des accords bilatéraux et multilatéraux,

conformément à leurs efforts antidrogues, en précisant leurs responsabilités et leurs engagements en matière de coopération économique et d'actions renforcées d'application de la loi.

A. Compréhension des aspects économiques et du développement alternatif

Les Parties reconnaissent que le trafic de drogues illicites à un impact négatif à long terme sur leurs économies. Dans certaines parties, les bénéfices tirés de la production et du commerce de la coca et du trafic illicite de drogue contribuent, à des degrés divers, à l'entrée de devises et à la création d'emplois et de revenus. La suppression de la production et du commerce de coca entraînera des coûts économiques importants, immédiats et à long terme qui affecteront, de diverses façons, chacun des pays andins.

Le président des États-Unis demandera au Congrès d'autoriser de nouveaux fonds pour le programme pendant les années fiscales 1991 à 1994, afin de soutenir les efforts des Parties andines pour contrer l'impact socio-économique à court et à long terme d'une lutte efficace contre les produits illicites. Cette contribution des États-Unis se fera dans le cadre des

actions contre le trafic de drogue effectuées par les Parties andines. Les Parties andines réitèrent l'importance de mettre en oeuvre ou de renforcer des politiques économiques solides pour l'utilisation efficace d'une telle contribution. Les États-Unis sont également prêts à coopérer avec les partis andins dans un large éventail d'initiatives pour le développement, le commerce et l'investissement afin de renforcer et de soutenir la croissance économique à long terme. 

 Le développement alternatif, conçu pour remplacer l'économie de la coca au Pérou et en Bolivie et le trafic illicite de drogue dans toutes les parties des Andes, comprend les domaines de coopération suivants. À court terme, il est nécessaire de créer et / ou de renforcer les programmes d'urgence sociale et le soutien de la balance des paiements pour atténuer les coûts sociaux et économiques découlant de la substitution. À moyen et à long terme, des programmes et des mesures d'investissement seront nécessaires pour créer les conditions économiques pour la substitution définitive de l'économie de la coca dans les pays où il existe ou de ce secteur de l'économie touchée par le trafic de stupéfiants. Il est nécessaire de mettre en oeuvre des programmes visant à préserver l'équilibre écologique. »

Développement alternatif et remplacement des cultures

Afin de favoriser l'augmentation des emplois et des opportunités de revenus dans l'ensemble du système productif et de mettre en oeuvre ou d'améliorer une politique économique saine pour soutenir une croissance à long terme, les États-Unis appuieront les mesures visant à stimuler le développement rural généralisé, à promouvoir les exportations non traditionnelles et construire ou renforcer l'infrastructure productive. Les Parties, conformément aux politiques respectives de la Bolivie, de la Colombie, du Pérou et des États-Unis, détermineront l'assistance économique nécessaire pour assurer des politiques économiques saines et soutenir le développement alternatif et la substitution des cultures, ce qui, à moyen terme, aidera à remplacer le revenu, l'emploi et les échanges de devises dans les pays où ceux-ci ont été générés par l'économie illégale de la coca. Les États-Unis sont prêts à financer des activités économiques de ce genre avec des ressources nouvelles et concessionnaires.

Afin de réaliser un programme complet de développement alternatif et de substitution des cultures, les Parties conviennent que, en plus de la coopération fournie par les États-Unis, la coopération économique, ainsi que des incitations plus importantes à l'investissement et au commerce extérieur d'autres sources, seront nécessaires. Les Parties feront des efforts concertés pour obtenir le soutien des institutions multilatérales et autres institutions économiques pour ces programmes, car les trois Parties andines appliquent ou poursuivent des politiques économiques solides et des programmes efficaces contre les drogues.

Les parties sont convaincues qu'une lutte globale contre le trafic de drogue illicite perturbera le marché des dérivés de la coca et de la coca et réduira leurs prix. Comme le succès est atteint dans cette lutte, ceux qui travaillent dans la culture de coca et dans leur traitement primaire chercheront à trouver d'autres sources de revenus soit par substitution de cultures, soit par changement d'emploi. Les Parties travailleront ensemble pour identifier les activités de revenus alternatifs pour le financement extérieur. Les États-Unis sont prêts à envisager le financement d'activités telles que la recherche, la vulgarisation, le crédit et d'autres services de soutien agricole et le soutien des initiatives du secteur privé pour la création de micro-entreprises et agro-industries.

Les États-Unis coopéreront également avec les partis andins pour promouvoir des marchés nationaux et étrangers viables pour vendre les produits générés par des programmes de développement alternatif et de substitution des cultures. »

 2. Atténuation de l'impact social et économique de la lutte contre le trafic illicite de drogues

À mesure que les Parties andines mettent en oeuvre ou continuent de développer des programmes efficaces d'interdiction du flux de drogues illicites et d'éradication des cultures, ils auront besoin du type de décaissement rapide pour atténuer les coûts sociaux et économiques à petite échelle et à grande échelle. Les Parties coopéreront pour identifier le type d'assistance nécessaire. Les États-Unis sont prêts à fournir un soutien de la balance des paiements pour répondre aux besoins en devises. Les États-Unis envisagent également de financer des programmes sociaux d'urgence pour offrir des emplois et d'autres opportunités aux pauvres directement touchés par la lutte contre les drogues illicites.

3. Initiatives commerciales, incitations aux exportations et aux investissements étrangers privés Une augmentation du commerce et de l'investissement privé est essentielle pour faciliter une croissance économique soutenue et aider à compenser les perturbations économiques résultant d'un programme efficace contre les drogues illicites. Les Parties travailleront ensemble pour accroître le commerce entre les trois pays andins et les États-Unis, facilitant effectivement l'accès au marché des États-Unis et renforçant la promotion des exportations, y compris l'identification, le développement et la commercialisation de nouveaux produits d'exportation. Les États-Unis envisagent également de fournir une assistance technique et financière appropriée pour aider les produits agricoles andins à respecter les conditions d'admission. Les Parties peuvent envisager l'établissement de politiques économiques et d'investissement, ainsi que des lois et règlements visant à favoriser l'investissement privé. Lorsque des conditions favorables existent, les États-Unis faciliteront l'investissement privé dans les trois pays andins, en tenant compte des conditions particulières et du potentiel de chacun. B. Compréhension de l'attaque des drogues illicites Les Parties réaffirment leur volonté de lutter contre le trafic de drogue de manière globale et attaquant toutes les facettes du commerce : production, transport et consommation. Une telle action globale comprend les éléments suivants : - Actions préventives pour réduire la consommation et donc exiger.

Activités de contrôle et d'application de la loi contre la culture, la transformation et la commercialisation illicites de drogues illégales.

- Contrôle des produits chimiques essentiels pour la production de drogues illégales et les moyens utilisés pour leur transport.

- La saisie, la confiscation et le partage des produits illégaux et des biens utilisés pour commettre des crimes liés aux stupéfiants.

- Coordination des forces de l'ordre, des militaires, des procureurs et des tribunaux, dans le cadre de la souveraineté nationale de chacune des Parties.

- Actions visant à réduire nettement la culture illégale de coca.

Les Parties s'engagent à procéder à une évaluation continue de leur coopération afin que le Président des États-Unis, le cas échéant, puisse demander au Congrès de fournir une assistance supplémentaire aux Parties Andines.

Étant donné que les Parties agissent dans le cadre du respect des droits de l'homme, elles réaffirment que rien ne ferait plus pour saper la guerre contre la drogue que le non-respect des droits de l'homme par les participants.

1. Prévention et demande

Les Parties s'engagent à soutenir le développement et l'élargissement des programmes de prévention globale, tels que l'éducation publique préventive dans les zones rurales et urbaines, le traitement des toxicomanes et l'information pour encourager l'opposition du public à la production, au commerce et à la consommation de drogues illégales. Ces programmes sont fondamentaux si le problème de la drogue doit être confronté avec succès.

Les Parties reconnaissent que les efforts de prévention dans les quatre pays bénéficieront d'informations partagées sur les programmes de prévention réussis et des accords de coopération bilatéraux et multilatéraux pour étendre leurs efforts dans ce domaine.

À cette fin, les Parties s'engagent à apporter des ressources économiques, matérielles et techniques pour soutenir de tels programmes de prévention.

2 Interdiction

Une bataille contre un produit illicite doit se concentrer sur la demande, la production et le commerce de ce produit. L'interdiction des drogues illégales, au fur et à mesure qu'elles passent du producteur au consommateur, est essentielle. Les Parties s'engagent à intensifier leurs efforts dans leurs propres pays pour interdire les drogues illicites et pour accroître leur coordination et leur coopération afin de faciliter cette lutte. Les États-Unis sont prêts à fournir une coopération accrue en matière d'équipement et de formation aux organes d'application de la loi des Parties andines.

3. Implication des forces armées des pays respectifs

Le contrôle du trafic illicite de drogues est essentiellement une question d'application de la loi. Cependant, en raison de son ampleur et des différents aspects impliqués, et en accord avec l'intérêt souverain de chaque Etat et de son propre système judiciaire, les forces armées de chacun des pays, sur leur propre territoire et dans les juridictions nationales, peuvent également participer. Les Parties peuvent établir des ententes bilatérales et multilatérales pour la coopération en fonction de leurs intérêts, de leurs besoins et de leurs priorités.

 Les Etats unis sous entendent qu'ils interviendront aux côtés de ces pays.

 4. Partage de l'information et coopération en matière de renseignements

Les Parties s'engagent à échanger davantage d'informations et de renseignements afin de renforcer l'action des organismes compétents. Les Parties poursuivront des ententes bilatérales et multilatérales sur la coopération en matière d'information et de renseignement, conformément à leurs intérêts et priorités nationaux.

5. Eradication et découragement des cultures illicites

L'éradication peut jouer un rôle essentiel dans le combat antidrogue de chaque pays. Dans chaque cas, les programmes d'éradication doivent être soigneusement élaborés, en mesurant leurs effets possibles sur la production totale de drogues illicites dans chaque pays ; leur rapport coût-bénéfice par rapport à d'autres moyens de lutte contre les drogues illicites ; qu'ils puissent être les plus efficaces en tant que programmes volontaires ou obligatoires ou une combinaison des deux ; et leurs conséquences politiques et sociales probables.

Les Parties reconnaissent que pour éradiquer les cultures illicites, la participation des producteurs eux-mêmes est souhaitable, en adoptant des mesures qui les aideront à obtenir des sources de revenus légales.

De nouvelles opportunités économiques, telles que des programmes de développement alternatif et de substitution des cultures, seront encouragées à aider à dissuader les producteurs d'initier ou d'élargir la culture illégale. Notre objectif est une réduction soutenue de la superficie totale cultivée illégalement.

Les programmes d'éradication doivent protéger la santé humaine et préserver l'écosystème.

6. Contrôle des actifs financiers

Les parties conviennent d'identifier, de tracer, de geler, de saisir et d'appliquer d'autres procédures légales pour la disposition de la criminalité antidrogue dans leurs pays respectifs et d'attaquer les aspects financiers du commerce illicite de drogue. Conformément à leurs lois respectives, chacune des Parties cherchera à adopter des mesures pour définir, catégoriser et criminaliser le blanchiment d'argent, ainsi que pour accroître les efforts visant à mettre en oeuvre la législation en vigueur. Les parties conviennent d'établir des formules prévoyant des exceptions au secret bancaire.

7. Confiscation et partage des produits de drogue illégaux

Les parties s'engagent à mettre en place un système de confiscation et de partage des bénéfices et des actifs illégaux des médicaments et à mettre en place des programmes efficaces dans ce domaine.

Dans les cas des États-Unis liés à la confiscation de biens de trafiquants de drogues illégales où la Bolivie, la Colombie et le Pérou fournissent une assistance au Gouvernement des États-Unis, le Gouvernement des États-Unis s'engage à transférer au Gouvernement aidant les biens confisqués, dans la mesure compatible avec Lois et règlements des États-Unis. Les parties chercheront également des accords de partage d'actifs pour la Bolivie, la Colombie et le Pérou avec d'autres pays.

8. Contrôle des produits chimiques essentiels utilisés dans la production de drogues illicites

Le contrôle aux États-Unis de l'exportation de substances chimiques utilisées dans le traitement de la cocaïne est vital. En outre, il est nécessaire de mieux contrôler l'importation et la production nationale de ces substances par les Parties andines. Des efforts conjoints doivent être coordonnés pour éliminer le commerce illicite de ces substances.

Les parties conviennent :

- intensifier l'interdiction des mouvements de produits chimiques essentiels qui sont déjà entrés dans le pays, légalement ou illégalement, et sont détournés pour le traitement des drogues illicites. Cela comprend le contrôle des points d'étranglement ainsi que l'établissement de programmes d'enquête et de suivi en étroite coopération avec tous les organismes d'application des lois des Parties.

- Développer un système interne pour suivre les produits chimiques essentiels par la vente, la revente et la distribution à l'utilisateur final.

- coopérer de manière bilatérale et multilatérale pour se fournir les informations nécessaires pour suivre les mouvements nationaux et internationaux de produits chimiques essentiels dans le but de contrôler leur vente et leur utilisation.

- soutenir les efforts déployés par les États de l'Organisation des États américains (OEA) pour élaborer et mettre en oeuvre un accord interaméricain régional sur les produits chimiques essentiels.

9. Contrôle des armes, des avions, des navires, des explosifs et des équipements de communication utilisés dans le trafic illicite de drogues

Le trafic illicite de drogue dépend fortement des armes, des explosifs, des équipements de communication et des transports aériens, maritimes et riverains tout au long de la culture illicite et du processus de production et de distribution.

Les parties conviennent :

- renforcer les contrôles sur le mouvement des armes et des explosifs illégaux et sur la vente, la revente et l'enregistrement des navires d'aéronefs et des navires dans leurs pays respectifs, qui devraient être effectués par leurs propres autorités.

Les Parties conviennent d'établir sur leur propre territoire des programmes de contrôle qui incluent :

- l'enregistrement des navires et des aéronefs ;

- l'adoption de normes juridiques permettant la confiscation effective des aéronefs et des navires ;

- contrôle des permis de pilote et de la formation ;

- enregistrement des aérodromes dans leurs pays respectifs ;

- élaboration de mesures de contrôle par rapport aux équipements de communication utilisés dans le trafic illicite de stupéfiants dans la mesure permise par leurs lois respectives et leurs intérêts nationaux.

Les États-Unis acceptent de travailler avec les partis andins pour empêcher les exportations d'armes des États-Unis aux trafiquants de drogues illégales dans les trois pays andins.

10. Coopération juridique

Les parties s'engagent à coopérer dans le partage de preuves instrumentales dans des formes recevables par leurs procédures judiciaires. Les Parties conviennent également de rechercher des mécanismes permettant l'échange d'informations sur la législation et les décisions judiciaires afin d'optimiser les procédures judiciaires contre le trafic de drogues illicites.

Les Parties reconnaissent la valeur de la coopération internationale dans le renforcement de l'administration de la justice, y compris la protection des juges, du personnel judiciaire et d'autres personnes qui participent à ces procédures.

Compréhension des initiatives diplomatiques et de l'opinion publique

Le fléau du trafic et de la consommation de drogue illicite ne respecte pas les frontières, menace la sécurité nationale et érode les structures économiques et sociales de nos nations. Il est essentiel d'adopter et de mener une stratégie globale pour promouvoir une prise de conscience complète des effets destructeurs de la production illégale, du trafic illicite et de la mauvaise consommation de drogues. Dans ce but, les Parties s'engagent à utiliser tous les moyens politiques et économiques leur en pouvoir pour mettre en oeuvre des programmes visant à atteindre cet objectif.

