UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU
CAMEROUN
859, rue de Kribi/7001 Yaoundé 3
B.P.: 1637 Yaoundé
Tel: 222 31 03 05
Fax: (237) 222 31 89 99
Site web : www.iricuy2.net
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INTERNATIONAL RELATIONS INSTITUTE OF
CAMEROON
859, Kribi road/7001 Yaoundé 3
P.O Box: 1637
Yaoundé
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DEPARTEMENT DE POLITIQUE INTERNATIONALE
L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT DANS LA LUTTE CONTRE
L'EXTREME PAUVRETE AU CAMEROUN : CAS DU CONTRAT DE DESENDETTEMENT ET DE
DEVELOPPEMENT
Mémoire présenté et soutenu en
vue de l'obtention du Master en Relations
InternationalesOption
COMMUNICATION ET ACTIONS PUBLIQUES
INTERNATIONALES
Par :
WANDJI Samuel Bileou Christian
Sous la supervision du :
Pr. NGWANZA Stéphane
Maitre de conférences,
Directeur Adjoint chargé des études à
IRIC
Sous la direction du :
Dr. ELONO Armand
Chargé de cours- IRIC
Docteur des sciences politiques,
Politiques publiques
Année académique : 2021-
2022SOMMAIRE
SOMMAIRE
i
AVERTISSEMENT
iii
DEDICACE
iv
REMERCIEMENTS
v
LISTES DES ABREVIATIONS, ACCRONYMES, ET SIGLES
vi
LISTES DES ILLUSTRATIONS
ix
LISTES DES TABLEAUX
ix
LISTES DES GRAPHIQUES
ix
LISTES DES FIGURES
ix
RESUME
x
ABSTRACT
xi
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION PUBLIQUE
ET L'ARCHITECTURE DU CONTRAT DE DESENDETTEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DANS LA
LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
26
PREMIER CHAPITRE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION PUBLIQUE
DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
28
Section I : Les cadres de références
internationaux de l'action publique en matière de lutte contre la
pauvreté
28
Section II : Les cadres de références
nationaux de lutte contre la pauvreté
37
DEUXIEME CHAPITRE : L'ARCHITECTURE DU D DANS LA LUTTE
CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
43
Section I : La politique du D
43
Section II : l'insertion du D dans le paysage
institutionnel camerounais
52
DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LES FOYERS DE L'EXTREME
PAUVRETE AU CAMEROUN
60
TROISIEME CHAPITRE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LA RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ AU CAMEROUN
62
Section I : l'approche conceptuelle de la
pauvreté : la pauvreté monétaire et la
pauvreté non-monétaire
62
Section II : les implications opérationnelles du D
dans la réduction de la pauvreté au Cameroun
80
QUATRIEME CHAPITRE : LES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
LIEES A L'IMPLEMENTATION DU D DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
89
Section I : les contraintes liées à
l'implémentation du D au Cameroun
89
Section II : perspectives d'avenir pour une meilleure
implémentation du D et de l'aide au développement au Cameroun
92
CONCLUSION GENERALE
98
BIBLIOGRAPHIE
101
ANNEXE
A
TABLE DES MATIERES
108
AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé II et l'Institut des
Relations Internationales du Cameroun (IRIC) n'entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions exprimées dans ce travail.
Ces opinions doivent être considérées comme
propres à leurs auteurs.
DEDICACE
A notre maman Mme YOUMEGNE WANDJI Hélène Epse
BITEP qui s'est privée de beaucoup pour que nous ne manquions de
rien.
REMERCIEMENTS
La confection de cet ouvrage n'aurait pas été
possible sans le concours des personnes suivantes, auxquelles nous voudrions en
cette occasion, rendre hommage et témoigner notre profonde gratitude
:
- A l'Institut des Relations Internationales du Cameroun qui
nous a offertune formation et un encadrement de qualité
supérieure allant même au-delà de nos
espérances ;
- Au Directeur de l'IRIC Monsieur NDONGO Daniel
Urbain pour sa coordination et sa supervision qui ne laisse personne
indifférent;
- A notre Superviseur de mémoire le Pr NGWANZA
Stéphane pour son immense apport à la réalisation de ce
travail ;
- - A Notre Directeur de mémoire le Dr ELONO Armand
pour sa grande disponibilité, ses précieux conseils et
observations, ainsi que pour la compréhension dont il a su faire montre
inconditionnellement à notre égard tout au long de la
collaboration qui nous a lié ;
- A notre famille pour son assistance multiforme et pour les
sacrifices consentis à notre égard ;
- A nos camarades de la promotion CAPI 2017, qui part leurs
compétences et détermination, nous ont permis d'atteindre des
niveaux de compétences jamais espérés.
LISTES DES ABREVIATIONS, ACCRONYMES, ET
SIGLES
ABG :Aide Budgétaire Globale
ABS : Aide Budgétaire Sectorielle
ACEFA : Programme d'Amélioration de
la Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
AFD : Agence Française de
Développement
AFOP : Programme d'Appui à la
rénovation et de développement de la Formation Professionnelle
dans le secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche
AID : Association Internationale de
Développement
APD : Aide Publique au
Développement
BdF : Banque de France
BM : Banque Mondiale
BRDH : Bureau du Rapport sur le
Développement Humain
D : Contrat de
Désendettement et de Développement
CAA : Caisse Autonome d'Amortissement
CAD : Comité d'Aide au
Développement
COPIL : Comité de Pilotage
COS : Comité d'Orientation et de
Suivi
CSLP : Cadre Stratégique de lutte
contre la pauvreté
CTB : Comité Technique
Bilatérale
DCPE : Document Cadre de Politique
Economique
DSCE : Document Stratégique pour la
Croissance et l'Emploi
DSRP : Document Stratégique de
réduction de la pauvreté
ECAM : Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages
FMI : Fonds Monétaire
International
FRPC : Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et la Croissance
FRPS : Fonds Régionaux pour la
Promotion de la Santé
IDG : Indice de Développement du
Genre
IDH : Indice de Développement
Humain
IDHI : Indice de Développement
Humain ajusté aux Inégalités
IIG : Indice d'Inégalité du
Genre
INS : Institut National de la
Statistique
IPH : Indice de Pauvreté Humaine
IPM : Indice de Pauvreté
Multidimensionnel
MAEDI : Ministère des Affaires
Etrangères et du Développement International
MINADER : Ministère de l'Agriculture
et du Développement Rural
MINEPAT : Ministère de l'Economie et
de l'Aménagement du Territoire
MINEPIA : Ministère de l'Elevage,
des Pêches et des Industries Animales
MINFI : Ministère des Finances
OCDE : Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique
ODD : Objectifs de Développement
Durable
OMD :Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG :
Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PARA : Programme d'Appui à la
Recherche Agronomique
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PASGIRAP : Programme d'Appui à la
Sécurisation et la Gestion Intégrée des Ressources
Agropastorales
PCP : Programmes de Consolidation et de
Pérennisation
PMEAA : Petites et Moyennes Entreprises
Agricoles et Agroalimentaires
PMUS :Plan de Mobilité Urbain
Soutenable
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvre Très
Endetté
PRI : Pays à Revenus
Intermédiaires
SCAC : Service de Coopération et
d'Action Culturelle
SCBCM : Service du Contrôle
Budgétaire et Comptable
SND : Stratégie Nationale de
Développement
SRP : Stratégie de Réduction
de la Pauvreté
STADE-D :
Secrétariat Technique d'Appui à l'Exécution du D
UA : Union Africaine
ZEP : Zone d'Education Prioritaire
ZSP : Zone de Solidarité
Prioritaire
LISTES DES ILLUSTRATIONS
LISTES DES TABLEAUX
Tableau 1 : répartition de
l'incidence de la pauvreté en fonction du lieu de résidence
4
Tableau 2 : Les Objectifs du D
45
Tableau 2 : Evolution de l'indice
général, de l'indice des produits alimentaires, de l'indice des
produits non alimentaires, du taux de pauvreté entre 2007 et 2014 selon
la région d'enquête.
67
Tableau 3 : tendance des indicateurs de
pauvreté monétaire entre 2001 et 2014
69
Tableau 4 : causes de la pauvreté
selon le niveau de vie
76
Tableau 5 : Evolution de l'IDH au Cameroun
78
Tableau 6 : l'IDHI du Cameroun pour 2019
78
Tableau 7: IDG du Cameroun pour 2019
79
Tableau 8 : IIG du Cameroun pour 2019
79
Tableau 9 : IPM pour le Cameroun en 2014
80
LISTES DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution du taux de
croissance du PIB entre 2004 et 2018
41
Graphique 2 : évolution des prix
comparés au revenu
68
Graphique 3:perception des conditions
alimentaires
74
Graphique 4 : Proportion de ménages
estimant qu'il est important mais pas indispensable d'avoir plusieurs
vêtements ou plusieurs paires de chaussures
74
Graphique 5 : perception des conditions de
logement et d'emploi
75
Graphique 6 : perception des conditions de
transport
75
Graphique 7: perception des conditions
d'éducation, de loisirs et divers
76
LISTES DES FIGURES
Figure 1 : Le système de financement
des D par annulation de la dette
50
RESUME
L'idée de base de l'aide publique au
développement développée au milieu des années 1960,
est très vite apparu comme évidente qu'une aide de la part des
pays industrialisés permettrait de favoriser le développement des
pays sous-développés. Cette préoccupation s'est
posée avec acuité dans les années 90 avec la crise
économique qu'ont subie les pays sous-développés qui a
fortement accrue la paupérisation des populations de ces pays. A la
suite des programmes d'ajustements structurels, il a été
décidé d'annuler la totalité des créances d'APD
pour les pays engagés dans le cadre de l'initiative PPTE. Or la France
dont les montants de créances étaient parmi les plus
élevés a opté pour un mécanisme spécifique
d'annulation des dettes bilatérales additionnelles : le D ; le
Contrat de Désendettement et de développement. C'est un
mécanisme de refinancement en dons des créances d'APD
remboursées par le pays débiteur. Depuis le 10 février
2006, date de la signature de son premier contrat D avec le partenaire
bilatéral Français, le Cameroun bénéficie de ce
mode de financement avec pour objectif de réduire l'extrême
pauvreté dans laquelle ses populations les plus démunies sont
sujettes. La problématique est par conséquent la suivante :
quelles sont les implications du Contrat de Désendettement et de
Développement sur la réduction de la pauvreté au
Cameroun ? autrement dit, sur quels principes sont érigés le
D au Cameroun et quels sont les cibles et secteurs d'intervention visant
à réduire l'extrême pauvreté au Cameroun ? Dans
ce contexte nous pouvons dire que le D émane de la volonté du
partenaire bilatéral français d'aider le Cameroun à
réduire l'extrême pauvreté à sa plus petite
entité en élaborant ensemble des programmes d'actions qui vont
impacter positivement les populationsles plus démunies. Pour
répondre à la problématique posée, nous avons
analysé des documents, textes et revues, effectué des interviews
avec des personnels en charge de l'opérationnalisation du D et des
observations sur le terrain des différentes activités. Ce qui
nous ont permis de comprendre l'architecture du D, les cibles qui se trouvent
principalement dans les zones rurales et dans les quartiers
défavorisés des principales villes du pays et les secteurs
d'interventions portent sur le développement de l'agriculture et la
formation au métier agricole, l'amélioration des conditions de
vie et la construction des infrastructures. En conclusion, il est
nécessaire pour l'Etat du Cameroun de faire perdurer ces programmes en
les intégrant aux politiques de développement nationales.
Mots clés : Aide publique
au développement - Contrat de Désendettement et de
Développement - réduction - Extrême pauvreté -
Cameroun
ABSTRACT
The basic idea of official development assistance, put in
place in the mid-1960s, quickly became obvious that aid from industrialized
countries would help promote the development of underdeveloped countries. This
issue arose with acquiescence in the 1990s with the economic crisis the
underdeveloped countries went through, which greatly increased the
impoverishment of the populations in these countries. As a résultat of
the structural adjustment programs, it was decided to wipe out all the debts of
the countries considered as HIPC. However, France, whose debt was among the
highest amount, opted for a specific mechanism of additional bilateral debts :
the D; the Debt Reduction and Development Contract. It is a mechanism of ODA
refinancing debt donations refunded by the debtor country. Since February 10,
2006, date of the signing of its first D contract with the bilateral partner,
France, Cameroon has benefited from this method of financing with the aim of
reducing the extreme poverty in which its most deprived populations are
subjected to. The problem is therefore the following: what are the implications
of the Debt Reduction and Development Contract on poverty reduction in
Cameroon? In other words, on what principles are D established in Cameroon and
what are the targets and sectors of intervention aimed at reducing extreme
poverty in Cameroon? In this context, we can say that the D comes from the will
of France to help Cameroon reduce extreme poverty to its smallest entity by
jointly developing action programs that will positively impact the poorest
populations. In response to this problem, we proceeded by documents, texts and
reviews analysis and we carried out interviews with the staff in charge of D
operationalization. This made us to understand the architecture around the D,
the targets which are mainly found in rural areas and in the disadvantaged
neighborhoods of the main cities of the country. The main sectors of
intervention are relate to the development of agriculture and agricultural
training, the improvement of living conditions and the building of
infrastructures. It is necessary for the State of Cameroon to perpetuate these
programs by integrating them into national development policies.
Keywords: Official development
assistance - Debt Reduction and Development Contract - reduction - Extreme
poverty - Cameroon
INTRODUCTION GENERALE
L'introduction constitue l'entrée
en matière de tout travail universitaire et elle viseà donner un
aperçu global et pertinent sur le sujet que l'on entend traiter. A ce
titre, nous organisons notre propos introductif autour des
considérations suivantes ; dans une première partie, nous
allons présenter la construction de l'objet d'étude (I) et dans
une seconde partie les considérations théoriques et
méthodologiques (II).
I. Construction de l'objet
d'étude
Pour Bourdieu, Construire un objet scientifique, c'est,
d'abord et avant tout, rompre avec le sens commun, c'est-à-dire avec des
représentations partagées par tous, qu'il s'agisse des simples
lieux communs de l'existence ordinaire ou des représentations
officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois
dans l'objectivité des représentations sociales et dans les
cerveaux ; le pré-construit est partout1(*). Il s'agit pour le chercheur en
science sociale de dépasser les vérités apparentes et les
approximations, souvent subjectives pour s'inscrire dans l'objectivité
scientifique. Gaston Bachelard parle de rupture avec les obstacles
épistémologiques2(*). Hervé Barreau3(*) quant à lui résume cet exercice de
clarification et d'objectivation scientifique en évoquant le passage de
la connaissance commune à la connaissance scientifique. Il est donc
nécessaire à la construction de l'objet de cette étude de
mettre en exergue les points suivants : le contexte et la justification du
sujet (A), la clarification conceptuelledu sujet (B), la délimitation de
l'étude (C), l'objectif de l'étude (D), l'intérêt de
l'étude (E), larevue de littérature (F), la problématique
(G), et les hypothèses (H).
A. Contexte et justification du sujet
La mondialité d'aujourd'hui nous met face à une
série de problématiques, toutes intégrant la dynamique des
politiques publiques mondiales. Il s'agit des problèmes de
sociétés actuelle, ou encore ce qu'il convient de
considérer comme les grands enjeux du monde contemporain. Qu'il s'agisse
du changement climatique ou encore des déséquilibres
économiques et sociaux, ces questions se posent à
l'échelle de toute la planète et font l'objet de solutions
globales. C'est ainsi que les acteurs de la société
internationale ont conçu des référentiels programmatiques
visant à proposer des solutions coordonnées entre les cadres
nationaux. C'est dans cette dynamique que les Objectifs de Développement
durable ont succédés aux Objectifs du Millénaire pour le
Développement. A titre de rappel, « les OMD sont des
objectifs visionnaires de libération d'une grande partie de
l'humanité des chaines de la pauvreté extrême, de la faim,
de l'analphabétisme et de la maladie à l'horizon
2015 »4(*).
Ils étaient au nombre de huit. Cependant ces objectifs n'ont pas atteint
les résultats escomptés, c'est pourquoi ils ont été
remplacés par les Objectifs de Développement durable en 2015. Les
ODD sont planifiés sous forme d'agenda jusqu'à l'horizon 2030.
Ils expriment des valeurs de vivabilité, de viabilité et
d'équitabilité devant concrétiser le bien-être
social, économique et environnemental des êtres humains, autant
pour les générations actuelles que pour les
générations futures. « Transformer des vies tout en
préservant la planète »5(*), telle est l'ambition des 17
Objectifs de Développement Durable.
Six ans après leur adoption, la réalisation des
ODD fait l'objet de plusieurs appels à l'action pour plus d'engagement
et de solidarité. Ces appels à l'action se sont multipliés
et résonnent encore au plus fort depuis le 11 mars 2020, date à
laquelle l'OMS a déclaré officiellement une situation de
pandémie mondiale à Covid 19. Le Secrétaire
Général des Nations Unies a même déclaré
à ce sujet que « malgré des efforts
considérables ces dernières années, nous ne sommes pas sur
la bonne voie pour l'atteinte des ODD d'ici 2030. Nous devons
accélérer considérablement le rythme de mise en oeuvre
alors que nous entrons dans une décennie décisive pour les
personnes et la planète ». Selon le rapport intitulé
« The future isNow-Science for
AchievingSustainableDevelopment », élaboré par un
groupe indépendant de scientifique en 2019, l'état de mise en
oeuvre des ODD dans le monde est encore très faible. Par ailleurs, tous
les voyants du développement durable sont passés dans le rouge
avec la Covid-19 qui a lourdement impacté la réalisation des ODD.
Relativement à la mise en oeuvre de ces objectifs dans les pays en voie
de développement, l'aide publique internationale constitue une ressource
incontournable voire, indispensable. A ce propos, seuls 2500 milliards d'euros
de financement sont mobilisés chaque année alors que 5000
à 7000 seraient nécessaires6(*). Dans un contexte ou la Covid-19 frappe durement les
pays dits développés, les pays en voie de développement
notamment ceux d'Afrique bien que relativement épargnés par
l'ampleur prédite de la pandémie en termes de nombre de personnes
infectées et de morts, risquent d'être les plus touchés par
les conséquences socio-économiques, culturelles et
environnementales de la pandémie à cause de leur forte
dépendance à l'aide internationale qui pour la plupart est issue
des pays développés. La réalisation des ODD dans les pays
en voie de développement passe par les financements extérieurs.
Face aux retards dans leur mise en oeuvre, ajouté à la
pandémie de Covid-19, il est plus que nécessaire de garantir un
redéploiement de l'aide internationale en faveur de la
réalisation des ODD, notamment dans les pays en Afrique subsaharienne
à l'instar du Cameroun.
Tableau 1 :
répartition de l'incidence de la pauvreté en fonction du lieu de
résidence
Ainsi au Cameroun, la réalisation de l'ODD 1 en
occurrence la lutte contre la pauvreté fait l'objet d'une attention
particulière. La part de la population pauvre a augmenté de 12%
entre 2007 et 2014. Sous le poids de la crise mondiale sanitaire, mais
également des crises dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest,
et la guerre contre BokoHaram dans la région de l'Extrême Nord, La
réduction de la pauvreté au Cameroun à l'horizon 2030 est
fortement hypothéquée. Face à cette conjoncture, les
indicateurs de pauvreté au Cameroun ne sont pas rassurants l'IDH du pays
était de 0,563 en 20187(*). Par ailleurs, le seuil de pauvreté du pays ne
s'est pas fondamentalement amélioré à l'intervalle
2015-2018 car il est de 35,5%, très loin des 23% espérés
par le pays en 20208(*). Le
pays a également enregistré sur la période 2007-2018, un
indice de pauvreté multidimensionnelle de 45,3/100, donc assez
inférieur à la moyenne9(*). Le tableau ci-dessous reflète clairement la
situation de la pauvreté au Cameroun, suivant le dernier ECAM 4.
Sources : ECAM 2, 3 et 4, INS, 2001, 2007, 2014
L'ODD 1, baptisé lutte contre la pauvreté
influence assez largement l'ensemble des autres objectifs et peut dès
lors constituer un sérieux écueil à la réalisation
de la plupart des objectifs de développement durable au Cameroun. Mais
aussi et surtout la lutte contre la pauvreté a toujours
été retenue comme la plus grande des priorités, en
figurant à la première position des objectifs mondiaux, que ce
soit dans le cadre des OMD ou des ODD. Ayant entamé la dernière
décennie, la crise sanitaire actuelle et des financements toujours plus
faibles en faveur de la lutte contre la pauvreté justifient notre
intérêt porté sur ce sujet. Voilà planté le
décor de la trajectoire que prendra notre travail de recherche autour du
thème :« L'aide publique au développement
dans la lutte contre l'Extrême pauvreté au Cameroun : cas du
D ».
B. Définition des concepts
La définition des concepts permet de mieux percevoir et
mieux concevoir le phénomène étudié. Emile DURKHEIM
a pu dire à ce propos que « les mots de la langue usuelle comme
les concepts qu'ils expriment sont toujours ambigus et le savant qui
l'exploiterait tel qu'il les reçoit de l'usage sans leur faire subir
d'autres élaborations s'exposerait aux plus graves confusions
»10(*). Dans le
même ordre d'idée Gordon Mace dit que « l'instrument
fondamental en recherche scientifique est le concept, c'est le pivot de la
méthode scientifique sur lequel repose tout notre savoir, sans concept
bien défini aucune connaissance scientifique n'est possible
»11(*).
Etant entendu qu'aucun travail de recherche ne puisse se
concevoir sans l'exercice préalable de l'appréhension des
notions, nous accordons un point d'honneur à celui-ci. Une observation
superficielle et en profondeur de l'énoncé de notre sujet, laisse
transparaitre trois groupes de mots clés dont la clarification ne se
fera pas attendre ; il s'agit de : aide publique au
développement (1), Objectif du Développement Durable (2), pays en
voie de développement (3), politiques et actions publiques (4).
1) Aide internationale et aide publique au
développement
L'aide internationale est une assistance volontaire fournie
à des pays étrangers ou à des populations
étrangères. Le terme aide internationale est plus
généralement utilisé à la fois pour décrire
l'aide publique au développement fournie par des Etats ou des
organisations internationales telles que la Banque mondiale et l'aide fournie
par des organismes privés, associatifs ou caritatifs (fondations, ONG,
organismes religieux, etc.). L'aide internationale peut comprendre de l'aide
sous forme de dons, en argent, ou en nature, de prêts à des taux
préférentiels ou encore d'annulation de dette. Elle inclut
à la fois les concepts plus spécifiques d'aide au
développement qui est généralement comprise comme une aide
structurelle à moyen ou long terme pour traiter les causes du
sous-développement et d'aide humanitaire ou d'urgence qui consiste
à fournir une aide à court ou moyen terme pour répondre
aux effets d'une crise12(*).
En administration publique, le concept d'aide internationale
réfère généralement à l'aide publique au
développement, qui comprend l'ensemble des dons et des prêts
préférentiels transférés du budget d'un pays
développé vers un pays en voie de développement13(*). « L'aide
publique au développement se retrouve aujourd'hui l'un des seuls
instruments d'envergure à disposition des Etats pour faire face aux
défis de la mondialisation »14(*).
Nous nous inscrivons davantage dans cette définition
exhaustive des auteurs Guillaume olivier et Saidou Sidibé, qui
l'appréhendent comme l'ensemble des financements alloués à
des programmes de coopération technique, d'aide-projet ou aide
sectorielle, de soutien macroéconomique ou de contributions volontaires
à des institutions internationales, apportés par les pays membres
de l'OCDE coordonné en Comité d'aide au
Développement15(*).
Les membres du CAD apportent environ 95% du total mondial de l'APD.
L'importance théorique de l'APD pour les économies en besoin de
financement remonte aux travaux sur le « big push » de
RoseinsteinRodan. Cet auteur souligne que des apports massifs en capitaux
extérieurs doivent permettre aux pays pauvres de financer leurs
investissements et de bruler des étapes préalables au
décollage et de sortir de leur « trappe à
pauvreté ».
2) Pauvreté
Le phénomène de pauvreté est un
« fait brut qui ronge toute société et toute
conscience »16(*), il s'agit selon Nicolas Duproux,
« d'une notion ambiguë, peut-être même
contestable »17(*). En tout état de cause, sa
définition continue de faire débat18(*). Pour le Dictionnaire Le
Robert, la pauvreté correspond à l'état d'une personne qui
manque de moyens matériels, d'argent ; insuffisance de ressources.
Cette définition non exhaustive qui met l'accent sur les ressources, ne
renseigne pas suffisamment sur ce phénomène. S'inscrivant
également dans cette perspective des ressources, mais davantage en
termes de conditions d'existence ou de privations, Peter Towsend retient que
« les individus, familles ou groupes de la population peuvent
être considérés en état de pauvreté quand ils
manquent des ressources nécessaires pour obtenir l'alimentation type, la
participation aux activités, et pour avoir les conditions de vie et les
commodités qui sont habituellement ou sont au moins largement
encouragées ou approuvées dans les sociétés
auxquelles ils appartiennent. Leurs ressources sont si significativement
inférieures à celles qui sont déterminées par la
moyenne individuelle ou familiale qu'ils sont, de fait, exclus des modes de vie
courants, des habitudes et des activités »19(*). Cette perspective
des ressources se cristallise avec la BM qui travaille sur l'approche
monétaire de la pauvreté. C'est ainsi qu'au Cameroun, le seuil de
pauvreté monétaire s'élève à 269 443
FCFA par équivalent adulte et par an, soit 22 454 FCFA par mois, ou
738 FCFA par jour. Il s'agit là du revenu minimum nécessaire pour
satisfaire les besoins essentiels de l'individu. Elle est avec le PNUD, les
deux institutions phares dans la lutte contre la pauvreté. Mais
contrairement à la BM, le PNUD partage une tout autre définition
de ce phénomène.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement
définit spécifiquement trois notions : la pauvreté
extrême ou pauvreté absolue, la pauvreté
générale ou pauvreté relative et la pauvreté
humaine. Pour le PNUD, une personne vit en situation d'extrême
pauvreté si elle ne dispose pas de revenus nécessaires pour
satisfaire ses besoins alimentaires essentiels définis sur la base de
besoins caloriques minimaux c'est-à-dire 1800 calories par jour et par
personne comme préconisé par l'OMS. Une personne vit en situation
de pauvreté générale si elle ne dispose pas de revenus
suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires :
habillement, énergie, logement, ainsi que des biens alimentaires. Enfin,
la pauvreté humaine c'est l'absence des capacités humaines de
base : analphabétisme, malnutrition, espérance de vie
réduite, mauvaise santé maternelle et maladie pouvant être
évitée. Considérant une approche multidimensionnelle de la
pauvreté, le PNUD a conçu l'Indice de Pauvreté
Multidimensionnelle (IPM)20(*).
La pauvreté a de nombreux visages. Elle change de lieu
en lieu et avec le temps. Elle a été décrite de maintes
manières. Le plus souvent, la pauvreté est une situation à
laquelle les gens veulent échapper. Ce phénomène ne
découle pas d'une cause unique, et les résultats de la
pauvreté sont différents dans chaque cas. La pauvreté
varie considérablement selon la situation, car on ne peut pas comparer
le fait de se sentir pauvre au Canada à celui d'être pauvre au
Congo ou au Cameroun. Bien qu'il n'existe pas de définitions
universellement acceptée de la pauvreté, il faut reconnaitre
qu'il s'agit d'un phénomène complexe, de part sa
multi-dimensionnalité et son caractère difficilement
quantifiable.
3) Politiques publiques
Dans une approche générale et classique, une
politique publique correspond à l'ensemble des mesures ou
décisions hétérogènes, à l'initiative de
l'Etat et ayant pour finalité la neutralisation d'un problème
bien précis21(*).
Pierre Muller déclarait à juste titre que les politiques
publiques sont « les modes de gouvernement des sociétés
complexes »22(*). Madeleine GRAWITZ, Jean LECA et Thoening pour
leur part dans Traité de science politique IV
définissent les politiques publiques comme étant « les
interventions des autorités investies de puissance publique et de
légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la
société ou du territoire »23(*). D'autres auteurs, plus pragmatiques à
l'instar de Thomas DYE, cautionnent l'idée qu'une politique publique est
« tout ce qu'un gouvernement décide de faire ou de ne pas
faire »24(*). En reprenant ces définitions le chercheur
considère qu'une politique publique est d'abord un concept empirique
destiné à décrire l'action concrète de l'Etat ou
autrement dit l'Etat en action25(*).
Toutefois , selon l'approche extensive de l'action publique,
on peut appréhender les politiques publiques comme un ensemble de
décisions reliées entre elles, prise par un acteur ouun groupe
d'acteurs et dont la mise en oeuvre implique à la fois l'Etat et les
acteurs privés26(*)
d'où cette définition fort illustratrice de Jacques LAGROYE
suivant laquelle, la politique publique est un ensemble de processus concrets
dans lesquels sont engagés directement ou indirectement les élus
et l'administration publique mais aussi les organisations professionnelles et
syndicales, les groupes d'intérêts et de causes, des associations
professionnelles27(*).
En effet depuis le milieu des années 1970, avec ce que
l'on a appelé le « tournant néolibéral
», un processus renforce le désengagement des pouvoirs publics
ou au moins redéfini leur intervention débouchant sur
l'implication des études sociologiques dans le champ des sciences
politiques en général, et des politiques publiques en
particulier, symbolisant de fait, une plus forte prise en compte des acteurs
privés dans l'étude de l'action de l'Etat et un changement de
paradigme ayant abouti au développement du concept d'action
publique. Cependant Le choix de privilégier un concept comme
celui d'«action publique » plutôt que celui de
« politique publique », considérant que ce
dernier était trop associé à l'Etat centralisateur et
à une cohérence qui peut biaiser le regard du chercheur, est un
débat uniquement franco-français ; les anglo-saxons n'ayant
jamais considéré que le terme « public
Policy » était associé à un Etat
centralisé28(*).
La littérature française nous offre donc d'appréhender
l'action publique avec des auteurs comme Vincent Dubois29(*) ou Hassenteufel30(*) comme une construction
collective, mettant ainsi l'accent sur la diversité des acteurs. En
pratique politiques publiques et action publique sont de plus en plus
employés de façon indistinctes. Partant, une politique publique
peut être nationale ou internationale. Pour terminer avec cette
première clarification notionnelle, nous souscrivons à cette
définition tirée du dictionnaire des politiques publiques selon
laquelle, ce groupe de mots renvoi à un phénomène social
et politique spécifique, empiriquement fondé et analytiquement
construit31(*).
C. Délimitation de l'objet
d'étude
L'exercice de délimitation nous permet de mieux nous
situer par rapport à notre thématique. Cela dit, nous entendons
faire une double délimitation spatiale (1) et temporelle (2) de ce
sujet.
