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Accompagner le cheval atteint du syndrome de narcolepsie-cataplexie


par Lisa LUCARELLI
Formation Equi'One + - Massothérapeute équin 2022
  

sommaire suivant

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Massothérapie équine

Formation Equi'one + - Année 2022

Accompagner le cheval

atteint du syndrome

de narcolepsie-cataplexie

1

par

Lisa Lucarelli

2

3

REMERCIEMENTS

A Sandrine Pabst,

pour ses connaissances, son savoir-faire, mais plus encore sa confiance en nous et pour la qualité des enseignements fournis tout au long de cette formation.

A tous les intervenants lors de cette formation,

pour avoir apporter leurs connaissances complémentaires et notions dans leurs domaines d'expertise respectives.

A mes camarades,

pour la bonne ambiance générale.

Aux chevaux et propriétaires,

pour leur confiance et leur patience.

A mes proches,

pour leur soutien et leur foi en ma réussite, avec une mention spéciale pour mon père qui m'a accompagnée à chaque session de formation.

4

TABLE DES MATIÈRES

Table des figures 9

Liste des abréviations 10

Introduction 12

PREMIÈRE PARTIE : ORIGINE DU SYNDROME DE NARCOLEPSIE-

CATAPLEXIE 13

I. Système éveil-sommeil du cheval 14

A) Historique du sommeil 14

B) Les différents états de vigilance 14

1) L'éveil 14

2) La somnolence 14

3) Le sommeil lent 15

4) Le sommeil paradoxal 16

C) Caractéristiques biologiques des états de vigilance 17

1) L'éveil 17

2) La somnolence 17

3) Le sommeil lentement 17

4) Le sommeil paradoxal 18

II. Le système nerveux central fonctionnel 18

A) Neurochimie des états de vigilance 18

1) Organisation globale du cerveau 19

2) Neurones adrénergiques et noradrénergiques 20

3) Neurones cholinergiques 20

4) Neurones sérotoninergiques 21

5) Neurones histaminergiques 21

6)

5

Neurones GABA-ergiques 22

7) Neurones glutamatergiques 22

8) Neurones glycinergiques 22

9) Neurones hypocrétinergiques et à MCH 22

B) Le maintien de l'éveil 23

C) Apparition et maintien du sommeil lent 24

D) Apparition et maintien du sommeil paradoxal 24

E) La transition entre sommeil paradoxal et éveil 25

F) La régulation du cycle veille-sommeil 25

1) La régulation homéostatique 26

a) État physiologique 26

a.1) Le statut énergétique 26

a.2) La fatigue 26

a.3) Le stress 27

a.4) Les émotions 27

b) La dopamine 27

c) Les facteurs hypnogènes 28

c.1) Adénosine 28

c.2) Autres facteurs hypnogènes 28

2) La régulation circadienne 29

a) Les conditions environnementales 29

b) Les rythmes biologiques 29

c) Les noyaux supra-chiasmatiques 30

3) L'hypothalamus, intégrateur des différents systèmes de régulation 30

4) Neurones à hypocrétine et régulation des états de vigilance 30

III. Dysfonctionnement neuronal 31

A) Historique et définitions 31

1) Historique 31

2) Définitions 32

B) Traduction clinique pour le cheval 33

1) Les symptômes 33

2) Les formes familiales 33

3) Les formes acquises 34

C) Pathogénie du syndrome de narcolepsie-cataplexie 35

1) Les premières pistes 35

2) Le rôle de l'hypocrétine 36

a) Généralités 36

b) Le rôle de l'hypocrétine dans la narcolepsie 36

c) Le rôle de l'hypocrétine dans la cataplexie 37

3) Bases génétiques de la narcolepsie-cataplexie 38

a) Chez l'homme 38

b) Chez le chien 38

c) Chez le cheval 38

4) Étiologie du dysfonctionnement du système hypocrétinergique : une hypothèse

pour les maladies auto-immunes 39

DEUXIÈME PARTIE : LE RÔLE DU MASSOTHÉRAPEUTE 40

I. Problèmes physiques dus au syndrome de narcolepsie-cataplexie 41

A) Problèmes physiques 41

B) Lésions fréquentes 41

II. Techniques thérapeutique 42

A) Le massage 42

B) Le stretching 43

C) L'algothérapie 44

D) Le K-Taping 45

E) La fasciathérapie 45

III. Autres accompagnements 46

A) Professionnels du milieu équin 46

B) Les outils 47

TROISIÈME PARTIE : DIAGNOSTIC ET TRAITEMENTS 48

6

I. Difficultés de diagnostic 49

A) Un diagnostic d'exclusion 49

B) Diagnostic différentiel 49

1) Narcolepsie sans cataplexie 49

2) Narcolepsie avec cataplexie 50

C) Examens complémentaires 51

D) Diagnostic pharmaceutique 51

II. Traitements médicaux 52

A) Lutte contre les attaques de narcolepsie et cataplexie 52

B) Pronostic 53

C) Les options de traitement 53

III. Cas cliniques 55

1) Hongre Quarter Horse de douze ans 55

2)Hongre Quarter Horse de huit ans 55

Conclusion 57

7

Références 58

8

9

TABLES DES FIGURES

Figure 1 : Cheval en état de somnolence

Figure 2 : Cheval en décubitus sternal

Figure 3 : Cheval en décubitus transversal

Figue 4 : Principales structures impliquées dans le cycle vielle-sommeil

Figure 5 : Mécanisme de stabilisation de la veille et du sommeil par les neurones à hypocrétine

10

LISTE DES ABRÉVIATIONS

5HT: sérotonine

A: adrénaline

A/C: région contenant des neurones adrénergiques et noradrénergiques

Ach : acétylcholine

ACP: acépromazine

ACVIM : American College of Veterinary Internal Medicine

ADA: adénosine

ATP : adénosine tri-phosphate

BMH : barrière hémato-méningée

bpm : battements par minute

cm : centimètre(s)

CRH : hormone de libération de la corticotropine

dDpMe: noyau réticulé profond mésencéphalique dorsal

DLA : Dog Leukocyt Antigen, antigène leucocytaire canin

DMPAG : partie dorsomédiane de la substance grise périaqueducale

Dop : dopamine

DPGi : noyau réticulé dorsal paragigantocellulaire

DRN : noyau dorsal du raphé

ECG : électrocardiogramme

EEG : électroencéphalogramme

EMG: électromyogramme

EOG : électro-oculogramme

FC : fréquence cardiaque

FR : fréquence respiratoire

GABA : ã-aminobutyric acid

GH : hormone de croissance

GiA : noyau gigantocellulaire alpha

GiV : noyau réticulé ventral gigantocellulaire

Gly : glycine

Glut : glutamate

HCRT : hypocrétine

His : histamine

HLA : Human Leukocyt Antigen, antigène leucocytaire humain

HT: hypothalamus

kg : kilogramme(s)

LC : locus coeruleus

LCR : liquide céphalorachidien

LDT : noyau tegmental latéro-dorsal

LH : hypothalamus latéral

LPGi : noyau latéral paragigantocellulaire

m : mètre(s)

11

MCH : hormone de mélanoconcentration

mL : millilitre

MOR: mouvement oculaire rapide

mpm : mouvements par minutes

ms : milliseconde

NO : oxyde d'azote

NorA : noradrénaline

NPY : neuropeptide Y

NSC : noyaux supra-chiasmatiques

PA : pression artérielle

PPT : noyau pédunculopontin

REM : rapide eye movement

SL: sommeil lent

SLD : noyau sublatérodorsal

SNC : système nerveux central

SP: sommeil paradoxal

SWS : slow wave sleep

T: température

TB : télencéphale basal

TMN: noyau tubéro-mamillaire

TNFá : Tumor Necrosis Facteur (facteur nécrosant tumoral)

VLPAG : partie ventrolatérale de la substance grise périaqueducale

VLPO : noyau ventrolatéral pré-optique

VU: valeurs usuelles

á : alpha

12

INTRODUCTION

Sur les réseaux sociaux, j'ai fait la découverte d'une vidéo montrant un cheval qui fait une crise qui pourrait s'apparenter à de la narcolepsie-cataplexie. Je ne connaissais pas l'existence de ce syndrome chez les chevaux. Cela m'a donné envie de savoir comment accompagner au mieux un cheval avec le syndrome de narcolepsie-cataplexie en tant que massothérapeute équin.

J'ai tout d'abord cherché à comprendre ce qu'il se passe à l'intérieur du cerveau pour mieux comprendre la maladie, ses symptômes et les équidés victimes de cela afin de trouver les meilleurs méthodes et outils qui seront le plus utiles et bénéfiques pour les propriétaires et les équidés eux-mêmes.

13

PREMIÈRE PARTIE :

ORIGINE DU SYNDROME

DE NARCOLEPSIE-CATAPLEXIE

14

I. Système éveil-sommeil du cheval

A) Historique du sommeil

Le sommeil est un état qui s'est développé et complexifié tout au long de l'Evolution, il est présent chez la majorité des espèces vivantes recensées, bien qu'il ne s'agisse pas du sommeil tel que nous le connaissons et l'envisageons chez les humains (CLEMENT 2011). Des études récentes proposent l'hypothèse que le sommeil possède une fonction de restauration. Il a un rôle de repos cérébral vis-à-vis des stimulations sensorielles et un rôle d'entretien des circuits neuronaux (KAVANAU 1997). C'est chez les vertébrés supérieurs (VALATX 1998) que ce sommeil est plus profond et adapté au développement cérébral, divisé en deux états distincts (BENOIT and FOREST 1995 ; NICOLAU et al. 2000). Durant le sommeil lent, le tonus musculaire est réduit, et durant le sommeil paradoxal, le tonus quant-à-lui est totalement inhibé, en dehors des mouvements oculaires (CLEMENT 2011). Les fonctions propres de ce dernier sont encore à ce jour non complètement élucidées, mais il apparaît indispensable à certains aspects développementaux comme la neurogenèse, la maturation cérébrale ou encore l'apprentissage (KAVANAU 1997). Il reste certains inconvénients au sommeil à commencer par la vulnérabilité dans laquelle il laisse les animaux qui dorment (KAVANAU 1997) mais il est important de rappeler que la privation sélective de sommeil paradoxal est létale au bout de deux à trois semaines (CLEMENT 2011).

B) Les différents états de vigilance du cheval

1) L'éveil

Au total, le cheval n'a besoin que de 4 à 6 h de sommeil englobant la somnolence, le sommeil lent et le sommeil paradoxal (BERTONE 2007), c'est pourquoi l'état de vigilance le plus fréquent chez le cheval est l'éveil (BERTONE 2016). En tant qu'herbivore non ruminant, le cheval passe la plupart de son temps à brouter pour obtenir ses apports énergétiques : il passe 60 % de son budget-temps à pâturer, en conditions naturelles (VIDAMENT 2016). Le cheval est par nature assez craintif, toujours prêt à fuir (WILLIAMS et al. 2008). Le cheval se tient debout, reste en alerte et réactif aux stimuli environnementaux.

2) La somnolence

Il est habituel d'observer, au pré ou à l'écurie, des chevaux qui somnolent, port de tête légèrement bas, yeux-mis clos, la lèvre inférieure relâchée, avec un postérieur fléchi tout en étant statique (VIDAMENT 2016) (voir figure 1). On dit que le cheval «dort» debout (TOBLER 1995). Tout cela est possible grâce à leur anatomie spécifique de l'articulation de leurs membres inférieurs : les fibro-cartilages parapatellaires très développés, notamment médialement, permettant de bloquer la rotule sur un relief du fémur, donc l'angle articulaire physiologique est maintenu et permet ainsi au cheval d'avoir les muscles relâchés et de ne pas tomber. Ce qui autorise aussi une économie de gestion cérébelleuse de l'équilibre. Cet état de vigilance lui permet de se reposer tout en restant prompt à prendre la fuite. Le cheval passe en moyenne deux heures réparties dans sa journée dans cet état de somnolence (REED, BAYLY, and SELLON 2010).

 

Figure 2 : Cheval dormant en décubitus sternal.
Crédit photo : Aurélie Huilio.

15

Figure 1 : Cheval en état de somnolence. Le cheval au premier plan "dort debout", il présente les caractéristiques précédemment décrites. Crédit photo : BLW.

3) Le sommeil lent

Le sommeil lent (SL), ou aussi appelé sommeil à ondes lentes désigné sous le terme SWS, diminutif de Slow Wave Sleep en anglais, peut avoir lieu seulement si le cheval se sent en sécurité dans son environnement. La position adoptée est le décubitus sternal (VIDAMENT 2016) couché en «vache» (voir figure 2), le rend en effet vulnérable aux éventuelles attaques de prédateurs, il est important que les chevaux au box comme au pré ne soient pas isolés et d'éviter les nuisances sonores et lumineuses. Le port de la tête est bas voire appuyé sur un objet, les oreilles relâchées et les yeux sont fermés (VIDAMENT 2016). Quand il reste debout, il modifie sa charge sur les pattes arrière. En moyenne le cheval passe un total de trois heures par jour (BERTONE 2016) en sommeil lent, fractionné tout au long de la journée. Ce sommeil n'est pas limité qu'aux heures nocturnes et il est qualifié de polyphasique (ALEMAN 2015). Il est possible que le cheval se prive plusieurs jours de sommeil si les conditions de confort ou de sécurité (PEDERSEN, SONDERGAARD, and LADEWIG 2004) ne sont pas respectées (BERTONE 2016), comme d'autres animaux de troupeau. Les chevaux restent attentifs à leur environnement et peuvent se réveiller au moindre bruit.

16

4) Le sommeil paradoxal

Le sommeil paradoxal (SP) tient son nom du paradoxe entre un relâchement musculaire profond et un cerveau actif (CLEMENT 2011). Il est qualifié de «sommeil actif» (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008) et aussi appelé par les anglophones, sommeil REM (Rapid Eyes Movements). Le cheval passe moins d'une heure par jour en sommeil paradoxal (BERTONE 2016) et par périodes de 30 minutes maximum (VIDAMENT 2016). Le sommeil paradoxal chez le cheval occupe un total d'environ 15 % du temps global de sommeil (ALEMAN 2015). Le plus souvent le cheval est en décubitus latéral (VIDAMENT 2016) (voir figure 3). Dans cette position, les muscles du cou et de la nuque sont complètements détendus, ce qui fait que cette phase est particulièrement importante pour la récupération musculaire. Il arrive aussi qu'il soit en décubitus sternal avec le poids de la tête supporté par le sol ou un objet (ALEMAN 2015). Dans ces deux cas, les yeux sont fermés (KAVANAU 1997). D'après certains auteurs, le sommeil paradoxal serait possible en station debout. Dans ce cas, la durée des épisodes de sommeil sont très courtes en raison de l'atonie musculaire, entraînant le début d'une chute qui causerait le réveil du cheval (CLEMENT 2011). Hormis des épisodes de mouvements rapides des yeux (Rapid Eyes Movement d'où l'appellation REM-Sleep chez les anglophones), de tremblements aux extrémités des membres, des naseaux ou encore des frissons (ALEMAN 2015) observables pendant de supposés rêves, cet état se caractérise par une absence de tonus musculaire ou atonie musculaire (SCHULZ and SALZARULO 2012). Bien sûr, les appareils respiratoires et cardiovasculaires ne sont pas impactés par cette atonie. En temps normal, le sommeil paradoxal a toujours lieu après le sommeil lent et par la suite un réveil, qui peut ne durer que quelques secondes avant un nouvel endormissement (DEFLANDRE et al. 2002). Il a été observé que les chevaux ont une capacité rapide à entrer en sommeil paradoxal, cela minimise le temps en position vulnérable (CLEMENT 2011). Il reste intéressant de constater que les totaux de sommeil nécessaires pour le cheval correspondent aux minima convenables chez les humains, particulièrement en situation difficiles.

Figure 3 : Cheval dormant en décubitus latéral. Crédit photo : Le temple du sommeil.

17

C) Caractéristiques biologiques des états de vigilance

On va étudier quelques caractéristiques biologiques selon les différents états de vigilances : les mouvements oculaires, le tonus musculaire et d'autres paramètres comme les fréquences cardiaque et respiratoire seront tous observés et interprétés par l'électro-encéphalogramme (EEG), l'électro-oculogramme (EOG), l'électromyogramme (EMG), l'électrocardiogramme (ECG), pour comprendre les spécificités de chaque état.