1. Renforcer l'opinion publique en faveur de l'intensification de la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants

La sensibilisation du public devrait également être renforcée par une action diplomatique active et déterminée. Les Parties s'engagent à renforcer les plans de programmes conjoints menant à l'échange d'idées, d'expériences et de spécialistes dans le domaine. Les Parties demandent à la communauté internationale d'intensifier un programme d'information publique mettant l'accent sur le danger du trafic de drogue dans toutes ses phases. À cet égard, les Parties s'engagent à apporter un soutien actif aux programmes interaméricains de sensibilisation du public et à la réduction de la demande et appuieront l'élaboration d'un plan d'éducation à la prévention de la toxicomanie à la réunion interaméricaine de Quito cette année.

2. Sommet économique

Le Sommet économique de 1989 à Paris a créé un Groupe d'action financière pour déterminer comment les gouvernements pourraient promouvoir la coopération et une action efficace contre le blanchiment de l'argent grâce au trafic illicite de drogue. Les États-Unis accueillent le prochain Sommet économique du 9 au 11 juillet 1990 à Houston. Les États-Unis profiteront de cette occasion pour accorder une attention particulière à la lutte contre le trafic illicite de drogue. Les Parties demandent aux pays membres du Sommet économique et aux autres participants au Groupe d'action financière d'accorder plus d'attention à l'étude des mesures économiques susceptibles de contribuer à réduire le trafic de drogue. En particulier, les Parties demandent aux pays du Sommet économique de prendre les mesures nécessaires pour que les actifs saisis du trafic illicite de drogue en Bolivie, en Colombie et au Pérou soient utilisés pour financer des programmes d'interdiction, de développement alternatif et de prévention dans nos pays.

Approches multilatérales et coordination

Les Parties ont l'intention de coordonner leurs actions dans des institutions économiques multilatérales afin d'assurer la Bolivie, la Colombie et le Pérou, une coopération économique plus large dans le cadre d'une politique économique saine.

4. Rapport à la session extraordinaire des Nations Unies sur le trafic illicite de drogues

Les Nations Unies ont reconnu que le problème du trafic de drogue représente une grave menace pour la sécurité des États et la stabilité économique. Il a appelé à un plan d'action mondial et a convoqué une session extraordinaire du 20 au 23 février 1990 pour discuter de l'ampleur de ce problème. Ce sera l'occasion appropriée de réitérer la nécessité de mettre en vigueur le plus rapidement possible la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, qui prévoit des mesures énergétiques contre le trafic illicite de drogue tout en reconnaissant les utilisations ancestrales et traditionnelles de la coca feuille.

5.Rapport à la Réunion des ministres de l'OEA et à la CICAD

L'Organisation des États américains a convoqué une réunion interaméricaine des ministres responsables des programmes nationaux de lutte contre les stupéfiants qui se tiendra du 17 au 20 avril 1990 à Ixtapa, au Mexique. Les Parties demandent instamment que la réunion des ministres et la Commission interaméricaine de lutte contre l'abus des drogues (CICAD) donnent la priorité aux compréhensions énoncées dans ce document et appuient leur mise en oeuvre anticipée dans le cadre de la coopération régionale en matière de drogue.

6. Réunion trilatérale de Madrid

Les parties soulignent l'importance du document publié par la Réunion trilatérale de Madrid et les efforts entrepris en Europe, en particulier la participation de la Communauté européenne, en vue d'adopter des politiques et des initiatives spécifiques contre le trafic illicite de drogue.

7. Sommet ministériel mondial pour réduire la demande de drogues et lutter contre la menace à la cocaïne

Les Parties notent avec satisfaction la convocation d'un sommet ministériel mondial pour réduire la demande de drogues et de lutte contre la menace de la coca, qui se tiendra du 9 au 11 avril 1990 à Londres. Cette réunion servira à souligner le rôle que la réduction de la demande doit jouer dans les efforts de la communauté internationale pour réduire le commerce des drogues illicites et souligne les coûts sociaux, économiques et humains du commerce. Les Parties conviennent de coordonner leurs actions et leurs futures stratégies dans ce domaine dans le but de tirer parti de cette importante initiative.

8. Démarches de transit des pays

Par l'intermédiaire d'institutions spécialisées des Nations Unies, telles que les chefs des organismes nationaux chargés de l'application de la loi, nos pays participent à d'importants efforts de coordination. Les Parties s'engagent à renforcer la coopération avec les pays de transit en ce qui concerne l'interdiction du trafic de drogues illicites.

9. Conférence mondiale contre le trafic illicite de drogues

Afin de progresser vers les objectifs convenus lors du Sommet de Carthagène, les Parties appellent à une conférence mondiale en 1991 visant à renforcer la coopération internationale dans l'élimination de la mauvaise consommation, du trafic illicite et de la production de drogues.

10. Réunion de suivi au Sommet de Carthagène

Afin de suivre l'état d'avancement des accords découlant des accords susmentionnés, les Parties conviennent de tenir une réunion de suivi de haut niveau dans un délai ne dépassant pas six mois. »

Citation: George Bush: "Declaration of Cartagena," February 15, 1990. Online by Gerhard Peters and John T. Woolley, The American Presidency Project. http://www.presidency.ucsb.edu

* 31 http://www.presidency.ucsb.edu

The President's News Conference Following the Drug Summit in Cartagena, Colombia
February 15, 1990

* 32« Le canal de  Panamá est inauguré officiellement le 15 août 1914 lorsque le vapeur Ancón effectue la première traversée entre l'Atlantique et le Pacifique. Enjeu économique convoité par les grandes puissances, le percement de ce canal a fait l'objet de divers projets au XIXe siècle, notamment de la part du Français Ferdinand de Lesseps qui a ouvert le  canal de Suez (1869). Mais c'est finalement aux États-Unisque revient la construction de ce lien transocéanique : après avoir appuyé en 1903 la sécession du Panamá, province la plus septentrionale de  Colombie, ils négocient avec le nouvel État un traité (le traité Hay-Bunau-Varilla) qui leur accorde l'usage à perpétuité du canal, ainsi qu'une souveraineté totale sur une zone périphérique d'un peu plus de 1 400 kilomètres carrés. Véritable État dans l'État dont la prospérité contraste avec la misère du reste du pays, la Zone du canal et l'exploitation du trafic maritime sont restituées au Panamá le 31 décembre 1999 ». Olivier COMPAGNON, « INAUGURATION DU CANAL DE PANAMÁ », EncyclopædiaUniversalis.

* 33De 1968 à 1981, le pays est gouverné par le général Torrijos qui par une politique étatique forte, s'efforce de donner au Panama une pleine souveraineté. Il obtient, en 1979, par la signature des traités Carter-Torrijos, la programmation de la cession du canal pour décembre 1999.

* 34John Perkins, né le 28 janvier 1945 est un  économisteécrivain et militant  écologiste  américain connu pour son ouvrage publié en  2004 Confessions of an EconomicHitman, accuse la Cia d'être à l'origine de l'accident tout comme l'accident d'avion du président équatorien deux mois plus tôt. Une accusation portée aussi à l'époque par l'URSS.

* ANNEXE 35

"Chers citoyens, hier soir, j'ai ordonné un déploiement des forces militaires américaines au Panama.

Aucun président ne prend de telles mesures à la légère. Ce matin, je veux vous dire ce que j'ai fait et pourquoi je l'ai fait

Depuis près de deux ans, les États-Unis, les nations d'Amérique latine et des Caraïbes ont travaillé ensemble pour résoudre la crise au Panama. Les objectifs des États-Unis ont été de protéger la vie des Américains, de défendre la démocratie au Panama, de lutter contre le trafic de drogue et de protéger l'intégrité du Traité du Canal de Panama. De nombreuses tentatives ont été faites pour résoudre cette crise par la diplomatie et les négociations. Tous ont été rejetés par le dictateur du Panama, le général Manuel Noriega, un trafiquant de drogue inculpé. Vendredi dernier, Noriega a déclaré que sa dictature militaire était en état de guerre avec les États-Unis et menaçait publiquement les Américains au Panama. Le lendemain, les forces sous son commandement ont tiré et tué un militaire américain non armé, ont blessé un autre, ont arrêté et brutalement battu un troisième militaire américain, puis ont brutalement interrogé sa femme, la menaçant d'abus sexuels. C'était assez.

Les menaces imprudentes du général Noriega et les attaques contre les Américains au Panama ont créé un danger éminent pour les 35 000 citoyens américains au Panama. En tant que président, je n'ai d'autre obligation que de protéger la vie des citoyens américains.

Et c'est pourquoi j'ai envoyé nos forces armées pour protéger la vie des citoyens américains au Panama et pour traduire le général Noriega devant la justice des États-Unis. J'ai contacté la direction bipartite du congrès hier soir et je les ai informés de cette décision, et après avoir pris cette mesure, j'ai également parlé avec des leaders en Amérique latine, les Caraïbes et ceux d'autres alliés américains.

En ce moment, les forces américaines, y compris les forces déployées des États-Unis la nuit dernière, sont engagées au Panama. Les États-Unis ont l'intention de retirer les forces nouvellement déployées au Panama le plus rapidement possible. Toutes les forces se sont conduites avec courage et désintéressement, et en tant que commandant en chef, je les salue tous et je les remercie au nom de notre pays. Tragiquement, certains Américains ont perdu la vie en défendant leurs concitoyens, en défendant la démocratie, et je suis de tout coeur avec leurs familles. Nous regrettons également et pleurons la perte de panaméens innocents.

Les braves panaméens élus par le peuple panaméen lors des élections de mai dernier, le président Guillermo Endara et les vice-présidents Calderon et Ford ont assumé la direction légitime de leur pays. Vous vous souvenez de ces images horribles du vice-président Ford nouvellement élu couvert de la tête aux pieds de sang, battu sans merci par les soi-disant bataillons de la dignité. Eh bien, les États-Unis reconnaissent aujourd'hui le gouvernement élu démocratiquement du président Endara. Je vais envoyer notre ambassadeur au Panama immédiatement. Des objectifs militaires clés ont été atteints. La résistance la plus organisée a été éliminée. Mais l'opération n'est pas encore terminée. Le général Noriega se cache. Et néanmoins, hier, un dictateur a gouverné le Panama, et aujourd'hui, les dirigeants élus constitutionnellement gouvernent.

J'ai ordonné aujourd'hui au secrétaire du Trésor et au secrétaire d'État de lever les sanctions économiques à l'égard du gouvernement démocratiquement élu du Panama et, en coopération avec ce gouvernement, de prendre des mesures pour effectuer un déblocage ordonné des biens du gouvernement panaméen aux États Unis. Je suis pleinement engagé à mettre en oeuvre les traités du Canal de Panama et à transférer le canal au Panama en l'an 2000. Les actions que nous avons prises et la coopération d'un nouveau gouvernement démocratique au Panama nous permettront d'honorer ces engagements. Dès que le nouveau gouvernement recommande à un candidat qualifié, panaméen, d'être administrateur du canal, comme il est demandé dans les traités, je présenterai ce candidat au Sénat pour examen rapide.

Je me suis engagé à renforcer notre relation avec les nations démocratiques dans cet hémisphère. Je continuerai à chercher des solutions aux problèmes de cette région par le biais du dialogue et de la diplomatie multilatérale.

Je n'ai pris ces mesures qu'après avoir conclu que toutes les autres solutions étaient vaines et que la vie des citoyens américains était gravement menacée.

J'espère que les gens du Panama mettront derrière eux ce sombre chapitre de la dictature et avancent ensemble en tant que citoyens d'un Panama démocratique avec ce gouvernement qu'ils ont eux-mêmes élus.

Les États-Unis sont désireux de travailler en partenariat et en toute amitié avec le peuple panaméen pour reconstruire leur économie. Le peuple panaméen veut la démocratie, la paix et les chances d'une vie meilleure dans la dignité et la liberté. Les citoyens des États-Unis cherchent seulement à les soutenir dans la poursuite de ces nobles objectifs.

Merci beaucoup36. »

* 37 Une histoire populaire des Etats-Unis Howard Zinn

* 38L'invasion du Panama a provoqué l'indignation internationale. Certains pays ont affirmé que les États-Unis ont commis un acte d'agression par l'invasion du Panama et tentent de dissimuler une nouvelle manifestation de sa politique interventionniste par la force en Amérique latine. Le 29 décembre, l'Assemblée générale des Nations unies a voté 75-20 avec 40 abstentions pour condamner l'invasion comme une violation flagrante du droit international. Le 22 décembre, l'Organisation des États américains a adopté une résolution déplorant l'invasion et l'appel pour le retrait des troupes américaines, en plus d'une résolution condamnant la violation du statut diplomatique de l'ambassade nicaraguayenne au Panama par des forces spéciales qui avaient pénétré dans le bâtiment. Au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, après avoir discuté de la question pendant plusieurs jours, un projet de résolution exigeant le retrait immédiat des forces des États-Unis de Panama a eu un veto le 23 décembre par trois des membres permanents du Conseil de sécurité,  France, Royaume-Uni et les États-Unis qui ont cité le droit de légitime défense d'Américains présents sur le canal de Panamá.

* 39Dans son ouvrage Washington et le monde : dilemmes d'une superpuissance

(Justin Vaïsse et Pierre Hassner 2003),Hasner parle de « Wilsonisme botté » pour décrire la politique étrangère de Bush, marquée par une collision entre des racines idéalistes, une méfiance à l'égard des institutions internationales et l'idée que la force est in fine un moyen légitime et efficace de parvenir à ses fins.

* 40Lors de son discours sur l'état de l'Union le 29 janvier 2002, George Bush parle d'axe du mal et désigne trois Etats : la Corée du Nord, l'Iran et l'Iraq,

* 41 Discours au Council on Foreign Relations le 3 décembre 2003

* 42 Général et homme d'État sud-américain. II est une figure emblématique, avec l'Argentin José de San Martín et le Chilien Bernardo O'higgins, de l'émancipation des colonies espagnoles d'Amérique du Sud dès 1813. Il participa de manière décisive à l'indépendance des actuels Bolivie, Colombie, Équateur, Panama, Pérou et Venezuela.

* 43 Le coup d'État du 11 avril 2002 au Venezuela désigne une tentative avortée de destitution forcée du président du Venezuela Hugo Chávez, qui fut détenu et empêché d'exercer son pouvoir pendant 47 heures. Durant cette période, le pouvoir fut exercé par Pedro Carmona. Une combinaison de force militaire et de manifestations populaires fit avorter le coup d'État et permit de remettre en place Hugo Chávez.

* 44L'ALBA est créée le 14 décembre 2004à La Havane, par la Déclaration conjointe signée par Hugo Chávez et Fidel Castro en opposition à la proposition de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), promue par les États-Unis. Elle rentre officiellement en vigueur le 28 avril 2005.L'Alliance compte actuellement onze membres : Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, l' Équateur, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès et la Grenade

* 45 Définition de Kevin Parthenay Observatoire Politique de l'Amérique Latine et des Caraïbes : « L'Accord de Coopération Énergétique (ACE) Petrocaribe est un pacte de sécurité énergétique

proposé par Hugo Chávez, Président de la République bolivarienne du Venezuela. Créé en

Juin 2005, l'accord institue des livraisons de pétrole vénézuélien à des tarifs préférentiels en

direction des États de la Caraïbe et d'Amérique Centrale et vise un « usage rationnel et solidaire des ressources énergétiques »

* 46 Le projet comportait, entre autres, les propositions suivantes :

· le droit de tous aux soins médicaux, à la nourriture, à la sécurité sociale et à l'éducation ;

· la gratuité des soins pour les personnes âgées ;

· le renforcement du contrôle de l'État sur les ressources essentielles, tels le pétrole et les minerais ;

· la possibilité d'exproprier et de redistribuer les terres arables inusitées ;

· la légalisation des mariages homosexuels ;

· la possibilité pour le président de se présenter pour un second mandat

* 47Article du Monde du 10 décembre 2007 : 
«  La Banque du Sud, qui se veut une riposte latino-américaine au Fonds monétaire ' international (FMI), a été lancée, dimanche soir 9 décembre, à Buenos Aires, au cours d'une cérémonie à laquelle participaient six des sept présidents des pays d'Amérique du Sud impliqués dans ce ' projet : le ' Venezuela, le ' Brésil, la ' Bolivie, l'' Equateur, l'' Argentine, l'' Uruguay et le ' Paraguay. "Cette banque doit être le premier pas vers une monnaie commune à l'Amérique du Sud", a déclaré au cours de la cérémonie le président bolivien, Evo Morales. Cette banque régionale, dotée au départ d'un capital de 7 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros), a pour vocation, a expliqué le président brésilien, Luis Inacio Lula da Silva, de "financer des projets dans des secteurs-clés de l'économie, comme les infrastructures, la science et la technologie, et pour la réduction des inégalitésdans la région".