1) Délimitation spatiale
Les dynamiques en matière de lutte contre la
pauvreté dans les pays en voie de Développement reposent pour la
plupart sur des cadres programmatiques internationaux. Plus encore, c'est une
question qui connait une dense activité des acteurs internationaux,
qu'il s'agisse d'organisations internationales ou d'ONG. Par ailleurs, l'aide
publique au développement est une impulsion des pays du Nord vers ceux
du Sud. Ce qui revient à dire que la dimension internationale sera
prégnante dans nos travaux. Cependant, nos travaux de recherche auront
pour foyer l'Afrique subsaharienne mais plus exactement, le cadre
stato-national camerounais. C'est-à-dire qu'il s'agira davantage
d'apprécier la portée et les effets de l'aide Publique au
développement D, en matière de réduction de la
pauvreté au Cameroun.Ce dernier constitue ainsi notre borne spatiale.
2) Délimitation temporelle
La délimitation temporelle implique une
démarcation dans le temps de notre thématique. A ce titre la
problématique de la pauvretéa commencé à
préoccuper sérieusement l'Etat du Cameroun dès les
années 1996, à la suite d'une enquête sur les conditions de
vie des ménages qui a fourni des indications sur l'ampleur et les
manifestations de la pauvreté au sein des populations camerounaises. Les
résultats de cette opération révélaient alors que
la pauvreté touchait plus de 50% de la population. En Mars 2000, le
gouvernement a entamé une série de consultation qui va
déboucher un an plus tard sur l'élaboration du document
stratégique pour la réduction de la pauvreté, aujourd'hui
dépassé. C'est cette même année que l'Organisation
des Nations Unies procède à la déclaration des Objectifs
du Millénaire pour le Développement, qui eux aussi vont expirer
en 2015 et être remplacés par les Objectifs du
Développement Durable. L'objectif premier par rapport à ces
initiatives a toujours été la lutte contre la pauvreté
à travers le monde32(*), c'est dire à quel point la question de la
pauvreté préoccupe les instances mondiales. Il faut dire que
l'inscription de la pauvreté dans l'agenda international ne s'est pas
faite d'elle-même. Elle est l'oeuvre « des groupes et des
dynamiques de groupes »33(*). Partant, 2015 constitue donc notre borne
inférieure, quoi que nous puissions être amenés
éventuellementà voir en deçà afin de mieux
apprécier l'évolution de l'action publique dans la lutte contre
la pauvreté au Cameroun jusqu'à nos jours.
D. Intérêt de
l'étude
Selon Max Weber « letravail scientifique est
solidaire d'un progrès »34(*) ce qui revient à ériger les chercheurs
avec Jean Marc Ela en acteurs du changement35(*) lorsqu'il écrit que la recherche
« (...) constitue un défi à la vie et à
l'exercice de l'intelligence ». Dès lors, parler
d'intérêt revient à mettre en exergue la plus-value de
notre travail de recherche du point de vue de la science elle-même et du
point de vue de la société. D'où les
intérêts : scientifique et pratique, relevés dans le
cadre de ce travail.
- L'intérêt scientifique
Selon Lawrence Olivier, Guy Bédard et Julie Ferron,
l'intérêt et la pertinence d'unerecherche sont avant tout d'ordre
théorique36(*),
selon qu'il s'agisse d'une recherche fondamentale ou d'une recherche
appliquée. La problématique de lutte contre la corruption
s'inscrit dans le champ d'une recherche appliquée qui consiste avec Jean
Marc Ela« à partir d'un stock de connaissance (...),
répondre à des difficultés contingentes et à
trouver des solutions à des situations conjoncturelles ou
spécifiques »37(*). La question de la réalisation des ODD
notamment le premier, c'est-à-dire la lutte contre la pauvreté
à l'entame de cette dernière décennie recèle une
importance capitale. Une grille de lecture de la lutte contre la
pauvreté sous le prisme de l'APD D notamment en contexte camerounais,
vient renchérir les travaux qui ont actuellement cours dans les pays
à travers le monde. Cet intérêt scientifique est davantage
prononcé à l'entame de cette dernière décennie des
ODD. Voilà ce en quoi nous pouvons résumer l'intérêt
scientifique de cette étude. Il subsiste également des
intérêts pratiques à la présente étude.
- Intérêts pratiques
Aucun travail de recherche ne peut être
désincarné du milieu social dans lequel il évolue, c'est
la raison pour laquelle Bourdieu retient qu'« il est possible d'agir
sur le monde social en intervenant sur laconnaissance qu'en ont les agents
»38(*). La
recherche apparaît donc comme le moteur du développement des
sociétés. Notre étude présente des
intérêts pratiques qui sont d'ordre économique d'une part
et axiologique d'autre part.
L'intérêt économique
consiste essentiellement à mettre en relief l'impact du
phénomène de pauvreté dans la croissance et le
développement des Etats africains en général et du
Cameroun en particulier. En effet, la pauvreté constitue un frein
monstre au développement des Etats africains, elle freine
significativement les programmes d'émergence des pays d'Afrique.
L'idée de l'Etat failli, notamment sur le plan économique est due
au niveau de croissance nulle des dits Etats et la pauvreté
multudimensionnelle en est l'une des principales causes. Ceci est d'autant plus
vrai dans la mesure où il existe un lien étroit entre la
croissance économique et réduction de la pauvreté ou
encore l'amélioration du niveau de vie des populations. Toute chose que
confirme l'Indice de Développement Humain.
L'intérêt socialest au coeur de
cette recherche. En effet la pauvreté est source de plusieurs
fléaux sociaux qui sont susceptibles d'avoir un impact du niveau local
par le national jusqu'à l'international. A ce sujet, la pauvreté
est aujourd'hui établie comme l'une des principales causes de
l'extrémisme violent, ce qui débouche généralement
sur les actes de terrorisme. Cette constatation est d'autant plus
vérifiée au Cameroun dans la mesure où aujourd'hui avec la
crise sécuritaire dans les régions de l'Extrême-Nord, du
Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la pauvreté ambiante a poussé
beaucoup de jeunes à se faire enrôler dans ces groupes qui
créent la terreur dans ces différentes Régions. Il faut
également dire qu'avec la paupérisation d'ampleur, les citoyens
sont moins respectueux des valeurs républicaines et le
développement de politiques contre la pauvreté apparait comme une
nécessité. L'intérêt d'une telle recherche sur le
tissu social est indéniable.
E. Objectif de l'étude
Notre travail vise deux groupes d'objectifs, l'un principal (1)
et l'autre secondaire (2).
1) Objectif principal
Etant entendu que notre étude concerne la
réalisation de l'ODD 1, l'objectif principal est de souligner les effets
de l'aide publique au développement, notamment du programme D, sur la
réduction de la pauvreté au Cameroun.
2) Objectifs secondaires
-Il convient également d'appréhender
l'architecture du contrat de désendettement et de développement
;
-Analyser l'activité institutionnelle bilatérale
franco-camerounaise, en matière de lutte contre la pauvreté.
F. Revue de la littérature
Une revue de littérature est l'évaluation
logique et critique d'un ensemble d'ouvrages liés à une question
de recherche. Cet exercice sert à identifier l'écart entre ce qui
est connu etce qui ne l'est pas par rapport à la question
traitée, elle permet d'élaborer la problématique et de
construire l'objet derecherche39(*).
Nous organisons notre revue littéraire autour de trois
thématiques : d'abord sur l'aide publique au développement,
ensuite sur la dimension mondiale de la pauvreté et enfinsur la question
de la pauvreté dans le contexte particulier du Cameroun.
Sur l'aide publique au développement
Olivier Charnoz et Jean-Michel Severino dans leur ouvrage
l'aide publique au développement40(*), retiennent que l'APD se transforme depuis les
années 1990 pour faire face aux défis de la mondialisation. Pour
ces auteurs, elle doit tout à la fois lutter contre la pauvreté
et gérer les effets de l'intégration mondiale, qu'ils soient
économiques, sociaux, éthiques ou environnementaux. Unique
instrument de redistribution planétaire de ressources publiques, l'aide
suscite des engagements passionnés, critiques ou enthousiastes. Cet
ouvrage expose de façon précise et complète les
mécanismes de cette politique publique singulière.
Guillaume Olivier et SaidouSidibe pour leur part dans
l'aide publique au développement un outil à
réinventer41(*), font une analyse pointuede l'APD en plusieurs
point. Ils partent de la mondialisation, richesses et inégalités
tout en relevant que celle-ci s'accélère et constitue un
processus générateur d'inégalités et de
dégâts. Ensuite ils abordent les questions suivantes de l'APD dans
un monde changeant, les faiblesses de l'aide publique française pour
terminer avec la nécessité de réinventer la
solidarité internationale. Leur étude de cas porte
essentiellement sur le défi de l'éradication de la
pauvreté dans un pays d'Afrique subsaharienne à savoir le Niger.
Pour ces auteurs, la mondialisation s'accélère et l'on peut
aujourd'hui constater que les mécanismes économiques et
financiers ont laissé sur la touche des populations entières.
L'aide publique publique ne semble pas avoir remplis ses missions et n'a pas
permis d'atténuer les déséquilibres Nord/Sud. En
s'appuyant sur l'analyse approfondie des chiffres et de ce qui existe en
matière d'aide publique au développement, ces auteurs dresse un
bilan parfois inquiétant mais jamais pessimiste. Il ressort que
l'insuffisance et l'inadaptation de l'aide publique au développement
débouche sur une série de propositions : respect des droits
élémentaires inscrits dans les chartes internationales,
l'organisation de l'accès de tous à ces biens et la construction
d'une nouvelle solidarité internationale. Autant de nouvelles
priorités pour l'APD.
DambisaMoyo dresse une vision pessimiste, voire fatale de
l'aide publique au développement notamment pour l'Afrique dans son
ouvrage au titre assez expressif L'aide fatale : les ravages d'une
aide inutile et de nouvelles solutions42(*). Cette auteure montre pourquoi et comment l'aide
au développement, depuis les années 1970, n'est pas efficiente et
rend les africains plus pauvres. Les prêts et les subventions encouragent
la corruption et les conflits, découragent les investissements. Elle
propose de trouver des sources de financement exemptes d'effets nuisibles, et
cite l'exemple des investissements chinois.
Stéphane Madaule fait une analyse plus optimiste de ce
mécanisme dans son ouvrage L'aide publique au
développement43(*). Il écrit en substance que nous sommes
à une époque charnière où il convient de
réfléchir, pour nous même comme pour le monde contemporain
à de nouveaux modèles de développement qui ne laissent
personne sur le bord de la route. Plutôt que de prendre la posture facile
du dénigrement systématique des apports possibles de l'APD, en
quelque sorte jeter le bébé avec l'eau du bain, ou encore
à la suite de Gilbert Rist de crier à la supercherie. Il termine
avec ce qu'il appelle l'abécédaire de la réforme de l'APD.
Il propose entre autres que :
- L'aide, étant donné ses moyens limités,
devrait se concentrer sur l'appui aux pays les plus pauvres qui sont par
définition les moins efficaces sur le plan économique.
- L'aide devrait reconnaitre que le jeu des mécanismes
de marché et plus particulièrement d'une ouverture
indifférenciée ne convient pas à un développement
durable et équilibré de la planète, surtout lorsque les
pays développés vont jusqu'à concurrencer la production
domestique des pays les plus pauvres.
- L'aide devrait recentrer son action sur l'appui direct
à la production locale, en instrument de régulation actif de la
mondialisation donnant à chaque pays, chaque population la
possibilité de vivre de son travail.
L'essentiel des débats sur l'aide publique au
développement tourne tantôt sur la nécessité de sa
réformation tantôt sur son inefficacité, toute chose qui
permet en effet de remarquer que l'APD n'est pas un mécanisme de
promotion du développement sans entorse, on lui reconnait
néanmoins des effets positifs, c'est pourquoi nous avons choisi
d'évaluer son impact dans l'éradication de la pauvreté
Sur la dimension mondiale du phénomène de
pauvreté
Dans son ouvrage Pauvreté et développement dans
un monde globalisé44(*), François Bourguignon relève que
la pauvreté est un problème d'envergure mondiale. Il poursuit en
écrivant que depuis les années 1960, l'essor de certains pays, en
Asie notamment, a contribué à masquer le faible
développement de l'Amérique latine, voire le retard d'autres
pays, comme ceux d'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, écrit-il, plus
d'un milliard d'habitants dans le monde vivent encore dans la pauvreté,
les acteurs politiques privilégient actuellement la mise en oeuvre
d'interventions au niveau des populations pauvres plutôt que de
politiques macro-économiques et structurelles adaptées. L'auteur
entreprend d'interroger le bien-fondé de ce choix, d'évaluer les
savoirs acquis et d'identifier la nature des contraintes politiques dans le
contexte de la mondialisation.
Pour Francine Mestrum dans Mondialisation et
pauvreté : de l'utilité de la pauvreté dans le nouvel
ordre mondial45(*),
la pauvreté est une réalité concrète et douloureuse
pour des centaines de millions d'êtres humains dans le monde. En
même temps, elle est une construction idéologique qui
répond aux besoins politiques des riches. A partir d'une analyse
détaillée des documents de l'ONU, du PNUD et de la Banque
Mondiale, ce livre fournit une approche surprenante sur le lien entre la
mondialisation et la pauvreté. Il déconstruit le discours sur la
« lutte contre la pauvreté » des organisations
internationales et met en lumière sa fonction politique. Il montre
comment ce discours met fin à la pensée traditionnelle sur le
développement et aux revendications des pays pauvres. La lutte contre la
pauvreté que proposent les organisations internationales n'est pas une
correction des conséquences négatives de la mondialisation, mais
elle en constitue une pièce maitresse. Cet ouvrage est une grande
originalité. Non seulement l'essentiel des données fondamentales,
en les présentant dans une nouvelle perspective analytique, mais il
entre dans une étude tout à fait particulière sur la
nouvelle idéologie des pouvoirs dominants, qui utilisent le
phénomène de la pauvreté comme un des
éléments de leur stratégie générale. C'est
en effet un nouveau discours qui est produit, permettant de légitimer
l'économie capitalistique existante en donnant un ton humaniste et de
compassion aux politiques entamées, ce qui permet de faire oublier que
c'est la logique même du système qui entretient et approfondit la
pauvreté.
Christine Verschuur et FennekeReysoo proposent
d'étudier le phénomène de pauvreté sous l'angle du
genre tel que l'exprime le titre de leur ouvrage Genre, mondialisation et
pauvreté46(*).
Cet ouvrage interroge le pouvoir structurant de l'économie selon
une perspective de genre pour comprendre la nature et les transformations des
rapports entre hommes et femmes. Il se penche particulièrement sur
l'accroissement de la pauvreté/prospérité et qui accentue
l'inégalité des relations de genre et la subordination des
femmes. Il ne s'agit pas seulement de chercher à promouvoir des
identités de genre, des rapports sociaux entre hommes et femmes plus
juste qui favoriseraient un développement économique, social,
politique et culturel différent. Partant, elles reconnaissent que le
rôle des femmes dans l'économie prend une place croissante avec la
libéralisation économique. Le travail de reproduction s'appuie de
manière plus lourde sur les femmes.
Sous l'angle de l'Afrique cette fois, les auteurs Kathleen et
Luc Christiaensen essayent de faire une lecture du phénomène de
corruption dans leur Accélérer la réduction de la
pauvreté en Afrique47(*). Pour ces auteurs, le redressement de l'Afrique
subsaharienne a été spectaculaire au cours des deux
dernières décennies. Après de nombreuses années de
déclin, l'économie du continent a commencé à
reprendre de la vigueur au milieu des années 90. Grace à cette
croissance macroéconomique, la santé de la population s'est
améliorée, le nombre de jeunes fréquentant l'école
a augmenté, et le taux d'extrême pauvreté a diminué
de 54% en 1990 à 41% en 2015. Malgré ces avancées, les
défis sont énormes. La croissance économique a ralenti au
cours des dernières années. Les taux de pauvreté
affichés dans de nombreux pays sont les plus élevés au
monde. Et la croissance démographique africaine provoque une
augmentation du nombre des pauvres du continent. Au niveau mondial, on assiste
à un déplacement de la pauvreté de l'Asie du Sud vers
l'Afrique. La stabilité et la croissance macroéconomique sont
certes des composantes essentielles de la réduction de la
pauvreté et de l'amélioration du bien-être, mais elles ne
sont pas suffisantes.
Ce rapport explore les points d'entrée critiques et les
domaines d'action prioritaires pour l'accélération de la
réduction de la pauvreté en Afrique. Au-delà de la
stabilité et de la croissance macroéconomiques, il cherche
à savoir ce qui peut encore être fait et à identifier les
points sur lesquels les décideurs devraient se concentrer pour
réduire la pauvreté. Un agenda des politiques favorables aux
pauvres requiert de la croissance aux endroits où ceux-ci vivent et
travaillent, ainsi que de s'attaquer aux nombreux risques auxquels les
ménages sont exposés. Ce livre met carrément l'accent sur
la productivité et les moyens de subsistance des pauvres et des
personnes vulnérables, autrement dit, sur ce qui est nécessaire
pour accroitre leurs revenus. Il s'attache à la manière de
financer l'agenda de lutte contre la pauvreté et de
développement.
Sur la question de la pauvreté au
Cameroun
Dans son ouvrage Croissance économique et
réduction de la pauvreté au Cameroun48(*), Etienne Assiga met en
exergue une relation de cause à effet entre croissance économique
et pauvreté au Cameroun et, en filigrane, analyse l'impact de la
qualité de cette croissance ainsi d'ailleurs que d'autres variables
macro-économiques sur la pauvreté ; étant entendu
qu'une croissance économique significative est supposée entrainer
une réduction sensible de la pauvreté au Cameroun. Dans ce
sillage, les résultats obtenus à la suite d'un décryptage
de plusieurs types d'indices ainsi qu'à l'aide de simulations de
modèles économétriques simples corroborent dans le cas
particulier du Cameroun ceux déjà mis en évidence par
divers auteurs dans le contexte général des pays d'Afrique
subsaharienne.
A travers une évaluation critique des objectifs du
développement durable49(*), Benjamin Ombe écrit dans un premier chapitre
qu'éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, y compris
l'extrême pauvreté, est le premier engagement pris par les
dirigeants du monde pour être tenu à l'horizon 2030. Il s'agit de
garantir, pour tous les hommes et les femmes, en particulier les pauvres et les
personnes vulnérables, les mêmes droits aux ressources
économiques, l'accès aux services de base. Les taux de
pauvreté dans le monde ont certes diminué de moitié depuis
2000, mais dans certaines régions en développement, une personne
sur dix vit encore avec moins de 1,90 dollar par jour (le seuil de
pauvreté fixé par la Banque Mondiale). En 2019, constate l'ONU,
plus de 780 millions de personnes, soit 11% de la population vivaient en
dessous du seuil international de pauvreté. Face à cette
conjoncture internationale, les indicateurs de pauvreté au Cameroun ne
sont pas rassurants. L'indice de développement humain (IDH) du pays
était de 0,563 en 2018. Le Cameroun est classé
150ème sur 189 économies. La part de la population
pauvre a augmenté de 12% entre 2007 et 2014, pour atteindre 8,1 millions
d'habitants, en raison d'une croissance démographique plus rapide que le
rythme de réduction de la pauvreté. Dans le cadre de la mise en
oeuvre de l'ODD 1, le Cameroun a priorisé cinq cibles :
- Elimination complète de l'extrême
pauvreté ;
- Réduction de moitié au moins de la proportion
d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges souffrant d'une forme ou
l'autre de pauvreté ;
- Mise en place des systèmes et mesures de protection
sociale pour tous ;
- Même droit aux ressources économiques et
accès aux services de base, à lapropriété
foncière, au contrôle des terres et à d'autres formes de
propriété ;
- Renforcement de la résilience des pauvres et des
personnes en situation vulnérable.
Cette seconde revue littéraire nous renseigne à
suffire sur l'acuité du phénomène de pauvreté dans
les pays en voie de développement et au Cameroun en particulier.
Dès lors, nous choisissons de nous intéresser à l'impact
de l'APD sur le phénomène de pauvreté à l'aune de
l'expérience camerounaise.
G. Problématique
La problématique est une étape incontournable
dans un travail de recherche, c'est elle qui constitue le fil d'ariane de
celui-ci, d'où toute l'importance qu'elle revêt dans le cadre de
notre étude. A ce propos, Peter Berger et Thomas Luckman estiment
qu' « un objet de recherche ne peut être défini et
construit qu'en fonction d'une problématique permettant de soumettre
à une interrogation systématique les aspects de la
réalité mis en relation par la question qui leur est
posée »50(*). Michel Beaud pour sa part souligne que
« la problématique est une composante essentielle (...).
C'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des
hypothèses de recherche et des lignes d'analyses qui permettront de
traiter le sujet choisi »51(*). Il s'agit d'identifier « ce qui pose
problème »52(*), c'est-à-dire la structure d'informations dont
la mise en relation engendre chez un chercheur un écart se traduisant
par un effet de surprise ou de questionnement assez stimulant pour le motiver
à faire la recherche.
Dans cette mouture, la question de la lutte contre la
pauvreté retient l'attention de nombreux acteurs aussi bien
étatiques que non étatiques que ce soit sur le plan national
qu'international. Autant elle retient l'attention de nombreux acteurs, autant
elle fait l'objet de multiples questionnements et de formules pour son
éradication ou du moins pour sa mitigation à sa plus petite forme
d'expression. Cette étude étant centrée sur le cas
camerounais, nous pouvons formuler la problématique suivante :
Quelles sont les implications du Contrat de
Désendettement et de Développement sur la réduction de la
pauvreté au Cameroun ?
Il gravite autour de cette principale problématique,
deux questions secondaires qui retiennent tout aussi bien notre attention
à savoir :
- Quelle est l'architecture du D au Cameroun et comment
s'agence-t-il ?
- Quelles sont du point de vue des localités et des
secteurs, les principaux foyers de l'extrême pauvreté au
Cameroun ?
H. Hypothèses
Les hypothèses sont la partie de notre travail
où nous apportons des réponses provisoires à notre
problématique. Il s'agit d'une proposition provisoire, une
présomption, qui demande à être vérifiée.
Selon Madeleine GRAWITZ, l'hypothèse se présente comme
l'anticipation d'une relation entre un phénomène et un concept
capable d'en rendre compte et permet une meilleure compréhension des
phénomènes observables53(*). Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt ont pu dire
à ce propos que l'hypothèse est « une
réponse positive à la question de
recherche »54(*) et que par ailleurs, il est tout à fait
judicieux de conjuguer plusieurs hypothèses pour couvrir les divers
aspects du problème55(*). Cela dit, notre bloc d'hypothèse s'organise
ainsi que suit :
Avec une hypothèse principale qui est de dire
que : les implications du D en matière de lutte contre la
pauvreté au Cameroun découlent d'une part de sa structuration et
d'autre part de ses objectifs opérationnels.
Les hypothèses secondaires découlant de la
principale sont les suivantes :
- Le D au Cameroun est le reflet de trois contrats avec le
gouvernement national.
- Les zones rurales demeurent le foyer de l'extrême
pauvreté au Cameroun.
II. Sur le cadre
théorique et méthodologique
D'abord le cadre théorique de notre travail (A) ensuite
les méthodes retenues pour la terminaison de ce travail (B).
I. A. Le cadre théorique
Dario Battistela a pu dire que les théories
sont des lentilles de couleurs différentes qui permettent
d'appréhender le monde et la réalité sociale56(*). Cela dit, Il n'est pas de
description qui soit vierge de théorie. Que vous vous efforciez de
reconstituer des scènes historiques, d'enquêter sur le terrain
auprès d'une tribu sauvage ou d'une communauté civilisée,
d'analyser des statistiques, d'opérer des déductions à
partir d'un monument archéologique ou d'une découverte
préhistorique, chaque énoncé et chaque raisonnement
doivent passer par les mots, c'est-à-dire par les concepts. Chaque
concept à son tour est le fruit d'une théorie, qui décide
que certains faits sont pertinents et d'autres accessoires, que certains
facteurs orientent le cours des événements, et que d'autres sont
des intermèdes fortuits57(*). Ces constatations fort évocatrices de
Malinowski nous permettent de nous rendre compte du caractère
indispensable des théories devant être mobilisées dans le
cadre de ce travail.
Etant donné que notre travail s'inscrit dans le champ
disciplinaire des relations internationales plus précisément dans
le champ de spécialisation des politiques publiques, nous mobilisons ici
le nouvel institutionnalisme58(*) (1) et l'approche par le référentiel
(2).
1) Le néo-institutionnalisme
Il est aujourd'hui établi que l'un des moyens
indispensable servant au gouvernement et à la régulation de nos
sociétés complexes passe par les institutions. Le nouvel
institutionnalisme, tel qu'énoncé par James March et Johan Olsen,
donne aux institutions un rôle déterminant dans le processus
décisionnel et l'explication des phénomènes sociaux ;
institutions entendues au sens large et comprenant un large éventail de
procédures formelles et informelles, de pratiques, de relations,
d'habitudes et de normes. Le néo-institutionnalisme a été
développé aux Etats-Unis par les auteurs sus
évoqués, en réponse au behaviorisme qui
interprétait les comportements politiques et économiques
collectifs commeles conséquences agrégées de choix
individuels, concevait les institutions comme
desépiphénomènes, la simple somme de
caractéristiques individuelles. A contrario,
lesnéo-institutionnalistes voient dans les institutions le comportement
agrégé des acteurssociaux59(*).
Le nouvel institutionnalisme a connu une glorieuse expansion
qui a fait dire à Andrew McFarland que « dans les années
quatre-vingt-dix, nous seronstous des néo-institutionnalistes
»60(*). Dans sa
variante sociologique61(*), impulsée par la sociologie des organisations,
cette dernière véhicule l'idée que les institutions
incarnent et reflètent voirereprésentent les symboles et les
pratiques culturelles durables qui façonnent les conceptions desacteurs,
informent et maintiennent la reproduction institutionnelle car les acteurs
extraient unsens de leur environnement institutionnel qui figure dans leurs
actions. L'approche par le référentiel conforte davantage ce
prisme.
2) L'approche par le
référentiel
Lorsque l'on veut comprendre les processus qui conduisent
à l'élaboration et à la mise en oeuvre d'une politique
publique, il est essentiel d'avoir en mémoire qu'une politique n'est pas
simplement une réaction aux stimulus problématiques qu'impose la
réalité concrète d'une société et dont on
pourrait saisir le sens ``de l'extérieur'' en se limitant, par exemple,
à identifier les déterminants structurels ou les contraintes qui
pèsent sur elle. Il est donc indispensable d'appréhender une
politique publique comme une construction d'un rapport au monde.Pierre Muller a
pu dire à ce sujet, qu'« élaborer une politique
publique consiste donc d'abord à construire une représentation,
une image de la réalité sur laquelle on veut intervenir. C'est en
référence à cette image cognitive que les acteurs
organisent leur perception du problème, confrontent leurs solutions et
définissent leurs propositions d'action : cette vision du monde est le
référentiel d'une politique »62(*).Il explicite davantage son
propos lorsqu'il reconnait que, les politiques publiques sont beaucoup plus que
des processus de décision auxquels participent un certain nombre
d'acteurs. Elles constituent le lieu où une société
donnée construit son rapport au monde, c'est-à-dire à
elle-même : les politiques publiques doivent être analysées
comme des processus à travers lesquels sont élaborées les
représentations qu'une société se donne pour comprendre et
agir sur le réel tel qu'il est perçu : quels sont les dangers qui
la menacent ? Comment répartir les richesses ? Quelle place accorder
à l'État ?63(*)
Transposée à notre étude, fort est de
constater que les politiques de lutte contre la pauvreté
répondent à une vision de nos sociétés construites
et transcrites dans des cadres de références internationaux
notamment.
B. Le cadre méthodologique
Pour Gaston Bachelard, le travail de recherche se
précise mieux à la lumière de la confrontation de ce qu'on
croit savoir avec la réalité. Il déclare d'ailleurs fort
pertinemment que « face au réel, ce qu'on croit savoir
offusque ce qu'on devrait savoir »64(*). Cet exercice de confrontation des idées
à la réalité appelle à la question de
méthode, notamment pour la collecte des données. Par
méthode Madeleine Grawitz et Roger Pinto entendent l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre des vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie65(*). En d'autres termes, la méthode
réfère au processus de recherche proprement dit Dans le cadre de
ce travail nous allons davantage nous intéresser aux méthodes
qualitatives que quantitatives66(*). Nous allons donc recourir aux techniques
documentaires (1) et à des interviews (2) pour la collecte des
données, puis nous recourrons à l'approche cognitive et à
l'analyse de contenu pour analyser nos données (3).
1) Techniques documentaires
L'analyse documentaire est une méthode qui consiste
pour le chercheur à s'appesantir sur différentes sources de
documents pour collecter des données pertinentes. Ces sources
documentaires peuvent être de trois ordres suivant la typologie de Peter
Burnham et al.67(*). D'abord les sources primaires ou documents
primaires qui concernent le thème étudié au plus haut
point, il peut s'agir des ouvrages scientifiques à titre d'exemple.
Ensuite les documents secondaires qui peuvent renvoyer à ce qu'on
appelle la « littérature grise » : ensemble de
documents (rapports, thèses, actes de congrès) qui échappe
aux circuits éditoriaux commerciaux. A ce titre la consultation des
ouvrages tant généraux que spécialisés est
capitale, par ailleurs nous accordons de l'attention aux articles et revues,
archives publiques, aux textes de lois et rapports officiels pour s'assurer de
faire le tour de la question traitée.
2) Les interviews ou entretiens
L'entretien se fait « entre deux personnes, un
interviewé et un interviewer, ce dernier ayant pour objectif de
favoriser la production d'un discours de l'interviewé sur un
thème défini dans le cadre d'une recherche »68(*). L'interview en tant que
méthode vivante des sciences sociales peut être définie
commeun tête-à-tête et un rapport oral entre deux personnes
dont l'une transmet à l'autre desinformations69(*). Il se fait à partir
d'un questionnaire spécialement conçu à cet effet et qui
peut différencier en fonction des personnes interviewées.
Dans le cadre de ce travail nous entendons accorder une
importance capitale à cet exercice, qu'il s'agisse des acteurs du
secteur public ou encore du secteur privé, agissant dans le cadre de la
lutte contre la corruption.
3) Les méthodes d'analyse :
l'analyse de contenu et l'analyse cognitive
L'analyse de contenu se focalise sur le contenu des textes
traités comme des transcriptions d'entretiens ou de focus
groups70(*)par
exemple et sur l'apport potentiel des mots et de leurs usages. L'analyse de
contenu est une méthode qualitative d'analyse par laquelle l'importance
du contenu est déterminée par le jugement du chercheur71(*). Ce dernier «
décide de la valeur intrinsèque, de l'intérêt et de
l'originalité du matériau ». Une part belle est donc
laissée à l'évaluation subjective du contenu et de la
valeur du matériau. Cela implique cependant le respect de certaines
règles. Comme a pu dire Madeleine Grawitz, l'analyse de contenu
« doit procéder selon des règles, obéir à
des consignes suffisamment claires et précises pour que des analystes
différents, travaillant sur le même contenu, obtiennent les
mêmes résultats »72(*).