1) L'éveil

Lors de l'éveil, les mouvements oculaires sont bien présents. Le cheval est attentif et réactif à son environnement, il a le contrôle conscient de ce qu'il veut observer et de ses mouvements oculaires (ALEMAN 2015). Le tonus musculaire est bien présent et le cheval a bien le contrôle conscient de ses différents muscles (ALEMAN 2015). Il est en pleine possession de ses moyens dont ses moyens locomoteurs quand il est éveillé. On parle aussi d'autres paramètres biologiques qui présentent eux aussi un intérêt de l'étude des cas de vigilance, les fréquences cardiaque (FC), les fréquences respiratoire (FR), la pression artérielle (PA) et la température (T) (CLEMENT 2011). Pendant l'éveil, elles sont comprises dans les valeurs habituelles de l'espèce (LE POINT VETERINAIRE 2016) :

-FC= 26-50 battements par minute (bpm) au repos et 220 bpm maximum pendant l'effort puis 60-110 bpm après l'effort, retour à la valeur au repos (+10%) en moins de 10 minutes dans un environnement calme.

-FR= <24 mouvements par minute (mpm), l'augmentation est variable pendant l'exercice en fonction de l'intensité du travail, retour à la valeur de repos (+10%) en moins de 10 min.

-PA= 100 mmHg

-T= 36,8 à 38,3°C

2) La somnolence

Lors de la somnolence, les mouvements oculaires sont toujours sous son contrôle conscient, ils sont lents et occasionnels (ALEMAN 2015). Quand le cheval somnole, ses yeux sont mi-clos voire fermés. Pendant l'état de somnolence, le tonus musculaire est toujours bien présent, dans cet état de vigilance, il est plus que nécessaire à la station debout (LE POINT VETERINAIRE 2016). Les fonctions végétatives ralentissent (VALATX 1998). Les fréquences cardiaques et respiratoires sont dans les normes basses des valeurs usuelles au repos (WILLIAMS et al. 2008).

3) Le sommeil lent

On se sert d'un électro-oculogramme pour évaluer les mouvements oculaires du cheval. Dans la phase de sommeil lent, les mouvements sont théoriquement possibles mais surviennent en pratique peu fréquemment (MURPHY 2010). Donc les mouvements oculaires sont quasiment absents. Sur un EMG il est visible avec la diminution d'amplitude des ondes correspondantes que le tonus musculaire persiste mais est diminué (VALATX 1998). Les 4 paramètres étudié diminue, lorsque le cheval dort (SCHULZ and SALZARULO 2012 ; MURUBE 2008). Il faut souligner la possible et non rare apparition d'un bloc atrio-ventriculaire de second degré (altération de la conduction entre les oreillettes et les ventricules) uniquement pendant ce stade de vigilance (WILLIAMS et al. 2008 ; ALEMAN 2015).

18

4) Le sommeil paradoxal

L'EOG est le plus intéressant et caractéristique en sommeil paradoxal. Il faut rappeler qu'en anglais son appellation est «REM Sleep» qui signifie «sommeil avec mouvements oculaires rapides». Cette caractéristique a initialement permis de différencier les différents stades de sommeil au cours des recherches scientifiques (WILLIAMS et al. 2008), mais son origine et sa fonction restent à ce jour non interprétés (MURUBE 2008). Une caractéristique fondamentale du sommeil paradoxal est l'atonie musculaire (MURPHY 2010). L'EMG est plat donc tonus musculaire absent (VALATX 1998 ; McCARLEY and SINTON 2008). On parle de tonus musculaire «phasique» (REED, BALLY, and SELLON 2010). Seules des contractions involontaires et isolées de faisceaux musculaires de la face, ainsi que des tremblements des membres sont régulièrement observables (ALEMAN 2015) et notamment pendant les épisodes de rêves (SCHULZ and SALZARULO 2012). Cette atonie ne touche pas les muscles cardiaques, respiratoires et oculomoteurs (WILLIAMS et al. 2008). Les fréquences cardiaques et respiratoires ont une valeur de base semblable à celle du SL en SP (WILLIAMS et al. 2008) avec des épisodes où elles deviennent plus rapides et irrégulières (VALATX 1998 ; MURUBE 2008 ; SCHULZ and SALZARULO 2012). En état de vigilance, la thermorégulation du cheval est mal gérée, il est beaucoup plus dépendant de la température extérieure (MURUBE 2008). Les quantifications de la circulation sanguine cérébrale sont compliquées à établir de façon précise et certaine mais, elles seraient plus importantes qu'en SL. La pression artérielle peut présenter des pics d'augmentation de valeur. Le cheval peut avoir des réveils prématurés en raison d'une meilleure réceptivité aux stimuli externes (SCHULZ and SALZARULO 2012).

En rassemblant toutes ces données, on sait que chaque état de vigilance a des caractéristiques physiologiques qui lui sont propres. Les facteurs les plus importants sont l'activité cérébrale, le tonus musculaire et les mouvements oculaires, tous mesurés par EEG, EMG ou EOG. Il faut retenir que :

-L'activité cérébrale est comparable en éveil et en SP.

-L'atonie musculaire en sommeil paradoxal, hormis des MOR.

-L'EEG du SL présentes des rythmes corticaux synchronisés, des ondes lentes et des fuseaux (pas détaillé plus haut).

II. Le système nerveux central fonctionnel A) Neurochimie des états de vigilance

Le cerveau est un organe complexe, difficile à appréhender. Il régit de très nombreuses fonctions et a de nombreuses divisions, aires, noyaux qui peuvent être difficiles à imager (KIMBERLIN, ZUR LINDEN, and RUOFF 2017 ; RODRIGO-ANGULO et al. 2008). Cette partie de texte a pour rôle d'expliquer au mieux les mécanismes neurologiques et neurochimiques dirigeant les différents états de vigilance, de manière rapide et simplifié au maximum.

Le terme d'éveil ou de veille inclus l'éveil actif et la somnolence précédemment expliqués. En effet, la somnolence est un état d'éveil calme. Dans des conditions physiologiques habituelles, une

19

personne ne s'endort pas lorsqu'elle est active, elle éprouve d'abord un état de repos et de somnolence. Seul le terme d'éveil sera donc utilisé.

Il convient également de noter que la plupart des études ont été faites sur des rongeurs et des félins. Le consensus est que ces données sont largement applicables à d'autres espèces de mammifères (CLEMENT 2011 ; TOBLER 1995). Par conséquent, on peut émettre l'hypothèse que le mécanisme cérébral du sommeil chez le cheval est cohérent avec les modèles établis par les études des espèces mentionnées ci-dessus. Cependant, les données présentées ici peuvent être modifiées (au moins légèrement) à l'avenir si d'autres études sont réalisées sur les équidés. De plus, les données sur l'éveil et le sommeil pourraient être révisées par de futures découvertes.

1) Organisation cérébrale globale

La formation réticulée est un ensemble diffus de neurones, ni moteurs ni sensitifs, très intégrés au système nerveux central (SNC). Elle s'étend de la substance grise périaqueducale jusqu'au bulbe rachidien (BARRAUD 2003 ; BONTEMPS 2013 ; PRADES, LAURENT, and NAVEZ 1999).

La formation réticulée contient la substance grise périaqueducale ventrolatérale et dorsomédiane (respectivement VLPAG et DMPAG), le locus coeruleus (LC), le noyau dorsal du raphé (DRN), les noyaux tegmentaux latérodorsal et pédiculopontin (LDT et PPT), le noyau réticulé dorsal paragigantocellulaire (DPGi), le noyau latéral paragigantocellulaire (LPGi), le noyau réticulé profond mésencéphalique dorsal (dDpMe), les neurones adrénergiques et noradrénergiques dans le bulbe rachidien (A/C), les noyaux gigantocellulaires ventral et alpha (GiV et GiA). Ainsi, la formation réticulée contient de nombreuses structures impliquées dans le cycle veille-sommeil et a été décrit de système réticulé ascendant activateur (BARRAUD 2003 ; BONTEMPS 2013 ; PRADES, LAURENT, and NAVEZ 1999). L'hypothalamus latéral (LH), le noyau tubéro-mamillaire (TMN) et le noyau ventrolatéral pré-optique (VLPO) appartiennent à l'hypothalamus (HT) (CLEMENT 2011), centre intégrateur des informations viscérales et fonctionnelles en lien avec son rôle hiérarchique de plus haut niveau d'intégration et de modulation du système nerveux autonome (BONTEMPS 2013).

20

Figure 4 : Principales structures impliquées dans le cycle veille-sommeil. Modifié d'après CLEMENT (2011).

2) Les neurones adrénergiques et noradrénergiques

Adrénaline et noradrénaline sont deux neurotransmetteurs appartenant à la famille des catécholamines. Concernant le cycle veille-sommeil, les neurones noradrénergiques sont essentiellement présents dans le LC (BARRAUD 2003), et donc dans un groupe de neurones qui ne forment pas de noyaux à proprement parler dans le tronc cérébral, appelés région contenant des neurones adrénergiques et noradrénergiques (A/C), au niveau du bulbe rachidien. A ce titre, il est placé au centre des circuits de veille et de sommeil, ce qui en fait un élément important de régulation des états de vigilance (CLEMENT 2011). Les neurones noradrénergiques - ainsi que les neurones adrénergiques, bien qu'en nombre beaucoup plus petit - ont des taux de décharge maximaux pendant l'éveil (Ev), réduit pendant le sommeil à ondes lentes (SL) et nul pendant le sommeil paradoxal (SP) (FABRE et 2011 ; NITZ et Siegel 1997 ; Ohno et Sakurai 2008). Ils sont des promoteurs d'éveil et se qualifient ainsi d'Ev-on et de SP-off(CLEMENT 2011;MONTI,PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). L'inhibition du LC est nécessaire pour l'endormissement, le LC a été décrit comme un système permissif par rapport au SL et au SP, il joue un rôle clé dans l'établissement et le maintien de l'éveil et de l'activation corticale qui l'accompagne (Clement 2011).

3) Neurones cholinergiques

Les neurones cholinergiques sont divisés en deux systèmes : le noyau basal de Meynert situés dans le télencéphale basal (TB) (McCARLEY and SINTON 2008) et le tengmentum ponto-mésencéphalique, lui-même divisé en noyau tegmental latérodorsal (LDT) et noyau pédunculopontin (PTT) (MONTI,PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008 ; TAFTI et al. 1997). Ils représentent l'afférence majeure du thalamus, connues pour être impliquées dans l'activation

21

corticale (FABRE et al. 2011 ; CLEMENT 2011). Ces neurones se déchargent plus rapidement pendant l'éveil et le SP que pendant le SL (BARRAUD 2003 ; MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Les neurones cholinergiques du TB se projettent de manière diffuse vers le cortex, le thalamus et l'hippocampe. Le TB est en partie responsable de la désynchronisation observée sur l'EEG au cours de l'éveil et du SP (VANDENBUNDER 2002). Ils déchargent au maximum pendant l'éveil et le SP, et à peine pendant le SL (CLEMENT 2011). Ainsi, les neurones cholinergiques du tegmentum ponto-mésencéphalique et du TB jouent un rôle dans l'activation corticale, aussi bien pendant l'éveil que pendant le SP. Ils sont donc SP-on et Ev-on (CLEMENT 2011 ; MONTI,PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

4) Neurones sérotoninergiques

Les projections des neurones sérotoninergiques dans le DRN sont presque identiques à celles du LC : ils se projettent sur la quasi-totalité du système nerveux central (SNC) (BARRAUD 2003), y compris l'hypothalamus et l'aire pré-optique, et reçoivent des projections de HT, de la région pré-optique, de la formation réticulée mésencéphalique, du LPGi et du DPGi (CLEMENT 2011). La sérotonine est un neurotransmetteur qui a soit un effet excitateur soit un effet inhibiteur (POITTE 2015). Le taux de décharge des neurones sérotoninergiques est maximal pendant l'éveil, fortement diminué pendant le SL et nul pendant le SP (McCARLEY and SINTON 2008 ; VALATX 1998 ; FABRE et al. 2011). Ils seraient donc Ev-on et SP-off. Cependant, lors des transitions entre états de vigilance, ces neurones sont également activés de manière synchronisée, avec le retour d'activation corticale. Ainsi, ils sont impliqués dans la régulation de l'éveil et du SP par leur rôle dans l'activation corticale (WANG et al. 2005 ; CLEMENT 2011). Bien qu'ils ne soient pas impliqués dans l'origine de cet état, ils jouent également un rôle clé dans les mécanismes responsables de l'éveil (CLEMENT 2011 ; MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Certains auteurs, dont M. Jouvet, ont comparé leur activité à la mesure de la durée ou à l'intensité de la veille ( JOUVET 1995). Enfin, ils ont un effet permissif sur le sommeil, puisque celui-ci ne peut se produire si le DRN n'est pas inhibé (CLEMENT 2011 ; MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

5) Neurones histaminergiques

Au niveau cérébral, l'histamine (His) est produite presque exclusivement par des neurones appartenant au TMN du HT postérieur (McCARLEY and SINTON 2008). Ces neurones histaminergiques sont peu nombreux mais se projettent principalement vers l'ensemble du SNC, notamment sur les structures impliquées dans l'état de vigilance (VALKO et al. 2013 ; CLEMENT 2011). L'activité des neurones histaminergiques est maximale pendant l'éveil attentif, diminue pendant l'éveil calme et cesse complètement pendant le sommeil (SL et SP) (McCARLEY and SINTON 2008 ; OHNO and SAKURAI 2008). Par conséquent, ils sont qualifiés d'Ev-on et de SP-off. Cependant, ils ne sont pas impliqués dans la genèse de l'éveil mais sont nécessaires à son maintien grâce à leur rôle dans l'activation corticale (CLEMENT 2011 ; MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Ils forment le réseau permissif du SP avec les neurones adrénergiques, noradrénergiques et sérotoninergiques (soit les neurones monoaminergiques) (VALATX 1998). En particulier, ils inhibent les neurones MCH pendant l'éveil (PARKS et al. 2014).

6) 22

Neurones GABA-ergiques

Les neurones GABA-ergiques sont des neurotransmetteurs inhibiteurs (POITTE 2015). Ils ne sont actifs que pendant le SL, ils sont donc SL-on (USCHAVOL et al. 2006 ; CLEMENT 2011). La VLPO était essentiel à l'origine et à l'entretien de ce stade (OHNO and SAKURAI 2008). Selon un mécanisme mal connu, l'activation de ces neurones pourrait être due à l'accumulation d'adénosine (ADA) au cours de l'éveil (CLEMENT 2011). Les neurones GABA-ergiques du tronc cérébral (VLPAG, LPGi, DPGi, GiV, GiA) se projettent également sur de nombreuses structures impliquées dans le cycle veille-sommeil. Ils inhibent les neurones SP-off et participent ainsi à l'autorisation de la transition en SP (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Ceux de GiV et GiA contribuent également à l'atonie musculaire observée dans le SP (VALATX 1998). Enfin, les neurones GABA-ergiques contenus dans la LH sont divisés en une population SP-on et une autre population Ev-on SP-off. Les deux populations se projettent l'une sur l'autre (CLEMENT 2011 ; MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Ainsi, les neurones GABA-ergiques impliqués dans le système veille-sommeil ont de multiples rôles.

7) Neurones glutamatergiques

Les neurones glutamatergiques sont situés dans DLPAG et SLD (PRADES, LAURENT, and NAVEZ 1999). Le glutamate est un neurotransmetteur activateur (POITTE 2015), il a un rôle SP-on (CLEMENT 2011). Il est également impliqué dans l'atonie musculaire caractéristique du SP par le SLD (VANDENBUNDER 2002). Il serait également produit en faible quantité par les neurones MCH-ergiques et hypocrétinergiques du LH (SCHELE et al. 2012).

8) Neurones glycinergiques

La glycine est un neurotransmetteur inhibiteur (POITTE 2015). Ces deux structures reçoivent les projections glutamatergiques en provenance du SLD et sont responsables de l'inhibition des motoneurones au cours du SP, ainsi que de l'atonie musculaire caractéristique de cette phase (VALATX 1998 ; CLEMENT 2011).

9) Neurones hyprocrétinergiques et à MCH

À la fin du 20e siècle, deux groupes de chercheurs ont simultanément découvert l'hypocrétine (HCRT) 1 et 2, aussi appelés orexines A et B (NAHON 1998 ; OHNO and SAKURAI 2008). Ils jouent de nombreux rôles dans l'homéostasie énergétique de l'organisme, comme dans la prise alimentaire (NISHINO and YOSHIDA 2003). C'est un neurotransmetteur excitateur (NISHINO 2007b). La distribution des neurones hypocrétinergiques est très similaire à celle des neurones qui produisent l'hormone de mélano-concentration (MCH) et est impliquée dans la régulation de la prise alimentaire (Nahon 1998). Les neurones MCH ont des autorécepteurs MCH, qui leur permettent d'établir un auto-rétrocontrôle négatif (TORTEROLO, LAGOS, and MONTI 2011). Les neurones à HCRT et à MCH sont en outre interconnectés (CLEMENT 2011). Les neurones HCRT sont également particulièrement innervés par les noyaux supra-chiasmatiques (NSC), suggérant un rôle important dans la régulation de la veille et du sommeil (MIKKELSEN et al. 2001). Ils sont également associés au système nerveux autonome et au système endocrine et occupent ainsi une place centrale dans divers systèmes de régulation (BONTEMPS 2013 ; HORVATH et al. 1999). Le taux de

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décharge des neurones HCRT est maximal pendant l'éveil, surtout s'il s'agit d'un éveil actif, et diminue pendant le SL et le SP (LEE, HASSANI, and JONES 2005 ; FABRE et al. 2011).