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2007/12/10/sept-pays-latino-americains-lancent-officiellement-la-banque-du-sud

* 48 Journaliste, directeur France de Crisis Action

* https://greatspeeches.wordpress.com

ANNEXE49

« Les Etats-Unis se retirent de Manta, dernière base américaine en Amérique du Sud

par Sylvain Biville

Article publié le 17/07/2009 

L'armée américaine a commencé vendredi l'évacuation de sa base aérienne de Manta, en Equateur. Ce retrait fait suite à la décision du président équatorien Raphaël Correa de fermer l'installation, considérée par Washington comme stratégique dans la lutte anti-drogue. La fermeture de Manta va contraindre les Etats-Unis à revoir leur présence militaire en Amérique latine.

Membres de la patrouille de l'US Air Force sur le tarmac de la base militaire de Manta en Equateur, le 23 Octobre 2008.
(Photo : AFP)

« Tout homme politique latino-américain qui accepte une base militaire nord-américaine est un traître à son pays, un traître à sa patrie », a lancé jeudi à La Paz le président bolivien Evo Morales, entouré de ses homologues vénézuélien Hugo Chavez et équatorien Rafael Correa. La déclaration de l'un des chefs de file de la gauche radicale latino-américaine vient à point nommé, alors que débute ce vendredi le démantèlement de la base militaire de Manta, sur la côte pacifique de l'Equateur.

A quoi servait la base militaire américaine de Manta ?

Manta était une base stratégique pour les Etats-Unis dans la lutte contre le trafic de drogue. Relativement récente, elle a été créée en 1999. Ce n'est pas une base traditionnelle, du type de celles que les Etats-Unis ont installé en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec des milliers de soldats stationnés en permanence. Manta est un « poste avancé » - pour reprendre la terminologie du Pentagone -, rattaché au Commandement Sud (USSOUTHCOM), basé à Miami en Floride.

D'une capacité maximale de 400 hommes, Manta servait surtout de piste d'envol et d'atterrissage pour les avions de renseignement américains, chargés de traquer les mouvements de drogue dans la région. Sa position idéale permettait de couvrir aisément les principales zones de production de la cocaïne, en Colombie, au Pérou, et en Bolivie. Il existe deux autres bases du même type dans la région : au Salvador (Amérique centrale) et à Curaçao, île néerlandaise des Caraïbes. Les Etats-Unis estiment que les renseignements recueillis grâce à ces trois « postes avancés » ont permis la saisie de 1 600 tonnes de drogue ces dix dernières années.

Les Etats-Unis évacuent leur base militaire de Manta en Equateur.
(Carte : L. Mouaoued/RFI)

Pourquoi la base américaine de Manta doit-elle fermer aujourd'hui ?

Les autorités équatoriennes ont décidé de ne pas renouveler le bail de 10 ans, signé en 1999 entre Washington et Quito, qui expire en novembre 2009. C'était une promesse de campagne de Rafael Correa, avant même son élection à la présidence équatorienne en 2006. Une fois au pouvoir, il en a fait une question de principe, en parlant même de « bouter les `gringos' hors du pays ». Il a même fait inscrire dans la nouvelle Constitution du pays, approuvée par referendum en septembre 2008, l'interdiction de toute présence militaire étrangère permanente sur le sol national.

La fermeture de la base est acquise depuis un an et demi. C'est sa mise en oeuvre qui débute aujourd'hui. La fermeture sera définitive en septembre.

Le débat idéologique autour de Manta

La décision de fermer la base américaine de Manta est éminemment politique. Rafaël Correa en a fait une question de souveraineté nationale, en accusant les Etats-Unis d'avoir utilisé la base pour autre chose que la lutte anti-drogue. Il affirme notamment que ce sont des informations recueillies par les avions espions américains de Manta qui ont permis à l'armée colombienne de mener le raid du 1er mars 2008 en territoire équatorien contre les FARC, qui a coûté la vie à Raul Reyes, numéro deux des FARC. « Il ne fait aucun doute que l'armée colombienne a bénéficié de la surveillance aérienne et des radars des avions américains stationnés à Manta », confirme Larry Birns, directeur du  Council of HemisphericalAffairs, organisme basé à Washington, spécialisé dans les relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine.

Face aux critiques, les autorités américaines défendent l'utilité de la base de Manta. Ils assurent avoir injecté annuellement, ces dix dernières années, 6,5 millions de dollars dans l'économie locale. Ils vantent le soutien financier apporté à plusieurs organisations caritatives locales, à des écoles et des orphelinats. Plus largement, ils assurent que la base a joué un rôle stratégique dans la lutte contre le trafic de drogue et donc dans la protection des populations de la région, y compris des Equatoriens. « Manta ne menace la souveraineté d'aucun pays », assure l'ambassadeur Jeffrey Davidow, conseiller de Barack Obama pour le sommet des Amériques de Trinidad et Tobago en avril dernier et président de  l'Institute of the Americas, basé à La Jolla en Californie.

Comment le départ des militaires américains est-il perçu à Manta ?

En Equateur, le début du démantèlement de la base militaire de Manta suscite peu de commentaires  (Voir la revue de presse des Amériques de Michèle Gayral). A Manta même, cela fait longtemps que la population s'était désintéressée du sort des soldats américains, qui vivaient en cercle fermé sur les 27 hectares qui leur avaient été concédés. « La base s'en va et ici, personne n'en parle », note Christophe Moreau, un Français installé à Manta, où il dirige Oro Verde, principal établissement de la ville.


Les Américains vont-ils chercher à remplacer la base de Manta ?

A partir de ce vendredi, plus aucun vol de renseignements ne pourra être effectué par des appareils américains à partir de la base de Manta. Mais les Etats-Unis ont déjà trouvé une solution de remplacement. Adieu l'Equateur, vive la Colombie ! Le ministre colombien de la Défense a annoncé cette semaine un accord de principe sur la possibilité pour les avions américains chargés de la lutte anti-drogue d'opérer à partir de bases aériennes en Colombie. « Il n'y aura depuis la Colombie aucune opération impliquant une projection de forces vers une autre nation », a précisé le général Freddy Parilla de Leon, pour rassurer les voisins vénézuélien et équatorien. Le chef de la diplomatie colombienne a quant à lui insisté sur le respect de la souveraineté nationale, les bases restant sous commandement colombien, contrairement à Manta. Les Etats-Unis pourraient en tous cas gagner au change dans ce redéploiement de leurs activités de l'Equateur vers la Colombie, puisque Bogota s'apprête à accepter la présence de 800 soldats américains sur leur sol, contre moitié moins à Manta. » http://www1.rfi.fr/actufr/articles/115/article_82802.asp

* 50 http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/13/la-bolivie-lutte-contre-la-cocaine-mais-defend-la-coca_4614850_3244.html

* 51 Le ministre bolivien de gouvernement, Carlos Romero, a signalé que des documents révélés par Wikileaks, ont démontré l'ingérence des États-Unis dans les affaires internes du pays andin dans la période 2006-2008.

* 52Lamia Oualalou journaliste basée à Rio, elle collabore régulièrement à Mediapart et au Figaro.

* ANNEXE 53

« Le conflit en Bolivie préoccupe ses voisins

L'état de siège est déclaré dans la région du Pando, où plus de trente personnes ont été tuées.

Pour l'Unasur, l'union des pays d'Amérique du Sud née il y a quelques mois à peine, c'est le baptême du feu. Les douze chefs d'État qui en sont membres se retrouvent aujourd'hui à Santiago, puisque c'est le Chili qui assure la première présidence tournante de l'Union, afin de discuter de la crise en Bolivie.

Le pays est secoué par des explosions de violence, provoquées par l'opposition contre le gouvernement d'Evo Morales. À l'origine, ces manifestations, issues de quatre régions de l'est du pays (Santa Cruz, Beni, Tarija et Pando), ont pour objectif d'exiger la fin d'un impôt destiné à financer une allocation pour les personnes âgées les plus pauvres, la «rente dignité». Les préfets et les comités civiques, qui regroupent les entrepreneurs de ces régions, les plus riches de Bolivie, affichent ainsi leur volonté d'autonomie par rapport au pouvoir central. Concentrant la quasi-totalité des réserves d'hydrocarbures, mais aussi les terres les plus fertiles, ils s'opposent au projet d'Evo Morales d'instituer une nouvelle constitution favorable aux populations indiennes des hauts plateaux, dans l'ouest du pays. Premier président à revendiquer son origine indienne de Bolivie, Evo Morales prévoit notamment de lancer une réforme agraire au profit des paysans sans terre.

· Occupation de bâtiments publics

Le 10 août dernier, un référendum remettant en cause les mandats du président et des préfets a montré que la cause de l'autonomie était populaire dans les régions orientales, mais qu'Evo Morales l'était plus encore. Plus de 67 % des électeurs lui ont renouvelé leur confiance, c'est 13 points de plus qu'en décembre 2005, quand il a été élu dès le premier tour à la tête de la Bolivie. En position de force, le président a appelé les préfets à la négociation, tout en refusant de faire marche arrière sur la « rente dignité ». Du coup, ces derniers ont multiplié les actions. Depuis deux semaines, des troupes de choc sèment la terreur en envahissant les bâtiments publics, en occupant les aéroports et les postes-frontières et en tentant d'empêcher les exportations de gaz naturel vers l'Argentine et le Brésil.

Vendredi, la tension est montée d'un cran dans le département du Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou. Plus de trente corps ont été retrouvés, la plupart repêchés dans des rivières, à la suite des affrontements entre partisans et opposants d'Evo Morales. Rappelant que les victimes sont dans leur immense majorité des paysans acquis à sa cause, le président estime qu'il s'agit d'un « massacre à la mitraillette », auquel auraient participé «des narcotrafiquants et des tueurs à gage brésiliens et péruviens sous l'ordre du préfet du Pando». Il a déclaré l'état de siège dans le département : le port d'arme est interdit, tout comme la circulation et la réunion de plus de trois personnes entre minuit et six heures du matin. Constatant que des milices armées continuaient à patrouiller à Cobija, la capitale du département, le gouvernement a ordonné dimanche la détention du préfet pour non-exécution des ordres.

En déclarant l'état de siège, Evo Morales veut surtout calmer l'armée, alors que des rumeurs de coup d'État circulent depuis plusieurs jours à La Paz. Depuis le début du conflit, le président bolivien a ordonné aux soldats de ne pas tirer contre les manifestants, alors que l'opposition cherchait justement à l'acculer à la faute. Une attitude saluée par l'OEA, l'Organisation des États américains, mais incomprise au sein du haut commandement. Profondément nationaliste, l'armée laissait entendre qu'elle ne pouvait rester les bras croisés face aux provocations des groupuscules. Cette nervosité est devenue plus palpable encore jeudi, quand le président vénézuélien, Hugo Chavez, a fait savoir qu'il était prêt à envoyer ses troupes en Bolivie. L'offre, perçue comme une humiliation, a aussitôt été rejetée par le général bolivien Luis Trigo. Pour le président bolivien, il devenait urgent de montrer qu'il restait maître de la situation.

Le soutien affiché par certains de ses voisins latino-américains contribue à cette réaffirmation d'autorité. Sortant de son habituelle réserve diplomatique, le plus puissant d'entre eux, le Brésil, a fait savoir qu' «il ne tolérerait aucune tentative de renverser le gouvernement», et il a qualifié les attaques des opposants d'«actions terroristes».

Lamia Oualalou  http://www.lefigaro.fr/international/2008/09/15/01003-20080915ARTFIG00298-le-conflit-en-bolivie-preoccupe-ses-voisins-.php

* 54« Loi sur l'éradication de la drogue et la promotion du commerce andin » est une loi américaine promulguée le 31 octobre 2002 par l' administration Bush dans le cadre de la «  guerre contre les drogues » poursuivie par les États-Unis en Amérique latine, et notamment dans les pays andins ( Bolivie, Pérou, Équateur et Colombie).

* 55 «The bill I'm about to sign is an important step in our nation's efforts to secure our border and reform our immigration system.»

https://georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/releases/2006/10/20061026.html

* 56« Convaincu que la coopération et le dialogue devraient prévaloir afin de trouver des solutions justes et équilibrées au phénomène de la migration internationale, les chefs d'Etat et des gouvernements des pays ibéro-américains considèrent que construire des murs est une pratique incompatible avec des relations amicales et une coopération entre les États. La construction des murs n'arrête pas les migrations illégales ni la traite des migrants ... elle incite à la discrimination et à la xénophobie et favorise la formation de mafias qui mettent en danger les gens ... Nous exprimons notre profonde préoccupation devant la décision adoptée par le gouvernement des États-Unis de construire un mur à la frontière américano-mexicaine, qui constitue une mesure unilatérale contraire à l'esprit d'attention et de compréhension que l'on doit avoir entre voisins confrontés à un problème. »

Declaration signed by 22 foreign ministers at the Iberoamerican Presidential Summit Montevideo, Uruguay, Nov. 3, 2006, Latin America News & Views An occasional series of viewpoints from the Latin American press

* 57« En tant que pays, nous nous joignons à la perplexité générale sur le bien-fondé de la construction d'un mur pour répondre au problème migratoire. »

Latin America News & Views An occasional series of viewpoints from the Latin American press

* 58 Stuart Grudgings, agence Reuters, samedi 3 octobre 2009, traduit en français par Nicole Dupont, repris sur le site http://www.nationlatina.com

* 59 Intervention d'Alain Rouquié, Politologue, ancien ambassadeur au Brésil et président de la Maison de l'Amérique latine, Colloque du 14 décembre 2009 : « L'Amérique latine en mouvement ».

* 60 LAURENT DELCOURT, Sociologue et historien, chercheur au Centre tricontinental

* ANNEXE 61

« 23 décembre 2001 : quand l'Argentine fit défaut sur sa dette.

Quand l'Argentine s'est déclarée en défaut de paiement sur 100 milliards de dollars de dette à la veille de Noël 2001, le 23 décembre, le pays était en effervescence. Après la répression sanglante de manifestations populaires, le président Fernando De La Rua (1999-2001) avait fui en hélicoptère le palais présidentiel assailli par les manifestants. Quelques semaines plus tôt, des restrictions aux retraits bancaires avaient mis le feu aux poudres, affectant notamment la classe moyenne, qui s'était mobilisée lors de concerts de casseroles. Le chômage était de 20% et le taux de pauvreté avait passé la barre des 50%.

La troisième économie d'Amérique latine avait contracté une dette colossale, notamment durant la dictature des généraux (1976-1983), pour acheter du matériel militaire, et durant les années 1990 pour financer l'alignement à parité du peso argentin sur le dollar, un mécanisme qui voulait enrayer 40 ans d'inflation. Des mois avant le défaut argentin, marchés et observateurs avisés avaient compris que l'Argentine était au bord de l'abîme, en raison "d'une longue récession (3 ans), d'un fort déficit budgétaire, de la parité peso-dollar et de programmes d'ajustements absurdes", énumère l'ex-ministre de l'Économie (2002-2005) Roberto Lavagna.