L'analyse cognitive est une méthode de la sociologie
transposée aux politiques publiques. En d'autres termes, il s'agit d'une
approche qui introduit à une sociologiepolitique de l'action
publique73(*). Elle
considère que l'ambition des politiques publiques est deconstruire des
cadres d'interprétation du monde et non pas simplement de
résoudre lesproblèmes (problemsolving), tel que
l'affirme l'analyse séquentielle. Pierre Muller écrit à ce
propos que les politiques publiques sont des « des espaces (des
forums) au sein desquels les différentsacteurs concernés vont
construire et exprimer un «rapport au monde» qui renvoie à la
manièredont ils perçoivent le réel, leur place dans le
monde et ce que le monde devrait être »74(*).
Ces méthodes d'analyse nous permettront de mieux nous
situer par rapport aux arguments et les illustrations à mobiliser dans
le cadre de l'appréhension de l'impact de l'APD sur la réduction
de la pauvreté au Cameroun.
C. Annonce du plan
La présente étude s'articule autour de deux
principales parties à travers lesquelles nous tenterons autant que
faire se peut de rendre compte au mieux de l'effet de l'APD sur la baisse de la
pauvreté au Cameroun. Nous nous attèlerons dans une
première approximation à faire un état des lieux de l'aide
et de la pauvreté au Cameroun (Première partie), et dans une
seconde approximation nous allons nous allons effectuer une évaluation
de l'aide sur le niveau de pauvreté au Cameroun (Deuxième
partie).
Avant-projet de plan
PREMIERE PARTIE : Les
référentiels de l'action publique et l'architecture du Contrat de
Désendettement et de Développement dans la lutte contre la
pauvreté au Cameroun
CHAPITRE 1 : Les cadres de références de
l'action publique en matière de lutte contre la pauvreté au
Cameroun
CHAPITRE 2 : L'architecture du Contrat de
Désendettement et Développement dans la lutte contre la
pauvreté au Cameroun
DEUXIEME PARTIE : Les effets du Contrat de
Désendettement et de Développement sur les foyers de
l'extrême pauvreté au Cameroun.
CHAPITRE 3 : Les effets du Contrat de
Désendettement et de Développement sur la réduction de la
pauvreté au Cameroun.
CHAPITRE 4 : Les contraintes et perspectives liées
à l'implémentation du D dans la lutte contre la pauvreté
au Cameroun.
PREMIERE PARTIE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION
PUBLIQUE ET L'ARCHITECTURE DU CONTRAT DE DESENDETTEMENT ET DE DEVELOPPEMENT
DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
Dans le cadre de cette première partie qui porte sur
les référentiels de l'action publique en matière de lutte
contre la pauvreté et la structuration du Contrat de
Désendettement et de Développement, il sera question d'examiner
le paysage institutionnel et normatif qui préfigure de l'action
publique, puis de s'intéresser au plus près sur la structuration
ou l'architecture du Contrat de Désendettement et de
Développement. Cette approche a le mérite de renseigner au
préalable sur les dynamiques normatives, les logiques à l'oeuvre,
les représentations et la façon dont s'en inspirent les
programmes traitant de la question de la pauvreté. Pour ainsi faire une
analyse cohérente et la plus compréhensive possible nous
organiserons nos idées ici en deux moments forts ; cela dit, nous
verrons dans un premier chapitre les cadres de références de
l'action publique en matière de lutte contre la pauvreté au
Cameroun (chapitre I) puis dans une seconde mouture, l'architecture du Contrat
de Désendettement et de Développement, objet du deuxième
chapitre (chapitre II).
PREMIER CHAPITRE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION
PUBLIQUE DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
Michel Chanvrière fait remarquer que les
référentiels ont envahi le discours de l'action, de
l'administration et de l'analyse de manière conquérante et
extensive, qu'il s'agisse de référentiel global ou de
référentiel sectoriel de l'action publique75(*). Partant, le
référentiel est un système de références
constituant une optique, un type de lecture, une perspective d'analyse
privilégiée76(*). Il s'agit plus clairement d'un système de
normes organisées, soit un ensemble de données permettant de
situer un événement dans l'espace et le temps, ce que d'aucuns
nomment encore de manière courante un « cadre de
référence »77(*). Mais davantage dans la perspective de Pierre
Muller et parlant de représentations, l'étude de l'action
publique nécessite de mettre en évidence l'existence de
« cartes mentales » à travers lesquelles
les individus perçoivent le réel78(*). Ainsi, dans le cadre de ce premier chapitre, vous
verrons avec insistance les cadres de références qui fondent
l'action publique en matière de lutte contre la pauvreté aussi
bien au niveau international (Section I) qu'au niveau national camerounais
(Section II).
Section I : Les cadres de références
internationaux de l'action publique en matière de lutte contre la
pauvreté
La question de la lutte contre la pauvreté fait partie
intégrante de l'agenda international et elle prend ancrage sur des
cadres de références au niveau international qui pour
l'essentiel, tiennent sur les Objectifs de Développement Durable
(paragraphe I) et le programme du FMI sur le cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté (paragraphe II).
Paragraphe I : Les
Objectifs de Développement Durable comme feuille de route mondiale de
l'action publique pour tous les pays et pour tous les secteurs
Les ODD sont un appel à l'action de tous
les pays et couvrant l'intégralité des enjeux de
développement dans tous les pays tels que le climat, la
biodiversité, l'énergie, l'eau, l'égalité des
genres, la paix, l'agriculture, l'éducation et bien entendu la
prospérité économique ou encore la pauvreté. Il
convient dès lors de marquer un temps d'arrêt sur la teneur de ces
objectifs (A) avant de se pencher sur l'objectif premier consacrant la fin de
la pauvreté (B).
A. Considérations
générales sur les Objectifs de Développement Durable des
Nations Unies
Les ODD, entendu Objectifs de Développement durable
sont le produit du processus de globalisation. Il existe un lien étroit
entre ces objectifs et l'essence de l'aide publique au développement. A
la tombé du mur de Berlin, l'APD cherche une nouvelle raison
d'être. Ce fameux mur de Berlin tombé, il n'y a plus besoin
d'acheter des régimes amis pour les opposer à l'avancée
communiste. On voit s'effondrer l'aide publique au développement. On
recherche de nouveaux objectifs qui ne seraient pas seulement la
solidarité internationale, une valeur qui avait toujours
été là depuis le début de cette coopération
de développement. Du coup, au sein de l'OCDE, l'Organisation pour la
Coopération et le Développement économique, les acteurs de
l'aide au développement cherchent comment mobiliser leur gouvernement et
leurs opinions publiques pour démontrer que cette aide non seulement a
une valeur morale, spirituelle, sociale, mais aussi rend service, et surtout
qu'elle était efficace. D'où cette idée qui naît au
sein de ces appareils, qui est beaucoup promue à l'époque par
l'USAID de déterminer des objectifs de résultats pour cette aide
publique au développement. Le travail entrepris alors donnera lieu
à un rapport daté de 1996 qui se projette dans la
coopération au développement pour le début du XXIe
siècle, c'est son titre. Ce rapport propose toute une série
d'indicateurs qu'on va retrouver repris quasiment in extenso comme les
Objectifs du Millénaire pour le Développement quelques
années plus tard par l'Assemblée générale des
Nations-Unies. La Déclaration du Millénaire pour le
développement est un acte politique sans véritable portée
contraignante.
Après 2010, la question commence à se poser de
savoir s'il y aura une suite aux Objectifs du Millénaire pour le
Développement et laquelle. Le Secrétariat général
des Nations-Unies lance alors un nouveau grand panel, le panel dit de haut
niveau pour l'agenda du développement après 2015 qui est
chargé, sous la présidence de trois présidents de la
République, d'écrire, d'imaginer ce que pourrait être une
suite à ces OMD. En mai 2013, ce panel, après de très
larges consultations gouvernementales, de la société civile, de
très nombreux experts du développement, bref, un travail massif,
finit par produire un nouveau rapport, une recommandation qui propose une
série de nouveaux objectifs pour prendre la succession des Objectifs du
Millénaire pour le Développement. Cela deviendra les Objectifs du
Développement Durable, les fameux ODD, les SDGs en anglais, qui seront
validés deux années plus tard en Assemblée
générale. A partir de là, les ODD constituent une vision
pour l'humanité, un agenda pour tous les pays et pour tous les secteurs
et enfin un défi pour l'action publique.
« Transformer les vies tout en préservant
la planète », c'est l'ambition du programme de
développement durable 2030, entré en vigueur le 1er
janvier 2016. L'engagement des 193 Etats membres sur cette nouvelle feuille de
route, offre un cadre consensuel, unique et inédit de l'agenda
international et de l'action publique des Etats79(*). L 'Agenda 2030 établit par ailleurs un
processus de revue internationale, par lequel les États sont
invités, sur une base volontaire, à rendre compte annuellement de
leurs progrès. Déclinée au niveau de chaque État,
la mise en oeuvre des ODD fait appel à un engagement actif des
gouvernements comme de l'ensemble des acteurs (entreprises,
collectivités, associations, chercheurs...). Du fait de l'ambition de
l'Agenda 2030, de son processus de construction et des compromis sous-jacents,
la mise en oeuvre et le suivi des ODD font débat, tant dans la
communauté scientifique qu'entre les parties prenantes. Ainsi, il existe
donc 17 objectifs de Développement durable, tous aussi impérieux
que constituant un challenge pour l'humanité. Les 17 ODD sont
repérables par des noms courts pour en faciliter la communication.
L'extension complet de leur nom permet de préciser leur
périmètre et les cibles assignées à chaque ODD
permettent d'être encore plus précis quant à leur objet. On
reprend ci-dessous les intitulés courts adoptés par l'ONU :
1. Éradication de la pauvreté ; 2. Lutte contre
la faim ; 3. Accès à la santé ; 4. Accès à
une éducation de qualité ; 5. Égalité entre les
sexes ; 6. Accès à l'eau salubre et à l'assainissement ;
7. Recours aux énergies renouvelables ; 8. Accès à des
emplois décents ; 9. Bâtir une infrastructure résiliente,
promouvoir une industrialisation durable qui pro?te à tous et encourager
l'innovation ; 10. Réduction des inégalités ; 11. Villes
et communautés durables ; 12. Consommation et production responsables ;
13. Lutte contre le changement climatique ; 14. Vie aquatique ; 15. Vie
terrestre ; 16. Justice et paix ; 17. Partenariats pour la réalisation
des objectifs. Ces objectifs partagent entre eux des relations de contradiction
pour les uns et de collaboration pour les autres en ce sens que l'atteinte d'un
objectif peut constituer une difficulté à la réalisation
de l'autre (objectif 2 et 12) ou encore, la mise en oeuvre de l'un renforce la
réalisation de l'autre (les objectifs 3,4,6,8 et 10 concourent à
la réalisation de l'objectif 1). Cependant comme précisé
plus haut notre travail se borne à l'étude de l'ODD I,
correspondant à l'élimination de la pauvreté sous toutes
ses formes.
B. L'ODD 1 : l'élimination
de la pauvreté sous toutes ses formes comme feuille de route
onusienne en matière de lutte contre la pauvreté jusqu'en
2030
L'agenda international sur la lutte contre la pauvreté
est établi à travers l'objectif de développement 1 sur
l'élimination de la pauvreté sous toutes ses formes. Il s'agit
ici de l'un des plus grands défis de l'humanité. Si le nombre de
personnes vivant dans l'extrême pauvreté a diminué de
moitié entre 1990 et 2015, une trop grande part de la population
mondiale peine toujours à subvenir à ses besoins fondamentaux et
l'ODD 1 se pose comme la continuité du travail commencé,
l'engagement des Etats d'en finir avec elle sous toutes ses formes. Les
progrès demeurent limités dans des régions comme l'Asie du
Sud et l'Afrique Sub-Saharienne, où se trouvent 80% des personnes vivant
en dessous du seuil de pauvreté. En 2015, le monde comptait plus de 736
millions de personnes vivant dans l'extrême pauvreté correspondant
à 10% de la population mondiale contre 36% en 1990. 1,3 milliard de
personnes vivant en situation de pauvreté multidimensionnelle80(*) et 50 % de personnes vivant
dans la pauvreté ayant moins de 18 ans81(*). En 2019, constate l'ONU, plus de 780 millions de
personnes, soit 11% de la population vivaient en dessous du seuil international
de pauvreté. A ce jour, il faut dire que la situation s'est beaucoup
aggravée avec la pandémie de Covid-19. Face à cette
conjoncture internationale, les indicateurs de pauvreté au Cameroun ne
sont pas rassurants. L'indice de développement humain (IDH) du pays
était de 0,563 en 2018. Le Cameroun est classé
150ème sur 189 économies. La part de la population
pauvre a augmenté de 12% entre 2007 et 2014, pour atteindre 8,1 millions
d'habitants, en raison d'une croissance démographique plus rapide que le
rythme de réduction de la pauvreté. C'est dire combien l'ODD 1
connait aujourd'hui un gain d'intérêt nouveau et sans
précédent, notamment dans les pays en voie de
développement d'Afrique Subsaharienne.
Comme tout objectif, l'ODD 1 c'est un ensemble de
cibles et d'indicateurs de suivi qui peuvent connaitre des modulations en
fonction du contexte national in situ. Concernant tout d'abord les cibles,
elles regroupent des sous-objectifs permettant d'appréhender au mieux
les attentes en matière de lutte contre la pauvreté mais aussi
d'objectiver l'échéancier de 2030. Ces cibles sont les
suivantes :
1.1 L'Extrême pauvreté : d'ici à
2030, éliminer complètement l'extrême pauvreté dans
le monde entier (moins de 1,25 dollar/jour/personne) ;
1.2 La pauvreté : d'ici à 2030,
réduire de moitié au moins la proportion d'hommes, de femmes et
d'enfants de tous âges qui souffrent d'une forme ou l'autre de
pauvreté, telle que définie par chaque pays et quelles qu'en
soient les formes ;
1.3 La protection sociale : mettre en place des
systèmes et mesures de protection sociale pour tous, adaptés au
contexte national, y compris des socles de protection sociale, et faire en
sorte que, d'ici à 2030, une part importante des pauvres et des
personnes vulnérables en bénéficient ;
1.4 L'accès aux ressources : d'ici à 2030,
faire en sorte que tous les hommes et les femmes, en particulier les pauvres et
les personnes vulnérables, aient les mêmes droits aux ressources
économiques et qu'ils aient accès aux services de base, à
la propriété et au contrôle des terres et à d'autres
formes de propriété, à l'héritage et aux ressources
naturelles et a des nouvelles technologies et des services financiers
adéquats, y compris la micro-finance ;
1.5 La vulnérabilité : d'ici à 2030,
renforcer la résilience des pauvres et des personnes en situation
vulnérable et réduire leur exposition et leur
vulnérabilité aux phénomènes climatiques
extrêmes et à d'autres chocs et catastrophes d'ordre
économique, social ou environnemental ;
Pour la réalisation de ces sous-objectifs, deux grandes
cibles sont préconisées :
1.a La mobilisation des ressources : garantir une
mobilisation importante de ressources provenant de sources multiples, y compris
par le renforcement de la coopération pour le développement, afin
de doter les pays en voie de développement, en particulier les pays les
moins avancés, de moyens adéquats et prévisibles de mettre
en oeuvre des programmes et politiques visant à mettre fin à la
pauvreté sous toutes ses formes ;
1.b La prise en compte dans les politiques : mettre en
place aux niveaux national, régional et international des principes de
politique générale viables, qui se fondent sur des
stratégies de développement favorables aux pauvres et soucieuses
de la problématique hommes-femmes, d'accélérer
l'investissement dans des mesures d'élimination de la
pauvreté.
Dans le cadre de la mise en oeuvre de l'ODD 1, le Cameroun a
quant à lui priorisé cinq cibles82(*) :
- Elimination complète de l'extrême
pauvreté ;
- Réduction de moitié au moins de la proportion
d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges souffrant d'une forme ou
l'autre de pauvreté ;
- Mise en place des systèmes et mesures de protection
sociale pour tous ;
- Même droit aux ressources économiques et
accès aux services de base, à lapropriété
foncière, au contrôle des terres et à d'autres formes de
propriété ;
- Renforcement de la résilience des pauvres et des
personnes en situation vulnérable.
Cet objectif consacre également des
indicateurs de suivi de sa mise en oeuvre, permettant ainsi de mesurer les
progrès et les échecs. L'ONU a défini un à trois
indicateurs par cible de l'ODD1 :
1.1.1 Proportion de la population
vivant au-dessous du seuil de pauvreté fixé au niveau
international, par sexe, âge, situation dans l'emploi et lieu de
résidence (zone urbaine/zone rurale) ;
1.2.1 Proportion de la population vivant au-dessous du seuil
national de pauvreté, par sexe et âge ;
1.2.2 Proportion d'hommes, de femmes et d'enfants de tous
âges vivant dans une situation de pauvreté sous toutes ses formes,
telles que définies par chaque pays ;
1.3.1 Proportion de la population bénéficiant
de socles ou systèmes de protection sociale, par sexe et par groupes de
population (enfants, chômeurs, personnes âgées, personnes
handicapées, femmes enceintes et nouveau-nés, victimes d'un
accident du travail, pauvres et personnes vulnérables) ;
1.4.1 Proportion de la population vivant dans des
ménages ayant accès aux services de base
1.4.2 Proportion de la population adulte totale qui dispose
de la sécurité des droits fonciers et de documents
légalement authentifiés et qui considère que ses droits
sur la terre sont sûrs, par sexe et par type d'occupation ;
1.5.1 Nombre de décès, de disparus et de
victimes à la suite de catastrophes, pour 100 000 personnes ;
1.5.2 Pertes économiques directement attribuables
à des catastrophes par rapport au produit intérieur brut mondial
(PIB) ;
1.5.3 Nombre de pays ayant mis en place des stratégies
nationales et locales pour la réduction des risques de catastrophe
1.a.1 Proportion des ressources directement allouées
par l'Etat à des programmes de réduction de la
pauvreté ;
1.a.2 Proportion des dépenses publiques totales
affectées aux services essentiels (éducation, santé et
protection sociale)
1.b.1 proportion des dépenses publiques de
fonctionnement et d'équipement consacrée aux secteurs
répondant plus particulièrement aux besoins des femmes, des
pauvres et des groupes vulnérables.
Il convient de souligner que les indicateurs de
suivi mondial des objectifs de développement durable ne conviennent pas
nécessairement à la situation et aux enjeux de chaque pays. C'est
ainsi que des déclinaisons ont été proposées
notamment au niveau régional ou encore au niveau des Etats.
Paragraphe II : Le
Cadre Stratégique de Réduction de la Pauvreté comme
feuille de route spécifique à la lutte contre la pauvreté
et la déclaration de l'Union Africaine sur l'emploi et la
pauvreté
Il convient dans le cadre de ce paragraphe de
s'appesantir successivement sur le cadre stratégique de réduction
de la pauvreté en tant qu'outil spécifique d'essence
internationale en matière de lutte contre la pauvreté (A), puis
de faire un détour sur le paysage institutionnel africain
conformément à ses dynamiques dans la réduction de la
pauvreté (B).
A. Les cadres stratégiques de
réduction de la pauvreté comme instrument de planificationde la
lutte contre la pauvreté dans chaque pays
Les CLSP83(*) sont une initiative des institutions
financières internationales qui voient le jour des 1999 et ont
été conçus pour remédier aux problèmes
suscités dans la mise en oeuvre des plans d'ajustement structurel (PAS),
et qui invite à intégrer la pauvreté dans le cadre
d'objectifs de croissance nationaux à travers notamment une
planification participative84(*). Ils représentent, dans le cadre de
l'Initiative PPTE, ce qu'était le Document cadre de politique
économique (DCPE) pour les programmes d'ajustement structurel.
L'élaboration d'un DSRP s'impose également comme une condition
supplémentaire85(*)
pour devenir éligible aux allègements de dette. Selon le FMI,
Cette démarche a pour objectif majeur d'aider les pays à
élaborer et à mettre en oeuvre des stratégies plus
efficaces de lutte contre la pauvreté.
La naissance de cette démarche se justifie
par la nécessité d'élaborer des stratégies de lutte
contre la pauvreté qui soient propres aux pays, fondées sur une
bonne compréhension de la nature et des facteurs déterminants de
la pauvreté et axées sur la réalisation d'objectifs
mesurables en termes de résultats concrets dans la lutte contre ce
phénomène. Ainsi, la stratégie propre au pays serait
présentée dans un cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté qui est devenu un instrument clé dans les relations
entre les pays et la communauté des donateurs. Ce document est soumis
aux conseils d'administration de la BM et du FMI pour approbation et servirait
de base pour les prêts concessionnels aux pays.
Selon le document sur les questions d'ordre
opérationnel86(*)
du CLSP, tel que conçu par les institutions financières
internationales, les principes qui sous-tendent le CLSP sont : la
prise en charge par les pays, impliquant que l'adhésion du pays
à la stratégie de lutte contre la pauvreté est
primordiale. Une participation élargie de la société
civile à l'adoption et au suivi de la stratégie de lutte
adaptée aux circonstances spécifiques à chaque pays en
renforcera la mise en oeuvre soutenue.
Axée sur les résultats, afin de
formuler une stratégie efficace, il importe de comprendre la nature et
les facteurs déterminants de la pauvreté, ainsi que les actions
des pouvoirs publics susceptibles de faire reculer la pauvreté.
Globale, une stratégie de lutte contre
la pauvreté doit intégrer des interventions d'ordre
institutionnel, structurel et sectoriel à un cadre
macroéconomique cohérent.
Partenariats, l'élaboration d'une
stratégie de développement par le gouvernement peut créer
un cadre propice à l'amélioration de la coordination des
activités de la Banque et du FMI, ainsi de celles des banques
régionales de développement et d'autres organismes
multilatéraux, agence d'aide bilatérale, ONG, institutions
universitaires, centres de réflexion et organisation du secteur
privé.
Perspective à long terme, La volonté des
partenaires nationaux et internationaux à souscrire à des
engagements à moyen terme ou long terme rendra leur appui à la
stratégie de lutte contre la pauvreté plus efficace. C'est ce qui
peut justifier aujourd'hui quasiment dans tous les pays d'Afrique Subsaharienne
l'existence d'un document stratégique en matière de lutte contre
la pauvreté, y compris au Cameroun. Qu'en est-il de la
déclaration de l'Union Africaine sur la lutte contre la
pauvreté ?
B. Au niveau africain : La
déclaration de l'Union Africaine sur l'emploi et la lutte contre la
pauvreté en Afrique
Adoptée à l'issue du sommet extraordinaire de
l'UA du 3 au 9 septembre 2004 de Ouagadougou, la déclaration sur
l'emploi et la pauvreté vient clairement situer la position et les
perspectives de l'organisation panafricaine dans la lutte contre la
pauvreté. Parce qu'elle est étroitement liée au taux de
chômage inquiétant sur le continent, cette déclaration
retient également des recommandations pour la croissance
économique facteur de nouveaux emplois. L'acte constitutif de l'Union
consacre très clairement la lutte contre la pauvreté comme une
priorité en ces termes l'Union entend « promouvoir la
coopération et le développement dans les domaines de
l'activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples
africains ». Cet engagement épouse également la
vision 2063 de l'organisation africaine. Par cette déclaration qui n'a
toutefois qu'une valeur recommandatoire, chaque Etat s'engage entre autres
à mettre en place des politiques économiques et sociales
intégrées ; à placer la création d'emplois au
centre des objectifs de politiques économiques et sociales au niveau
national ; à réhabiliter les groupes
défavorisés et vulnérables en particulier les
communautés rurales et l'économie informelle en zone
urbaine87(*).
Section II : Les cadres de références
nationaux de lutte contre la pauvreté
Pour mieux cerner les cadres de références au
niveau du Cameroun, il faut opter pour une analyse chronologique qui implique
de partir des origines de ces instruments (paragraphe I) pour échoir sur
leur évolution (paragraphe II).
Paragraphe I :
L'instrument de départ sous l'ère des Objectifs du
Millénaire pour le Développement : Le Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté
L'initiative PPTE se distingue des initiatives précédentes de
développement principalement par l'exigence du DSRP qui établit
le lien entre l'allègement de la dette et la réduction de la
pauvreté, de la croissance économique comme
« principal moyen de réduire la
pauvreté »88(*). Admis à cette initiative depuis octobre
2000, ce n'est qu'en avril 2003 que le Cameroun finalise son DSRP. Il sied de
voir quelles étaient ses prévisions en matière de
réduction de la pauvreté (A) et ses faiblesses (B).
A. Les objectifs prévisionnels du
DSRP camerounais en matière de réduction de la
pauvreté
Faisant suite à la déclaration de
stratégie du gouvernement camerounais sur la réduction de la
pauvreté, le DSRP camerounais constituait désormais le cadre de
référence de la politique gouvernementale et le lieu de
convergence de la coopération avec les partenaires en matière de
lutte contre la pauvreté. Il constituait « la condition
sine qua non de réduction de
pauvreté »89(*) Pour les autorités camerounaises, le DSRP
était à la fois90(*) : un cadre intégré de
développement pour le Cameroun, qui s'articule autour d'un ensemble de
stratégies macro-économiques et sectorielles visant à
accélérer la croissance, réduire la pauvreté et
acheminer le Cameroun vers la réalisation des OMD ; un cadre de
consultation et de concertation avec la société civile et les
partenaires au développement, qui est le fruit d'un processus
participatif et consultatif intense, et qui servira comme cadre de
référence et de consultation entre le gouvernement, la
société civile et la communauté internationale, pour les
grandes orientations et la gestion économique et sociale ; un cadre
de coordination de l'action gouvernementale et des appuis extérieurs,
qui permet de mieux établir les priorités et d'allouer les
ressources en conséquence, de coordonner plus efficacement l'action
gouvernementale, et de mobiliser les ressources internes et les appuis
extérieurs pour la réalisation des objectifs de
développement du Cameroun ; un cadre de cohérence
financière et de budgétisation à moyen terme, que le
gouvernement entend désormais utiliser pour mettre en cohérence
les ressources propres générées par la croissance et les
besoins de financement des stratégies sectorielles à court et
moyen termes ; enfin un cadre de définition et d'organisation des
travaux analytiques pour éclairer la gestion du développement, y
compris les travaux statistiques pour le suivi de la stratégie, les
travaux techniques d'élaboration de cadrage macroéconomiques et
sectoriels.
C'est ainsi que conformément aux
différents axes stratégiques les objectifs étaient
clairement déterminés :
Axe 1 : dans le cadre de la promotion d'un cadre
macro-économique stable, le gouvernement visait une remontée
prudente de la croissance de 4,5 % en 2002 au voisinage de 5% entre 2003 et
2004 et le retour à un taux d'inflation d'environ 2%. Dans le domaine
des finances publiques, l'objectif était de limiter le déficit
budgétaire base engagement au-dessous de 3% du PIB, assurer le
remboursement de la dette intérieure pour stimuler l'investissement
privé entre autres.
Axe 2 : sur la diversification de l'économie pour
renforcer la croissance, cette stratégie ambitionne
d'accélérer les réformes afin de diversifier
l'économie et relever le taux de croissance aux environs de 6% en
moyenne sur la période de 2005 à 2015.
Axe 3 : le renforcement du secteur privé comme le
moteur de la croissance, notamment par l'utilisation et le financement des
PME/PMI, comme un instrument privilégié pour créer des
richesses et développer les services sociaux afin de combattre la
pauvreté.
Axe 4 : le développement des infrastructures pour
appuyer les secteurs productif et social, avec pour principaux piliers
d'intervention, le développement des infrastructures routières,
l'amélioration de l'accès à l'eau potable, la protection
de l'environnement et l'extension de l'énergie et des
télécoms en zone rurale.
Axe 5 : l'accélération de
l'intégration régionale, notamment en fournissant des efforts
concernant la législation communautaire sur la libre circulation des
personnes et le marché du travail.
Axe 6 : le renforcement et la valorisation des ressources
humaines, dans l'éducation, la santé.
Axe 7 : l'amélioration de la bonne gouvernance,
l'efficacité des services administratifs et du cadre institutionnel.
La stratégie camerounaise a
présenté certains manquements qui imposaient de la
réformer au fur et à mesure de son implémentation.
B. Les faiblesses du DSRP
camerounais
Les efforts du gouvernement camerounais à
réduire la pauvreté et à réaliser les Objectifs du
Millénaire pour le Développement dans la lutte contre ce
phénomène passaient par une réalisation complète du
DSRP, cependant, ce document stratégique présentait un nombre de
faiblesses et a fait l'objet de critiques, ce qui peut expliquer son
remplacement par le DSCE. La mise en oeuvre du DSRP entre 2003 et 2007 n'a pas
eu de résultats probants malgré une amélioration
perceptible de l'assainissement de la gestion des fonds publics. Le Cameroun
enregistre une baisse du taux de croissance qui va de 4,3% en 2003, 3,6% en
2004, 2,8% en 2005. Il sera en hausse à partir de 2006 avec 3,5%, pour
fléchir à nouveau en 2007 avec 3,3%. Mais cette hausse sera sans
incidence réelle, car elle sera accompagnée d'une hausse du taux
d'inflation qui va de 1,1% à 5,3% et d'une baisse du taux de croissance
en 200891(*). Il va s'en
suivre une stagnation du taux de pauvreté et une aggravation des
situations de précarité qui conduisent aux
« émeutes de la faim de 2008 ». Le DSRP
sera révisé et le gouvernement va adopter en 2009, le Document
Stratégique pour la Croissance et l'Emploi (DSCE).
Cependant, comme le fait observer certains auteurs,
si la croissance économique qui est fondamentalement une croissance des
revenus est nécessaire pour réduire la pauvreté, elle
demeure insuffisante si elle ne s'accompagne pas d'une institutionnalisation de
« véritables politiques de lutte contre les
inégalités »92(*)etces stratégies n'auront que des effets
marginaux sur la réduction de la pauvreté au Cameroun,
d'où les réflexions sur « le triangle
pauvreté-croissance-inégalités »93(*). C'est notamment
là l'une des plus grandes faiblesses des stratégies de
réduction de la pauvreté au Cameroun. La croissance pro-pauvre
insiste notamment sur ce fait, elle vise à atteindre de manière
simultanée les objectifs de croissance et de réduction de la
pauvreté en travaillant notamment à la réduction des
inégalités.