Durant le SP, ils peuvent décharger en rafales de manière phasique, pendant les phases de trémulations musculaires (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Les neurones MCH sont SP-on, et ils favorisent le SP en inhibant la structure SP-off (dites permissives) qui inclut les neurones à HCRT (KITKA et al. 2011 ; CLEMENT 2011). Cela illustre l'importance de l'hypothalamus postérieur dans la régulation des états de vigilance (NISHINO 2007b ; CLEMENT 2011). La MCH est un peptide inhibiteur (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

Pour synthétiser :

Les structures cérébrales impliquées dans le cycle veille-sommeil et leurs neurotransmetteurs associés.

- Centres SP-on : DMPAG (Glut), LH (GABA, MCH), VLPAG-dDpMe (GABA), SLD (Glut), LPGi (GABA), DPGi (GABA), GiV (Gly et GABA), GiA (Gly et GABA)

- Centres SL-on : VLPO (GABA)

- Centres Ev-on/SP-off : thalamus, TMN (His), VLPAG-dDpMe (GABA), LH (HCRT, GABA), DRN (5HT), LC (NorA), A/C (A, NorA)

- Centres Ev-on et SP-on : TB (Ach), LDT (Ach), PPT (Ach)

Ces systèmes présentent donc une certaine redondance entre eux, ce qui permet de compenser d'éventuels défauts sur l'un des composants. Par conséquent, si l'une des structures Ev-on est endommagée, l'animal peut toujours rester éveillé, s'échapper ou se défendre et finalement survivre. Les différents systèmes d'éveil semblent également complémentaires, permettant différents niveaux d'éveil et d'activation corticale. Des groupes de nature opposée s'inhiberaient, ce qui permettrait de maintenir un état de vigilance stable, plutôt qu'un mélange d'états différents. Ce modèle est assez consensuel au sein de la communauté scientifique.

B) Le maintien de l'éveil

L'activité simultanée de divers centres d'éveil répartis dans tout l'encéphale est responsable de l'état d'éveil. Ces centres, comme mentionné précédemment, appartiennent à l'hypothalamus, au télencéphale basal ou au système réticulé activateur ascendant. Il existe une redondance entre ces différents systèmes, et en cas d'endommagement de l'un des centres, il est possible de réorganiser les systèmes et de maintenir l'éveil, cruciale pour la survie de l'animal (VALATX 1998). Toutefois, cette redondance n'empêche pas chaque centre d'être spécifique dans les processus de l'éveil. En effet, certains noyaux prédisent les changements de vigilance et participent ainsi à l'apparition de l'éveil, comme le LC. D'autres sont spécifiquement impliqués dans l'activation corticale présente pendant l'éveil, tels que le TB, le DRN, le LDT et le PPT, donc dans le maintien de l'éveil (McCARLEY and SINTON 2008). Quant au TMN, il intervient dans les situations d'éveil attentif de manière plus spécifique. Les neurones hypocrétinergiques du LH semblent être des synchroniseurs généraux pour maintenir un état d'éveil stable qui peut être adapté en fonction des besoins de l'individu (NISHINO and YOSHIDA 2003). Ainsi, l'hypothalamus

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semble être capital pour la gestion de l'éveil (CLEMENT 2011). Certaines structures (DMPAG, GiV, GiA, LPGi, DPGi) ne sont pas impliquées dans le maintien de l'éveil (CLEMENT 2011).

C) Apparition et le maintien du sommeil lent

L'éveil et le sommeil sont deux processus étroitement liés, l'activation de l'un nécessite l'inactivation de l'autre, sinon des cas pathologiques telles que l'insomnie peuvent survenir. Par conséquent, pour déclencher le sommeil, le sommeil doit être activé et l'éveil inhibé (OHNO and SAKURAI 2008). Le sommeil qui suit la phase d'éveil est physiologiquement un sommeil lent et jamais un sommeil paradoxal (BILLIARD 1998 ; DEFLANDRE et al. 2002). Elle est produite par les neurones GABAergiques du VLPO (FABRE et al. 2011), qui inhibent ce dernier de manière synchronisée par leurs projections vers le système d'éveil. De plus, ces neurones SL-on ont montré une augmentation de leur taux de décharge avant l'établissement de la synchronisation thalamo-corticale caractéristique en SL (CLEMENT 2011). La genèse du SL peut s'expliquer par un mécanisme assez simple. Durant l'éveil, tous les neurones SL-on de la VLPO sont inhibés par l'ensemble des systèmes d'éveil. Lors du changement en SL, les neurones SL-on annulent cette inhibition et s'activent, ce qui inhibe à leur tour les systèmes d'éveil, améliorant ainsi leur propre activité (BOUTREL and KOOB 2004). L'inhibition mutuelle des systèmes d'éveil et de SL permet le maintien d'un état de vigilance stable, soit le SL soit l'éveil. C'est la théorie du flip flop (OHNO and SAKURAI 2008 ; CLEMENT 2011), également connue sous le nom de modèle des interactions réciproques (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

Les neurones hypocrétinergiques sont excitateurs des neurones monoaminergiques qui ont un rétrocontrôle négatif sur les neurones à HCRT. Donc l'activité des neurones monoaminergique est maintenue. Ceux-ci envoient des projections excitatrices vers le cortex et inhibitrices vers la VLPO, centre du SL. Ce mécanisme permet le maintien de l'éveil. Les neurones du HCRT reçoivent des projections issues du système limbique, permettant de stimuler l'éveil par le biais des émotions. Le sommeil est maintenu par les neurones SL-on de la VLPO qui activés, inhibent les neurones noradrénergiques et hypocrétinergiques. Dans la communauté scientifique, le basculement en SL, donc l'endormissement serait dû à l'accumulation de substance hypnogènes dont la plus connue est l'adénosine (ADA) au niveau cérébral durant l'éveil (BOUTREL and KOOB 2004). Cela permettant à la VLPO d'inhibé les systèmes de l'éveil pour passer en SL. C'est un peu un indicateur de la durée de l'éveil. Une fois un certain seuil d'adénosine atteint, il devient de plus en plus difficile pour l'individu de rester à un certain niveau de vigilance, car l'adénosine stimule les neurones SL-on du VLPO, conduisant au sommeil (McCARLEY and SINTON 2008). L'adénosine inhiberait également les neurones cholinergiques du TB (CLEMENT 2011). Il s'agit de la composante homéostatique déterminant le changement en SL (BILLIARD 1998 ; McCARLEY and SINTON 2008). L'autre composante mise en jeu est circadienne et due au NSC (BILLIARD 1998 ; McCARLEY and INTON 2008). L'entretien de l'état de SL s'explique par la théorie du flip flop. En effet, une fois initié, le SL se poursuit en parallèle avec l'inhibition des centres de l'éveil par les neurones SL-on de la VLPO (CLEMENT 2011).

D) Apparition et le maintien du sommeil paradoxal

L'arrêt des structures du système permissif du SP est nécessaire à l'activation de ce dernier (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008 ; VALATX 1998). Ce système permissif est constitué de la VLPAG, du dDpMe, du LC et du DRN. Fait intéressant, la VLPAG et le dDpMe se divisent en deux populations neuronales, toutes deux GABAergiques, l'une SP-on et l'autre SP-off (CLEMENT 2011).

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L'activation des neurones glutamatergiques du SLD est responsable de la transition de SL à SP (CLEMENT et al. 2011). Le SLD est responsable de l'activation corticale via des projections ascendantes vers le thalamus et de l'atonie musculaire via des projections sur le GiV et le GiA (CLEMENT 2011). Le SLD reste inactif pendant l'éveil et le SL par l'inhibition tonique GABA-ergique de la VLPAG et du dDpMe, et dans une moindre mesure pendant l'éveil par le tonus sérotoninergique du DRN et le tonus noradrénergique du LC (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). L'arrêt de cette activité permet la désinhibition du SLD et donc son activation. La transition entre SL et SP se fait progressivement, "en douceur". Cela pourrait représenter le temps nécessaire aux neurones SP-on, SP-off et SL-on pour changer de mode de décharge. Toutefois, de nombreuses inconnues subsistent aujourd'hui, notamment en ce qui concerne l'arrêt du système permissif du SP (CLEMENT 2011). Une fois établie, le SP continue parallèlement à l'inhibition des structures SP-off par les neurones SP-on (LUPPI 2011). Les neurones cholinergiques du TMN, du LDT et du PPT sont actifs et participent à l'activation corticale (McCARLEY and SINTON 2008). Le GiV et le GiA restent le relai du SLD pour la poursuite de l'atonie musculaire (CLEMENT 2011). Ils viennent inhiber les motoneurones de la moelle épinière (KAVANAU 1997 ; VALATX 1998). Les muscles directement innervés par les nerfs crâniens (qui eux-mêmes sont issus du tronc cérébral) sont beaucoup moins affectés par ce tonus inhibiteur, ce qui explique les éventuels tremblements des muscles faciaux et les MOR (VALATX 1998).

E) La transition entre le sommeil paradoxal et l'éveil

Contrairement à l'entrée dans le SP, la sortie de cet état de vigilance est brutale. En effet, chaque phase du SP est suivi d'un stade d'éveil, même si celle-ci ne dure que peu de temps sans aucunes phases intermédiaires. Cela suppose une activation synchrone des neurones Ev-on, permettant un réveil rapide, essentielle à la survie. De plus, cet ensemble de neurones Ev-on doit être capable de réguler très rapidement toutes les structures impliquées dans le cycle veille-sommeil. Plusieurs hypothèses sont à l'ordre du jours pour expliquer l'origine de la stimulation hypocrétinergiques supposés, cela reste uniquement expérimental pour le moment (CLEMENT 2011). Les mécanismes responsables de la sortie du SP restent donc globalement incompris (CLEMENT 2011).

Ainsi, les mécanismes neurochimiques régissant les différents états de vigilance chez les chevaux sont complexes et mal compris. Ils font intervenir plusieurs neurotransmetteurs dépendant de différentes structures cérébrales, dont les activations et les inhibitions forment un ballet précis qui permet l'état de vigilance le plus approprié aux données environnementales à un instant donné. Il ne fait aucun doute que de nombreuses avancées sont possibles dans le futur.

F) La régulation du cycle veille-sommeil

Ainsi, les états d'éveil et de sommeil sont soutenus par des mécanismes cérébraux complexes qui impliquent nécessairement une régulation fine pour obtenir une alternance des différents états de vigilance, différente en fonction des conditions environnementales, le stress, des moments de la journée et de l'état physiologique de l'individu (par exemple la fatigue). Ces mécanismes de régulation restent mal connus. Dans cette partie, il s'agira de synthétiser les résultats publiés et les modèles existants pour rendre ces phénomènes aussi clairs que possible. Les régulations homéostatique et circadiennes seront présentées en détail, suivis d'une explication du rôle intégrateur de l'hypothalamus. L'hypocrétine sera notamment étudiée en raison de son

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rôle régulateur important et de son implication dans le syndrome de narcolepsie-cataplexie que nous verrons plus loin.

1) La régulation homéostatique

Cet aspect de la régulation du sommeil vise à assurer l'acquisition d'une certaine quantité de sommeil en fonction des besoins spécifiques de l'espèce et de l'individu (McCARLEY and SINTON 2008).

a) État physiologique

a.1) le statut énergétique

L'état énergétique de l'animal est l'un des facteurs de la régulation des états de veille et de sommeil. En effet, le glucose et la leptine favorisent le sommeil, tandis que la ghréline favorise l'éveil (SAKURAI 2007). La leptine, hormone produite par les adipocytes, est synonyme de satiété, et donc de satisfaction des réserves énergétiques. La ghréline peut être considérée comme l'antagoniste de la leptine : elle stimule l'appétit et la prise alimentaire. Cela signifie donc que si le cheval ne reçoit pas assez de nourriture, le sommeil sera inhibé (OHNO and SAKURAI 2008). Ces derniers sont donc plus éveillés et actifs dans la recherche de nourriture, un mécanisme de survie rudimentaire (SAKURAI 2007). Ce n'est que dans un état "d'abondance d'énergie" que l'endormissement peux se produire (TORTEROLO, LAGOS and MONTI 2011). De plus, pendant la privation de nourriture, on a observé que les animaux avaient des niveaux d'éveil accrus et une diminution du temps passé en SP pendant le repos (NISHINO 2007b). Il est également intéressant de noter que les neurones à HCRT, Ev-ON ont des récepteurs de leptine. Ainsi, la leptine peut inhiber directement ces neurones éveillants (OHNO and SAKURAI 2008).

a.2) La fatigue

Le terme "fatigue" est très général et désigne ici la sensation de fatigue ou la lassitude que les gens ressentent en fin de journée (par exemple chez les espèces diurnes). Il serait plus juste de parler de durée de veille. Effectivement, l'adénosine tri-phosphate (ATP) est un excellent carburant cellulaire qui est dégradé par le fonctionnement cellulaire donc par le métabolisme. Parallèlement à cette dégradation se produit l'accumulation progressive d'adénosine. Cette dégradation est plus importante durant l'éveil car le métabolisme est plus important durant cette phase de vigilance (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Cela conduit donc à une accumulation dans le cerveau d'adénosine, qui est connue pour être un facteur hypnogène, c'est-à-dire favorisant le sommeil (CLEMENT 2011). Ce peptide est promoteur du SL (BOUTREL and KOOB 2004). Il a un effet inhibiteur en inhibant la transmission excitatrice (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Ainsi, l'accumulation d'adénosine au cours de l'éveil conduit à l'inhibition des neurones cholinergiques qui favorisent l'activité corticale et à l'inhibition des neurones GABA-ergiques qui inhibent la VLPO. Le basculement entre l'éveil et le SL est ainsi initié (BOUTREL and KOOB 2004), de sorte que la VLPO non inhibé peut inactiver la structure Ev-on (CLEMENT 2011), comme décrit dans la section précédente.

a.3) 27

Le stress

Il semble logique que les états de stress, qu'ils soient métaboliques ou comportementaux, nuisent au sommeil, puisque le stress peut menacer la survie. Difficile d'imaginer un animal en danger voulant dormir. En effet, le stress aigu provoque la libération de sérotonine (Ev-on) dans l'hypothalamus, agissant ainsi comme un stimulus d'éveil. Les épisodes de stress aigu sont suivis d'un rebond du sommeil, très similaire à celui observé après la phase d'apprentissage, du fait de l'activation en cascade de plusieurs circuits qui renforcent le système anti-éveil une fois le stress passé (BENOIT and FORET 1995). Le stress chronique (plus de 4 heures) entraîne une diminution globale du temps de sommeil, qui est médiée par la production élevée d'hormones surrénaliennes, y compris les corticostéroïdes (VALATX 1998). Fait intéressant, l'hypoxie (diminution de la quantité d'oxygène que le sang distribue aux tissus) raccourcit la durée du sommeil paradoxal, tout comme l'hypercapnie (augmentation pathologique de la concentration du gaz carbonique dans le sang). L'hypoxie et l'hypercapnie correspondent à des conditions de stress métabolique. A l'inverse, l'hyperoxie (taux excessif d'oxygène dans le sang) et l'hypocapnie (diminution de la concentration de gaz carbonique dans le sang) augmentent le temps passé en SP (BARRAUD 2003 ; BENOIT and FORET 1995). Les neurones HCRT sont activés sous stress, un signal pro-éveil supplémentaire (MONTI, PANDI-PERUMAL,and SINTON 2008).

a.4) Les émotions

Les émotions sont gérées par le système limbique, qui gère également la mémoire. Ce système comprend l'hippocampe, l'hypothalamus et l'amygdale (CLEMENT 2011). Il est facile de comprendre la raison pour laquelle le système limbique interférerait avec la régulation des états de vigilance. D'une part, il semble presque impossible de s'endormir dans certaines conditions émotionnelles, en particulier lorsque le cheval a peur, car cela affecte directement sa survie (MURPHY 2010). Ces situations de peur représentent également un stress physique, similaire à ceux décrits précédemment. L'hypothalamus, quant à lui, appartient au système limbique, et comme nous l'avons vu dans la section précédente, l'hypothalamus occupe une place assez importante parmi les différentes structures responsables de l'éveil et du sommeil. Les neurones à HCRT et à MCH ainsi que le TMN sont parties intégrantes de l'hypothalamus. Les terminaisons issues des différentes structures du système limbique sont nombreuses à projeter vers les neurones HCRT-ergiques (SAKURAI 2007). Ainsi, ces projections vont réguler l'activité des neurones HCRT promoteurs d'éveil.

b) La dopamine

La dopamine est la monoamine la plus abondante dans le SNC. Elle est impliquée dans la régulation du comportement, en particulier les systèmes de récompense, de motivation et la prise alimentaire. Ces derniers sont impliqués dans l'éveil (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). La synthèse et la libération de la dopamine sont maximales durant la période active et minimale durant la période inactive, donc le sommeil. En effet, le cheval recherche de la nourriture et stimule son système de récompense lorsqu'il est éveillé, ce qui produit de la dopamine (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Les mécanismes neuropharmacologiques associés à la dopamine ne sont pas encore entièrement compris.