En 2001 et 2002, avant et après le défaut, de nombreuses entreprises ont fermé, le chômage a bondi et la dévaluation a lourdement amputé le pouvoir d'achat de la population. Après le défaut, une grande instabilité politique a fragilisé le pays : en l'espace d'une semaine, cinq présidents ont défilé au palais présidentiel.
Grâce notamment à une agriculture tournée vers l'exportation permettant d'engranger des devises, le pays sud-américain a pu remonter la pente. Fin 2002, le cycle de récession a été stoppé et des entreprises fermées un an ou deux ans plus tôt, ont rouvert, redonnant un élan à l'économie.

Pour rembourser, il faut de la croissance

L'Argentine doit d'abord retrouver la croissance avant de pouvoir rembourser sa dette, renaître de ses cendres, tel le Phénix. "Nous allons faire avec les moyens du bord", avait prévenu l'économiste du Plan Phénix Aldo Ferrer, l'oeil rivé sur le cours des matières premières agricoles, qui allaient exploser.

En 2003, le gouverneur méconnu d'une province dépeuplée de Patagonie, Nestor Kirchner, était élu président, adoptant une posture audacieuse face aux créanciers, pour régler la question de la dette, restée en suspens depuis fin 2001. "Jamais personne n'a jamais réussi à faire payer une dette à un mort", a-t-il alors lancé à la tribune de l'Onu. Kirchner accuse le FMI d'avoir précipité la perte de l'Argentine en soutenant les politiques libérales des présidents Carlos Menem (1989-1999) et De La Rua. »

http://www.latribune.fr/economie/international/23-decembre-2001-quand-l-argentine-fit-defaut-sur-sa-dette-485901.html

* 62Le plan Colombie a été lancé sous l'administration du président Bill Clinton pour lutter contre le trafic de drogue (voir partie 2)

* 63 Le plan Patriote est une opération militaire menée par le gouvernement colombien à partir de 2003.L'opération consiste en un vaste déploiement de 15 000 soldats dans le sud du pays où les FARC sont suspectées de se financer via le trafic de drogue et de retenir en otage près de 50 personnes, dont la franco- colombienne Ingrid Betancourt .

* ANNEXE 64« Le triomphe d'Alvaro Uribe

En faisant libérer Ingrid Betancourt, le chef de l'Etat colombien a renforcé son aura et son image de dirigeant fort.

Tous les samedis, il arpente le pays à l'écoute des petites gens. En contremaître efficace, il résout leurs problèmes les plus immédiats : la route à goudronner, l'égout à réparer, le ' centre de santé à construire. Les caméras filment, évidemment. Messianique et populiste, Alvaro Uribe dirige son pays comme il gérait son latifundium (grand domaine agricole), et la méthode plaît. Pour l'immense majorité de ses compatriotes, il est "le meilleur président que la Colombie ait jamais eu".

A Quito et à Caracas, le son de cloche est différent : le fidèle allié de George Bush est perçu dans les capitales équatorienne et vénézuélienne comme "un pion de l'empire", "un danger pour la région", voire "un mafioso" et "un allié des paramilitaires". La France, elle, comprend mal l'intransigeance du président colombien face aux guérilleros qui ont pris Ingrid Betancourt en otage.

Alvaro Uribe fuit la presse étrangère, passe des heures au micro des radios de quartier. Auprès de ses électeurs, il s'est forgé une image d'homme d'action qui prend des risques et assume ses responsabilités. Mais il s'est attiré les foudres d'un continent susceptible en matière de souveraineté territoriale en faisant bombarder, le 1er mars, un camp des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en territoire équatorien. En éliminant Raul Reyes, numéro deux et négociateur des FARC, il a pris le risque d'exaspérer les médiateurs qui tentaient d'obtenir la libération des otages.

(...) "Uribe est un leader. Il nous a rendu confiance. Depuis qu'il commande, tout va mieux", résume Hector Barragan, un camionneur qui se dit "furibiste" - adepte de la "furie uribiste". En six ans de pouvoir, le président n'est jamais passé sous la barre des 65% d'opinions favorables. "Et il doit maintenant en être à 110%", ironise l'analyste Leon Valencia. L'union sacrée a en effet joué en faveur du président.

Critiques, revers et scandales glissent. Cet "effet Teflon" à toute épreuve laisse perplexes les instituts de sondage et désole les anti-uribistes - il y en a. Même le scandale dit de la "parapolitique" a épargné jusqu'à présent Alvaro Uribe. Plus de 40 parlementaires de la majorité présidentielle ont été mis en examen pour avoir frayé avec les milices d'extrême droite, coupables d'innombrables crimes atroces. Vingt-deux d'entre eux sont sous les verrous. Le sénateur Mario Uribe, cousin et mentor du chef de l'Etat, pourrait bientôt les y rejoindre (il a été arrêté le 22 avril).

"Personne n'est responsable de sa famille", rappellent non sans raison les "uribistes". José ObulioGaviria, un des conseillers présidentiels les plus influents, avait, lui, pour cousin germain Pablo Escobar, le grand patron du cartel de Medellin tué en 1993. Personne n'est responsable de sa famille.

IMAGE D'HOMME PIEUX, AUSTÈRE ET TRAVAILLEUR

Les FARC restent les grands maîtres d'oeuvre de la popularité présidentielle. "Furibistes" et "anti-uribistes" sont d'accord sur ce point. Echaudés par le long et stérile processus de paix engagé par le président Andres Pastrana, les Colombiens ont élu en 2002 un président musclé pour en finir avec la guérilla. "Poigne de fer et grand coeur", disait le premier slogan de campagne d'Alvaro Uribe, triomphalement réélu quatre ans plus tard.

Entre-temps, la "sécurité démocratique" a fait ses preuves : une paix précaire est revenue dans les campagnes, les axes routiers ont été sécurisés, le nombre d'homicides et d'enlèvements a diminué. Les statistiques officielles sont certes sujettes à caution. Mais, en politique, la confiance importe plus que les chiffres. Le chef de l'Etat reste convaincu que "le conflit armé n'est pas la conséquence de la pauvreté, il en est la cause". Toute réflexion sur les privilèges et les devoirs des nantis a disparu du discours politique. La politique sociale a été reléguée à un second plan. Priorité a été donnée à la protection des investissements privés et au budget militaire.

Mais Alvaro Uribe, c'est aussi un style de gouvernement. Ni cocktails ni yacht pour ce président qui a su se forger une image d'homme pieux, austère et travailleur. Le chef de l'Etat se laisse rarement photographier au repos. Au cours d'une de ses innombrables visites officielles à Washington, il a été surpris en train de déjeuner dans un fast-food.

Alvaro Uribe est originaire de la ville de Medellin, berceau de l'industrie nationale et des trafiquants de cocaïne. Dans les années 1970, il y fait de brillantes études de droit. Jeune promesse du Parti libéral, il démarre sa carrière politique à une époque où les compromissions entre la mafia et les élites locales étaient monnaie courante. En 1980, son père, éleveur de bétail, est assassiné par les FARC - le président se défend encore aujourd'hui de chercher vengeance. Pablo Escobar fait part de ses condoléances dans le journal. "Je n'ai jamais été l'ami de Pablo Escobar, même quand cela était à la mode", a assuré en 2007 le chef de l'Etat. Virginia Vallejo, qui fut l'amante du mafioso, venait de raconter dans ses Mémoires les relations cordiales qu'entretenaient les deux hommes.

Après un détour par le Sénat, Alvaro Uribe est élu en 1995 gouverneur de son département, l'Antioquia. Sa gestion efficace lui vaut l'admiration de ses électeurs, ses méthodes sécuritaires provoquent un tollé chez les défenseurs des droits de l'homme. Le gouverneur Uribe promeut en effet avec enthousiasme la création de coopératives privées de sécurité qui viennent d'être légalisées. Déclarées par la suite inconstitutionnelles, les convivir ont contribué à l'explosion du paramilitarisme dans l'Antioquia. Un diplomate colombien qui était à l'époque en poste à Washington raconte que "personne ne voulait y recevoir le gouverneur de l'Antioquia, trop lié aux paramilitaires". Les temps ont changé.

Les chefs paramilitaires vaquent désormais à leurs activités à l'intérieur de leur prison. Officiellement, ils ont démobilisé leurs troupes. Trente mille hommes ont déposé les armes. Mais, dans plusieurs régions du pays, des milices armées au service des narcotrafiquants se sont reconstituées. En application de la loi Justice et paix, les chefs paramilitaires qui avouent leurs crimes ne passeront pas plus de huit ans sous les verrous.

Les mauvais esprits mettent en perspective ce généreux pardon offert aux criminels paramilitaires et la virulence avec laquelle le président combat la guérilla. "Les premiers ont accepté le principe d'un cessez-le-feu, ils ont rendu les armes et ils avouent leurs crimes. Les guérilleros, eux, poursuivent leurs activités criminelles. Dès qu'ils accepteront un cessez-le-feu, nous leur ouvrirons les portes de la négociation", rappelle le haut-commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo.

"Alvaro Uribe ne gouverne pas, il séduit et se garde bien de toute réforme structurelle qui pourrait affecter son capital politique", juge le professeur Pedro Medellin. L'indispensable réforme en profondeur du système fiscal a été repoussée aux calendes grecques. "Le président ménage tout particulièrement les grands groupes économiques liés aux médias", souligne Pedro Medellin.

"On oublie souvent que le président Alvaro Uribe a bénéficié d'une conjoncture économique particulièrement favorable. L'opinion publique a attribué la croissance au succès de la politique sécuritaire du gouvernement. Mais toute l'Amérique latine a connu une croissance positive", ajoute l'économiste Mauricio Perez. Le pays reste le premier producteur mondial de cocaïne. Mais la question du poids de l'économie de la drogue dans le taux de croissance a, elle aussi, été éludée depuis longtemps. »

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/03/16/en-colombie-tous-derriere-alvaro-uribe_1023335_3222.html

* 65 Voir chapitre sur l'administration Clinton.

* 665-29 février 2004Haïti. Chute du président Jean-Bertrand Aristide

Le 5, les opposants armés au régime de Jean-Bertrand Aristide, regroupés au sein du Front de résistance révolutionnaire de l'Artibonite (département situé dans le centre du pays) prennent le contrôle de Gonaïves, quatrième ville du pays, à l'issue de combats meurtriers qui continuent les jours suivants. Ce mouvement, qui s'appelait auparavant Armée cannibale, combattait l'opposition pour le compte du pouvoir. En septembre 2003, l'assassinat de son chef a provoqué son revirement. D'autres groupes armés s'emparent de localités dans l'Artibonite. L'opposition politique au régime se démarque des insurgés en rappelant son attachement à la lutte pacifique.

Le 13, les chefs de la diplomatie des États-Unis, du Canada et de plusieurs pays des Caraïbes, ainsi que le secrétaire général de l'Organisation des États américains, réunis à Washington, s'opposent à « un départ illégal du président élu d'Haïti ».

Le 15, un millier d'opposants manifestent à Port-au-Prince pour réclamer la démission de Jean-Bertrand Aristide.

Le 17, le gouvernement français, qui prône l'envoi d'une force de paix à Haïti, crée une cellule de crise. Une force internationale avait déjà été envoyée dans le pays entre 1994 et 2000, sans résultat. Washington penche pour une « solution politique » négociée entre le gouvernement et l'opposition.

Le 21, toutefois, l'opposition politique rejette le plan présenté par les États-Unis, le Canada, la France et la Communauté des pays des Caraïbes, qui prévoyait un partage du pouvoir.

Le 23, les rebelles investissent Cap-Haïtien, deuxième ville du pays.

Le 25, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, devant « le risque de chaos qui menace Haïti », appelle au départ du président Aristide accusé de « porter une lourde responsabilité dans la situation actuelle ».

Le 26, le secrétaire d'État américain Colin Powell met à son tour en cause Jean-Bertrand Aristide.

Le 29, alors que les violences et les pillages se multiplient dans la capitale, le président Aristide signe sa démission en présence des ambassadeurs de France et des États-Unis. Il gagne Bangui, en Centrafrique, sous protection américaine. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, devient président par intérim, comme le prévoit la Constitution.

Le 29 également, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1529 qui décide l'envoi à Haïti, pour une durée de trois mois, d'une « force intérimaire » multinationale chargée de maintenir l'ordre et de « promouvoir le processus politique désormais en cours ». Les premières forces américaines et canadiennes arrivent le même jour dans l'île.

http://www.universalis.fr/evenement/5-29-fevrier-2004-chute-du-president-jean-bertrand-aristide/

* 67 Créée pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger le trafic dans l'Atlantique Sud, la structure avait été dissoute en 1950

* 68 http://www.lefigaro.fr/international/l-us-navy-se-deploieautour-de-l-amerique-latine.php

* 69 «  L'envoi de la IVème Flotte à patrouiller les eaux latino-américaines est une menace »
http://www.alterinfo.net/Le-retour-de-la-Quatrieme-Flotte-et-l-avenir-de-l-Amerique-latine par Jules Dufour
.

* 70Il ajouta qu'il n'a aucun doute qu'il s'agit bien d'une menace et que l'une des raisons de cette décision est la grande réserve de pétrole du Venezuela.
http://www.alterinfo.net/Le-retour-de-la-Quatrieme-Flotte-et-l-avenir-de-l-Amerique-latine par Jules Dufour.

* 71http://amerique-latine.e-monsite.com/pages/analyses-et-articles/ciudad-juarez-ville-la-plus-dangereuse-du-monde.html

* ANNEXE 72
Merida Initiative

The Merida Initiative is an unprecedented partnership between the United States and Mexico to fight organized crime and associated violence while furthering respect for human rights and the rule of law. Based on principles of common and shared responsibility, mutual trust, and respect for sovereign independence, the two countries' efforts have built confidence that is transforming the bilateral relationship.

· Enhancing Citizen Security

Under the Merida Initiative, the United States has a partnership with the Government of Mexico to disrupt organized criminal groups, institutionalize reforms to sustain the rule of law and support for human rights, create a 21st century border, and build strong and resilient communities. Bilateral efforts expand assistance to state level law enforcement and justice sector personnel; support democratic institutions, especially police, justice systems, and civil society organizations; expand our border focus beyond interdiction of contraband to include facilitating legitimate trade and travel; and build stable communities able to withstand the pressures of crime and violence.

· Merida Programs and Activities

The U.S. Congress has appropriated $2.5 billion since the Merida Initiative began in Fiscal Year 2008. Some of the activitiesunder the partnership include :

· Mexico's implementation of comprehensive justice sector reforms is supported through training justice sector personnel, including: police, investigators, prosecutors, and defense counsel; correction systems development; judicial exchanges; and support to Mexican law schools -in support of Mexico's on-going transition to a new accusatory criminal justice system.

· Police capacity building courses for Mexican law enforcement including crime investigation, criminal intelligence, professionalization, tactics and firearms, forensics, strategic analysis, and specialized training for anti-corruption, anti-gang, anti-trafficking in persons, anti-money laundering, and anti-kidnapping units.

· The establishment of anti-corruption programs that include vetting of police personnel, establishment of citizen-observer booths to inform and advise crime victims of their rights, and the creation of trained internal affairs units.

· Ongoing engagement with the Government of Mexico and civil society to promote the rule of law and build strong and resilient communities to increase the knowledge of, and respect for, human rights; to strengthen social networks and community cohesion; to address the needs of vulnerable populations (youth and victims of crime); and to increase community and government cooperation.