Paragraphe II : Les
référentiels subséquents au Document Stratégique
pour la Réduction de la Pauvreté au Cameroun
Après le DSRP, sont intervenus le Document
Stratégique pour la Croissance et l'Emploi (A) et tout récemment
la Stratégie Nationale de Développement (B)
A. Du DSRP au DSCE
Le DSCE a été élaboré
pour corriger les insuffisances du DSRP, « en vue d'obtenir une
croissance forte et durable, compatible avec les objectifs
socio-économiques fixés, c'est-à-dire
génératrice d'emplois décents et redistributive en faveur
des pauvres »94(*). Il a pour objectif majeur d'assurer une
bonne redistribution des fruits de la croissance. Cet objectif traduit
clairement le fait que la croissance économique n'a pas toujours l'effet
escompté, elle n'induit pas de manière automatique la
réduction de la pauvreté, encore faut-il que des mesures soient
prises par les pouvoirs publics pour que les fruits de la croissance soient
équitablement redistribués au sein de la société.
Le DSCE conçu pour assurer au Cameroun de réaliser des objectifs
simultanés de croissance économique et de réduction de la
pauvreté porte sur la période 2009-2019. Mais 7 ans après
son déploiement, le constat est que la croissance du PIB qui est
passée de 3,3% en 2007, à 4% en 2011 et 6,2% en 2015 n'a pas
entrainé une réduction équitable de la pauvreté,
dont le taux de prévalence stagne aux alentours de 40%. Le taux de
pauvreté est passé de 40,2 à 37,5% entre 2001 et 2014.
Ce taux se répartit inégalement
entre régions dont les disparités ne cessent de s'accentuer et de
croitre. Les régions rurales de l'Extrême-Nord et du Nord cumulent
à elles seules un taux de pauvreté de 72% avec une proportion de
55,8% de populations pauvres tandis que le taux de pauvreté des Zones
urbaines est de 4,8%. La situation s'est aggravée depuis 2015 avec
l'engagement du Cameroun dans la guerre contre la secte islamique BokoHaram,
qui multiplie les attaques terroristes contre les villages de
l'Extrême-Nord. La pression de cette guerre sur les ressources de l'Etat
et ses conséquences sur la désorganisation du tissu
économique des régions du Nord y accentue la pauvreté. Au
terme de l'application du DSCE en 2019, le gouvernement confessait n'avoir pas
atteint de manière totalement satisfaisante, le taux de croissance moyen
se pointant à seulement 4,5%. Dans le même temps, le recul de la
pauvreté trônait lamentablement à 3%, contre des
projections de 10%. Entre autres raisons de cet échec tel que le fait le
gouvernement, le choc exogène consécutif à la chute des
cours du pétrole, mais également les crises sécuritaires
à l'Est, à l'Extrême-Nord, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.
Faisant suite à cet échec du DSCE, il est dressé un nouvel
abécédaire de la politique camerounaise en matière de
croissance et réduction de la pauvreté dit, Stratégie
Nationale de Développement 2030. La figure ci-dessous illustre assez
clairement les échecs du DSCE.
Graphique 1 :
Evolution du taux de croissance du PIB entre 2004 et 2018
B. Du DSCE au SND30
S'inscrivant dans la continuité de la planification
à long terme qui ambitionne de faire du Cameroun « un pays
émergent, démocratique et uni dans sa
diversité », à l'horizon 2035. La SND30 entendue
Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 pour la
transformation structurelle et le développement inclusif, se veut plus
réaliste et repose sur des politiques d'industrialisation. Quatre grands
piliers sont retenus : la transformation structurelle de l'économie
nationale ; le développement du capital humain ; la promotion
de l'emploi et de l'insertion des jeunes dans le circuit économique et
enfin la gouvernance, la décentralisation et la gestion
stratégique de l'Etat. Avec le DSCE, il est primordialement question de
l'emploi et de la croissance. Par contre avec la SND30, il est davantage
question de la transformation structurelle qui vise toujours autant la
même vision. Pour sa mise en route, des considérations clés
ont été définies, peut on lire dans ce document :
· De porter avant 2025, la part des ressources
transférées aux collectivités Territoriales
Décentralisées à au moins 15% du budget de
l'Etat ;
· De porter avant 2025 à au moins 60% la part de
la commande publique en biens et services ;
· D'achever tous les projets en cours et finaliser toutes
les modalités de mise en service complet des infrastructures issues des
grands projets de 1ère génération ;
· De privilégier dans la réalisation des
grands projets, les approches en Project-finance et partenariat
Public-Privé ;
· De finalise la réforme foncière ;
· Promouvoir l'émergence et le soutien des
champions nationaux ;
· De donner priorité à la maintenance des
équipements et infrastructures existants.
Toutes ces mesures visent à
améliorer significativement le bien-être de la population d'ici
2030 et provoquer l'émergence du Cameroun pour l'horizon 2035. Le SND30
vise à impulser le développement économique et social du
pays dans l'alignement des Objectifs de Développement Durable,
d'où son échéancier fixé à 2030. Ce document
constitue le cadre de référence actuel des dynamiques nationales
en matière de réduction de la pauvreté, mais aussi le
cadre de coopération au développement avec les partenaires
internationaux. A ce titre, le D se déploie désormais dans le
sillage des objectifs de la SND30.
DEUXIEME CHAPITRE : L'ARCHITECTURE DU D DANS LA
LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
La politique du Contrat de désendettement et de
développement (D) a été lancée en 2001
concrétisant l'engagement bilatéral de la France d'annuler les
dettes des pays ayant atteint le point d'achèvement de l'Initiative
« Pays pauvres très endettés » (PPTE). Il
s'agit d'un programme d'annulation et de reconversion de la dette
bilatérale octroyée de manière additionnelle par la
France. Concrètement, une fois qu'un pays pauvre très
endetté a signé un accord cadre procédural avec l'AFD,
organe chargé de la mise en oeuvre et du suivi technique pour le compte
de l'Etat français dans les pays de l'ex- Zone de Solidarité
Prioritaire (ZSP)95(*), le
pays signataire continue d'honorer sa dette jusqu'à son remboursement
et, à chaque échéance remboursée, l'AFD reverse au
pays la somme correspondante sous forme de don. Celle-ci sert alors à
financer des programmes de lutte contre la pauvreté. Le D est un outil
singulier de lutte contre la pauvreté, son bien-fondé trouve
pourtant son origine dans des pratiques existantes de conversion de
créances en programmes de développement96(*) initiées dans les
années 1990 par des ONG de développement et par la Suisse. Il
convient dans le cadre de ce chapitre de s'intéresser de prime abord aux
objectifs et principes du D (section I), puis d'en présenter la
manière dont il s'insère dans le paysage institutionnel
camerounais (section II).
Section I : La politique du D
Le Contrat de Désendettement et de Développement
est une politique française de l'APD dont les objectifs et principes
opérationnels (Paragraphe I) permettent de mieux comprendre le
mécanisme de remboursement et financement à l'oeuvre (Paragraphe
II).
Paragraphe I : Les
objectifs et les principes opérationnels du D
Dans le cadre de ce paragraphe, nous verrons successivement
les objectifs du D depuis sa construction (A), et ses principes tels que
formulés par la doctrine et les expériences de son application
(B).
A. Les objectifs de la politique du
D
Les objectifs de la politique du D ont fait l'objet d'une
doctrine qui s'est enrichie et précisée « au fil de
l'eau », tout au long de la mise en oeuvre du dispositif. La
première expression d'une doctrine a été formalisée
en 200197(*). Elle
traduisait la prégnance des ODD en orientant le D sur quatre secteurs
d'intervention directement liés aux ODD : (i) l'éducation de base
et la formation professionnelle, (ii) les soins de santé primaires et la
lutte contre les grandes endémies, (iii) les équipements et
infrastructures des collectivités locales, (iv) l'aménagement du
territoire et la gestion des ressources naturelles. Ces quatre domaines cibles
ont représenté 57 % du total des montants approuvés sur la
période 2001-2014. Au-delà de ce premier constat, une part
relativement importante (27 %) porte sur des soutiens non affectés
à un secteur en particulier. Les D sont globalement destinés au
financement des politiques de lutte contre la pauvreté mises en oeuvre
par les pays partenaires. Dans ses principes, le D vise à
sécuriser les marges de manoeuvre dégagées par les
annulations de dettes en les fléchant sur le financement de programmes
de lutte contre la pauvreté, identifiés dans les secteurs
prioritaires des DSRP.
La France s'est engagée à annuler ses
créances d'APD résiduelles subsistantes au terme de l'Initiative
PPTE, ce qui représente donc un effort budgétaire
supplémentaire pour l'État français et in fine pour les
contribuables. En contrepartie, la France a mis en place un dispositif pour
s'assurer que ces fonds servent réellement l'objectif de lutte contre la
pauvreté dans les pays bénéficiaires. Une autre
caractéristique essentielle du D est que l'annulation des
créances résiduelles ne se fait pas en une seule fois, comme en
amont pour l'Initiative PPTE au moment du point d'achèvement, mais de
manière échelonnée dans le temps et ce en fonction de
l'échéancier de remboursement des dettes d'APD
résiduelles. L'effort budgétaire consenti est donc réparti
dans le temps. Ainsi défini, le D poursuit des objectifs multiples. Sa
finalité affichée est de contribuer à la lutte contre la
pauvreté et au développement social et économique des pays
les plus pauvres. Mais il vise simultanément un objectif de
modernisation de l'APD française et la sécurisation de
l'utilisation des marges de manoeuvre créées par
l'allégement de la dette. En effet, ce dispositif sécurise
l'utilisation des fonds dégagés par l'annulation de la dette, car
les pays continuent à rembourser leurs créances à
échéances régulières, avant d'en être
remboursés sous forme de dons (sur un compte soumis à double
signature) de montants identiques pour financer des programmes de
réduction de la pauvreté définis lors de
l'élaboration du D. Il participe aussi à la modernisation des
outils de la coopération française en permettant une plus grande
appropriation et responsabilisation des pays bénéficiaires en
inscrivant l'aide apportée dans les stratégies nationales
respectivement du pays bénéficiaire et de la France en
matière de coopération. Cette appropriation et cette
responsabilisation se font notamment à travers le dialogue politique
avec les pays bénéficiaires, pour s'accorder sur la façon
dont les fonds reversés seront déployés.
Les objectifs du D traduisent la double logique de
l'instrument, entre instrument diplomatique et outil rénové de
l'APD. Se côtoient ainsi des objectifs explicites, largement
documentés dans les notes de doctrine, et des objectifs plus implicites,
autour desquels l'étude a tenté de construire un consensus : le
constat initial étant l'absence d'objectifs clairement
hiérarchisés et partagés par tous les acteurs. Aussi, les
objectifs du D peuvent se lire à plusieurs niveaux :
Tableau 2 : Les
Objectifs du D
Source : Revue de la politique du
Contrat de Désendettement et Développement (2017)
Compte tenu de l'importance des volumes financiers en jeu et
de la durée de vie de l'instrument, le D fait figure de «
caisse de résonnance » des évolutions et débats
autour de l'APD au cours des 15 dernières années, et cristallise
la spécificité de l'architecture institutionnelle
française en matière de coopération au
développement. En effet, le dispositif institutionnel des D est le seul
à refléter aussi fortement sur le terrain l'organisation
tripartite (MAEDI, MINEFI, AFD) qui prévaut dans le pilotage et
l'exécution des politiques d'APD françaises98(*).
B. Les principes opérationnels du
D découlant de ses expériences
Les principes de la doctrine générale des D ont
été élaborés progressivement au gré des
difficultés rencontrées, des évolutions du contexte
d'intervention et des nouveaux enjeux pour le D. Le comité de pilotage
(COPIL) mis en place au sein de chaque D a joué un rôle central
dans les évolutions de la doctrine. Le D, dispositif inédit, a
dû faire évoluer en permanence ses principes d'intervention,
déclinés et adaptés localement au cas par cas. Ceci
témoigne de la souplesse, de l'adaptabilité et du pragmatisme
dont l'instrument a su faire preuve. La longévité de l'instrument
D en a également fait un laboratoire des évolutions et
débats de l'aide publique au développement sur les 15
dernières années.
Le principe d'additionnalité a été
entériné dès le lancement du dispositif. Ce principe
consiste à s'assurer que les annulations ou refinancements en dons ne se
fassent pas au détriment des flux d'APD courants (hors annulations),
sans que le périmètre de ces derniers soit clairement
défini. Cependant, cet engagement apparaît moins respecté
à partir de 2007 dans l'allocation des volumes d'aide aux pays
concernés. Les versements D de l'AFD sont bien venus s'ajouter à
la composante « dons » de l'APD française, mais sur des
enveloppes de dons en diminution sensible à partir de 2007, que les
volumes de D mis en place ont incomplètement compensé (en
particulier les dons du ministère des Affaires étrangères
et du Développement international et de l'AFD destinés au
financement de projets). De ce fait, les D sont apparus comme un moyen
d'occulter la baisse des dons de l'aide française. De même, la
logique du financement budgétaire des D a conduit à financer
plusieurs années de suite une partie du D sur des lignes
budgétaires non alimentées en conséquence (enveloppe du
programme 209 du MAEDI constituée exclusivement de dons)99(*), contredisant ainsi et
à la source l'engagement d'additionnalité annoncé
dès le départ. Au-delà de son analyse statistique,
l'additionnalité n'a pas été perçue par les pays
bénéficiaires, lesquels ont principalement constaté une
baisse des financements de l'aide française. Ceci a ainsi pu peser sur
la légitimité de l'instrument D censé apporter des moyens
financiers additionnels.
Par ailleurs, l'on note également des
principes internationaux repris explicitement dans la doctrine, mais dont
l'application fut à géométrie variable au niveau des D.
Ainsi, des principes mis en avant dans les D font assez largement écho
aux débats internationaux sur la nécessaire relégitimation
de l'aide et la recherche d'une meilleure efficacité. L'application de
ces principes a été variable en fonction du contexte des pays, de
l'importance des moyens financiers concernés, des capacités
d'absorption des pays bénéficiaires et des institutions
concernées, du risque fiduciaire à prendre en compte, ainsi que
de la pression exercée pour décaisser.
Globalement, les principes de prévisibilité, de
dialogues sectoriels, d'alignement, de coordination et d'harmonisation avec les
autres bailleurs ont été appliqués avec réussite.
En revanche, des difficultés plus importantes ont été
observées dans l'application des principes d'appropriation, de dialogue
avec la société civile, de transparence et de
redevabilité.
Paragraphe II : Le
mécanisme de remboursement et financement à l'oeuvre dans le
D
Le D impose deux opérations successives
pour sa mise en branle à savoir notamment le remboursement de la dette
par le pays appelé à en bénéficier suivant un
mécanisme plus ou moins complexe (A) et le financement suivant les
différentes modalités retenues dans le cadre du D (B).
A. Les étapes du processus de
remboursement et du financement
Le D est un système de refinancement par dons des
créances d'APD qui prévoit que le pays débiteur continue
d'honorer le service de sa dette et, sitôt le remboursement
constaté, reçoit de la France une subvention d'un montant
équivalent pour financer les programmes de lutte contre la
pauvreté, identifiés en amont et inscrits dans le D. Les D
portent sur les deux types de créances d'Aide Publique au
Développement suivantes :
· D'une part, les créances d'APD détenues
par l'État français et figurant à l'actif du compte de
concours financiers « Prêts à des États
étrangers » (programme 851 géré par Natixis et
programme 852 géré par la Banque de France [BdF]) ;
· D'autre part, les créances d'APD directement
détenues par l'AFD.
Trois organismes prêteurs sont donc concernés,
à savoir la BdF, Natixis et l'AFD. Dans le cas des créances
d'APD détenues par l'État français et donc
gérées par la BdF ou Natixis, le pays débiteur rembourse
à échéance le montant dû à la BdF ou à
Natixis qui reverse les fonds à l'AFD. La DGT (bureau de l'endettement
international et du secrétariat du Club de Paris - MULTIFIN1) et le
Service du contrôle budgétaire et comptable (SCBCM) du MINEFI sont
informés du remboursement d'échéances, et l'État
français annule ces créances en loi de règlement. L'AFD
verse ensuite les fonds correspondants au pays débiteur dans un
délai maximal de 15 jours.
Dans le cas des créances détenues par
l'AFD, le pays débiteur rembourse à échéance
le montant dû à l'AFD qui efface du même coup la
créance de dette. L'AFD est alors refinancée par le biais d'un
appel de fonds au MAEDI et versé à partir du programme 209. Ainsi
l'AFD n'a pas à préfinancer les reversements aux pays. Tous les
versements octroyés aux pays débiteurs dans le cadre d'un D sont
ensuite réalisés par l'AFD dans un délai maximal de 15
jours après le recouvrement de la créance. Ils prennent la forme
de dons versés sur un compte « D » spécifique ouvert
dans la banque centrale du pays débiteur. Les décaissements
à partir de ce compte sont soumis à double signature du
gouvernement du pays (représenté généralement par
le ministre des Finances) et du directeur de l'agence locale de l'AFD.
Il est préalable au déclenchement de ce
processus, de déterminer les points d'affectations. Ces derniers pour
chaque D sont définis durant la phase de préparation et de
négociation, soit en amont de la signature du contrat D. La
pré-identification des secteurs et des domaines d'intervention font
l'objet d'échanges entre l'agence locale de l'AFD et les
autorités locales. Sur cette base, une mission d'orientation tripartite
(MAEDI/DGT/AFD) présente le mécanisme et les principes du D, et
formalise une première sélection des propositions d'affectation
par les autorités locales. Les discussions des points d'application
peuvent parfois débuter très en amont de la signature du contrat
(ainsi à partir de 2002 pour le premier D Cameroun dont le contrat fut
signé en 2006). Cela débouche sur la signature du contrat D et
des conventions d'affectation y afférentes.
Enfin, pour être éligible au D, il faut
remplir un certain nombre de conditions. L'Initiative PPTE est ouverte aux pays
respectant certains critères d'éligibilité et qui
atteignent tout d'abord le point de décision100(*) pour lequel une analyse
de la soutenabilité de leur dette est effectuée et un objectif de
réduction de dette défini. Une phase de transition s'engage alors
durant laquelle les pays éligibles commencent à mettre en place
le Document stratégiquede réduction de la pauvreté (DSRP),
et les créanciers multilatéraux consentent des premiers
allégements sur le service de la dette qui peuvent donner lieu à
la création de fonds de contrepartie (dits fonds PPTE). Sous
réserve de l'exécution des réformes décidées
lors du point de décision et d'une bonne application des autres
programmes soutenus par des prêts du FMI et de la Banque mondiale, le
pays atteint alors le point d'achèvement où il
reçoit la réduction intégrale et irrévocable de sa
dette extérieure, multilatérale et bilatérale, telle que
prévue au point de décision. De nombreux créanciers
bilatéraux membres du Club de Paris sont allés au-delà des
seuls allégements de dettes octroyés dans le cadre de
l'Initiative PPTE et ont mis en place des initiatives complémentaires
visant à proposer des allégements sur les créances non
annulées restantes. Ainsi correspondant à la politique
française de l'APD, les conditions d'admission au D sont entre
autres :
· Être éligible exclusivement au guichet de
prêts concessionnels de l'Association internationale de
développement (AID) et à la Facilité concessionnelle du
FMI (Facilité pour la réduction de la pauvreté et la
croissance - FRPC) ;
· Présenter des indicateurs d'endettement
ressortant supérieurs aux seuils de l'Initiative PPTE ;
· Être engagé dans des réformes et
des programmes de politique économique appuyés par le FMI et la
BM ;
· Avoir élaboré un Document
stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).
Figure 1 : Le
système de financement des D par annulation de la dette
Source : Revue de la politique du
Contrat de Désendettement et Développement (2017)
B. Les modalités de financement
admises dans le cadre du D
L'examen des modalités de mise en oeuvre des D compte
les quatre modalités suivantes : aide projet, aide programme, ABG et
ABS.
· L'aide projet : l'aide projet se caractérise
à la fois par son champ d'intervention (zone géographique
délimitée, groupe de populations ciblées a priori,
conditions spécifiques isolées du contexte
général), par un cadre et des modalités spécifiques
d'intervention, et par un canal de délivrance de l'aide qui
s'exécute en dehors des procédures budgétaires et
comptables du pays receveur. Elle peut prendre, selon les pays concernés
et les bénéficiaires, plusieurs formes. Il peut s'agir : (i) soit
de dons accordés aux pays les plus pauvres ; (ii) soit de prêts
à conditions très favorables, accordés aux États ou
à des entreprises, avec la garantie des États dans les PRI ;
(iii) soit de prêts accordés à des entreprises ou à
des banques, sans la garantie des Etats, à conditions
améliorées ou à des conditions proches de celles du
marché.
· L'aide programme : un programme est un ensemble de
projets ou d'opérations, structuré pour atteindre des objectifs
de développement spécifiques à l'échelle d'un
secteur, d'un pays, d'une région. L'aide programme peut prendre
plusieurs formes : aide à la balance des paiements, soutien à un
secteur déterminé (aide sectorielle) ou soutien à
certaines dépenses budgétaires (aide ou appui budgétaire).
Ces aides sont en général mises en oeuvre en harmonie avec les
procédures financières et budgétaires du pays
bénéficiaire.
· L'aide budgétaire globale (ABG) : aide
destinée à financer le budget de l'État sans affectation
à des dépenses pré-identifiées. Elle est inscrite
en ressources du budget de l'État et décaissable selon certains
critères prédéfinis : indicateurs de mise en oeuvre du
Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP),
d'amélioration de la gestion des finances publiques. En recourant
à l'ABG, le bailleur renonce au contrôle exclusif des fonds que
l'on octroie en partageant cette responsabilité avec le pays
bénéficiaire.
· L'aide budgétaire sectorielle (ABS) : aide
destinée à financer les dépenses du budget de
l'État relatives à un secteur économique et/ou la mise en
oeuvre d'une politique sectorielle commune, sous la conduite de l'État
partenaire. Elle est exécutée selon les procédures
nationales d'exécution de la dépense publique.
· L'aide budgétaire sectorielle peut être
ciblée ou non ciblée. Lorsqu'elle est ciblée, elle est
affectée directement à des lignes spécifiques de la loi de
finances (avec le souci de traçabilité de la dépenseet de
sécurisation des financements, en cas de risque fiduciaire notamment),
ou versée sur un compte d'affectation spécial (en cas de
mutualisation avec d'autres bailleurs) prévu pour financer des lignes
budgétaires du secteur. L'aide budgétaire non ciblée est,
quant à elle, fongible avec les autres ressources budgétaires et
se fonde avec le suivi de l'exécution du budget national et de la
politique sectorielle. Une doctrine d'emploi des ABS a été
validée au printemps 2007.
L'aide projet a été l'instrument
privilégié, en particulier au sein des D de montants
élevés. Entre 2001 et 2014, l'aide projet a ainsi
représenté plus des trois quarts (77 %) des fonds D
approuvés. Néanmoins, jusqu'en 2006, les aides budgétaires
(ABG et ABS) ont été les instruments majoritaires et ce n'est
qu'avec la signature des D « hors normes » - à savoir
ceux du Cameroun (2006) et de la Côte d'Ivoire (2012), auxquels s'ajoute
celui du Congo en 2012 - que l'aide projet est devenue majoritaire. Aussi, en
excluant de l'analyse ces trois D, les aides budgétaires restent
majoritaires et cumulent 61 % des montants approuvés entre 2001 et 2014.
Des efforts ont donc été entrepris dans les pays à D de
montant faible ou moyen pour mobiliser les ressources sous forme
d'ABG101(*).
Section II : l'insertion du D dans le paysage
institutionnel camerounais
Le Cameroun dans le cadre de ses relations
privilégiées avec la France, a bénéficier autant
que certains pays d'Afrique subsaharienne, de la politique de D avec notamment
la signature depuis 2006 à aujourd'hui de trois accords-cadres
successifs qui constituent la matrice de ce programme au Cameroun, mais avant
d'en parler plus en profondeur il convient au prime abord d'exposer les organes
de pilotage du D au Cameroun (Paragraphe I), puis de s'étendre sur le
troisième contrat D qui constitue aujourd'hui le cadre par excellence
d'implémentation actuel D Cameroun (Paragraphe II).
Paragraphe I :
L'organisation et le fonctionnement du D au Cameroun
Le programme D-Cameroun trouve son essence dans la
conclusion par la partie française avec le gouvernement camerounais,
d'accords-cadres dits contrats D, constituant le socle normatif de cet
instrument au Cameroun (A) ; mis en oeuvre et coordonné par des
instances pilotes paritaires (B).
A. Les Contrats D comme instruments
cadres et pédagogiques de la lutte contre la pauvreté au
Cameroun
Le D est un effort réalisé en
équipe entre d'une part le créancier et d'autre part le
débiteur dans leur lutte contre la pauvreté et l'instrument qui
cristallise cette entente est l'accord cadre correspondant en
réalité à un contrat entre ces deux acteurs. C'est ainsi
que le Cameroun a été l'un des premiers pays à
bénéficier de cet outil via la signature de son premier Contrat
le 22 juin 2006. A ce jour, trois Contrats de partenariat ont été
signés par les deux parties pour un montant global de 967 milliards de
FCFA102(*).
Une fois le contenu du D négocié et
arrêté (montants concernés, échéancier,
modalités d'exécution, secteurs et points d'affectation retenus),
le contrat D est signé entre le gouvernement français
(représenté par un ministre ou l'ambassadeur de France dans le
pays) et le gouvernement du pays. Le D prend la forme d'un contrat explicitant
les montants concernés, l'échéancier, le processus de
refinancement, ainsi que les secteurs et domaines d'intervention
retenus103(*). Les D
sont présentés au conseil d'administration de l'AFD pour
information. Si un pays bénéficie de plusieurs D successifs, un
contrat est signé pour chaque D, les éléments contenus
dans les contrats pouvant varier d'un D à l'autre104(*). Un accord cadre,
signé par l'AFD et le gouvernement du pays, précise par ailleurs
les procédures financières inhérentes au D.
Pour les pays de l'ancienne zone de solidarité
prioritaire (ZSP) de la coopération française, les concours
correspondant aux différents programmes inscrits dans le D sont
présentés pour approbation au conseil d'administration de l'AFD.
Une convention d'affectation est ensuite signée entre l'AFD et le
gouvernement du pays pour chaque concours approuvé par le conseil
d'administration. C'est ainsi qu'au Cameroun, l'Ambassade de France signe les
différents Contrats avec le gouvernement camerounais
représenté par le MINFI et le MINEPAT.
S'agissant tout d'abord du premier Contrat
D-Cameroun signé en juin 2006 pour un montant global de 352,7 milliards
de FCFA, il se présentait désormais comme un instrument innovant
d'expérimentation du nouveau cadre de gestion de l'aide
bilatérale française. Il s'inscrivait dans la lignée des
affectations de la subvention qui s'inscrivent dans les priorités du
DSRP, lesquels portaient notamment sur les secteurs de concentration
suivants :
i) La santé et la lutte contre le SIDA ;
ii) L'éducation de base ;
iii) Les infrastructures ;
iv) L'agriculture et la sécurité alimentaire
v) Avec enfin la protection de l'environnement et de la
biodiversité.
L'échéancier initial de ce premier D
dit de première génération devait couvrir la
période allant de juin 2006 à juin 2011 et durant cet intervalle
de temps, il a connu la signature de quinze conventions d'affectation. A la
suite de ce premier Contrat, un deuxième D est conclu le 1er
juillet 2011 au profit du Cameroun, cette fois ci pour une enveloppe de 214
milliards de nos francs. S'inscrivant dans la prospective de la
coopération franco-camerounaise en faveur de la lutte contre la
pauvreté, il mettait un accent particulier sur le secteur rural, le
développement urbain, la formation professionnelle et les Petites et
Moyennes Entreprises Agricoles et Agroalimentaires (PMEAA).
Le troisième et dernier Contrat a
été signé le 30 juin 2016 à Yaoundé. Il
partage comme objectifs105(*) :
· D'assurer un développement
équilibré des territoires, notamment par le développement
de bassins de production agricole avec des filières de transformation et
de valorisation des produits ; l'extension du D à deux nouvelles
capitales régionales dont Bamenda et Maroua et enfin la construction de
1000 nouvelles salles de classe.
· Soutenir les populations exposées à
BokoHaram, notamment par l'emploi de 6000 jeunes dans des projets
d'infrastructure, puis accompagnement de leur insertion dans les
filières de leur choix ; la réhabilitation de 115km de
routes dans les régions touchées par BokoHaram ; et le
stockage de 200 000 m3 d'eau dans des mares artificielles dans
ces régions.
· Pérenniser le développement agricole,
notamment par la formation de 12500 jeunes dans le secteur agricole en 5ans,
insertion professionnelle de 9000 jeunes dans ce secteur ; l'appui
financier à 4300 projets d'investissement d'agriculteurs et la
création d'agences nationales qui prendront le relai des programmes
agricoles du D.
Plus abondé que les deux
précédents en termes d'objectifs prévisionnels, ce
troisième Contrat bénéficie d'une enveloppe
conséquente de 400 milliards de FCFA et se distingue des
précédents par sa durée plus longue (10 ans) et sa
structuration. Il est composé d'un volet dit normal au montant de 236
milliards et d'un volet dit effort additionnel de remboursement de 162
milliards. Les principes directeurs de 3ème Contrat peut-on
lire sur la plateforme du D-Cameroun, sont les suivants : le principe de
maturité et de pérennisation, au titre duquel les parties
s'assurent de la soutenabilité et de la pérennité des
programmes dès leur conception ; le principe d'attention
préférentielle portée aux populations et notamment aux
jeunes, aux régions vulnérables du Cameroun, selon lequel les
deux parties cherchent à maximiser l'impact des programmes dans les
régions les plus fragiles du Cameroun ; le principe
d'allègement de l'impact des remboursements anticipés sur la
trésorerie de l'Etat camerounais.
Les spécificités du CD2 camerounais
font de lui un « contrat hors-norme »106(*)et comme pour les deux
premiers ce Contrat place le défi de la croissance et de la
création d'emplois au centre des actions en faveur de la lutte contre la
pauvreté et ce, dans la stricte conformité des priorités
fixées par le DSCE. Quid des instances de gestion de ce Contrat au
Cameroun ?
B. Les organes pilotes de la mise en
oeuvre du D au Cameroun
Au Cameroun, le dispositif de pilotage et de suivi du D repose
sur :
· Le Comité d'orientation et de suivi
créé par arrêté du 30 mai 2006 (COS),
co-présidé par le ministre de l'économie de la
planification et de l'aménagement du territoire, le ministre des
finances et l'Ambassadeur de France et composé d'une vingtaine de
membres dont deux représentantsdes sociétés civiles
camerounaises et françaises ;
· Le Comité Technique bilatéral (CTB),
composé de 10 membres dont 5 membres français et 5 membres
camerounais, présidé par le Directeur général de la
Caisse autonome d'amortissement (CAA) pour le suivi du fonctionnement
opérationnel ;
· Et le Secrétariat technique d'appui à
l'exécution du D (STADE-D), placé auprès du Ministre des
finances et plus précisément rattaché à la
Direction du budget, et financé sur ressources du D.