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Néanmoins, une chose est sûre : les stimulants les plus puissants (comme les amphétamines, la caféine, la nicotine) ont tous en commun l'induction de la libération de dopamine (BOUTREL and KOOB 2004). Par conséquent, l'activité de ce peptide est très excitante, comme le sont d'autres molécules de sa classe (catécholamines, His, 5HT) (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

c) Les facteurs hypnogènes

Les facteurs hypnogènes, aussi nommés facteurs de sommeil ou

hypnotoxines, doivent répondre aux critères suivants :

-Accumulation progressive dans tout ou partie du cerveau durant l'éveil,

-Évacuation ou dégradation durant le sommeil,

-Effet inducteur ou facilitateur du sommeil.

c.1) L'adénosine

L'adénosine est un peptide inhibiteur de la transmission excitatrice qui joue un rôle important dans le passage de l'état d'éveil au SL. C'est à la fois un facteur hypnogène et un signe d'épuisement de certaines ressources organiques (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008).

c.2) Autres facteurs hypnogènes

Ces facteurs sont relativement nombreux et sont promoteurs de différents états de vigilance. Les principaux facteurs hypnogènes identifiés sont rapportés ici. Cependant, il convient de rappeler qu'il est parfois impossible de prouver qu'une molécule donnée n'est pas un agent hypnogène (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). De plus, la question se pose de savoir si ces résultats sont transférables entre différentes espèces. Le TNFá (Tumor Necrosis Facteur : facteur nécrosant tumoral) est un bon exemple de facteur de sommeil. La prolactine a un fort effet promoteur de SP. L'hormone de croissance (Growth Hormon GH) est impliquée dans la régulation du SL. La somatostatine est quant à elle impliquée dans la régulation du SP. L'hormone de libération de la corticotropine (CRH : corticotropin-release hormone) a un effet stimulant sur l'éveil (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008) similaire à celui des corticostéroïdes décrits précédemment. Le neuropeptide Y (NPY) est un médiateur de l'activation de la ghréline des neurones HCRT et favorise ainsi l'éveil par ses effets sur la prise alimentaire (SAKURAI 2007). Le mécanisme d'action exact du NPY sur l'hypothalamus n'est pas encore entièrement connus (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). L'oxyde d'azote (NO) est un neurotransmetteur gazeux. Il a des effets ambivalents. Effectivement, différents mécanismes NO-ergiques semblent être à l'oeuvre pendant l'activité ou le repos, et ces mécanismes peuvent avoir des rôles opposés dans l'induction du sommeil. Le NO pourrait également réguler la production de prolactine dans le tronc cérébral (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Les prostaglandines (PG) jouent également un rôle : la PGD2 va favoriser le sommeil et la PGE2 l'éveil (MOUSSARD et al. 1994 ; HAYAISHI 1991). Mais en conditions physiologiques, cela n'a été démontré que chez les rongeurs et les singes (MONTI, PANDI-PERUMAL, and SINTON 2008). Par conséquent, la régulation homéostatique du sommeil est étroitement liée à l'état énergétique de l'animal ainsi qu'aux émotions perçue. Les facteurs de sommeil jouent un rôle important, notamment dans l'évaluation de la durée d'éveil et sont donc des indicateurs de fatigue. Par conséquent, la répartition favorise la survie du cheval.

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2) La régulation circadienne

Le deuxième aspect de la régulation du sommeil vise à maintenir le niveau de vigilance du cheval en phase avec son environnement (McCARLEY and SINTON 2008). Ceci est plus prononcé chez les animaux plus strictement diurnes ou nocturnes, les chevaux ayant un sommeil très fragmenté (MURPHY 2010).

a) Les conditions environnementales

La rotation continue de la terre autour de son propre axe et autour du Soleil engendre des rythmes lumineux d'une période de 24 heures, ainsi que des cycles saisonniers sur 365 jours (modifiant par exemple la disponibilité de la nourriture, la température). Ainsi, la pression de sélection naturelle privilégie le développement de mécanismes d'horloge cellulaire autonomes. Ces horloges permettent aux organismes de prédire les cycles d'activité et d'ajuster leur comportement et leur physiologie interne pour optimiser leur survie (MURPHY 2010).

b) Les rythmes biologiques

Les rythmes biologiques ont différentes propriétés (REINBERG 1998):

-Ils persistent dans un environnement constant même en l'absence de repère temporel,

-Ils ont une origine génétique, ils sont donc innés,

-Ils sont régis par une horloge biologique avec un cycle d'environ 24 heures,

-Ils sont calibrés dans les 24 heures et mis à jour quotidiennement en fonction des changements

périodiques des facteurs environnementaux.

Ainsi, les rythmes biologiques peuvent être définis comme des changements périodiques ou cycliques dans une fonction particulière d'un être vivant. Ils peuvent être physiologiques (battements cardiaques par exemple), biochimiques (pic de cortisol matinal par exemple) ou comportementaux (migration par exemple).

On distingue les rythmes ultradiens, circadiens et infradiens :

- Le rythme ultradien a une période inférieure à 20 heures, comme les cycles de sommeil. - Le rythme circadien, avec un cycle d'environ 24 heures, est basé sur l'alternance du jour et de la nuit. Il s'adapte à l'environnement et persiste même lorsque les signaux extérieurs sont abolis.

- Le rythme infradien a une période supérieure à 28 heures, comme c'est le cas pour des événements tels que la migration, l'hibernation ou la grossesse (MURPHY 2010 ; REINBERG 1998).

Un synchroniseur est tout facteur environnemental qui change sur un cycle d'environ 24 heures et peut modifier le cycle du rythme biologique (MURPHY 2010). Le synchroniseur le plus utilisé et le plus fiable est l'alternance jour-nuit, qui met en jeu la mélatonine. Les organismes sont également basés sur des alternances de bruit et de silence et sur des changements de température extérieure. Ainsi, l'organisation temporelle d'un être vivant s'adapte aux changements environnementaux. Par conséquent, les chances de survie sont meilleures (REINBERG 1998).

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c) Les noyaux supra-chiasmatiques

Les noyaux supra-chiasmatiques (NSC) sont deux noyaux pairs situés dans l'hypothalamus, au-dessus du chiasma optique et de part et d'autre du troisième ventricule. Son fonctionnement est autonome et il a la capacité d'être entraîné par les différents synchroniseurs environnementaux (REINBERG 1998). Les NSC sont l'horloge biologique la plus importante du corps, elles intègrent tous les signaux périodiques de chaque neurone. Les NSC sont donc l'oscillateur principal contrôlant les autres oscillateurs du système circadien (REINBERG 1998 ; DARDENTE and CERMAKIAN 2005). Chaque NSC est divisé en deux parties : un coeur (core en anglais) ventrolatéral qui reçoit les afférences photiques et non-photiques, et une coquille (shell en anglais) dorsomédiane qui projette vers le reste de l'hypothalamus. L'afférence photique est formée par le tractus rétino-hypothalamique prenant naissance dans la rétine. En effet, la photopériode est le stimulus circadien le plus fiable pour estimer la durée du jour et donc prédire l'hiver où il est plus difficile de trouver de la nourriture (MURPHY 2010). La lumière est perçue au niveau de la rétine. Elle contient un pigment photosensible non visuel - la mélanopsine, dont la fonction est de transmettre les informations lumineuses reçues à l'hypothalamus (TESTARD-VAILLANT 2017 ; DARDENTE and CERMAKIAN 2005). En l'absence de lumière, de la mélatonine est produite par l'épiphyse sous le contrôle des NSC. Cette neurohormone a donc deux fonctions importantes : indiquer la période nocturne par sa présence et indiquer la période de l'année par sa durée de sécrétion nocturne (PEVET 1998). La mélatonine est également neuroprotectrice (MUELLER, MEAR and MISTLBERGER 2001) et favorise le sommeil (KWON et al. 2015). Les afférences non optiques sont l'environnement hormonal, l'environnement interne, les états émotionnels et les états comportementaux (DARDENT and CERMAKIAN 2005). Les NSC projettent directement sur le LH, en particulier sur les neurones HCRT. Ces projections sont principalement GABAergiques et donc inhibitrices. Ainsi, des facteurs liés à la photopériode, aux états affectifs et comportementaux, ainsi qu'à l'environnement interne et hormonal pourraient directement inhiber les neurones HCRT (MIKKELSEN et al. 2001). Le NSC est une horloge biologique composée d'un ensemble cohérent d'unités fonctionnelles et interconnectées. Ils intègrent les signaux comportementaux, métaboliques et environnementaux pour adapter au mieux le cheval à son environnement.

Le signal le plus important est la photopériode. Le comportement circadien du cheval est moins prononcé que chez les autres espèces en raison de son mode de vie nomade et de son statut d'animal fuyant rapidement, du moins à l'état semi-sauvage ou sauvage.

3) L'hypothalamus, intégrateur des deux régulations

L'hypothalamus était très présent tant dans la régulation homéostatique que dans la régulation circadienne. Les neurones HCRT contenus dans l'hypothalamus latéral sont également très présents dans divers systèmes de régulation. De nombreuses équipes de chercheurs se sont intéressées à ce peptide, du fait de son implication dans la régulation des stades de vigilance et de son rôle dans la pathogénie de la narcolepsie.

4) Neurones à hyprocrétine et régulation des états de vigilance

Les neurones à HCRT ont un rôle critique dans le maintien de l'éveil (BOUTREL and KOOB 2004) et sont également régulés par d'autres systèmes d'éveil, suggérant un rôle dans la synchronisation de tous ces systèmes, ce qui permettrait la stabilisation des états de vigilance

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(FABRE et al. 2011 ; LEE, HASSANI and JONES 2005). Ils contrôleraient le passage d'un état de vigilance à un autre, ainsi que la rapidité de cette transition une fois celle-ci initiée (McCARLEY and SINTON 2008). En raison de leur localisation dans l'hypothalamus, les neurones hypocrétinergiques apprennent des informations externes (par exemple, le moment de la journée, l'année, le comportement des autres chevaux) et des informations internes (par exemple, l'état énergétique, la fatigue, l'environnement hormonal) (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008), qui sont liées aux informations circadiennes et homéostatique correspondante. En conséquence, ces neurones peuvent maintenir un niveau d'éveil approprié qui optimise la survie de l'animal (OHNO and SAKURAI 2008). Les neurones à HCRT régulent les noyaux hypothalamiques impliqués dans le comportement alimentaire. Ils augmentent également l'activation corticale et favorisent l'éveil en se projectant sur le LC, le DRN, le LDT et le PPT. Les projections issues du système limbique sont importantes pour moduler l'activité des neurones à HCRT en fonction des stimuli émotionnels (peur par exemple) et s'adapter à l'environnement. Ainsi, ce sont les neurones HCRT qui stabilisent l'équilibre dans le modèle d'interaction ou la théorie du flip-flop. Ceux-ci envoient des projections excitatrices vers le cortex et des projections inhibitrices à la VLPO, centre du SL. Ce mécanisme permet le maintien de l'éveil. Les neurones à HCRT reçoivent des projections issues du système limbique, ce qui permet de stimuler l'éveil par le biais des émotions. Les neurones de la VLPO SL-on sont activés et inhibent les neurones noradrénergiques et hyposécrétrinergiques pour maintenir le sommeil.

Pour synthétiser, l'hypocrétine est un neuropeptide favorisant l'éveil qui joue un rôle crucial dans la régulation de l'état de vigilance. La localisation privilégiée des neurones hypocrétinergiques au sein de l'hypothalamus leur permet de tirer des informations issues des régulations homéostatique et circadiennes pendant l'éveil et le sommeil. De cette façon, ces neurones peuvent ajuster l'état de vigilance en fonction de la situation vécue, optimisant ainsi la survie du cheval. L'hypocrétine est de plus un stabilisateur des états de vigilance.

III. Dysfonctionnement neuronal A) Historique et définitions 1) Historique

Les premiers cas de narcolepsie équine ont été découverts en 1924 (HINES 2005) chez des poulains du Suffolk, qui ont d'abord été décrits comme des "évanouissements" avant d'être requalifiés en trouble rare du sommeil avec somnolence excessive et cataplexie. La prévalence de la narcolepsie équine est encore inconnue, mais nous savons que de nombreuses races sont sujettes au syndrome (MOORE and JOHNSON 2000 ; ALEMAN 2015 ; REED, BAYLI, and SELLON 2010) - par exemple Shetland, Lipizzan, Welsh, Quarter Horse. La découverte de la narcolepsie chez les chevaux (ainsi que chez les chiens et les bovins) a suivi la découverte de la maladie chez l'homme dans les années 1880 et son intérêt dans les années 1920. La recherche identifie les causes possibles des origines de la narcolepsie chez les rats, les souris, les chiens et les humains dans les années 1990 (MIGNOT and DEMENT 1993). La recherche équine a été guidée par ces constats, mais la recherche expérimentale sur le cheval est plus difficile à mener, tant financièrement qu'en termes de nombre de sujets et de leur prise en charge. L'origine du

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syndrome de narcolepsie-cataplexie équine n'est toujours pas clairement élucidée (FINNO and ALEMAN 2013).

2) Définitions

Le syndrome de narcolepsie-cataplexie (communément appelé narcolepsie), également connu sous le nom de syndrome de Gélineau, est un trouble neurologique intrinsèque central, sporadique, chronique, non progressif (ABAD and GUILLEMINAULT 2003 ; NISHINO 2007b) et incurable (REED, BAILY and SELLON 2010) caractérisé par une dérégulation du rythme veille-sommeil sans augmentation de la durée totale du sommeil (DEFLANDRE et al. 2002). La narcolepsie est définie comme des crises de sommeil incontrôlables pendant la journée, tandis que la cataplexie est une grave perte de tonus musculaire qui provoque des symptômes allant du fléchissement des genoux à des chutes complètes (MIGNOT and DEMENT 1993 ; NOUT and JEFFCOTT 2012). La cataplexie est un trait caractéristique du syndrome de narcolepsie-cataplexie ( ALEMAN 2015 ; BILLIARD 1998), bien qu'il existe une forme de narcolepsie sans cataplexie (FINNO and ALEMAN 2013 ; AMERICAIN ACADEMY OF SLEEP MEDECINE 2015). Cette cataplexie ressemble étroitement à l'atonie musculaire du sommeil paradoxal (DEFLANDRE et al. 2002) et n'est pas associée à des événements de sommeil diurne excessifs (BILLIARD 1998). Selon certains auteurs, la cataplexie est un état transitoire, voire un état hybride de sommeil paradoxal et d'éveil (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008). Les crises de cataplexie sont déclenchées par une agitation émotionnelle, généralement positive (DEFLANDRE et al. 2002 ; NISHINO 2007b). Etymologiquement, les termes viennent du grec ancien : narcolepsie vient de narké (l'assoupissement) et de lêptikos (qui saisit) soit littéralement "saisi par l'assoupissement", tandis que cataplexie vient de kata (de haut en bas) et plêssein (frapper) ce qui revient donc à une chute (DEFLANDRE et al. 2002 ; BILLIARD 1998). Au niveau neurophysiologique, la narcolepsie se définit comme un endormissement caractéristique et anormal en sommeil paradoxal directement à partir de l'éveil (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008). La cataplexie est considérée comme une caractéristique de la dissociation du sommeil paradoxal (MIGNOT and DEMENT 1993 ; AMERICAIN ACADEMY OF SLEEP MEDECINE 2015). De plus, le syndrome entraîne une dérégulation des cycles d'éveil et de sommeil (FABRE et al. 2001 ; CLEMENT 2011) : les patients narcoleptiques ont une répartition globale du sommeil plus fragmentée que les individus sains (ABAD and GUILLEMINAULT 2003 ; DEFLANDRE et al. 2002) - ceci est plus prononcé chez l'homme (qui se réveille souvent la nuit) que chez les chevaux dont le sommeil physiologique est déjà fragmenté (TOBLER 1995 ; BERTONE 2016). En médecine humaine, quatre éléments sont caractéristiques des symptômes de la narcolepsie-cataplexie mais chez le cheval, seules la narcolepsie et la cataplexie sont reconnues.