· Air mobility of Mexican police forces through the delivery of specialized aircraft and training for pilots and technicians to enable the Government of Mexico to confront criminal organizations that try to leverage difficult terrain.

· Training and equipment to enhance the Mexican government's ability to detect illicit goods at internal checkpoints and ports of entry.

· Delivery of over 400 canines trained in the detection of narcotics, weapons, explosives, ammunition, currency, and human remains to Mexican federal agencies, including the Federal Police, the Office of the Attorney General, and Customs.

· Establishment of a secure, cross-border telecommunications system between ten U.S. and Mexican border sister cities to provide public security forces on both sides of the border with the capability to request and exchange information on active criminal investigations.

· Interagency task forces incorporating trained personnel from municipal and state police and state attorney general offices in key Mexican states to better share information, develop actionable intelligence, and foster greater coordination in law enforcement operations.

· Support for efforts by Mexican prisons working to achieve independent accreditation from the American Correctional Association (ACA). To date, 42 Mexicanfacilities are accredited by ACA.

· The establishment of Drug Treatment Courts across five Mexican states. These highly-specialized courts approach addiction as a public health issue and provide a viable alternative to incarceration for drug abusers.

https://www.state.gov/j/inl/merida/

* 73Extrait d'un article du nouvel observateur du 5 septembre 2016 Cartels mexicains contre groupes d'autodéfense, une guerre civile sans merci : « La campagne militaire de Calderón représente une des plus noires périodes de l'histoire récente du Mexique. D'après le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, plus de 150.000 personnes ont été tuées au Mexique depuis le début du conflit. Plus de 26.000 autres ont été portées disparues. »

* 74 Extrait d'un article du nouvel observateur du 5 septembre 2016 Cartels mexicains contre groupes d'autodéfense, une guerre civile sans merci 

« Pendant les dix années durant lesquelles le gouvernement du Mexique et celui des États-Unis ont été en guerre contre le narcotrafic, un nombre impressionnant de grands trafiquants ont été tués ou arrêtés par les autorités. Parallèlement, d'immenses pertes humaines ont été enregistrées. Par moments, le taux d'homicides au Mexique dépassait ceux de l'Irak et de l'Afghanistan confondus. Des scientifiques ont démontré que la baisse de l'espérance de vie des hommes mexicains était la conséquence de cette violence. À ces pertes humaines s'est ajoutée l'épidémie de disparitions relatives au crime organisé. Sans compter que les forces de sécurité mexicaines ont été décrites comme les plus corrompues de l'histoire de l'Amérique latine. Les cartels mexicains, selon l'étude annuelle produite par la Drug Enforcement Administration (ou DEA), continuent de représenter la principale menace criminelle aux États-Unis. »

* 75 Richard Hofstader The American Political Tradition

* 76 Howard Zinn, une histoire populaire des Etats-Unis.

* 77De la démocratie en Amérique

* 78 Howard Zinn, une histoire populaire des Etats-Unis.

* 79 Washington et le monde A NATURAL SECURITY STRATEGY.

* 80 Washington et le monde A NATURAL SECURITY STRATEGY.

* 81 Washington et le monde A NATURAL SECURITY STRATEGY.

* 82Washington et le monde A NATURAL SECURITY STRATEGY

* 83 Raymond Aron.

* 84 Dénommé N.A.F.T.A. en anglais (North American Free Trade Agreement) et T.L.C.A.N. en espagnol (Tratado de libre comercio de Américadel Norte), cet accord définit une zone de libre-échange de quelque 450 million d'habitants formée par les États-Unis, le Canada et le Mexique. Signé par les dirigeants de ces trois pays, George Bush, Brian Mulroney et Carlos Salinas de Gortari le 7 octobre 1992 à San Antonio (Texas), le traité, qui est entré en vigueur le 1er janvier 1994, prévoyait la libération de 65 p. 100 des exportations industrielles et agricoles entre les trois pays dans les cinq ans et de la totalité des échanges après quinze ans. Il a été ratifié par le Congrès américain en novembre 1993, malgré de très vives oppositions. Celles-ci faisaient valoir les risques attachés à une telle association réunissant notamment la première puissance mondiale et un pays du Tiers Monde (exploitation incontrôlée des hommes et de la nature, flux migratoires, etc.). En fait, les estimations menées par les experts des effets positifs ou négatifs de l'A.L.E.N.A. sur l'économie de chacun de ses membres se contredisent abondamment.

http://www.universalis.fr/encyclopedie/n-a-f-t-a/

* 85 Howard Zinn, une histoire populaire des Etats-Unis

* 86 Publié dans Histoire des crises, et classé ALENA, FED, FMI, Mexique, tesobonos, le janvier 16, 2014

* 87 http://les-yeux-du-monde.fr/histoires/12319-la-crise-du-peso-mexicain-premiere

* ANNEXE 88

Crise mexicaine de 1994

Le contexte économique et politique

De 1990 à 1993, l'économie mexicaine connaît une période de forte prospérité marquée par la perspective d'un accord de libre-échange avec les voisins nord-américains (Alena) et permise par l'arrimage du peso mexicain au dollar américain, selon une parité fixe.

Les capitaux étrangers affluents alors (quelque 100 milliards de dollars en 3 ans), et les crédits bancaires au secteur privé croissent de plus de 25 %.

Les investisseurs étrangers sont attirés par des taux d'intérêt élevés, plus élevés en tout cas que les taux directeurs de la Fed (la banque centrale américaine) et même que les taux d'intérêt affichés par la plupart des grandes banques centrales en Europe.

Au plan économique, une tendance inflationniste érode peu à peu la compétitivité de l'économie mexicaine, cependant que le peso devient de plus en plus clairement surévalué. Au plan politique, l'insurrection zapatiste de janvier 1994 donne clairement le signe du début d'une période d'instabilité.

Le mécanisme de la crise : l'effondrement du peso après une crise de liquidité

La balance commerciale mexicaine ne cesse de se dégrader tout au long de l'année 1994, alors que la situation de surévaluation du peso par rapport au dollar aggrave un tel déficit.

Dans le même temps, le président de la Fed, Alan Greenspan, décide d'augmenter sensiblement le principal taux d'intérêt directeur américain, les réserves mexicaines baissant alors rapidement et les fonds des investisseurs ayant naturellement tendance à se porter à nouveau vers les USA.

C'est une crise de liquidité qui touche l'Etat mexicain, le déficit de la balance des paiements atteignant rapidement près de 10 % du PIB mexicain dans le courant de l'année 1994, et les obligations à court terme prises par l'Etat ne pouvant quasiment plus être honorées.

La panique gagne alors tous les rouages de l'économie mexicaine, et la décision de dévaluer le peso, prise début décembre 1994 par le nouveau président du Mexique, est trop tardive et disproportionnée. Les sorties de capitaux s'accélèrent et le peso dévisse.

Suites et conséquences

Dans les mois qui suivirent le mois de décembre 1994, le PIB mexicain chuta de 10 %, le PIB par habitant de 8 % et le taux de chômage fut multiplié par trois. Dès 1996 cependant, une reprise était au rendez-vous, avec une croissance moyenne du PIB de plus de 5 % par an qui allait perdurer jusqu'en 2000.

Il faut dire que dès le début de la crise mexicaine, les Etats-Unis décidèrent d'agir en prêteur de dernière instance : la Fed débloqua une ligne de crédit de 9 milliards de dollars, auxquels vinrent s'ajouter un swap de 13 milliards de dollars engagé sur les futurs revenus du pétrole ainsi qu'une aide directe de 18 milliards de dollars de la part du Fonds Monétaire International.

Sans doute les banques mexicaines changèrent-elles de propriétaires, mais l'économie mexicaine connut un redressement rapide.

https://www.mataf.net/fr/bourse/edu/formation-bourse/la-crise-mexicaine-de-1994

* 89 Le premier janvier 1994, date de mise en application de l'accord du Libre Echange ALENA, l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN) attaquait San Cristóbal, 3ème ville du Chiapas et une dizaine d'autres localités. Après quelques heures de combat, elle s'emparait de la mairie défendue par quelques policiers incapables de résister aux centaines de rebelles

* 90 https://chroniquesfinancieres.wordpress.com/2014/01/16/la-crise-economique-mexicaine-de-1994-1995/

* 91 https://chroniquesfinancieres.wordpress.com/2014/01/16/la-crise-economique-mexicaine-de-1994-1995/

* 92 Baltimore Sun 1994, une histoire populaire des Etats-Unis

* 93 Des dizaines de boat people haïtiens noyés

Un bateau surchargé de « boat people » haïtiens, a chaviré dans la région côtière de Saint-Marc (96 km au nord-ouest de Port-au-Prince) et des dizaines de personnes ont péri noyées, ont annoncé lundi soir des radios privées de la capitale haïtienne faisant état des témoignages de rescapés.

L'accroissement de la misère dû aux sanctions internationales, la présence des navires de guerre américains près des côtes et, dans une moindre mesure, la persistance de la répression politique ont augmenté d'une manière spectaculaire le nombre des boat people. Au cours de ces onze derniers jours, la marine américaine a intercepté au moins 10.000 Haïtiens qui tentaient de pénétrer illégalement aux Etats-Unis. Pour la seule journée de lundi, 70 embarcations transportant 3.247 réfugiés ont été refoulées.

Hier, le responsable américain chargé du dossier haïtien, M. William Gray a déclaré que les Etats-Unis n'accueilleraient plus les réfugiés : Ces boat people qui nécessitent une protection auront la possibilité de l'obtenir dans des camps de réfugiés, a précisé M. Gray. A cet effet, le premier de ces camps, avec une capacité de 10.000 personnes sera établi au Panama. La Dominique et l'Antigua pourraient en ouvrir d'autres.

De plus, un haut responsable américain a indiqué hier qu'un groupe d'assaut américain composé de quatre navires et de 2.000 Marines allait prendre la direction d'Haïti ce matin afin d'aider à une éventuelle évacuation de citoyens américains.

De son côté, le gouvernement du président putschiste haïtien Emile Jonassaint s'est déclaré profondément indigné lundi soir par la présence des bateaux américains qu'il accuse de kidnapper de petits pêcheurs et les présenter ensuite à la presse comme des voyageurs clandestins et dénonce la propagande américaine en quête d'un prétexte pour une intervention armée en Haïti. Une intervention que le président élu Jean-Bertrand Aristide, a réprouvé hier, préférant le dialogue pour rétablir la démocratie. M. Gray a, quant à lui, nié l'imminence d'une intervention tout en soulignant qu'une opération militaire était sur la table. (AFP, AP.)

http://www.lesoir.be/archive/recup%3A%252Fdes-dizaines-de-boat-people-haitiens-noyes_t-19940706-Z088Z6.html

* ANNEXE 94

NATIONS UNIESS

Conseil de sécuritéDistr.

GÉNÉRALE

S/RES/940 (1994) * 2 août 1994

RÉSOLUTION 940 (1994)

Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 3413e séance, le 31 juillet 1994

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions 841 (1993) du 16 juin 1993, 861 (1993) du 27 août 1993, 862 (1993) du 31 août 1993, 867 (1993) du 23 septembre 1993, 873 (1993) du 13 octobre 1993, 875 (1993) du 16 octobre 1993, 905 (1994) du 23 mars 1994, 917 (1994) du 6 mai 1994 et 933 (1994) du 30 juin 1994,

Rappelant les termes de l'Accord de Governors Island (S/26063) et le Pacte de New York qui s'y rapporte (S/26297),

Condamnant le refus persistant du régime de facto illégal de tenir compte de ces accords, et de coopérer avec l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation des États américains (OEA) qui s'efforcent de les faire appliquer,

Gravement préoccupé par l'ampleur de la détérioration de la situation humanitaire qui a empiré en Haïti, en particulier la multiplication des violations systématiques des libertés civiles commises par le régime de facto illégal, le sort tragique des réfugiés haïtiens et l'expulsion récente du personnel de la Mission civile internationale en Haïti (MICIVIH), qui a été condamnée dans la déclaration du Président du Conseil en date du 12 juillet 1994 (S/PRST/1994/32),

Ayant examiné les rapports du Secrétaire général en date du 15 juillet 1994 (S/1994/828 et Add.1) et du 26 juillet 1994 (S/1994/871),

Prenant note de la lettre datée du 29 juillet 1994, adressée par le Président légitimement élu d'Haïti (S/1994/905, annexe) et de la lettre du Représentant permanent d'Haïti auprès de l'Organisation des Nations Unies datée du 30 juillet 1994 (S/1994/910),

Réaffirmant que la communauté internationale s'est engagée à aider et à appuyer le développement économique, social et institutionnel d'Haïti,

Réaffirmant que le but de la communauté internationale consiste toujours à restaurer la démocratie en Haïti et à assurer le prompt retour du Président légitimement élu, Jean-Bertrand Aristide, dans le cadre de l'Accord de Governors Island,

Rappelant que dans la résolution 873 (1993), il a confirmé qu'il était prêt à envisager d'imposer des mesures supplémentaires si les autorités militaires d'Haïti continuaient à entraver les activités de la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA) ou n'avaient pas appliqué dans leur intégralité les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et les dispositions de l'Accord de Governors Island,

Constatant que la situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité dans la région,

1. Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 15 juillet 1994 (S/1994/828) et prend note du soutien qu'apporte le Secrétaire général à une action qui serait menée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin d'aider le Gouvernement légitime d'Haïti à maintenir l'ordre public ;

2. Constate le caractère unique de la situation actuelle en Haïti et sa détérioration ainsi que sa nature complexe et extraordinaire qui appellent une réaction exceptionnelle ;

3. Considère que le régime de facto illégal en Haïti n'a pas appliqué l'Accord de Governors Island et manque aux obligations qui lui incombent en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité;

4. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, autorise des États Membres à constituer une force multinationale placée sous un commandement et un contrôle unifiés et à utiliser dans ce cadre tous les moyens nécessaires pour faciliter le départ d'Haïti des dirigeants militaires, eu égard à l'Accord de Governors Island, le prompt retour du Président légitimement élu et le rétablissement des autorités légitimes du Gouvernement haïtien, ainsi que pour instaurer et maintenir un climat sûr et stable qui permette d'appliquer l'Accord de Governors Island, étant entendu que le coût de l'exécution de cette opération temporaire sera à la charge des États Membres participants;

5. Approuve la constitution, après l'adoption de la présente résolution, d'une première équipe de la MINUHA comprenant au maximum 60 personnes, dont un groupe d'observateurs, chargée de mettre en place les moyens appropriés de coordination avec la force multinationale, de remplir les fonctions de vérification des opérations de cette force et autres fonctions décrites au paragraphe 23 du rapport du Secrétaire général daté du 15 juillet 1994 (S/1994/828) ainsi que d'évaluer les besoins et de préparer le déploiement de la MINUHA lorsque la force multinationale aura accompli sa tâche;

6. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte des activités de l'équipe dans les 30 jours qui suivront la date du déploiement de la force multinationale ;

7. Décide que la mission de la première équipe telle que définie au paragraphe 5 ci-dessus prendra fin à la date à laquelle la force multinationale aura accompli sa tâche ;

8. Décide que la mission de la force multinationale prendra fin et que la MINUHA assumera toutes les fonctions décrites au paragraphe 9 ci-après, lorsqu'un climat stable et sûr aura été instauré et que la MINUHA sera dotée d'une structure et d'effectifs adéquats pour assumer la totalité de ses fonctions; ce constat sera établi par le Conseil de sécurité eu égard aux recommandations que feront les États Membres participant à la force multinationale sur la base de l'évaluation du commandant de la force multinationale et aux recommandations du Secrétaire général;