Cette structuration est pour la plupart la
même dans les autres pays ou intervient le D. Ceci étant, il sied
dès à présent d'effectuer un bilan des deux premiers
Contrats D au Cameroun afin d'en apprécier sa portée sur la
réduction de la pauvreté.
Paragraphe II : Le
bilan des deux premiers contrats D au Cameroun
Le bilan des deux premiers Contrats D au Cameroun de 2006
à 2011, puis de 2011 à 2016 peut être effectué
suivant une approche globale en termes de réduction de la
pauvreté (A) ou encore suivant une approche sectorielle (B).
A. Le bilan global des D 1 et 2 en
termes de réduction de la pauvreté au Cameroun
En près de dix années de coopération
dans le cadre du D, de 2006 à 2016, exactement 655 milliards de FCFA ont
été reversés pour la lutte contre la pauvreté et le
développement sous forme d'aide projet ou encore d'aide
budgétaire pour ne citer que ceux-ci. En établissant des
engagements clairs et concrets en matière de financement sur plusieurs
années, les D ont globalement encouragé le développement
des dialogues sectoriels avec les pays bénéficiaires et permis de
les installer dans la durée, amenant ainsi à viser la mise en
place de programmes d'envergure. Les deux D au Cameroun ont, par exemple,
permis de recentrer le dialogue sur les secteurs de la santé et de
l'éducation. Les D 1 et 2 ont constitué un atout
indéniable en matière de mise à disposition de ressources
financières prévisibles et programmables permettant au Cameroun
de les insérer dans des plans d'action et dans la durée. Il est a
observé au Cameroun que, depuis le début de l'exécution
des D et à la suite de l'annulation de la dette publique
extérieure dans le cadre de l'initiative renforcée en faveur des
PPTE, la dette extérieure du paysest restée viable. Toutefois, le
risque de surendettement considéré d'abord comme « faible
» par le FMI est désormais jugé «
modéré »107(*).
Ce constat se vérifie dans le cas du 1er D Cameroun
où des mécanismes d'aide budgétaire sectorielle ont
été mis en oeuvre ponctuellement pour l'appui au programme
sectoriel environnement et forêt (3,7% de l'enveloppe D), sur un des
volets du programme éducation (recrutement d'enseignants vacataires et
contractuels dans l'enseignement primaire). L'aide projet est exclusive dans le
secteur des infrastructures (plus de 40% des engagements du D) ; l'aide
programme est dominante dans les autres secteurs (éducation,
santé, développement rural) ; dans le secteur santé, une
partie d'un des concours (organisation et gestion du secteur) est
apportée sous forme d'aide programme débouchant sur un suivi
budgétaire, une partie est apportée sous forme de concours
budgétaire pour le recrutement de 150 personnels de santé (3% de
l'enveloppe du concours affecté à la première tranche du
programme santé) ; le second concours au secteur se fonde dans un
programme mené conjointement avec la
KFW(Kreditanstaltfürwiederaufbau- établissement de crédit
pour la reconstruction) et étroitement concerté avec les appuis
de la Banque mondiale. Le même constat peut être porté sur
le 2nd D avec un effort à partir de 2014 pour mobiliser à la
demande des autorités camerounaises une aide budgétaire
ciblée de 18 M€ destinée à l'apurement des
arriérés dans les secteurs sociaux (santé,
éducation, agriculture). Les raisons de cette faible part de l'aide
budgétaire sur les 2 premiers D au Cameroun (11% de l'enveloppe du 1er
D, 5,5% de celle du 2nd D) ont trait à l'analyse fiduciaire de la
fiabilité des circuits financiers, au rapprochement des modes
d'intervention d'autres partenaires et à la capacité des
maîtrises d'ouvrage locales dans les secteurs concernés.
Concernant les principaux secteurs d'intervention des D,
l'étude montre que 25 % des montants approuvés ont
été dirigés vers le secteur des infrastructures, 20 % vers
le secteur de l'éducation, 10 % vers le secteur de la santé et
enfin 9 % vers le secteur de l'agriculture et du développement rural.
B. Le bilan sectoriel des D 1 et 2
Les deux premiers contrats D au Cameroun comme
sus-précisés étaient concentrés dans les secteurs
de l'éducation à hauteur de 20%, la santé 10%,
l'agriculture 9% et 25% dans le secteur des infrastructures. Le
caractère multidimensionnel de la pauvreté rend d'autant plus
pertinentes ces interventions dans divers secteurs pour une lutte
multidimensionnelle de la pauvreté. Dans le plan éducatif, on
comptabilise entre autres, 40 000 instituteurs ont été
recrutés dans la fonction publique sur fond de financement par le D et
1500 salles de classes. En matière sanitaire, 400 personnels de
santé ont été formés avec 19 000 femmes
enceintes qui ont bénéficié de chèques
santé ; acheté au prix de 6 000 FCFA, le chèque
santé donnant droit à 60 000 FCFA de soins. Par ailleurs
dans le domaine agricole, 2000 conseillers agricoles ont été
formés, 250 000 exploitations familiales agricoles
accompagnées dans la modernisation, 8 000 jeunes formés aux
métiers agricoles, 2 500 jeunes insérés dans le monde
professionnel agricole et enfin 3 250 000 arbres plantés. Dans
ce sillage, on peut relever les programmes108(*) de consolidation et de pérennisation du
conseil agropastoral (PCP-ACEFA), et d'appui à la rénovation et
au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de
l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (PCP-AFOP) ; ou
encore le programme d'appui à la recherche agronomique (PAR). Dans le
cadre de ce dernier, de nombreux projets sont intervenus notamment les projets
D « horticulture »,
« légumineuses », « manioc »,
« pomme de terre », « riz »,
« volailles », « sorgho », ou encore
« agrosystème du Nord »109(*) pour ne citer que
ceux-ci.
Enfin sur le plan infrastructurel, de nombreux projets ont
été initiés en faveur de l'aménagement du
territoire au niveau urbain dont 14 km de voies revêtues à
Yaoundé, le financement partiel du pont sur le Wouri et
l'amélioration de la gestion des eaux de pluie pour 600 000
habitants. Dans les villes de Garoua, Bafoussam et Bertoua, 1 000 points
d'éclairage ; 50 points d'eau potable ; 52 000 m²
d'espaces verts aménagés c'est-à-dire l'équivalent
de 7 stades de football et 205 000m² d'espaces marchands
équivalent à 28 stades de football. Au niveau des campagnes, 2
000 km de pistes rurales et côtières réhabilités
avec 900km de routes construites. Le D a également donné lieu
à la construction de 4 000 infrastructures collectives dans les 10
régions du Cameroun, il s'agit entre autres de puits, de marchés
ou encore de gares routières110(*). Par ces projets, la création d'emplois, le
transfert de technologie sont palpables.
La particularité de tous ces projets est qu'ils visent
l'amélioration du bien-être des populations et par
conséquent la réduction de la pauvreté sous toutes
ses différentes formes multidimensionnelles.
CONCLUSION PARTIELLE
Il était question dans le cadre de cette
première partie de s'appesantir dans une première
considération sur les référentiels de l'action publique en
matière de lutte contre la pauvreté au Cameroun, puis dans une
seconde, d'analyser l'architecture du D en matière de lutte contre la
pauvreté au Cameroun. Il ressort que l'action publique dans la lutte
contre la pauvreté au Cameroun est le résultat de dynamiques de
groupes comme le reflètent les différents cadres de
références opérant dans le paysage institutionnel
camerounais. Par ailleurs et intégrant cette dynamique multi-acteurs, le
D camerounais dit « hors norme » présente
une architecture organisée autour de son objectif principal qui est la
réduction de la pauvreté et le développement
socio-économique du Cameroun. Partant, le déploiement D est
aujourd'hui gouverné par le troisième D doté d'un montant
de 401 milliards de FCFA avec toujours le même but de réduction de
la pauvreté et aussi qui prépare le pays à apprêter
à envisager un après D. C'est ce qui va d'ailleurs faire l'objet
d'une analyse plus exhaustive et approfondie de cette seconde partie portant
sur les implications opérationnelles du D dans la réduction de la
pauvreté au Cameroun.
DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LES FOYERS DE L'EXTREME
PAUVRETE AU CAMEROUN
Dans cette seconde partie qui porte sur les implications
opérationnelles du contrat de désendettement et de
développement sur la réduction de la pauvreté au
Cameroun,il sera question nous de présenter les effets
opérationnels de l'implémentation du D au Cameroun en faveur de
la réduction de la pauvreté et aussi sur les contraintes et
perspectives liées à l'implémentation du D dans la lutte
contre la pauvreté au Cameroun. Cette ossature a pour objectif
d'examiner l'impact du D dans la réduction de la pauvreté tant
sur le plan monétaire ou indirect que sur le plan non monétaire.
Etant donné que toute oeuvre humaine n'est pas parfaite nous verrons
aussi dans quelles mesures apporter des esquisses de solutions à ces
différentes entraves dues à l'implémentation du D au
Cameroun. Pour mener à bien notre étude, les effets du Contrat de
Désendettement et de Développement sur la réduction de la
pauvreté au Cameroun feront l'objet du troisième chapitre
(chapitre III) et enfin les contraintes et perspectives liées à
l'implémentation du D dans la lutte contre la pauvreté au
Cameroun feront l'objet du quatrième chapitre (chapitre IV).
TROISIEME CHAPITRE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LA RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ AU CAMEROUN
L'implémentation du D au Cameroun s'est faite sur la
base d'une étude préalablement menée sur les types de
pauvreté ce qui permet de cibler les programmes qui auront un impact
profond sur les populations. Le développement de ce troisième
chapitre s'articulera autour de l'approche conceptuelle de la pauvreté
(section 1) d'une part et par la suite, de l'opérationnalisation
effective du D dans la réduction de la pauvreté au Cameroun.
Section I : l'approche conceptuelle de la
pauvreté : la pauvreté monétaire et la
pauvreté non-monétaire
Pour Jean-Luc DUBOIS111(*) la question de la pauvreté est une
phénomène complexe du fait que la pauvreté se manifeste de
diverses manières et prend ainsi diverses formes que l'on se trouve au
Nord ou au Sud ou alors en milieu urbain ou rural. Il en résulte alors
différentes analyses conceptuelles et méthodologiques qu'il nous
revient à analyser. Ainsi on distingue deux grandes approches de la
pauvreté que sont : l'approche monétaire et l'approche non
monétaire.
Paragraphe I :
L'approche monétaire
A. Approche théorique
cette approchetire son origine de l'Angleterre victorienne
où des seuils étaient fixés dans les collèges
anglais pour décider à quels étudiants on devait accorder
une bourse d'étudeet par la suite, elle a été
suggérée par les économistes
néoclassiques112(*)comme étant le meilleur critère
d'évaluation du bien-être ou de la pauvreté. C'est
d'ailleurs à partir deCecil Pigou (1920) que l'on doit le premier la
formulation de l'existence d'un lien possible entre le revenu et le
bien-être. Il défendra l'idée selon laquelle le revenu peut
être utilisé comme instrument permettant de se rapprocher au mieux
de la connaissance que nous avons du bien-être. Cette approche
basée sur le bien-être113(*) suggère que la seule information pertinente
pour évaluer le bien-être est celle fournie par l'ensemble des
fonctions d'utilité individuelle. Cette approche considère alors
le revenu ou les dépenses de consommation comme les mesures
indiquées pour déterminer le bien-être des individus
faisant de cette conception une méthode unidimensionnelle de la
pauvreté. De cette distinction des critères retenus pour
évaluer le niveau de pauvreté, il ressort que le critère
liés au revenu semble le plus adéquat aux pays
développés et celui lié aux dépenses de
consommation sied le mieux aux pays en voie de développement114(*). Plus pratiquement, la
méthode à la base de l'approche monétaire de la
pauvreté est une méthode comptable qui consiste à
établir un seuil monétaire en deca duquel l'individu est
considéré comme pauvre, faisant ainsi un distinguo objectif entre
deux types d'individus les pauvres et les non pauvres. Depuis les années
80, la mesure de la pauvreté sur la base monétaire a
été celle privilégiée par les instances
internationalesnotamment la Banque Mondiale qui voit en elle la meilleure
approche afin de déterminer le bien-être des individus.
B. Mesure de la pauvreté
monétaire
Le principal indicateur de mesure de la pauvreté selon
l'approche monétaire est le seuil de pauvreté.
C'est le niveau à partir duquel on peut considérer une personne
comme pauvre. La détermination de ce seuil fait appel à des
techniques particulières comme la réalisation d'enquêtes
sur le revenu ou sur la consommation des ménages (les enquêtes
budget-consommation), la détermination d'un panier de biens de
référence, le calcul des parts de consommation pour chaque
catégorie de personnes (on établit ainsi une échelle
d'équivalence octroyant des pondérations différentes aux
enfants et adultes pour tenir compte des économies d'échelle au
sein d'un même ménage), etc.115(*) Différents seuils peuvent être
envisagés selon la forme de pauvreté que l'on souhaite mesurer.
Le seuil de pauvreté extrême correspond à la valeur du
panier de biens alimentaires qui fournit le nombre minimum de calories
nécessaires à la survie d'un individu ou d'un ménage. Ceci
confère un certain caractère objectif à ce seuil qui
permet de délimiter les situations d'indigence. Le seuil de
pauvreté absolue étend ce seuil extrême, il se calcule en
fonction du coût du minimum calorique, les dépenses liées
aux besoins essentiels non alimentaires comme le logement, le transport et
l'habillement. Ce seuil de pauvreté absolue est calculé dans la
plupart des pays du monde et, notamment, dans les pays en situation
d'insécurité alimentaire.
Face à ce seuil de pauvreté absolue, on oppose
un seuil de pauvreté relative qui est fixé non pas sur une norme
de consommation, notamment alimentaire, mais en fonction de la distribution du
niveau de vie au sein d'une société donnée. Le seuil
retrace alors le niveau de vie minimum qui est socialement toléré
par cette société. Ainsi, au sein de l'Union Européenne,
le seuil de « pauvreté relative » est fixé à 60
% du revenu équivalent médian de chacun des pays membres de
l'Union116(*). Ce taux
de 60% est en général repris par les pays en voie de
développement à l'instar du Cameroun.117(*)
La conception absolue de la pauvreté permet une
approche plus objective de la pauvreté et des études statistiques
plus précises pour identifier les populations les plus démunies.
Elle se base sur des besoins fondamentaux parfaitement
déterminés. De son côté, la pauvreté relative
exprime l'idée que la pauvreté est fonction de l'environnement
dans lequel l'individu vit. Le pauvre est alors celui qui n'a pas les
ressources pour vivre selon le mode de vie reconnu comme décent par la
société à laquelle il appartient. Cependant, la fixation
du seuil relatif est arbitraire et est souvent fonction des
préoccupations politiques du moment dans le pays
considéré, si bien qu'elle rend difficile les comparaisons
internationales.
En période de croissance, on tend à
préférer le seuil de pauvreté relatif qui intègre
toute variation dans la répartition des revenus. Par contre, en
période de crise, ou à l'issue d'un choc exogène
entraînant perte d'emplois, baisse de revenu voire même famine, on
préfère s'en tenir au seuil de pauvreté absolue.
Enfin, face à ces seuils de pauvreté
mesurés objectivement (dans les cas extrême et absolu) ou bien
fixés arbitrairement (dans le cas relatif), on oppose le seuil de
pauvreté subjective qui considère la perception subjective qu'ont
les individus de leur propre situation au sein de la société. Ce
seuil se détermine par un consensus social à l'issue d'une
enquête qualitative effectuée auprès des membres de la
société considérée. Dans les faits, de fortes
disparités peuvent apparaître entre le niveau de pauvreté
évalué de manière objective et celui qui est ressenti par
les individus. Des disparités qui s'expliquent par deux
phénomènes. D'une part, la perception n'est pas la même
selon qu'on est en période de croissance ou en période de crise.
D'autre part, le niveau d'inégalité qui parcourt la
société influe sur la perception de sa propre pauvreté, la
pauvreté subjective s'accroissant relativement à l'augmentation
des inégalités.
Sur la base de ces seuils, on élabore une série
d'indicateurs de pauvreté FGT118(*)représentée par la formule
suivante :
· n désigne le nombre total de personnes de la
population ;
· Z est le seuil de pauvreté monétaire ;
· Yi la consommation annuelle (par équivalent
adulte) de l'individu numéro i de la population;
· 1 est la fonction indicatrice qui vaut 1 si la
condition indiquée dans la parenthèse est remplie (autrement dit
si l'individu vit avec un niveau de consommation au-dessous du seuil
depauvreté) et 0 sinon.
Par cette formule, il en découle trois indicateurs que
l'on peut déterminer en fonction de la valeur de Pá :
- pour P(á=0)119(*), il s'agira de l'incidence de la pauvreté
- pour P(á=1)120(*), il s'agira de la profondeur de la
pauvreté
- pour P(á=2)121(*), il s'agira de la sévérité de
la pauvreté
Si certains indicateurs sont d'ordre monétaire, ceux
qui ne sont pas monétaires peuvent être soit ciblés sur
certains manques, soit obtenus de manière synthétique en
pondérant plusieurs dimensions. En s'appuyant sur ces indicateurs, on
peut avoir une idée des montants qu'il conviendrait de dépenser
pour permettre aux pauvres de se hisser au niveau du seuil de pauvreté.
En suivant l'évolution de ces indicateurs dans le temps, on peut
déterminer les probabilités d'entrer dans la pauvreté ou
d'en sortir, voire d'y retomber. Ce qui permet de distinguer la pauvreté
transitoire de la pauvreté chronique, à laquelle sont
confrontées certaines catégories de personnes, qui se trouvent
enfermées dans des trappes à pauvreté dont elles peuvent
difficilement sortir sans que des formes d'intervention appropriées
soient mises en oeuvre.
C. Tendance des indicateurs de
pauvreté monétaire au Cameroun
Le suivi et l'évaluation de la pauvreté au
Cameroun constitue une source de préoccupations constantes pour les
autorités camerounaises. Les ECAM 1,2,3 dont le plus récent
4122(*)
élaborées par l'Institut Nationale de la Statistique (INS) nous
renseignent à suffisance sur l'évolution de la pauvreté au
Cameroun.
L'indicateur de mesure de niveau de vie des ménages est
obtenu en faisant la somme des dépenses de consommation finale du
ménage (à l'exclusion des biens durables), de l'autoconsommation
des produits alimentaires (évaluée au prix du marché), du
loyer imputé des ménages propriétaires de leur logement et
des dons reçus en nature. Toutefois, les prix ne sont pas les
mêmes en fonction des régions ceci à cause des coûts
de transport et d'acheminement, densité de la population et autres
raisons pour laquelle il est nécessaire de calculer les
déflateurs régionaux en fonction d'une région de
référence qui est Yaoundé, afin de ramener les
dépensesde consommation finale, d'autoconsommation ainsi que les dons
reçus en nature par les autres régions à la région
de référence qu'est Yaoundé.
- Evolution du niveau des prix de 2007 à
2014123(*)
Au niveau national, les prix à la consommation finale
des ménages ont augmenté de 28% entre le dernier trimestre de
l'année 2007 et celui de l'année 2014. Cette flambée de
prix résulte principalement de la progression des prix des produits
alimentaires et boissons non alcoolisées (40,8%) ainsi que du
renchérissement des prix des services de restaurants et hôtels
(37,4%). Cette augmentation du niveau général des prix a
été toutefois atténuée par la baisse de 39,4% des
prix des biens et services de communication.
Au niveau des régions d'enquêtes, entre le
dernier trimestre de 2007 et celui de 2014, les plus fortes hausses du niveau
général des prix ont été enregistrées
à l'Extrême-Nord (40,1%), à l'Est (38,5%), au Nord (33%),
dans l'Adamaoua (32%) et au Sud (30%). La plus faible hausse est
enregistrée à Yaoundé (17,6%).
- Evolution des prix en fonction du taux de
pauvreté124(*)
En mettant en relation la hausse du niveau
général des prix avec la pauvreté, il se dégage que
le niveau général des prix au niveau national a augmenté
de 28% tandis que le taux de pauvreté a baissé de 2,5%.
Tableau 2 :
Evolution de l'indice général, de l'indice des produits
alimentaires, de l'indice des produits non alimentaires, du taux de
pauvreté entre 2007 et 2014 selon la région d'enquête.
- Evolution des prix en fonction du revenu125(*)
Depuis le début des années 2000
l'économie Camerounaise a connu plusieurs chocs exogènes ayant
fortement affectés le pouvoir d'achat des camerounais l'amenuisant de
plus en plus. Le gouvernement camerounais a mis sur pieds des mesures visant
à réduire la hausse du niveau général des prix au
rang desquels l'ajustement des prix des produits pétroliers, la
suppression de certaines taxes sur les produits importés de grande
consommation et la revalorisation des salaires des fonctionnaires. Toutefois
fort est des constater que ces mesures ont eu un impact plutôt
mitigé ; on constate que les ménages consacrent la plupart
de leurs revenus aux besoins alimentaires au détriment d'autres biens de
consommation. Aussi de 2001 à 2014, les prix de consommation des
produits alimentaires se sont accrus de 60% or les salaires eux, ont progresser
de 30%. Si l'autoconsommation est relativement stable en milieu rural, elle a
diminué en milieu urbain à cause des prix des produits vivriers
qui ont quasiment doublés obligeant ainsi les populations urbaines
à se tourner vers les produits céréaliers importés
peu couteux.
Graphique
2 :évolution des prix comparés au revenu
Une personne est considérée comme pauvre si elle
vit dans un ménage pauvre. Un ménage est dit pauvre si sa
consommation annuelle par équivalent-adulte est inférieure au
seuil de pauvreté. Le seuil a été évalué
à 232 547 FCFA en 2001, 269 443 FCFA en 2007 et 339 715 FCFA en 2014,
correspondant respectivement à 637 FCFA, 738 FCFA et 931 FCFA par
équivalent-adulte et par jour. Cette évolution du seuil de
pauvreté de 15,9% entre 2001 et 2007, et de 26,1% entre 2007 et 2014 est
tributaire principalement de l'inflation enregistrée au cours de ces
périodes respectives et aux changements dans les habitudes de
consommation.Entre 2001 et 2014, l'incidence de pauvreté est en baisse.
Le pourcentage des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté est
passé de 40,2% en 2001 à 39,9% en 2007, pour atteindre 37,5% en
2014. Si le niveau de pauvreté est constant entre 2001 et 2007, une
baisse semble amorcée sur la période 2007 à 2014, avec une
diminution du taux de pauvreté de 2,4%. Les tendances de la profondeur
et de la sévérité de la pauvreté
révèlent une situation plus nuancée. Ces deux indicateurs
sont stables entre 2001 et 2007, et en hausse entre 2007 et 2014. S'agissant de
la profondeur, malgré le recul du pourcentage de personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté en 2014, l'écart entre le niveau de
vie (mesurée par la consommation annuelle par équivalent adulte)
des pauvres et le seuil est plus grand qu'en 2007. En d'autres termes, le
niveau de consommation des pauvres en 2014, est encore plus
éloigné du seuil de pauvreté qu'en 2007 et 2001.
Afin d'avoir une meilleure idée de ce gap, il est
intéressant de le traduire en valeur monétaire. Selon les
résultats des trois enquêtes, le montant annuel moyen qu'il
fallait transférer à un pauvre pour le sortir de la
pauvreté s'élevait à 74 002 FCFA en 2001, 83 161 FCFA en
2007 et 130 275 FCFA en 2014. La variation de ce montant entre 2007 et 2014 est
de 57% ; soit 2,8 fois plus que l'inflation sur la période. Concernant
la sévérité, son évolution (de 5,0% en 2007
à 7,2 en 2014) indique une aggravation des inégalités
entre les pauvres.
Un autre indicateur d'analyse de la pauvreté est le
nombre de pauvres. En effet, l'objectif des politiques de lutte contre la
pauvreté n'est pas simplement la baisse du taux de pauvreté, mais
aussi de réduire l'effectif des pauvres. Ce nombre est de 8,1 millions
en 2014, soit une hausse de 1,9 million par rapport à 2001. Cette
augmentation résulterait d'une combinaison d'une forte croissance
démographique estimée à 2,6% par an et d'un modeste recul
de l'incidence de la pauvreté. L'accroissement du nombre de pauvres
conjugué à la hausse de la profondeur de la pauvreté a
naturellement pour conséquence une plus forte mobilisation des
ressources pour lutter contre la pauvreté. En 2014, on évalue
à 775,3 milliards de FCFA le montant de ressources à
transférer aux individus pauvres pour les faire sortir de la
pauvreté, soit 23,4% du budget de l'Etat pour l'année
2014126(*).
Tableau 3 :
tendance des indicateurs de pauvreté monétaire entre
2001 et 2014
Longtemps utilisé comme instrument de
référence de mesure de la pauvreté, l'approche par la
pauvreté monétaire suscite quelques limites127(*). La première est que
l'utilitarisme suppose que les niveaux d'utilité sont comparables d'un
individu à un autre. Deuxièmement, l'utilitarisme ne se
préoccupe que de l'agrégation des utilités et de leur
somme, sans s'occuper de la manière dont celui-ci est
distribuéentre les individus. Et enfin, cette approche suppose recourir
à un seul indicateur qu'est le bien-être. Fort de ce constat il se
trouve nécessaire d'étudier une approche plus englobante et qui
étudie le phénomène de la pauvreté sous plusieurs
critères.
Paragraphe II :
L'approche non monétaire
A. Approche théorique
A l'inverse de l'approche monétaire qui est
qualifiée d'unidimensionnelle, l'approche non monétaire quant
à elle est qualifiée de multidimensionnelle. Elle fait intervenir
un ensemble de critères et de dimensions humaines, économiques,
sociales propre à chaque individu. Ainsi on distingue deux approches non
monétaires que sont l'approche des besoins de base et l'approche par les
capabilités.
1) Approche des besoins de base
Encore appelé approche des conditions de vie ou
d'existence, c'est la partie non monétaire de l'approche utilitariste.
Elle permet d'aborder la question de la pauvreté sous d'autres dimension
que le revenu ou les dépenses de consommation des biens et services. Ces
dimensions sont ici appelées besoins de base fondamentaux. En citant
Stewart (1995), on peut les définir comme étant
« les biens et services minima à la réalisation
d'une vie décente » et il renchérit en disant que
« les quantités minima de choses telles que la nourriture,
l'habillement, le logement, l'eau, et les installations sanitaires sont
nécessaires à la prévention d'une mauvaise santé ou
la malnutrition ». s'inspirant des travaux de Kalecki
(1959)128(*), le Bureau
International du Travail va définir et énoncer les besoins
suivants comme essentiels à savoir :
- Une consommation personnelle minimale composée d'une
alimentation satisfaisante, d'un logement convenable, et d'un habillement
minimal ;
- Au niveau communautaire, de l'accès aux services
d'éducation, aux services de santé, à une eau pure et une
médecine préventive et curative de qualité ;
- Un accès à un emploi (convenable productif et
équitablement rémunéré).129(*)
Le regroupement des informations sur la diversité des
besoins essentiels permet de distinguer les principaux besoins reconnus comme
essentiels à la vie humaine tel que : la santé étant
l'élément le plus important, la nutrition, le logement qui permet
d'atteindre un niveau de vie décent, besoins auxquels on ajoute
l'éducation dans la mesure où il est un moyen permettant
d'atteindre d'autres besoins fondamentaux. Ici les pauvres seront
considérés comme « les personnes dont les ressources
(matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu'elles sont
exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l'Etat membre où
elles vivent ».130(*)
2) Approches par les
capabilités
Cette approche est développée à partir
des limites observées par l'approche monétaire notamment son
incapacité à cerner toutes les dimensions de la pauvreté.
Cette approche par les capabilités est le fruit des recherches d'Amartya
SEN (1985,1992) qui rejette catégoriquement l'idée d'analyser la
pauvreté que sur la seule base de l'utilité comme la seule mesure
du bien-être des individus. Ses travaux ont fortement influencé
les orientations de politiques du PNUD et de la Banque Mondiale à partir
des années 90 en introduisant une multitude de dimensions dans l'analyse
de la pauvreté.
Selon Sen, l'approche par les capabilités
caractérise le bien-être selon une approche multidimensionnelle.
Il mesure le bien-être en observant les facultés des individus et
des ménages à se définir une vie plus ou moins
décente sur la base de leur espace de liberté. Selon lui, la
valeur du niveau de vie n'a rien à voir avec la possession de biens,
c'est la faculté qu'ont les individus à utiliser des
potentialités en fonction des opportunités qui leur seront
données à effectuer des réalisations. La pauvreté
devant être perçue comme une privation de cette
liberté131(*).L'approche par les capabilités s'appuie alors
la capacité qui est retracée par les fonctionnements ou les
réalisations que ces personnes accomplissent et qui sont facilement
observables par des enquêtes. Mais il recouvre aussi les capacités
potentielles des personnes, c'est-à-dire celles qu'elles n'utiliseront
qu'en fonction des opportunités qu'elles rencontreront et des choix
qu'elles effectueront. Il y a, dans ce cas, face à des
opportunités données, une dimension de choix potentiel entre
plusieurs alternatives. La « capabilité » recouvre ainsi une
dimension de « fonctionnements effectifs » et une dimension de «
libertés potentielles ». Autrement dit, parmi l'ensemble des
possibilités d'accomplissement alternatives dont une personne dispose et
qui expriment sa « capabilité », certaines sont effectivement
réalisées, donnant des fonctionnements qui sont alors
observables.
De ce fait, A. Sen s'intéresse aux possibilités
réelles qu'ont les personnes de vivre la vie qu'elles souhaiteraient
pouvoir vivre. Or, cet ensemble de possibilités alternatives
s'avère être extrêmement réduit chez les plus pauvres
qui n'ont, en fait, que peu de marges de manoeuvre. Lutter contre la
pauvreté implique donc de mettre à leur disposition les
opportunités qui leur permettraient d'accroître cet espace des
possibles.
Il s'agit alors de convertir en « capabilité
» des ressources qui sont mises à disposition sous forme de biens
(consommation, durables, premiers, publics, actifs divers) ou de services
divers (notamment droits d'accès), en tenant compte des
caractéristiques des personnes (âge, sexe, niveau
d'éducation et de santé...), des contraintes rencontrées,
et des opportunités économiques ou sociales qui sont offertes.
Il est vrai que lorsque l'on détaille la «
capabilité » (au sens de A. Sen) en une liste de fonctionnements,
on rejoint la vision des conditions de vie. Les fonctionnements expriment, de
fait,L'accomplissement d'un certain nombre de conditions de vie en ce qui
concerne la santé, l'éducation, le logement, etc. Ils se
rapprocheraient même plutôt des conditions d'existence vu
l'ouverture multidimensionnelle qui les caractérise.