Pour résumer, après la découverte du syndrome de narcolepsie-cataplexie chez l'homme au début du XXe siècle, le syndrome de narcolepsie-cataplexie a été découvert chez les chevaux. Il associe deux symptômes principaux : la narcolepsie et la cataplexie. La narcolepsie correspond à un endormissement inextinguible directement en sommeil paradoxal et survenant à un moment inapproprié. La cataplexie correspond à une perte totale du tonus musculaire (excluant les muscles cardiaques et respiratoires) le plus souvent suite à une émotion intense généralement positive. Cette cataplexie est pathognomonique du syndrome de narcolepsie-cataplexie, même si une forme de narcolepsie sans cataplexie existe. Les patients atteints de narcolepsie-cataplexie présentent une dérégulation du cycle de vigilance.

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B) Traduction clinique chez le cheval

1) Les symptômes

Le syndrome de narcolepsie-cataplexie entraîne une somnolence diurne excessive chez le cheval (FINNO and ALEMAN 2013) et un sommeil nocturne perturbé, des manifestations anormales de sommeil paradoxal (ALEMAN 2015) avec ou sans cataplexie (il faut rappeler qu'il s'agit d'une perte de tonus musculaire profonde) (REED, BAYLY and SELLON 2010). Il semble assez rare et il existe deux formes différentes de la maladie : une qui touche les poulains et une qui touche les adultes de plus de 2 ans (MOORE and JOHNSON 2000). Les crises de narcolepsie-cataplexie sont soudaines et brutales (MOORE and JOHNSON 2000), le cheval est neurologiquement normal (à part parfois des réveils avec une légère somnolence) (HINES, SCHOTT and BYRNE 1992) sauf pour ces épisodes (KNOTTENBELT 2014 ; MOORE and JOHNSON 2000) qui durent de quelques secondes à quelques minutes (NOUT and JEFFCOTT 2012). Ces crises sont récurrentes et leur fréquence varie d'un individu à l'autre. Elles peuvent durer plusieurs minutes (HINES 2005). Lors de ces épisodes, les réflexes sont absents (aréflexie totale) et des mouvements oculaires rapides peuvent être observés. Les fonctions cardiovasculaires et respiratoires du cheval ne sont pas affectées (KNOTTENBELT 2014). Fait intéressant, les crises sont moins probables lorsqu'elles sont examinées dans des environnements inconnus ou par des personnes inconnues, car cela augmente le niveau d'activité mentale du cheval (MOORE and JOHNSON 2000). Cela indique l'influence de facteurs environnementaux sur la maladie. Les signes avant-coureurs des attaques sont une somnolence et/ou une faiblesse des carpes et des boulets antérieurs (HINES, SCHOTT and BYRNE 1992). Le cheval peut alors développer une flaccidité musculaire (NOUT and JEFFCOTT 2012) consécutive à une hypotonie et une faiblesse musculaire soudaine. Ses antérieurs s'effondreraient alors, provoquant en face dorsale des carpes et des boulets des lésions de friction qui sont courants chez les sujets atteints de cette maladie (HINES 2005). Durant cette phase, le cheval peut soit se réveiller et se relever, évitant ainsi une chute (MIGOT and DEMENT 1993), soit continuer à dormir, auquel cas la chute est inévitable (MOORE and JOHNSON 2000 ; HINES 2005). Ce dernier cas est relativement rare car la cataplexie affecte principalement les muscles de la tête et de la nuque, même si des lésions généralisées peuvent survenir (NOUT and JEFFCOTT 2012). Un paramètre important de ce syndrome est l'absence de perte de conscience chez les chevaux atteints lors des crises. Il est indéniable qu'il s'endort anormalement dans des circonstances inappropriées, mais il reste sensible aux stimuli extérieurs, qu'ils soient sonores, tactiles ou visuels (HINES 2005). Cela permet de réveiller le cheval en le stimulant, et lui permet aussi de se réveiller avant une chute complète quand il se sent tomber (MOORE and JOHNSON 2000).

2) Les formes familiales

La forme familiale du syndrome de narcolepsie-cataplexie est la plus fréquente, bien que sa prévalence reste inconnue (KNOTTENBELT 2014). Selon les auteurs, les premières crises surviennent à la naissance ou quelques jours plus tard (MOORE and JOHNSON 2000 ; HINES 2005), sinon vers six mois du poulain (REED, BAYLY and SELLON 2010). Ces formes familiales affectent des races spécifiques (MOORE and JOHNSON 2000), notamment les chevaux miniatures (LUNN et al. 1993 ; NOUT and JEFFCOTT 2012), les poneys Shetland, les chevaux Suffolk Punch, les lipizzans (ALEMAN 2015) et éventuellement les poneys islandais (BATHEN-NOTHEN et al. 2009). Les crises se manifestent par des attaques de sommeil, des phases de paralysie complète avec perte de conscience apparente (MOORE and JOHNSON 2000) - il est difficile de réveiller le poulain pendant

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une crise (KNOTTENBELT 2014) - et peuvent durer de quelques secondes à quelques minutes (KOTERBA, DRUMMOND and KOSCH 1990). Le poulain s'affaisse sur ses carpes puis tombe en décubitus latéral, endormi. Il présente alors une paralysie flasque avec une aréflexie spinale et des mouvements faciaux caractéristiques du sommeil paradoxal (MOORE and JOHNSON 2000). Les fonctions cardiovasculaire et respiratoire n'ont pas été affectées. Ces événements sont spontanés ou déclenchés par des stimuli spécifiques, le plus souvent étant la contention (KOTERBA, DRUMMOND and KOSCH 1990). Entre ces crises, l'examen neurologique du poulain atteint est dans les normes (MOORE and JOHNSON 2000). Étant donné que les crises sont presque systématiquement déclenchées chez les poulains atteints de narcolepsie par contention, certains auteurs pensent qu'il peut s'agir de la persistance des habitudes de sommeil foetal (HINES 2005) ou d'un cas extrême de réflexes neurologiques chez les poulains. En général, la fréquence des crises et la sévérité des symptômes diminuent avec le temps voire disparaissent complètement (HINES 2005) : l'auto-résolution est possible (KNOTTENBELT 2014).

3) Les formes acquises

Cette forme du syndrome de narcolepsie-cataplexie touche les chevaux de plus de deux ans (FINNO and ALEMAN 2013). En fait, la première crise ne survient pas avant cet âge, et peut même survenir plus tard, dans certains cas après 20 ans. Il n'y a pas de prédisposition de sexe, par contre une prédisposition de race est présente (MOORE and JOHNSON 2000). Les races concernées sont les races touchées par les formes familiales (cité plus haut) ainsi que les poneys welsh, les quarter horse, les appaloosa, les morgan, les selle français, les pur-sang anglais et les trotteurs américains (REED, BAYLY and SELLON 2010 ; NOUT and JEFFCOTT 2012). La fréquence de ces attaques est très variable et difficile à quantifier (HINES 2005) car les chevaux sont rarement observés 24h/24. Cependant, si l'observation du nombre de crises est bien faite, il est possible de prédire leur fréquence deux semaines après leur début (NOUT and JEFFCOTT 2012). Les manifestations cliniques du syndrome de narcolepsie-cataplexie sont individu-dépendantes (HINES 2005). Il peut y avoir des cas de narcolepsie sans cataplexie. Mais c'est le plus courant et peut aller d'un simple abaissement de la tête à la chute totale (HINES 2005) en passant par l'affaissement sur les boulets antérieurs voire les carpes (MOORE and JOHNSON 2000). Si un cheval est obligé de marcher pendant les crises, il apparaît faible et ataxique (MOORE and JOHNSON 2000), alors qu'en dehors de ces crises, il est neurologiquement normal (HINES 2005). Rappelons que l'ataxie correspond à un syndrome associant troubles de l'équilibre et troubles de la coordination motrice. Les crises de cataplexie sont indépendantes de celles de narcolepsie (HINES 2005). Cette dernière quant à elle se manifeste par des périodes de sommeil à des moments inappropriés, comme au pansage ou au sellage (HINES, SCHOTT and BYRNE 1992). Un épisode de cataplexie peut ou non se produire par la suite. Le cheval est toujours conscient et peut être réveillé par des stimuli (sonores, tactiles ou même visuels - comme des lumières vives dans les yeux) (HINES 2005). Les déclencheurs de ces épisodes de narcolepsie et de cataplexie sont variables : il peut s'agir de stimuli assez positifs comme le pansage (MOORE and JOHNSON 2000), certains comportements du cavalier à cheval (HINES 2005) - ce qui est évidemment dangereux pour le cheval et le cavalier - voire rien du tout. Effectivement, de nombreux épisodes de narcolepsie surviennent en dehors d'un événement donné (MOORE and JOHNSON 2000), dans le calme au box ou au pré (HINES 2005). Un changement d'environnement peuvent réduire la fréquence des crises et la gravité des symptômes, mais cela est rare (HINES 2005). Le syndrome de narcolepsie-cataplexie peut apparaître en association avec une autre maladie, c'est par exemple rapporté pour les

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dysfonctionnements de la pars intermedia de l'hypophyse, les encéphalites de West Nile, les encéphalomyélites à protozoaires (ALEMAN 2015).

Pour résumer, Les crises de narcolepsie se caractérisent par des mouvements oculaires rapides, un affaissement des membres antérieurs et éventuellement une chute. Un cheval atteint de narcolepsie présente un examen neurologique normal entre les épisodes et des écorchures caractéristiques en face dorsale des boulets et des carpes antérieur. Les crises de cataplexie correspondent à une hypotonie voire à une atonie musculaire pouvant entraîner une chute au moins partielle du sujet. L'individu en crise n'a plus de réflexes mais reste conscient de son environnement : il réagit aux stimuli extérieurs qui peuvent le réveiller. Il existe deux formes de syndrome de narcolepsie-cataplexie : la forme familiale et la forme acquise. Les formes familiales n'affectent que certaines races. Les premières crises se produisent entre la naissance et les six mois du poulain. Elles sont le plus souvent déclenchées par la contention et entraînent une paralysie flasque. Au fil du temps, un soulagement symptomatique ou même une résolution spontanée rare peuvent survenir. Les formes acquises apparaissent après l'âge de deux ans et sont race-dépendantes. Elles prennent des formes différentes selon les individus, par exemple en termes de déclenchement, de fréquence et de l'intensité des crises. La narcolepsie et la cataplexie peuvent être dissociées. Le syndrome de narcolepsie-cataplexie acquise peut être lié à une maladie. La prévalence de la narcolepsie-cataplexie chez les chevaux est inconnue.

C) Pathogénie du syndrome de narcolepsie-cataplexie

La pathogenèse exacte de la narcolepsie n'est pas encore entièrement comprise. Les cas humains et canins sont les plus connus, mais des inconnues demeurent (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008).

1) Les premières pistes

Les symptômes du syndrome de narcolepsie-cataplexie, en particulier les épisodes de SP au cours de l'éveil, et les épisodes de cataplexie ont conduit à l'hypothèse de défauts dans des mécanismes spécifiques de la veille et du sommeil. Deux approches ont été envisagées. La première s'interroge sur une altération des rythmes circadiens des états de veille. En effet, des épisodes répétés de sommeil se produisent pendant la journée, tandis que des réveils répétés se produisent la nuit. La seconde se demande si les limites des états vigilance sont perturbées, conduisant à un état de "sommeil de dissociation" (BENOIT and FORET 1995). Aujourd'hui, il est bien établi que le syndrome de narcolepsie-cataplexie correspond à une perturbation du cycle veille-sommeil : l'incapacité de l'organisme à maintenir un cycle normal de veille et de sommeil. Cette incapacité est le résultat de l'instabilité des frontières entre les états comportementaux et donc de l'intrusion constante d'épisodes de SP pendant l'éveil (MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008). En 1995, la plupart des hypothèses sur l'origine de ces dysfonctionnements du cycle de vigilance étayaient un hypofonctionnement des systèmes monoaminergiques responsables de l'éveil (épinéphrine, noradrénaline, sérotonine, dopamine) (BENOIT and FORET 1995). Cela a changé en 1999, un an après la découverte de l'orexine/hypocrétine. Précisément, des manipulations génétiques pourraient mettre en évidence l'importance de ces peptides dans le cycle veille-sommeil. Il convient de souligner que les facteurs génétiques ne sont pas les seuls impliqués et que les facteurs environnementaux joueront également un rôle important mais jusqu'ici inexpliqué (DEFLANDRE et al. 2002).

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2) Le rôle de l'hypocrétine

a) Généralités

La première partie explique l'importance du peptide hypocrétine pour le maintien de l'éveil et la régulation du cycle veille-sommeil. La localisation spécifique des neurones à HCRT dans l'hypothalamus, centre d'intégration de la régulation du rythme circadien et de l'homéostasie, avec des afférences et des efférences vers et depuis toutes les structures impliquées dans l'état de vigilance, explique le rôle critique de l'hypocrétine. Les travaux sur le syndrome de narcolepsie-cataplexie depuis le début des années 2000 ont permis de mettre en évidence que cette affection est systématiquement associée à un dysfonctionnement cérébral du système hypocrétinergique (OHNO and SAKURAI 2008 ; MICHINAGA et al. 2010). Le mécanisme exact a été élucidé chez le chien et l'homme : il s'agit pour le premier d'un défaut de fixation sur les récepteurs hypocrétinergiques et pour le second d'une perte des neurones produisant l'hypocrétine (HINES 2005). Ainsi, l'hypocrétine est au coeur de la pathogenèse du syndrome de narcolepsie cataplexie (OHNO and SAKURAI 2008 ; BOUTREL 2006).

b) Le rôle de l'hypocrétine dans la narcolepsie

Pour rappel, les neurones à HCRT vont contrôler le passage d'un état vigilance à un autre, et la vitesse de cette transition une fois qu'elle a commencé (McCARLEY and SINTON 2008 ; MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008). Ils permettent la stabilité de la balance dans le modèle des interactions réciproques. En l'absence de ces neurones, le cerveau est ainsi privé de stabilité entre les états de vigilance (McCARLEY and SINTON 2008). Les interactions entre la VLPO et les neurones monoaminergiques est complètement altérée. Privés de la

régulation exercée par les neurones à HCRT, la VLPO et les neurones monoaminergiques ne font que s'inhiber mutuellement. Lorsqu'un système prend le pas sur l'autre, ses projections inhibitrices renforcent sa propre activité. Lorsque ces deux systèmes sont actifs, ils sont dans un équilibre précaire, et le corps peut basculer en sommeil ou en éveil à tout moment. Ces transitions sont alors involontaires et brutales (SAKURAI 2007). La figure 5 illustre ce dysfonctionnement.

Pour résumer, des modifications des autres systèmes des états de vigilance ont été identifiées. Par conséquent, les sujets narcoleptiques auraient plus de neurones histaminergiques dans le noyau tubéro-mammaire. Ce serait une réponse compensatoire à la perte de tonus du stimulus d'éveil causée par le dysfonctionnement du système hypocrétine. Cette augmentation du tonus histaminergique peut être responsable de certains des symptômes de la narcolepsie : la préservation de la conscience lors de la cataplexie, la fragmentation du sommeil nocturne chez l'homme (VALKO et al. 2013). Les neurones à MCH ne semblent pas affectés par le syndrome de narcolepsie-cataplexie malgré leur proximité avec les neurones hypocrétinergiques (CLEMENT 2011 ; MONTI, PANDI-PERUMAL and SINTON 2008). D'autres changements potentiellement présents peuvent être dus à la perte du tonus hypocrétinergique, mais tous n'ont pas été

identifiés.

 

Figure 5 : Mécanisme de stabilisation de la veille et du sommeil par les neurones à hypocrétine. D'après SAKURAI (2007).

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c) Le rôle l'hypocrétine dans la cataplexie

On a vu auparavant que les crises de cataplexie surviennent le plus souvent sous l'influence d'émotions positives. Ceci suggère un lien entre le système limbique responsable des émotions et les structures responsables de l'atonie musculaire en SP, dont les caractéristiques sont très proches de celles de la cataplexie. Un lien entre l'amygdale et les structures responsables de l'inhibition des motoneurones au cours du SP a été démontré. Le noyau central de l'hypothalamus projette directement vers le SLD, la dDpMe et la VLPAG. Ces trois structures sont impliquées dans le SP et, plus spécifiquement, dans l'atonie musculaire spécifique au SP pour le SLD. Lors d'émotions intenses, le noyau central de l'amygdale est activé, induisant ainsi un fort tonus GABA-ergique sur la VLPAG-dDpMe. En l'absence de tonus hypocrétinergique, celui-ci serait ainsi inhibé, ce qui permettrait l'activation du SLD et donc l'instauration d'une atonie musculaire (CLEMENT 2011). Cela correspond à une crise de cataplexie. D'autres auteurs ont émis l'hypothèse qu'un déséquilibre entre les monoamines (surtout la dopamine) (DEFLANDRE et al. 2002) et l'acétylcholine résulte d'un dysfonctionnement du système hypocrétinergique (NISHINO and YOSHIDA 2003). Il peut également s'agir d'une combinaison de ces deux modèles. Par conséquent, d'autres études sont nécessaires pour améliorer la compréhension des mécanismes conduisant aux crises de cataplexie.