9. Décide de réviser et de proroger le mandat de la MINUHA pour une période de six mois, afin d'aider le Gouvernement démocratique d'Haïti à s'acquitter de ses responsabilités pour ce qui est : a) De maintenir les conditions sûres et stables créées durant la phase multinationale et d'assurer la protection du personnel international et des installations essentielles ; b) De professionnaliser les forces armées haïtiennes et de créer une force de police séparée ;

10. Demande également que la MINUHA aide les autorités constitutionnelles haïtiennes légitimes à créer les conditions qui leur permettent d'organiser des élections législatives libres et régulières qui se dérouleront, si elles le demandent, sous la surveillance des Nations Unies, en coopération avec l'Organisation des États américains (OEA);

11. Décide de porter à 6 000 les effectifs militaires de la MINUHA et de fixer à février 1996 au plus tard l'achèvement prévu de la tâche de la MINUHA, en coopération avec le Gouvernement constitutionnel d'Haïti ;

12. Invite tous les États, en particulier ceux de la région, à apporter le soutien voulu aux actions entreprises par l'Organisation des Nations Unies et par les États Membres en application de la présente résolution et des autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ;

13. Prie les États Membres, agissant en application du paragraphe 4 de la présente résolution, de lui faire rapport à intervalles réguliers, le premier de ces rapports devant être présenté sept jours au plus tard après le déploiement de la force multinationale;

14. Prie le Secrétaire général de rendre compte de l'application de la présente résolution tous les 60 jours à compter de la date du déploiement de la force multinationale;

15. Exige que soient rigoureusement respectés le personnel et les locaux de l'Organisation des Nations Unies, de l'Organisation des États américains et des autres organisations internationales et humanitaires, ainsi que des missions diplomatiques en Haïti, et qu'aucun acte d'intimidation ou de violence ne soit dirigé

16. Souligne qu'il faut notamment : a) Que toutes les mesures voulues soient prises pour assurer la sécurité des opérations et du personnel y participant; b) Que les dispositions relatives à la sécurité s'étendent à toutes les personnes participant aux opérations; 17. Affirme qu'il réexaminera les mesures décrétées en application des résolutions 841 (1993), 873 (1993) et 917 (1994), en vue de les rapporter dans leur intégralité, immédiatement après le retour en Haïti du Président Jean-Bertrand Aristide;

18. Décide de rester activement saisi de la question

* 95 https://history.state.gov/milestones/1993-2000/haiti

* 96On comptait à Cuba environ 20 000 établissements spécialisés dans le business du sexe et 100 000 prostituées sur une population de 6 millions d'habitants

* 97europainstitut.de/fileadmin/schriften/363.pdf

* 98europainstitut.de/fileadmin/schriften/363.pdf

* 99La loi américaine dite Helms-Burton prévoit des sanctions à l'encontre d'entreprise et de particuliers d'Etats tiers supposés profiter de biens ayant appartenu à des ressortissants américains et expropriés par le Gouvernement cubain. Elle comporte des dispositions d'application extraterritoriale qui sont contraires au droit international et aux engagements internationaux des Etats-Unis. Plusieurs actions ont été engagées pour empêcher la mise en oeuvre de ce texte. Une étroite concertation entre les pays membre de l'Union européenne a permis d'engager diverses initiatives politiques (déclaration de l'Union, démarches auprès des autorités américaines). La procédure de règlement des différends prévue par le traité OMC a également été actionnée ; elle pourrait aboutir à la constitution prochaine d'un panel, la procédure de conciliation n'ayant pas donné de résultats. Enfin, la commission a reçu mandat du Conseil d'élaborer une législation " en miroir ", qui permettrait aux entreprises européennes de se prémunir contre les effets de la loi Helms-Burton.

Publiée dans le JO Sénat du 17/10/1996 - page 2701

* 100PLAN COLOMBIA PROGRESS REPORT, 1999 - 2005 NATIONAL PLANNING DEPARTMENT (DNP) DEPARTMENT OF JUSTICE AND SECURITY (DJS) SEPTEMBER 2006

* 101Rapport du Sénateur Michel Guerry sur le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Colombie relatif à la coopération en matière de sécurité intérieure.

* 102Rapport du Sénateur Michel Guerry sur le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Colombie relatif à la coopération en matière de sécurité intérieure.

* 103Rapportdu Sénateur Michel Guerrysur le projet de loiautorisantl'approbationde l'accord entre leGouvernement de la République françaiseet le Gouvernement de laRépublique de Colombierelatifà la coopérationen matière desécurité intérieure.

* ANNEXE 104
Plan Colombie, passeport pour la guerre

« Tout semblait avoir parfaitement commencé. Alors que le président conservateur César Gaviria (1990-1994) avait décrété la guerre intégrale contre les « chiens enragés » de la guérilla et réveillé les secteurs les plus militaristes de la société colombienne ; alors que le libéral Ernesto Samper (1994-1998), déstabilisé par les Etats-Unis , avait dû baisser pavillon et jeter à la poubelle sa « politique de paix intégrale et de dialogue », le nouveau président conservateur, M. Andrés Pastrana, élu le 20 juin 1998, renouait aussitôt le fil avec l'opposition armée. En accordant aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) une zone démilitarisée (7 novembre 1998) de 42 000 kilomètres carrés, il permettait la reprise de négociations depuis longtemps au point mort.

Adepte des réformes structurelles et de l'orthodoxie financière, M. Pastrana ne pouvait que séduire Washington. Les relations bilatérales se normalisant, il reçoit d'emblée 280 millions de dollars d'aide nouvelle pour l'effort anti-drogue et le développement. Au plan intérieur, la Loi 508 du 29 juillet 1999 formalise un Plan national de développement - « Changement pour construire la paix, 1999-2002 » -, approuvé par le Parlement (la Constitution colombienne établit que chaque gouvernement doit élaborer un tel Plan national de développement). Cependant, le 21 septembre 1999 à Washington, au terme d'un entretien avec le président William Clinton et sans que le Congrès colombien n'ait été en rien consulté, M. Pastrana remplace ce Plan de développement par un " Plan pour la paix, la prospérité et le renforcement de l'Etat « dit Plan Colombie. Il ne sera divulgué au pays que le 2 janvier 2000, par le quotidien El Espectador.

Conçu et rédigé en anglais avec la participation, sinon sous la direction, de conseillers du Département d'Etat des Etats-Unis, ce plan de 46 pages détaille un programme qui coûtera 7 500 millions de dollars, dont 3 500 millions de dollars en aide extérieure. Dans un projet de Loi S 1758, présenté par les sénateurs Dewine, Grassley et Coverdell, et qui va prendre le nom d'Alianza Act, l'administration américaine propose 1 600 millions de dollars, dont 954 millions de dollars comme supplément d'urgence pour l'an 2000. L'objet est ambitieux. Il ne présente qu'un défaut, mais de taille. Alors que tous les yeux sont tournés vers des négociations de paix dont on sait qu'elles seront longues et difficiles, il n'a pour objectif que de renforcer, équiper et entraîner l'armée colombienne ; il joue délibérément la guerre, niant la nature sociale et politique du conflit. En la matière, on se contentera de rappeler que les 25% les plus riches de la population ont des revenus 30 fois plus élevés que les 25% les plus pauvres et que 80% des 13 millions de personnes abandonnées par l'Etat dans les campagnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.

La pression du corps militaire

L'histoire dira si le président Pastrana est l'otage, le complice ou l'instigateur du désastre qui s'annonce. Ce qui est sûr, c'est qu'il est soumis à une forte pression. Pression de l'armée colombienne, en tout premier lieu. Acculé, son prédécesseur Ernesto Samper avait dû accorder des faveurs à cette dernière pour s'assurer de sa neutralité durant la crise qui l'opposait à Washington. Sans grand résultat, d'ailleurs, sur le terrain. Souvent bousculée, l'armée a accumulé les défaites depuis le 30 août 1996, jour où les FARC, attaquant la base de Las Delicias (Caquetá), captura 60 soldats et en tua 27 autres. D'autres humiliations suivront, dont, en mars 1998, le quasi-anéantissement d'un bataillon professionnel de contre-insurrection, toujours dans le Caquetá. A tel point que, le 12 août 1999, M. Pastrana promulgue un nouveau code militaire permettant de destituer les officiers de haut rang par trop inefficaces dans la lutte contre les guérillas - et (en théorie) les paramilitaires.

Malgré ces piètres prestations, et adossé tant aux latifundistes et à l'oligarchie traditionnelle qu'aux secteurs qui administrent et monopolisent le capital financier, le haut commandement militaire n'hésite pas, en plusieurs occasions, à engager une épreuve de force avec les pouvoirs constitués. Le 26 mai 1999, appuyé par 18 généraux et 200 officiers, le ministre de la Défense Rodrigo Loreda démissionne. Il reproche au président d'être trop conciliant à l'égard des FARC. Au terme de ce coup de semonce, M. Pastrana, tout en acceptant la démission de M. Lloreda, fait des concessions. Il annonce que ledespeje (démilitarisation) ne sera pas indéfini. Cela n'empêche pas les généraux Fernando Tapias, commandant en chef des forces militaires, et Jorge Enrique Mora, commandant de l'armée, de présenter à leur tour leur démission le 19 novembre suivant, à peu près pour les mêmes raisons. Cette démission est refusée, mais l'épisode fait trembler une première fois le siège du Haut-commissaire pour la paix, M. Victor G. Ricardo .

Poursuivant cette entreprise de déstabilisation, le général Nestor Ramírez prend bientôt le relais. Commandant en second et chef d'état-major de l'armée, cet officier dont certains n'hésitent pas à comparer la trajectoire fulgurante à celle du général panaméen Manuel Antonio Noriega (liens avec la CIA compris), intervient dans les salons de l'hôtel Bilmore de Miami, le 2 décembre 1999. Invité par l'organisation d'extrême-droite Tradition, famille et propriété, et par la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA), il affirme que la Procuraduría (responsable des mesures disciplinaires contre les fonctionnaires publics), la Fiscalía(ministère public) et la Defensoríadel pueblo (organe de contrôle rattaché au ministère public) sont infiltrées par la subversion. Raison de cette attaque frontale, la mise en jugement de dizaines de soldats, y compris 4 généraux, pour négligence ou pire, complicité, dans des massacres commis par les paramilitaires.

Pression de Washington

Depuis le début des années 90, les Etats-Unis avaient réduit leur aide à l'armée colombienne en raison de ses abus en matière de droits de l'homme. Pour persuader le Congrès de voter une augmentation de l'aide militaire, l'administration Clinton a poussé Bogota à agir sur ce terrain délicat. C'est ainsi qu'en juillet 1997, le général Harold Bedoya, commandant en chef de l'armée, fut relevé de ses fonctions pour avoir trop manifestement couvert les agissements criminels de ses subordonnés. La XXe Brigade de renseignements militaires a dû être dissoute en raison de son implication par trop visible avec le paramilitarisme. Plus récemment (avril 1999), le gouvernement a forcé à la démission les généraux RitoAlejodel Rio et Fernando Millan, notoirement liés aux paracos (les paramilitaires). Il y aurait cependant encore beaucoup à faire pour extirper le cancer. Dans son dernier rapport au Congrès, le Défenseur du peuple confirme que « les groupes paramilitaires sont devenus le bras illégal de la force publique ; ils exécutent pour son compte le sale travail que son caractère d'autorité assujettie à la loi l'empêche de faire »( Rapport de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, 9 mars 1998 ). De son côté, le 23 février dernier, un rapport de Human Rights Watch affirmait que la moitié des Brigades de l'armée ont des liens avec les paramilitaires, en particulier et directement, la 3e, la 4e et la 13e . C'est pourtant le moment - M. Pastrana ayant été soigneusement travaillé au corps par la hiérarchie militaire - que choisissent les Etats-Unis pour apporter, à travers le Plan Colombie, un soutien massif à l'armée.

Car c'est aussi de Washington que provient la pression. Si quelques secteurs du gouvernement Clinton voient initialement d'un bon oeil le dialogue Pastrana-FARC, ce n'est le cas ni des faucons du Congrès, ni du département de la Défense, ni duSouthern Command (Commandement sud de l'armée des Etats-Unis). En Avril 1999, la HeritageFoundation, proche du Parti républicain (majoritaire au Congrès), affirme que les tentatives de paix de M. Pastrana supposent une reddition de l'Etat colombien devant les FARC et l'Armée de libération nationale (ELN). En juin, présidant une audience de la Commission des relations internationales du Sénat américain sur le conflit colombien, M. Paul Coverdale ne dit pas autre chose : » Nous sommes en présence d'une balkanisation de la Colombie. Le président Pastrana continue à faire des concessions tandis que les guérillas augmentent leurs efforts pour (...) provoquer une instabilité qui, maintenant, menace également les pays voisins « En un mot, cul et chemise avec les officiers supérieurs colombiens en activité ou en retraite qui font le va-et-vient entre Bogotá et Washington, les Républicains réclament, tant à la Maison Blanche qu'au gouvernement Pastrana, une politique plus énergique face à la guérilla. Reste à trouver le prétexte qui maquillera les véritables objectifs de la future intervention : conserver le contrôle de cette région vitale du nord-est du continent (Colombie, Venezuela, Equateur), riche en ressources stratégiques, le pétrole en particulier. L'argument ne tarde pas. Pour le Pentagone, la principale menace qui pèse sur l'hémisphère n'est plus Cuba, mais la possibilité que surgisse un » narco-Etat colombien.

Le « prétexte » de la drogue

La culture de coca a plus que doublé en Colombie, passant de 50 000 hectares en 1995 à 100 000 en 1998 et sans doute 120 000 hectares en 1999 ; la culture du pavot y est passée de zéro à 6 000 ha. Soixante-cinq mille familles sont impliquées directement dans cette activité, 500 000 personnes indirectement. Plusieurs raisons expliquent cette augmentation spectaculaire des cultures illicites. D'une part, l'ouverture économique a laminé l'agriculture et ruiné les campagnes (depuis 1974, la surface cultivée a diminué de plus d'un million d'hectares - la guerre ne suffisant pas à tout expliquer). Un seul exemple : autosuffisante en 1990, la Colombie importe actuellement 450 000 tonnes de riz... D'autre part, les propriétaires d'exploitations de plus de 500 hectares - 0,2% des propriétaires - possédaient en 1997 45% de la terre. Enfin, les « succès » obtenus dans la lutte anti-drogue en Bolivie et au Pérou ont provoqué un redéploiement des cultures vers la Colombie, en particulier dans le sud (Putumayo et Caquetá), traditionnellement dominé territorialement par les FARC. Protégeant les paysans dont la production de la » plante criminelle « constitue l'unique possibilité réelle de survie, les FARC perçoivent un impôt tant sur la coca que sur la pâte base, pratique publiquement assumée dans le cadre d'une économie de guerre et qui ne fait pas de cette guérilla une « mafia. »

C'est le 18 août 1999 que, pour la première fois, le président William Clinton a tenu une réunion entièrement consacrée à la situation colombienne, en compagnie de MM. Sandy Berger, membre du Conseil national de sécurité, et Thomas Pickering, sous-secrétaire d'Etat. Dans une logique de guerre froide, un Groupe de travail est alors créé avec des fonctionnaires ayant fait leurs preuves dans les conflits centraméricains. Au nom de la guerre sainte contre la coca, le Plan Colombie est élaboré. Il prévoit une guerre de six ans, en trois étapes stratégiques, commençant dans le Putumayo.