Cependant, il ne faut pas oublier que la «
capabilité », comme nous venons de le voir, porte une vision plus
large, qui inclut la liberté de choix entre différentes
alternatives au sein d'un ensemble de possibilités, dont seulement
certaines seront effectivement réalisées. On raisonne, de fait,
sur une économie « d'acteurs capables » qui ne se cantonne pas
à la seule allocation de ressources. Ce cadre unifié permet de
traiter conjointement des problèmes de pauvreté (comme privation
de « capabilité »), d'inégalité (à
travers la distribution inégale des « capabilités »),
de vulnérabilité (comme insuffisance de « capabilité
») et d'exclusion sociale (comme défaut d'accessibilité ou
manque de « capabilité » d'accès à certains
biens)132(*).
B. Mesure de la pauvreté non
monétaire
La mesure de la pauvreté non-monétaire repose
sur la prise en compte de nombreux indicateurs de bien-être ou des
indicateurs reflétant des niveaux individuels. Cependant, ces besoins
sont souvent déterminés de manière exogène, par le
planificateur, l'analyste ou les experts (nutritionnistes, physiologistes),
indépendamment des perceptions des populations.
Au niveau des indicateurs, les approches diffèrent
légèrement car les indicateurs sont essentiellement
synthétiques pour tenir compte de la multi-dimensionnalité du
phénomène de pauvreté ; et cela, tant au niveau
macroéconomique avec l'indicateur de développement humain (IDH)
oude pauvreté humaine (IPH), qu'au niveau microéconomique avec
lesmesures de l'incidence et de l'intensité de la pauvreté. Les
indicateurs synthétiques combinent des indicateurs simples et
ciblés sur certaines dimensions au moyen de pondérations qui
peuvent être déterminées de différentes
manières, tantôt par interview, tantôt par analyse
factorielle.
Ces indicateurs mesurent plus facilement les fonctionnements
réalisés qui sont observables que les libertés
potentielles des personnes. En effet, l'estimation des libertés
potentielles se fait par induction et fait appel à des techniques
particulières de modélisation qui s'appuient sur la
théorie des ensembles flous, sur les modèles de variables
latentes et sur les méthodes de la statistique inférentielle. A
cela se rajoutent les modèles plus classiques qui visent à
expliquer les niveaux de pauvreté et à en rechercher les
causes.
C. Tendance des indicateurs de
pauvreté non monétaire au Cameroun
1) Au plan national
Comme pour l'analyse de la tendance des indicateurs
monétaires, nous aurons pour référence d'étude de
la tendance des indicateurs non-monétaires de l'ECAM 4 qui retrace les
aspects subjectifs de la pauvreté au Cameroun en se basant plus
précisément sur l'état de satisfaction des ménages
en matière de besoins minimums (tel que le logement, la santé,
l'éducation, les transports).
Pour ce qui est de la nutrition, pour avoir une vie correcte
87,3% des ménages pensent qu'il est indispensable d'avoir au moins trois
repas par jour et parmi lesquels 85% ont la possibilité de manger de la
viande ou du poisson chaque trois jours. Cependant, en ce qui concerne le
caractère indispensable ou non de ces besoins, 58,7% des ménages
estimes qu'ils font partir des besoins essentiels pour avoir une bonne
condition de vie et 38,8% pensent qu'il est indispensable de manger de la
viande ou du poisson pour avoir une condition de vie correcte.
Graphique 3:perception des conditions
alimentaires
En ce qui concerne l'habillement, 49,7% des ménages
estiment qu'il est indispensable d'avoir plusieurs vêtements et 48,3%
pensent qu'il est indispensable d'avoir plusieurs paires de chaussures pour
avoir une condition de vie correcte. Le pourcentage de ménages qui
estiment que ces besoins sont importants mais pas indispensable est de l'ordre
de 32,5% dans l'ensemble.
Graphique 4
:Proportion de ménages estimant qu'il est important mais pas
indispensable d'avoir plusieurs vêtements ou plusieurs paires de
chaussures
Pour ce qui concerne la nécessité d'avoir un
logement spacieux (loué ou non), seulement 53,0% de ménages la
trouvent indispensable. Et estiment aussi nécessaire d'avoir des tables
et des lits (60,5% de ménages), et la capacité acquérir
les produits d'entretien du logement (72,1%). Pour chacune de ces trois
commodités, la proportion des ménages qui les trouve
indispensables est plus importante chez les non pauvres que chez les
pauvres.
Par ailleurs, en matière d'emploi, s'il est
indispensable selon 87,3% des ménages d'avoir un emploi stable et
durable pour vivre correctement, seulement 43,7% de ménages sont d'avis
qu'il n'est pas indispensable de travailler jour et nuit pour avoir une
condition de vie correcte.
Graphique 5:
perception des conditions de logement et d'emploi
En matière de transport, la possibilité de
prendre le bus pour aller au travail est considéré par 41,9% de
ménages comme indispensable pour avoir une condition de vie correcte et
65,6% de ménages considèrent indispensable le fait de pouvoir
prendre le taxi en cas de nécessité. Les non pauvres partagent un
peu plus ces avis que les pauvres. Quant à la possession d'un moyen de
transport personnel, environ 44,7% de ménages la jugent indispensable.
Cet avis est un peu plus observé chez les ménages pauvres (48,3%)
que chez les non pauvres (43,4%).
Graphique 6 :
perception des conditions de transport
En ce qui concerne l'éducation, quel que soit le niveau
de vie du ménage, la grande majorité des ménages accordent
leur violon sur le fait qu'il est indispensable de pouvoir envoyer ses enfants
à l'école, pour avoir une condition de vie correcte.
Enfin, de l'avis d'environ 41% de ménages, pouvoir
offrir des cadeaux quand il le faut, et pour 46%, ne pas avoir trop d'enfants,
figurent également parmi les besoins minimums indispensables pour avoir
une condition de vie correcte. Les non pauvres sont un peu plus d'avis qu'il ne
faut pas avoir trop d'enfants que les pauvres.
Graphique 7:
perception des conditions d'éducation, de loisirs et divers
Globalement, l'appréciation subjective des
ménages quant à leur état de pauvreté ou non a
considérablement variée. Au plan national, 6 ménages sur
10 se considèrent comme étant subjectivement pauvres ou
très pauvres contre 7 ménages 10 en 2007 ( ECAM 3). Par ailleurs
le pourcentage les ménages ne se considérant ni pauvres ni riches
est passé de 27,8% en 2007 à 40,6% en 2014.
Cette étude subjective de la pauvreté nous
révèle aussi que les principales causes de la pauvreté
sont les suivantes : le manque de travail, la mal gouvernance et la
corruption, la baisse ou l'insuffisance de revenu, la paresse, le manque
d'instruction.
Tableau 4 :
causes de la pauvreté selon le niveau de vie
De cette analyse il en découle que les principaux
indicateurs utilisés par les économistes pour juger le
bien-être la satisfaction du niveau de vie sont les mêmes que
sollicités par les ménages. Aussi, fort est de constater que la
majorité des ménages se déclarent non satisfait quant
à la satisfaction des besoins minimum jugés essentiels pour
améliorer leurs conditions de vie. Cependant, cette analyse
s'érige comme un excellent outil de prise de décision dans la
mesure où il détermine les besoins où les attentes des
populations sont le plus prégnant.
2) Au plan international
Les politiques de luttent contre la pauvreté ne se font
pas qu'au niveau national elle se font aussi au sein d'instances
internationales qui d'ailleurs sont des enjeux prioritaires pour les
organisations internationales133(*). Pour exemple, la Banque Mondiale « a pour
mission de lutter contre la pauvreté avec passion et professionnalisme
pour obtenir des résultats durables(...) »134(*). Pour mener à bien
ces missions elles constituent des indicateurs leurs permettant d'orienter
leurs actions. Dans le cadre de notre étude, afin d'avoir un
aperçu de la pauvreté au Cameroun à partir des indicateurs
internationaux, nous nous baserons sur le Rapport sur le Développement
Humain de 2020 élaboré par le BRDH135(*)qui nous renseigne sur l'IDH
(Indice de Développement Humain) et un ensemble d'autres indicateurs qui
permettent de mieux l'affiner.
En ce qui concerne l'IDH, c'est un indicateur
synthétique servant à mesurer les progrès
réalisés à long terme dans trois dimensions fondamentales
du développement humain : une vie longue et en bonne santé,
l'accès aux connaissances et un niveau de vie décent.Une longue
vie et en bonne santé sera mesurée par l'espérance de vie,
l'accès au connaissances sera pris en compte à partir de la
durée moyenne de scolarisation des adultes de plus de 25ans et la
durée attendue de scolarisation et enfin le niveau de vie décent
est évalué par le revenu national brut (RNB) par habitant
évalué en dollars US.
La valeur de l'IDH du Cameroun pour 2019 s'établit
à 0.563 ce qui place le pays dans la catégorie «
développement humain moyen » et au 153e rang parmi 189 pays et
territoires. Le tableau suivant nous donne plus de détaille sur cet
indicateur et sur son évolution.
Tableau 5 :
Evolution de l'IDH au Cameroun
Source :PNUD, rapport sur le
Développement Humain 2020, CMR.
Cependant, l'IDH en réalité est un indicateur
qui donne une valeur moyenne générale des indicateurs qui le
compose et ne tient pas compte des inégalités entre les pays et
même à l'intérieur du pays qu'il est sensé
évaluer. A titre d'exemple, l'indicateur reflétant le niveau de
vie des habitants à savoir le RNB par habitant est un indicateur
hautement inégalitaire entre les pays dans la mesure où le
pouvoir d'achat varie tellement d'un pays développé à un
pays en voie de développement par exemple qu'il est difficile de
comparer les pays à partir de cet indicateur. Afin de corriger ce
différentiel, le RDH a mis sur pieds depuis 2010 l'IDH
ajusté aux inégalités (IDHI).
L'IDHI tient en compte les
inégalités dans les trois dimensions qui compose l'IDH en
réduisant la valeur moyenne de chaque dimension en fonction du niveau
d'inégalité. Appliqué au Cameroun l'IDHI en 2019 est de
0,375 ainsi réparti dans le tableau suivant.
Tableau 6:
l'IDHI du Cameroun pour 2019
Source :PNUD, Rapport sur le Développement
Humain 2020, CMR
Comme autre indicateur permettant de compléter l'IDH,
nous avons l'Indice de Développement du Genre (IDG).
Mise en place depuis 2014, il est un nouvel élément de
mesure de l'IDH ventilé par le sexe qui mesure l'écart entre
l'IDH des femmes et l'IDH des hommes. En 2019, l'IDH du Cameroun est de 0,521
pour les femmes, contre 0,603 pour les hommes, ce qui donne un IDG de 0,864.
Tableau 7: IDG
du Cameroun pour 2019
Source :PNUD, Rapport sur le Développement
Humain 2020, CMR.
Toujours dans l'optique d'affiner l'IDH, nous pouvons citer
comme autre indicateur l'Indice d'Inégalité du Genre
(IIG). Il fait ressortir les inégalités fondées
sur le sexe dans trois dimensions : la santé procréative,
l'autonomisation et l'activité économique et L'IIG peut
être interprété comme correspondant à la perte de
développement humain due aux inégalités entre les
résultats obtenus pour les femmes et les hommes dans ses trois
dimensions. Le Cameroun affiche un IIG de 0,560 qui le place au 141e rang sur
162 pays dans l'indice 2019.
Tableau 8 :
IIG du Cameroun pour 2019
136(*)
Source :PNUD, Rapport sur le Développement
Humain 2020, CMR
Enfin, en s'appuyant sur les travaux de Sen, le RDH a
introduit depuis 2010 l'Indice de Pauvreté Multidimensionnel
(IPM). Encore plus synthétique que l'IDH, il fait ressortir
plusieurs privations superposées dont souffrent les plus démunies
dans les trois dimensions développées à savoir la
santé, l'éducation et le niveau de vie. Ainsi 10 indicateurs sont
rassemblés pour définir l'IPM à savoir : la nutrition
et la mortalité infantile pour la santé ; les années
de scolarité et les enfants inscrits pour l'éducation pour
l'éducation ; l'eau, l'électricité, les toilettes,
les combustibles de cuisine, la nature du sol et la détention des biens
pour le niveau de vie. Tous les indicateurs nécessaires pour
établir l'IPM d'un pays proviennent de la même enquête
auprès des ménages. Ils sont pondérés pour obtenir
un score de privation, et les scores de privation sont calculés pour
chaque personne couverte par l'enquête. Un score de privation de 33,3 %
(un tiers des indicateurs pondérés) est utilisé pour
distinguer les pauvres des non-pauvres. Si le score de privation est
égal ou supérieur à 33,3 %, le ménage (et chacune
des personnes qui le composent) est considéré comme vivant en
situation de pauvreté multidimensionnelle. Les personnes dont le score
de privation est égal ou supérieur à 20 %, mais
inférieur à 33,3 %, sont considérées comme
étant vulnérables à la pauvreté
multidimensionnelle. Enfin, les personnes dont le score de privation est
égal ou supérieur à 50 % vivent en situation de
pauvreté multidimensionnelle extrême.
Les données d'enquête les plus récentes
accessibles au public et utilisées pour estimer l'IPM du Cameroun
concernent l'année 2014. Au Cameroun, 45,3 % de la population (soit
11,430,000 de personnes) vivent en situation de pauvreté
multidimensionnelle et 17,3 % autres sont considérées comme des
personnes vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle
(soit 4,360,000 de personnes). Au Cameroun, l'ampleur (l'intensité) des
privations, c'est-à-dire le score moyen de privation dont souffrent les
personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle,
s'élève à 53,5 %. L'IPM, soit la proportion de la
population vivant en situation de pauvreté multidimensionnelle,
ajusté en fonction de l'intensité des privations, est de
0,243.
Tableau 9: IPM
pour le Cameroun en 2014
Source : PNUD, Rapport sur le développement
Humain 2020, CMR.
Section II : les implications opérationnelles du
D dans la réduction de la pauvreté au Cameroun
S'intéresser aux effets du D dans la lutte
contre la pauvreté, c'est voir la manière dont il est
implémenté et aussi dans quelle mesure celui-ci appréhende
la vision de réduction de la pauvreté telle que promue par les
cadres programmatiques internationaux et nationaux camerounais. Comme toute
politique d'aide au développement, le D présente un certain
nombre d'avantages pour les économies des Etats
bénéficiaires, lesquels sont globalement similaires aux autres
formes d'aide, ce que nous verrons ici dans le cadre des effets
spécifiques du D (paragraphe I). Puis, nous allons nous
intéresser aux effets globaux du D dans la réduction de la
pauvreté au Cameroun (paragraphe II).
Paragraphe I : Les
effets spécifiques du D dans la réduction de la
pauvreté.
Les effets spécifiques du D dans la réduction de
la pauvreté tiennent essentiellement et directement de la mise en oeuvre
des objectifs de réduction de la pauvreté tel
qu'énumérés dans le DSCE devenu SND30 à savoir
l'accroissement des ressources des ménages et la formation des jeunes
(A), l'amélioration des conditions de vie des populations (2) et la
construction des infrastructures qui vont impulser le développement
économique du pays (3).
A. L'accroissement des ressources des
ménages et la formationdes jeunes
La précédente section nous a renseigné
à suffisance sur l'état de la pauvreté au Cameroun en nous
dévoilant les populations les plus atteintes par le
phénomène de pauvreté extrême au Cameroun. Fier de
cette analyse, il en ressort que les populations les plus exposées
à la pauvreté sont celles vivant en milieu rural. L'une des
principales mesures adoptées afin d'accroître le revenu des
ménages dans ces zones défavorisées est celle d'investir
dans l'agriculture. Le CTB a entrepris la mise en place d'un ensemble de
programmes visant le développement rural.
Le Programme d'Amélioration de la
Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales (ACEFA)
est l'un des projets pionniers du D, il est au coeur du projet D rural. C'est
un dispositif de conseil technique, technico-économique et de gestion
couplé à des financements (subventions) des projets
d'investissement portés par les bénéficiaires
(exploitations familiales, GIC) avec pour objectifs d'accompagner le
développement de la production, de l'entreprenariat et de l'organisation
agricoles. Avec plus 77 milliards de FCFA déjà financés et
92,9 milliards de FCFA pour la phase de concrétisation et de
pérennisation le programme couvre l'ensemble du territoire national avec
56 cellules techniques départementales et 2100 conseillers (qui sont des
fonctionnaires du MINEPIA et du MINADER) pour accompagner directement plus de
18000 groupements de producteurs et 3000 exploitations familiales. L'objectif
est de ce programme est d'améliorer durablement la productivité
et le revenu de 350.000 exploitants agricoles à l'horizon 2022, 500.000
à l'horizon 2025 et 1.000.000 à l'horizon 2035. À ce jour
près de 3800 projets sur 8200 envisagés ont déjà
été financés et bénéficient d'un
accompagnement. À ce programme s'ajoute aussi d'autre programme tel que
le Programme d'Appui à la Sécurisation et la Gestion
Intégrée des Ressources Agropastorales (PASGIRAP) qui a pour but
d'accroitre le rendement en veillant à la fertilisation des sols tout en
limitant l'érosion dans les régions du Nord, l'Adamaoua et
l'Extrême Nord. On peut aussi ajouter à ces programmes le
Programme d'Appui à la rénovation et de développement de
la Formation Professionnelle dans le secteur de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche (AFOP) qui a pour finalité
l'amélioration de la qualification professionnelle des acteurs du
développement agricole et rural et une meilleure insertion
socioprofessionnelle des jeunes dans les secteurs de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche. À ce jour, le programme AFOP a
déjà formé plus de 15000 jeunes et financés plus de
4000 projets.
B. Amélioration des conditions de
vie des populations
La pauvreté ne se résume pas qu'au strict manque
de ressources financières. Le D a bel et bien pris en compte l'aspect
multidimensionnelle de la pauvreté en luttant contre une multitude de
phénomènes pouvant contribuer à maintenir les populations
dans un état dit de pauvreté multidimensionnelle, mais aussi de
poser des bases d'un renforcement institutionnel durable améliorant la
gouvernance et la performance des institutions privées et publiques les
secteurs ciblés.
A cet effet dans le cadre du volet social du D nous pouvons
citer le D-EDUCATION. Ce programme a pour objectif la scolarisation de tous les
enfants du cycle primaire dans les zones d'éducation prioritaire. En
2007, les autorités camerounaises et l'AFD ont initié ce
programme dans un contexte caractérisé par : un bon taux
d'accès à l'école mais un taux de redoublement
élevé ; des disparités importantes en termes de genre
et selon les régions ; une faible qualification des
enseignants ; un système de gestion défaillant et une faible
contribution au financement du secteur par l'Etat. Les objectifs
spécifiques attribués à ce programme au vu du contexte
étaient de renforcer les capacités institutionnelles en
améliorant les capacités des enseignants, des programmes
d'enseignements et de l'administration centrale ; assurer la
contractualisation des enseignants afin de pallier aux manques d'enseignants
dans les Zones d'Education Prioritaires (ZEP) ; l'appui à
l'enseignement privé et enfin la construction des infrastructures
scolaires dans les ZEP. A ce jour, les réalisations du D-EDUCATION sont
palpables ; avec un investissement de près de 118 milliards de FCFA
(pour un taux de réalisations de plus de 80%), plus 37200 instituteurs
contractuels ont été recrutés afin de réduire le
ratio élèves-maître et les disparités
géographiques dans l'affectation des instituteurs, les programmes
d'enseignements ont été revus et actualisés ; plus de
1750 sur 2250 salles de classe et ouvrages connexes ont été
construites dans les ZEP et certains cadres des services centraux et
déconcentrés ont suivi des formations de renforcements des
capacités. Toutefois il est encore relativement tôt pour
évaluer l'impact des différentes mesures sur le niveau
d'instruction des jeunes apprenants.
Comme autre secteur du volet social du D, nous pouvons
évoquer le D-SANTE. Il vise à contribuer à
l'amélioration de l'état de santé des populations. Avec la
crise économique des années 90, l'on a assisté à
une diminution de l'espérance de vie, une mortalité infantile
élevée (plus de 74? en 2004) et la recrudescence
des maladies respiratoires, paludisme et VIH ; le manque de formations
sanitaires et de ressources humaines. Après analyse de cette situation,
l'AFD a entrepris de financer des programmes de santé ciblés
visant à réduire la mortalité infantile (ce qui implique
de combattre la mortalité maternelle), combattre le VIH et toutes les
autres maladies, améliorer l'accès aux médicaments et
renforcer le système de santé camerounais. L'atteinte de ces
objectifs a vu la mise en place d'un ensemble d'interventions parmi les
lesquels :
- La mise en oeuvre d'un système de subvention des
soins obstétricaux et néonataux communément appelé
« chèquesanté » découle de la
célèbre phrase « afin qu'aucune femme meurt en donnant
la vie ». C'est un dispositif qui permet de financer la prise en
charge des femmes enceintes à partir de la 40e semaine
jusqu'à leur accouchement à un montant fixe de 6000 FCFA. Les
activités de mise en oeuvre de cette subvention se sont poursuivies dans
les trois régions septentrionales à savoir l'Extrême Nord,
le Nord et l'Adamaoua qui sont par ailleurs les régions les plus
impactées par les phénomènes de mortalité infantile
et maternel. Les dernières statistiques au 31 Décembre 2020 font
état de 227 239 chèques vendus et une réduction
considérable de la mortalité infantile passant de plus de 1000
morts pour 100000 accouchements avant l'implémentation de cette
subvention à 69 décès pour 23000 accouchements137(*) ;
- Réhabilitations et équipements des formations
sanitaires (FOSA). Lancé en 2016, le but de ce programme est de
doté ces régions de centres de santé fonctionnel
dotés de plateaux techniques élevés. Sur les 68 centres de
santé attendus, 48 sont achevés et 8 déjà tous
équipés ;
- Les Fonds Régionaux pour la Promotion de la
Santé (FRPS). L'objectif de ceux-ci étant la
réhabilitation des magasins de stockage dans la chaîne
d'approvisionnement des médicaments dans les régions
ciblées
On peut aussi citer le renforcement des capacités des
services centraux et déconcentrés et aussi une aide de 7,2
milliards de FCFA pour aider le Cameroun à faire face à la crise
sanitaire à Covid-19.
C. La construction des
infrastructures
Le développement économique c'est le fait pour
un Etat d'intervenir dans des secteurs visant l'amélioration favorable
d'un ensemble de variables à savoir sanitaire, sociale,
économique et aussi infrastructurelle afin dehisser le pays au rang des
pays dit développés. Afin de réduire la pauvreté au
Cameroun, le D a aussi pris en compte la variable infrastructurelle afin de
doter le pays d'un capital productif propice au développement.
L'essentiel des infrastructures réalisées au Cameroun à
travers le D concerne prioritairement l'aménagement urbain de plusieurs
villes du pays décliné en trois principaux programmes que
sont : capitales régionales (CR), drainage pluvial de la ville de
douala et le Plan de Mobilité Urbain Soutenable (PMUS)
dénommé « Yaoundé coeur de ville ».
Le programme capitales régionales vise à
réduire le déficit d'infrastructures dans les villes
ciblées à travers un programme d'investissement prioritaire tels
que : lesinfrastructures de voirie, qui consiste à construire des
routes facilitant la mobilités urbaines et la construction des canaux de
drainage dans les villes pour limiter l'impact des inondations ;les
services urbains de proximité tel que des points d'eau, les latrines et
des installations d'éclairage public ; les équipements
marchands avec la construction et la réhabilitation des marchés
et abattoirs ; espaces publics la construction. La signature du D-Urbain
CR1 a vu les villes de Garoua, Bertoua et Bafoussam bénéficier de
ce programme et dans le cadre du CR2 signer dans le 3e D, les villes
de Maroua et Bamenda bénéficieront aussi de ce programme.
Dans le but de réduire les inondations dans la ville de
douala et de participer ainsi à l'amélioration des conditions de
vie des populations de cette ville, le projet drainage pluvial de la ville de
Douala a vu le jour en Aout 2020. Il vise à construire plus de 80 km de
canaux de drainage dans la ville et former les agents de la Mairie de la ville
de Douala à l'entretien de ces différents canaux. On peut aussi
noter comme action majeure et pas des moindre, la construction du
2nd pont sur le Wouri dont l'utilité pour fluidifier les
échanges et l'accès dans la ville de Douala n'est plus à
démontrer.
Le programme « Yaoundé coeur de
ville » quant à lui consisteà améliorer de
façon concrète et visible la circulation urbaine dans la ville de
Yaoundé autour du centre-ville notamment les zones de Mvan, Elig-Edzoa
et Elig-Effa et la mise en place d'actions à impact rapide visant
à décongestionner le territoire métropolitain de la ville
de Yaoundé.
Paragraphe II : Les
effets globaux du D dans le développement au Cameroun
Les effets globaux recouvrent une multitude
d'éléments et de données nécessaires à
l'analyse. Mais dans le cadre de ce travail, nous allons identifier des point
phares de l'économie globale sur lesquels agissent les différents
contrats D au Cameroun. A ce titre, le D contribue à la
soutenabilité de la dette globale du Cameroun (A), mais également
à la réorientation de l'économie vers les Objectifs de
développement durable (B).
A. Les contributions du D dans la
soutenabilité de la dette publique du Cameroun
L'analyse de la soutenabilité de la dette cherche
à répondre à la question suivante : le pays
endetté pourra-t-il honorer le service de sa dette ?138(*). D'après les IBW
entendu institutions de Bretton Wood, « on dira que la dette
extérieure d'un pays est soutenable s'il peut honorer totalement ses
obligations en termes de service de la dette sans recours à des
restructurations de sa dette, sans accumulation d'arriérés et
sans compromettre sa croissance ». En d'autres termes, la
soutenabilité de la dette exprime la capacité d'un Etat à
rembourser ses emprunts et donc sa solvabilité. On parle davantage
d'insoutenabilité dans une acception moins stricte lorsque l'Etat est
exposé à un risque d'ajustement excessif ou irréaliste de
ses finances publiques, voire lorsque la dette publique commence à
mettre en danger la croissance et la stabilité économique. Selon
certains auteurs comme Marie Hélène Duprat, Covid-19 oblige, les
gouvernements ont à juste titre joué leur rôle d'assureur
en dernier ressort en compensant autant que possible la perte de revenus des
entreprises et des ménages, liée à l'arrêt brutal de
leur activité, consécutif à la mise en place des
confinements face au Covid-19. Ce soutien aux ménages et aux entreprises
l'est moins vrai parlant de pays africains dont la situation financière
n'est pas déjà positive ce qui ne manque pas de susciter des
craintes quant à la soutenabilité des dettes publiques. Quoi
qu'il en soit, ce n'est pas l'objet de ce paragraphe.
Poursuivant avec notre démonstration, il
faut rappeler que la plupart des pays africains utilisent aujourd'hui leurs
marges budgétaires pour se rendetter et financer des besoins
considérables, notamment en infrastructures dont les déficiences
sont aujourd'hui un frein évident au développement et à la
compétitivité des économies139(*). Malgré ses nombreux
atouts, le Cameroun est un pays « pauvre » avec près
de 37,5% de sa population considérée comme pauvre, pour la
plupart en zone rurale. Il est également fortement endetté avec
une valeur actualisée nette de la dette extérieure
dépassant 200% des exportations pour un seuil de surendettement
fixé à 45%.
Le Contrat de désendettement et de
développement contribue drastiquement à rendre soutenable la
dette du Cameroun à travers son mécanisme de reconversion de la
dette en dons. C'est l'une des principales caractéristiques du D.
Les prouesses du D dans la soutenabilité de la
dette publique sont renforcées par le principe d'additionnalité
des D sur les montants de l'APD française. Ce principe
d'additionnalité désigne l'ajout d'un nouvel instrument à
ceux déjà réalisés au profit d'un pays. Ainsi
l'additionnalité des D implique que les versements D se soient
ajoutés aux dons existants dans les pays bénéficiaires et
qu'ils n'aient pas eu pour effet de réduire d'autant ou en partie les
dons existants et ceux qui auraient été réalisés en
l'absence du D.
Concrètement, le D en transformant la dette sous
forme de don à hauteur de 100%, contribue ainsi à permettre au
Cameroun à se libérer de sa charge de dette envers la France dans
un premier temps puis, il permet également au pays de répondre
plus efficacement aux autres engagements de dette.
B. La réorientation de
l'économie vers les objectifs de développement durable
La réorientation de l'économie vers les
objectifs de développement durable est l'un des points marquant des
programmes d'aide au développement. Les ODD sont désormais la
voie à suivre pour toutes les politiques de développement que ce
soit au niveau national ou international. A ce titre, l'ODD 17
« Parterships for the goals »
réitère l'importance d'une coopération au
développement pour la réalisation desdits objectifs. Les
politiques d'aide au développement participent à la
réorientation de l'économie à travers l'exigence de
financement des projets ayant un fort potentiel ou une plus-value sur le
développement durable. De plus, les ODD sont assortis d'indicateurs qui
servent pour la plupart du temps aux organisations et aux Etats pour mesurer
l'impact ou les effets des actions de développement.
« L'aide internationale a la capacité d'animateur
délégué, et donc d'aide au changement dans les pays en
développement »140(*). Dès lors, la prise en compte dans la
préparation des projets, offre à l'aide internationale des
stratégies d'intervention solides, non seulement pour progresser vers
l'ODD 17 mais, à travers lui, vers la réalisation des objectifs
de développement.
L'aide internationale représente un potentiel
particulièrement utile pour les pays en voie de développement
lorsqu'elle s'engage dans le domaine de l'économie politique, non
seulement dans les relations d'Etat à Etat mais aussi aux niveaux les
plus locaux141(*). Avec
l'ampleur du champ couvert par les objectifs, voire leur exhaustivité,
avec l'inclusion d'objectifs sur les inégalités sociales et sur
la gouvernance, avec la reconnaissance de la multiplicité des acteurs et
des niveaux, les ODD imposent une réorientation des économies
dans l'agenda international du développement. Outre l'engagement
d'atteindre les ODD sur leur propre sol, et celui de participer à la
fourniture des biens mondiaux, les pays dits développés ont pris
l'engagement par solidarité internationale d'aider les pays pauvres
à atteindre les ODD, selon des modalités partenariales.
Les ODD influencent drastiquement l'action des agences d'aide
au développement par notamment, la prise en compte indéniable des
données statistiques et du suivi/impact des politiques et projets de
développement ; la réorientation thématique de
l'action de ces agences et la prise en compte des acteurs sociaux à tous
les niveaux, conformément aux exigences des ODD. Ainsi, le Contrat de
Désendettement et de Développement est formaté à
cette exigence, d'abord à travers les projets financés, ensuite
à travers des appuis techniques et en formation. C'est ce qui explique
la déclaration du Ministre Louis Paul Motaze, à l'occasion de la
signature du troisième contrat D « Ce troisième D va
contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement
Durable en matière d'agriculture, de développement rural,
d'infrastructures et d'aménagements urbains » en juillet 2016.