Pour synthétiser, Ainsi, l'hypocrétine est au coeur de la pathogénie du syndrome de narcolepsie cataplexie. L'absence de tonus hypocrétinergique affecte l'ensemble du système responsable des

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états de vigilance par perte du tonus régulateur. L'hypocrétine n'exerce plus son rôle de stabilisateur des états de vigilance, ce qui provoque des transitions brutales et non souhaitées entre différents états de vigilance. L'apparition involontaire d'atonie musclulaire peut être déclenchée car en l'absence de l'hypocrite les structures responsables ne sont plus correctement inhibées.

3) Bases génétiques de la narcolepsie-cataplexie

a) Chez l'homme

Chez les patients humains atteints de narcolepsie, la perte de neurones hypocrétinergique a été démontrée (TORTEROLO, LAGOS and MONTI 2011). L'un des aspects les plus importants de la narcolepsie chez l'homme est sans doute son lien avec le système immunitaire (HINES 2005). En effet, l'association entre le gène HLA (Human Leukocyt Antigen, antigène leucocytaire humain) est connue depuis la fin des années 80 (NISHINO 2007b). HLA est le terme anglais pour le complexe majeur d'histocompatibilité (MHC), qui a un rôle fondamental d'auto-reconnaissance dans le système immunitaire.

Ainsi, la narcolepsie humaine présente une prédisposition génétique associée aux gènes des systèmes HLA-DR et HLA-DQ, impliquant très probablement d'autres loci (une position fixe d'un gène ou d'un marqueur génétique sur un chromosome). La dégénérescence des neurones à hypocrétine ne semble pas être causée par des mutations dans les gène du système hypocrétine.

b) Chez le chien

Chez l'espèce canine, une mutation génétique du système à hypocrétine est responsable du syndrome de narcolepsie-cataplexie. Le gène en question a un mode de transmission autosomique récessif chez les chiens (Doberman, Labrador) atteints de narcolepsie familiale (NISHINO 2007b). Cette mutation du récepteur interfère avec la voie normale de l'hypocrétine, entraînant ainsi finalement un manque d'activité de l'hypocrétine chez les chiens narcoleptiques (HINES 2005 ; REED, BAYLY and SELLON 2010). Toutefois, une forte association a été démontrée entre le syndrome de narcolepsie-cataplexie et un gène hautement homologue à un gène d'une immunoglobuline humaine (NISHINO et al. 2000 ; MOORE and JOHNSON 2000). Par conséquent, le système immunitaire joue également un rôle dans la narcolepsie-cataplexie chez le chien.

Pour récapituler, le support génétique de la narcolepsie canine est une mutation codant pour le récepteur OX2R à l'hypocrétine (NISHINO et al. 2000 ; WANG et al. 2005).Ce dysfonctionnement bloque la progression du tonus hypocrétinergique et donc est responsable du manque voire de l'absence du dit tonus. Aucun lien avec le DLA n'a pu être mis en évidence mais le système immunitaire est tout de même impliqué via un gène hautement homologue à une immunoglobuline humaine.

c) Chez le cheval

Chez les chevaux, les individus atteints de narcolepsie n'ont pas de lésions cérébrales microscopiques ou macroscopiques. Le rôle des hypocrétines dans la narcolepsie-cataplexie équine est encore à l'étude (HINES 2005). Fait intéressant, les chevaux atteints de

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dysfonctionnement de la pars intermedia de l'hypophyse, affection pouvant être associée à la narcolepsie-cataplexie, présentent des taux faibles d'HCRT-1 dans le liquide céphalo-rachidien (REED, BAYLY and SELLON 2010). Ainsi, le système hypocrétinergique joue un rôle dans le syndrome de narcolepsie-cataplexie.

Pour conclure,Il existe actuellement peu de données sur les chevaux. Des recherches sont en cours pour déterminer la base génétique possible du syndrome de narcolepsie-cataplexie chez cette espèce, qui peut être étudiée comme modèle de narcolepsie chez l'homme.

4) Étiologie du dysfonctionnement du système hypocrétinergique : une hypothèse pour les maladies auto-immunes

Les liens entre système immunitaire et narcolepsie-cataplexie sont indéniables, au moins chez les deux espèces pour lesquelles les mécanismes génétiques sont les mieux connus. Les maladies associées au HLA sont presque toutes des maladies auto-immunes : comme la spondylarthrite ankylosante, maladies inflammatoires intestinales chroniques (VILUMA et al. 2017 ; MIGNOT and DEMENT 1993 ; MIGNOT et al. 1995). C'est pourquoi l'origine auto-immune du syndrome de narcolepsie-cataplexie fait désormais l'objet d'un consensus scientifique (MOORE and JOHNSON 2000 ; DEFLANDRE et al. 2002 ; HINES 2005). Les neurones à HCRT seraient détruits par le système immunitaire de l'individu atteint (DEFLANDRE et al. 2002). Cependant, toutes les tentatives pour prouver cette origine auto-immune ont échoué (MIGNOT and DEMENT 1993). Les éventuelles implications chez le cheval ne sont pas connues puisque les bases génétiques et l'implication du système immunitaire n'ont pas encore été déterminées.

L'hypothèse consensuelle concernant l'origine de la narcolepsie est une origine auto-immune, qui est toujours à l'étude aujourd'hui.

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DEUXIÈME PARTIE :

LE RÔLE DU MASSOTHÉRAPEUTE

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I. Problèmes physiques dus au syndrome de narcolepsie-cataplexie

A) Problèmes physiques

Les crises de narcolepsie et de cataplexie vont créer plusieurs problèmes physiques sur le cheval, en plus des problèmes neuronaux que le massothérapeute ne pourra bien-sur ni résoudre ni soulager. La narcolepsie ne provoque pas de problèmes physiques en tant que tels, le cheval peut se sentir désorienté et perdu suite à ses crises ce qui peut lui provoquer du stress et de l'anxiété. Il a été prouvé chez les humains que les massages associé à un traitement médical réduisent le stress et soulagent les tensions musculaires du quotidien. Une meilleure nuit de sommeil peut aider à minimiser les problèmes de jours liées à la narcolepsie. Le maintien d'un horaire de sommeil régulier et l'absence d'alcool et de caféine sont la clé de la gestion de la narcolepsie (Institut National des Troubles Neurologiques et des Maladies). Cette donnée n'est pas réellement transposable aux chevaux car ils ont un sommeil déjà fractionné mais on peut supposer que si le stress lié à la narcolepsie (ou autre chose) et les tensions musculaires sont traitées, alors peut-être que les épisodes seront moins fréquents. Si le suivi du cheval est correct et que le propriétaire a pu mettre en place une vidéosurveillance 24h sur 24, alors il est possible de prédire l'apparition des prochains épisodes. Selon le délai d'apparition (dans l'heure ou dans la journée), le praticien pourra éventuellement intervenir pour les éviter, en stimulant le système nerveux avec différentes techniques. Au contraire, la cataplexie provoque quant a elle des problèmes

physiques : le cheval peut rencontrer différentes complications dues à ses chutes. Le cheval tombe alors constamment sur l'avant de ses antérieurs ce qui produit des abrasions en face dorsal des carpes et ou des boulets, les chutes répétées peuvent conduire à des problèmes articulaires tel que l'arthrose ou d'autres problèmes squelettique qui ne concernent pas le massothérapeute. Les chutes du cheval peuvent être plus ou moins graves (par exemple déplacement vertébral, étirement musculaire voire déchirure, entorse, lésions cartilagineuses, arrachements ligamentaires ou capsulaires, traumatismes crâniens ou de la colonne vertébrale cervicale) mais tout ceci reste très rare et demande toujours un avis vétérinaire, le plus courant étant les brûlures, les plaies et les hématomes intramusculaires. La cataplexie va aussi engendrer de nombreuses tensions musculaires.

B) Lésions fréquentes

Chez le cheval atteint du syndrome de narcolepsie-cataplexie, plusieurs lésions peuvent être courantes, notamment les hématomes intramusculaires. Après avis vétérinaire, le praticien peut également proposer un «protocole» de soins. Dans ce cas-là, au moins 7 jours de repos, avec application de froid 1 fois par jour, massage doux autour de la lésion, application d'antiphlogistiques la nuit et ensuite reprise progressive du travail en évitant l'élongation du côté de la lésion. Le cheval peut aussi avoir des mollettes ou et des vessigons dus à une production anormale de liquide synovial. Le praticien peut recommander un massage désinfiltrant d'au moins 10 minutes avant le travail, une douche froide à jet doux après le travail (15 minutes par membre

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atteint), électrothérapie éventuelle, enveloppement d'argile la nuit et éventuellement K-Taping. Encore une fois dû à ses chutes, le cheval peut également avoir des affections traumatiques, le praticien peut conseiller l'application de froid pendant 45 minutes, 2 fois par jour pendant les 5 premiers jours, enveloppement d'antiphlogistique la nuit, suivi d'une douche (avec jet doux) le matin et massage transversal profond 1 fois par jour avant la sortie au pas (pendant 10 minutes), pendant au moins 10 jours. Avant chaque intervention et conseil, le diagnostique et l'avis d'un vétérinaire est nécessaire.

II. Techniques thérapeutique A) Le massage

Le massage est la manipulation des tissus mous, dans le but de drainer, relâcher ou stimuler, et éliminer des points de tensions et restrictions associées à l'activité musculaire. Il s'agit d'un ensemble de techniques manuelles de kinésithérapie humaine adapté aux chevaux, effectués sur les muscles, les tendons et les ligaments ainsi que les points de tensions du cheval. Il combine des mouvements de massage, de point de pression ou acupression et une vitesse et pression adaptées ! A l'aide de la main, des pouces ou des doigts et de toutes leurs qualités sensorielles, avec un touché doux et mesuré.

Le massage manuel a beaucoup d'effets physiologiques mais ici on ne va parler que de bienfaits en

lien avec les problèmes qu'engendrent le syndrome de narcolepsie-cataplexie. Avec le massage, le

praticien:

-Diminue les courbatures et crampes musculaires

- Améliore la circulation sanguine et lymphatique

- Draine les toxines et optimise l'oxygénation musculaire

- Améliore la souplesse musculaire et articulaire en éliminant les tensions qui causent des

problèmes de mobilité

-Réduit le stress et améliore le confort psychologique

-Prévient les troubles musculo-squelettiques : optimisation du fonctionnement des

structures et diminution des contraintes tendineuses et ligamentaires

-Augmente la production de synovie

-Augmente la production d'endorphine

-Prévient et lutte contre les effets secondaires : travail des cicatrices afin d'éviter les

adhérences

-Accompagne dans la reprise du travail : amélioration de la proprioception, de ses capacités

et fonctions physiques

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Pour un cheval atteint de narcolepsie-cataplexie le masseur peut proposer au propriétaire un accompagnement spécifique selon ses besoins. Si le cheval est uniquement narcoleptique, le praticien peut effectuer un massage dit de bien-être dans le but d'une détente musculaire globale. Le massage est réalisé avec des techniques de base : la percussion, la compression, la palpation pour localiser les douleurs et zones de tensions, la pression directe et d'autres techniques. Lorsque le propriétaire connaît l'arrivée des prochaines crises, il est possible de mettre en place des massages tonifiants. Cela reste une hypothèse mais si le cheval est stimulé physiquement au niveau des muscles, il se pourrait que le système nerveux soit lui aussi stimulé pouvant ainsi éviter de passer d'un état de vigilance à un autre, ce qui empêcherait un épisode de narcolepsie. Ce massage là devra être effectué juste avant la crise mais faut-il encore savoir à quel moment elle interviendrait exactement.

Dans l'hypothèse d'un cheval narcoleptique et cataplectique, le praticien peut effectuer le même travail cité plus haut et compléter avec un massage défibrosant, pour décoller les adhérences sur les cicatrises et restaurer la souplesse des tissus. Ce massage est à effectuer sur des cicatrices donc plaies fermées, principalement sur la face dorsale des carpes et des boulets. Il faut être vigilant pendant cette technique de palper-roule car, cela peut être douloureux pour le cheval. Cependant, il est important de rappeler que les crises de narcolepsie surviennent généralement après une émotion positive, le massage libère de la dopamine (l'hormone de la satisfaction). Elle contribue par conséquent à limiter le stress et l'anxiété, ce qui est recherché mais il faut être vigilant et très attentif à tous les signaux du cheval lors du massage pour éviter une crise. Au cas où, le cheval tombe dans le sommeil paradoxal, le praticien doit immédiatement le réveiller en le stimulant, une stimulation auditive par exemple en claquant des doigts ou en applaudissant. Le massothérapeute doit constamment regarder et être a l'écoute du cheval, qui doit demeurer dans un équilibre entre détente et sommeil paradoxal.

B) Le stretching

Le stretching peut être lui aussi très utile dans l'accompagnement du syndrome. En un seul geste il étire muscles, ligaments, tendons et fascia (tissus conjonctifs qui enveloppent et aussi connectent toutes les structures entre elles). Il prépare le cheval à exécuter des mouvements souples, amples et efficaces ou à lutter contre les raideurs sur des chevaux convalescents par exemple.

Le praticien doit respecter certaines règles pour le bon déroulement d'une séance. On ne commence jamais à froid. On peut le faire après la séance de travail du cheval ou avant, mais dans ce cas là, il faut faire marcher le cheval au moins dix minutes avant de commencer. L'idéal est d'effectuer les mobilisations dans un endroit calme et confortable tant pour l'animal que pour le praticien. Tout comme nous, le cheval a une physionomie et il faut la respecter. Le cheval connaît ses limites de tolérance aux mouvements imposés. Le praticien doit proposer au cheval et non le contraindre. Il faut être progressif dans la demande, d'abord lentement pour ensuite atteindre l'allongement maximum du cheval en étant de plus en plus ample. Les demandes doivent être symétriques, avoir la même durée (30 secondes) et comporter le même nombre de répétitions.

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Le stretching peut s'effectuer avant le travail, dans ce cas la, il favorise le geste souple et l'équilibre, et permet d'éviter les risques de blessures sur un muscle froid. Après le travail, il permet de réduire les courbatures et la fatigue ainsi qu'une meilleure élimination des toxines. Au cours d'une rééducation ou d'un suivi bien-être, les mobilisations permettent une ré-information proprioceptive qui favorisent l'intégration de nouvelles possibilités d'amplitudes de mouvements.

Pour un cheval uniquement narcoleptique il n'y a pas de réel besoin au niveau du stretching. C'est au praticien de juger la situation de chaque cheval selon la découverte des tensions après palpation et après discussion avec le propriétaire. En ce qui concerne le cheval narcoleptique-cataplectique, hormis principalement des tensions musculaires à l'avant main, le praticien doit porter son attention sur la proprioception du cheval. Des mobilisations sur les antérieurs tel que protraction, rétraction, médiomotion et latéromotion peuvent s'avérer utiles si le cheval chute. Si les étirements sont répétés régulièrement, le cheval pourrait se rattraper rapidement avant sa chute, les mouvements seraient plus souples et efficaces. Ces mobilisations traitent également les raideurs de l'avant main.

C) L'algothérapie

L'algothérapie est une technique qui se résume à envelopper l'animal d'une préparation qui, à l'aide des ses composants à base d'algues, d'argiles et de sédiments marins, apporte chaleur et sensation de bien être :

-Elle permet aux muscles de se détendre et favorise ainsi la relaxation physique et mentale.

-Elle stimule la circulation sanguine ainsi que la circulation lymphatique.

- Elle a des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires sur les zones musculaires ou tendineuses.

-Elle élimine les toxines musculaires, comme l'acide lactique et apporte des sels minéraux et oligo-élément indispensables au bon fonctionnement de l'organisme, notamment pour la contraction musculaire.

-Elle apporte confort et souplesse aux articulations, notamment celles atteintes d'arthrose.

-Elle nourrit et tonifie l'organisme en lui procurant les minéraux nécessaires à son bon fonctionnement.

Sur les chevaux atteint de narcolepsie, une pose d'algothérapie, qu'elle soit à base d'algues ou d'argiles, permet de remettre l'organisme à zéro en éliminant les tensions, en drainant les toxines et en redonnant de la souplesse. Chez les chevaux qui sont également cataplectique, une pose de

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boue marine (on parle de fangothérapie) est, quant à elle, utilisée pour soulager les douleurs articulaires. Encore une fois, le problème de la détente et donc d'une émotion positive peut être un danger pour le cheval. Il est obligatoire dans ces cas-là de rester auprès de l'animal tout au long de la pose pour pouvoir surveiller les signaux d'une crise et agir en conséquence.