Avant même que ce plan n'ait été rendu public, un premier bataillon antinarcotique - 1 000 hommes - entraîné pendant huit mois par 65 Bérets verts US dans la base militaire de Tolemaida, avait été remis au président Pastrana le 6 septembre 1999. Fer de lance de la nouvelle stratégie contre-insurrectionnelle, il précède alors l'inauguration (9 décembre 1999) d'une Force de déploiement rapide, unité moderne de lutte antisubversive (trois brigades mobiles et une des Forces spéciales), dotées d'hélicoptères russes, et Black Hawk américains. Le 21 décembre, nouvelle inauguration : celle de la Centrale de renseignement commune du Sud, sur la base militaire de TresEsquinas. Financés cette fois par le Plan Colombie et dirigés par des conseillers américains, deux autres bataillons anti-narcotiques sont prévus. Comme leur homologue déjà opérationnel, leur tâche sera de » combattre les groupes armés qui protègent les structures du narcotrafic «. En fait : reprendre les territoires contrôlés par la guérilla.

Depuis 1998, une directive américaine autorisait les personnels américains à partager avec la Colombie des renseignements sur les capacités de la guérilla uniquement s'ils étaient directement liés à la lutte antinarco. En juin 1999, a été rédigée une nouvelle directive qui autorise ce même personnel à partager ses informations, même si elles ne sont pas liées au narcotrafic, sous le prétexte que la ligne qui sépare les deux est totalement gommée.

Le poids des paramilitaires

Lorsque le tsar anti-drogue américain, le général Barry Mc Caffrey, déclare, » ces groupes armés illégaux [qui alimentent la violence, la délinquance et le long conflit interne de la Colombie] ont une présence dominante sur environ la moitié du territoire national colombien et sont les responsables de plus de 90% des violations des droits humains «,il omet une précision. En matière de violations des droits humains, les paramilitaires, et de loin, sont les principaux accusés : 73% des atrocités leur sont attribuées - 16,67% pour la guérilla en 1999. Lorsque le général Jorge Enrique Mora, commandant de l'armée déclare pour sa part qu'en attaquant les cultures illicites, un dur coup sera porté aux FARC - « Nous aspirons à leur enlever les finances et ainsi nous gagnerons 80 % de la guerre » - il jette, lui, un silence pudique sur quelques faits pourtant notoirement connus. C'est bel et bien chez les paramilitaires, et non dans une zone de guérilla, qu'a été démantelé, le 10 août 1997, un complexe de quatre laboratoires très sophistiqués et qu'ont été détruits près de 700 kilogrammes de cocaïne à Puerto Libre (Cundinamarca). Qui peut ignorer qu'aujourd'hui les ports de Turbo, Necoclí, Arboletes, Puerto Escondido, Moñitos, San Bernardo delViento, Capurgana (sur la côte atlantique), Jurado et Bahia Solano (sur le Pacifique nord), d'où sont exportés 60% de la production de drogue colombienne, sont situés dans des zones sous forte influence paramilitaire ? Que c'est également par ces ports, entre autres, que rentre la contrebande des produits industriels, façon efficace de laver l'argent de la drogue ? Que c'est l'alliance de M. Carlos Castaño, leader des paramilitaires, avec le narcotrafiquant Orlando Henao, qui facilite l'extension des paracos, déjà présents dans tout le nord-ouest du pays, vers le littoral pacifique, de la frontière du Panamá jusqu'à celle de l'Equateur ? L'escalade de la guerre ne cherche pas plus à neutraliser ces mafieux notoires que l'élite qui domine le trafic (environ 6 000 personnes d'après la sénatrice Piedad Cordoba, citant l'ex-analyste de la CIA Sidney Zabludoff).

Sans que l'on n'ait jamais entendu ni Bogotá ni Washington s'en émouvoir, M. Carlos Castaño avoue sans détour qu'il finance son mouvement en percevant un impôt de 60% sur les gains des cocaleros(il se montre plus discret sur les apports des acteurs économiques et financiers de l'establecimiento - l'establishment). Dans la zone de Catatumbo, il se déplace dans un hélicoptère qui n'est jamais détecté ni par les avions de la Force aérienne colombienne ni par les radars gringos. D'ailleurs, contrairement aux FARC et à l'ELN, les paramilitaires colombiens ne figurent pas sur la liste des organisations terroristes internationales dressée par le gouvernement des Etats-Unis. M. Phil Chicola, chef du Bureau des affaires andines du Département d'Etat, s'en explique : « D'après la loi, ces groupes doivent commettre des actions qui menacent les intérêts nationaux des Etats-Unis pour pouvoir être inclus formellement dans la liste ».

Le coeur de cible du Plan Colombie est donc clairement défini : la « guérilla ». Et au cas où aurait pu demeurer un doute, la fiction selon laquelle l'aide ne peut et ne pourra être affectée qu'à la lutte contre les narcos a volé en éclat en juillet dernier. Le 14 de ce mois, les FARC attaquaient en effet le poste de police de Roncesvalles (Tolima). Après 27 heures de combat et 13 policiers tués, le pueblo fut pris par les insurgés. Trois hélicoptères Black Hawk de la police (la police colombienne est la seule au monde à posséder ce type d'appareils, dans le cadre de la lutte antinarcotique) se trouvaient à Neiva, à 20 minutes de vol du lieu des opérations et n'intervinrent pas pour dégager les policiers assiégés - semble-t-il sur instruction de l'ambassade américaine à Bogotá. Tant en Colombie qu'au Congrès des Etats-Unis une polémique éclata dans les heures qui suivirent, au terme de laquelle le sous-secrétaire du département d'Etat pour les affaires andines, M. Phillip Chicola, confirma ce que chacun pressentait : « Les Black Hawk peuvent être utilisés par la Force publique colombienne comme elle le veut, quand elle le veut et où elle le veut ». Les appareils pourront désormais être appelés lorsqu'il y aura « un risque imminent de pertes de vies humaines » et pour les « opérations humanitaires » (!) y afférant.

Effets pervers

Les conséquences de « l'Expédition Sud » qui se prépare sont d'ores et déjà prévisibles. Elle jettera une partie des paysans de cette région appauvrie, transformés en parias criminels, dans les bras des FARC qui ainsi se renforceront, et ne fera que déplacer les cultures illégales. L'annonce des fumigations à venir en Colombie a déjà provoqué une augmentation du prix de la pâte base au Pérou, mettant définitivement en péril la compétitivité des cultures de substitution (lorsqu'il y en a). Il y a par ailleurs, en Amazonie colombienne, 650 millions d'hectares disponibles pour accueillir la culture de coca, fut-ce au prix d'un désastre écologique dont les paysans, dans leur infini dénuement, n'ont que faire. Mais il est vrai que d'autres acteurs se frottent déjà les mains. Car la coca se déplacera aussi vers le nord du pays - Urabá, Magdalena Medio, Atrato, Pacifique - régions que les paramilitaires ont » nettoyées « et qu'ils entendent bien mettre à profit pour ajouter la production à la transformation-exportation dans lesquels ils sont impliqués.

Nul ne prétendra ici (jusqu'à preuve du contraire) que, cyniquement, le Plan Colombie a pour objectif de permettre aux paramilitaires de s'assurer un contrôle total sur la filière coca-cocaïne. Mais nul ne fera non plus assaut de naïveté. Car il n'a échappé à personne que, menée à feu et à sang, désarticulant le mouvement social par le meurtre ou l'exil, l'avancée stratégique de ces derniers doit bien peu au hasard. Une fois vidées de leurs habitants, les terres stratégiques du point de vue économique et militaire se peuplent de nouvelles personnes favorables aux forces militaires ou paramilitaires ; il se crée ainsi des zones de sécurité dont ces forces ont besoin pour contrôler le terrain( Rapport de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, 9 mars 1998). M. Castaño a ainsi établi son emprise sur les régions du Choco et d'Antioquia, dans l'Urabá, à la frontière du Panamá. Zone bananière, l'Urabá est également une zone d'exploitation pétrolière où agissent compagnies américaines et britanniques. Elle recèle d'importantes réserves de gaz et suit le tracé du projet de canal interocéanique qui pourrait doubler celui de Panamá. Dans l'est de l'Antioquia, ce sont de grands projets hydroélectriques et touristiques qui sont à la base des déplacements forcés de paysans. De son côté, l'offensive militaire planifiée par le Plan Colombie s'est donné pour priorité le Putumayo, région traversée par d'importants rios inclus dans un mégaprojet d'interconnection fluviale de l'Amérique du Sud.

La zone choisie présente un évident intérêt stratégique. D'autres projets d'exploitation (pétrolière) y existent et elle est frontalière avec l'Equateur, pays lui aussi producteur de pétrole. Elle est, qui plus est, la porte d'entrée de l'Amazonie et de sa biodiversité. Rien de tout cela n'est dû au hasard et l'on peut parler d'une seule et même politique tant ses différents acteurs - Etats-Unis, Etat colombien, paramilitaires, armée - paraissent s'être concertés dans sa mise en oeuvre. Ainsi, la priorité à l'investissement étranger et en particulier pour l'industrie pétrolière a été l'une des exigences de l'amendement au Plan Colombie imposé par les sénateurs américains Dewine, Grassley et Coverdell. Dans sa section section 101.2, Allianza Act stipule : » Insister pour que le gouvernement colombien complète les réformes urgentes destinées à ouvrir complètement son économie à l'investissement et au commerce extérieur, particulièrement à l'industrie du pétrole (...) «. Et les secteurs économiques en redemandent. Vice-président de la Occidental Petroleum Company, M. Lawrence Meriage n'a-t-il pas estimé que le Plan Colombie devrait être plus » équilibré «, c'est-à-dire ne pas se concentrer sur le Putumayo mais aussi sur le nord du pays où la » Oxy « est prête à commencer ses opérations ?

Risques minimums pour les Etats-Unis

Paradoxalement, l'Allianza Act a semblé peiner à être votée par le Congrès des Etats-Unis. Bataille politique intérieure plus que désaccord. Si la campagne électorale n'est pas étrangère à la volonté de M. Clinton d'enlever aux Républicains l'exclusivité du discours de fermeté sur le problème de la drogue, cette même campagne a fait que ses adversaires, malgré leur accord de fond, n'entendaient aucunement offrir une victoire politique au président en exercice. Moyennant quoi, il a fallu attendre juin 2000, pour que le Sénat donne le feu vert au Plan Colombie (signé le 13 juillet par le président) en le réduisant toutefois à 934 millions de dollars pour les années fiscales 2000 et 2001. La présence militaire américaine sur le territoire colombien s'est vue limitée à 250 hommes et 100 civils. Si tant est qu'elle persiste, cette réduction budgétaire affectera l'achat d'hélicoptères. Au lieu des 30 modernes Black Hawk prévus, la Colombie n'en recevra que 16, plus 60 anciens appareils Huey reconditionnés. Quant à la limitation du nombre de conseillers américains en Colombie, elle ne peut impressionner que les gens particulièrement... impressionnables. D'anciens membres des Forces spéciales US, des » spécialistes « et des experts indépendants sont attendus en Colombie, sous contrat privé, pour assumer les tâches que les forces armées américaines ne peuvent ou ne veulent assurer. D'ores et déjà, DynCorp, qui a recruté d'anciens pilotes du Vietnam, assure la maintenance et l'appui nécessaire aux vols d'éradication de la coca D'après M. Ed Syster, son porte-parole, la MilitaryProfessionalsResourcesInc (MPRI) négocierait actuellement pour apporter un appui logistique et un entraînement à la police et aux forces colombiennes de contre-insurrection. Cette pratique porte un nom : l' «  Outsourcing ». Avec cette privatisation de la guerre, les risques d'exposition directe de l'Oncle Sam - et ses conséquences politiques - sont éliminés.

La version du Plan Colombie présentée aux sénateurs américains met l'accent sur la menace que fait peser la Colombie sur les Etats-Unis. Celle diffusée en direction des opinions publiques américaine et colombienne fait l'impasse sur la dimension militaire (les pages 24 à 26 disparaissent). Celle enfin proposée à l'Union européenne (UE) insiste sur la défense des droits humains et supprime les références par trop explicites au renforcement militaire. L'UE est en effet censée » mettre au pot « (1 300 milliards de dollars) pour financer le volet » social « de ce plan de guerre. En bons supplétifs des Etats-Unis, le britannique Tony Blair et l'Espagnol José Maria Aznar se sont prononcés pour ce financement. La Belgique, les pays scandinaves (et la Suisse, qui fait partie des » pays donateurs ") s'y sont montrés résolument opposés, la France semblant plus que réservée. Présentée comme un succès par Bogotá, la réunion tenue à Madrid le 7 juillet a approuvé un appui économique de 619 millions de dollars, en provenance des organismes financiers internationaux (Banque interaméricaine de développement, Banque mondiale, ONU, Corporation andine de développement) et du Japon. Mais, des 15 pays de l'UE, seule l'Espagne a mis la main à la poche et déboursé 100 millions de dollars. La France et l'Allemagne ont déclaré qu'elles ne le feraient que dans le cadre d'une décision commune de l'UE. Plut au Ciel que celle-ci rejette cette demande de cadeau empoisonné...

En proposant une solution militaire à un problème - les cultures illicites et le narcotrafic - qui, depuis des années, résiste à toutes les solutions militaires, le Plan Colombie - perçu comme une déclaration de guerre par les guérillas qui, en conséquence, mènent de très violentes actions militaires - ne peut qu'aggraver une situation déjà tragique. Il portera la guerre dans des secteurs qu'elle n'avait jusque-là jamais touchée. Les villes, en particulier. »

https://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/plancolombie

* 105 En géopolitique, le soft power est axé sur la collaboration, sans contrainte, avec l'autre.

* 106 En géopolitique, le hard power est axé sur les éléments militaires, diplomatiques et économiques de la puissance.

* 107Soft Power: The Means to Success in World Politics, Public Affairs, 2004

* 108 http://www.revue-democratie.be/index.php/international/pays-du-sud/1044-etats-unis-obama-et-l-amerique-latine-esperances-et-deceptions

* 109 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine

* 110 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine

* ANNEXE 111

OFFICIAL REMARKS OF UNITED STATES PRESIDENT BARACK OBAMA AT THE OPENING CEREMONY OF THE FIFTH SUMMIT OF THE AMERICAS

Good evening.

I am honored to join you here today, and I want to thank Prime Minister Manning, the people of Trinidad and Tobago for their generosity in hosting the Fifth Summit of the Americas. And I want to extend my greetings to all the heads of state, many of who I am meeting for the first time. All of us are extraordinarily excited to have this opportunity to visit this wonderful country -- and as somebody who grew up on an island, I can tell you I feel right at home. (Applause.)

It's appropriate and important that we hold this summit in the Caribbean. The energy, the dynamism, the diversity of the Caribbean people inspires us all, and are such an important part of what we share in common as a hemisphere.

I think everybody recognizes that we come together at a critical moment for the people of the Americas. Our well-being has been set back by a historic economic crisis. Our safety is endangered by a broad range of threats. But this peril can be eclipsed by the promise of a new prosperity and personal security and the protection of liberty and justice for all the people of our hemisphere. That's the future that we can build together, but only if we move forward with a new sense of partnership.

All of us must now renew the common stake that we have in one another. I know that promises of partnership have gone unfulfilled in the past, and that trust has to be earned over time. While the United States has done much to promote peace and prosperity in the hemisphere, we have at times been disengaged, and at times we sought to dictate our terms. But I pledge to you that we seek an equal partnership. (Applause.) There is no senior partner and junior partner in our relations; there is simply engagement based on mutual respect and common interests and shared values. So, I'm here to launch a new chapter of engagement that will be sustained throughout my administration. (Applause.)

To move forward, we cannot let ourselves be prisoners of past disagreements. I am very grateful that President Ortega -- (applause) -- I'm grateful that President Ortega did not blame me for things that happened when I was three months old. (Laughter.) Too often, an opportunity to build a fresh partnership of the Americas has been undermined by stale debates. And we've heard all these arguments before, these debates that would have us make a false choice between rigid, state-run economies or unbridled and unregulated capitalism; between blame for right-wing paramilitaries or left-wing insurgents; between sticking to inflexible policies with regard to Cuba or denying the full human rights that are owed to the Cuban people.