Les avantages de la réorientation de l'économie camerounaise sont
essentiellement adossés aux financements toujours plus nombreux des
bailleurs, comme il a été rappelé à l`occasion de
la Conférence des Présidents dite COP 21. Quoi qu'il en soit, la
coopération au développement est aujourd'hui
appréhendée sous le prisme des objectifs du développement
durable, promus par l'agenda 2030. C'est ainsi que les agences de
développement en fonction de leur modèle de développement,
recourent ou non à la conditionnalité, pour mieux cadrer les
politiques de développement des Etats en voie de
développement.
QUATRIEME CHAPITRE : LES CONTRAINTES ET
PERSPECTIVES LIEES A L'IMPLEMENTATION DU D DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU
CAMEROUN
La mise en oeuvre effective des programmes de
développement financée par le D n'est plus une chimère,
ces actions et réalisations s'inscrivent de plus en plus dans le paysage
socioéconomique camerounais. Toutefois si les programmes d'actions pour
la plupart sont déjà déterminés, la
réalisation effective de ces derniers rencontrent encore diverses
contraintes (section I) qu'il serait nécessaire de détailler afin
d'apporter des solutions et aussi d'envisager des perspectives (section II)
d'avenir quant à la pérennisation des programmes.
Section I : les contraintes liées à
l'implémentation du D au Cameroun
L'exécution des différents projets du D se
heurtent à un ensemble de contraintes qui freine l'exécution des
projets. A titre illustratif, nous pouvons examiner le taux d'exécution
du deuxième D signé en juillet 2011 et qui devait prendre fin en
avril 2016. Dans le rapport annuel d'activité du suivi du D de
décembre 2017, on remarque quele taux d'avancement des travaux
était de 8%. On distingue alors des contraintes tant sur le plan
opérationnel que structurel que nous alors étayer.
Paragraphe I : les
contraintes opérationnelles
Les contraintes opérationnelles représentent
l'ensemble des entraves directes qui affectent l'exécution effective des
programmes. On peut les regrouper en 2 principales parties notamment le
non-respect des procédures connexes aux programmes et les conflits de
compétences entre les administrations.
A. Le non-respect des procédures
connexes aux programmes
Nous appelons ici procédures connexes l'ensemble des
actions devant être menées au préalable avant
l'implémentation effective des programmes. Toutes ces procédures
ont pour objectif une meilleure planification des programmes afin d'optimiser
leur rendement. Toutefois, dans la réalité on constate des
entraves qui limitent ou alors qui retardent l'avancement des programmes parmi
celle-ci on peut citer :
- La maturation des projets en cohérence avec les
conditions suspensives ; en effet les différents D s'étalent
sur des périodes bien établies et durant ces périodes, les
projets sélectionnés devraient être tous réaliser
dans le temps imparti de la durée des D. dans la réalité,
beaucoup de retards sont observés à cause du manque de maturation
de ces programmes ce qui occasionne par ailleurs d'autres
complications ;
- Les modalités des financements des études
préalables à la réalisation des projets ;
- Les procédures d'indemnisation des personnes
affectées trop longues ; pour une meilleure transparence des
programmes les personnes affectées par l'exécution de certains
ouvrages devraient recevoir des compensations dues aux préjudices subis
par les projets. Dans la réalité, la lenteur de l'allocation des
indemnisations retarde l'avancement des projets ;
- Les procédures de passation des marchés
anormalement longues ;
- Le planché de décaissement qui pénalise
les entreprises ;
- La mobilisation effective des fonds de
contrepartie ;
- Les délais des avis de non objection anormalement
longs ;
- La problématique des plans de gestion
environnementale ;
- Les coûts occasionnés par les lenteurs
administratives ;
- Les problèmes d'insécurité ;
- Les conditions climatiques défavorables.
B. Le conflit de compétence entre
les administrations
Les différents D appliqués au Cameroun sont
qualifiés de « D hors normes » du fait des montants
importants des différents programmes comparativement à ceux
signés dans certains pays. Ces montants élevés
génèrent des couts de transaction important faisant
impliqués plusieurs administrations à cause de la
multiplicité des secteurs d'interventions de ces programmes
qualifiés d'hors normes. Cette multiplicité de secteurs et aussi
de ministères impliqués dans la formulation d'un même
programme sectoriel entraine de facto des coûts de gestion plus
importants et un chevauchement de missions entre les administrations
concernées. Pour illustrer cette situation nous pouvons par exemple voir
les procédures de passation des marchés publics anormalement
longues ou encore la création des services annexes aux administrations
dotées d'une certaine autonomie financière et
décisionnelle bien que rattachées à un ministère de
tutelle,et qui n'ont pas de compétences techniques tel que ces
ministères de tutelles
Paragraphe 2 : les
contraintes structurelles
S'agissant des contraintes structurelles dans notre cas de
figure, nous dirons que ce sont les entraves dues au contexte institutionnel
entre les différentes parties tant Camerounaise que française.
Le respect et la maitrise des procédures
administratives acceptables par les parties française et camerounaise
s'avèrent être un obstacle l'avancement des projets du D. en effet
le financement d'un montant de 103 milliards de FCFA pour le projet PLANUT
relatif à la stabilisation et au renforcement du réseau
électrique dans la ville de Douala reste à ce jour non
exécutable par le partenaire technique Bouygues Energies parce qu'il
n'accepte pas l'application des dispositions fiscales en vigueur au Cameroun.
En effet les difficultés d'enregistrement des conventions de financement
et des contrats de marché aux conditions exigées par la loi de
finances en vigueur au Cameroun est l'une des contraintes majeures à
l'exécution de ce projet de coopération au combien profitable aux
populations camerounaises.
Cette contrainte nous pousse à nous interroger sur
l'architecture même du D quant au mode de prise de décision. En
effet dans la théorie, c'est le COPIL qui, à la suite des
propositions effectuées par l'Etat du Cameroun sur les projets
jugés nécessaires et utiles à financer, décide en
dernier ressort sur l'exécution de ces projets. Le COPIL est normalement
composé d'officiels camerounais et français qui ont la charge de
décider d'un commun accord sur le choix de ces programmes. Or dans la
réalité fort est de constaté que l'avis de non objection
est exclusivement française en dépit de la composition bipartite
du COPIL.
Parmi les secteurs d'intervention
énumérés par le D, figure aussi des programmes liés
à la recherche et à la culture. Toutefois, nous ne les avons pas
pris en compte dans le dans le cadre de notre étude pour le simple fait
que la mise en oeuvre effective de ces secteurs d'interventions se trouve
plutôt lésé par les autorités en charge de
l'opérationnalisation du D. En effet, les R & D forment une
composante essentielle pour tout programme de développement durable
soutenu et continu dans lequel il faudrait investir peut espérer des
rendements meilleurs. Dans notre cas d'espèces, un accent particulier a
été mis sur la recherche dans le domaine de l'agriculture
à travers l'IRAD. Or il est constaté que peu de financement sont
alloués à ce secteur hautement important dans le processus de
pérennisation des activités de production voir même
lésé. Les résultats des semences de cette filière
ne sont même pas utilisés dans le cadre des autres programmes tel
que ACEFA. En ce qui concerne la culture, c'est un secteur d'intervention
délaissé malgré son fort potentiel à valeur
ajoutée. C'est suite à d'intense sollicitation de la
société civile que ce pan important du développement
durable et inclusif a connu une revalorisation dans le 3e D.
On peut aussi noter comme contrainte structurelle le manque de
convergence entre certains programmes. En effet, on remarque qu'il n'existe
dans de complémentarité entre certains programmes qui pourtant
ont pour finalité les mêmes objectifs. Cette observation est
vérifiable par exemple entre le programme ACEFA et AFOP où les
jeunes ayant bénéficier des formations et une certaine expertise
dans le domaine agricole ne bénéficient pas par exemple des
subventions accordées par le programme ACEFA donc le but est de
subventionner les exploitants agricoles afin d'accroître leurs
productions.
Enfin nous notons aussi un manque de planification sur la
réalisation des objectifs généraux fixés dans
certains programmes. Pour prendre comme exemple le programme ACEFA, si les
objectifs globaux voudraient que l'on soit à plus d'1 million
d'exploitants agricoles, il n'y a pas d'objectifs spécifiques permettant
de se rassurer de l'atteinte de cette objectif ou encore jusqu'à nos
jours l'on ne saurait véritablement quantifier l'apport de ces
programmes sur le plan macroéconomique.
On pourrait aussi se poser la question qui est celle de
savoir : le D,a-t-il la volonté de contribuer à un
développement soutenu et durable ? En effet, pour couvrir les
besoins immenses des populations en terme de nutrition par exemple, le passage
à une agriculture mécanisée de nouvelle
génération est nécessaire. Or il est constaté que
les projets visant pareilles activités ne sont pas pris en compte par
les instances en charge de la mise en oeuvre du D et même des formations
aux métiers non agricoles et mécanisés ne sont pas pris en
compte voir délaissées et même non pris en charge par les
autorités compétentes. Tout porte à croire qu'aucune les
mesures de suivi afin de se rassurer que les objectifs seront atteints n'est
pris en compte.
Section II : perspectives d'avenir pour une meilleure
implémentation du D et de l'aide au développement au Cameroun
Les perspectives que nous envisageons dans cette partie ont
pour but de nous permettre d'envisager des moyens de pérennisation des
programmes de développement mis en place et financés par le D
(paragraphe 1). Outre la lutte contre l'extrême pauvreté au
Cameroun, les externalités des actions du D sont multiples (paragraphe
2) et nous allons les énumérer dans les lignes qui suivent.
Paragraphe I :
Pérennisation des programmes du D
Le remboursement de la dette camerounaise dans l'optique
d'initiative de désendettement des PPTE constituant le dispositif du D
n'a pas pour vocation de durer ad vitam aeternam.Le troisième
contrat signé en juillet 2016 est d'ailleurs le dernier et il prendra
fin en 2025. Les résultats apportés par le D semblent
plutôt positifs ; Pour ce qui est du D rural par exemple, on
constate une amélioration du PIB agricole d'un point avec une variation
positive des revenus des bénéficiaires allant de 17 à 63%.
Il est donc opportun pour le Cameroun de faire perdurer cette dynamique pour
réaliser les objectifs de la SND30 en vue d'atteindre l'émergence
à l'horizon 2035. Il nous semble alors opportun pour l'Etat du Cameroun
d'axer sa stratégie de pérennisation à travers 2 leviers
à savoir : l'intégration des dispositifs par les
administrations (A) et le maintien du dialogue stratégico-politique (B)
entre les différents acteurs prenant part à la formalisation du
D.
A. Intégrationdu dispositif duD
pourle passage des politiques de développement et de lutte contre la
pauvreté à des politiques de stratégies de croissance
durable et inclusive
Lors de la signature du premier contrat D en 2006, la
situation socioéconomique du pays n'était guère reluisante
et les objectifs stratégiques avaient pour principal objectif sortir de
l'extrême précarité dans laquelle baignait les populations
camerounaises. Au fil des années la situation du pays et ces objectifs
ont évolué ; on passe ainsi des politiques de
développement et de lutte contre la pauvreté aux politiques de
croissance inclusive et durable en lien avec les principes
énoncés par les ODD. On peut aussi dire que c'est la raison pour
laquelle les D s'élabore en fonction des documents stratégique de
réduction de la pauvreté (DSRP) établi par chaque Etat
bénéficiaire.La question de la durabilitédes programmes
financés par le D et, plus généralement celle de
l'après D, ont rarement été envisagées, alors que
la baisse tendancielle des crédits disponibles pour les subventions ne
laisse pas présager que des moyens équivalents seront encore
disponibles à l'avenir pour assurer la continuité des actions. En
effet, si la logique des annulations de dette veut que le pays
bénéficiaire puisse prendre le relais des projets et des
programmes financés, cela n'apparaît nullement automatique et les
phénomènes de réendettement parfois observés
peuvent justifier de porter une attention particulière aux
modalités de maintien des projets ou des programmes. Le D étant
une modalité d'annulation de dette novatrice qui a choisi le
refinancement sous forme de dons, une meilleure prise en compte des questions
de durabilité des projets aurait pu dès lors pleinement se
justifier. Le D doit prendre en compte les nouvelles orientations
érigées par les Etats bénéficiaires ceci par
l'appropriation des savoirs faire hérités des programmes par les
administrations et les intégrer dans les dispositifs institutionnels des
administrations. Le troisième D encore appelé D de
pérennisation est un cas palpable de cette transformation dans le
paysage institutionnel camerounais, qui s'est donné pour objectif
d'assurer la continuité des programmes à long terme afin de
modifier profondément son tissu socioéconomique.
B. Maintien du dialogue
stratégico-politique
L'enjeu ici est de maintenir une coopération
étroite et constante avec le partenaire bilatéral français
focalisée sur les projets par le renforcement des mécanismes de
gestion des programmes existants et même après la fin des
contrats.L'objectif recherché est de bénéficier de
l'expertise française dans le renforcement des capacités
institutionnelles et même techniques d'autant plus que cette
nécessité s'avère encore plus prégnante dans la
mesure où les D qualifiés de hors normes,du fait de leurs
montants élevés et de la diversité des secteurs
d'intervention, nécessite des qualifications de plus en plus
élevées à tous les niveaux des secteurs d'interventions.Il
est également pertinent de ne pas limiter cette stratégie aux
seuls acteurs institutionnels, mais au contraire de l'élargir à
l'ensemble des acteurs impliqués dans les D à savoir les corps
intermédiaires, les organisations professionnelles, la
société civile, etc.
Paragraphe II : Les
externalités des actions du D
La conduite et la mise en oeuvre des D a conduit
inexorablement les Etats bénéficiaires et notamment le Cameroun
à adopter des réformes profondes au plan interne (A) mais aussi
il a permis de renforcer ses relations de coopération bilatérale
et multilatérale (B).
A. Amélioration de la
gouvernance
L'initiative PPTE visant un allègement substantiel de
la dette des pays sous-développés était
conditionnée par un ensemble de conditionnalités à remplir
afin de bénéficier des faveurs des bailleurs de fond à
annuler leurs dettes auprès de ces derniers. Le Cameroun soucieux de
voir sa dette annulée, a entrepris des réformes
économico-politiques visant à assainir ses finances publiques en
s'appropriant ces responsabilités à travers une montée en
compétence de ses administrations et un renforcement accru des
capacités de celles-ci, en établissant des documents
stratégiques de réduction de la pauvreté notamment le DSCE
puis la SND30 qui sont des plans d'actions qui guident les politiques de
croissance et de développement du pays, en réduisant les
inégalités de genres en prônant une participation plus
active des femmes dans la vie sociopolitique du pays avec la création en
2011 d'un département ministériel dédié à la
promotion de la gente féminine et en favorisant la participation plus
active de la société civile dans le cadre de l'élaboration
et la structuration des politiques publiques de développement. Pour
exemple dans le cadre du D la Coordination du Suivi du D et la Centrale
Syndicale de l'Action Publique participent de façon active à
l'élaboration des projets et produisent annuellement des rapports
d'activités et de suivi des projets en cours d'exécution.
B. Renforcement des liens de
coopération entre la France et les autres partenaires au
développement
La coopération avec le partenaire bilatéral
français à travers son bras séculier L'AFD permet
d'établir un lien particulier avec ce partenaire
privilégié, donateur de l'aide publique au développement.
La mise en oeuvre du D voit une participation effective et exceptionnelle de
plusieurs administrations françaises en passant par le Ministère
des Affaires Etrangères et du Développement International
(MAEDI), la Direction Générale du Trésor français,
le Service de Coopération et d'Action Culturelle (SCAC) au sein de
l'Ambassade de France, l'Agence Française de Développement
(AFD)... contribuant ainsi à pérenniser et à consolider
les liens d'amitié et de fraternité entre deux nations qui
coopèrent.
S'agissant du renforcement des liens par une la
coopération bilatérale, le D a permis d'installer une
communication avec d'autres bailleurs de fonds tel que l'Allemagne, le Japon,
la Corée du Sud, l'Espagne, l'Unicef... il produit des connaissances et
sert d'approche de références au sein d'autres programmes d'aides
au développement financer par ces bailleurs de fonds.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
Rendu au terme de cette partie, il était question pour
nousd'examiner les implications opérationnelles du D dans la
réduction de la pauvreté au Cameroun. Autrement dit il
était question pour nous de répondre à la question qui est
celle de savoir Quelles sont du point de vue des localités et des
secteurs, les principaux foyers de l'extrême pauvreté au
Cameroun ?Cette quête nous a mené dans un premier temps
à décrypter les effets opérationnels dans D dans la
réduction de la pauvreté ceci en analysant même le concept
de pauvreté ceci dans le but de déterminer le type de
pauvreté qui affecte les populations et les quantifier. Il en ressort
que l'on distingue deux types de pauvreté une dite monétaire qui
est causé par le manque de revenu minimum pour pouvoir consommer les
biens les plus nécessaires et une pauvreté dite non
monétaire qui analyse la pauvreté en prenant en compte plusieurs
dimensions à savoir humaine, économique et sociale. A partir de
cette analyse conceptuelle de pauvreté nous avons estimé à
partir des indicateurs tant nationaux qu'internationaux l'étendu de la
pauvreté au Cameroun, les zones les plus touchées par ce
phénomène et délimité les secteurs d'interventions
choisi par le D afin de réduire l'extrême pauvreté au
Cameroun. A la suite de ces études le D s'est engagé de
manière spécifique à lutter contre la pauvreté en
accroissant le revenu des populations rurales à travers plusieurs
programmes (ACEFA, AFOP, ASGIRAP, TRANSFAGRI), en améliorant le niveau
de vie des populations dans des secteurs tel que la santé,
l'éducation et la construction des infrastructures dans plusieurs villes
du pays. De façon global le D contribue à réduire la
pauvreté en contribuant à la soutenabilité de la dette
publique camerounaise et oriente le pays vers un développement durable
tel que prescrit par les ODD.
Si la réalisation des programmes est effective, elle se
heurte tout de même à un ensemble de contraintes
opérationnelles et structurelles qui freine leur pleine
efficacité dont on pourrait réduire à leur plus petite
partition en mettant en oeuvre des stratégies de pérennisation
des activités du D même après la fin de ces contrats en les
intégrant dans les politiques nationales de développement durable
et inclusif et en maintenant un dialogue continue pour toujours
bénéficier de l'expertise française dans la mise en oeuvre
des politiques visant un développement durable. Enfin nous avons aussi
constater que, outre l'apport indéniable du D dans la stratégie
de réduction de l'extrême pauvreté au Cameroun, le D a
permis aux institutions camerounaises d'améliorer la gouvernance
grâce à des efforts consentis pour bénéficier des
largesses des bailleurs de fonds mais aussi, il a permis de renforcer la
coopération au niveau bilatérale avec le partenaire
français et aussi avec les autres pays amis et frères
désireux d'aider le Cameroun à sortir de la pauvreté.
CONCLUSION GENERALE
La politique du contrat de désendettement et de
développement (D), lancée au Cameroun en 2006, concrétise
l'engagement bilatéral de la France, pris à Cologne en 1999,
d'annuler la totalité de ses créances d'aide publique au
développement pour les pays engagés dans l'initiative « Pays
pauvres très endettés » (PPTE). Ces contrats de
désendettement et de développement prennent la forme d'un
refinancement en dons des créances d'APD remboursées par le pays
débiteur. Ces dons sont ensuite affectés au financement de
projets et de programmes de lutte contre la pauvreté, définis
durant la phase de négociation des D. A la question de savoir quelles
sont les implications du Contrat de Désendettement et de
Développement sur la réduction de la pauvreté au Cameroun
? Autrement dit, quelle est l'architecture du D au Cameroun et comment
s'agence-t-il ? Aussi, quelles sont du point de vue des localités et des
secteurs, les principaux foyers de l'extrême pauvreté au
Cameroun ? nous pouvons dire que le D s'inscrit dans un paysage
institutionnel régit par des textes internationaux, régionaux et
nationaux de lutte contre la pauvreté au sein des couches sociales les
plus défavorisées. Le D est un mode d'APD unique en son genre.
Alors que la plupart des créanciers ont opté pour une annulation
pure et simple de ces créances, la France, dont les créances
restantes portaient sur des montants beaucoup plus importants, a opté
pour un mécanisme spécifique d'annulation des dettes
bilatérales additionnelles en refinançant en dons les
créances remboursées par le Cameroun pour son cas. Avant de
bénéficier de ces dons, une étude préalable a
été menée afin de déterminer le niveau de
pauvreté auquel fait face la population et de déterminer les
secteurs d'interventions les plus prioritaires pour réduire
l'extrême pauvreté. Il ressort de cette étude que les
personnes les plus touchées par l'extrême pauvreté sont les
populations rurales et celles habitant dans les quartiers
défavorisés des grandes villes. Les actions spécifiques
retenues pour réduire la pauvreté sont :
l'amélioration des conditions de vie des populations ; la
construction des infrastructures ; l'accroissement des revenus des
ménages. Les secteurs d'intervention ciblés pour atteindre ces
objectifs sont l'agriculture et la formation aux métiers agricoles et
prioritairement les jeunes, l'éducation de base, la santé et les
infrastructures. Le D contribue aussi globalement à soutenir la dette
publique du pays et renforce le dispositif institutionnel du pays dans
l'atteinte des ODD.
Cependant, des contraintes aussi bien opérationnelles
que structurelles ralentissent et entraves la parfaite mise en oeuvre des
programmes. Pour ce qui est des contraintes opérationnelles le
non-respect des procédures connexes aux programmes et les conflits de
compétence entre les administrations. Les secondes contraintes dites
structurelles sont dues à causes des divergences dans les
procédures administratives et fiscales entre le Cameroun et la France.
Arrivé au troisième et dernier D, il est important de penser
à intégrer les programmes élaborés dans les
différents D dans les politiques de développement durables et de
croissance inclusive initiées par le gouvernement et maintenir la
collaboration stratégico-politique entre les 2 gouvernements enfin de
bénéficier de l'expertise française dans la formulation
des politiques de développement.
Le « point IV » du discours du
président TRUMAN lors de son discours en 1949 introduit pour la
première fois l'idée du concept de développement. Ceci
entraine une nouvelle vision du monde basée sur l'idée qu'il y a
des pays dits « sous-développés » et
que dans le cadre des nations unies, il faudrait que les pays dits
« développés » leur viennent en
aide. L'APD est aujourd'hui considéré comme l'une des principales
solutions pour promouvoir le développement économique et lutter
contre la pauvreté. Ainsi depuis le début des années 2000,
avec la mise en place des OMD et plutard les ODD, les flux d'APD ont
massivement augmenté. Cependant leur efficacité est loin de faire
l'unanimité au sein même de la communauté
internationale.142(*) Si
aujourd'hui le consensus sur l'impact macro de l'APD semble encore relativement
éloigné, les études microéconomiques
étudiant l'efficacité de multiples programmes financés par
l'aide internationale ont en revanche pratiquement toutes confirmé
l'impact positif de ces interventions sur les conditions sociales,
financières et sanitaires des individus ciblés. En plus, l'aide
totale comprend également un volume de fonds qui, s'ils ne sont pas
octroyés directement aux pays en développement, servent à
financer des centres de recherche et beaucoup d'autres projets qui permettent
de renforcer l'expertise sur les problématiques du développement
et de favoriser, bien que de façon indirect, le décollage
économique de ces pays. Enfin, il est important dans l'étude de
la relation entre aide et développement, de ne pas restreindre l'analyse
à l'impact sur la croissance économique. Si nous arrivons enfin
à déterminer que l'aide impacte positivement la croissance, il
faudrait que cette dernière soit inclusive pour permettre aux
populations vivant encore majoritairement sous le seuil de pauvreté de
bénéficier de cette richesse supplémentaire. L'aide est
donc loin d'être inutile, mais l'évaluation de ses effets doit
continuer d'être remise en question pour permettre aux pays donateurs et
receveurs de respectivement octroyer et absorber de la façon la plus
efficace possible ces flux financiers, dont beaucoup de pays en
développement restent encore fortement dépendants.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
1- Ouvrages généraux
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- Arnaud BERTHOUD et al., Figures et énigme de la
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- Benjamin OMBE, Le Cameroun en prospective :
évaluation critique des Objectifs du développement durable,
L'Harmattan, 2020, p. 20
- Benjamin OMBE, Le Cameroun en prospective :
évaluation critique des Objectifs du développement durable,
L'Harmattan, op. cit.,242p.
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Innovative Response to the Global Financial Crisis», Univesity of New
South Wales (UNSW) Law Journal, Vol. 32, No. 2. 2009.
- Camille ABOLOU, La communication de changement
comportemental : théorisations, modélisations et
applications, Harmattan, 2020, p. 28
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aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique, J-C Lattès,
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acteurs, nouveaux modèles de croissance. Réflexion sur des pistes
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au développement, La Découverte, 2010, p. 8
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planète, les Objectifs de Développement Durable en Débat,
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Londres, Penguin Books, 1979, p.32
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définitions et mesures », in Regards croisés sur
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lutte contre la pauvreté en Afrique de l'Ouest », in
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Financières et Développement vol I n° 110, 2013, pp.
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- 3- Ouvrages didactiques
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« Référentiel », in Dictionnaire des
Politiques Publiques, Presse de Science Po, 2019, pp. 533 à 540
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internationale », in J-F. SAVARD (dir), Le dictionnaire
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www.dictionnaire.enap.ca
(consulté le 6 février 2021)
I- TRAVAUX UNIVERSITAIRES
1- Thèses
- Yaya KOLOMA, « contribution à l'analyse de
la pauvreté non-monétaire micro multidimensionnelle au
mali », Université Montesquieu-Bordeaux IV- France,
2008
2- Mémoires
- Corinne MENGUE-MVOMO, « Analyse critique de la
politique publique camerounaise de protection de la fortune
publique », Mémoires de Master en Relations Internationales,
Université de Yaoundé II, IRIC, 2016, p. 17.
- François Xavier NSANA, « la zone
frontalière terrestre Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale :
l'appartenance communautaire à l'épreuve des identités
», Mémoire de Master enRelations Internationales, Université
de Yaoundé II, IRIC, 2013, P.5.
- Merlin FOTABONG, les politiques publiques en
matière de lutte contre la corruption dans les pays en situation de
post-conflit, Mémoire de Master en Relations Internationales de
l'IRIC, 2020, p. 8
3- Revues scientifiques
- Chantal Marie NGO TONG,
« L'opérationnalisation de la stratégie de croissance
pro-pauvre au Cameroun » Revue Interventions économiques [en
ligne] 56/2016, consulté le 13 juin 2021, URL :
http://journals.openedition.org/interventionseconomiques/2962
- JoelMebada. La pauvreté des ménages et
bien-être individuel au Cameroun, une analyse spatiale et
régionale du phénomène. 2018. halshs-01895269
II- AUTRES SOURCES DE RECHERCHES
1- Documents de synthèse
- Revue de la politique du contrat de désendettement et de
développement, 2017
- Rapport sur le développement humain, PNUD-Cameroun,
2019
- Rapport sur le développement humain,
PNUD-Algérie, 2006
- Enquête Camerounaise Auprès des Ménages 2,
2001
- Enquête Camerounaise Auprès des Ménages 3,
2007
- MINEPAT/PNUD, Rapport national sur le développement
humain 2008/2009 Cameroun : le défi de la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le Développement
- Enquête Camerounaise Auprès des Ménages 4,
2014
- Rapport de mise en oeuvre du D au 31 décembre 2016
- Rapport de mise en oeuvre du D au 31 décembre 2017
- Rapport de mise en oeuvre du D au 31 décembre 2018
- Rapport de mise en oeuvre du D au 31 décembre 2019
- Rapport de mise en oeuvre du D au 31 décembre 2020
- Rapport Suivi Indépendant D 2018
- Rapport Suivi Indépendant D 2019
- Rapport Suivi Indépendant D 2020
2- Textes officiels
- Cerfrance, un modèle de dispositif de conseil visant
à rénover en profondeur la vulgarisation a l'échelle d'un
pays :le programme d'amélioration de lacompétitivité des
exploitations familiales agropastorales (ACEFA) au Cameroun, 2018
- Document Stratégique pour la Croissance et l'emploi
- Stratégie National de Développement
- Union Africaine, Déclaration sur l'emploi et la
pauvreté, Ouagadougou, 2004
III- SOURCES DE RECHERCHES COMPLEMENTAIRES
1- Interviews, sondages et collecte de données
- Madame Manon DUBOIS et Anne Sixtine, chargée de projet
de gouvernance et chargée de mission de développement rural
à l'Agence Française de Développement, interview
réalisé le 15 / 07 / 2021
2- Webographies
- Béatrice HERAUD, 5 ans des Objectifs de
développement durable (ODD) : quelles solutions pour
accélérer les financements, Finance durable,
novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/a-dix-ans-de-l-echeance-cinq-outils-pour-financer-les-objectifs-de-developpement-durable-149001.html
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- Chantal Marie NGO TONG,
« L'opérationnalisation de la stratégie de croissance
pro-pauvre au Cameroun » Revue Interventions économiques [en
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quantifier la pauvreté ? les indicateurs produits par les
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-
www.bsi-economics.org//efficacité_de_l'aide_publique_internationale
(consulté le 4/12/2021)
ANNEXE
Annexe I guide
d'entretien
À l'attention des personnels de l'afd
1) Quelles sont les particularités des
différents contrat D Cameroun ?
2) Quels sont les effets macroéconomiques et micro
économiques du D sur la réduction de la pauvreté au
Cameroun ?
3) Quels sont les contraintes et défis du D au Cameroun ?
4) Quelles suggestions faites-vous pour une meilleure
implémentation du D au Cameroun ?
5) le dispositif du D a t-il permis de renforcer le dialogue et
la coordination entre les différents acteurs de la coopération
française pendant et au-delà des programmes ?
6) comment c'est opéré la division du travail sur
le plan opérationnel et en matière de gouvernance du dispositif
?
7) quelle est la perception de l'AFD sur les couts de transaction
engendrés par le D ?
8) comment la pérennité des actions
financées avec le D est-elle envisagée ou alors comment
l'après D est-il préparé ?
A l'attention des personnels du Minepat
1) Quelles sont les particularités des
différents contrat D Cameroun ?
2) Quels sont les effets macroéconomiques et micro
économiques du D sur la réduction de la pauvreté au
Cameroun ?
3) Quels sont les contraintes et défis du D au Cameroun
?
4) Quelles suggestions faites-vous pour une meilleure
implémentation du D au Cameroun ?
5) Comment envisagez-vous l'avenir du D au Cameroun ?
6) le dispositif du D a t-il permis de renforcer le dialogue
et la coordination entre les différents acteurs de la coopération
française pendant et au-delà des programmes ?
7) comment c'est opéré la division du travail
sur le plan opérationnel et en matière de gouvernance du
dispositif ?
8) quelle est la perception de l'AFD sur les couts de
transaction engendrés par le D ?