D) Le K-Taping

Le tape est une bande élastique en coton pur, sans latex et d'une élasticité longitudinale pouvant atteindre 140 % avec une colle acrylique disposé dessus, conçue pour maintenir le fonctionnement manuel du praticien entre les consultations. Son efficacité est constante jusqu'à enlèvement de la bande. Il stimule les récepteurs de la peau et agit pour influencer les proprio-récepteurs. Ainsi on obtient un effet ciblé sur l'interaction entre le tonus musculaire, l'articulation, les ligaments et les nerfs. La bande entraîne un soulèvement de la peau élargissant ainsi l'espace inter-tissulaire, favorisant ainsi un meilleur transport de la lymphe, une meilleure circulation du sang et un soulagement des récepteurs de douleur. Le tape peut être utilisé lors du travail du cheval, il ne cause aucune restriction de mouvements.

Plusieurs types de pose existent : la pose musculaire (tonifiant ou détonifiant), ligamentaire, lymphatique, pose de corrections de fascias, space tape. La pose de tape peut toujours être utile même si le cheval narcoleptique-cataplectique n'a pas de réel besoin à ce niveau -là. C'est au praticien de prendre cette décision en fonction de chaque cheval. Le tape a également quelques contre-indications : il ne doit pas être posé sur une peau irritée ou sur toute autre affection cutanée telle plaie ouverte non traitée, et bien d'autres encore.

E) La fasciathérapie

Le fascia est un tissu conjonctif (comme les tendons et les ligaments) également appelé connectif. C'est une membrane plus ou moins élastique, capable de se contracter et d'influencer la dynamique musculaire, articulaire, la biologie et l'ensemble du bon fonctionnement du corps. En tant que tel, il joue un rôle important dans la transmission de la force et le contrôle du mouvement, la douleur et l'inflammation, et même la conscience du corps et de soi. Ils sont interconnectés dans un réseau complexe qui relie le sommet du crâne aux phalanges et allant de la superficie de la peau jusqu'à l'intérieur de la cellule. Cette continuité faciale, aujourd'hui démontrée, explique pourquoi des problèmes localisés dans une partie du corps peuvent avoir des effets à longue distance. Par leur relation étroite avec le système nerveux central, ils participent à l'interconnexion physique/mental. Cette voie de communication explique comment la tension faciale est impliquée dans l'anxiété, les réponses émotionnelles et de stress, et l'équilibre psychophysique plus largement.

Ils jouent un rôle important dans l'élasticité et le bon fonctionnement du corps, et l'exercice est essentiel pour empêcher le fascia de se raidir. Grâce à leur élasticité et leur tension, les fascias absorbent et répartissent de manière harmonieuse les chocs physiques et psychologiques auxquels

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nous sommes constamment soumis. Le fascia est une structure fluide avec la capacité de se déformer dans tous les sens et peut se contracter indépendamment du reste. Leur hypertonie ou leur crispation explique la présence de douleurs, de dysfonctionnements parfois médicalement inexpliqués.

La fascia-thérapie est une technique sollicitant ces membranes par des points d'appui et des étirements plus ou moins profonds sur des lignes et emplacements précis du corps pour réduire les adhérences tissulaires.

Lors de traumatismes, tel que la chute d'un cheval cataplectique, les fascias vont avoir tendance à se rétracter, à perdre de la viscoélasticité. Cette perte de mobilité (on parle d' « adhérence ») et la réduction du glissement des structures entraînent des modifications de la vascularisation et de l'apport liquidien, qui peuvent être à l'origine de la douleur.

La fascia-thérapie ne possède pas de contre indication absolue mais il est tout de même fortement recommandé de laisser le cheval au repos au moins 48 heures entre deux séances. En effet, les frictions provoquant l'inflammation des fascias laisse des courbatures au cheval.

III. Autres accompagnements

A) Professionnel du milieu équin

Il est important de rappeler que le massothérapeute ne peut pas travailler tout seul. Pour aider et accompagner au mieux le cheval atteint de narcolepsie-cataplexie, il doit s'entourer d'autres professionnel de la santé équine.

Le cheval doit avant tout être suivi et diagnostiqué par un vétérinaire. L'accompagnement d'un ostéopathe pour régler les éventuelles problèmes musculo-squelettiques est important. Des séances de shiatsu peuvent compléter celles du massothérapeute. Des communications animal peuvent aider le cheval à mieux comprendre ce qu'il se passe ou même résoudre le problème si il n'est pas réellement narcoleptique-cataplectique (pour un cheval avec un syndrome d'hypersomnie par exemple). Un kinésiologue équin peut apporter son aide en communiquant avec le cheval au travers d'un «transfert» (une personne qui touche le cheval) afin d'identifier les situations de stress (vécues ou présentes) et les corriger pour lui procurer sérénité et bien être. La kinésiologie équine est capable de régler le problème si ce n'est pas un syndrome de narcolpesie-cataplexie. Étant donné que ce syndrome n'est pas entièrement connu et compris, et que les traitement médicaux ne sont pas toujours efficaces, le propriétaire, s'il le souhaite, doit s'entourer au maximum. L e comportementaliste équin, le magnétiseur, le thérapeute Reiki et bien d'autres peuvent soulager les symptômes, voire les faire disparaître s'il s'avère que le problème est autre chose que le syndrome de narcolepsie-cataplexie.

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B) Les outils

Il reste d'autres outils à mettre en place pour assurer la sécurité et le confort du cheval. Ne surtout pas isoler le cheval atteint de ce syndrome. Que ce soit au pré ou au box, il est important de penser notamment aux compagnons de pâture, surtout s'il n'y en a qu'un seul avec le cheval narcoleptique-cataplectique. En effet, son compagnon pourrait être affecté psychologiquement, il peut prendre la position de leader et être deux fois plus vigilant dû fait des phases répétées et incontrôlables de vulnérabilité en période de sommeil paradoxal de son congénère. Cela pourrait le mettre en stress perpétuel, il faut donc aussi l'accompagner au mieux.

Si le cheval est au box ou au pré avec un abri, l'idéal est d'installer des tapis en caoutchouc pour amortir ses chutes, des coussins de protection sur les parois du box et mettre une bonne épaisseur de litière. Des caméras de vidéosurveillance pour analyser les crises au moins les 14 premiers jours est un plus, même si c'est parfois difficile à mettre en place, surtout pour les chevaux en pâturage.

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TROISIÈME PARTIE :

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENTS

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I. Difficultés de diagnostic

A) Un diagnostic d'exclusion

Le diagnostic de narcolepsie-cataplexie n'est pas facile, et les erreurs sont souvent commises en médecine équine, et le diagnostic différentiel n'est pas le plus simple à faire. Cela se fait en excluant toutes les autres causes possibles, notamment les causes neurologiques et cardiovasculaires (REED, BAYLY, and SELLON 2010 ; KNOTTENBELT 2014). Le vétérinaire doit comparer les signes cliniques (NOUT and JEFFCOTT 2012) sans oublier les abrasions en face dorsales des carpes et boulets antérieurs (ALEMAN 2015) avec toutes les affections pouvant être en cause, les examens complémentaires qui pourraient être effectués et leurs résultats. Celles-ci sont limitées par rapport à la médecine humaine utilisant la polysomnographie et les tests de latence d'endormissement. Mais ces examens ne sont pas possible chez le cheval en France, du moins en dehors du domaine de la recherche (HINES 2005). L'idéal pour le diagnostic est d'avoir une anamnèse et des commémoratifs très détaillés, y compris une description très précise par le propriétaire (ALEMAN 2015) et des séquences vidéo du cheval pendant la crise (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Mettre en place une vidéosurveillance continue pendant au moins 7 jours dans l'habitat normal d'un cheval est possible et très utile, mais difficile à réaliser en pratique (ALEMAN 2015). Les cliniciens qui examinent un cheval souffrant de troubles du sommeil doivent garder à l'esprit que le syndrome de narcolepsie-cataplexie ne doit être qu'un diagnostic d'exclusion (NOUT and JEFFCOTT 2012 ; REED, BAYLY, and SELLON 2010).

B)Diagnostic différentiel

1) Narcolepsie sans cataplexie

Le diagnostic différentiel de la narcolepsie sans cataplexie est très limité car une autre cause majeure possible est l'hypersomnie. Cependant, il peut être difficile de distinguer les deux troubles car leurs symptômes sont similaires (ALEMAN 2015 ; BERONE 2007). Cette hypersomnie survient chez les chevaux qui ne réalisent pas des cycles complets de sommeil par défaut de couchage en décubitus latéral le plus souvent. Elle peut être idiopathique, notamment chez les chevaux de plus de 15 ans, ou secondaire à une privation de sommeil (BERTONE 2007). Ce dernier a trois racines principales (BERTONE 2006) : insécurité environnementale, des problèmes médicaux qui empêchent le cheval de se coucher et la monotonie. L'insécurité environnementale peut être due - entre autres - à la présence de prédateurs (chevaux sauvages), à des problèmes de dominance, à des conditions météorologiques difficiles voire extrêmes, à des compétitions, à une hospitalisation, à un trop grand nombre de personnes dans les écuries (surtout de nuit), une aire de couchage absente ou inconfortable (ALEMAN 2015). Diverses études ont également mis en évidence l'importance de l'environnement du cheval, notamment sa litière, sur la qualité du sommeil (DALLAIRE and RUCKEBUSCH 1974 ; PEDERSEN, SONDERGAARD, and LADEWING 2004). Les causes médicales pouvant conduire à une absence de décubitus sont des douleurs majoritairement chroniques d'origine osseuse, musculo-squelettique, gastro-intestinale (entérolithes) ou thoracique (pleuropneumonie) voire neuropathiques. Elles peuvent rendre le cheval inapte à se coucher ou à se relever (ALEMAN 2015 ; BERTONE 2006). Cela peut également se produire chez certaines juments vers la fin de la gestation (BERTONE 2016). La monotonie quant à elle correspond à un début d'endormissement réel et normal du cheval en sommeil lent suite à un épisode de somnolence (BERTONE 2007). Les cliniciens se tournent le plus souvent vers le

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diagnostic thérapeutique : en s'attaquant à la source de l'hypersomnie, le cheval peut à nouveau présenter un cycle de sommeil normal, ce qui écarterait l'hypothèse de narcolepsie sans cataplexie (BERTONE 2006).

Le diagnostic différentiel doit également considérer certaines étiologies minoritaires de l'hypersomnie suite à la privation de sommeil. En fait, des recherches récentes ont montré que certains cas de maladie de Lyme ou de terreurs nocturnes produisent des symptômes très similaires au syndrome de narcolepsie, mais sans la cataplexie (BERTONE 2016). De plus, il y a eu quelques cas de narcolepsie post-traumatisme cérébrale en médecine humaine, mais pas encore chez les chevaux (BAUMANN et al. 2009).

2) Narcolepsie avec cataplexie

Le diagnostic différentiel va se concentrer sur la cataplexie qui est le meilleur marqueur de la maladie (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Il est plus large que le cas de la narcolepsie sans cataplexie car il comprend toutes les affections pouvant provoquer une faiblesse musculaire soudaine entraînant des chutes, y compris l'épilepsie et les causes cardiovasculaires de collapsus (KNOTTENBELT 2014). Distinguer les cas de narcolepsie avec cataplexie de ceux avec convulsions atoniques généralisées peut être extrêmement difficile (MIGNOT and DEMENT 1993). Chez le poulain, la principale hypothèse à écarter avant d'envisager un syndrome de narcolepsie-cataplexie est l'hypoglycémie. Il est à noter qu'après avoir pris de l'acépromazine, les chevaux peuvent connaître une crise de faiblesse soudaine et une perte de conscience, qui peuvent faire penser au syndrome de narcolepsie-cataplexie (NISHINO 2007b).

Les différents troubles qui doivent être pris en compte et écartés avant de tirer des conclusions sur la narcolepsie avec cataplexie sont (NISHINO 2007a) :

-Les syncopes. Une syncope est un syndrome clinique comportant une faiblesse généralisée, un collapsus brutal et une perte transitoire de conscience. Ceci est le résultat d'une diminution soudaine du débit sanguin cérébral et d'une ischémie cérébrale subséquente. Elle peut être d'origine cardiaque ou extracardiaque. Syncope et attaque de narcolepsie-cataplexie peuvent être difficilement différenciables, mais l'aréflexie et les mouvements oculaires rapides de la narcolepsie sont absents lors d'une syncope.

Les causes cardiaques de syncope chez le cheval peuvent être une rupture de la corde tendineuse, une fibrose myocardique, une endocardite aortique, une fibrillation atriale, un infarctus du myocarde ou une péricardite (REED, BAYLY, and SELLON 2010).

-Les troubles métaboliques. Il peut s'agir d'une hyperthermie, d'un état de choc (dont choc anaphylactique), d'une hypoglycémie (à rechercher en priorité chez le poulain), d'une endotoxémie, d'une hypocalcémie, d'une hypo- ou d'une hyperkaliémie, de l'envenimation suite à une morsure de serpent. Ces hypothèses peuvent être facilement exclues avec une bonne anamnèse et des tests supplémentaires appropriés. Chez les quarter horses, il faut penser à la paralysie périodique hyperkaliémique ; un test ADN est disponible (REED, BAYLY, and SELLON 2010 ; MOORE and JOHNSON 2000).

-Les troubles neuromusculaires. Il peut s'agir de botulisme, de myopathie ou de neuropathie post-anesthésique, de rhabdomyolyse à l'exercice, d'un syndrome myasthénie-like. Ils ne provoquent pas de perte de conscience, ce qui les distingue généralement de la narcolepsie-cataplexie (REED, BAYLY, and SLLON 2010).

-Les convulsions généralisées. À l'exception de très rares cas de convulsions atoniques, la distinction avec la narcolepsie-cataplexie est relativement facile en raison d'une perte de conscience complète et profonde, d'une activité tono-clonique, d'une position d'opisthotonos

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(contracture de tous les muscles postérieurs du corps) et de mictions fréquentes et de selles involontaires (MIGNOT and DEMENT 1993).

-Les traumatismes crâniens. Ceux-ci peuvent provoquer une hémorragie sous-arachnoïdienne, entraînant une brève perte de conscience. Mais l'examen neurologique révéle des anomalies entre les épisodes, ce qui a permis d'exclure une narcolepsie-cataplexie.

Enfin, il existe des cas de narcolepsie-cataplexie "mixtes" : certaines maladies peuvent s'accompagner de narcolepsie, ou l'imiter. Cela a été démontré pour l'encéphalite à protozoaires causée par le Sarcocystis neurona, l'encéphalomyélite de West Nile et rarement le dysfonctionnement de la pars intermedia de l'hypophyse (ALEMAN 2015 ; HINES 2005).

C) Examens complémentaires

Le bilan complémentaire est indispensable au diagnostic du syndrome de narcolepsie-cataplexie, et il faut rappeler qu'il s'agit d'un diagnostic d'exclusion (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Dans le cas de cette maladie, la numération-formule sanguine, la biochimie sanguine, le ionogramme, les analyses d'urine et de LCR, l'ECG et l'échocardiographie n'ont révélé aucune anomalie (BERTONE 2006). Cela permet d'exclure de nombreuses hypothèses du diagnostic différentiel (REED, BAYLY, and SELLON 2010). En plus de la vidéo que le propriétaire peut fournir au clinicien (HINES 2005), le test de choix est l'EEG, qui présente pendant les attaques de narcolepsie-cataplexie les caractéristiques du sommeil paradoxal (MOORE and JOHNSON 2000 ; REED, BAYLY, and SELLON 2010). Mais l'interprétation de l'EEG d'un poulain peut être très délicate (KNOTTENBELT 2014), et en France elle n'est pas accessible aux clients, mais à peu près uniquement dans le domaine de la recherche (HINES 2005). Les cas où une maladie sous-jacente est suspectée (encéphalite à protozoaires, encéphalomyélite de West Nile, dysfonctionnement de la pars intermedia de l'hypophyse) elles doivent faire l'objet d'investigations spécifiques (HINES 2005).

D) Diagnostic pharmaceutique

Le diagnostic pharmaceutique repose sur divers tests de provocation de la narcolepsie-cataplexie, qui peuvent s'avérer très utile (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Différentes molécules peuvent être utilisées :

-La physostigmine (salicylate de physostigmine). Il s'agit d'un agent cholinergique (anticholinestérase) qui diffuse à travers la barrière hémato-méningée (BMH). Il induit une crise dans les 3 à 10 minutes suivant l'injection. Mais la réponse est très individu-dépendante donc ce test n'est informatif que s'il est positif (REED, BAYLY, and SELLON 2010). La trop grande variabilité des résultats a conduit certains auteurs, dont l'ACVIM, à ne plus l'utiliser comme outil de diagnostic (NOUT and JEFFCOTT 2012 ; BERTONE 2016). De plus il n'est pas disponible en France et peut entraîner des coliques (REED, BAYLY, and SELLON 2010).

-La néostigmine (méthylsulfate de néostigmine).Il s'agit d'un agent cholinergique (anticholinestérase) et ne diffuse pas à travers la BMH. En cas de troubles périphériques tels que la myasthénie grave, il augmente le tonus musculaire. Si ce test est négatif, cela permet d'exclure ces atteintes (MIGNOT and DEMENT 1993 ; REED, BAYLY, and SELLON 2010).