I didn't come here to debate the past -- I came here to deal with the future. (Applause.) I believe, as some of our previous speakers have stated, that we must learn from history, but we can't be trapped by it. As neighbors, we have a responsibility to each other and to our citizens. And by working together, we can take important steps forward to advance prosperity and security and liberty. That is the 21st century agenda that we come together to enact. That's the new direction that we can pursue.

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Before we move forward for our shared discussions over this weekend, I'd like to put forward several areas where the United States is committed already to strengthening collective action on behalf of our shared goals.

First, we must come together on behalf of our common prosperity. That's what we've already begun to do. Our unprecedented actions to stimulate growth and restart the flow of credit will help create jobs and prosperity within our borders and within yours. We joined with our G20 partners to set aside over a trillion dollars for countries going through difficult times, recognizing that we have to provide assistance to those countries that are most vulnerable. We will work with you to ensure that the Inter-American Development Bank can take the necessary steps to increase its current levels of lending and to carefully study the needs for recapitalization in the future. And we recognize that we have a special responsibility, as one of the world's financial centers, to work with partners around the globe to reform a failed regulatory system -- so that we can prevent the kinds of financial abuses that led to this current crisis from ever happening again, and achieve an economic expansion not just in the United States but all across the hemisphere that is built not on bubbles, but on sustainable economic growth.

We're also committed to combating inequality and creating prosperity from the bottom up. This is something that I've spoken about in the United States, and it's something that I believe applies across the region. I've asked Congress for $448 million in immediate assistance for those who have been hit hardest by the crisis beyond our borders. And today, I'm pleased to announce a new Microfinance Growth Fund for the hemisphere that can restart the lending that can power businesses and entrepreneurs in each and every country that's represented here. This is not charity. (Applause.) Let me be clear: This is not charity. Together, we can create a broader foundation of prosperity that builds new markets and powers new growth for all peoples in the hemisphere, because our economies are intertwined.

Next, we can strengthen the foundation of our prosperity and our security and our environment through a new partnership on energy. Our hemisphere is blessed with bountiful resources, and we are all endangered by climate change. Now we must come together to find new ways to produce and use energy so that we can create jobs and protect our planet.

So today, I'm proposing the creation of a new Energy and Climate Partnership of the Americas that can forge progress to a more secure and sustainable future. It's a partnership that will harness the vision and determination of countries like Mexico and Brazil that have already done outstanding work in this area to promote renewable energy and reduce greenhouse gas emissions. Each country will bring its own unique resources and needs, so we will ensure that each country can maximize its strengths as we promote efficiency and improve our infrastructure, share technologies, support investments in renewable sources of energy. And in doing so, we can create the jobs of the future, lower greenhouse gas emissions, and make this hemisphere a model for cooperation.

The dangers of climate change are part of a broad range of threats to our citizens, so the third area where we must work together is to advance our common security.

Today, too many people in the Americas live in fear. We must not tolerate violence and insecurity, no matter where it comes from. Children must be safe to play in the street, and families should never face the pain of a kidnapping. Policemen must be more powerful than kingpins, and

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judges must advance the rule of law. Illegal guns must not flow freely into criminal hands, and illegal drugs must not destroy lives and distort our economy.

Yesterday, President Caldern of Mexico and I renewed our commitment to combat the dangers posed by drug cartels. Today, I want to announce a new initiative to invest $30 million to strengthen cooperation on security in the Caribbean. And I have directed key members of my Cabinet to build and sustain relations with their counterparts in the hemisphere to constantly adjust our tactics, to build upon best practices, and develop new modes of cooperation -- because the United States is a friend of every nation and person who seeks a future of security and dignity.

And let me add that I recognize that the problem will not simply be solved by law enforcement if we're not also dealing with our responsibilities in the United States. And that's why we will take aggressive action to reduce our demand for drugs, and to stop the flow of guns and bulk cash south across our borders. (Applause.) And that's why I'm making it a priority to ratify the Illicit Trafficking in Firearms Convention as another tool that we can use to prevent this from happening. And I also am mindful of the statement that's been made earlier, that unless we provide opportunity for an education and for jobs and a career for the young people in the region, then too many will end up being attracted to the drug trade. And so we cannot separate out dealing with the drug issue on the interdiction side and the law enforcement side from the need for critical development in our communities.

Finally, we know that true security only comes with liberty and justice. Those are bedrock values of the Inter-American charter. Generations of our people have worked and fought and sacrificed for them. And it is our responsibility to advance them in our time.

So together, we have to stand up against any force that separates any of our people from that story of liberty -- whether it's crushing poverty or corrosive corruption; social exclusion or persistent racism or discrimination. Here in this room, and on this dais, we see the diversity of the Americas. Every one of our nations has a right to follow its own path. But we all have a responsibility to see that the people of the Americans [sic] have the ability to pursue their own dreams in democratic societies.

There's been several remarks directed at the issue of the relationship between the United States and Cuba, so let me address this. The United States seeks a new beginning with Cuba. I know that there is a longer -- (applause) -- I know there's a longer journey that must be traveled to overcome decades of mistrust, but there are critical steps we can take toward a new day. I've already changed a Cuba policy that I believe has failed to advance liberty or opportunity for the Cuban people. We will now allow Cuban Americans to visit the islands whenever they choose and provide resources to their families -- the same way that so many people in my country send money back to their families in your countries to pay for everyday needs.

Over the past two years, I've indicated, and I repeat today, that I'm prepared to have my administration engage with the Cuban government on a wide range of issues -- from drugs, migration, and economic issues, to human rights, free speech, and democratic reform. Now, let me be clear, I'm not interested in talking just for the sake of talking. But I do believe that we can move U.S.-Cuban relations in a new direction.

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As has already been noted, and I think my presence here indicates, the United States has changed over time. (Applause.) It has not always been easy, but it has changed. And so I think it's important to remind my fellow leaders that it's not just the United States that has to change. All of us have responsibilities to look towards the future. (Applause.)

I think it's important to recognize, given historic suspicions, that the United States' policy should not be interference in other countries, but that also means that we can't blame the United States for every problem that arises in the hemisphere. That's part of the bargain. (Applause.) That's part of the change that has to take place. That's the old way, and we need a new way.

The United States will be willing to acknowledge past errors where those errors have been made. We will be partners in helping to alleviate poverty. But the American people have to get some positive reinforcement if they are to be engaged in the efforts to lift other countries out of the poverty that they're experiencing.

Every nation has been on its own journey. Here in Trinidad and Tobago, we must respect those differences while celebrating those things that we share in common. Our nations were all colonized by empires and achieved our own liberation. Our people reflect the extraordinary diversity of human beings, and our shared values reflect a common humanity -- the universal desire to leave our children a world that is more prosperous and peaceful than the one that we inherited.

So, as we gather here, let us remember that our success must be measured by the ability of people to live their dreams. That's a goal that cannot be encompassed with any one policy or communication. It's not a matter of abstractions or ideological debates. It's a question of whether or not we are in a concrete way making the lives of our citizens better. It's reflected in the hopes of our children, in the strength of our democratic institutions, and our faith in the future.

It will take time. Nothing is going to happen overnight. But I pledge to you that the United States will be there as a friend and a partner, because our futures are inextricably bound to the future of the people of the entire hemisphere. And we are committed to shaping that future through engagement that is strong and sustained, that is meaningful, that is successful, and that is based on mutual respect and equality.

Thank you very much. (Applause.)

FIFTH SUMMIT OF THE AMERICAS OEA/Ser.E April 17-19, 2009 CA-V/doc.2/09 Port of Spain, Trinidad & Tobago

* 112 Co-editor (with Theodore J. Piccone and Laurence Whitehead) and Contributor, Shifting the Balance: Obama and the Americas (Brookings Institution Press, 2011)

* 113 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 114 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 115 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 116 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 117 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 118 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf

* 119 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine

* 120 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine

* 121 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine

* 122Barack Obama avril 2015

* 123 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/10/le-sommet-des-ameriques-sous-l-egide-des-retrouvailles-avec-cuba

* 124 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete_4614433_3222.html

* 125 www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete

* 126 www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete

* 127 https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-08-19-Colombie-US

* 128 https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-08-19-Colombie-US

* 129Le Parti Révolutionnaire Institutionnel l est une des principales forces politiques du  Mexique. Ce parti a dirigé le Mexique pendant 70 ans. (1930 à 2000).

* 130John Chipman www.lemonde.fr/international/article/2017/05/apres-la-syrie-la-guerre-des-cartels-au-mexiqueest-le-conflit-en-cours-le-plus-mortel

* 131 http://www.ulyces.co/news/la-geographie-des-cartels-de-la-drogue-mexicains-en-2016/

* 132 http://www.lemonde.fr/surveillance-NSA-France/article/2016/12/07/en-trois-ans-qu-a-t-on-appris-des-documents-snowden

* 133 http://www.lemonde.fr/surveillance-NSA-France/article/2016/12/07/en-trois-ans-qu-a-t-on-appris-des-documents-snowden

* 134« The era of the Monroe Doctrine is over »John Kerry, 18 novembre 2013

* 135 http://www.liberation.fr/planete/2015/03/12/venezuela-obama-voit-rouge_1219543

* 136 Discours d'Evo Morales à l'ONU en 2015.

* ANNEXE 137
"Pépé" Mujica, le président qui ose légaliser le cannabis

L'iconoclaste président uruguayen veut légaliser les drogues douces. Une initiative regardée avec scepticisme par ses alliés et par l'ONU. Explications.

Premier pays à autoriser le divorce et le droit de vote des femmes en Amérique latine, l'Uruguay a toujours été un pionnier. Grâce au culot de son président de gauche, JoséMujica, le petit pays sud-américain est près de devenir le premier pays au monde où l'État contrôlerait la production et la vente de cannabis. Si le projet de légalisation, voté par les députés la semaine dernière, est ratifié par le Sénat, les consommateurs uruguayens inscrits dans un registre pourront acheter jusqu'à 40 grammes par mois de marijuana (herbe) dans des pharmacies autorisées et en cultiver à titre personnel ou au sein de clubs. Pour le président "Pépé", il s'agit d'abord de mieux combattre le trafic de drogue et de détourner les consommateurs de la pâte base cocaïne, moins chère que quelques grammes de cannabis (la dose de pâte base vaut 40 pesos uruguayens, moins de deux euros). En outre, le chef d'État entend "fiscaliser" un marché annuel estimé entre 30 et 40 millions de dollars afin d'avoir des ressources pour le traitement des addictions.

· Uruguay, "pays laboratoire" pour le monde entier

Face à la polémique provoquée par son projet, "Pépé" Mujica confiait à une poignée de journalistes : "On va y aller en douceur. Cela m'intéresse de faire réfléchir les gens et ils peuvent proposer de meilleures solutions. C'est un problème grave, qui vaut une guerre au Mexique. Ici, un prisonnier sur trois est enfermé à cause de la drogue. Cela ne se résout pas à coups de matraque." "Pépé", cet agriculteur à la moustache poivre qui dit n'avoir jamais fumé un joint, est têtu quand il a une intime conviction. L'intime conviction que l'Uruguay, petit pays d'un peu plus de 3 millions d'habitants coincé entre le Brésil et l'Argentine, constitue le parfait laboratoire pour faire cette "expérience d'avant-garde pour le monde entier", comme il l'estimait récemment lors de son programme radio sur la FM 97.9. La guerre contre le narcotrafic n'a-t-elle pas eu des résultats mitigés en Amérique latine ? Au Mexique, la lutte contre les trafiquants et les règlements de comptes entre cartels ont fait entre 50 000 et 100 000 morts ces six dernières années. Même le président des États-Unis Barack Obama, défavorable à la légalisation, est "convaincu" qu'il faut "prendre de nouvelles mesures plus créatives".

Philosophe provocateur, l'ex-guérillero Tupamaros n'a pas fini de faire grincer des dents à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières. Ses homologues colombien et vénézuélien s'inquiètent déjà. Quant à l'ONU, elle alerte l'Uruguay sur une prochaine violation de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Mais le pays sud-américain s'abrite derrière les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme.

· Prêt à faire marche arrière au cas où...

En Uruguay, un récent sondage de l'Institut Cifra révèle que 62 % des habitants s'opposent au projet de loi - déposé il y a plus d'un an -, et que seuls 26 % sont partisans de la légalisation. Le projet doit aussi faire plier l'industrie pharmaceutique, qui refuse le contrôle et la distribution de produits psychotropes. "Les bénéfices [du cannabis] n'ont pas été démontrés clairement et il est plutôt utilisé à des fins récréatives. Pour nous, c'est comme si l'on vendait des ours en peluche", raille le principal syndicat du secteur.

José Mujica doit encore convaincre, un à un, ses amis sénateurs de gauche de voter son projet. Qu'importe. Pépé ne lâche rien en politique, avec son caractère bien trempé, forgé par douze ans d'emprisonnement sous la dictature (1973-1985). "J'ai dû apprendre à parler avec moi-même. J'ai élevé des bestioles... jusqu'à sept grenouilles et j'ai même appris que les fourmis parlaient. J'en prenais une et la mettais contre mon oreille et, dans ce silence, je les écoutais crier !" se rappelle-t-il dans un livre de l'hebdomadaire uruguayen Búsqueda.

Et puis, Pépé a beau être entêté, il reste pragmatique. Il a assuré à l'AFP qu'il était prêt à faire "marche arrière" si l'État se retrouvait "dépassé". En attendant, l'Uruguay fait déjà des émules. Les élus de la capitale mexicaine Mexico DF viennent de convoquer la tenue d'un débat sur la légalisation du cannabis. Dans sa modeste ferme de Montevideo, José Mujica doit sûrement sourire : il a déjà donné un sérieux coup d'accélérateur au débat sur la légalisation.

OlivierUbertalli http://www.lepoint.fr/monde/pepe-mujica-le-president-qui-ose-legaliser-le-cannabis-09-08-2013-1712724_24.php

* ANNEXE 138

Dette : un juge US veut poursuivre l'Argentine

Le juge américain qui gère l'épineux dossier de la dette argentine a menacé  de poursuivre pour "outrage" le pays sud-américain s'il continue à diffuser des informations "fausses et trompeuses".

L'Argentine a mis en doute avec virulence l'indépendance de la justice américaine dans le litige qui l'oppose à deux fonds "vautours" depuis que le juge Thomas Griesa a suspendu tout remboursement de sa dette souveraine transitant par la place financière de New York, tant que le pays ne paie pas 1,3 milliard de dollars à ces fonds, en vertu d'un jugement de la justice américaine.

Les agences de notation ont déclaré l'Argentine en "défaut de paiement partiel" à la suite de cette décision. En réaction, le gouvernement argentin a diffusé jeudi dans la presse américaine, sur deux pages, des "avis légaux" pour défendre sa position.

Buenos Aires y conseillait notamment à ses créanciers d'envisager "les actions pertinentes pour faire valoir leur droit, tant que seront retenus de manière indue les fonds qui leur appartiennent". "La cour met en garde contre de nouvelles déclarations fausses et trompeuses de la République (argentine) et part du principe que cet avertissement sera entendu", a déclaré le juge Griesa. "Sinon, il sera nécessaire d'envisager un outrage à la cour", a-t-il ajouté. L'Argentine risquerait une amende.
Dans un communiqué, le ministère argentin de l'Economie a dénoncé les "nouvelles pressions et contradictions" du juge et affirmé que l'Argentine maintenait sa position.

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/08/09/97002-20140809FILWWW00027-dette-un-juge-us-veut-poursuivre-l-argentine.php






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