9) comment la pérennité des actions
financées avec le D est-elle envisagée ou alors comment
l'après D est-il préparé ?
A l'attention du coordinateur du suivi indépendant du D
Yaoundé
1) Quelles sont les particularités des différents
contrat D Cameroun ?
2) Quels sont les effets macroéconomiques et micro
économiques du D sur la réduction de la pauvreté au
Cameroun ?
3) Quels sont les contraintes et défis du D au Cameroun ?
4) Quelles suggestions faites-vous pour une meilleure
implémentation du D au Cameroun ?
5) comment le D a-t-il été négocié et
quel est le rôle et la place accordées aux représentants de
la société civile ?
6) avez-vous été en mesure d'exprimer des avis
quant aux secteurs identifiés comme prioritaire ? avez-vous
accès aux instances de décision et à
l'information ?
7) comment la société civile est-elle
impliquée dans le suivi des programmes et projets financés par le
D ?
8) comment envisagez-vous l'après D ?
Annexe 2 attestations
d'entretien
Annexe 3Etat de
décaissements des différents C2D
Annexe 4 Quelques images
d'une visite dansle GIC « Jeunes femmes dynamique en agriculture de
Botmakak
Champ de Gombo
Ferme de 10 000 poulets
Élevage piscicole
Annexe 5 Quelques
illustrations des différents projets D
D Santé: exemplaire du chèque
santé
D éducation : Construction d'un bâtiments
de salle de classe dans une école publique de Garoua
Capitale régionale: une vue aérienne de
Bafoussam
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
i
AVERTISSEMENT
iii
DEDICACE
iv
REMERCIEMENTS
v
LISTES DES ABREVIATIONS, ACCRONYMES, ET SIGLES
vi
LISTES DES ILLUSTRATIONS
ix
LISTES DES TABLEAUX
ix
LISTES DES GRAPHIQUES
ix
LISTES DES FIGURES
ix
RESUME
x
ABSTRACT
xi
INTRODUCTION GENERALE
1
I. Construction de l'objet d'étude
2
A. Contexte et justification du sujet
2
B. Définition des concepts
5
1) Aide internationale et aide publique au développement
5
2) Pauvreté
6
3) Politiques publiques
8
C. Délimitation de l'objet d'étude
9
1) Délimitation spatiale
10
2) Délimitation temporelle
10
D. Intérêt de l'étude
11
E. Objectif de l'étude
12
1) Objectif principal
12
2) Objectifs secondaires
13
F. Revue de la littérature
13
G. Problématique
18
H. Hypothèses
19
II. Sur le cadre théorique et méthodologique
20
A. Le cadre théorique
20
1) Le néo-institutionnalisme
21
2) L'approche par le référentiel
21
B. Le cadre méthodologique
22
1) Techniques documentaires
23
2) Les interviews ou entretiens
23
3) Les méthodes d'analyse : l'analyse de contenu et
l'analyse cognitive
23
C. Annonce du plan
24
PREMIERE PARTIE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION PUBLIQUE ET
L'ARCHITECTURE DU CONTRAT DE DESENDETTEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DANS LA LUTTE
CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
26
PREMIER CHAPITRE : LES REFERENTIELS DE L'ACTION PUBLIQUE
DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
28
Section I : Les cadres de références
internationaux de l'action publique en matière de lutte contre la
pauvreté
28
Paragraphe I : Les Objectifs de Développement Durable
comme feuille de route mondiale de l'action publique pour tous les pays et pour
tous les secteurs
29
A. Considérations générales sur les
Objectifs de Développement Durable des Nations Unies
29
B. L'ODD 1 : l'élimination de la pauvreté sous
toutes ses formes comme feuille de route onusienne en matière de
lutte contre la pauvreté jusqu'en 2030
31
Paragraphe II : Le Cadre Stratégique de
Réduction de la Pauvreté comme feuille de route spécifique
à la lutte contre la pauvreté et la déclaration de l'Union
Africaine sur l'emploi et la pauvreté
34
A. Les cadres stratégiques de réduction de la
pauvreté comme instrument de planification de la lutte contre la
pauvreté dans chaque pays
35
B. Au niveau africain : La déclaration de l'Union
Africaine sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique
36
Section II : Les cadres de références
nationaux de lutte contre la pauvreté
37
Paragraphe I : L'instrument de départ sous
l'ère des Objectifs du Millénaire pour le
Développement : Le Document Stratégique pour la
Réduction de la Pauvreté
37
A. Les objectifs prévisionnels du DSRP camerounais en
matière de réduction de la pauvreté
37
B. Les faiblesses du DSRP camerounais
39
Paragraphe II : Les référentiels
subséquents au Document Stratégique pour la Réduction de
la Pauvreté au Cameroun
40
A. Du DSRP au DSCE
40
B. Du DSCE au SND30
41
DEUXIEME CHAPITRE : L'ARCHITECTURE DU D DANS LA LUTTE CONTRE
LA PAUVRETE AU CAMEROUN
43
Section I : La politique du D
43
Paragraphe I : Les objectifs et les principes
opérationnels du D
44
A. Les objectifs de la politique du D
44
B. Les principes opérationnels du D découlant de
ses expériences
46
Paragraphe II : Le mécanisme de remboursement et
financement à l'oeuvre dans le D
47
A. Les étapes du processus de remboursement et du
financement
47
B. Les modalités de financement admises dans le cadre du D
50
Section II : l'insertion du D dans le paysage institutionnel
camerounais
52
Paragraphe I : L'organisation et le fonctionnement du D au
Cameroun
52
A. Les Contrats D comme instruments cadres et pédagogiques
de la lutte contre la pauvreté au Cameroun
52
B. Les organes pilotes de la mise en oeuvre du D au Cameroun
55
Paragraphe II : Le bilan des deux premiers contrats D au
Cameroun
56
A. Le bilan global des D 1 et 2 en termes de réduction de
la pauvreté au Cameroun
56
B. Le bilan sectoriel des D 1 et 2
57
CONCLUSION PARTIELLE
59
DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LES FOYERS DE L'EXTREME
PAUVRETE AU CAMEROUN
60
TROISIEME CHAPITRE : LES EFFETS DU CONTRAT DE
DÉSENDETTEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SUR LA RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ AU CAMEROUN
62
Section I : l'approche conceptuelle de la
pauvreté : la pauvreté monétaire et la
pauvreté non-monétaire
62
Paragraphe I : L'approche monétaire
62
A. Approche théorique
62
B. Mesure de la pauvreté monétaire
63
C. Tendance des indicateurs de pauvreté monétaire
au Cameroun
66
Paragraphe II : L'approche non monétaire
70
A. Approche théorique
70
1) Approche des besoins de base
70
2) Approches par les capabilités
71
B. Mesure de la pauvreté non monétaire
73
C. Tendance des indicateurs de pauvreté non
monétaire au Cameroun
73
1) Au plan national
73
2) Au plan international
77
Section II : les implications opérationnelles du D
dans la réduction de la pauvreté au Cameroun
80
Paragraphe I : Les effets spécifiques du D dans la
réduction de la pauvreté.
81
A. L'accroissement des ressources des ménages et la
formation des jeunes
81
B. Amélioration des conditions de vie des populations
82
C. La construction des infrastructures
84
Paragraphe II : Les effets globaux du D dans le
développement au Cameroun
85
A. Les contributions du D dans la soutenabilité de la
dette publique du Cameroun
85
B. La réorientation de l'économie vers les
objectifs de développement durable
86
QUATRIEME CHAPITRE : LES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES LIEES A
L'IMPLEMENTATION DU D DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU CAMEROUN
89
Section I : les contraintes liées à
l'implémentation du D au Cameroun
89
Paragraphe I : les contraintes opérationnelles
89
A. Le non-respect des procédures connexes aux programmes
89
B. Le conflit de compétence entre les administrations
90
Paragraphe 2 : les contraintes structurelles
91
Section II : perspectives d'avenir pour une meilleure
implémentation du D et de l'aide au développement au Cameroun
92
Paragraphe I : Pérennisation des programmes du D
93
A. Intégration du dispositif du D pour le passage des
politiques de développement et de lutte contre la pauvreté
à des politiques de stratégies de croissance durable et inclusive
93
B. Maintien du dialogue stratégico-politique
94
Paragraphe II : Les externalités des actions du D
94
A. Amélioration de la gouvernance
94
B. Renforcement des liens de coopération entre la France
et les autres partenaires au développement
95
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
96
CONCLUSION GENERALE
98
BIBLIOGRAPHIE
101
ANNEXE
A
Annexe I guide d'entretien
B
Annexe 2 attestations d'entretien
D
Annexe 3 Etat de décaissements des différents D
G
Annexe 4 Quelques images d'une visite dans le GIC
« Jeunes femmes dynamique en agriculture de Botmakak
J
Annexe 5 Quelques illustrations des différents projets D
K
TABLE DES MATIERES
108
* 1Pierre Bourdieu,
Réponses, Seuil, Paris, 1992, p.207.
* 2Gaston Bachelard,
La Formation de l'Esprit scientifique, Paris, Librairie
philosophique J.VRIN, 1986, p.13.
* 3Hervé Barreau,
L'épistémologie, Paris, Presses Universitaires de France,
1990, p.7.
* 4Camille ABOLOU, La
communication de changement comportemental : théorisations,
modélisations et applications, Harmattan, 2020, p. 28
* 5Patrick CARON, Jean-Marc
CHATAIGNER, Un défi pour la planète, les Objectifs de
Développement Durable en Débat, éd Quae, 2017, p. 13
* 6 Béatrice HERAUD, 5
ans des Objectifs de développement durable (ODD) : quelles
solutions pour accélérer les financements, Finance durable,
novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/a-dix-ans-de-l-echeance-cinq-outils-pour-financer-les-objectifs-de-developpement-durable-149001.html
(consulté le 6 février 2021).
* 7Rapport sur le
développement humain, PNUD-Cameroun, 2019.
* 8Benjamin OMBE, Le
Cameroun en prospective : évaluation critique des Objectifs du
développement durable, L'Harmattan, 2020, p. 20
* 9 Ces indicateurs sont les
résultats de la quatrième et dernière enquête
camerounaise à ce jour, auprès des ménages (ECAM 4)
réalisée par l'INS et 2014 et publiée en 2016.
* 10Emile DURKHEIM, Le
suicide cité par François Xavier NSANA, « la zone
frontalière terrestre Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale :
l'appartenance communautaire à l'épreuve des identités
», Mémoire de Master en
Relations Internationales,
Université de Yaoundé II, IRIC, 2013, P.5.
* 11GORDON Mace, « Guide
d'élaboration d'un projet de recherche » in Gordon Mace, Bruxelles,
De Boeck
Wesmaels.a, 1991, p.20.
* 12Sébastien JOBERT,
« Aide internationale », in J-F. SAVARD (dir), Le
dictionnaire encyclopédique de l'administration publique, 2012,
www.dictionnaire.enap.ca
(consulté le 6 février 2021)
* 13Comité d'Aide au
Développement de l'OCDE
* 14Olivier CHARNOZ,
Jean-Michel SEVERINO, L'aide publique au
développement, La Découverte, 2010, p. 8
* 15Guillaume OLIVIER,
Saidou SIDIBE, L'aide publique au développement : un outil
à réinventer, ECLM, 2004, p.43
* 16 Arnaud BERTHOUD et al.,
Figures et énigme de la pauvreté, Presses Universitaires
du Septentrion, 2009, p.9
* 17Nicolas DUPROUX et al.,
La régulation des pauvres, Paris, PUF, 2008, cité par
Gilles Martin, « qu'est-ce que
la pauvreté ? », Idées
économiques et sociales, n° 168 vol 2, 2012, pp. 40-44
* 18 Stefan LOLLIVIER,
« La pauvreté : définitions et mesures », in
Regards croisés sur l'Economie, n°4 vol 2, 2008, pp.
21-29
* 19 Peter
TOWSEND,Poverty in the United Kingdom, Londres, Penguin Books, 1979,
p.32
* 20 Rapport sur le
développement humain, PNUD-Algérie, 2006, p.17
* 21Merlin FOTABONG, les
politiques publiques en matière de lutte contre la corruption dans les
pays en situation de post-conflit, Mémoire de Master en Relations
Internationales de l'IRIC, 2020, p. 8
* 22Pierre MULLER, les
politiques publiques, Paris, PUF, 10ème édition mise
à jour, p. 5.
* 23Madeleine GRAWITZ et Al,
Traité de science politique IV, Les politiques publiques,
Paris, PUF, 1985.
* 24 Thomas Robert DYE,
comprendre les politiques publiques, Pearson, 14ème
édition, 2013, 372p.
* 25Bruno Jobert, Pierre
Muller. L'Etat en action : Politique publiques et corporatismes. Presses
Universitaires de
France, 1987.
* 26Merlin FOTABONG
ibid., p.9
* 27 Jacques LAGROYE,
Sociologie politique, Presses des sciences politiques et Dalloz,
3ème Ed, Paris, 1997, 417p.
* 28Philippe ZITTOUN,
« la fabrique pragmatique des politiques publiques »,
Anthropologie & développement [En ligne], 45|2017, mis en ligne le
01 novembre 2017, consulté le 16 août 2019. Url :
journals.openedition.org
* 29Vincent Dubois, «
L'action publique », in : Cohen et Al, Nouveau manuel de science
politique, La Découverte,
2009, pp 311-325.
* 30Patrick Hassenteufel,
cité par Jacques Maillard et Daniel Kübler, Analyser les
politiques publiques, 2e Ed, PresseUniversitaire de Grenoble, 2015,
P.206.
* 31
Laurie
BOUSSAGUET,
Sophie
JACQUOT et
Pauline
RAVINET (dir),Dictionnaire des politiques publiques, Presses
de Science Po, 2014, 772p.
* 32 L'Oobjectif n° 1
des OMD consacre la lutte contre l'extrême pauvreté et l'Objectif
n° 1 des ODD la fin de la pauvreté
* 33Santiso JAVIER, «
Circulation des idées et relations internationales », in : Smouts
Marie-Claude (Éd.), Les Nouvelles relationsinternationales :
pratiques et théories, Paris Presses de Sciences Po, 1998pp. 227
* 34Max WEBER, Le savant et
le politique, Paris, Edition 10-18, 2006, p 87.
* 35 Jean Marc ELA, Guide
pédagogique de formation à la recherche pour le
développement en l'Afrique, Harmattan, Paris, 2001, 82 p.
* 36Laurence OLIVIER, Guy
BEDARD et Julie FERRON, L'élaboration d'une problématique de
recherche :
sources, outils et méthodes. Harmattan, Logique
sociale, 2005, p.28.
* 37 Jean Marc ELA, ibid., p.
23
* 38Pierre BOURDIEU, Propos
sur le champ politique, Presse Universitaire de Lyon, Lyon, 2000, p.
17.
* 39Olivier LAWRENCE et Al,
L'élaboration d'une problématique de recherche, paris,
Harmattan, 2005, p.69
* 40Op. cit, 128p.
* 41Op. cit.,
177p.
* 42Dambisa MOYO, L'aide
fatale : les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour
l'Afrique, J-C Lattès, 2009, 250p.
* 43Stéphane MADAULE,
L'aide publique au développement, L'Harmattan, 2008
* 44 François
BOURGUIGNON, Pauvreté et développement dans un monde
globalisé, Fayard, 2015, 80p.
* 45Francine MESTRUM,
Mondialisation et pauvreté : de l'utilité de la
pauvreté dans le nouvel ordre mondial, Harmattan, 2002, 300p.
* 46Christine VERSCHUUR,
Genre, mondialisation et pauvreté,L'Harmattan, 2002, 256p.
* 47Kathleen et Luc
CHRISTIAENSEN, Accélérer la réduction de la
pauvreté en Afrique, WBP, 2019, 308p.
* 48 Etienne ASSIGA,
Croissance économique et réduction de la pauvreté au
Cameroun, Harmattan, 2010, 181p.
* 49Benjamin OMBE, Le Cameroun en prospective :
évaluation critique des Objectifs du développement durable,
L'Harmattan, op. cit.,242p.
* 50 Peter BERGER et Thomas
LUCKMAN, The social construction of reality, London penguing press,
1967.
* 51 Michel Baud, L'art
de la thèse, Paris, la découverte, 1994, p.32.
* 52 Lawrence Olivier, Guy
BEDARD, Julie FERRON, L'élaboration d'une problématique de
recherche, paris, Harmattan, 2005, p.25.
* 53Madeleine GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, 11 e édition. Editions
Dalloz- 2001, p.398.
* 54Raymond QUIVY, Luc Van
CAMPENHOUDT, cité parCorinne MENGUE-MVOMO, « Analyse critique
de la politique publique camerounaise de protection de la fortune
publique », Mémoires de Master en Relations Internationales,
Université de Yaoundé II, IRIC, 2016, p. 17.
* 55Ibid.
* 56 Dario BATTISTELLA,
Théorie des relations internationales, Paris, Les presses de
Science Po, 5e Ed, 2015, 718p.
* 57 Bronislaw MALINOWSKI,
Une théorie scientifique de la culture, Points, Seuil, Paris,
1944, p.13
* 58Encore appelé
néo-institutionnalisme, cette théorie naquit aux Etats Unis en
1984, des travaux de James G. March et Johan P. Olsen dans leur article «
néo-institutionnalisme ».
* 59A titred'exemplevoir, Paul
DIMAGGIO & Walter POWELL, The new institutionalism in
organizational
analysis, Chicago, University of Chicago Press, 1991.
* 60Andrew Mc FARLAND,
cité par Stone Alec, Le «néo-institutionnalisme».
Défis conceptuels et
méthodologiques. In: Politix,
vol. 5, n°20, Quatrième trimestre 1992. pp. 156-168.
* 61Il existe en effet quatre
variantes à travers lesquelles se déploie le
néo-institutionnalisme : le choix rationnel, la variante
historique, sociologique et discursive.
* 62Pierre Muller, les
politiques publiques, op cit p.30
* 63Ibid.
* 64Gaston Bachelard, op
cit.p.14.
* 65 Roger PINTO et Madeleine
GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1967,
p.285.
* 66 Devine FIONA, «
Qualitative Methods », in David MARSH et Gerry STOKER, Theory
and Methods in Political Science, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2002,
2e éd., coll. « Political Analysis », p. 197.
* 67 Peter BURNHAM, Karin
GILLAND, Wyn GRANT et Zig LAYTON-HENRY, Research Methods in Politics,
Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2004, coll. « PoliticalAnalysis »,
pp. 165-166.
* 68 Alain BLANCHET, Rodolphe
GHIGLIONE, Jean MASSONAT et Alain TROGNON, Les techniques d'enquête
en sciences sociales, Paris, Dunod, 1987, pp. 84-85.
* 69 Roger PINTO et Madeleine
GRAWITZ, op cit., p. 591.
* 70Ou entretiens de groupes,
voir à ce sujet Colette BARIBEAU, « L'entretien de groupe :
considérations théoriques
et méthodologiques »,
Recherches Qualitatives, 2010, vol. 29, n° 1, p. 44.
* 71 Peter BURNHAM et al., op
cit., p. 236
* 72 MadeleineGRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Op Cit., p. 606
* 73Pierre MULLER, cité
par Arnauld CHINGWA NGANSO «La FAO et le transfert international des
politiques de sécurité alimentaire au Cameroun : le cas duProjet
d'Horticulture Urbaine et Péri-urbaine GCP/SFC/001/MUL »,
Mémoire de Master en Relations Internationales,
Université de Yaoundé II, IRIC, 2017, p. 27.
* 74Ibid., p. 28.
* 75 Michel CHAUVRIERE,
« Les référentiels, vague, vogue et
galères » in Vie Sociale, vol 2/ n°
2, 2006, pp. 21-32
* 76Francoise CROS, Claude
RAISKY, « Référentiel », Recherche et
formation, vol 64/2010, pp. 105-116
* 77 Michel CHAUVRIERE op
cit. p. 21
* 78Pierre MULLER,
« Référentiel », in Dictionnaire des
Politiques Publiques, Presse de Science Po, 2019, pp. 533 à 540
* 79 Patrick CARON, op
cit. p. 13
* 80L'indice de pauvreté
multidimensionnelle reconnait que la pauvreté prive les familles de la
capacité de vivre dignement, qu'il s'agisse d'éducation, de
sécurité, ou de santé.
* 81
www1.undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals/goal-1-no-poverty.html
(consulté le 1 juin 2021)
* 82Benjamin OMBE, Le
Cameroun en prospective : évaluation critique des Objectifs du
développement durable, L'Harmattan, op. cit.,p.19
* 83 Les sigles CLSP (cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté), DSRP (document
stratégique de réduction de la pauvreté), et SRP
(stratégie de réduction de la pauvreté) utilisés,
selon qu'il s'agit du processus d'ensemble ou du document lui-même le
formalisant, sont tous relatifs aux stratégies de réduction de la
pauvreté liées à l'initiative PPTE.
* 84 Tarik DAHOU,
« Les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté
en Afrique de l'Ouest », in Afrique contemporaine, vol
4/n°208, 2003, pp. 57-70
* 85A coté de la rigueur
budgétaire et du désengagement de l'Etat.
* 86
Imf.org/external/np/pdr/fre/poverty1.html (consulté le 11 juin 2021)
* 87Union Africaine,
Déclaration sur l'emploi et la pauvreté, Ouagadougou,
2004, 10p.
* 88 Gustave NIEBE,
« Nouveaux rapports entre acteurs, nouveaux modèles de
croissance. Réflexion sur des pistes novatrices de stratégies et
politiques de lutte contre la pauvreté et les
inégalités » in Afrique contemporaine vol 4
n°208, 2003, pp. 13-29
* 89 Samuel C. NANA SINKAM,
Le Cameroun dans la globalisation. Conditions et prémisses pour un
développement durable et équitable, CLE, Yaoundé,
1999, p. 73
* 90Peut-on lire en substance
dans le DSRP, p. 9
* 91 Chantal Marie NGO TONG,
« L'opérationnalisation de la stratégie de croissance
pro-pauvre au Cameroun » Revue Interventions économiques [en
ligne] 56/2016, consulté le 13 juin 2021, URL :
http://journals.openedition.org/interventionseconomiques/2962;
* 92 Gustave NIEBE, op.
cit., p. 22
* 93 François
BOURGUIGNON, « le triangle pauvreté - croissance -
inégalités » in Afrique Contemporaine, vol 3
n°211, pp. 29-56
* 94MINEPAT/PNUD, Rapport
national sur le développement humain 2008/2009 Cameroun : le
défi de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, p. 11
* 95 Le contrat D quant
à lui est signé par les représentants des deux
gouvernements, pour l'accord cadre précisant les procédures
financières, il est signé dans les pays hors ex-ZSP par
l'ambassadeur de France qui est aussi habiliter à signer le contrat
D.
* 96 BUCKLEY Ross P.
«Debt-for-Development Exchanges: An Innovative Response to the Global
Financial Crisis», Univesity of New South Wales (UNSW) Law
Journal, Vol. 32, No. 2. 2009.
* 97 Cf. document
intitulé « Principes, modalités de préparation et de
mise en oeuvre des D », corédigé par la DGCID et la DGT, et
signé conjointement par leurs directeurs respectifs, à savoir
Anne-Marie Descotes et Bruno Bézard.
* 98Ex post, Revue de la
politique du contrat de désendettement et de développement, 2017,
p. 16
* 99Ibid., p.9
* 100Il correspond à
l'admission d'un pays à l'initiative PPTE mais pouvant être
révoqué à tout moment, contrairement au point
d'achèvement qui correspond à une situation
d'irrévocabilité de l'accord d'admission à cette
initiative. Cet accord est effectué par les institutions de Bretton
Wood.
* 101 Exemple au
Mozambique, avec la mobilisation d'ABG de manière continue au cours des
trois premiers D exécutés de 2001 à fin 2014
(successivement 7,5 millions EUR sur le premier D, puis 10 millions EUR sur le
deuxième et le troisième D) et la reconduction d'un concours ABG
de 10 millions EUR sur le quatrième et dernier D. Ces concours
s'appuient sur un mécanisme de concertation entre bailleurs apporteurs
d'aide budgétaire au Mozambique et sont affectés globalement
à sa stratégie nationale de croissance et de réduction de
la pauvreté (PARPA). Le cas du Mozambique a servi d'exemple et a
largement permis d'inspirer et d'encourager l'engagement de la France dans le
processus MDBS (mécanisme d'appui budgétaire multi-bailleurs) au
Ghana qui s'en est suivi peu après.
* 102'
www.c2d-cameroun.cm/index.php/fr/c2d-cameroun/qu'est-ce-que-le-c2d
(consulté le 14 juin 2021)
* 103 Perceptions et
représentations de la coopération française par les
acteurs et décideurs au Cameroun, Fondation
Paul AngoEla, 2008,
* 104Rapport final 2016 de la
politique du Contrat de désendettement et de développement, p.
32
* 105 Contrat D-Cameroun
2016-2026,
www.cm.amabafrance.org/comprendre-le-D-le-principe-les-realisations-les-nouveaux-projets
(consulté le 14 juin 2021).
* 106Un D est dit hors norme
à cause des montants considérables en jeu et de la
diversité des opérations, des points d'affectation et secteurs
d'interventions.
* 107 Voir entre autres
l'analyse de viabilité de la dette (AVD) du Cameroun,
développée dans le Rapport du FMI no14/212 de juillet 2014.
* 108
www.cameroon-tribune.cm/article.html/36650/fr.html/bafoussam-les-retombees-projets-c2d
(consulté le 15 juin 2021).
* 109
https://afrique-centrale.cirad.fr/recherche-en-partenariat/contrat-de-desendettement-et-de-developpement-c2d
(consulté le 16 juin 2021).
* 110Ambassade de France,
note d'information, 2017, disponible sur le site de l'ambassade de France au
Cameroun.
* 111 J-L DUBOIS <<la
pauvreté : une approche socio-économique>>,
Paris, Revue Transversalités,2009. P 35-37
* 112Ringen, S. (1988).
«Direct and indirect measures of poverty», Journal of
Social
Policy, 17, p. 351-66.
* 113Alessio FUSCO,
2005 :21
* 114Selon Lachaud [2001 :1],
« L'approche de l'utilité stipule qu'il existe des fondements
théoriques suffisants pour considérer que les dépenses des
ménages sont une bonne approximation du bien-être pour l'analyse
de la pauvreté, l'utilité n'étant jamais observable
directement ».
* 115 J-L DUBOIS<<la
pauvreté : une approche socio-économique>>,Paris,
Revue Transversalités,2009.p 35-37
* 116 D'après l'Insee
www.insee.fr/pauvreté-monétaire/seuil-de-rentabilité
(consulté le 05/11/2021 à 13h16)
* 117 Confère INS
* 118Les indices F.G.T
permettent de décomposer la pauvreté monétaire en
incidence (proportion), intensité (profondeur) et
inégalité (sévérité) de la pauvreté
voir Foster, Greer et Thorbecke, », Econometrica, tome 3 n°52, 1984,
pp 761-766
* 119P(á=0)
désigne la proportion des individus en dessous du seuil de
pauvreté.
* 120P(á=1)
désigne intensité de la pauvreté que les pauvres
subissent.
* 121P(á=2)
désigne le niveau de privation dont les ménages pauvres
subissent. Il désigne l'écart moyen pour chaque attribut et
facteurs de l'indice micro-multidimensionnel par rapport aux seuils retenus.
* 122 Enquêtes
Camerounaises Auprès des Ménages on en compte plusieurs à
savoir : ECAM 1 (DSCN, 1996) l'enquête porte 1731 ménages,
9.978 individus, et elle a été réalisée en 1996. La
seconde enquête ECAM 2 présente des données
collectées entre septembre et décembre 2001 et porte sur 11.553
ménages (DSCN, 2001). La troisième enquête ECAM 3, a
été réalisée en 2007 et porte sur 12000
ménages. En enfin, la quatrième enquête auprès des
ménages ECAM 4 est une enquête réalisée en (2014).
L'échantillon de cette enquête comprend environ 12 847
ménages répartis dans 1024 grappes, encore appelées zones
d'enquête, dans les 12 régions d'enquête qui couvrent le
territoire national,
* 123 ECAM 4 :
pauvreté et évolution du pouvoir d'achat des ménages, INS,
2014
* 124ECAM 4 : INS,
pauvreté et évolution du pouvoir d'achat des ménages,
2014
* 125ECAM 4 : INS,
pauvreté et évolution du pouvoir d'achat des ménages,
2014
* 126 L'ensemble de ces
statistiques sont issues de ECAM 4
* 127Fusco, A. La
Contribution des Analyses Multidimensionnelles à la
Compréhension
et à la Mesure du Concept de Pauvreté :
Application Empirique au
Panel Communautaire des Ménages, thèse en
français pour l'obtention du Doctorat
en Sciences Economiques, Nice : Université de Nice- Sophia
Antipolis, 2005
* 128 Travaux portant sur la
distinction entre les biens de consommation essentiels, nécessaires
à la survie et les biens de consommation non essentiels
* 129 Abadie
NhûLê. Bureau International du Travail, « l'emploi,
la croissance et les biens essentiels » In : Tiers-Monde,
Tome 18, N°70, Paris, 1977, PP 445-446.
* 130 Cette définition
est issue du conseil des ministres de l'Union Européenne du 19
Décembre 1984
* 131
* 132J-L DUBOIS « la
pauvreté : une approche socio-économique » Paris, Revue
Transversalités,2009. p 35-37
* 133 Benoît MARTIN,
« quelles mesures pour quantifier la pauvreté ? les
indicateurs produits par les organisations internationales »,
CERISCOPE pauvreté, 2012,
www.ceriscope.sciences-po.fr/pauvreté/content/part1/quelles-mesure-pour-quantifier-la-pauvreté,
consulté le 11/11/21
* 134 www.banquemondial.org
* 135 Le Bureau du Rapport sur
le Développement Humain est un organe du PNUD qui a la charge de publier
le Rapport sur le Développement Humain chaque année.
* 136Le taux de
mortalité maternelle est exprimé en nombre de décès
sur 100,000 naissances vivantes et le taux de fécondité chez les
adolescentes en nombre de naissances pour 1,000 femmes âgées de 15
à 19 ans.
* 137
www.c2dcameroun.cm//cheque_santé
(consulté le 8/12/2021 à 21H20)
* 138 Marc RAFFINOT, Marin
FERRY, « La soutenabilité de la dette », in La Dette
des Pays en Développement, 2019, pp. 33-56
* 139Vanessa JACQUELAIN,
« Endettement soutenable et développement durable »
in Techniques Financières et Développement vol I n°
110, 2013, pp. 34-44
* 140 Hubert de MILLY,
« Aide internationale et ODD, une aide efficace ? »,
in Afrique Conteporaire, 2016 VOL 2 n° 258, pp.148-151
* 141Ibid. p.148
* 142
www.bsi-economics.org//efficacité_de_l'aide_publique_internationale
consulté le 4/12/2021