-L'atropine (sulfate d'atropine). Il s'agit d'un agent bloquant muscarinique. Il peut réduire la gravité des crises de cataplexie et même les éliminer dans les 12 à 30 heures suivant l'injection.

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Cependant, les chevaux testés avec cette molécule doivent être surveillés en raison d'effets digestifs indésirables (iléus, coliques) (REED, BAYLY, and SELLON 2010).

Pour synthétiser, le diagnostic du syndrome de narcolepsie-cataplexie ne peut être qu'un diagnostic d'exclusion. Cela nécessite de nombreux tests supplémentaires pour exclure d'autres pathologies. Par conséquent, les examens sanguins, cardiaques et neurologiques n'ont révélé aucune anomalie. Les plus instructifs pour les cliniciens sont la vidéosurveillance et l'EEG, qui est malheureusement difficile à obtenir en dehors du domaine de la recherche. Le diagnostic différentiel de la narcolepsie sans cataplexie revient presque entièrement à l'hypersomnie. La narcolepsie avec cataplexie est un spectre plus large qui comprend tous les troubles pouvant entraîner des syncopes, des causes métaboliques, des troubles neuromusculaires, des convulsions généralisées et des encéphalites. Le diagnostic pharmacologique est possible, mais les difficultés d'obtention des molécules, les effets secondaires et les réponses très individu-dépendantes limitent sa réalisation et son utilité.

II. Traitements médicaux

A) Lutte contre les attaques de narcolepsie et de cataplexie

Contrairement à la médecine humaine qui propose divers traitements symptomatiques du syndrome de narcolepsie-cataplexie, la médecine équine a des possibilités thérapeutiques limitées (ALEMAN 2015). Certes, une seule molécule serais efficace, mais aucun essai thérapeutique contrôlé n'a été mené pour juger de son efficacité (HINES 2005). Il s'agit de l'imipramine (chlorhydrate d'imipramine) (Tofranil ND, spécialité humaine), un antidépresseur tricyclique qui bloque la recapture synaptique de la sérotonine et de la noradrénaline (VANDENBUNDER 2002), augmentant ainsi la disponibilité au niveau cérébral de ces molécules favorisant l'éveil (POITTE 2015). Ainsi, il supprime principalement les épisodes de cataplexie (HINES 2005), mais réduit également le volume de sommeil paradoxal, qui est celui dans lequel sombrent les chevaux atteints lors des crises de narcolepsie. Le traitement est à prendre au moins deux fois par jour (ALEMAN 2015 ; MOORE and JOHNSON 2000). Mais la forme injectable n'est pas disponible en France («VIDAL» 2017), et la digestion et l'absorption varient d'un cheval à l'autre. Cette dose doit être ajustée mensuellement, tant en dose qu'en fréquence d'administration (HINES, SCHOTT, and BYRNE 1992). En termes d'effets secondaires, ceux-ci se sont produits de manière détectable à des doses supérieures à 2 mg/kg. Il peut s'agir d'une tachycardie, d'une hyperréactivité aux stimuli sonores, de fasciculations musculaires, d'une hémolyse (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Cependant, ils sont encore très rares, mais cela peut être lié au faible nombre de cas diagnostiqués. De plus, parmi ces cas tous ne sont pas traités, il y a donc un manque de données et de recul certains. Des interactions médicamenteuses avec les barbituriques et avec des molécules utilisées en anesthésie générale ont été décrites (PECK et al. 2001). Il s'agit d'un traitement symptomatique uniquement (NISHINO 2007b) et doit être pris à vie (PECK et al. 2001). Si le traitement doit être interrompu, il doit être fait progressivement pour limiter les épisodes de «rebond» de cataplexie après la disparition de l'imipramine de la circulation (ABAD and GUILLEMINAULT 2003). Les traitements médicaux sont loin d'être systémiquement efficaces et l'imipramine orale donne souvent des résultats incohérents (ALEMAN 2015), ce qui conduit certains auteurs à écrire qu'il n'existe aucun traitement pour ce syndrome (KNOTTENBELT 2014). Fait intéressant, certains chevaux traités avec de la tyrosine par voie orale ont montré une amélioration clinique (REED, BAYLY, and SELLON 2010). Compte tenu de ce qui précède, il semble

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raisonnable de se demander si le traitement des chevaux narcolepsie-cataplexie est réellement utile. De nombreux propriétaires de chevaux atteints décident de tolérer simplement ces crises, notamment parce que connaissant les signes annonciateurs d'une crise ils peuvent stimuler le cheval et limiter les risques de chutes. D'autres propriétaires de chevaux choisissent d'essayer le traitement pendant une période de temps, de quatre à huit semaines, pour évaluer l'effet sur le cheval. Ceci est relativement courant car le coût de l'imipramine est très raisonnable (MOORE and JOHNSON 2000 ; «VIDAL» 2017). Les changements environnementaux peuvent parfois améliorer la fréquence et/ou la gravité des crises, mais cela est loin d'être systémique. Des résolutions spontanées ont été observées, mais uniquement chez des poulains (KNOTTENBELT 2014).

B) Pronostic

Le pronostic des cas de syndrome de narcolepsie-cataplexie varie en fonction de la gravité des épisodes et des circonstances dans lesquelles surviennent les crises les plus courantes (REED, BAYLY, and SELLON 2010). En effet, un cheval qui ne fait que des crises dans le paddock n'aura pas la même gravité qu'un cheval plus imprévisible, qui fait des crises lorsqu'il est monté. Des cas complètement résolus ont été décrits chez de très jeunes poulains pur-sang anglais et miniatures atteints de la forme familiale, ainsi que chez de quelques jeunes chevaux atteints de la forme acquise, âgés de 2 à 3 ans (REED, BAYLY, and SELLON 2010).

C) Les options de traitement

Divers essais ont été menés pour trouver des traitements plus efficaces du syndrome de narcolepsie-cataplexie, mais la plupart des molécules utilisées dans les cas humains et même canins ne peuvent pas être utilisées chez les chevaux (BILLIARD 2008). Par exemple le modafinil, un stimulant central dont le mécanisme excitant semble être dû à son action sur les récepteurs adrénergiques de hypothalamus (VALATX 1998), ou l'oxybate de sodium, qui appartient à la classe des stupéfiants, est coûteux et réduit fortement la digestion et l'absorption si l'estomac est plein (BILLIARD 2008). L'oxybate de sodium est un dépresseur du SNC qui réduit la somnolence diurne, la cataplexie et la fragmentation du sommeil nocturne par un mécanisme inconnu («VIDAL» 2017). En 2016, la Haute autorité de la Santé a autorisé la mise sur le marché du pitolisant (Wakix ND) pour le traitement de la narcolepsie. C'est un antagoniste/agoniste inverse du récepteur H3 de l'histamine , un neurotransmetteur qui favorise l'éveil (SZAKACS et al. 2017). Mais il n'existe aucune données concernant l'espèce équine pour cette spécialité humaine. Aussi, le marché représenté par les chevaux atteints de narcolepsie-cataplexie étant si restreint, il est peu probable que les laboratoires s'y intéressent en particulier. Une autre possibilité est de développer des agonistes hypocrétinergiques capables de traverser le BHM (NISHINO 2007b), mais les problèmes mentionnés ci-dessus avec le développement des sociétés pharmaceutiques demeurent. Certains auteurs comme Nishino et Mignot (MIGNOT and DEMENT 1993 ; NISHINO 2007b) pensent que le traitement futur du syndrome de narcolepsie-cataplexie fera appel à un support génétique : transplantation cellulaire, thérapie génique de substitution de l'hypocrétine. Cette dernière semble être la voie la plus prometteuse, mais n'en est qu'au stade de projet pour le moment (NISHINO 2007b). De plus, une telle solution n'est possible que si l'origine génétique est connue, prouvée et identifiée, ce qui n'est pas le cas des chevaux. Par conséquent, les perspectives d'un éventuel nouveau traitement de la narcolepsie équine sont très minces.

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Pour résumer, Par conséquent, les options de traitement pour les chevaux atteints du syndrome de narcolepsie-cataplexie sont très limitées et uniquement symptomatiques. Seule l'imipramine semble montrer des résultats dans la suppression de la cataplexie et la réduction de la quantité de sommeil paradoxal. Cependant, son efficacité est débattue et dépend en tout cas de l'individu. Le pronostic est donc réservé. Certaines auto-solutions ont été décrites, mais cela reste rare. Le pronostic dépendra de la fréquence et du contexte des attaques. Les nouvelles molécules approuvées pour traiter la narcolepsie-cataplexie chez l'homme n'a pas encore été testée chez les chevaux. De plus, certains d'entre eux sont des stupéfiants et donc difficiles à obtenir. Des recherches de traitement avec un support génétique sont en cours, mais on en sait si peu sur la composante génétique du syndrome équin qu'il sera difficile de l'appliquer. Des recherches futures pourraient contribuer à faire avancer ce fait, mais la taille probable du marché pour une molécule destinée à traiter la narcolepsie chez les chevaux est très petite, et les lourds protocoles d'étude et de mise sur le marché rendent de tels progrès peu probables.

Pour synthétiser :

La prévalence du syndrome de narcolepsie-cataplexie chez les équidés reste inconnue. Cependant, le diagnostic du syndrome est important. Selon la fréquence des crises et le contexte dans lequel les crises se déclenchent, un cheval peut être dangereux, par exemple s'il tombe sur son cavalier lors du pansage ou de sa monte. Les cliniciens confrontés à une suspicion de cas de narcolepsie-cataplexie doivent garder à l'esprit qu'il ne peut s'agir que d'un diagnostic d'exclusion plutôt que de se précipiter à la recherche de cette étiologie. Les antécédents médicaux doivent être exhaustifs et décrire en détail les événements suspects. Un examen clinique général et neurologique complet doit être effectué, en portant une attention particulière à la face dorsale des carpes. Des tests supplémentaires sont nécessaires pour écarter certaines hypothèses, par exemple syncope d'origine cardiaque, hypoglycémie, hypersomnie. Les examens biologiques (sang, urine, LCR) et cardiaques (ECG, échocardiographie) idéalement recommandés seront normaux. Le diagnostic pharmacologique est possible, dans l'éventail des effets secondaires, de la plus ou moins bonne réponse de l'individu et de la disponibilité de la molécule. Parfois, un diagnostic thérapeutique peut être posé. Les traitements sont peu nombreux et décevants. Actuellement, seule l'imipramine est utilisée. Cette molécule inhibe les attaques de cataplexie et diminue la quantité de sommeil paradoxal. La nécessité d'un réajustement mensuel de la dose et les changements dans les réponses individuelles compliquent son utilisation, à la fois thérapeutique et diagnostique. Une autre option pour les propriétaires est de tolérer et d'apprendre à repérer les signes avant-coureurs de ces attaques pour tenter de les éviter. Cela n'est possible que si les crises ne surviennent pas dans une situation qui serait dangereuse pour l'entourage du cheval. L'option génétique semble la plus prometteuse. Des travaux de recherche sur une thérapeutique à support génétique sont en cours, mais leur accessibilité aux équidés ne peut être garantie, ni techniquement ni économiquement. De plus, si la base génétique chez le cheval est fortement suspectée, elle n'est pas établie. Cependant, les tests de dépistage génétique peuvent être intéressants. Des races telles que les pur-sang sont en effet prédisposées. Déterminer la possibilité d'un syndrome de narcolepsie-cataplexie avant d'acheter ou de saillir est utile à la fois aux acheteurs et aux éleveurs.

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III. Cas cliniques

1) Hongre quarter horse de douze ans

D'après BERTONE (2006).

Anamnèse : hongre quarter horse de 12 ans présenté pour une importante perte de poids. Cheval de loisir en équitation western depuis 8 ans ayant commencé à maigrir de façon importante il y a 6 mois. Les propriétaires n'ont réalisé aucune mesure objective du poids, ils rapportent un petit appétit et une lenteur de consommation du fourrage et de la nourriture en général.

Examen clinique général et spécialisé : cheval calme mais pas abattu. Il toise 1,63 m pour 427 kg, le poids standard d'un cheval de cette taille se situant autour des 570 kg. En face dorsale des deux boulets antérieurs se trouvent deux dépilation de 2-3 cm de diamètre. Le reste de l'examen ne révèle aucune anomalie. Placé au calme au box, le cheval présente des épisodes de somnolence avec fermeture des yeux et relâchement de la lèvre inférieure suivis quelques secondes plus tard par un fort abaissement de la tête puis un affaissement de l'avant-main sur les boulets antérieurs, avant que le cheval ne se relève juste avant de tomber.

Examens complémentaires : biochimie sanguine et fibrinogène plasmatique dans les valeurs usuelles, numération-formule sanguine présentant une formule de stress avec un comptage des neutrophiles dans les limites hautes et un comptage des lymphocytes dans les limites basses des valeurs usuelles. Le liquide de paracentèse et la palpation transrectale ne présente pas d'anomalie. Radiographies thoraciques et abdominales envisagées, en route pour la salle de radiographies un bruit provenant de l'abdomen est entendu, il ressemble à deux rochers entrant en collision sous l'eau. La radiographie thoracique met en évidence une paire d'entérolithes crâniaux derrière le diaphragme.

Traitement : une laparotomie thérapeutique est réalisée, les deux entérolithes sont repoussés de la courbure diaphragmatique vers la courbure pelvienne et sont extraits suite à une entérotomie du côlon ventral. Les adhérences entre la courbure diaphragmatique et le diaphragme sont éliminées. La chirurgie et l'anesthésie se sont bien déroulées. Une heure après son retour au box, le cheval est vu en décubitus latéral pour la première fois depuis son arrivée à la clinique, il reste couché 12h. Les jours suivant il est vu deux à trois fois par jour en décubitus sternal ou latéral. Il sort d'hospitalisation dix jours après la chirurgie.

Six mois plus tard, le hongre pèse 586,4 kg, il ne présente plus de dépilation en face dorsale des boulets antérieurs et les propriétaires le voient régulièrement couché, ce qu'ils n'observaient pas auparavant.

Diagnostic : hypersomnie secondaire à une privation de sommeil causée par une incapacité à se coucher (douleur causée par les adhérences entre la courbure diaphragmatique et le diaphragme). Perte de poids consécutive à l'association des adhérences précitées, du manque de sommeil, des entérolithes et la péritonite chronique.

2) Hongre quarter horse de huit ans

D'après BERTONE (2006).

Anamnèse : hongre quarter horse de 8 ans récemment acheté pour une activité de loisir, référé pour un syndrome de narcolepsie-cataplexie secondaire à une encéphalite à protozoaires. Les épisodes de collapsus durent depuis 8 mois, ils ont débuté 30 jours après l'achat. Le cheval vit seul dans un pré accolé à la maison des propriétaires qui le voient depuis leurs fenêtres. Le cheval présente plusieurs fois par jour des moments de faiblesse musculaire durant lesquels il s'effondre presque jusqu'à la chute. Un prélèvement et une analyse de LCR ont été réalisés, l'analyse est positive pour Sarcocystis

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neurona (recherche par Western blot), l'analyse cytologique n'a pas été réalisée. Plusieurs traitements anti-protozoaires ont été essayés, sans amélioration des symptômes.

Examen clinique général et spécialisé : le hongre est calme mais pas abattu. Il est en bonne condition physique et pondérale (472,7 kg pour 1,52 m au garrot). Des dépilations d'environ 2-3 cm de diamètre sont observées en face dorsale des boulets antérieurs. Le cheval ne boite pas et le reste de l'examen clinique est normal. L'examen neurologique ne révèle aucune anomalie.

Examens complémentaires : numération-formule sanguine, biochimie sanguine et fibrinogène plasmatique dans les valeurs usuelles. Le liquide de paracentèse et la palpation transrectale ne présente pas d'anomalie. Les radiographies abdominales et thoraciques ainsi que l'échographie ne révèlent aucune anomalie.

Un questionnement plus poussé est entrepris auprès des propriétaires. Le hongre a été acheté dans une ferme d'environ cent chevaux qui partageaient la même pâture. Il a déménagé dans un champ de 4 hectares près d'une autoroute assez passante, sans compagnon.

Hypothèse diagnostique : hypersomnie secondaire à une privation de sommeil causée par une insécurité environnementale.

Traitement : le cheval miniature de 23 ans d'un des vétérinaires est emprunté et installé comme compagnon de pré du hongre atteint. Le premier jour suivant l'arrivée du cheval miniature, le hongre est vu couché environ la moitié du temps. Les jours suivant, il passe toujours beaucoup de temps à dormir. Puis, une fois passé le rebond compensateur de sommeil, le hongre présente une organisation du cycle veille-sommeil classique et ne présente plus aucun épisode de collapsus. Les propriétaires font donc l'acquisition de deux chevaux supplémentaires et le cheval miniature est rendu à son propriétaire.

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